Discours 2002 - Vendredi 13 décembre 2002


AU NOUVEL AMBASSADEUR DU GHANA PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE Vendredi 13 décembre 2002

Votre Excellence,

C'est avec plaisir que je vous souhaite une cordiale bienvenue, tandis que vous venez au Vatican pour présenter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Ghana près le Saint-Siège. Je suis reconnaissant pour les voeux que vous m'avez transmis de la part de S.E. M. le Président John Agyekum Kufuor et du gouvernement, et je transmets avec joie en retour l'assurance de mes prières pour la prospérité et le bien-être spirituel de votre peuple et de votre nation.

En parlant du ferme engagement de votre pays à oeuvrer pour la cause de la paix, vous avez mentionné les efforts du Saint-Siège dans ce domaine. En effet, c'est précisément le devoir de promouvoir la compréhension et de faire progresser le développement et la paix entre les peuples et les nations qui motive l'activité diplomatique du Saint-Siège. Un aspect important de cette mission de promouvoir la paix est constitué par la tâche de susciter une conscience toujours plus grande de la valeur première de la solidarité. Comme le phénomène moderne de la mondialisation le fait apparaître toujours plus clairement, la société humaine - que ce soit au niveau national, régional ou international, - est toujours plus dépendante des relations de base que les peuples entretiennent entre eux au sein de cercles toujours plus vastes. Ces relations se sont déplacées de la famille vers des groupes sociaux intermédiaires et à la société civile tout entière, incluant toute la communauté nationale d'un pays. A leur tour, les Etats établissent des relations entre eux, et des réseaux d'interdépendance mondiale voient ainsi le jour, au niveau régional et planétaire.

Dans le même temps, cette réalité croissante d'interaction et d'interdépendance humaine met en lumière de nombreuses inégalités existant entre les peuples et les nations: il existe un vaste écart entre les pays riches et les pays pauvres; au sein des nations, il existe un déséquilibre entre ceux qui vivent dans la richesse et ceux qui sont blessés dans leur dignité par le manque de moyens de survie de base. Il y a également les dommages provoqués à l'environnement humain et naturel par l'utilisation irresponsable des ressources. Nous sommes confrontés au triste fait que dans certaines régions, ces facteurs négatifs sont devenus si importants que certains des pays les plus pauvres semblent avoir atteint un point de déclin irréversible. C'est la raison pour laquelle la promotion de la justice doit nécessairement être au coeur même des efforts de la Communauté internationale en vue d'affronter ces problèmes.

Il s'agit ici d'aider activement les personnes et les groupes qui souffrent actuellement de l'exclusion et de la marginalisation à participer au processus de développement économique et humain. Pour les régions riches du monde, cela signifie que des changements dans les modes de vie sont nécessaires, ainsi qu'un changement dans les modèles de production et de con-sommation; dans les régions en voie de développement, un changement dans les structures actuelles de partage du pouvoir, à la fois politique et économique, est souvent exigé. Pour toute la famille humaine, cela signifie répondre aux nombreux et graves défis soulevés par l'agression armée et par les conflits violents, des réalités qui concernent non seulement les peuples et les Etats, mais également les organisations non institutionnelles, comme les groupes paramilitaires et terroristes. Face à de telles menaces, personne ne peut manquer de ressentir le devoir moral urgent d'oeuvrer activement en vue de promouvoir la paix et la compréhension entre les peuples, une tâche qui dépend dans une large mesure de l'établissement dans la justice d'une solidarité authentique et efficace.

Dans le même contexte, nous notons les tragiques conséquences que les conflits ethniques continuent d'entraîner dans de nombreuses régions du monde, y compris diverses parties de l'Afrique et même de votre propre pays, qui n'a malheureusement pas été épargné par les épisodes de violence dus aux rivalités tribales. Ici aussi, le principe de la solidarité peut aider les différentes parties à reconnaître les valeurs qu'elles ont en commun, des valeurs enracinées dans notre nature même de personnes humaines. La conscience de ces valeurs communes fournit une base pour un dialogue fructueux et constructif et pour une compréhension mutuelle. Celui-ci prépare à son tour le terrain pour une démocratisation ultérieure de la société et contribue à accroître la participation de tous les groupes au sein d'une organisation de la vie publique représentative et garantie par le droit.

Bien sûr, l'Eglise catholique sera toujours un partenaire plein de bonne volonté dans la poursuite du bien commun, et elle continuera d'apporter sa contribution spécifique à l'édification de la société au Ghana. A cet égard, je suis reconnaissant, Votre Excellence, pour vos paroles à l'égard de la présence positive de l'Eglise dans votre pays. Je voudrais également observer que c'est la garantie du droit à la liberté religieuse - la pierre d'angle de l'harmonie et de la stabilité de tout système démocratique de gouvernement - qui permet dans une large mesure aux catholiques du Ghana d'oeuvrer pour le progrès spirituel et matériel de ses concitoyens, en promouvant l'unité et en encourageant la fraternité et la solidarité humaine effective.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que votre mission servira à renforcer plus encore les liens d'amitié et de coopération qui existent entre la République du Ghana et le Saint-Siège. Tandis que vous commencez votre nouvelle charge, je vous offre mes meilleurs voeux dans la prière et je vous assure que les différents bureaux de la Curie romaine seront prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonc-tions. Sur vous, ainsi que sur le bien-aimé peuple du Ghana, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.





AU NOUVEL AMBASSADEUR DE NORVÈGE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 13 décembre 2002


Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican alors que vous présentez les Lettres de Créance par lesquelles Sa Majesté le roi Harald V vous a nommée Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Norvège près le Saint-Siège. Je me souviens avec joie de la récente visite de Leurs Majestés le roi Harald et la reine Sonja, et je vous prie de bien vouloir exprimer ma gratitude à Sa Majesté pour ses voeux cordiaux et l'assurer de mes prières pour la Famille royale et pour tout le peuple de Norvège.

Ainsi que Votre Excellence l'a remarqué, depuis plus d'un millier d'années, le christianisme joue un rôle vital dans la formation des valeurs de la société norvégienne. En effet, partout sur le continent européen, les vérités et les valeurs du christianisme ont longtemps représenté les fondements du tissu même de la société, donnant forme à ses institutions et soutenant ses populations dans la recherche humaine éternelle de la vérité, de la justice et de la liberté. Toutefois, on ne peut s'empêcher de remarquer qu'aujourd'hui, une certaine disparition du sens de Dieu a donné lieu à une disparition du sens de la transcendance de l'homme et de la dignité intrinsèque de la vie humaine. Emprisonnées dans les limites étroites d'une vision matérialiste de la réalité, qui conduit facilement à n'être préoccupé que de soi-même et à une approche utilitariste de la vie, les personnes en arrivent parfois à ne pas reconnaître la nature de la vie en tant que don, un don qui trouve son véritable sens et objectif dans l'ouverture à la vérité de ses origines en Dieu et à l'exercice de la solidarité généreuse à l'égard des autres êtres humains. Limitées par une conception égoïste d'elles-mêmes, les personnes éprouvent des difficultés à accepter la réalité d'une loi supérieure et objective inscrite dans leurs coeurs et accessible à la conscience, un sanctuaire intérieur de l'âme où chacun est confronté au défi d'atteindre la pleine mesure de la maturité humaine.

Le christianisme doit continuer à exercer le rôle qu'il a toujours eu en Europe, en tant qu'"âme" de son peuple, en illuminant et en encourageant non seulement son développement religieux, mais également culturel et social. Depuis le début de mon pontificat, j'ai insisté sur l'importance que l'Eglise accorde à la vie culturelle des peuples et des nations, car la culture d'une communauté est la réponse qu'elle donne aux questions fondamentales de la vie, une réponse qui est une partie déterminante des attitudes et des comportements sociaux. Je voudrais réitérer ce que j'ai dit à mon arrivée à Oslo le 1 juin 1989: "Rappeler les événements et les influences qui ont formé une nation, c'est mieux comprendre les sources de son orientation historique actuelle" (cf. ORLF n. 23 du 6 juin 1989). C'est pourquoi j'ai encouragé les chrétiens à appliquer leur foi, dans un esprit de coopération oecuménique et interreligieux, à la formation de leurs propres communautés et de la Communauté internationale en général.

Les défis sont considérables. Une société fidèle à ses racines chrétiennes ne peut être qu'une société profondément attentive à répondre aux besoins des plus défavorisés. Il s'agit d'une société qui ressent une profonde responsabilité face à la perspective d'une crise écologique ou au problème de la paix, ou bien encore au manque de garanties à l'égard des droits fondamentaux des personnes. C'est pourquoi j'ai exprimé une fois de plus ma reconnaissance personnelle pour la solidarité concrète de la Norvège à l'égard des pays en voie de développement dans de nombreuses régions du monde. Je suis certain que l'aide que vous apportez avec générosité aura toujours comme objectif de servir les véritables intérêts des peuples concernés. J'ai suivi de près, en particulier, les efforts de la Norvège pour apporter la paix dans l'île du Sri Lanka, actuellement troublée, et je suis heureux de noter les progrès accomplis dans cette délicate négociation.

L'exercice de la solidarité au sein de chaque société est l'expression d'une détermination ferme et persévérante à promouvoir le bien commun. Dans votre pays, une telle solidarité occupe une place importante dans l'administration des communautés toujours plus nombreuses d'immigrés. L'ouverture, le respect et une sincère disponibilité au dialogue permettent aux immigrés qui luttent déjà pour satisfaire leurs besoins et ceux de leurs familles, d'apporter une contribution spécifique et positive au pays qui les accueille.

L'Eglise catholique qui est en Norvège, soutenue par sa foi, selon laquelle personne n'est un étranger dans l'Eglise, a fait de l'accueil des migrants une expérience enrichissante et fructueuse. Dans de nombreux cas, les communautés paroissiales sont devenues des terrains de formation pour l'accueil et des lieux où les personnes peuvent accroître leur connaissance et leur respect mutuels en tant que frères et soeurs dans la famille de Dieu.

Votre Excellence, je suis certain que votre présence en tant que représentant diplomatique de votre pays servira à renforcer plus encore les liens d'amitié et de coopération entre la Norvège et le Saint-Siège. Tandis que vous débutez votre mission, je vous assure de la totale disponibilité des divers bureaux de la Curie romaine dans l'accomplissement de votre mission. J'invoque sur vous et sur vos concitoyens une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE RWANDAISE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 13 décembre 2002




Monsieur l’Ambassadeur,

1. C'est avec plaisir que je souhaite la bienvenue à Votre Excellence à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Rwanda auprès du Saint-Siège.

J'ai été sensible aux paroles courtoises que vous m'avez adressées et je vous saurais gré de transmettre mes remerciements à son Excellence Monsieur Paul Kagame, Président de la République, pour les voeux qu'il m'a fait parvenir par votre intermédiaire. Je salue aussi avec affection le peuple rwandais tout entier, priant Dieu de l’aider à sortir des épreuves qu’il a traversées. Alors que le pays a été livré pendant de longues années à l’arbitraire de la haine et de la violence, il revient à toutes les composantes de la Nation de se mobiliser toujours davantage pour envisager et pour mettre en oeuvre de manière responsable les solutions politiques, économiques et sociales opportunes; en favorisant l’unité nationale dans le respect des sensibilités et des opinions, elles permettront aux générations présentes et futures de réapprendre à vivre en frères, dans un pays réconcilié et prospère.

2. Vous rappelez, Monsieur l’Ambassadeur, que l’exigence d’une justice équitable est sans aucun doute pour tout État le socle sur lequel peuvent se bâtir la paix véritable et une vie démocratique forte, au service du développement intégral de tous les citoyens sans exception. On ne peut qu’apprécier les efforts entrepris dans votre pays pour promouvoir la justice: il faut souhaiter qu’ils portent du fruit. Cela contribuera à renforcer l’unité nationale et à éradiquer la culture de l’impunité, qui ne peut qu'attiser la haine en exacerbant les inégalités entre les personnes et entre les communautés ethniques. Il s'agit de permettre aux Rwandais de s’engager avec confiance et détermination sur la voie de la réconciliation effective et du partage, tout en s’attachant à rechercher et à manifester avec courage la vérité sur les circonstances qui ont provoqué le génocide. Cela suppose notamment de renoncer à l’ethnocentrisme, qui engendre la domination des uns sur les autres, et de porter un regard d’espérance sur la voie qui reste encore à parcourir pour parvenir ensemble à la paix.

3. Le chemin de la reconstruction nationale et de la concorde entre tous les habitants, sur lequel s’est engagé le Rwanda, est aussi un chemin de démocratisation. Il passe par une attention toujours plus grande portée à certains aspects de la démocratie: défense des libertés publiques, souci du pluralisme politique, respect de la dignité et des droits fondamentaux des personnes et des communautés humaines. La nouvelle Constitution de votre pays est en cours d'élaboration. Puisse ce texte, fruit de la collaboration de tous les citoyens, renforcer l’unité nationale, en promouvant et en garantissant les valeurs humaines, morales et spirituelles qui permettront à tous les Rwandais de participer toujours plus activement à la vie et à la croissance de la Nation! Ces valeurs universelles, tout comme le respect de la vie humaine, le sens du bien commun, l’accueil des rapatriés, le soutien à la famille, sont un patrimoine précieux qui constitue une source d’espérance non seulement pour le Rwanda, mais aussi pour toute la région des Grands Lacs, appelée à trouver la force d’âme et le courage politique nécessaires à l’établissement d’un développement durable et solidaire.

4. L’Église catholique s’est mobilisée au long des années pour formuler des propositions pastorales qui puissent aider le peuple à se réconcilier et favoriser la guérison intérieure des personnes. Je me réjouis de savoir que les Autorités de votre pays souhaitent lui assurer une plus ferme possibilité d’exercer librement sa mission. Soyez assuré qu’elle désire se mettre inlassablement au service de la paix et de la fraternité entre les hommes, en éduquant leurs consciences et leurs coeurs pour qu'ils puissent mieux affronter la situation présente; elle accomplit ainsi sa mission d’évangélisation, faisant partager son espérance en l’avenir et participant à l’édification sociale et spirituelle de la société rwandaise, dans le respect des traditions locales.

5. Par votre intermédiaire, permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, de saluer affectueusement les Évêques et la communauté catholique de votre pays. Je connais les dures épreuves qu’ils ont affrontées avec tous leurs compatriotes et je remercie le Seigneur de leur ténacité et de leur fidélité dans l'annonce de l’Évangile de la vie et du pardon. En ces jours porteurs d’avenir pour la vie de la Nation, je les invite à ne pas relâcher leurs efforts pour manifester à leurs frères et soeurs que Dieu ne les a ni abandonnés ni oubliés. Sur les paumes des mains du Christ, percées par les clous de la crucifixion, le nom de chaque Rwandais est gravé (cf. Exhortation apostolique Ecclesia in Africa ). J’encourage donc les catholiques du Rwanda, en particulier les jeunes générations, à être des artisans de paix audacieux et généreux, travaillant à faire disparaître les causes de division et à faire grandir une société toujours plus prospère et plus unie!

6. Alors que débute votre mission auprès du Saint-Siège, je suis heureux de vous offrir mes voeux les meilleurs. Soyez assuré que vous trouverez toujours ici, auprès de mes collaborateurs, l’accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, ainsi que sur tout le peuple rwandais et sur ses dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.



AU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE MADAGASCAR PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 13 décembre 2002




Monsieur l’Ambassadeur,

1. C’est avec un grand plaisir que j’accueille aujourd’hui Votre Excellence, au moment où Elle présente les Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Madagascar près le Saint-Siège, en évoquant la mémoire de son père qui avait eu cette même mission.

J’ai été sensible aux paroles courtoises que vous m’avez adressées. Elles témoignent de l’estime de votre pays à l’égard de la mission de l’Église catholique. Je vous remercie également pour le salut cordial que vous m’avez transmis de la part de Son Excellence Monsieur Marc Ravalomanana, Président de la République de Madagascar. Vous voudrez bien lui faire part en retour de mes voeux déférents pour sa haute mission au service de ses concitoyens. Je salue aussi avec affection le peuple malgache qui, au milieu des vicissitudes de l’histoire de la Nation, a su demeurer courageux dans les épreuves et patient dans l’adversité.

2. Vous rappelez, Monsieur l’Ambassadeur, la ligne de conduite que les plus hautes Autorités de l’État entendent suivre pour guider les destinées de la Nation, s’appliquant à resserrer toujours plus les liens de son unité. Le Fahamasinana, qui vise à associer tous les Malgaches à l’édification d’une société érigée sur la justice et sur la paix, portera du fruit s’il s’appuie sur les valeurs morales et spirituelles qui font la richesse de la culture malgache. Bâtir résolument la démocratie suppose des choix courageux, notamment en ce qui concerne la moralisation de la vie politique, la défense des libertés publiques et la participation de tous les citoyens à l’exercice de la res publica.D’autre part, la transparence et la vérité dans la gestion des affaires nationales sont des conditions indispensables au développement durable d’une société. Cela nécessite aussi des orientations économiques et sociales qui placent l’homme au coeur du développement de la société et qui protègent les intérêts des plus pauvres, favorisant l’équité entre les personnes et entre les différentes composantes nationales. Au moment où votre pays vit une page nouvelle de son histoire et à la veille d’échéances électorales, je demande à Dieu de soutenir les efforts de ceux qui, dans le souci du bien de tous, travaillent à ouvrir les chemins du dialogue et de la réconciliation nationale, pour que le pays s’engage toujours davantage sur la voie de la bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme.

3. Pour parvenir à réaliser ces nobles objectifs, toute Nation est appelée à développer une culture de la paix. Cela nécessite en particulier de combattre l’égoïsme sous toutes ses formes, dont les effets dévastateurs se font sentir dans les déséquilibres socio-économiques et dans le développement de la pauvreté. La recherche de la paix suppose aussi d’être attentif au principe d’équité dans la vie sociale, bannissant avec une extrême fermeté ce qui relève de la corruption, qui, en faussant les relations de confiance, mine les liens de coopération loyale entre les personnes, les institutions et les communautés humaines. À tous les échelons de la vie publique, comme les évêques du pays l’ont récemment rappelé, il convient de purifier les coeurs et les consciences, en s’attachant à faire disparaître des comportements constituant une violence sournoise qui ne fait qu’accroître les disparités entre les riches et les pauvres, et qui déstabilise la société tout entière. C’est alors que pourra se développer une authentique culture de la justice et de la paix, soutenue par une coopération internationale qui «ne peut se réduire à l’aide et à l’assistance [...] mais qui exprime au contraire un engagement concret de solidarité visant à faire des plus pauvres les acteurs de leur développement» (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 2000, n. 17).

4. Votre pays doit aujourd’hui relever de nombreux défis. L’Église catholique, en relation avec les autres instances religieuses présentes sur le territoire, entend apporter une contribution spécifique à la promotion du bien de la communauté nationale, en discernant et en encourageant ce qui permet à l’homme de vivre et de grandir en conformité avec sa vocation. Elle souhaite participer à la vie de la société, n’étant jamais indifférente au sort des personnes et des communautés humaines, ni aux dangers qui les menacent.

L’amour du Christ, Sauveur de tout homme et de tout l’homme, la presse à proposer aux jeunes générations, en particulier à travers ses oeuvres d’éducation et dans la fidélité aux nobles valeurs traditionnelles malgaches, les moyens humains et spirituels qui leur permettront de prendre toute leur place dans la construction d’une société forte, pacifique et solidaire. Il importe en effet de sensibiliser la jeunesse au sens de l’effort et de la probité, à l’esprit de conciliation et de partage, au juste respect des biens et des personnes, à l’équitable répartition des richesses et des responsabilités, ainsi qu’au souci permanent de préserver l’environnement et les ressources naturelles. Je souhaite que lui soient donnés les moyens de garder espoir et de poursuivre avec ardeur cette noble mission; de même, il importe de défendre la cause de la famille, dans laquelle les jeunes font le premier apprentissage des vertus morales et sociales, et «qui est pour la société l’âme de sa vie et de son développement» (Exhortation apostolique Familiaris consortio FC 42).

5. Monsieur l’Ambassadeur, je voudrais saluer par votre intermédiaire les évêques, qui se sont récemment engagés avec vigueur pour lutter contre la corruption et pour la justice, ainsi que tous les membres de l’Église catholique à Madagascar. En ce temps de préparation à la fête de Noël, où l’humanité tout entière est invitée à accueillir le Christ, Prince de la Paix, je les encourage à être pour tous leurs compatriotes, par leur présence active à tous les niveaux de la société, des témoins vivants de la vérité et du partage, contribuant à répandre l’esprit du fihavanana, valeur si chère à la culture traditionnelle malgache.

6. Alors que commence officiellement votre mission auprès du Siège apostolique, je vous offre, Monsieur l’Ambassadeur, mes voeux cordiaux pour la noble tâche qui vous attend. Soyez assuré que vous trouverez toujours ici, auprès de mes collaborateurs, la disponibilité et l’accueil attentif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur les responsables de la Nation et sur le peuple malgache tout entier, j’invoque de grand coeur les Bénédictions de Dieu.



À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES AMBASSADEURS PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Vendredi 13 décembre 2002


Excellences,

1. C’est avec plaisir que je vous accueille au Vatican à l’occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays respectifs: le Sierra Leone, la Jamaïque, l’Inde, le Ghana, la Norvège, le Rwanda et Madagascar. En vous remerciant de vous être faits les porte-parole des messages courtois de vos Chefs d’État, je vous saurais gré de leur exprimer en retour mes salutations déférentes et mes voeux fervents pour leur personne et pour leur haute mission au service de l’ensemble de leurs compatriotes. Par votre intermédiaire, je salue cordialement aussi les Autorités civiles et religieuses de vos pays, ainsi que tous vos concitoyens, les assurant de mon estime et de ma sympathie.

2. La paix est un des biens les plus précieux pour les personnes, pour les peuples et pour les États. Comme vous le savez, vous qui suivez attentivement la vie internationale, tous les hommes la désirent ardemment. Sans la paix, il ne peut y avoir de véritable développement des individus, des familles, de la société et de l’économie elle-même. La paix est un devoir pour tous. Vouloir la paix n’est pas un signe de faiblesse mais de force. Elle se réalise dans une attention au respect de l’ordre international et du droit international, qui doivent être les priorités de tous ceux qui ont en charge la destinée des Nations. De même, il importe de considérer la valeur primordiale des actions communes et multilatérales pour la résolution des conflits sur les différents continents.

3. Les misères et les injustices sont sources de violence et contribuent au maintien et au développement de certains conflits locaux ou régionaux. Je pense en particulier aux pays dans lesquels la famine se développe de manière endémique. La communauté internationale est appelée à mettre tout en oeuvre pour que ces fléaux puissent être peu à peu supprimés, notamment par des moyens matériels et humains qui aideront les peuples qui en ont le plus besoin. Un soutien plus important à l’organisation des économies locales permettrait sans doute aux populations autochtones de prendre davantage en main leur avenir.

La pauvreté pèse aujourd’hui d’une manière alarmante sur le monde, mettant en péril les équilibres politiques, économiques et sociaux. Dans l’esprit de la Conférence internationale de Vienne de 1993 sur les droits humains, elle est une atteinte à la dignité des personnes et des peuples. Il faut reconnaître le droit de chacun à avoir le nécessaire et à pouvoir bénéficier d’une part de la richesse nationale. Par votre intermédiaire, Messieurs les Ambassadeurs, je souhaite une nouvelle fois lancer un appel pressant à la Communauté internationale pour que, au plus vite, on repense la double question de la répartition des richesses de la planète et d’une assistance technique et scientifique équitable à l’égard des pays pauvres, qui constituent des devoirs pour les pays riches. Le soutien au développement passe en effet par la formation, dans tous les domaines, de cadres locaux qui prendront en charge demain les destinées de leurs peuples, afin que ces derniers puissent bénéficier plus directement des matières premières et des richesses tirées du sous-sol et du sol.

C’est dans ces perspectives que l’Église catholique souhaite poursuivre son action, dans le domaine diplomatique comme par sa présence de proximité dans les divers pays du monde, s’engageant pour le respect des personnes et des peuples, et pour la promotion de tous, notamment par l’éducation intégrale et par des oeuvres de socialisation.

4. Au moment où commence votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes voeux cordiaux. En invoquant sur vous l’abondance des Bénédictions divines, ainsi que sur vos familles, sur vos collaborateurs et sur les nations que vous représentez, je demande au Très-Haut de vous combler de ses dons.



AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE DE LA FÉDÉRATION DES ORGANISATIONS CHRÉTIENNES DE SERVICE INTERNATIONAL DE BÉNÉVOLAT (FOCSIV)

Samedi 14 décembre 2002




Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux d'accueillir et de saluer chacun de vous, qui êtes rassemblés ici pour représenter les associations catholiques de bénévolat international, réunies au sein de la FOCSIV, Fédération des Organisations chrétiennes de Service international de Bénévolat.

J'adresse un salut particulier à l'Aumônier, ainsi qu'à votre Président, que je remercie des paroles cordiales à travers lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments communs.



2. Ces jours-ci, vous êtes en train de célébrer l'Assemblée annuelle de votre Fédération, qui revêt cette année une signification spéciale, puisqu'il s'agit du trentième anniversaire de la fondation de la FOCSIV. En effet, celle-ci est née après le Concile Vatican II, de l'initiative de certains fidèles laïcs encouragés par mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI.

Dès les origines, elle s'est distinguée, dans le domaine de la collaboration entre les peuples, par son engagement à promouvoir constamment le développement des plus pauvres, à travers l'action généreuse de milliers de volontaires, envoyés depuis 1972 et jusqu'à aujourd'hui dans les pays dits du Tiers-Monde par les diverses organisations qui composent la Fédération. A l'heure actuelle, vos associations sont présentes sur les cinq continents, où elles réalisent d'importants projets de solidarité en collaboration avec les Eglises locales et avec les missionnaires.



3. Ce qui caractérise votre Fédération de grand mérite, appelée à oeuvrer aux côtés de nombreux autres organismes d'assistance et de promotion humaine, est l'inspiration chrétienne qui oriente et soutient son action à travers le monde.

Dans l'Ecriture Sainte, le rappel du devoir d'amour envers son prochain est lié au commandement d'aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de toutes ses forces (cf. Mc 12,29-31). L'amour pour le prochain réalise pleinement le mandat du Christ, s'il se fonde sur l'amour envers Dieu.

A travers son dévouement à l'égard de ses frères, le chrétien est appelé à faire "vivre l'expérience", en quelque sorte, de la tendresse généreuse du Père céleste. L'amour pour son prochain, afin qu'il ne connaisse ni réserves ni lassitudes, a besoin de s'alimenter au creuset de la charité divine. Cela suppose des moments prolongés de prière, l'écoute attentive et constante de la Parole de Dieu et surtout une existence centrée sur le mystère de l'Eucharistie.

4. Le secret de l'efficacité de chacun de vos projets réside par conséquent dans la constante référence au Christ. C'est précisément ce dont ont témoigné un grand nombre de vos amis, qui se sont distingués comme d'authentiques et généreux artisans de l'Evangile, quelquefois jusqu'au sacrifice de leur vie.

En suivant leur exemple, très chers frères et soeurs, allez de l'avant avec confiance. Intensifiez même votre élan apostolique pour répondre aux urgences de tous ceux qui sont contraints de vivre dans des conditions de difficulté ou d'abandon.

Que la Vierge Immaculée vous protège et fasse de vous des artisans de justice et de paix.

Avec de tels sentiments, je forme pour vous tous ici présents ainsi que pour vos associations le voeu d'un apostolat riche et fructueux. Désormais proche du saint Noël, j'y unis des voeux fervents pour vous et pour vos familles, tandis qu'en vous assurant de mon souvenir dans la prière, je vous bénis avec affection.



AUX PARTICIPANTES AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES FILLES DE SAINTE-ANNE

Jeudi 19 décembre 2002




Très chères Soeurs Filles de Sainte-Anne!

1. A l'occasion de votre Chapitre général, vous avez voulu rencontrer le Successeur de Pierre, pour réaffirmer l'adhésion convaincue qui vous lie au Siège apostolique. Heureux de vous accueillir, j'adresse à chacune de vous une cordiale bienvenue.

Je présente en particulier mes félicitations à la nouvelle Mère générale, Soeur Anna Maria Luisa Prandina, en l'assurant de mon souvenir dans la prière pour qu'elle réalise de façon efficace les tâches importantes qui lui sont confiées. J'exprime à tous ma satisfaction pour ce que la Congrégation accomplit, avec une généreuse fidélité aux enseignements de la bienheureuse Rosa Gattorno. A l'occasion de notre rencontre, je désire faire parvenir ma pensée affectueuse à toutes les autres "branches" de votre famille spirituelle, que j'encourage à poursuivre le chemin entrepris sous la protection de sainte Anne, mère de l'Immaculée.

2. L'Assemblée capitulaire, au cours de laquelle vous réfléchissez sur le thème: Fidélité à l'Esprit, avec le Christ et Mère Rosa, pour entrer dans les "processus historiques" en avançant en eau profonde avec un optimisme pascal, constitue une occasion propice pour faire mémoire avec reconnaissance du passé, pour vivre avec passion le présent, et pour vous ouvrir avec confiance à l'avenir, en rendant grâce au Père céleste pour tout ce qu'il vous a permis de réaliser jusqu'à présent.

Votre institut a développé sa présence missionnaire au cours des six années écoulées, en se prodiguant au service de nombreuses personnes démunies, en particulier dans les domaines de l'éducation, de la promotion humaine, de la santé et de l'assistance aux personnes âgées. Votre action a trouvé un encouragement et un stimulant dans les Exhortations apostoliques qui ont recueilli les orientations des synodes continentaux, célébrés en préparation au grand Jubilé de l'An 2000. Comme vous avez vous-mêmes voulu le souligner, ces textes constituent l'humus et la "grammaire" pour parvenir à une connaissance appropriée de la réalité dans laquelle votre Congrégation vit et doit également agir.

"Oh doux Jésus, comme celui qui t'aime sait bien parler! Donc, mon enfant, aime et fais ce que tu veux, car ainsi tu feras tout bien". Votre Fondatrice vous a envoyées dans le monde avec cet état d'esprit et vous souhaitez continuer à vous y référer en vivant votre consécration religieuse.

3. Très chères soeurs, en ce nouveau millénaire, commencé depuis peu, il est nécessaire d'avoir des yeux perçants pour reconnaître l'oeuvre que le Christ accomplit, ainsi qu'un coeur immense pour devenir ses instruments (cf. Novo millennio ineunte NM 58). Voilà donc l'importance fondamentale de la prière, pour réussir à saisir les signes et les instruments du Rédempteur. Mère Rosa Gattorno vous le recommande encore aujourd'hui: "La prière est la clef des grâces: elle ouvre les trésors du Seigneur".

Que le coeur de chacune de vos communautés soit l'Eucharistie, présence vivante du Christ parmi les hommes. Arrêtez-vous souvent auprès de Jésus-Eucharistie. Votre Fondatrice avait l'habitude de répéter à ce propos: "Devant Jésus, le temps est éternel".

Si vous êtes habituées à contempler le visage du Christ dans le silence de la prière, vous pourrez le reconnaître dans chaque personne que vous rencontrez. En cette année, que j'ai consacrée comme Année du Rosaire, efforcez-vous de contempler le visage du Rédempteur avec le regard de Marie, en particulier grâce à la récitation quotidienne du Saint Rosaire. Comme je l'écrivais dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, "dans la sobriété de ses éléments, il concentre en lui la profondeur de tout le message évangélique, dont il est presque un résumé" (RVM 1). C'est à l'école de Marie que nous apprenons à discerner plus facilement les priorités de notre travail apostolique.



4. Très chères soeurs, même si vous êtes inquiètes de la diminution du nombre des religieux et de l'affaiblissement de vos forces en Italie, vous ne devez pas perdre courage. Dieu apporte son soutien à celui qui le sert avec confiance. Il vous est demandé en premier lieu de vous consacrer à aimer et à servir le Seigneur, en prodiguant vos énergies au bénéfice de son Corps mystique (cf. Vita consecrata VC 104). En imitant votre Fondatrice, sachez avoir confiance en Dieu et, "puisque l'Oeuvre est la sienne, il pourvoira à tout": de Jésus et de son Esprit naîtra l'élan qui vous permettra de consolider vos activités actuelles et qui vous poussera à de nouveaux objectifs apostoliques et missionnaires, pour apporter la joie de l'amour divin aux nombreuses personnes qui attendent des gestes concrets de charité évangélique.

Tel est le voeu fervent que je forme pour votre Institut tout entier. A l'approche des saintes fêtes de Noël, je suis heureux de présenter à chacune de vous des voeux sincères et cordiaux, et tout en invoquant sur vous et sur votre Congrégation la protection de l'Immaculée et de la bienheureuse Rosa Gattorno, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction.



Discours 2002 - Vendredi 13 décembre 2002