Discours 2002 - Jeudi 5 décembre 2002


AUX MEMBRES DE L'UNION CATHOLIQUE INTERNATIONAL DE LA PRESSE À L'OCCASION DU 75ème ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION

Vendredi 6 décembre 2002



Chers amis dans le Christ,

Je suis heureux d'avoir cette occasion de rencontrer les membres de l'Union catholique internationale de la Presse, alors que vous célébrez le 75 anniversaire de votre Organisation. Je vous adresse à tous mes salutations chaleureuses et mes meilleurs voeux dans la prière en cette heureuse occasion, et je remercie Mgr John Foley, Président du Conseil pontifical pour les Communications sociales, des paroles aimables qu'il m'a adressées en votre nom.

Depuis ses débuts et jusqu'à aujourd'hui, votre Union a connu une croissance et un développement importants. On le constate en particulier dans le fait que votre Congrès mondial de 1930 a réuni 230 journalistes catholiques provenant de 33 pays différents, tandis que votre Congrès le plus récent, qui a eu lieu l'an dernier, a réuni 1080 journalistes catholiques venus de 106 pays du monde. Cette augmentation numérique a certainement été accompagnée par une conscience toujours plus aiguë de l'importance de votre identité catholique dans le domaine du journalisme, en particulier dans le contexte d'un monde en rapide mutation.

Nous pourrions nous demander: Que signifie être un journaliste catholique professionnel? Cela signifie tout simplement être une personne intègre, une personne dont la vie personnelle et professionnelle reflète les enseignements de Jésus et de l'Evangile. Cela signifie rechercher les idéaux les plus élevés de professionnalisme, être un homme ou une femme de prière qui cherche toujours à donner le meilleur de ce qu'il a à offrir. Cela signifie avoir le courage de rechercher et de rendre compte de la vérité, même lorsque la vérité dérange ou n'est pas considérée comme "politiquement correcte". Cela signifie être sensible aux aspects moraux, religieux et spirituels de la vie humaine, des aspects qui sont souvent mal compris ou délibérement ignorés. Cela signifie rendre compte non seulement des mauvaises actions et des tragédies qui ont lieu, mais également des actions positives et encourageantes accomplies au nom de ceux qui sont dans le besoin: les pauvres, les malades, les personnes handicapées, les plus faibles, ceux qui seraient autrement oubliés par la société. Cela signifie offrir des exemples d'espérance et d'héroïsme dans un monde qui a désespérément besoin de ces deux valeurs.

Chers amis, tels sont quelques-uns des aspects qui caractérisent votre vie professionnelle en tant que journalistes catholiques. Et tel est l'esprit que l'Union catholique internationale de la Presse doit toujours s'efforcer d'incarner à travers ses membres et ses activités. Avec mes félicitations sincères pour les soixante-quinze années d'éminent service à ces idéaux, je prie pour que votre Organisation continue d'être une source de fraternité et de soutien pour les catholiques qui travaillent dans le monde du journalisme. Que cela vous aide à renforcer votre engagement au Christ dans et à travers votre profession. Avec affection dans le Seigneur, je vous donne cordialement, ainsi qu'à vos familles, ma Bénédiction apostolique.



SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

IIème Dimanche de l'Avent, Place d'Espagne, 8 décembre 2002



1. Ave Maria, gratia plena!
Vierge Immaculée,
me voilà une fois de plus à tes pieds
l'âme émue et reconnaissante.
Je reviens sur cette Place d'Espagne historique
en ce jour solennel de ta fête
prier pour la bien-aimée ville de Rome,
pour l'Eglise et pour le monde entier.
En Toi, "la plus humble et plus élevée
de toutes les créatures",
la grâce divine a remporté
une victoire totale sur le mal.
Préservée de toute tache de péché,
Tu es pour nous,
pèlerins sur les routes du monde,
un modèle lumineux de cohérence évangélique
et un signe très précieux d'espérance certaine.

2. Vierge notre Mère, Salus Populi Romani!
Veille, je te prie,
sur le bien-aimé diocèse de Rome:
sur les pasteurs et les fidèles,
sur les paroisses et les communautés religieuses.
Veille en particulier sur les familles:
qu'entre les époux règne toujours l'amour,
scellé par le Sacrement,
que les enfants s'acheminent
sur les voies du bien et de la véritable liberté,
que les personnes âgées
se sentent entourées d'attention et d'affection.
Suscite, Marie, dans de nombreux jeunes coeurs,
des réponses radicales
à l'"appel pour la mission",
thème sur lequel le diocèse réfléchit
ces dernières années.
Grâce à une intense pastorale des vocations,
que Rome soit riche de nouvelles jeunes forces,
consacrées avec enthousiasme
à l'annonce de l'Evangile
dans la Ville et dans le monde.

3. Très Sainte Vierge, Reine des Apôtres!
Assiste ceux qui, par l'étude et la prière,
se préparent à oeuvrer
sur les multiples frontières
de la nouvelle évangélisation.
Aujourd'hui je Te confie, de façon particulière,
la communauté du Collège pontifical urbanien,
dont le siège historique se trouve
précisément face à cette colonne.
Que cette institution de grand mérite,
fondée il y a 375 ans
par le Pape Urbain VIII
pour la formation des missionnaires,
puisse poursuivre avec efficacité
son service ecclésial.
Que ceux qui y sont accueillis,
séminaristes et prêtres,
religieux, religieuses et laïcs,
soient prêts à mettre leurs énergies
à la disposition du Christ
au service de l'Evangile
jusqu'aux extrémités de la terre.

4. Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis!
Prie, ô Mère, pour nous tous.
Prie pour l'humanité
qui souffre de la misère et de l'injustice,
de la violence et de la haine,
de la terreur et de la guerre.
Aide-nous à contempler avec le saint Rosaire
les mystères de Celui qui "est notre paix",
afin que nous nous sentions tous engagés
dans un service précis pour la paix.
Aie un regard plein d'une attention particulière
pour la terre où tu donnas le jour à Jésus,
une terre que vous avez aimée ensemble
et qui, aujourd'hui encore, subit tant d'épreuves.
Prie pour nous, Mère de l'espérance!
"Donne-nous des jours de paix,
veille sur notre chemin.
Fais que nous puissions voir ton Fils,
remplis de joie dans le ciel". Amen!



À LA COMMUNAUTÉ DU COLLÈGE PONTIFICAL BÈDE DE ROME

Lundi 9 décembre 2002


  Chers amis dans le Christ,

Je suis heureux de vous saluer et de vous présenter mes meilleurs voeux à l'occasion du 150 anniversaire du Collège pontifical Bède. Je m'unis à vous dans votre action de grâce à Dieu pour les nombreux dons qui ont été accordés à l'Eglise à travers l'oeuvre du Collège au cours des années écoulées depuis sa fondation.

Une époque de grands bouleversements était en cours lorsque le bienheureux Pape Pie IX a établi ce qui est devenu le Collège Pie. La société était en effervescence, et l'Eglise n'a pas été épargnée par cette période de troubles. En Angleterre, un certain nombre d'Anglicans ont décidé d'être ordonnés au sein de l'Eglise catholique; et cela a conduit le Pape à créer le Collège. A la fin du XIX siècle, à une époque également tourmentée, le Collège a connu un nouvel élan, et, en 1897, est devenu le Collège pontifical Bède, en honneur du grand saint et savant anglais que le Pape Léon XIII s'apprêtait alors à proclamer Docteur de l'Eglise.

Une autre étape importante a eu lieu en 1960, lorsque le siège du Collège fut transféré en son lieu actuel, à l'ombre de la basilique Saint-Paul. Entretemps, le Collège a ouvert ses portes aux étudiants de nombreux pays. Il s'agit d'un grand service offert à toute l'Eglise par les Evêques d'Angleterre et du Pays de Galles, et je désire les remercier pour leur générosité.

Je confie avec ferveur le Collège et sa communauté à la protection de Marie, Mère de l'Eglise, et à l'intercession de votre patron, le vénérable Bède. Que Dieu vous bénisse tous.


  MESSAGE À L’OBSERVATEUR PERMANENT DU SAINT-SIÈGE AUPRÈS DE L’UNESCO


À Monseigneur Francesco Follo
Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO



1. Le cinquantième anniversaire de la Mission permanente du Saint-Siège auprès de l’UNESCO revêt une importance particulière et je suis heureux de m’y associer par la pensée, saluant cordialement tous les participants au Colloque qui marque cet événement. J’ai plaisir à évoquer à cette occasion le souvenir lumineux de votre prédécesseur, Mgr Angelo Roncalli, le bienheureux Pape Jean, qui fut le premier Observateur permanent de cette Mission du Saint-Siège.



2. Créée immédiatement après le second conflit mondial du XXe siècle, l’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture est née du désir des Nations de vivre en paix, dans la justice et la liberté et de se donner les moyens de promouvoir activement cette paix, par une coopération internationale nouvelle, marquée par un esprit d’assistance mutuelle et fondée sur la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité. Il était naturel que l’Église catholique s’associât à ce grand projet, en raison de la souveraineté spécifique du Saint-Siège, mais surtout, comme je le déclarais devant cette assemblée en 1980, en raison du «lien organique et constitutif qui existe entre la religion en général et le christianisme en particulier, d’une part, et la culture, d’autre part» (Discours à l’UNESCO, n. 9).



3. Les intuitions qui ont présidé à la fondation de l’UNESCO, il y a plus de cinquante ans, prenaient acte de l’importance de l’éducation à la paix et à la solidarité des hommes, rappelant que, «les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix» (Acte constitutif de l’UNESCO, 16 novembre 1945). De telles intuitions se trouvent aujourd’hui largement confirmées: le phénomène de la mondialisation est devenu une réalité qui caractérise la sphère de l’économie et de la politique, mais aussi de la culture, avec des aspects positifs et d’autres négatifs; ce sont autant de domaines qui sollicitent notre responsabilité en vue d’organiser une vraie solidarité mondiale, seule capable de donner à notre terre un avenir de sécurité et de paix durable. Au nom de la mission qu’elle tient de son fondateur d’être le sacrement universel du salut, l’Église ne cesse de parler et d’agir en faveur de la justice et de la paix, invitant les Nations au dialogue et à l’échange, sans négliger aucun facteur. Elle rend ainsi témoignage à la vérité qu’elle a reçue concernant l’homme, son origine, sa nature et sa destinée. Elle sait que cette recherche de la vérité est la quête la plus profonde de toute personne, qui ne se définit pas d’abord par ce qu’elle possède mais par ce qu’elle est, par sa capacité de se dépasser elle-même et de grandir en humanité. L’Église sait également qu’en invitant nos contemporains à chercher avec exigence et passion la vérité sur eux-mêmes, elle sert leur authentique liberté, alors que d’autres voix, les entraînant sur les chemins de la facilité, contribuent plutôt à les asservir à la fascination et au pouvoir toujours renaissants des idoles.

4. L’Église catholique, envoyée à tous les peuples de la terre, n’est liée elle-même à aucune race ou nation, ni à aucune manière de vivre particulière. Au cours de son histoire, elle a toujours utilisé les ressources des différentes cultures pour faire connaître aux hommes la Bonne Nouvelle du Christ, sachant bien que la foi dont elle est porteuse ne se réduit jamais à un élément de la culture, mais qu’elle est la source d’un salut qui concerne toute la personne humaine et toute son activité. Mais, c’est à travers la diversité et la multiplicité des langues et des cultures, ainsi que des traditions et des mentalités, que l’Église exprime sa catholicité et son unité, en même temps que sa foi. Elle s’efforce donc de respecter chaque culture humaine parce qu’elle s’attache, dans son activité missionnaire et pastorale, à ce que «tout ce qui se trouve comme semence de bien dans le coeur et dans l’esprit des hommes ou dans les rites et les cultures propres des peuples, non seulement ne se perde pas, mais soit guéri, élevé, achevé pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme» (Lumen gentium LG 17).

Pour ces raisons, l’Église catholique a une grande estime de la Nation, qui est le creuset où se forge le sens du bien commun, où s’apprend l’appartenance à une culture, à travers la langue, la transmission des valeurs familiales et l’adhésion à la mémoire commune. Mais, en même temps, l’expérience multiforme des cultures des hommes qui est la sienne, parce qu’elle est «catholique», c’est-à-dire universelle à la fois dans l’espace et dans le temps, lui fait souhaiter aussi le nécessaire dépassement de tout particularisme et de tout nationalisme étroit et exclusif. Nous devons garder conscience que «chaque culture, comme produit typiquement humain et conditionné historiquement, renferme nécessairement des limites» (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2001, n. 7). Dès lors, «pour que le sens de l’appartenance culturelle ne se transforme pas en fermeture, il y a un antidote efficace : la connaissance sereine, non conditionnée par des préjugés négatifs, des autres cultures» (ibid, n.7).

C’est précisément la noble mission de l’UNESCO que de solliciter cette connaissance mutuelle des cultures et de promouvoir leur dialogue institutionnel, par toutes sortes d’initiatives au niveau international, de rencontres, d’échanges, de programmes de formation. Construire des ponts entre les hommes, parfois même les reconstruire quand la folie de la guerre s’est employée à les détruire, constitue un travail de longue haleine, toujours à reprendre, qui engage la formation des consciences et donc l’éducation des jeunes et l’évolution des mentalités. C’est l’un des enjeux importants de la mondialisation, qui ne doit pas conduire à un nivellement des valeurs ni à une soumission aux seules lois du marché unique, mais plutôt à la possibilité de mettre en commun les richesses légitimes de chaque Nation au service du bien de tous.



5. Pour sa part, l’Église catholique se réjouit du travail déjà accompli, même si elle en connaît les limites, et elle souhaite continuer à encourager avec détermination la rencontre pacifique entre les hommes, à travers leurs cultures et la prise en compte de la dimension religieuse et spirituelle des individus, qui fait partie de leur histoire. C’est bien le sens qu’il faut donner à la présence d’un Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture, témoin attentif depuis cinquante ans de la spécificité catholique de l’Église et de son engagement résolu au service de la communauté des hommes.

Puisse la célébration de cet anniversaire affermir l’engagement de tous à travailler inlassablement au service d’un vrai dialogue entre les peuples, à travers leurs cultures, afin que la conscience d’appartenir à une même famille humaine se fasse toujours plus vive et que la paix du monde en soit toujours mieux assurée !

À vous-même et à tous les participants au Colloque, j’accorde de grand coeur une particulière Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 25 novembre 2002.

IOANNES PAULUS II

À LA CONGRÉGATION DES SOEURS DE SAINTE-CATHERINE VIERGE ET MARTYRE

Jeudi 12 décembre 2002


  Chères soeurs,

1. En vous saluant cordialement, je vous souhaite à toutes la bienvenue au Palais apostolique. Je m'unis avec plaisir à votre joie pour le 400 anniversaire de l'approbation pontificale de la Congrégation des Soeurs de Sainte-Catherine Vierge et Martyre et pour le 450 anniversaire de la naissance de votre fondatrice. Cette double commémoration nous invite, en fidélité au charisme de la bienheureuse Regina Protmann, à renouveler notre dévouement à la mission reçue de porter l'amour de Dieu à tous ceux qui cherchent et qui souffrent.

2. La spiritualité d'une communauté religieuse doit toujours s'inspirer de son charisme fondateur, se laisser interpeller par lui et s'y mesurer. Regina Protmann est née à Braunsberg im Ermland à l'époque de la Réforme. Elle-même a vécu l'esprit de l'authentique réforme religieuse à travers la "sequela Christi". Elle s'est rendue auprès des pauvres, des malades et des enfants pour leur apporter le témoignage de la bonté divine. Elle considérait que son devoir sacré était de réconforter les affligés, de soigner les malades (cf. Mt 25,35 sq) et de donner aux enfants une bonne éducation.



3. La principale préoccupation de la bienheureuse Regina Protmann, étroitement liée à ce service d'amour, était d'entretenir une relation vivante avec Jésus, son Seigneur et Epoux. "Elle priait dans la vérité et sans trêve", dit son premier biographe. La prière prépare le terrain à l'action. "En ouvrant le coeur à l'amour de Dieu, elle l'ouvre aussi à l'amour des frères et rend capable de construire l'histoire selon le dessein de Dieu" (Novo millennio ineunte NM 33).



4. Chères soeurs! En tant que filles de Mère Regina, vous êtes appelées à aimer le Christ dans les pauvres. La Règle (datant de 1602) vous exhorte à "servir avec diligence le Christ, Seigneur et Epoux, selon Son divin conseil" (art. 1). Cette disponibilité au service passe par l'adoration du Christ dans la vie quotidienne. "Sanctifiez dans vos coeurs le Seigneur Christ", dit Pierre. Soyez toujours prêtes à rendre témoignage à quiconque "vous demande raison de l'espérance qui est en vous" (1P 3,15). Ainsi pourrez-vous véritablement porter le Sauveur aux hommes.

A travers l'intercession de la bienheureuse Vierge et Martyre Catherine, de la bienheureuse Mère Regina et de tous les saints, je vous accorde de tout coeur, chères soeurs, ainsi qu'à tous ceux qui sont confiés à vos soins, la Bénédiction apostolique.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE SIERRA LEONE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 13 décembre 2002


Votre Excellence,

Je vous souhaite une cordiale bienvenue, alors que j'accepte les Lettres de Créance qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Sierra Leone près le Saint-Siège. En vous remerciant pour les salutations que vous me transmettez de la part du Président, M. Ahmad Tejan Kabbah et du gouvernement, j'offre volontiers en retour mes meilleurs voeux aux autorités et au peuple de votre pays, et, conscient des grandes difficultés auxquelles la population doit faire face à cause d'années de conflits, je vous demande de transmettre à la nation l'assurance de mes prières.

Au cours du siècle qui vient de s'écouler, d'importants progrès ont été accomplis dans le domaine social, économique et scientifique. Toutefois, au cours de cette même période, l'humanité a également été le témoin de la violence, de la destruction et de la mort qui surviennent lorsque les peuples et les nations ont recours aux armes plutôt qu'au dialogue, lorsque l'on choisit la guerre au lieu du chemin plus difficile de la compréhension et du respect mutuel. De façon plus triste encore, le début de ce siècle a été marqué par une terrible violence sous la forme du terrorisme international. C'est pourquoi, en dépit des nombreux progrès culturels et technologiques qui ont été accomplis au cours des cent dernières années, il reste d'importants domaines qui ont vu peu d'amélioration ou dont la situation s'est même aggravée.

Dans les cas où des tensions et des conflits ont lieu dans un pays ou entre des nations, la réponse adaptée ne peut jamais être la violence ou l'effusion de sang, mais le dialogue, dans le but d'une résolution pacifique de la crise. Le dialogue authentique présuppose une recherche honnête de ce qui est vrai, juste et bon pour chaque personne, chaque groupe et chaque société; il s'agit d'un effort sincère pour identifier ce que les peuples ont en commun en dépit des tensions, des oppositions et des conflits: tel est, en effet, le seul chemin sûr conduisant à la paix et au progrès authentique. De plus, le dialogue authentique aide les peuples et les nations de la terre à reconnaître leur indépendance mutuelle dans les domaines économiques, politiques et culturels. Précisément à notre époque, qui ne connaît que trop bien les dernières technologies en matière de mort et de destruction, il existe un besoin urgent d'édifier une culture prédominante de la paix, qui aide à anticiper et à contrecarrer les explosions de violence armée qui semblent inévitables. Cela inclut la nécessité de prendre des mesures concrètes pour mettre un terme au trafic d'armes.

A ce point, le devoir des gouvernements et de la Communauté internationale demeure essentiel, car c'est à eux qu'il revient de contribuer à l'établissement de la paix à travers des structures solides qui, en dépit des incertitudes de la politique, garantiront la liberté et la sécurité de tous les peuples en toute circonstance. Les Nations unies elles-mêmes ont assumé des responsabilités toujours plus grandes pour maintenir ou restaurer la paix dans les régions dévastées par la guerre et les conflits. Dans votre pays, les Nations unies viennent d'étendre le mandat de leur mission de maintien de la paix. La Communauté internationale est donc elle-même un partenaire de votre gouvernement dans ses efforts visant à réintégrer les anciens combattants, à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées, à assurer le plein respect des droits de l'homme et de la loi, avec une protection spéciale pour les femmes et les enfants. Dans ce contexte, je ne peux manquer d'exprimer mon immense satisfaction pour le fait qu'après des années de conflit armé, de souffrance et de mort, la stabilité civile est revenue en Sierra Leone, apportant des perspectives positives pour la normalisation de la vie nationale: puisse votre pays continuer le long de ce chemin avec courage et persévérance.

L'Eglise catholique elle aussi prête son soutien aux activités visant à restaurer la paix et à atteindre la réconciliation. En effet, son Divin Fondateur lui a confié une mission religieuse et humanitaire, différente de celle de la communauté politique, mais ouverte à de nombreuses formes de coopération et de soutien mutuel. C'est cette mission qui est à la base de la présence du Saint-Siège dans la Communauté internationale, une présence visant uniquement au bien de la famille humaine: promouvoir la paix, défendre la dignité humaine et les droits de l'homme, oeuvrer au développement intégral des peuples. Il s'agit d'un devoir qui dérive nécessairement de l'Evangile de Jésus-Christ, et qui est une responsabilité partagée par tous les chrétiens. Pour cette raison, l'Eglise continuera d'être un partenaire actif de votre pays tandis que la Sierra Leone continue sa route le long du chemin du développement politique, social et économique.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que votre mission auprès du Saint-Siège renforcera les liens de compréhension et d'amitié entre nous. Soyez assuré que les différents bureaux de la Curie romaine seront toujours prêts à vous assister dans l'accomplissement de votre haute fonction. Sur vous et sur le bien-aimé peuple de Sierra Leone, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE JAMAÏQUE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 13 décembre 2002




Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Jamaïque près le Saint-Siège. Je me rappelle avec gratitude de l'accueil chaleureux que j'ai reçu de la part du gouvernement et du peuple de votre pays, au cours de ma visite apostolique en 1993, et je vous prie de bien vouloir transmettre mes salutations et mes meilleurs voeux au Gouverneur général, au Premier ministre et à vos concitoyens. Je vous prie de les assurer de mes prières pour la paix et le bien-être de la nation.

Vous êtes tout à fait consciente que la mission de l'Eglise dans le monde est éminemment spirituelle et donc distinc-te de l'ordre politique. Toutefois, l'Eglise offre à la société civile la contribution de son enseignement, son expérience bi-millénaire du pèlerinage de l'humanité à travers l'histoire et ses différentes formes de service à la famille humaine. Elle sait que la société ne se développera de façon pacifique et prospère que dans la mesure où elle reflète l'ordre moral établi par Dieu, le créateur, qui, de la plénitude de son amour, cherche à attirer tous les hommes et toutes les femmes dans la plénitude de sa vie. C'est pour cette raison que le Saint-Siège parle avec tant d'insistance à la Communauté internationale du devoir de respecter la dignité humaine et de l'importance fondamentale de soutenir la famille humaine en tant que cellule fondamentale de la société.

Le fléau des maladies sociales destructrices, présent dans de nombreuses sociétés, qui mine les valeurs morales et menace la vie de la famille, représente une grande tragédie de notre temps. Le trafic de la drogue, la violence des gangs, les atteintes au droit et à l'ordre, l'oppression des femmes et des enfants font partie de la "culture de la mort", que les institutions sociales doivent chercher à dépasser ensemble avec assiduité. Votre Excellence, je note avec satisfaction que vous avez fait référence à la priorité principale de votre gouvernement, qui consiste à atteindre la réconciliation et l'unité nationale à travers la promotion de valeurs et d'attitudes saines. De tels objectifs dépendent de la capacité de tous les membres de la société à sentir qu'ils ont des intérêts dans leur communauté nationale et qu'ils peuvent contribuer à son progrès. Pour sa part, en proclamant l'Evangile de la vie reçu de son Seigneur, l'Eglise catholique désire ardemment promouvoir parmi tous les peuples, et en particulier parmi les jeunes, la culture de la vérité et de l'amour qui conduit à la véritable liberté et au bonheur.

Au cours de ma visite à Kingston, j'ai encouragé le peuple jamaïcain à laisser l'Evangile transformer sa vie et la société. L'avenir de la société, ai-je souligné, est essentiellement lié à la force de ses familles, et il est indispen-sable que chaque personne de bonne volonté s'engage à sauver et à promouvoir la famille en tant qu'instrument le plus efficace pour humaniser et personnaliser la société. La dignité de chaque personne accordée par Dieu se réalise et est vécue principalement au sein de la famille. Lorsque cette dignité est exprimée à travers des principes d'égalité, de justice et de respect pour le bien commun, le renouveau de la société est garanti. La famille étant l'institution la plus influente dans l'éducation des jeunes, l'Etat doit soutenir et encourager de façon appropriée le rôle de la famille en tant que première enseignante des valeurs morales et civiles.

Comme Votre Excellence l'a aimablement souligné, l'Eglise catholique qui est en Jamaïque est activement engagée dans le développement spirituel et intellectuel des jeunes, en particulier à travers ses Centres éducatifs à divers niveaux. Il s'agit d'un domaine dans lequel il existe d'importantes possibilités de coopération entre l'Etat et d'autres organismes religieux et sociaux s'efforçant de soutenir les parents dans leur rôle en tant que principaux éducateurs de leurs enfants. En matière de justice distributive, l'Etat a un rôle de soutien et devrait reconnaître l'éducation des jeunes comme l'un des objectifs principaux et un domaine d'importance vitale pour l'avenir de la nation. L'Eglise qui est en Jamaïque continuera de faire tout ce qu'elle peut pour assurer la qualité de son travail éducatif, qui ne se limite pas à transmettre un savoir, mais qui s'étend à tout ce qui aide une personne jeune à devenir un être humain mûr et responsable, un citoyen compétent et honnête.

Votre Excellence, au cours de votre fonction en tant que représentant de votre pays près le Saint-Siège, les divers bureaux de la Curie Romaine feront tout leur possible pour vous assister dans l'accomplissement de votre mission. Je vous offre mes meilleurs voeux pour le succès de vos efforts visant à renforcer plus encore les bonnes relations qui existent déjà entre la Jamaïque et le Saint-Siège. Sur vous et sur vos concitoyens, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.



AU NOUVEL AMBASSADEUR D'INDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 13 décembre 2002


  Monsieur l'Ambassadeur,

C'est avec plaisir que j'accepte les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Inde près le Saint-Siège. Je vous suis très reconnaissant pour les salutations que vous me transmettez de la part de S.E. M. Abdul Kalam, le nouveau Président élu d'Inde, et je vous prie de lui transmettre mes meilleurs voeux, ainsi qu'au gouvernement et à la population de votre bien-aimé pays.

Comme l'a remarqué Votre Excellence, il existe une forte présence chrétienne en Inde presque depuis le début du christianisme lui-même, une présence qui a apporté sa contribution à la richesse et à la diversité de l'héritage culturel du sous-continent. Au cours de l'histoire récente, les contacts entre l'Inde indépendante et le Saint-Siège ont conduit à l'établissement de relations diplomatiques, que votre présence ici aujourd'hui confirme et renforce. Ces relations sont une expression des vastes domaines de vision commune sur d'importantes questions de la vie internationale qui nous unissent au service du bien commun universel. Aujourd'hui, alors que de graves menaces à la cohésion et à la paix pèsent sur les relations internationales, nous avons de nombreuses possibilités d'oeuvrer ensemble sur la scène internationale, afin de promouvoir une approche sérieuse et guidée par des principes élevés des problèmes qui continuent de susciter des tensions entre les peuples et les nations.

Je garde de vivants et précieux souvenirs de mes visites pastorales en Inde en 1985 et en 1999, lorsque j'ai pu me rendre compte personnellement de l'harmonie et de la coopération qui existent entre les peuples de divers milieux culturels et religieux. Cette harmonie constitue l'un des piliers sur lesquels l'unité de la nation a été édifiée et cela doit clairement être réaffirmé aujourd'hui si l'on veut éviter de graves maux et injustices. En de nombreuses occasions, j'ai parlé du rôle de l'Inde antique, qui a été le berceau et a nourri des cultures et des traditions qui ont laissé une empreinte profonde dans l'esprit humain, et qui sont aujourd'hui encore des sources essentielles de sagesse et d'élans créatifs capables de lutter dans une large mesure contre certaines des conséquences négatives du processus de mondialisation actuellement en cours. Je me réfère au danger de la commercialisation de presque tous les aspects de la vie, à tel point que c'est le profit et non la valeur de la personne humaine qui dicte les politiques et les modes de comportement.

L'un des thèmes récurrents de mon pontificat a été l'affirmation de la conviction selon laquelle le progrès humain ne peut être assuré que lorsqu'il existe un respect effectif et garanti de la dignité inaliénable et des droits de toute personne humaine. Le monde est encore loin d'avoir atteint ce but, comme on peut aisément le constater dans les nombreuses formes d'injustice et de discrimination qui frappent encore les plus faibles dans trop de parties du monde. Tout système démocratique a le devoir solennel de promouvoir et de protéger les droits humains fondamentaux et chaque catégorie de ces droits. Cela signifie non seulement les droits concernant la survie matérielle, mais également ceux qui touchent l'esprit humain dans sa recherche éternelle de la vérité et de la liberté. Aujourd'hui, la Communauté internationale a véritablement besoin d'un engagement renouvelé et plus efficace pour répondre aux besoins de nombreuses personnes qui cherchent à soulager leurs souffrances et qui aspirent à une éducation adaptée leur permettant de prendre une part active à la vie de la communauté et de la nation à laquelle elles appartiennent.

Une grande partie d'un développement qui sert véritablement le bien des individus et des peuples consiste dans le respect de la liberté religieuse, car il s'agit d'un droit qui touche à la liberté intérieure la plus intime et suprême de l'individu. Rien ne peut nuire davantage à l'harmonie sociale et à la paix que la négation de son fondement comme droit de l'homme. L'Inde possède de profondes traditions de respect pour les différences religieuses. Monsieur l'Ambassadeur, je souhaite que, pour le bien de la Nation, des tendances contraires ne se développent pas et que la loi garantisse que les violations de ce principe ne restent pas impunies.

Ces dernières années ont été difficiles pour l'Inde et pour les pays voisins, car les tensions et la violence dans la région ont conduit à ce que de nombreuses personnes perdent la vie ou leur maison. La paix est un don qui naît de la confiance et elle doit être sans cesse édifiée. Dans mon discours à la 50 Assemblée générale de l'ONU en 1995, j'ai dit: "Nous devons apprendre à ne pas avoir peur et à retrouver un esprit d'espérance et de confiance. L'espérance n'est pas un optimisme vain, dicté par la confiance naïve en un avenir nécessairement meilleur que le passé. L'espérance et la confiance sont les prémices d'une activité responsable et trouvent leur source dans le sanctuaire intime de la conscience, où l'homme est seul avec Dieu" (cf. ORLF n. 41 du 10 octobre 1995). J'assure Votre Excellence que l'Eglise catholique qui est en Inde continuera de prier et d'oeuvrer en vue de ces objectifs. Avec leurs concitoyens d'autres traditions, les catholiques partagent un profond désir de paix et d'harmonie durable dans une société qui estime et défend la dignité et les droits de tous ses membres.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que, tandis que vous commencez votre mission, les liens d'amitié et de coopération qui existent de longue date entre l'Inde et le Saint-Siège seront renforcés et enrichis. Je vous présente mes meilleurs voeux et je vous assure que les bureaux de la Curie romaine seront toujours prêts à vous assister. Sur Votre Excellence, ainsi que sur vos concitoyens, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.



Discours 2002 - Jeudi 5 décembre 2002