Discours 2002 - MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'ABBESSE GÉNÉRALE DE L'ORDRE DU TRÈS SAINT-SAVEUR DE SAINTE-BRIGITTE


MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À LA SUPÉRIEURE GÉNÉRALE DES RELIGIEUSES SERVANTES DE LA VISITATION




A la Révérende Mère
Soeur M. VINCENZA MINET
Supérieure générale de la Congrégation
des Servantes de la Visitation

1. Je suis heureux de vous adresser mon salut cordial, ainsi qu'à vos consoeurs réunies au "Villagio San Francesco e Santa Croce" à Acerno (Salerno) à l'occasion de votre IV Chapitre général, un temps de grâce particulière pour la Congrégation, qui célèbre cette année le vingt-cinquième anniversaire de sa fondation. Certaines d'entre vous appartiennent au noyau originel de l'Institut et, ayant vécu les événements qui en marquèrent les débuts, portent encore plus profondément imprimé dans leur coeur le "magnificat" pour ce que le Seigneur a accompli. Elles font part de ce cantique de louanges aux consoeurs plus jeunes, afin que toute la Congrégation, au sein de chacune de ses communautés et dans toutes ses activités, puisse vivre et oeuvrer dans cette joie intérieure de l'esprit, qui caractérise le mystère joyeux de la visite de Marie à sa cousine plus âgée, Elisabeth.

Je m'unis avec une grande joie à l'action de grâce commune au Seigneur pour les bénéfices reçus. Je vous encourage également dans votre désir de vous tourner avec une audace prophétique vers l'avenir pour mieux comprendre quels sont les défis et les attentes de l'Eglise et du monde. C'est ce sur quoi vous entendez travailler au cours de la présente assemblée capitulaire, qui a pour thème: "Notre charisme dans un monde qui change".

2. Votre charisme plonge ses racines dans l'admirable mystère de la Visitation de la Vierge à sainte Elisabeth. L'attention de chacune d'entre vous est tournée vers cette scène évangélique, d'une grande éloquence dans sa simplicité. Vous entendez toujours vous en inspirer, que vous oeuvriez parmi les enfants abandonnés et mal nourris, ou que vous vous mettiez au service des personnes âgées, des malades, dans les paroisses ou en terre de mission.

En vérité, les richesses spirituelles qui émanent de cet épisode de l'Evangile de Luc sont inépuisables. L'exemple de la Vierge exige d'être constamment actualisé et adapté aux diverses exigences historiques, géographiques et culturelles. Dans un monde qui change, le charisme est immuable, mais il a besoin pour agir efficacement et porter des fruits abondants, de cette "imagination de la charité" dont j'ai parlé dans la Lettre apostolique Novo Millennio ineunte (cf. NM NM 50).



3. Etre "Servantes de la Visitation" signifie imiter chaque jour la Très Sainte Vierge Marie qui, après avoir accueilli avec foi l'annonce de l'Ange, "partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda" (Lc 1,39), pour être proche d'Elisabeth, qui avait besoin d'aide car elle attendait Jean le Précurseur. Se faire le prochain de celui qui est dans le besoin: voilà le commandement que le Christ a donné à chacun de ses disciples, et que vous adoptez comme idéal et but de votre existence et de votre action communautaire.

Dieu révèle à Marie la grossesse miraculeuse de sa parente âgée, ce qui est le signe que rien ne Lui est impossible. A vous aussi, le Seigneur n'a pas manqué et ne manquera pas d'indiquer les personnes auxquelles offrir votre solidarité concrète, afin qu'en vous et qu'en eux croissent la foi et la reconnaissance envers sa miséricorde infinie et toute-puissante.

Continuez, très chères soeurs, à avancer dans cette direction, conscientes que, dans votre prochain en difficulté, c'est le Christ lui-même que vous honorez et servez. Mettez en outre tout votre soin à croître chaque jour davantage dans l'esprit de communion fraternelle. Une communauté où règne la charité du Christ travaille avec joie et harmonie, en surmontant plus facilement les obstacles et les difficultés.



4. Très chères soeurs, soyez avant tout des personnes de foi et de prière fervente. La communion intime avec Dieu, "réalisée en nous par l'Esprit Saint, nous ouvre, par le Christ et dans le Christ, à la contemplation du visage du Père" (Lett. ap. Novo millennio ineunte, n. 32). Que serait votre Institut s'il était dépourvu de cette âme? Que serait le service à vos frères sans l'encouragement invisible de la prière constante? Tout se réduirait à une pure et simple activité d'assistance sociale, en perdant sa force de témoignage prophétique.

Dans le mystère de la Visitation, la contemplation et l'action trouvent une synthèse harmonieuse. Dans le service quotidien de Marie à Elisabeth, se respire un air de sainteté, accomplissement journalier de la volonté divine en chaque circonstance.

Je souhaite à chacune d'entre vous de vivre et d'oeuvrer au sein de chaque communauté de l'Institut en suivant ce style, qui crée le climat favorable à la sainteté. En Italie, en Pologne, au Brésil, aux Philippines, au Kenya, à Madagascar, et partout où la Providence voudra vous appeler, conservez intact votre charisme. Que Marie, la Vierge de la Visitation, vous guide et vous assiste: élevez chaque jour avec elle votre "magnificat" à Dieu, riche de miséricorde. Quant à moi, je ne manquerai pas de me souvenir de vous dans ma prière, tout en vous bénissant de tout coeur, vous, ainsi que les travaux du Chapitre et toute votre famille religieuse.

Du Vatican, le 8 septembre 2002

IOANNES PAULUS II



AUX PÈLERINS RÉUNIS POUR LA CANONISATION DE JOSEMARÍA ESCRIVÁ DE BALAGUER

Lundi, 7 octobre 2002


  Très chers frères et soeurs!

1. C'est avec joie que je vous adresse une salutation cordiale, au lendemain de la canonisation du bienheureux Josemaría Escrivá de Balaguer. Je remercie Mgr Xavier Echevarría, Prélat de l'Opus Dei, pour les paroles à travers lesquelles il s'est fait l'interprète de toutes les personnes présentes. Je salue avec affection les nombreux cardinaux, évêques et prêtres qui ont voulu prendre part à cette célébration.

Cette joyeuse rencontre unit une grande variété de fidèles, provenant de nombreux pays et appartenant aux milieux sociaux et culturels les plus divers: prêtres et laïcs, hommes et femmes, jeunes et personnes âgées, intellectuels et travailleurs manuels. Il s'agit là d'un signe du zèle apostolique qui animait l'esprit de saint Josemaría.

2. L'amour pour la volonté de Dieu est ce qui émerge chez le fondateur de l'Opus Dei. Il existe un critère certain de sainteté: la fidélité à accomplir la volonté divine jusqu'aux ultimes conséquences. Le Seigneur a un projet pour chacun de nous, et il confie à chacun une mission sur la terre. Le saint ne réussit pas même à se concevoir lui-même en dehors du dessein de Dieu: il ne vit que pour le réaliser.

Saint Josemaría fut choisi par le Seigneur pour annoncer l'appel universel à la sainteté et pour indiquer que la vie de tous les jours, les activités ordinaires, sont un chemin de sanctification. On pourrait dire qu'il fut le saint de l'ordinaire. Il était en effet convaincu que, pour celui qui vit dans une optique de foi, tout est occasion de rencontre avec Dieu, tout devient un encouragement à la prière. Vue ainsi, la vie quotidienne révèle une grandeur insoupçonnée. La sainteté se situe véritablement à la portée de tous.

3. Escrivá de Balaguer fut un saint d'une grande humanité. Tous ceux qui le fréquentèrent, quelles que fussent leur culture ou leur condition sociale, le considérèrent comme un père, entièrement consacré au service des autres, parce qu'il était convaincu que chaque âme est un trésor merveilleux. En effet, chaque homme vaut tout le sang du Christ. Cette attitude de service est évidente dans son dévouement au ministère sacerdotal et dans la magnanimité avec laquelle il donna naissance à tant d'oeuvres d'évangélisation et de promotion humaine en faveur des plus pauvres.

Le Seigneur lui fit comprendre avec profondeur le don de notre filiation divine. Il enseigna à contempler le tendre visage d'un Père dans le Dieu qui nous parle à travers les événements les plus divers de la vie. Un Père qui nous aime, qui nous suit pas à pas et nous protège, nous comprend et attend de chacun de nous la réponse de l'amour. La considération de cette présence paternelle, qui l'accompagne partout, donne au chrétien une confiance inébranlable; à tout moment, il doit placer sa confiance dans le Père du ciel. Il ne se sent jamais seul et n'a pas peur. Dans la Croix - quand elle se présente -, il ne voit pas un châtiment, mais une mission confiée par le Seigneur lui-même. Le chrétien est nécessairement optimiste, parce qu'il sait qu'il est le fils de Dieu dans le Christ.

4. Saint Josemaría était profondément convaincu que la vie chrétienne comporte une mission et un apostolat: nous sommes dans le monde pour le sauver avec le Christ. Il a aimé le monde passionnément, d'un "amour rédempteur" (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique, CEC 604). C'est précisément pour cela que ses enseignements ont aidé tant de fidèles ordinaires à découvrir le pouvoir rédempteur de la foi, sa capacité à transformer le monde.

C'est un message qui possède d'abondantes et fructueuses implications pour la mission évangélisatrice de l'Eglise. Il renforce la christianisation du monde "de l'intérieur", en montrant qu'il ne peut pas y avoir de conflit entre la loi divine et les exigences d'un progrès humain authentique. Ce saint prêtre a enseigné que le Christ doit être le sommet de toute activité humaine (cf. Jn 12,32). Son message pousse le chrétien à agir dans des lieux où la société future est en train de se construire. De la présence active des laïcs dans toutes les professions et aux frontières les plus avancées du développement, il ne peut ressortir qu'une contribution positive au renforcement de cette harmonie entre foi et culture, qui représente l'une des plus grandes nécessités de notre temps.

5. Saint Josemaría Escrivá a dépensé sa vie pour le service de l'Eglise. Dans ses écrits, les prêtres, les laïcs qui suivent les voies les plus diverses, les religieux et les religieuses trouvent une source stimulante d'inspiration. Chers frères et soeurs, en l'imitant avec une ouverture d'esprit et de coeur, dans la disponibilité à servir les Eglises locales, vous contribuez à donner de la force à la "spiritualité de communion" que la Lettre apostolique Novo millennio ineunte indique comme l'un des buts les plus importants pour notre temps (cf. NM NM 42-45).

Il m'est cher de conclure par un appel à la fête liturgique de ce jour, Notre-Dame du Rosaire. Saint Josemaría écrivit un bel opuscule intitulé Le Saint Rosaire, qui s'inspire de l'enfance spirituelle, disposition d'esprit propre à ceux qui veulent parvenir à un abandon total à la volonté divine. De grand coeur, je vous confie tous à la protection maternelle de Marie, ainsi que vos familles, votre apostolat, vous remerciant de votre présence.

6. Je remercie une fois de plus toutes les personnes présentes, en particulier celles venues de loin. Très chers frères et soeurs, je vous invite à apporter partout un témoignage clair de foi, selon l'exemple et l'enseignement de votre saint fondateur. Je vous accompagne de ma prière, et je vous bénis de tout coeur, ainsi que vos familles et vos activités.



À LA IV ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA COMMISSION PONTIFICALE POUR LES BIENS CULTURELS DE L'EGLISE

Samedi, 9 octobre 2002


   

Vénérés frères dans l'épiscopat,
très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous accueillir au terme des travaux de la IV Assemblée plénière de la Commission pontificale pour les biens culturels de l'Eglise. J'adresse à chacun une salutation cordiale, ainsi que des sentiments de profonde gratitude pour le service que vous avez accompli jusqu'à présent.

Ma pensée se dirige avant tout vers Mgr Francesco Marchisano, Président de la Commission, que je remercie pour les sentiments exprimés au nom de tous et pour la synthèse éloquente de l'activité accomplie. Mon remerciement s'étend aux membres, au personnel et aux divers experts qui offrent avec générosité leur collaboration intense et bénéfique. Je désire confirmer à tous ma reconnaissance pour ce que cette Commission accomplit non seulement afin de préserver et de valoriser le riche héritage artistique, monumental et culturel accumulé par la communauté chrétienne au cours de deux millénaires, mais également pour faire mieux comprendre la source spirituelle dont elle jaillit.

L'Eglise a toujours considéré qu'à travers l'art, sous ses diverses expressions, se reflète d'une certaine façon l'infinie beauté de Dieu et que l'esprit humain est presque naturellement orienté vers Lui. Grâce à cette contribution également, comme le rappelle le Concile Vatican II, "la gloire de Dieu éclate davantage; la prédication de l'Evangile devient plus transparente à l'intelligence des hommes" (Gaudium et spes GS 62).



2. L'Assemblée plénière qui vient de se conclure a consacré son attention au thème: "Les biens culturels pour l'identité territoriale et pour le dialogue artistique et culturel entre les peuples". De nos jours, une plus grande sensibilité à l'égard de la conservation et de l'"accessibilité" aux ressources artistiques et culturelles, caractérise les politiques des administrations publiques et les multiples initiatives des institutions privées.

En effet, notre époque est caractérisée par la conscience que l'art, l'architecture, les archives, les bibliothèques, les musées, la musique et le théâtre sacré ne constituent pas seulement un dépôt d'oeuvres historiques et artistiques, mais un ensemble de biens dont doit pouvoir jouir toute la communauté. C'est pourquoi votre Commission a progressivement étendu, à juste titre, ses interventions au niveau mondial, consciente que les biens culturels ecclésiastiques constituent un terrain favorable pour une confrontation interculturelle féconde. A la lumière de cela, il est plus que jamais important de garantir la protection juridique de ce patrimoine, à travers des orientations et des dispositions opportunes qui tiennent compte des exigences religieuses, sociales et culturelles des populations locales.



3. Je voudrais rappeler ici avec des sentiments de profonde gratitude la contribution des circulaires et des orientations proposées en conclusion des Assemblées plénières régulières de votre Commission. Au fil du temps, on peut se rendre compte combien est indispensable la collaboration concrète avec les administrations et les institutions civiles, afin de créer ensemble, chacun dans son domaine de compétence, des actions coordonnées efficaces, en vue de la défense et de la protection du patrimoine artistique universel. L'Eglise a beaucoup à coeur la valorisation pastorale de son trésor artistique. En effet, elle sait bien que pour transmettre tous les aspects du message qui lui a été confié par le Christ, la contribution de l'art est particulièrement utile (cf. Jean-Paul II, Lettre aux Artistes, n. 12).

La nature organique des biens culturels de l'Eglise ne permet pas de séparer leur jouissance esthétique de la finalité religieuse poursuivie par l'action pastorale. Par exemple, l'édifice sacré atteint sa perfection "esthétique" précisément lors de la célébration des mystères divins, étant donné que c'est précisément à ce moment-là qu'il resplendit dans sa signification la plus authentique. Les éléments de l'architecture, de la peinture, de la sculpture, de la musique, du chant et des lumières forment une partie de l'unique ensemble qui accueille pour ses célébrations liturgiques la communauté des fidèles, constituée par les "pierres vivantes" qui forment un "édifice spirituel" (cf. P 2, 5).


4. Très chers frères et soeurs! La Commission pontificale pour les Biens culturels de l'Eglise rend depuis désormais douze ans un service précieux à l'Eglise. Je vous encourage à poursuivre votre engagement, en faisant participer toujours plus tous ceux qui se prodiguent pour promouvoir notre patrimoine historique et artistique. Qu'à travers votre action s'intensifie un dialogue fécond avec les artistes contemporains, en favorisant par tous les moyens possibles la rencontre et l'union entre l'Eglise et l'art. A ce propos, dans la Lettre aux Artistes, je rappelai que "au contact des oeuvres d'art, l'humanité de tous les temps - celle d'aujourd'hui également - attend d'être éclairée sur son chemin et son destin" (n. 14).

L'Eglise entend offrir une semence d'espérance qui dépasse le pessimisme et l'égarement, également à travers les biens culturels, qui peuvent représenter le ferment d'un nouvel humanisme sur lequel greffer de façon plus efficace la nouvelle évangélisation.

Avec ces sentiments, en invoquant l'intercession maternelle de Marie, la Tota pulchra, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères, ma Bénédiction.


AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU GABON LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 10 octobre 2002




Monsieur l’Ambassadeur,

1. C’est avec plaisir que je souhaite la bienvenue à Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui l'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Gabon près le Saint-Siège.

Je vous remercie, Excellence, pour les paroles courtoises que vous m'avez adressées et pour les salutations que vous m'avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur El Hadj Omar Bongo, Président de la République du Gabon. En retour, je vous saurais gré de l'assurer des voeux de bonheur et de prospérité que je forme pour sa personne et pour le peuple gabonais tout entier, demandant au Très-Haut d'accorder à tous de vivre dans la paix et dans l’entente cordiale.

2. Vous venez de me faire part, Monsieur l'Ambassadeur, de la volonté des Responsables de votre pays de poursuivre leurs efforts en vue de mettre en place des structures politiques, économiques et sociales qui permettront l'édification d'une société toujours plus fraternelle et plus pacifique. Je me réjouis des dispositions de votre Gouvernement, pour être toujours davantage au service de tous les habitants du pays, et de son désir de participer activement à la concorde entre les différentes nations qui composent l'Afrique. Alors que le Continent continue de souffrir âprement des divers conflits qui le meurtrissent, je lance un nouvel et insistant appel afin que tous les Africains se mobilisent pour travailler main dans la main, comme des frères, pour faire de leurs terres des lieux habitables, où chacun puisse avoir sa part de la richesse nationale. Il importe que ceux qui ont en charge les destinées des nations africaines s’attachent à créer les conditions d'un développement intégral et solidaire, qui serve activement la cause de la paix. Dans cette perspective, il revient à tout membre de la communauté nationale de pouvoir participer à la vie civique, pour que soient consolidés l’état de droit et les institutions démocratiques, qui doivent favoriser le souci du service et de la gestion honnête du bien commun, promouvoir le respect des personnes et des communautés ethniques, ainsi que la défense des plus pauvres et de la famille. Tout cela contribue grandement à la stabilité politique d’un pays et d’un continent.

De nombreux pays africains continuent de souffrir de manière endémique de situations de pauvreté qui défigurent les personnes et les rendent incapables de subvenir à leurs besoins et aux besoins de ceux dont ils ont la charge, hypothéquant à long terme l’avenir des communautés nationales. J’invite donc les Autorités légitimes des pays à poursuivre la lutte contre toutes les formes de pauvreté, qui ruinent l'espérance des individus et des peuples, alimentant aussi la violence et les extrémismes de toutes sortes. Dans cet esprit, j’appelle également de mes voeux un nouvel élan dans la coopération internationale, qui doit être repensée en termes de culture de solidarité pour lutter contre les effets négatifs liés à la mondialisation. «Comme ferment de paix, cette coopération ne peut pas se réduire à l'aide et à l'assistance. [...] Au contraire, elle doit exprimer un engagement concret et tangible de solidarité qui vise à faire des pauvres les acteurs de leur développement et qui permette au plus grand nombre possible de personnes d'exercer, dans les circonstances économiques et politiques concrètes dans lesquelles elles vivent, la créativité propre à la personne humaine, d'où dépend aussi la richesse des nations» (Discours à l'Organisation des Nations unies pour LE 50 le 50e anniversaire de sa fondation [5 octobre 1995], n. 13). Afin de promouvoir toujours plus cette éthique de la solidarité et de la promotion humaine, je souhaite vivement que la Communauté internationale poursuive ses efforts pour soutenir, notamment en repensant la dette des pays d'Afrique, des initiatives locales qui impliquent la population, en accompagnant la réalisation des projets grâce à des personnes qualifiées qui aideront à la formation des protagonistes et qui pourront vérifier que les objectifs sont réellement atteints.



3. Au cours des années passées, le dialogue entre le Saint-Siège et l'État gabonais s’est intensifié. Je m’en réjouis vivement, notant que la coopération a déjà porté des fruits, en particulier par la signature et par la ratification de «l'Accord-cadre entre le Saint-Siège et la République gabonaise sur les principes et sur certaines dispositions juridiques concernant leurs relations et leur collaboration», accord qui vise à donner un cadre juridique à l’Église et à ses activités dans votre pays. Je salue les efforts entrepris, qui permettent à la communauté ecclésiale d'être toujours plus partie prenante de la vie du peuple gabonais tout entier; elle souhaite participer pleinement à la construction d'une nation prospère et fraternelle, fondée sur des valeurs humaines et spirituelles, dans le respect des spécificités et selon ses perspectives propres.

Je tiens aussi à souligner l’importance de l'Accord signé récemment entre le Saint-Siège et le Gabon sur le statut de l'Enseignement catholique. En proposant aux nouvelles générations une éducation intégrale, l'Église veut apporter de manière spécifique une contribution efficace à la formation humaine, spirituelle, morale et civique des jeunes, qui seront demain les cadres et les décideurs de la Nation, favorisant ainsi le plein épanouissement des individus et le développement harmonieux de la société, et ouvrant le coeur des jeunes à leurs frères et soeurs qui les entourent.

4. Permettez-moi, Monsieur l'Ambassadeur, d’adresser par votre intermédiaire mes salutations cordiales aux Évêques, aux prêtres, aux religieux et religieuses, et à toute la communauté catholique du Gabon. Je les invite, au nom de l'espérance qu'ils ont reçue du Christ, à devenir des artisans de paix toujours plus engagés dans la vie de la cité et à travailler, dans un esprit de dialogue et de fraternité, à édifier une société toujours plus fraternelle. Puissent-ils se souvenir qu’ils ont à donner un témoignage des valeurs humaines et évangéliques, qui soit un exemple pour tous dans la vie personnelle et sociale ! Ils rendront ainsi gloire au Christ Sauveur de l’homme.

5. Au terme de notre rencontre, au moment où votre Excellence commence sa mission, je Lui offre mes voeux les meilleurs pour la noble tâche qui L'attend. Je L'assure qu'Elle trouvera toujours un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs.

J'invoque de grand coeur sur Votre Excellence, sur ses collaborateurs, sur sa famille, sur le peuple gabonais et sur ses Dirigeants, l'abondance des Bénédictions divines.



AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS CATÉCHÉTIQUE INTERNATIONAL PROMU PAR LA CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ

Vendredi, 11 octobre 2002


  1. Je suis particulièrement heureux d'intervenir à ce Congrès catéchétique international, réuni pour célébrer le dixième anniversaire de la publication de l'édition originale du Catéchisme de l'Eglise catholique et le cinquième anniversaire de la promulgation de son édition type latine.

Dans le même temps, à l'occasion d'une réunion d'une telle importance, il faut aussi rappeler d'autres événement qui ont marqué, ces dernières décennies, la vie catéchétique ecclésiale: le XXV anniversaire de la IV Assemblée générale du Synode des Evêques, en 1977, consacrée à la catéchèse, et le V anniversaire de la publication, en 1997, de la nouvelle édition du Directoire général pour la Catéchèse. Mais j'ai par dessus tout à coeur de souligner qu'il y a exactement quarante ans, le bienheureux Jean XXIII ouvrait solennellement le Concile oecuménique Vatican II: le Catéchisme fait constamment référence à ce dernier, si bien que l'on pourrait à juste titre l'appeler le Catéchisme de Vatican II. Les textes conciliaires constituent une "boussole" sûre pour les croyants du troisième millénaire.



2. Je remercie de tout coeur Monsieur le Cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, des paroles à travers lesquelles il a introduit notre rencontre et présenté votre travail, ainsi que Monsieur le Cardinal Darío Castrillón Hoyos, Préfet de la Congrégation pour le Clergé, d'avoir, avec l'accord de tous, promu et présidé ce Congrès. Je vous adresse également un salut cordial et reconnaissant, vénérés frères dans l'Episcopat, ainsi qu'à vous tous, représentants des diverses Eglises locales, engagés à divers titres, mais tous avec le même enthousiasme et le même courage, dans les différents Organismes internationaux et nationaux, institués pour la promotion de la catéchèse.



3. Ces derniers jours, vous avez prié, réfléchi et dialogué ensemble sur la manière de mettre en pratique, dans le contexte actuel, la préoccupation durable et toujours nouvelle de l'Eglise catholique: annoncer le joyeux message que le Christ nous a confié. Le thème choisi pour ce Congrès l'exprime de façon remarquable: "Se nourrir de la Parole, pour être des "serviteurs de la Parole" dans l'engagement de l'évangélisation: euntes in mundum universum".

Au cours de ces intenses journées de travail, vous avez cherché à mettre en oeuvre ce que j'ai écrit dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte: "Ouvrir le coeur au flot de la grâce et permettre à la parole du Christ de passer à travers nous avec toute sa force: Duc in altum!" (NM 38).

Nous accueillir et partager avec les autres l'annonce du Christ, qui "est le même hier et aujourd'hui, [et qui] le sera à jamais" (He 13,8): voilà la préoccupation constante qui doit caractériser la vie de chaque chrétien et de chaque Communauté ecclésiale.



4. Pour ce troisième millénaire, tout juste commencé, le Seigneur nous a offert un instrument particulier pour annoncer sa Parole: le Catéchisme de l'Eglise catholique, que j'ai approuvé il y a dix ans.

Celui-ci conserve aujourd'hui encore sa dimension de don privilégié, mis à la disposition de toute l'Eglise catholique, et offert également "à tout homme qui nous demande raison de l'espérance qui est en nous et qui voudrait connaître ce que croit l'Eglise catholique", comme je l'écrivais dans la Constitution apostolique Fidei depositum, à l'occasion de la publication de l'édition originale du Catéchisme.

En tant que présentation complète et intégrale de la vérité catholique, de la doctrina tam de fide quam de moribus valable toujours et pour tous, il permet, à travers ses contenus essentiels et fondamentaux, de connaître et d'approfondir, de façon positive et sereine, ce que l'Eglise catholique croit, célèbre, vit et prie.

En présentant la doctrine catholique de manière authentique et systématique, bien que sous un aspect synthétique (non omnia sed totum), le Catéchisme ramène chaque point de la catéchèse à son centre vital, qui est la personne du Christ-Seigneur. Le large espace accordé à la Bible, à la Tradition occidentale et orientale de l'Eglise, aux saints Pères, au Magistère, à l'hagiographie; la place centrale réservée au riche contenu de la foi chrétienne; l'interconnexion des quatre parties qui constituent, de manière complémentaire, l'ossature du texte et qui mettent en évidence le lien étroit entre lex credendi, lex celebrandi, lex agendi, lex operandi, ne sont que quelques-unes des qualités de ce Catéchisme, qui nous donne une nouvelle fois l'occasion de nous émerveiller face à la beauté et la richesse du message du Christ.

5. Mais cela ne doit pas nous faire oublier sa dimension de texte magistériel collégial. Il fut en effet suggéré par le Synode des Evêques de 1985, rédigé par des évêques après la consultation fructueuse de tout l'Episcopat, que j'ai approuvé dans son édition originale de 1992 et promulgué dans son édition type latine de 1997. Il est destiné en premier lieu aux évêques, qui possèdent une autorité comme maîtres de la foi et sont les premiers responsables de la catéchèse et de l'évangélisation. Ce texte est donc destiné à devenir toujours davantage un instrument précieux et légitime au service de la communion ecclésiale, jouissant de l'autorité, de l'authenticité et de la véridicité qui est celle du Magistère ordinaire pontifical.

Par ailleurs, le bon accueil et la large diffusion qu'il a eus au cours de la dernière décennie dans les diverses parties du monde, même dans des milieux non-catholiques, représentent un témoignage concret de sa validité et de son actualité durable.

Cela ne doit pas nous conduire à diminuer, mais plutôt à intensifier notre engagement renouvelé en vue de sa diffusion plus large, de son accueil encore plus joyeux et de sa meilleure utilisation dans l'Eglise et dans le monde, comme cela a également été largement souhaité et indiqué de façon concrète durant les travaux de ce Congrès.

6. Le Catéchisme est appelé à jouer un rôle particulier dans l'élaboration des catéchismes locaux, pour lesquels il est proposé comme "texte de référence" sûr et authentique dans la tâche délicate de transmission au niveau local de l'unique et durable dépôt de la foi. En effet, il est nécessaire de conjuguer, avec l'aide de l'Esprit Saint, la merveilleuse unité du mystère chrétien avec la multiplicité des exigences et des situations des destinataires de l'annonce de celui-ci.

Pour réaliser cet objectif, l'édition remise à jour du Directoire général pour la Catéchèse est également disponible depuis cinq ans. S'agissant de la révision du Directoire de 1971 voulue par le Concile Vatican II, le nouveau texte constitue donc un document important pour orienter et promouvoir le renouveau catéchétique, toujours indispensable pour toute l'Eglise.

Comme il est clairement indiqué dans sa préface, en assumant les contenus de la foi proposés par le Catéchisme de l'Eglise catholique, il offre en particulier des normes et des critères à leur présentation, ainsi que des principes de fond pour l'élaboration des catéchismes destinés aux Eglises particulière et locales, formulant en outre les orientations essentielles et les axes fondamentaux d'une pédagogie de la foi riche et saine, s'inspirant de la pédagogie divine et attentive aux situations multiples et complexes des destinataires de l'annonce catéchétique, immergés dans des contextes culturels fortement diversifiés.

7. Je souhaite vivement que vos travaux contribuent à donner un nouvel élan à la priorité pastorale pour une catéchèse claire et fondée, intégrale et systématique et également, si nécessaire, apologétique. Une catéchèse qui soit en mesure de s'ancrer dans l'esprit et dans le coeur, afin de nourrir la prière, d'imprimer un style à la vie et d'orienter le comportement des fidèles.

Sur les participants au Congrès et sur vos travaux, j'invoque la protection de la Vierge Marie, la parfaite "servante de la Parole", qui nous précède toujours, pour nous indiquer le Chemin, pour maintenir nos regards fixés sur la Vérité et pour nous obtenir toutes les grâces de la Vie, qui jaillit uniquement de Jésus-Christ, son Fils et notre Seigneur.

Avec ma Bénédiction.



Discours 2002 - MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'ABBESSE GÉNÉRALE DE L'ORDRE DU TRÈS SAINT-SAVEUR DE SAINTE-BRIGITTE