Discours 2003 - Lundi, 13 janvier 2003


AUX ADMINISTRATEURS DE LA RÉGION DU LATIUM, DE LA MUNICIPALITÉ ET DE LA PROVINCE DE ROME

Jeudi 16 janvier 2003


Mesdames, Messieurs!

1. Je suis très heureux de vous recevoir, au début de cette nouvelle année, pour notre traditionnel échange de voeux. Il s'agit d'une occasion propice pour confirmer et renforcer les liens, consolidés au cours de deux millénaires d'histoire, qui existent entre le Successeur de Pierre et la ville de Rome, sa province et la région du Latium.

J'adresse mon salut cordial et respectueux au Président de la Junte régionale du Latium, M. Francesco Storace, au Maire de Rome, M. Walter Veltroni, et au Président de la province de Rome, M. Silvano Moffa, les remerciant des paroles courtoises qu'ils m'ont adressées, également au nom des administrations qu'ils dirigent. Je salue également les Présidents de chacune des Assemblées de Conseillers, ainsi que vous tous ici présents.

2. A un moment de profonde inquiétude pour le sort de la paix dans le monde, assombri de surcroît par de nombreux problèmes nationaux et locaux, je désire tout d'abord vous adresser, illustres représentants de Rome et du Latium, cette même parole de confiance convaincue et réfléchie que j'ai adressée au Parlement italien, lors de la rencontre mémorable du 14 novembre dernier. C'est précisément lorsque les dangers d'affrontements et de conflits entre les diverses nations et cultures augmentent, qu'apparaît avec plus de clarté et d'urgence cette mission d'amour, et donc de paix, de compréhension réciproque et de réconciliation qui est propre au christianisme et qui correspond par conséquent à la vocation historique de Rome, centre de la catholicité. Le titre de citoyen honoraire de Rome, dont vous avez voulu me faire l'honneur il y a un peu plus de deux mois, constitue pour moi une confirmation et un encouragement supplémentaire à promouvoir l'engagement pour la cause de la paix de cette très noble ville. Je vous demande de collaborer, chacun selon vos propres respon-sabilités, à cette grande entreprise bénéfique et je vous remercie de l'engagement dont vous avez déjà fait preuve dans ce sens.

3. L'une des plus grandes questions de notre temps est sans aucun doute constituée par la crise de nombreuses familles, par la diminution des naissances et par le vieillissement de la population qui s'ensuit. Rome et le Latium ne font pas exception à ces difficultés, qui menacent l'Italie, ainsi que de nombreuses autres nations.

C'est précisément sur ce terrain que l'Eglise et ses institutions civiles sont appelées à une collaboration cordiale et active. Il faut en effet faire mûrir une nouvelle conscience de l'importance et du caractère sacré des liens familiaux, ainsi que de la joie qui accompagne la naissance et l'éducation des enfants: la communauté chrétienne se trouve ici face à un domaine de témoignage et d'engagement fondamental. Mais il est également indispensable que la famille fondée sur le mariage soit l'objet privilégié des politiques sociales: je me réjouis donc du développement des initiatives en faveur de la famille, en particulier des jeunes couples, ainsi que de la création de l'Observatoire régional permanent sur les familles. Notre collaboration réciproque en ce qui concerne la formation des jeunes générations, pour venir en aide à la responsabilité primordiale des familles, est tout aussi importante. Le soutien aux écoles catholiques, ainsi qu'aux aumôneries et aux autres organismes d'éducation promus par la communauté chrétienne, est l'une des formes à travers lesquelles cette collaboration se réalise de façon positive.

4. L'attention des administrateurs publics ne peut jamais faire abstraction de la situation de l'économie et des possibilités de travail et d'emplois qui y sont liées. La ville et la province de Rome, ainsi que toute la région du Latium, possèdent de grandes potentialités qui demandent à être plus pleinement valorisées, en encourageant l'initiative de chaque citoyen et ses capacités d'innovation, et en les soutenant par des moyens financiers et des parcours de formation adaptés. Le patrimoine historique et artistique extraordinaire de cette région, né en grande partie de la foi chrétienne, offre lui-même de grandes opportunités de développement et de travail.

Le nombre élevé d'immigrés qui, également à Rome et dans le Latium, ont pu régulariser leur situation professionnelle au cours de ces derniers mois, confirme par ailleurs qu'il existe un dynamisme dans notre société qui a besoin d'être mieux compris et valorisé.

5. En m'adressant au Parlement italien, le 14 novembre, je soulignais que le caractère réellement humaniste d'un corps social se manifeste en particulier dans l'attention dont celui-ci réussit à faire preuve à l'égard de ses membres les plus faibles. A Rome et dans le Latium, cette sollicitude attentive est également et sans aucun doute fortement nécessaire, afin de soulager les difficultés de nombreuses personnes et familles, en particulier du très grand nombre de personnes âgées. J'apprécie sincèrement les efforts accomplis par vos Administrations dans ce domaine et je vous invite à un engagement toujours plus déterminé, auquel ne manquera pas de répondre la vaste activité caritative des paroisses, de la Caritas et d'autres multiples institutions ecclésiales.

Un aspect fondamental de la solidarité à l'égard de ceux qui se trouvent dans des situations de souffrance consiste dans l'engagement à promouvoir les soins médicaux. Je connais les difficultés que traverse ce secteur délicat, qui rendent d'autant plus méritoires les efforts accomplis et les louables progrès effectués. Les institutions hospitalières catholiques demandent de pouvoir continuer à apporter leur contribution significative à cet objectif de solidarité.

6. Chers représentants des Administrations régionale, provinciale et municipale, j'ai désiré réfléchir avec vous sur certains aspects de vos préoccupations quotidiennes. Je vous remercie de l'attention et du soutien que vous offrez à la vie et aux activités de l'Eglise. Pour ma part, je vous assure que, dans les domaines d'intérêts communs, l'engagement des communautés chrétiennes de Rome et du Latium ne fera jamais défaut.

Je demande au Seigneur, à travers l'intercession de la Vierge Marie, si vénérée par nos populations, d'éclairer vos intentions de bien et de vous donner la force de les porter à terme.

Avec ces sentiments, je donne de tout coeur à chacun la Bénédiction apostolique, que j'étends volontiers à vos familles et à ceux qui vivent et qui travaillent à Rome, dans sa province et dans tout le Latium.



À LA COMMUNAUTÉ DE L’"ALMO COLLEGIO CAPRANICA" DE ROME

Samedi 18 janvier 2003


Très chers élèves de l'"Almo Collegio Capranica"!

1. L'approche de la fête de sainte Agnès nous offre l'heureuse occasion de nous rencontrer également cette année. Je salue avec affection chacun de vous. Je salue en particulier le Cardinal Camillo Ruini, et je le remercie des paroles courtoises qu'il m'a adressées au nom de tous. Je salue également les membres de la commission qui suit le "Collegio Capranica", en ayant une pensée spéciale pour le Recteur qui vient d'être nommé, Mgr Alfredo Abbondi.

Je souhaite de tout coeur que, avec l'arrivée de la nouvelle équipe éducative et grâce à la contribution de chacun, vous saurez tous, chers élèves, parcourir une nouvelle étape de votre chemin de formation avec enthousiasme et engagement, en croissant dans la communion fraternelle, de façon à offrir l'exemple d'une famille spirituelle unie et aspirant au service de Dieu et des frères.

2. La Protectrice de votre "Almo Collegio" est sainte Agnès, vierge et martyre, qui dès son plus jeune âge - elle avait à peine douze ans - sut rendre au Seigneur Jésus le témoignage extrême du martyre, à une époque où la communauté chrétienne enregistrait de nombreuses défections.

Le jour de sa fête, que nous célébrerons le 21 janvier prochain, la liturgie nous invite à demander à Dieu la force d'"imiter sa constance héroïque dans la foi" (cf. Collecte). En effet, très chers amis, telle est la leçon que nous pouvons nous aussi apprendre de sainte Agnès: la constance héroïque dans la foi "usque ad effusionem sanguinis". Cette jeune martyre nous invite à persévérer avec fidélité dans notre mission jusqu'au sacrifice de la vie, si cela est nécessaire. Il s'agit d'une disposition intérieure qui doit être alimentée quotidiennement par la prière et par un sérieux programme d'ascèse.

3. Appelé à être pour le Peuple de Dieu un guide lumineux et un exemple cohérent de vie chrétienne, le prêtre ne peut pas trahir la confiance que le Seigneur et son Eglise placent en lui. Il doit être saint et un éducateur à la sainteté à travers son enseignement, mais plus encore son témoignage. Tel est le "martyre" auquel Dieu nous appelle, un martyre qui, même s'il ne connaît pas le violent épanchement du sang, exige toujours cette sainte "constance héroïque dans la foi", qui caractérise l'existence des véritables disciples du Christ.

Que Dieu veuille faire en sorte qu'il en soit ainsi pour chacun de vous. Je confie cette prière à la protection maternelle de la Sainte Vierge et à l'intercession constante de sainte Agnès.

Avec ces sentiments, et en vous souhaitant une année sereine et fructueuse, je vous bénis tous de tout coeur.





AUX MEMBRES DU "CONSEIL DE GESTION" DU COMITÉ CATHOLIQUE POUR LA COLLABORATION CULTURELLE

Samedi 18 janvier 2003




Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Révérends Pères,
Messieurs,

1. Je suis heureux de vous rencontrer en votre qualité de membres du "Conseil de Gestion" du Comité catholique pour la Collaboration culturelle, avec votre Président, Mgr Gérard Daucourt, et certains membres du dicastère.

Je désire avant tout exprimer ma satisfaction pour la disponibilité et la générosité avec lesquelles les personnes et les services qui font partie de cet Organisme de consultation, appartenant à la Section orientale du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens, accomplissent depuis des années une activité de soutien ecclésial aux Eglises orthodoxes et aux anciennes Eglises d'Orient, selon la volonté de mon vénéré prédécesseur, le Pape Paul VI, et que je partage moi aussi pleinement. L'action du Comité comprend l'attribution de bourses d'études aux candidats orthodoxes présentés par leurs autorités ecclésiales; l'envoi de livres et de documents, en particulier théologiques et patristiques, aux séminaires et aux bibliothèques orthodoxes; la promotion de projets particuliers au sein des séminaires et des instituts de formation.

Il s'agit d'une oeuvre importante, qui s'inspire du critère de la réciprocité et qui constitue, de par sa nature, un témoignage important de communion. En effet, les candidats orthodoxes titulaires de bourses d'étude suivent les cours dans diverses Universités de Rome et d'autres villes d'Occident, et sont généralement accueillis dans des Collèges pontificaux ou dans d'autres structures catholiques. Leur présence exprime ainsi une synergie concrète, qui donne lieu à un élément fondamental de l'engagement oecuménique: l'échange de dons entre les Eglises dans leur complémentarité. Cela rend la communion particulièrement féconde (cf. Lettre enc. Ut unum sint UUS 57).

2. Au début d'un nouveau millénaire et à la lumière du cadre nouveau des relations avec les Eglises orientales, le Comité a voulu réfléchir sur le chemin parcouru et trouver des façons d'étendre son action pour répondre toujours mieux aux demandes qui lui parviennent en grand nombre de l'Orient. Je souhaite que votre rencontre puisse contribuer à renforcer concrètement l'engagement de votre Institution, en favorisant une action toujours plus incisive dans le domaine de la formation.

Au début du nouveau millénaire, en cette période de transition entre ce qui a été fait et ce que nous sommes appelés à faire pour promouvoir le chemin oecuménique jusqu'à atteindre la pleine communion (cf. ibid., UUS UUS 3), nous avons un devoir incontournable, que le Comité doit également assumer avec détermination: celui de favoriser l'accueil à tous les niveaux des résultats atteints dans les diverses initiatives oecuméniques, en ne perdant aucune occasion de souligner que la promotion de l'engagement oecuménique doit être une préoccupation constante dans l'oeuvre de formation. L'heure n'est plus à l'ignorance réciproque; c'est l'heure de la rencontre et du partage des dons de chacun, sur la base d'une connaissance réciproque objective et approfondie.

3. Dans cette perspective, je vous encourage à poursuivre l'action que vous accomplissez avec un engagement louable, et je vous assure de mon soutien dans la prière.

Avec ces sentiments, je donne à tous de tout coeur ma Bénédiction.





AUX RESPONSABLES RÉGIONAUX DES "ÉQUIPES NOTRE-DAME"

Lundi 20 janvier 2003




Chers Amis,

1. Je suis heureux de vous accueillir, vous qui êtes les Responsables régionaux des Équipes Notre-Dame, avec votre Conseiller spirituel international, Mgr Fleischmann, et d’autres prêtres, à l’occasion de votre rencontre mondiale à Rome. Je remercie Monsieur et Madame de Roberty, responsables internationaux du mouvement, pour leurs paroles cordiales.

2. Comment ne pas évoquer tout d’abord la figure de l’Abbé Henri Caffarel, votre fondateur, qui a accompagné de nombreux couples et les a initiés à la prière d’oraison? À l’occasion du centenaire de sa naissance, je suis heureux de m’associer à votre action de grâce. Le Père Caffarel a montré la grandeur et la beauté de la vocation au mariage, et, anticipant les orientations fécondes du Concile Vatican II, il a mis en valeur l’appel à la sainteté lié à la vie conjugale et familiale (cf. Lumen gentium LG 11); il a su dégager les grands axes d’une spiritualité spécifique, qui découle du Baptême, soulignant la dignité de l’amour humain dans le projet de Dieu. L’attention qu’il portait aux personnes engagées dans le sacrement de mariage le conduisit aussi à mettre ses dons au service du «mouvement spirituel des veuves de guerre», devenu aujourd’hui «Espérance et Vie», et à donner l’impulsion qui présida à la création des premiers Centres de Préparation au Mariage, aujourd’hui largement répandus. Par la suite, sont nées aussi les Équipes Notre-Dame Jeunes, montrant le soin pris à proposer un chemin de foi à la jeunesse.

3 Face aux menaces qui planent sur la famille et aux facteurs qui la fragilisent, le thème de vos travaux, Couples appelés par le Christ à l’Alliance nouvelle, est particulièrement opportun; en effet, pour les chrétiens, le mariage, qui a été élevé à la dignité de sacrement, est par nature signe de l’Alliance et de la communion entre Dieu et l’homme, et entre le Christ et l’Église. Ainsi, par toute leur vie, les époux chrétiens reçoivent la mission de manifester, de manière visible, l’alliance indéfectible de Dieu avec le monde. La foi chrétienne présente le mariage comme une Bonne Nouvelle : relation réciproque et totale, unique et indissoluble, entre un homme et une femme, appelés à donner la vie. L’Esprit du Seigneur donne aux époux un coeur nouveau et les rend capables de s’aimer, comme le Christ nous a aimés, et de servir la vie dans le prolongement du mystère chrétien car, dans leur union, «c’est le mystère pascal de mort et de résurrection qui s’accomplit» (Paul VI, Allocution aux Équipes Notre-Dame, 4 mai 1970, n. 16).

4. Mystère d’alliance et de communion, l’engagement des époux les invite à puiser leur force dans l’Eucharistie, «source du mariage chrétien» (Familiaris consortio FC 57) et modèle pour leur amour. En effet, les différentes phases de la liturgie eucharistique invitent les conjoints à vivre leur vie conjugale et familiale à l’exemple de celle du Christ, qui se donne aux hommes par amour. Ils trouveront dans ce sacrement l’audace nécessaire pour l’accueil, pour le pardon, pour le dialogue et pour la communion des coeurs. Il sera aussi une aide précieuse pour affronter les inévitables difficultés de toute vie familiale. Puissent les membres des Équipes être les premiers témoins de la grâce qu’apporte une participation régulière à la vie sacramentelle et à la Messe dominicale, «célébration de la présence vivante du Ressuscité au milieu des siens» (Lettre apostolique Dies Domini, 31 mai 1998, n. 31; cf. aussi n. 81) et «antidote pour affronter et surmonter obstacles et tensions» (Discours aux membres de la XV e assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, 18 octobre 2002, n.2) !

5. Nourris du Pain de Vie et appelés à devenir «lumière pour ceux qui cherchent la vérité» (Lumen gentium LG 35), notamment pour leurs enfants, les époux pourront alors déployer pleinement la grâce de leur Baptême dans leurs missions spécifiques au sein de la famille, dans la société et dans l’Église. Telle était l’intuition de l’Abbé Caffarel, qui ne voulait pas que l’on entre «dans une Équipe pour s’isoler [...], mais pour apprendre à se donner à tous» (Lettre mensuelle, février 1948, p. 9). Me réjouissant des engagements déjà assumés, j’exhorte tous les équipiers à participer toujours plus activement à la vie ecclésiale, en particulier auprès des jeunes, qui attendent le message chrétien sur l’amour humain, à la fois exigeant et exaltant. Dans cette perspective, les équipiers peuvent les aider à vivre la période de la jeunesse et de fiançailles dans la fidélité aux commandements du Christ et de l’Église, leur permettant de trouver le vrai bonheur dans la maturation de leur vie affective.

6. Votre mouvement dispose d’une pédagogie propre, basée sur les «points concrets d’efforts», qui vous aident à grandir conjointement dans la sainteté. Je vous encourage à les vivre avec attention et persévérance, pour aimer en vérité. Je vous invite en particulier à développer la prière personnelle, conjugale et familiale, sans laquelle un chrétien risque de dépérir, comme le disait le Père Caffarel (cf. L’anneau d’Or, mars-avril 1953, p.136). Loin de détourner de l’engagement dans le monde, une prière authentique sanctifie les membres du couple et de la famille, ouvre le coeur à l’amour de Dieu et des frères. Elle rend aussi capable de construire l’histoire selon le dessein de Dieu (Cf. Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre sur quelques aspects de la méditation chrétienne Orationis formas, 15 octobre 1989).

7. Chers amis, je rends grâce à Dieu pour les fruits portés par votre mouvement à travers le monde, vous encourageant à témoigner sans cesse et de manière explicite de la grandeur et de la beauté de l’amour humain, du mariage et de la famille. Au terme de cette audience, ma prière rejoint aussi les foyers qui connaissent l’épreuve. Puissent-ils trouver sur leur route des témoins de la tendresse et de la miséricorde de Dieu ! Je désire redire ma proximité spirituelle avec les personnes séparées, divorcées et divorcées remariées, qui, comme baptisées, sont appelées, dans le respect des règles de l’Église, à participer à la vie chrétienne (cf. Exhortation Familiaris consortio FC 84). J’exprime enfin ma gratitude aux conseillers spirituels qui vous accompagnent avec disponibilité. Ils apportent leur compétence et leur expérience à votre mouvement laïc. À travers cette collaboration, prêtres et foyers apprennent à se comprendre, à s’estimer, à s’épauler. Vous qui connaissez la grâce d’une présence sacerdotale, puissiez-vous prier pour les vocations et transmettre sans peur à vos enfants l’appel du Seigneur!

Vous confiant, ainsi que toutes les équipes et leurs familles, à l’intercession de Notre-Dame du Magnificat, priée chaque jour par les équipiers, et aux bienheureux époux Luigi et Maria Quattrocchi, j’accorde à tous une affectueuse bénédiction apostolique.

     

AUX ÉVÊQUES BRÉSILIENS DE LA RÉGION "SUL I" EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 23 janvier 2003


   

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat,

1. Après avoir rencontré personnellement chacun de vous au cours des derniers jours, je suis heureux de vous saluer à présent tous ensemble et, à travers vous, de rendre grâce à Dieu pour cette opportunité d'entrer en contact avec les communautés chrétiennes que vous représentez, en adressant maintenant à toutes un salut affectueux et sincère.

Bien-aimés frères, transmettez-leur mes sentiments les plus cordiaux, en assurant de ma solidarité spirituelle les prêtres, les religieux et les religieuses, les laïcs chrétiens, les jeunes, les malades et tous les membres du Peuple de Dieu. J'adresse mes remerciements à Mgr Fernando Antônio Figueiredo, Evêque de Santo Amaro et Président du "Regional Sul 1" pour son attention courtoise et pour les paroles respectueuses qu'il vient de m'adresser, également en votre nom à tous.

2. "Notre époque", ai-je écrit dans l'Encyclique Redemptoris missio, "est tout à la fois dramatique et fascinante. Tandis que, d'un côté, les hommes semblent rechercher ardemment la prospérité matérielle et se plonger toujours davantage dans le matérialisme de la consommation, d'un autre côté, on voit surgir une angoissante quête du sens, un besoin d'intériorité, un désir d'apprendre des formes et des méthodes nouvelles de méditation et de prière. Dans les cultures imprégnées de religiosité, mais aussi dans les sociétés sécularisées, on recherche la dimension spirituelle de la vie comme antidote à la déshumanisation" (RMi 38). C'est ce que l'on appelle le "retour du religieux" qui, bien qu'il ne soit pas dépourvu d'ambiguïtés, contient également des ferments et des encouragements qu'il ne faut pas négliger. Vous percevez à quel point cette exigence de Dieu est répandue dans votre peuple, une population traditionnellement ancrée aux principes éternels du christianisme, mais soumise à des influences négatives de divers genres.

Le phénomène des sectes, qui sur vos terres également se diffuse avec une plus ou moins grande ampleur selon les zones et avec un prosélytisme plus accentué parmi les personnes socialement et culturellement plus faibles, n'est-il pas le signal concret d'une aspiration inassouvie à la spiritualité? Cela ne constitue-t-il pas pour vous, pasteurs, un authentique défi à renouveler le style d'accueil au sein des communautés ecclésiales et une incitation pressante à une nouvelle et courageuse évangélisation, qui utilise des formes adaptées de catéchèse, en particulier pour les adultes?

Vous savez bien que, à la base de cette diffusion, se trouve également très souvent une pénurie de formation religieuse, ayant pour conséquence une indécision quant à la nécessité de croire en Christ et d'adhérer à l'Eglise qu'il a instituée. On tend à présenter les religions et les diverses formes d'expériences spirituelles en les réduisant à un plus petit dénominateur commun, qui les rendrait pratiquement équivalentes, avec le résultat que chaque personne serait libre de parcourir indifféremment l'un des nombreux chemins proposés pour atteindre le salut souhaité. Si l'on ajoute à cela un prosélytisme entreprenant, qui caractérise certains groupes particulièrement actifs et envahissants de ces sectes, on comprend immédiatement combien il est aujourd'hui urgent de soutenir la foi des chrétiens, en leur donnant la possibilité d'avoir accès à une formation religieuse permanente, afin d'approfondir toujours davantage la relation personnelle avec le Christ. Votre effort doit principalement viser à prévenir ce danger, en consolidant chez les fidèles la pratique de la vie chrétienne et en favorisant la croissance d'un esprit de fraternité authentique au sein de chaque communauté ecclésiale.

3. Depuis Rome, j'ai suivi avec un intérêt particulier le déroulement du XIV Congrès eucharistique national qui s'est tenu à Campinas, auquel a participé une multitude de Brésiliens réunis autour de l'Eucharistie, en présence de mon représentant et Légat spécial, le Cardinal José Saraiva Martins. Il s'est surtout agi d'un moment de communion, de vitalité et de célébration pleine d'espérance, de l'Eglise d'aujourd'hui au Brésil. Je forme des voeux afin que cet événement réveille la conscience chrétienne du peuple des fidèles de votre terre, en les encourageant à s'engager à mener une vie exemplaire qui renforce les liens de communion et de réconciliation dans la foi et l'amour, afin d'être également le ferment de ce renouveau intérieur auquel j'ai fait référence auparavant.

En effet, l'Eucharistie est le bien spirituel suprême de l'Eglise, car elle contient le Christ lui-même, notre Pâque et notre Pain vivant qui, à travers sa chair, donne la vie au monde (cf. Presbyterorum ordinis PO 5). Ainsi, de même que le coeur donne la vitalité à toutes les parties du corps humain, la vie eucharistique parviendra - à partir de l'autel du sacrifice, de la présence réelle et de la communion - à toutes les parties du corps ecclésial, et elle fera ressentir ses effets salutaires également dans les tissus complexes de la société, à travers les chrétiens qui poursuivent aujourd'hui l'action du Rédempteur dans le monde.

4. L'Eucharistie doit donc se trouver au centre de la Pastorale, afin de faire rayonner sa force surnaturelle, que ce soit dans tous les milieux chrétiens de l'évangélisation, de la catéchèse et de l'action caritative sous toutes ses formes, ou dans l'engagement de renouveau social et de justice en faveur de tous, à commencer par le respect de la vie et des droits de chaque personne, et dans l'engagement en faveur de la famille, de l'enseignement à tous les niveaux, d'un ordre politique juste et de la promotion de la moralité publique et privée.

Pour conférer toute son efficacité à l'acte eucharistique, on doit cependant toujours s'assurer que la célébration de son mystère soit effectuée de façon digne et authentique, selon la doctrine et les directives de l'Eglise, comme je l'ai rappelé à diverses reprises (cf. Lettre Dominicae Caenae, n. 12).

En effet, dans la célébration de l'Eucharistie, l'Eglise participe non seulement à l'efficacité rédemptrice du mystère du Christ, mais elle exerce une pédagogie de la foi et de la vie à travers la proclamation de la Parole, les prières, les rites et tout le symbolisme ecclésial de la liturgie. C'est pourquoi toute manipulation de ces éléments agit de façon négative sur la pédagogie de la foi; d'autre part, une participation liturgique juste, active et cohérente, selon les normes approuvées par l'Eglise, édifie la foi et la vie des fidèles.

Je désire donc vous exhorter à sauvegarder la célébration authentique de la liturgie, en faisant en sorte que soient suivies les indications du Saint-Siège et celles qui reviennent à votre Conférence épiscopale. En cela, rappelez-vous du devoir des Evêques d'être "les modérateurs, les promoteurs et les gardiens de toute la vie liturgique" dans leurs diocèses respectifs (CIC 835,1).

5. Dans l'optique de ce service pastoral, je désire soumettre à votre considération certains thèmes sur lesquels j'insiste depuis longtemps, pour donner un nouvel élan à l'évangélisation dans les communautés qui vous ont été confiées.

Comment ne pas rappeler, avant tout, mon appel à accorder "une importance particulière à l'Eucharistie dominicale et au dimanche lui-même, entendu comme un jour particulier de la foi, jour du Seigneur ressuscité et du don de l'Esprit, vraie Pâque hebdomadaire" (Novo Millennio ineunte NM 35)? A une époque de grandes manifestations populaires, parfois animées par des objectifs superficiels, il devient nécessaire de restaurer, à travers l'action de la grâce, le monde intérieur des âmes infiniment plus riche de valeurs et d'espérance. "Oui, chers frères et soeurs, nos communautés chrétiennes doivent devenir d'authentiques "écoles" de prière, où la rencontre avec le Christ ne s'exprime pas seulement en demande d'aide, mais aussi en action de grâce, louange, adoration, contemplation" (ibid. NM NM 33).

Qu'est-ce que cela signifie, sinon donner un nouvel élan aux valeurs de l'Eucharistie, que ce soit lors de la Messe ou dans les diverses manifestations eucharistiques: assemblées, processions eucharistiques, adorations du Très Saint Sacrement, Heures saintes etc.? Il est nécessaire d'enseigner à prier individuellement et non de collectiviser la prière. La rencontre hebdomadaire du chrétien avec Dieu, au cours de la Messe et des autres célébrations liturgiques, doit pouvoir offrir une plus grande intimité avec le Seigneur, "car le Royaume de Dieu est parmi vous" (Lc 17,21), ainsi que le récite le prêtre avec l'assemblée, demandant ensuite à Dieu dans le Notre Père: "Que ton Règne vienne!".

Si la liturgie de la Parole est un "dialogue de Dieu avec son peuple" ce dernier "se sent appelé à répondre à ce dialogue d'amour par l'action de grâce et la louange, et, en même temps, en éprouvant sa fidélité à l'effort d'une constante "conversion"" (Dies Domini, n. 41). Les moyens offerts pour une compréhension correcte de l'Eucharistie, l'homélie et la préparation catéchétique, les livrets du dimanche etc., doivent pouvoir enrichir les attentes du peuple en ce jour. Dans le cas contraire, ils tendent à vider de son contenu le Sacrement et le message liturgique lui-même. C'est pourquoi la célébration eucharistique ne peut pas et ne doit pas se transformer en une occasion de revendication à caractère politique, comme cela est parfois suggéré dans des publications au niveau national éditées pour les Messes dominicales.

6. Un autre thème, d'une importance considérable pour vos diocèses, est celui de la religiosité populaire.

La croissance nécessaire dans la foi et le témoignage évangélique dans la transformation des réalités temporelles selon le dessein de Dieu, doivent conduire les fidèles de l'Eglise à une participation active à la vie liturgique et sacramentelle. En effet, le Concile rappelle que la liturgie est "le sommet auquel tend l'action de l'Eglise, et en même temps la source d'où découle toute sa vertu. Car les labeurs apostoliques visent à ce que tous, devenus enfants de Dieu par la foi et le baptême... participent au sacrifice et mangent la Cène du Seigneur" (Sacrosanctum Concilium SC 10).

Il en résulte que les actes liturgiques, en tant que "célébrations de l'Eglise, qui est "le sacrement de l'unité"" (Ibid., SC 26), doivent être réglementés uniquement par l'autorité compétente (CIC 838,4), en exigeant de tous une fidélité profonde et respectueuse aux rites et aux textes authentiques. Une application erronée de la valeur de la créativité et de la spontanéité dans les célébrations, bien que typique de nombreuses manifestations de la vie de votre peuple, ne doit pas altérer les rites et les textes et, surtout, le sens du mystère que l'on célèbre dans la liturgie.

7. Toutefois, je n'ignore pas que votre pastorale liturgique coexiste avec la présence de divers groupes culturels, qui sont une expression supplémentaire de la catholicité de l'Eglise. Un grand nombre de ces groupes vivent dans les zones urbaines, les uns aux côtés des autres, transformant leur culture en parfaite symbiose. Ce phénomène implique une réponse particulièrement sensible, confiée à votre discernement et à votre prudence pastorale.

Comme vous le comprendrez, le respect des diverses cultures et l'inculturation évangélique correspondante touchent des thèmes qui méritent une attention particulière.

Il n'est pas possible de ne pas prendre ici en considération la culture afro-brésilienne dans le cadre plus vaste de l'évangélisation "ad gentes", qui est aujourd'hui très présente dans votre réflexion théologique et pastorale. Il s'agit de la question délicate de l'inculturation, en particulier dans les rites liturgiques, dans le vocabulaire et dans les expressions musicales et corporelles typiques de la culture afro-brésilienne. On sait que l'interaction du christianisme avec les coutumes et les traditions africaines a conféré au vocabulaire, à la syntaxe et à la prosodie de la langue portugaise parlée au Brésil un caractère particulier. La présence de l'élément noir dans l'art sacré baroque de la période coloniale, qui a laissé de nombreux monuments architecturaux et des sculptures religieuses de grande beauté et qui a inséré la musique sacrée et profane dans les fêtes de la religiosité populaire, a marqué de façon incomparable les expressions culturelles les plus authentiques de cette société multiraciale qu'est le Brésil.

Il est donc évident que l'on s'éloignerait de l'objectif spécifique de l'évangélisation si l'on accentuait l'un de ces éléments formateurs de la culture brésilienne, si on l'isolait de ce processus interactif si enrichissant, au point de rendre presque nécessaire la création d'une nouvelle liturgie pour les personnes de couleur. Il serait incompréhensible de donner au rite une apparence extérieure et une structure - dans les vêtements sacerdotaux, dans le langage, dans le chant, dans les cérémonies et dans les objets liturgiques - fondées sur ce que l'on appelle les cultes afro-brésiliens, sans l'application rigoureuse d'un discernement sérieux et profond à propos de leur compatibilité avec la Vérité révélée par Jésus-Christ. Il est nécessaire de conserver, par exemple, une attitude prudente et vigilante à l'égard de certains rites qui suggèrent le rapprochement de l'auguste Mystère Trinitaire avec le panthéon des esprits et des divinités des cultes africains, car l'on court le risque de modifier les formules sacramentelles dans leur référence trinitaire. En outre, on doit signaler, en la corrigeant de façon opportune, l'introduction dans la liturgie sacramentelle de rites, chants et objets appartenant explicitement à l'univers des cultes afro-brésiliens.

L'Eglise catholique regarde ces cultes avec intérêt, mais elle considère comme néfaste le relativisme concret d'une pratique commune des deux ou d'une fusion entre eux, comme s'ils possédaient la même valeur, mettant ainsi en danger l'identité même de la foi catholique. Elle considère de son devoir d'affirmer que le syncrétisme est nuisible lorsqu'il compromet la vérité du rite chrétien et l'expression de la foi, au détriment d'une évangélisation authentique.

Le devoir d'adaptation et d'inculturatin est important pour l'avenir du renouveau de la vie liturgique. La Constitution conciliaire sur la Sainte Liturgie en a établi les principes (SC 37-40). Pour sa part, l'Instruction sur la "Liturgie romaine et l'inculturation" a approfondi le thème et a précisé les procédures qui doivent être suivies par les conférences épiscopales, à la lumière du Droit canonique, après la réforme liturgique (cf. Instruction Varietates legitimae, nn. 62 et 65-68).

8. Dans le cadre de l'action évangélisatrice, les communautés autochtones sont un secteur qui mérite toute votre attention pastorale. L'année dernière, votre Conférence épiscopale a proposé comme thème de la Campagne de Fraternité: "La Fraternité et les peuples autochtones". Je me réjouis de savoir que la pastorale diocésaine de certaines Eglises particulières contribue de façon décidée à faire en sorte que les communautés autochtones prennent davantage conscience de leur identité, des valeurs de leur culture et de la place qu'elles doivent occuper dans l'ensemble de la population brésilienne.

La célébration du V centenaire de l'Evangélisation du Brésil a également offert l'occasion de renouveler l'engagement pour l'évangélisation des communautés autochtones du pays. L'Evangile doit continuer à pénétrer dans la culture autochtone et lui permettre de s'exprimer dans la vie communautaire, dans la foi et la liturgie. Je profite de l'occasion pour répéter ici qu'une Eglise vivante et unie autour de ses pasteurs sera la meilleure défense pour faire obstacle à l'oeuvre de désagrégation que certaines sectes sont en train d'accomplir parmi vos fidèles, en semant le trouble parmi eux et en déformant le contenu du message chrétien.

9. Au terme de cette rencontre, je désire vous répéter, chers frères, ma gratitude pour les efforts accomplis dans les divers domaines de l'action pastorale, pour l'esprit avec lequel vous guidez le Peuple de Dieu, pour votre ferme volonté de servir l'homme à travers l'annonce de l'Evangile qui sauve tous ceux qui croient en Jésus-Christ (cf. Rm 1,16). En vous encourageant à poursuivre votre mission avec un engagement renouvelé, je vous demande d'apporter mon salut affectueux et ma bénédiction à vos prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux fidèles, en particulier à ceux qui sont malades, âgés, ou qui souffrent pour une raison ou une autre, et qui occupent toujours une place privilégiée dans le coeur du Pape.

Que Nossa Senhora Aparecida intercède auprès du Seigneur pour la sainteté de tous les fidèles du Brésil, pour la prospérité de la nation, pour le bien-être de chacune de ses familles! Avec ces voeux fervents, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.

   


Discours 2003 - Lundi, 13 janvier 2003