Discours 2003 - Lundi 3 février 2003


AUX MEMBRES DU SAINT-SYNODE DE L'EGLISE ORTHODOXE SERBE

Jeudi 6 février 2003




1. C'est avec une profonde joie que je vous adresse mon salut à tous, très chers frères, et que j'accueille votre délégation avec des sentiments de charité fraternelle auprès de la tombe des saints Apôtres Pierre et Paul. A travers vous, je salue le Patriarche Pavle et le Saint-Synode, ainsi que tous les Evêques, le clergé, les moines et les fidèles de votre Sainte Eglise.

2. La présence de votre délégation à Rome et notre rencontre aujourd'hui, qui a lieu au début du troisième millénaire, ne revêtent pas seulement une grande signification, mais nous remplissent tous d'espérance. En effet, la dernière décennie du XX siècle a été marquée par de nombreux événements douloureux qui ont provoqué d'indicibles souffrances à de nombreuses populations des Balkans. Malheureusement, les injustices n'ont pas manqué et leurs auteurs n'ont pas hésité à avoir recours à la manipulation des sentiments et des valeurs religieuses et patriotiques pour blesser encore plus profondément leur prochain.

Les Eglises n'ont pas failli à leur devoir de rappeler toutes les parties en cause à la paix, au rétablissement de la justice et au respect des droits de chaque personne, quelle que soit son appartenance ethnique ou sa croyance religieuse. Comme on le sait, le Saint-Siège également a souvent élevé sa voix sans équivoque et de façon impartiale, et je n'ai pas manqué de le faire personnellement avant et pendant les actions qui ont en particulier frappé la population de votre pays en 1999.

3. Le passé récent a marqué profondément la mémoire des hommes; il a laissé une grande confusion dans les jugements, et une grande souffrance chez ceux qui ont subi des deuils douloureux ou qui ont dû abandonner tout ce qu'ils possédaient. Les Eglises ont le devoir d'agir selon le modèle du bon samaritain. Elles doivent soulager les souffrances communes, soigner les blessures et promouvoir la purification des mémoires, qui conduira à un pardon sincère et à une collaboration fraternelle. Je suis heureux que de nombreuses initiatives aient été entreprises dans ce sens, et je souhaite que leur réalisation se poursuive grâce à la contribution généreuse de tous, au niveau local de votre pays, ainsi qu'au niveau régional. En ce qui concerne l'Eglise catholique, elle aussi présente en Serbie et dans les pays limitrophes, je vous assure qu'elle ne faillira pas à son devoir et ne manquera pas d'apporter sa contribution.

4. Aujourd'hui, les Eglises sont confrontées à de nouvelles exigences et défis, qui découlent d'une transformation irréfrénable du Continent européen. L'identité chrétienne de l'Europe, dont les racines sont formées par les deux traditions occidentales et orientales, semble parfois être mise en discussion. Cela ne peut manquer de nous pousser à rechercher et à promouvoir toute forme de collaboration qui permette aux orthodoxes et aux catholiques d'apporter ensemble un témoignage vivant et convaincant de leur tradition commune. Ce témoignage sera efficace non seulement en vue de l'affirmation des valeurs évangéliques comme la paix, la dignité de la personne, la défense de la vie et la justice dans la société d'aujourd'hui, mais également en vue du rapprochement et de la consolidation de la fraternité qui devrait distinguer les relations ecclésiales entre catholiques et orthodoxes.

Au cours des siècles, votre Eglise, même face à de nombreuses difficultés, s'est engagée en vue de la diffusion de l'Evangile parmi le peuple serbe, contribuant de cette façon à la promotion de l'identité chrétienne de l'Europe. Fidèle à la tradition apostolique, elle a proclamé avec persévérance la Bonne Nouvelle du salut, donnant à la société serbe une forte empreinte culturelle qui se manifeste, entre autres, dans la suggestive architecture des églises et des monastères. Cet héritage n'appartient pas seulement à vous; tous les autres chrétiens en sont également fiers. Mon désir et mon souhait est que l'Europe trouve les moyens appropriés pour le préserver, partout où il a fleuri et croît.

5. Très chers frères, je vous remercie de votre visite. Celle-ci est pour moi le signe que l'Esprit de Dieu guide l'Eglise vers le rétablissement de l'unité de tous les disciples du Christ pour laquelle Il a prié la veille de sa mort. Nous demandons au Seigneur de nous donner la force de continuer à parcourir ce chemin avec confiance, patience et courage. Je vous prie de transmettre mes salutations cordiales et fraternelles à Sa Béatitude le Patriarche Pavle et à tous les membres de votre Eglise. Quant à vous, je vous assure de ma prière afin que le Seigneur, qui guide nos pas, vous accompagne dans votre visite, motif d'espérance pour la croissance de nos relations réciproques.





AUX ÉVÊQUES BRÉSILIENS DES RÉGIONS "CENTRE-OUEST" ET "NORD II" EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 7 février 2003


  Vénérables frères dans l'épiscopat,

1. Soyez les bienvenus dans la Maison du Successeur de Pierre à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum", témoignage visible de la collégialité épiscopale de l'Eglise. Je salue fraternellement chacun de vous, ainsi que Mgr Jayme Henrique Chemello, Président de la Conférence nationale des Evêques du Brésil. Je désire remercier de tout coeur pour ses paroles le Cardinal José Freire Falcão, Archevêque de Brasilia, qui a voulu me transmettre les sentiments amicaux qui vous animent et les défis pastoraux des Régions Centre-Ouest et Nord-2.

En regardant une carte géographique de vos Etats, de Goiás jusqu'aux frontières internationales du Nord du Brésil, en passant par Tocantins Pará et Amapá, je peux imaginer les difficultés que vous rencontrez dans l'exercice de votre mission de Pasteurs de ces immenses régions. Etre Evêque n'a jamais été facile, et présuppose aujourd'hui des obligations, des engagements et des difficultés qui, partout, et dans des circonstances parfois imprévues, constituent des obstacles immenses, complexes et parfois humainement insurmontables. Toutefois, c'est Dieu qui vous invite à servir, avec le sens des responsabilités, le peuple qui vous a été confié et il ne cessera jamais de soutenir et d'accompagner ceux qu'il a choisis, avec la certitude que les fidèles, " - ce service leur prouvant ce que vous êtes - [...] glorifient Dieu pour votre obéissance dans la profession de l'Evangile du Christ et pour la générosité de votre communion avec eux et avec tous" (2Co 9,13).

2. Sans nier les diversités spécifiques de chaque diocèse, il existe des situations et des problèmes qui exigent une action pastorale concertée pour exercer, dans l'unité et dans la charité, "certaines charges pastorales [...] afin de mieux promouvoir le bien que l'Eglise offre aux hommes [...] par les formes et les moyens d'apostolat adaptés de façon appropriée aux circonstances de temps et de lieux, selon le droit" (Motu proprio Apostolos suos, n. 14). Je suis réconforté de savoir que telle est votre expérience et qu'il s'agit également de l'engagement de votre Conférence épiscopale: une longue et fructueuse expérience de communion et de responsabilité partagée, qui permet à vos diocèses d'unir leurs efforts en faveur de l'évangélisation, donnant vie à un organisme de communion épiscopale, afin que les pasteurs d'un territoire déterminé puissent renouveler leur affection collégiale dans l'exercice de certaines fonctions, inspirés par la sollicitude pastorale commune.

Depuis ses débuts, en 1952, la Conférence nationale des Evêques du Brésil accomplit cette mission, à travers de nombreuses initiatives destinées non seulement à perfectionner son organisation, mais également à attester la présence du Rédempteur et de son message salvifique parmi les hommes. Telle a été la constatation faite au terme des célébrations du Jubilé d'or de cette institution. La Conférence des Evêques a aidé l'Eglise qui est au Brésil à demeurer aux côtés de son peuple, comprenant sa situation et défendant ses intérêts.

Cela nous conduit également à rappeler l'importance du fait que, si l'Eglise a besoin d'être proche du peuple, comme le fit Jésus en parcourant les routes de Palestine pour aller à la rencontre des âmes, elle doit également et surtout rapprocher Jésus du peuple, en le faisant connaître, en faisant en sorte que la grâce, qui jaillit de son côté transpercé comme une source d'eau vive, atteigne les coeurs qui aspirent à la gloire du Royaume des cieux. L'Eglise, en tant qu'instrument de salut, a reçu du Christ, à travers ses apôtres, la mission vitale d'aller "dans le monde entier" prêcher "l'Evangile à toute la création" en rappelant que "celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; celui qui ne croira pas sera condamné" (Mc 16,15-16).

Vénérés frères dans l'épiscopat, votre mission prend un caractère particulier et spécifique lorsque vous devez décider des diverses orientations de la pastorale et, de façon plus générale, de l'évangélisation. En tant que Successeurs des Apôtres, vous avez reçu la lumière qui vient d'En-haut, à travers la consécration épiscopale. "Le Seigneur Jésus, après avoir longuement prié son Père, appelant à Lui ceux qu'il voulut, en institua douze pour en faire ses compagnons... il en fit ses apôtres, leur donnant forme d'un collège, c'est-à-dire d'un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux. Il les envoya aux fils d'Israël d'abord et à toutes les nations pour que, participant à son pouvoir, ils fassent de tous les peuples ses disciples, pour qu'ils les sanctifient et les gouvernent" (Lumen gentium LG 19).

A travers la consécration sacramentelle et la communion hiérarchique avec la Tête et les membres, l'Evêque devient membre du Collège épiscopal et participe donc à la sollicitude pour toutes les Eglises (cf. ibid., LG 23), afin d'être maître de doctrine, prêtre du culte saint et ministre du gouvernement (cf. CIC 375). La tâche principale des Evêques est, en effet, celle de gouverner le diocèse qui leur a été confié, conscients qu'en agissant ainsi "ils contribuent efficacement au bien de tout le Corps mystique qui est aussi le Corps des Eglises" (Lumen gentium LG 23). Tous savent cependant que nombreuses sont les occasions où les Evêques ne réussissent pas à accomplir de façon adaptée leur mission, "s'ils ne mènent pas en accord avec les autres Evêques une action de plus en plus étroitement concertée et coordonnée" (Apostolos suos, n. 15).

Telle est la raison pour laquelle, aujourd'hui, les Conférences épiscopales coopèrent à travers une aide féconde et diversifiée pour donner vie, de façon effective et concrète, à l'union collégiale ou collegialis affectus entre les Evêques. L'union avec ces frères dans l'épiscopat, auxquels chacun se trouve particulièrement lié, souvent en raison de la proximité géographique et des nombreux problèmes pastoraux communs, sert de véhicule au bien commun du diocèse qui lui a été confié. Dans le cas contraire son pasteur se trouverait dans l'impossibilité d'accomplir efficacement sa mission. Je pense, par exemple, au problème important de la formation des candidats au sacerdoce. La nécessité de trouver des vocations solides et sûres a demandé à vos Eglises particulières un effort renouvelé et une grande dépense d'énergie. Je forme des voeux afin que l'Année pour les Vocations, organisée par la Conférence épiscopale et pour laquelle vous avez dès à présent mon soutien et l'assurance de mes prières élevées au Tout-Puissant, soit couronnée de succès.

3. On peut donc affirmer que la tâche pastorale de l'Evêque dans son diocèse inclut nécessairement la participation active aux travaux de la Conférence épiscopale, en déterminant dans le même temps ses limites: limites de la part de la Conférence, celle-ci devant s'occuper des questions qui doivent être suivies pour le bien de l'ensemble du diocèse, conformément à ses statuts, et limites également en ce qui concerne le dévouement personnel de chaque Evêque, selon l'importance des problèmes qui doivent être traités au sein de la Conférence, c'est-à-dire conformément aux bienfaits que l'on en tirera pour tous les diocèses.

Ayez donc à l'esprit qu'un excès d'organismes et de réunions, qui oblige de nombreux Evêques à s'éloigner souvent de leurs propres Eglises particulières, est non seulement contraire à la "loi de résidence (CIC 395), mais a des conséquences négatives sur l'accompagnement de son presbyterium, ainsi que sur les autres aspects pastoraux, comme par exemple la propagation des sectes.

C'est pourquoi a été explicitement déclarée la nécessité d'éviter, outre la multiplication excessive d'organismes, la bureaucratisation des organes subsidiaires et des commissions qui restent actifs entre les réunions plénières; de la sorte, ces organes "existent pour aider les Evêques et non pour se substituer à eux" (Apostolos suos, n. 18).

4. Dans l'accomplissement de cette mission, en m'adressant à mes frères dans l'épiscopat, à travers la Lettre apostolique sous forme de Motu Proprio Apostolos suos, j'ai souligné le fait que "l'union collégiale de l'épiscopat manifeste la nature de l'Eglise qui, étant dans le monde la semence et le commencement du Royaume de Dieu, citant le Concile Vatican II (Lumen gentium LG 9), constitue "pour tout le genre humain le germe le plus vigoureux d'unité, d'espérance et de salut"" (n. 8).

Je désire en outre rappeler ici avec satisfaction l'esprit qui règne au sein de la Conférence des Evêques du Brésil, fruit de la récente révision de ses statuts. En vous engageant à "promouvoir une solide communion entre les Evêques [...] et leur participation toujours plus grande à la Conférence" (Chap. I, art. 2), vous avez voulu réaffirmer la tradition apostolique qui a toujours été conservée au cours de la vie de l'Eglise, dès sa constitution.

Je connais la dimension extraordinaire de l'Eglise qui est au Brésil, l'une des plus grandes du monde catholique. Les dix-sept Régions qui la composent, - chacune comprenant un grand nombre de diocèses et parfois de prélatures, d'éparchies, un exarchat, des abbayes territoriales, un ordinariat militaire et un autre pour les fidèles de rite oriental, une administration apostolique personnelle - nous montrent l'horizon de travail immense et exigeant que vous affrontez et la préoccupation permanente de conserver de façon unie le processus évangélisateur.

Cette organisation doit être au service de la Conférence et de chacun des évêques locaux, dans le but de mettre en oeuvre les décisions de l'Assemblée générale et, lorsque cela est nécessaire, du Conseil permanent, comme "organe d'orientation et d'accompagnement du travail de la CNBB" (Chap. V, art. 46). J'ai donc confiance dans votre zèle pastoral, afin que soit évitée toute divergence relative aux normes statutaires approuvées.

5. La dimension continentale du Brésil requiert une attention renouvelée, afin que parvienne à tous la certitude grâce à laquelle le Christ a constitué le Peuple de Dieu, "dans une communion de vie, de charité et de vérité" (Lumen gentium LG 9). Le Peuple de Dieu se présente comme une communauté, dans la mesure où ses membres possèdent les "biens" qui servent pour le définir et le distinguer des autres groupes sociaux et y participent. Saint Paul résume les biens qui concourent à constituer le Peuple de Dieu, en proclamant que pour les fidèles du Christ il y a "un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême" (Ep 4,5).

Tous ont le droit de recevoir de façon unitaire et homogène non seulement la vérité révélée, mais également la pensée commune de l'épiscopat national, à travers les déclarations faites au nom de la Conférence des Evêques. Je lance donc un appel à votre sens des respon-sabilités concernant les déclarations faites à travers les moyens de communication sociale, au nom de la Conférence. Le fait qu'une déclaration dépende entièrement d'une responsabilité personnelle, conformément à ce qui est indiqué par vos Statuts (cf. Chap. IV, art. 131), n'exclut pas la cohérence doctrinale et la fidélité au Magistère de l'Eglise.

6. En tant que Maîtres de la Foi et dispensateurs des mystères de Dieu, vous avez besoin d'une harmonie encore plus grande lorsqu'il s'agit d'analyser, au sein des divers organismes de la Conférence épiscopale, des questions à caractère national qui se répercutent sur les diverses pastorales diocésaines.

Les Conférences épiscopales ont leur propre responsabilité dans le cadre de leur compétence, mais "leurs décisions ont des répercussions inévitables dans l'Eglise universelle. Le ministère pétrinien de l'Evêque de Rome reste le garant de la synchronisation de l'activité des Conférences avec la vie et l'enseignement de l'Eglise universelle" (Audience générale, 7 octobre 1992). Dans le cadre des compétences de chaque organisme qui compose votre Conférence, il revient à l'Evêque d'effectuer un examen diligent et attentif des questions qui lui sont soumises, ne pouvant pas s'exempter, par manque de temps, de l'analyse objective de ces questions. En tant que "témoins de la vérité divine et catholique", les Evêques sont "les docteurs authentiques, c'est-à-dire pourvus de l'autorité du Christ, qui prêchent, au peuple à eux confié, la foi qui doit régler sa pensée et sa conduite" (Lumen gentium LG 25).

A cette exigence, on doit également ajouter la correcte application, dans tous les cas, des normes du Droit de l'Eglise, qu'il soit occidental ou oriental. D'un côté, s'il règne théoriquement un consensus relativement étendu dans le fait de concevoir Dieu à la lumière du mystère révélé, comme il a été indiqué par le Concile Vatican II (cf. Optatam totius OT 16), de l'autre persiste encore l'idée d'un certain légalisme qui, dans la pratique, réduit ce droit à un ensemble de lois ecclésiastiques, à faible caractère théologique et pastoral, en soi contraires à la liberté des fils de Dieu. Cette vision est certainement inadaptée, car, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, même récemment, les normes canoniques se fondent sur une réalité qui les transcende et comprend des aspects essentiels et permanents dans lesquels se concrétise le droit divin (cf. Discours au Conseil pontifical pour l'Interprétation des Textes législatifs, 24 janvier 2003, n. 2). Il est donc nécessaire de penser que l'action pastorale ne peut pas se limiter à un certain pastoralisme, entendu dans le sens d'ignorer ou d'atténuer les autres dimensions fondamentales du mystère chrétien, parmi lesquelles la dimension juridique. Si la pastorale atténue toute obligation juridique, elle relativise l'obéissance ecclésiale, en privant de sens les normes canoniques. La véritable pastorale ne pourra jamais être contraire au vrai Droit de l'Eglise.

7. Vénérés frères, c'est une grâce de se savoir et de se sentir unis les uns aux autres, décidés à progresser et à travailler ensemble, surtout lorsque l'on perçoit les nombreuses forces qui sont contraires, les forces de divisions qui cherchent à séparer ou même à opposer les frères entres eux, des frères appelés d'abord à vivre unis. Poursuivez votre chemin en recherchant toujours une harmonie fraternelle dans le cadre de votre Conférence épiscopale et avec le Successeur de Pierre qui, en ce moment, renouvelle son baiser de communion avec tous, également avec ceux qui, depuis l'année dernière, sont venus ici en visite "ad limina". Puisque vous êtes le dernier groupe prévu par l'épiscopat brésilien, c'est à vous que je laisse mes voeux de paix et de fraternité, dans l'espérance que vous continuiez à construire l'unité dans la vérité et dans la charité et afin que vous puissiez, ensemble, répondre aux grands défis de l'époque actuelle.

Pour conclure cette rencontre, j'adresse ma pensée à la Vierge Aparecida, Mère de vos communautés chrétiennes et Patronne de la grande nation brésilienne. Je vous confie tous à Elle, ainsi que vos prêtres, vos religieux, vos religieuses et les fidèles laïcs de vos diocèses, et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.


AUX ÉVÊQUES ET AUX PRÊTRES AMIS DE LA COMMUNAUTÉ DE SANT’EGIDIO

Samedi 8 février 2003




Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
chers amis de la Communauté de Sant'Egidio,

1. Je suis heureux de vous rencontrer, vous tous qui êtes rassemblés à Rome de diverses parties du monde pour quelques jours de prière et de réflexion, à l'occasion de la rencontre internationale des Evêques et des prêtres, amis de la Communauté de Sant'Egidio. J'adresse un salut particulièrement cordial aux représentants des autres Eglises et communautés ecclésiales ici présents.

Je remercie Mgr Vincenzo Paglia pour les paroles courtoises qu'il m'a adressées, se faisant l'interprète des sentiments communs et avec lui, je salue le Professeur Andrea Riccardi, qui a suivi et animé dès ses débuts le chemin de la Communauté de Sant'Egidio.

Votre Congrès a pour but de rappeler les trente-cinq ans de votre Communauté qui, au cours de ces années, s'est diffusée dans divers pays, créant une sorte de réseau de solidarité dans la Communauté chrétienne et civile.

2. Vous vous êtes réunis ces jours-ci pour réfléchir sur le thème: "L'Evangile de la paix", sujet plus que jamais important et sensible à l'époque que nous traversons, marquée par des tensions et des menaces de guerre. Il devient donc toujours plus urgent d'annoncer l'"Evangile de la paix" à une humanité fortement tentée par la haine et la violence.

Il faut multiplier les efforts. On ne peut s'arrêter face aux attaques du terrorisme, ni face aux menaces qui se lèvent à l'horizon. Il ne faut pas se résigner, comme si la guerre était inéluctable. Chers amis, offrez à la cause de la paix la contribution de votre expérience, une expérience de véritable fraternité, qui conduit à reconnaître dans l'autre un frère à aimer sans conditions. Tel est le chemin qui conduit à la paix, un chemin de dialogue, d'espérance et de réconciliation sincère.

3. Dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix du 1 janvier dernier, j'ai voulu rappeler le quarantième anniversaire de l'Encyclique Pacem in terris de mon vénéré prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII. Aujourd'hui comme alors, la paix est en danger. Il faut donc répéter avec force que "la paix n'est pas tant une question de structures que de personnes. Il est certain que les structures et les procédures de paix - juridiques, politiques et économiques - sont nécessaires et, par bonheur, elles sont souvent présentes. Toutefois, elles ne sont que le fruit de la sagesse et de l'expérience accumulées au long de l'histoire à travers d'innombrables gestes de paix, posés par des hommes et des femmes qui ont su garder espoir sans jamais céder au découragement. Les gestes de paix naissent de la vie de personnes qui nourrissent en elles des attitudes constantes de paix" (n. 9).

A travers une conscience missionnaire renouvelée, vous êtes vous aussi appelés, aujourd'hui plus que jamais, à être des bâtisseurs de paix. En demeurant fidèles et cohérents avec l'histoire de votre tradition associative, vous continuez à vous prodiguer afin que s'intensifie partout la prière pour la paix, accompagnée par une action concrète en faveur de la réconciliation et de la solidarité entre les hommes et entre les peuples.

4. Puissent les communautés chrétiennes et tous les croyants en Dieu suivre l'exemple d'Abraham, père commun dans la foi, tandis qu'il prie le Seigneur sur le Mont, afin qu'il épargne la ville des hommes de la destruction (cf. Gn 18,23 sq). Avec la même insistance, nous devons contribuer à invoquer pour l'humanité le don de la paix.

Tournons notre regard confiant vers le Christ, le "Prince de la Paix", qui nous annonce la bonne nouvelle du salut, l'"Evangile de la Paix": "Heureux les doux, car ils posséderont la terre" (Mt 5,4). Il appelle ses disciples à être témoins et serviteurs de l'Evangile, certains que c'est l'Esprit, plus que tout effort humain, qui rend fructueuse leur action dans le monde.

En vous renouvelant à tous l'expression de ma reconnaissance pour cette rencontre, j'invoque la protection céleste de la Vierge Marie, Reine de la Paix, sur chacun de vous et sur chacune de vos initiatives. En vous assurant de ma proximité spirituelle, je donne de tout coeur la Bénédiction apostolique à toutes les personnes présentes, à tous les membres de la Communauté de Sant'Egidio présents à travers le monde, ainsi qu'à tous ceux que vous rencontrez dans vos activités quotidiennes.



AUX ÉVÊQUES DE BIÉLORUSSIE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"  

Lundi 10 février 2003




1. "Je vous donne un commandement nouveau: vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres" (Jn 13,34).

Ces paroles, que Jésus laisse en testament aux Apôtres lors de la Cène, ne cessent de résonner dans notre coeur, chers et vénérés frères dans l'épiscopat.

Bienvenue dans la maison de Pierre! J'embrasse chacun de vous avec affection. Je vous adresse un salut particulier, Monsieur le Cardinal, Pasteur du Siège métropolitain de Minsk-Mohilev, et je vous remercie cordialement des paroles que vous avez voulu m'adresser non seulement au nom de vos confrères, mais de toute la population catholique de Biélorussie. Je vous salue, bien-aimés Pasteurs de Grodno, de Pinsk et de Vitebsk. J'adresse également avec affection une pensée à la petite mais fervente communauté catholique de rite byzantin, héritière de la mission de saint Josaphat, et je salue le Visiteur apostolique ad nutum Sanctae Sedis, qui en prend quotidiennnement soin.

L'amour du Christ nous unit; son amour doit imprégner notre vie et notre service pastoral, en nous encourageant à renouveler notre fidélité à l'Evangile et à tendre à un dévouement toujours plus généreux à la mission apostolique que le Seigneur nous a confiée.

3. Je garde un souvenir encore vif de notre rencontre du mois d'avril 1997. Ce fut alors une raison de joie profonde que de constater le printemps de la vie ecclésiale dans votre pays, après l'hiver de la violente persécution qui avait duré plusieurs décennies. Les effets de l'athéisation systématique de vos populations, en particulier des jeunes, de la destruction presque totale des structures ecclésiastiques et de la fermeture forcée des lieux de formation chrétienne, étaient alors encore très profondes. Grâce à Dieu, cette âpre saison est maintenant terminée et depuis quelques années déjà, est en cours une reprise progressive et encourageante.

Au cours des cinq dernières années, la célébration des Synodes pour l'archidiocèse de Minsk et pour les diocèses de Pinsk et de Vitebsk vous a offert l'opportunité de préciser vos priorités pastorales, en élaborant les programmes apostoliques appropriés aux diverses exigences du territoire. Vous êtes venus cette fois me présenter les fruits de votre généreux travail pastoral et j'en remercie avec vous le Seigneur, toujours miséricordieux et généreux dans sa providence.

3. Il s'agit désormais de préparer votre engagement pour l'avenir. A la première place, on trouve la famille qui, en Biélorussie également, traverse une crise sérieuse et profonde. Les premières victimes de cette situation sont les enfants, qui risquent d'en porter les conséquences durant toute leur existence. Je voudrais répéter, pour vous réconforter et vous encourager, ce que j'ai dit aux très nombreuses familles réunies à Manille, le 25 janvier dernier, à l'occasion de la IV Rencontre mondiale des Familles. Il faut témoigner avec conviction et cohérence de la vérité sur la famille, fondée sur le mariage. Elle constitue un très grand bien, indispensable à la vie, au développement et à l'avenir de l'humanité. Vous transmettrez aux familles de Biélorussie la consigne que j'ai confiée aux familles du monde entier: faire de l'Evangile la règle fondamentale de la famille, et de toute famille une page d'Evangile écrite pour notre époque.

4. Votre pays compte presque dix millions d'habitants, dont la plus grande partie réside dans les villes. La Biélorussie, si elle est la nation qui a le moins souffert des changements de la période post-soviétique, est toutefois aussi celle pour laquelle les processus d'insertion dans le vaste contexte du continent ont été les plus lents. Les conséquences de ce retard pèsent sur la restructuration économique et, notamment dans les campagnes, la pauvreté s'accroît. La concentration de la population dans les centres urbains représente un effort notable pour assurer la présence de l'Eglise. Cela vaut particulièrement pour la capitale, Minsk, où vit désormais plus de 20% de la population.

Vous placez les jeunes parmi vos priorités, de plus en plus nombreux dans les villes et à la recherche d'un éventuel emploi. La crise démographique sans précédent que connaît votre pays représente également un défi important pour l'annonce de l'"Evangile de la Vie", et les phénomènes de marginalisation, dont celui de l'alcoolisme qui s'est encore davantage aggravé récemment, exigent des réponses urgentes et efficaces. Face à toutes ces problématiques, l'Eglise catholique, même si elle est minoritaire, s'efforce de répondre à l'aide des moyens et des structures disponibles. Je vous encourage, très chers frères, à poursuivre sur ce chemin et je voudrais profiter de cette occasion pour remercier les organisations catholiques d'autres nations, notamment italiennes et allemandes, qui vous apportent leur soutien et leur collaboration.

5. "La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux" (Mt 9,37). Face à l'immensité du travail à accomplir, on pense spontanément à cette parole de Jésus. Que faire? La réponse nous vient de l'Evangile: "Priez donc le Maître de la moisson, ajoute le Christ, d'envoyer des ouvriers à sa moisson" (v. 38). La prière, avant toute chose. Il faut intensifier l'imploration de l'aide divine, et éduquer les fidèles à faire de la prière un moment fondamental de leurs occupations quotidiennes. L'oeuvre que vous avez commencée, de traduire en biélorusse les textes sacrés, en particulier ceux du Missel romain, aura un effet bénéfique en ce sens.

Avec la prière, je ne peux manquer de rappeler votre effort pour la formation des candidats au sacerdoce et à la vie consacrée, en particulier dans les deux grands séminaires de Grodno et Pinsk, tout comme je suis heureux de souligner la nécessaire attention envers les prêtres qui prennent soin des âmes. La collaboration du clergé et des religieux provenant de la Pologne voisine constitue désormais une nécessité, qui aidera sans aucun doute à consolider la communauté catholique de votre pays.

J'évoquerai, pour finir, le dialogue oecuménique avec l'Eglise orthodoxe. Sur votre terre, l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe ont depuis toujours vécu côte à côte, et de nombreuses familles sont de confessions mixtes, et exigent donc également une assistance de la part de l'Eglise catholique. Que le Seigneur continue de guider vos pas dans la recherche du respect réciproque et de la coopération mutuelle.

Cette année marque les 380 ans du martyre de saint Josaphat, Archevêque de Polatsk, dont le sang a sanctifié la terre biélorusse. Puisse le souvenir de son martyre être pour tous une source de fidélité au Christ et à la Sainte Eglise.

6. Je confie chacun à Marie, la Theotokos. Je Lui demande de vous protéger, vénérés et bien-aimés frères, ainsi que vos plus proches collaborateurs que sont les prêtres, les religieux et les religieuses, les séminaristes, les laïcs engagés de manière active dans l'apostolat et toute la communauté catholique qui vit en Biélorussie. Qu'Elle veille de façon maternelle sur tous et sur chacun, aux côtés de vos saints patrons. Quant à moi, je vous assure de mon souvenir quotidien dans la prière, tout en vous bénissant de tout coeur.



AUX REPRÉSENTANTS DE L'ORDRE DES FRÈRES MINEURS "BERNARDINS"

Mardi 11 février 2003


Discours 2003 - Lundi 3 février 2003