Discours 2003 - Jeudi 15 mai 2003


À S. E. M. TÉRENCE NSANZE, NOUVEL AMBASSADEUR DU BURUNDI PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE Jeudi 15 mai 2003



Monsieur l’Ambassadeur,

1. Soyez le bienvenu au Vatican, où j’ai le plaisir d’accueillir Votre Excellence, à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burundi près le Saint-Siège.

Je vous remercie des paroles courtoises que vous m’avez adressées. Votre accréditation auprès du Saint-Siège s’effectue au moment même où votre pays, en application des Accords d’Arusha, connaît une nouvelle étape de son chemin vers la réconciliation et l’établissement de la paix. À ceux qui ont en charge les destinées de la nation, ainsi qu’à tous ses habitants, je vous saurais gré de transmettre les voeux fervents que je forme pour les Autorités et pour l’ensemble des Burundais, afin que, à tous les niveaux de la société, ils manifestent toujours plus clairement leur engagement effectif dans le processus en cours. Puissent tous les habitants du pays oeuvrer courageusement pour parvenir à une paix durable, fondée sur la justice et le pardon, afin de pouvoir vivre en sécurité sur leur terre, patrimoine commun de tous les Burundais, dans lequel tous sont appelés à se reconnaître comme frères !

2. Vous venez de souligner, Monsieur l’Ambassadeur, que la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu définitif et permanent est un préalable nécessaire à la paix dans votre pays. La haine et la violence ont causé trop de souffrances et nourrissent encore trop de rancoeurs. Les accords conclus entre le gouvernement et la plupart des groupes armés témoignent des progrès qui peuvent être réalisés lorsque sont empruntés les chemins d’un dialogue constructif et de la concertation. Ils ont aussi redonné confiance à la Communauté internationale, qui a commencé à soutenir activement le processus en cours, et ils ont suscité une grande espérance parmi le peuple burundais, meurtri par des années de conflit. Il importe donc aujourd’hui de ne pas décevoir cette espérance mais de la renforcer. Pour cela, il revient d’abord aux responsables politiques de montrer leur désir sincère de faire respecter cet accord de cessez-le-feu et de le mettre en application. Cette tâche ne peut se réaliser sans une juste conception de l’exercice du pouvoir, caractérisée en particulier par le service désintéressé de la communauté nationale et du bien commun, par la probité dans les responsabilités confiées, par le souci de protéger la population civile et de faire respecter ses droits, et aussi d’intéresser tous les Burundais à la cause de la nation. Ces valeurs, qui passent avant tout programme politique, constituent une exigence éthique qui est le mieux à même d’assurer la paix intérieure des nations et la paix entre les États, les mettant à l’abri des luttes ethniques, et de l’arbitraire et de la corruption, comme je l’ai rappelé au Corps diplomatique près le Saint-Siège le 13 janvier dernier (cf. n. 5).

3. La consolidation de l’unité nationale nécessite que toutes les composantes de la nation soient associées au processus en cours visant la création d’institutions stables, capables avant toute chose de promouvoir et de garantir la concorde sociale. Pour cela, l’exigence de dialogue avec tous les groupes en présence doit se poursuivre, afin de ne pas entrer dans une logique de l’exclusion, qui exacerbe les antagonismes et qui engendre la violence. Dans cette perspective, il semble aussi nécessaire de mettre en oeuvre les mesures adéquates, conformément aux accords, pour que tous les habitants du pays, quelle que soit leur appartenance politique, ethnique ou religieuse, bénéficient de la subsistance nécessaire, ce qui conduira chacun à respecter le bien d’autrui, notamment des populations civile.

4. Vous rappelez, Monsieur l’Ambassadeur, le patrimoine de valeurs humaines qui atteste des ressources culturelles et spirituelles dont dispose votre pays. Ces valeurs constituent un héritage précieux grâce auquel le Burundi, en tirant de manière constructive les leçons du passé, peut travailler à engager une nouvelle manière de vivre ensemble, dans une société toujours plus réconciliée et plus solidaire, attentive à tracer le sillon d’un avenir de paix et d’espérance pour les nouvelles générations. L’Église catholique est présente au Burundi depuis 1898. Elle continue aujourd’hui à se dépenser sans relâche pour éclairer les coeurs et les consciences sur la nécessité de travailler à la paix et à la réconciliation, et pour mettre toute la richesse de son expérience au service du développement intégral des personnes et de la société entière. Par sa présence dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’action sociale et caritative, elle souhaite contribuer à l’édification de la société burundaise, en permettant à tous les fils du pays de participer au progrès humain et spirituel de tous, et en les rendant toujours plus acteurs de leur propre développement. Elle sait d’expérience que le développement d’un pays passe par une formation sans cesse approfondie et par une éducation humaine, morale et spirituelle.

5. Vous me permettrez, Monsieur l'Ambassadeur, de saluer chaleureusement par votre intermédiaire la communauté catholique burundaise et ses Évêques. Je les invite tous à ne jamais se décourager devant l’immensité de la tâche à accomplir. En ce temps pascal, ils savent que sur la croix du Christ ont été clouées toutes les oeuvres de la mort que sont la peur de l’autre, l’égoïsme, la violence et la haine. Je les encourage à demeurer des sentinelles de l’espérance et des acteurs de la réconciliation, attentifs à porter l’Évangile de la Vie partout où sont ébranlés les «piliers de la paix» que sont la vérité, la justice, l’amour et la liberté (cf. Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 2003, n. 4).

6. Alors que vous inaugurez votre mission auprès du Siège apostolique, je vous offre mes meilleurs voeux pour son heureux accomplissement. Soyez assuré que vous trouverez ici, auprès de mes collaborateurs, l'accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur les personnes qui L’entourent, sur le peuple du Burundi et sur ceux qui président à ses destinées, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions divines.



À S. E. M. A. D. CHIKVAIDZE, NOUVEL AMBASSADEUR DE GÉORGIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003




Votre Excellence,

C'est avec un grand plaisir que je vous accueille au Vatican, au début de votre mission en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Géorgie près le Saint-Siège. Ma visite dans votre pays en 1999 fut pour moi une joie particulière. Je me rappelle avec plaisir de la cordialité avec laquelle j'ai été accueilli et du fervent esprit oecuménique que j'ai pu partager. Je vous prie de bien vouloir transmettre à S.E. M. le Président Shevarnadze, au gouvernement et au peuple de votre noble pays, ma gratitude pour leurs voeux, auxquels je réponds volontiers, et de les assurer de mes prières pour la paix et le bien-être de la nation.

Les idéaux de paix, de liberté et de justice auxquels vous vous êtes référé de façon poignante, constituent des éléments essentiels et interdépendants du progrès véritable dans toute nation. Toutefois, le développement authentique ne doit pas être détaché de son lien intrinsèque avec les droits de l'homme (cf. Sollicitudo Rei Socialis, n. 33). Le peuple de Géorgie ne sait que trop bien que lorsque ces droits - enracinés dans la nature même de la personne humaine - sont niés, c'est non seulement la croissance économique d'une nation qui est entravée, mais la culture elle-même qui est minée et l'esprit du peuple étouffé. Toutefois, en dépit des diverses formes d'oppression dont la Géorgie a souffert, l'identité et l'unité de la nation ont survécu et fleurissent à nouveau aujourd'hui.

Tandis que la Géorgie continue de s'engager dans la délicate tâche de former son esprit national, il faut constamment garder à l'esprit que le développement humain ne peut être réduit uniquement à des critères économiques. La "pure accumulation de biens et de services, même en faveur du plus grand nombre, ne suffit pas pour réaliser le bonheur humain" (Sollicitudo Rei Socialis, n. 28). En effet, l'expérience de l'histoire montre que, quelle que soit l'idéologie politique dominante, si les lois et les institutions de la vie civile ne sont pas guidées par une orientation vers le véritable bien de la personne humaine, les caractéristiques de ce que l'on appelle la libération économique peuvent en réalité masquer des injustices de pauvreté croissante et de division sociale. Ces inégalités, qui se manifestent traditionnellement par l'exclusion des membres les plus faibles de la société à l'accès aux ressources et aux services conçus pour tous, nous rappellent que les dons que nous recevons de Dieu sont donnés afin que nous puissions les rendre plus fructueux (cf. Mt 25,26-28). C'est donc en accord avec la volonté de Dieu le Créateur que nous devons nous engager à oeuvrer ensemble pour le plein développement de tout l'être humain et de toutes les personnes (cf. Sollicitudo Rei Socialis, n. 30).

Par le passé, le christianisme a apporté de profondes contributions à la Géorgie. Il doit faire de même dans le présent et à l'avenir. Depuis la prédication de saint Nino au début du IV siècle, le christianisme a trouvé une expression dans la culture géorgienne et a préservé l'identité de la nation qui a été si souvent menacée. C'est pour cette raison que j'ai dit au cours de ma visite dans votre pays que la foi en Jésus Christ est la "véritable ancre" de la Géorgie (Discours d'arrivée, 8 novembre 1999). Cette foi, qui a cimenté les fermes aspirations de la nation à l'unité, a été rappelée et célébrée de nombreuses façons à travers le grand héritage culturel de la Géorgie. De façon plus importante, cet héritage a constamment préservé le grand trésor d'une notion unifiée et complète de la personne humaine et de son destin. Avec de telles ressources, la Géorgie peut apporter une importante contribution à la stabilité de la région. Située au carrefour de l'Europe et de l'Asie, elle occupe une position unique pour inspirer une nouvelle culture de l'esprit qui témoigne d'une civilisation de l'amour soutenue par le message de l'Evangile.

La coopération et l'exemple des Eglises chrétiennes est cruciale pour atteindre l'unité nationale nécessaire pour que la Géorgie occupe la place qui lui est due dans la nouvelle Europe. Fidèle à la volonté du Seigneur qui a désiré que tous ses disciples soient un (cf. Jn 17,21), les chrétiens de Géorgie doivent oeuvrer sans cesse afin d'être unis dans le témoignage commun au Christ et à son Evangile. Cela exige que le dialogue oecuménique entre les Eglises, dont le progrès théologique ne peut être sous-estimé, doit être ultérieurement promu à travers des mesures concrètes de générosité et de justice, en particulier en ce qui concerne le droit à la liberté de conscience exprimé de la manière la plus élevée dans la liberté de culte. C'est la fidélité à la vérité et à la charité qui rend anormaux, et même contradictoires, tous les obstacles placés sur le chemin de la véritable pratique religieuse, et la préservation du patrimoine culturel qui y est liée. A cet égard, je suis certain que les récentes déclaration du Président Shevardnadze sur l'intolérance religieuse fait écho aux pensées de tous les hommes et femmes de bonne volonté.

Monsieur l'Ambassadeur, je vous remercie de vos paroles cordiales d'appréciation pour ce que l'Eglise catholique fait pour le peuple de Géorgie à travers ses organisations humanitaires qui assistent les groupes les plus vulnérables. La mission caritative de l'Eglise de service à tous les peuples, en particulier les pauvres et ceux qui souffrent, est au coeur même de son témoignage de l'amour du Christ qui embrasse tout. Son désir ardent est d'étendre, là où cela est possible, son "engagement d'un amour actif et envers tout être humain" (Novo millennio ineunte NM 49). Toutefois, la charité chrétienne est toujours plus qu'une simple aide humanitaire. Pour l'Eglise catholique, ses gestes de charité sont liés de façon indissoluble à la célébration de l'Eucharistie, dont elle tire la force spirituelle nécessaire pour soutenir la vie de son peuple et accomplir sa mission (cf. Ecclesia de Eucharistia EE 22). Ainsi, de même que la petite communauté en Géorgie continue de se rassembler pour vénérer le Seigneur, de même, son service d'amour inconditionnel à tous les Géorgiens se développera, apportant des gestes de paix et d'espérance à ceux qui en ont le plus besoin dans votre nation.

Votre Excellence, je suis certain que la mission diplomatique que vous commencez aujourd'hui renforcera ultérieurement les liens de compréhension et de coopération qui existent entre la République de Géorgie et le Saint-Siège. Je vous assure que les divers bureaux de la Curie Romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Avec mes sincères meilleurs voeux, j'invoque sur vous, sur votre famille et sur tout le peuple de Géorgie, les Bénédictions de Dieu tout-puissant.




AU NOUVEL AMBASSADEUR DE VANUATU PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003



Monsieur l’Ambassadeur,

1. C’est avec plaisir que je souhaite une cordiale bienvenue à Votre Excellence, à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme premier Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Vanuatu près le Saint-Siège.

Les paroles que vous venez de m'adresser, et dont je vous remercie vivement, témoignent de l'intérêt porté par les autorités de votre pays au développement de relations d'estime et de respect entre la République de Vanuatu et le Siège apostolique. Par votre intermédiaire, il m'est agréable de présenter à Son Excellence Monsieur John Bennett Bani, Président de la République, les voeux que je forme pour sa personne et pour l'accomplissement de sa haute charge au service de la nation. Je remercie également Son Excellence Monsieur Edward N. Natapei, Premier Ministre, pour les souhaits déférents dont il m’a honoré. Je salue enfin avec affection tout le peuple de Vanuatu.

2. Vous avez rappelé, Monsieur l’Ambassadeur, le riche héritage historique de l’archipel de Vanuatu et sa position particulière en Océanie, éléments qui ont modelé la nation pour en faire aujourd’hui une société multiculturelle où des hommes, dans la grande diversité de leurs origines nationales, de leurs langues, de leurs expressions religieuses et des valeurs qui les animent, ont à coeur d’édifier une société fraternelle. Puissent les responsables de votre jeune République s’attacher à ce que cette belle diversité soit toujours plus au service de l’unité nationale et qu’elle s’exprime dans la vie politique et sociale, afin que tous les citoyens puissent exercer leurs droits légitimes et participer aux décisions politiques qui orientent la vie commune ! Le chemin d’un «vivre ensemble» vraiment fécond s’enracine dans le souci patiemment partagé de bâtir une nation où les particularités de chacun servent au bien commun, où la volonté sincère de construire un monde uni s’exprime de manière visible dans les choix et les orientations de la société, et où la volonté de travailler sans relâche à la justice et à l’équité prenne en compte les aspirations de tous les habitants du pays, en priorité des plus démunis. Cela ne peut se réaliser sans un réel effort qui vise au juste respect des personnes et des biens, à l’équitable répartition des richesses et des responsabilités, ainsi qu’au souci permanent de préserver l’environnement et les ressources naturelles. Je ne doute pas que les efforts déjà entrepris par le peuple de Vanuatu et par ses dirigeants porteront des fruits, en vue de permettre un développement intégral de tous les citoyens et le renforcement de la solidarité entre tous. Ainsi, la République de Vanuatu pourra également participer à la construction et à la consolidation de la concorde dans la région.

3. J’ai apprécié, Monsieur l’Ambassadeur, l’ouverture de votre pays aux questions touchant à la vie du monde, et son désir de participer activement à l’action de la Communauté internationale. Cette volonté témoigne d’une maturité politique et humaine, qui perçoit de manière aiguë la vocation d’une nation à devenir partenaire d’une nouvelle stabilité internationale. Au moment où des conflits meurtriers continuent d’engendrer la violence et de fragiliser les équilibres mondiaux, il revient à toutes les nations sans exception de relever le défi de la paix, et de ne négliger aucun effort pour que cette paix soit effective et durable dans le monde. De cet effort, nul ne doit être exclu. Il est en effet essentiel que toutes les nations, quel que soit leur poids sur l’échiquier mondial, soient reconnues comme des acteurs de la croissance et du bonheur de tous, dans le combat permanent mené contre les fléaux qui menacent la survie de l’humanité, la sérénité des personnes et la sécurité des sociétés (cf. Discours au Corps diplomatique 2003).

J’invite donc la Communauté internationale à encourager et à mettre en valeur les efforts réalisés par les petites nations pour participer à l’édification de la paix, si essentielle à la croissance humaine et spirituelle du monde. Je souhaite aussi que le développement des relations culturelles et commerciales, que la République de Vanuatu entretient déjà avec d’autres nations ou avec des Organismes internationaux, favorise en retour dans votre pays le progrès économique et la justice sociale, conditions essentielles pour servir le bien-être matériel et spirituel de sa population.

4. Dans un esprit de dialogue et de collaboration fraternelle, à la place qui lui revient et selon sa vocation propre l'Église catholique dans votre pays, à travers l'engagement de ses membres, entend participer activement à ce développement intégral des personnes. En se mettant au service de tous dans de nombreux domaines, comme la santé, l'action sociale et caritative, et en particulier l’éducation, elle entend favoriser le progrès de la justice et de la convivialité.

Soucieuse du respect de la liberté et des convictions de chacun, elle souhaite poursuivre un dialogue serein et respectueux avec toutes les communautés humaines et religieuses qui sont présentes dans l’archipel, et accomplir ainsi la mission qu'elle a reçue du Christ. Refusant toutes les divisions et les oppositions qui mettent en péril la poursuite du bien commun, elle se sait appelée à travailler avec ardeur à l'établissement d'une véritable «civilisation de l'amour».

5. Par votre intermédiaire, Monsieur l’Ambassadeur, vous me permettrez de saluer la communauté catholique présente dans votre pays, et en particulier son Pasteur, Monseigneur Michel Visi, évêque de Port-Vila. Puissent pasteurs et fidèles suivre le chemin du Christ, proclamer sa vérité et vivre de sa vie, pour que les peuples du Pacifique, qui luttent pour leur unité et leur identité, soient toujours plus habités par un grand souci de paix, de justice et de respect de la création (cf. Exhortation apostolique Ecclesia in Oceania, n. 8) !

6. Au moment où vous inaugurez votre mission auprès du Siège apostolique, je vous offre mes voeux les meilleurs pour son heureux accomplissement. Soyez assuré qu'auprès de mes collaborateurs vous trouverez toujours l'accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur votre Excellence, sur sa famille, sur tout le peuple de Vanuatu et sur ses dirigeants, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions divines.



À S. E. M. MIHAIL LAUR, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE MOLDAVIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003



Monsieur l’Ambassadeur,

1. C’est avec plaisir que j’accueille Votre Excellence en cette circonstance solennelle de la présentation des Lettres qui l’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Moldavie près le Saint-Siège.

J’ai été sensible aux paroles que vous m’avez adressées et je vous saurais gré de transmettre mes salutations à Son Excellence Monsieur Vladimir Voronine, Président de la République. Je salue très cordialement le peuple moldave tout entier et je forme des voeux fervents pour que, grâce à ses efforts de solidarité et de concorde entre toutes les composantes de la nation, il trouve les chemins d’un véritable épanouissement humain et spirituel.

2. Je vous remercie pour la présentation de la situation de votre pays, indépendant depuis 1991, qui s’efforce de trouver sa place dans l’Europe et dans le concert des nations.

Après la tragique expérience des deux guerres mondiales au cours du siècle qui vient de s’achever, le millénaire qui commence n’a pu éviter ni le déchaînement du terrorisme ni le recours à la guerre. Comme je l’ai rappelé dans mon Message pour la Journée mondiale de la paix 2003, à l’occasion du quarantième anniversaire de Pacem in terris, l’encyclique de mon bienheureux prédécesseur le Pape Jean XXIII, la construction de la paix est une oeuvre de longue haleine, jamais achevée, qui s’appuie sur «les quatre exigences précises de l’esprit humain : la vérité, la justice, l’amour et la liberté» (n. 3). C’est pourquoi elle doit mobiliser les énergies des responsables politiques des nations, pour lutter contre le terrorisme et sa violence aveugle, pour dénoncer le commerce des armes et la compétition militaire entre les États, mais aussi pour encourager à la réconciliation entre les peuples partout où il y a des foyers de tension. «La négociation honnête, patiente et respectueuse des droits et des aspirations des parties en présence peut ouvrir la voie à une résolution pacifique des situations les plus complexes» (Message à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale en Europe, n. 9); elle est toujours préférable à la guerre et à tous les maux qu’elle engendre, comme on le voit trop souvent.

En union avec tous les partenaires de bonne volonté, le Saint-Siège entend apporter sa contribution en faveur de l’unité du Continent européen, pour que les peuples qui le composent se développent harmonieusement, dans la coopération et le respect mutuels, et qu’ils soient ouverts aux échanges avec les autres nations du monde, afin de faire bénéficier chacun des fruits de la paix et du développement.

3. Vous avez souligné, Monsieur l’Ambassadeur, l’attachement de votre nation aux valeurs européennes ainsi qu’à ses racines chrétiennes, et vous avez exprimé votre gratitude à l’Église catholique pour le soutien qu’elle apporte à la consolidation de la paix, en particulier pour son aide en vue de la résolution pacifique des conflits et pour son action en faveur des droits humains. Je suis sensible à cette attention.

L’Église fonde son engagement en faveur de l’homme et de sa dignité sur la Révélation dont elle est dépositaire : la tradition biblique enseigne en effet que l’homme est créé à l’image de Dieu, animé du souffle divin et capable, malgré la blessure du péché, d’agir librement en vue du bien (cf. Gaudium et Spes GS 17). C’est à la lumière de cette conviction de foi, et aussi avec la sagesse de l’expérience qui vient des leçons de l’histoire, que l’Église a appris à considérer la vie humaine «comme la réalité la plus sacrée et la plus intangible qui est présente sur la scène du monde» (Message pour la Journée mondiale de la Paix, 1er janvier 2001, n. 19). Notre devoir est de la défendre et de la respecter. Aussi, au début de ce nouveau millénaire, l’Église catholique entend-elle encourager les hommes à construire une civilisation de l’amour, qui privilégie les valeurs de la rencontre entre les personnes et entre les cultures, ainsi que le dialogue entre les protagonistes de la société civile.

Pour édifier une société vraiment humaine, qui honore la dignité de chacun et qui permet un authentique dialogue entre toutes ses composantes, il est nécessaire de donner une formation aux citoyens, en particulier aux jeunes. C’est l’éducation qui leur permettra d’acquérir un véritable humanisme, ouvert à la dimension éthique et religieuse, à une juste conception de la démocratie et des droits humains, à la connaissance et à l’estime des cultures et des valeurs spirituelles des diverses civilisations. Je forme le voeu que les responsables des nations et les personnes qui participent à cette noble mission éducative soient pénétrés d’un esprit de service de l’homme.

4. Monsieur l’Ambassadeur, en cette circonstance solennelle, je suis heureux de saluer à travers votre personne les membres de la communauté catholique de Moldavie. Unie autour de son Évêque et des prêtres qui sont à son service, elle montre un vrai dynamisme et je sais qu’elle entretient des relations fraternelles avec les membres des autres Églises et communautés ecclésiales. Qu’elle garde vif le désir de l’unité entre les chrétiens et qu’elle y contribue par ses initiatives ! La communauté catholique entretient également de bonnes relations avec les Autorités civiles et je m’en réjouis; je souhaite que, par leur participation active à la vie du pays et par leur solidarité avec les plus pauvres, les catholiques éprouvent toujours davantage la joie de servir et de partager, coopérant ainsi au développement humain et spirituel de leur pays.

5. Au moment où vous inaugurez votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes voeux fervents pour l’accomplissement de votre mission. Je tiens à vous assurer du soutien cordial et attentif que vous trouverez toujours ici, auprès de mes collaborateurs.

Sur votre Excellence et sur sa famille, ainsi que sur le peuple moldave et sur ses dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.




À S. E. Mme FAUZIA ABBAS, NOUVEL AMBASSADEUR DU PAKISTAN PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 15 mai 2003




Votre Excellence,

C'est pour moi un plaisir de vous accueillir au Vatican tandis que vous présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République islamique du Pakistan près le Saint-Siège. Je vous renvoie les salutations cordiales que vous m'avez présentées au nom du Président, du gouvernement et du peuple du Pakistan. Je souhaite de tout coeur que la grande amitié qui existe déjà entre votre pays et le Saint-Siège soit approfondie et soit marquée par de nouveaux signes de confiance et de respect mutuels. Je vous prie de transmettre à M. le Président Musharraf et aux citoyens de votre nation l'assurance de mes prières pour la paix et le bien-être de votre pays.

Je suis reconnaissant pour vos observations dans lesquelles vous avez reconnu les efforts inlassables de l'Eglise en vue de promouvoir la paix et de soulager les conflits dans notre monde tourmenté. Le Saint-Siège partage certainement le désir du Pakistan d'édifier de solides fondements pour la paix sur les principes moraux durables qui trouvent leur source dans la dignité fondamentale conférée par Dieu à la personne humaine. En effet, l'activité du Saint-Siège dans la communauté internationale provient de cette vision spécifique de la personne humaine et de la conviction selon laquelle lorsque celle-ci est minée ou abandonnée, ce sont les fondements mêmes de la société humaine qui sont ébranlés. Il s'agit d'une perspective qui appelle au progrès de la liberté, obtenue à travers la garantie des droits humains fondamentaux. Les plus importants de ces droits sont: l'accès indiscriminé au marché de l'emploi, la pleine participation à la vie civile démocratique et la liberté de l'authentique pratique religieuse. Chacun de ces droits confirme l'égalité de tous les citoyens.

Les récentes guerres en Afghanistan et en Irak ont conféré au Pakistan une attention sans précédent dans les médias internationaux. Sur la toile de fond de ces tragédies humaines, une nouvelle opportunité - et même un devoir - est apparue pour votre nation, en vue d'apporter une contribution importante à la paix à laquelle tend la famille humaine. Les récents efforts de votre gouvernement dans le but de déraciner le mal perpétré par les groupes fondamentalistes liés au terrorisme, ont à juste titre été salués dans le monde. De même, les gestes courageux et les propositions actuelles du Pakistan, qui insufflent une vie nouvelle au dialogue pour la paix avec l'Inde ont apporté une espérance renouvelée de rapprochement et de réduction des sommes énormes dépensées pour maintenir une présence militaire de haut niveau dans la région du Cachemire. De telles initiatives apportent un sentiment de soulagement non seulement à votre peuple, mais à la Communauté internationale tout entière. Ces mesures sont considérées comme des étapes positives vers l'édification d'une civilisation de l'amour, dans laquelle tous les peuples peuvent vivre dans la sécurité et la paix.

A côté de la participation responsable et volontaire d'une nation dans les accords visant à promouvoir de meilleures relations internationales, le développement authentique exige également l'adhésion à un programme de véritable progrès national. Un tel programme respectera toujours les droits et les aspirations légitimes du peuple, y compris ceux des groupes minoritaires. Cela exige également un gouvernement transparent et un système judiciaire, impartial. Sans ces bases d'une société civilisée, l'espérance de développement, auquel chaque être humain aspire, demeure vaine. J'ai dit en de nombreuses occasions que la corruption, que ce soit de la part des hommes politiques, des autorités judiciaires des administrateurs ou des bureaucrates (cf. Ecclesia in Asia ), est un fléau qui porte atteinte à la dignité inviolable de toute personne humaine et qui paralyse le progrès social, économique et culturel d'une nation.

Votre Excellence, je suis heureux de noter les réformes politiques considérables qui ont récemment été mises en place au Pakistan en vue de l'amélioration de la vie civile. L'abolition des systèmes électoraux séparés et la sauvegarde de l'attribution des sièges réservés ont beaucoup contribué à restaurer la foi de tous les Pakistanais, - et pas seulement ceux des minorités ethniques et religieuses - dans les processus électoraux au niveau de la province et de la nation. Cette mesure a fait l'objet d'éloges publics, entre autres, de la part des Evêques catholiques de votre pays. Toutefois, il faut souligner que les injustices, qui continuent d'être ressenties en particulier parmi la minorité catholique de votre pays, empêche le bien-être complet de la nation. Les graves difficultés provoquées par les Lois blasphématoires et les incidents de violence et de vandalisme contre les chrétiens et leurs propriétés sont connus de tous. Mais il y a également les questions en suspens de l'inégalité de l'accès à l'emploi dans le travail et du traitement inéquitable des groupes minoritaires dans les institutions publiques, qu'il s'agisse des élèves à l'école ou des personnes devant les tribunaux. La garantie constitutionnelle des droits civils et religieux doit se refléter dans l'emploi et les politiques de service des ministères et devenir un exemple à imiter par les autres secteurs de la vie publique. Sans la mise en place concrète de la reconnaissance des droits humains fondamentaux, la croissance de toute société demeurera étouffée.

L'Eglise catholique, au service de la famille humaine, est prête à faire participer tous les membres de la société pakistanaise sans distinction, s'efforçant d'édifier avec eux une civilisation de l'amour, fondée sur les valeurs communes à tous les peuples de la paix, de la justice, de la solidarité et de la liberté. A travers une plus grande participation des missionnaires à la vie de l'Eglise, ses écoles et ses institutions de santé pourraient contribuer dans une plus grande mesure aux programmes de développement humains du pays. Vous savez que vous pouvez compter sur l'Eglise pour continuez à oeuvrer en vue du véritable progrès de la société pakistanaise, en particulier à travers son assistance aux pauvres et le soulagement de la souffrance.

Votre Excellence, vous commencez votre mission à une période de l'histoire au cours de laquelle la Communauté internationale se tourne vers le Pakistan avec de grandes attentes et de grandes espérances de progrès en vue du développement pacifique dans la nation et dans le domaine international. Je vous assure du soutien du Saint-Siège pour tout ce qui promeut le bien commun de l'humanité. Les divers bureaux de la Curie Romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions et je suis certain que votre service renforcera les liens de compréhension et de coopération entre le Pakistan et le Saint-Siège. Sur vous, sur votre famille et sur vos concitoyens, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.

      

Discours 2003 - Jeudi 15 mai 2003