Discours 2003 - Lundi 24 février 2003


MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À LA FONDATION DE L’UNITALSI


Au vénéré frère
Mgr LUIGI MORETTI
Aumônier général de l'UNITALSI

1. J'ai appris avec joie que du 28 février au 2 mars 2003, l'Union nationale italienne pour le Transport des Malades à Lourdes et dans les Sanctuaires internationaux célèbre à Rimini un Congrès national à l'occasion de son centenaire de vie associative. En cette heureuse occasion, je vous adresse avec joie, ainsi qu'au Président national, M. Antonio Diella, et à tous les volontaires, mon salut affectueux. Je rends grâce au Seigneur pour ce qu'Il a accompli et continue d'accomplir, par l'intermédiaire de cette association méritante, en faveur de si nombreux frères et soeurs malades et en difficulté.

Il est significatif que cet anniversaire jubilaire ait lieu au cours de l'Année du Rosaire, étant donné que les origines de l'UNITALSI sont liées à un sanc-tuaire marial, le sanctuaire de Lourdes. C'est précisément à cet endroit, béni par la présence de Marie, que le fondateur, Giovanni Battista Tornassi, trouva lumière et réconfort. Il s'était rendu devant la grotte de Massabielle dans l'intention de s'ôter la vie, au comble d'une épuisante souffrance physique et spirituelle, mais il fut frappé par l'oeuvre d'amour et de désintéressement des volontaires. Il eut au même moment la claire conscience de sa vocation au service des personnes souffrantes, une vocation soutenue et encouragée par le Secrétaire de l'Evêque qui présidait ce pèlerinage, dom Angelo Roncalli, le futur Pape Jean XXIII, élevé aujourd'hui aux honneurs des autels.

2. Ainsi naquit une oeuvre ecclésiale très appréciée aujourd'hui encore pour le bien qu'elle accomplit et pour l'esprit évangélique qui l'anime.

Le premier protecteur de l'UNITALSI fut mon saint Prédécesseur, le Pape Pie X, qui désira à plusieurs reprises bénir et encourager ses développements. Par la suite, de vénérés Cardinaux et Evêques se sont succédé pour guider l'Association sur le plan spirituel. Je pense, parmi les plus récents d'entre eux, aux Cardinaux Luigi Traglia et Ugo Poletti. Je désire par ailleurs mentionner l'Archevêque de Pise et Vice-Président de la Conférence épiscopale italienne, Mgr Alessandro Plotti, auquel, vénéré frère, vous avez succédé comme Aumônier général. De nombreux évêques et prêtres, dans de nombreux diocèses d'Italie, se prodiguent, aux côtés des volontaires de l'UNITALSI, afin de transmettre aux malades et aux porteurs de handicaps la proximité maternelle de l'Eglise.

3. Très chers frères et soeurs, grâce à vous, de très nombreuses personnes, au cours de ces cent ans, ont pu se rendre au pied de la grotte de Lourdes pour confier leurs peines au coeur maternel de l'Immaculée, et recevoir d'elle lumière et réconfort.

En cette heureuse circonstance, je tiens à vous exprimer combien j'apprécie le service que vous continuez d'accomplir généreusement en pleine communion avec vos évêques. Persévérez dans l'oeuvre que d'autres avant vous ont entreprise sous le regard maternel de Marie. Poursuivez avec générosité, désintéressement et esprit de service. Apprenez, à l'école de l'Evangile, à être des artisans de paix, de justice, de miséricorde, partout où le Seigneur vous appelle. Répondez à l'amour de Dieu, forts de la conscience qu'Il vous a aimés le premier. En effet, tout ce que nous avons et ce que nous sommes, nous l'avons reçu de Lui (cf. 1Co 4,7), et c'est pour cela que nous devons nous consacrer aux autres avec générosité.

4. Solidement enracinés dans votre histoire, regardez vers l'avenir avec confiance et clairvoyance. La charité vous pousse à élargir l'horizon vers de nouveaux domaines d'action, pour réaliser de nouveaux projets de promotion humaine et d'évangélisation en faveur des malades, des petits, des derniers. Cela suppose une intense vie spirituelle, qui puise sa nourriture quotidienne dans la prière, la pratique sacramentelle et une sérieuse ascèse personnelle. C'est dans ce terrain que votre existence et votre action doivent prendre racine.

Tout en vous exhortant à persévérer dans votre dévouement généreux, je vous assure de mon souvenir constant à la Vierge de Nazareth, que j'ai plaisir à contempler avec vous alors que, mue par l'Esprit Saint, elle rend visite à sa cousine plus âgée, Elisabeth. Que la Sainte Vierge Marie de la Visitation vous soutienne afin que vous témoigniez de l'amour de Dieu, prêt à embrasser et à guérir l'homme gratuitement.

A vous, vénéré frère, au Président, aux malades, aux volontaires, aux aumôniers et à toute la famille de l'UNITALSI, j'envoie la Bénédiction apostolique, porteuse pour tous d'abondantes faveurs célestes.

Du Vatican, le 26 février 2003

IOANNES PAULUS II




MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L’ARCHEVÊQUE DE CANTERBURY


A Sa Grâce le Très Révérend et Très Honorable Rowan WILLIAMS
Archevêque de Canterbury

Je vous salue au nom du "seul Dieu et Père de tous", et de son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ (cf. Ep 4,5-6), et avec des sentiments de joie et d'estime cordiale, je vous présente mes meilleurs voeux dans la prière à l'occasion de votre intronisation en tant qu'Archevêque de Canterbury.

La liturgie de votre intronisation sera pour vous et pour la Communion anglicane l'occasion de célébrer la gloire de Dieu, en contemplant la vision de saint Jean d'une foule immense clamant: "Alleluia, salut et gloire et puissance à notre Dieu" (Ap 19,1). Vous méditerez sur le mystère de Dieu qui appelle et envoie ceux qui, comme Isaïe, ne se considèrent pas prêts (Is 6,5-8).

Vous commencez votre ministère en tant qu'Archevêque de Canterbury à un moment difficile et tendu de l'histoire, un moment marqué toutefois par l'espérance et les promesses. Egaré par des conflits de longue date et qui semblent implacables, le monde est au bord d'une nouvelle guerre. La dignité de la personne humaine est menacée et ébranlée de nombreuses façons. Des populations entières, en particulier les plus vulnérables, vivent dans la peur et le danger. Parfois, l'aspiration humaine ardente et légitime à la liberté et à la sécurité se manifeste à travers des moyens erronés, des moyens qui sont eux-mêmes violents et destructeurs. C'est précisément parmi ces tensions et ces difficultés de notre temps que nous sommes appelés à servir.

Nous pouvons sincèrement nous réjouir de ce que, au cours des dernières décennies, nos prédécesseurs ont développé des relations de plus en plus étroites, je dirais même des liens d'affection, à travers le dialogue constructif et une étroite communication. Ils ont placé l'Eglise catholique et la Communion anglicane sur un chemin dont ils espéraient qu'il conduirait à la pleine communion. En dépit des désaccords et des obstacles, nous sommes encore sur ce chemin, et nous y sommes engagés de façon irréversible. Au cours de la dernière décennie, les diverses occasions de rencontrer le Dr George Carey ont été particulièrement utiles et encourageantes, et ont représenté des signes de progrès sur notre chemin oecuménique. Le travail de la Commission internationale anglicane-catholique romaine, et de la Commission internationale pour l'Unité et la Mission, de création plus récente, continue de nous encourager.

Nous sommes tous deux conscients que surmonter les divisions n'est pas une tâche aisée, et la pleine communion sera un don de l'Esprit Saint. Ce même esprit nous encourage et nous guide aujourd'hui encore à continuer de rechercher une solution dans les domaines encore marqués par un désaccord doctrinal, et à nous engager plus profondément dans le témoignage et la mission en commun.

Avec des sentiments renouvelés de considération fraternelle, j'invoque sur vous les Bénédictions de Dieu tout-puissant, tandis que vous assumez vos nobles responsabilités. Quelles que soient les épreuves et les difficultés que vous rencontrerez, puissiez-vous toujours connaître la gloire du Père, la direction constante de l'Esprit Saint et le visage miséricordieux de notre Seigneur Jésus-Christ.

Du Vatican, le 13 février 2003

  IOANNES PAULUS II




Mars 2003



AUX ÉVÊQUES DE ROUMANIE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Samedi 1er mars 2003


Vénérés frères dans l'épiscopat!

1. Votre visite "ad limina" m'offre l'agréable occasion de vous rencontrer, renforçant ainsi les liens de communion qui existent déjà entre les pasteurs des biens-aimés diocèses de Roumanie et le Successeur de Pierre. C'est également une occasion propice pour réfléchir ensemble sur les activités et sur les perspectives pastorales de la communauté catholique dans votre pays.

Je présente à chacun de vous mon salut fraternel. Je désire en particulier remercier Mgr Ioan Robu, Président de la Conférence épiscopale de Roumanie, des paroles aimables qu'il a bien voulu m'adresser au nom de tous. Soyez les bienvenus, chers et vénérés pasteurs d'un noble pays qui, au cours de sa longue histoire, a vécu des périodes très difficiles sans jamais succomber.

La rencontre d'aujourd'hui évoque en moi la profonde émotion que j'ai éprouvée lorsque, en mai 1999, la Providence m'a conduit dans votre patrie. Ce furent des journées inoubliables, au cours desquelles j'ai pu ressentir l'intense affection du peuple roumain pour le Pape.

L'Eglise catholique qui est en Roumanie, dans les deux rites qui la constituent, représente une minorité très active sur le plan spirituel et social. Je sais que vos communautés oeuvrent aux côtés de la majorité orthodoxe du pays, en collaborant, dans la mesure du possible, dans un esprit de dialogue fraternel et de respect réciproque. Je suis certain que cette attitude, marquée par la confiance, permettra de surmonter les difficultés qui existent encore. A ce propos, le travail de la Commission mixte pour le Dialogue entre l'Eglise grecque-catholique et orthodoxe de Roumanie, dont la tâche est de trouver des solutions appropriées aux questions qui se présentent ponctuellement, sera d'une grande importance.

2. Aujourd'hui, un domaine particulièrement important de votre action est celui de la pastorale de la famille. Je sais qu'à ce propos, des rencontres d'action ont déjà eu lieu, également avec nos frères orthodoxes, pour effectuer un discernement commun sur les problèmes que la famille traverse également dans votre pays. On peut dire que, dans la très grande majorité des cas, vos familles restent fidèles aux solides traditions chrétiennes. Il faudra toutefois tenir compte des dangers qui peuvent se présenter dans la société d'aujourd'hui.

La fragilité des couples, l'émigration importantes des nouvelles familles vers les pays occidentaux, ayant pour conséquence que les enfants sont souvent confiés aux grands-parents, la séparation forcée des conjoints, en particulier lorsque c'est la mère qui part à la recherche d'un travail, la pratique répandue de l'avortement, le contrôle des naissances à travers des méthodes contraires à la dignité de la personne humaine, constituent certaines des problématiques qui stimulent votre attention assidue et qui supposent une action pastorale adaptée. On ne soulignera jamais assez l'importance d'une saine primauté de la famille dans l'ensemble de l'oeuvre d'éducation des nouvelles générations.

En outre, chers et vénérés pasteurs, comment oublier que, également dans votre pays, le triste héritage de la dictature communiste est la crise de la vision chrétienne de la vie? Il faut reconnaître que la tâche de l'Eglise à ce sujet est immense. C'est pourquoi il est nécessaire de promouvoir le dialogue et la collaboration entre ceux qui ont reçu l'annonce salvifique du Christ des successeurs des Apôtres. En harmonie avec nos frères de l'Eglise orthodoxe roumaine et conscients de notre responsabilité commune face au Fondateur de l'Eglise, il est nécessaire de développer des centres de formation où les jeunes puissent connaître l'héritage évangélique commun, pour ensuite en témoigner de façon incisive dans la société.

3. Je prie Dieu afin qu'il suscite également chez les fidèles d'aujourd'hui le courage de suivre le Christ avec la détermination qui caractérise le témoignage héroïque des catholiques roumains des deux rites, qui ont affronté des souffrances indicibles sous le régime communiste, sans manquer à leur fidélité à l'Evangile. Je pense en ce moment, entre autres, au très cher Cardina Alexandru Todea, que le Seigneur a rappelé à Lui l'année dernière. Comment ne pas rappeler, ensuite, les nombreux martyrs de vos communautés - parmi lesquels sept évêques, dont le procès canonique de canonisation est en cours - qui ont baigné votre terre de leur sang?

Eglise de Roumanie, malgré les difficultés encore existantes, n'aie pas peur! Dieu bénit tes efforts et le nombre important de candidats au sacerdoce dans les séminaires en témoigne. Ainsi s'accomplit encore une fois ce que Tertullien écrivait à propos de l'Eglise naissante: "sanguis martyrum semen christianorum".

S'il est vrai que le peuple roumain, dans sa conscience la plus profonde, a su résister au matérialisme athée militant, en conservant l'héritage de l'annonce chrétienne, il faut à présent faire ressortir des coeurs des fidèles cette richesse intérieure, en encourageant chacun à apporter un témoignage évangélique cohérent. Ce n'est qu'ainsi qu'il sera possible de faire obstacle à l'avancée dangereuse d'une vision matérialiste de l'existence.

4. Le processus d'intégration de la Roumanie dans le cadre plus vaste de l'Union européenne et des Institutions du continent est en cours. Il s'agit sans aucun doute d'un fait positif, même si ne manque pas le risque de certaines ambiguïtés. En effet, l'impact avec une vision conditionnée, sous certains aspects, par la consommation et par l'individualisme égoïste, peut comporter le danger que vos concitoyens ne sachent pas reconnaître quelles sont les valeurs positives et négatives de la société occidentale et finissent par oublier les richesses chrétiennes présentes dans leur tradition.

En entrant dans les structures européennes, le peuple roumain fera bien de se rappeler qu'il n'a pas seulement quelque chose à recevoir, mais qu'il possède également un riche héritage spirituel, culturel et historique à offrir au bénéfice de l'humanité et de la vitalité du continent tout entier. Forgées par de dures épreuves historiques, également récentes, vos communautés doivent savoir conserver une ferme adhésion au patrimoine millénaire des valeurs chrétiennes qu'elles ont reçu de leurs ancêtres et par lesquelles elles ont été modelées.

Il s'agit d'une tâche également dévolue aux fidèles laïcs dans leurs diverses responsabilités apostoliques. Il faudra les former de façon adaptée, afin qu'ils sachent assumer la participation qui leur incombe pour édifier la société à travers un courageux témoignage chrétien.

5. Des tâches vraiment exigeantes vous attendent! Les urgences qui apparaissent à l'heure actuelle sont telles qu'elles font ressentir avec une force encore plus grande l'exigence de retrouver au plus tôt la pleine unité entre tous les disciples du Christ. Il faut agir par tous les moyens afin de hâter le moment où nous atteindrons cet objectif. C'est précisément ce qui a été réaffirmé également à l'occasion de l'inoubliable visite que Sa Béatitude Théoctiste, Patriarche orthodoxe de Roumanie, a souhaité accomplir à Rome au mois d'octobre dernier. Dans cette circonstance est apparu de façon encore plus claire le fait que le témoignage commun des chrétiens est une nécessité actuelle pour communiquer de façon efficace l'Evangile au monde d'aujourd'hui. Telle est la vocation pressante de tous les chrétiens, en obéissance docile au commandement du Christ, qui invite à prier et à travailler "afin que tous soient un" (Jn 17,21).

Je prie le Seigneur qu'arrive au plus tôt le jour béni où les catholiques et les orthodoxes pourront communier ensemble à la même Sainte Table. A ce propos, une mission particulière est confiée à la vénérable Eglise grecque catholique-roumaine, en vertu de sa profonde familiarité avec la tradition orientale. Il est nécessaire que les esprits et les coeurs de chacun se tournent avec une plus grande conscience vers le Seigneur, pour en implorer l'aide en ce début d'un nouveau millénaire. Les difficultés ne manquent certes pas et de grands sacrifices doivent être envisagés. Mais l'enjeu est si élevé qu'il mérite un effort généreux de la part de tous.

6. Vénérés frères, votre pays a eu l'opportunité providentielle de voir prospérer côte-à-côte depuis des siècles les deux traditions, latine et byzantine, qui embellissent ensemble le visage de l'unique Eglise. Vous oeuvrez presque comme dans un "laboratoire" spirituel, où les richesses de la chrétienté unie peuvent montrer toute leur force et leur vitalité.

Il faudra que demeure entre vous, pasteurs, une estime constante et une considération fraternelle réciproque. Face aux questions d'intérêt commun, sachez vous aider mutuellement, afin de parvenir à une meilleure connaissance de vos héritages spirituels. Je pense, par exemple, à l'enseignement dans les séminaires, à l'amélioration de leurs structures et à l'échange des enseignants, particulièrement en faveur des séminaires qui manquent de professeurs; je pense également au soin des minorités linguistiques à l'intérieur de leurs diocèses respectifs, à l'aide que vos Eglises peuvent apporter à d'autres communautés, dont le clergé est peu nombreux et à la contribution précieuse dans le domaine de l'engagement missionnaire.

De même, il est plus que jamais nécessaire qu'il existe une collaboration constante et cordiale des personnes consacrées, hommes et femmes, à la vie de l'Eglise. On doit bien sûr respecter leur autonomie légitime, mais il est dans le même temps juste d'inviter ces précieuses énergies apostoliques à collaborer de façon adaptée à vos devoirs pastoraux et à ceux du clergé qui vous assiste.

Sachez veiller sur chaque chose avec un esprit paternel, en évitant que des imprudences ne puissent être commises, en particulier dans le domaine de l'accueil des vocations sacerdotales ou religieuses, et de leur destination pastorale successive.

7. Vénérés et chers frères! Voici quelques-unes des réflexions qui me viennent spontanément à l'esprit après vous avoir rencontrés individuellement et avoir constaté la ferveur de la vie ecclésiale qui anime chacun - pasteurs, clergé, personnes consacrées et fidèles laïcs -, dans le but de pouvoir répondre toujours plus fidèlement à l'appel du Christ. Je vous encourage à poursuivre cet effort et je souhaite que votre labeur soit toujours soutenu par le réconfort de Dieu. J'invoque dans ce but la protection maternelle de Marie sur votre terre, appelée "Jardin de la Mère de Dieu".

Enfin, alors que je vous demande d'apporter à vos fidèles mon salut affectueux et l'assurance de mon souvenir constant dans le Seigneur, je vous donne, ainsi qu'à ceux qui sont confiés à votre attention pastorale, une Bénédiction apostolique spéciale.



À LA COMMUNAUTÉ DU GRAND SÉMINAIRE PONTIFICAL ROMAIN

Fête de la "Madone de la Confiance", Samedi 1er mars 2003



1. Notre rencontre traditionnelle à l'occasion de la fête de la "Madone de la Confiance", vécue avec beaucoup d'intensité et d'engagement par toute la famille spirituelle du Séminaire romain, a lieu cette année ici, au Vatican, dans la salle Paul VI. Très chers frères et soeurs, soyez tous et chacun les bienvenus!

Je salue d'abord le Cardinal-Vicaire et Mgr Pietro Fragnelli, qui se sont faits les interprètes des sentiments communs. Tout en les remerciant pour leurs paroles courtoises, je voudrais adresser à Mgr Fragnelli mes félicitations pour sa récente nomination comme Evêque de Castellaneta, en l'assurant de mon souvenir particulier dans la prière pour sa nouvelle mission ecclésiale. Dans le même temps, je salue le nouveau Recteur, Mgr Giovanni Tani, et je lui souhaite un ministère fructueux au sein du Séminaire et au service des vocations.

Je salue ensuite les anciens élèves du Séminaire romain, les évêques, les prêtres, ainsi que vous, garçons et filles de Rome, qui avez voulu prendre part à ce moment intense de réflexion et de partage fraternel. Je vous embrasse plus particulièrement, très chers séminaristes, vous qui êtes les principaux protagonistes de la célébration d'aujourd'hui. Je suis heureux qu'aux côtés des élèves du Séminaire romain soient ici présents, ce soir, les élèves du séminaire "Redemptoris Mater", du séminaire de la Madone "del Divino Amore" et plusieurs élèves du "Collegio Capranica".

2. Nous avons suivi avec émotion l'Oratorio composé par le très cher Maître, Mgr Marco Frisina, inspiré par la vie et le message de sainteté de Faustina Kowalska, témoin privilégié de la Divine Miséricorde. L'amour du Christ guérit les blessures du coeur humain, et transmet à la personne, à travers la Grâce, la vie même de Dieu.

Déjà dans le titre de cette composition musicale suggestive, que nous avons pu apprécier dans la belle exécution des séminaristes et du choeur diocésain, est proposée l'invocation désormais connue dans le monde entier: Jezu, ufam tobie - Jésus, je place ma confiance en toi!

Cet acte de confiance et d'abandon en l'amour de Dieu est simple mais profond. Il constitue un point d'appui fondamental pour l'homme, parce qu'il est capable de transformer la vie. Au cours des immanquables épreuves et difficultés de l'existence, comme dans les moments de joie et d'enthousiasme, placer sa confiance dans le Seigneur met l'âme en paix, conduit à reconnaître le primat de l'initiative divine et ouvre l'esprit à l'humilité et à la vérité.

Jezu, ufam Tobie. Jésus, je place ma confiance en toi! Des milliers et des milliers de personnes pieuses à travers le monde répètent cette invocation simple et suggestive.

C'est dans le coeur du Christ que celui qui est angoissé par les soucis de l'existence trouve la paix; que celui qui est affligé par la souffrance et par la maladie obtient le soulagement; que celui qui se sent étouffé par l'incertitude et par l'angoisse fait l'expérience de la joie, parce que le coeur du Christ est un abîme de consolation et d'amour pour qui recourt à Lui avec confiance.

3. Je sais qu'au cours des journées de préparation à la fête de la "Madone de la Confiance" qui a lieu aujourd'hui, vous vous êtes attachés à plusieurs reprises à réfléchir sur la nécessité de placer sa confiance en Jésus en toute circonstance. Il s'agit d'un chemin de foi fécond, que nous sommes invités à parcourir soutenus par Marie, Mère de la Divine Miséricorde.

A ce propos, retentissent dans mon esprit les paroles que Marie adressa aux serviteurs lors des noces de Cana: "Tout ce qu'il vous dira, faites-le" (Jn 2,5), des paroles qui incitent à placer sa confiance dans le Christ. C'est précisément à Lui que nous conduit la Sainte Vierge, Madone de la confiance.

Dans la récente Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, j'ai voulu rappeler combien il est important de se laisser conduire par cette extraordinaire Maîtresse de vie spirituelle, qui s'est dévouée avec une grande assiduité à la contemplation du visage du Christ, son Fils. Son regard est un regard pénétrant, "capable de lire dans l'intimité de Jésus jusqu'à en percevoir les sentiments cachés et à en deviner les choix, comme à Cana (cf. Jn 2,5)" (RVM 10). Avec Jésus, Marie a partagé les joies et les appréhensions, les attentes et les souffrances jusqu'au sacrifice suprême de la Croix; avec Lui, elle a ensuite partagé l'allégresse de la résurrection et, en prière avec les Apôtres au Cénacle, elle a attendu la descente de l'Esprit Saint.

4. Très chers jeunes garçons et jeunes filles! Laissez-vous guider par Marie qui, dans le Séminaire romain, coeur de notre diocèse, est vénérée sous le beau titre de "Madone de la Confiance". A son école, vous apprendrez l'art sublime de la confiance en Dieu. En suivant Marie, comme le fit sainte Faustina Kowalska, soeur Faustina, vous pourrez accomplir la volonté de Dieu, prêts à servir généreusement la cause de l'Evangile. Vous pourrez parcourir la route qui conduit à la sainteté, la vocation de tout chrétien. Vous serez ainsi de fidèles disciples du Christ.

Tel est mon souhait, chers jeunes amis, et je prie en ce sens, alors que je vous bénis de tout coeur, ainsi que vos éducateurs, vos familles et les personnes qui soutiennent l'activité du Séminaire romain et la pastorale des vocations du diocèse de Rome.

A la fin de son discours, avant de donner la Bénédiction conclusive, le Saint-Père a ajouté:

Avant de conclure ce discours, je voudrais encore revenir sur mon propre séminaire. Il s'agissait d'un séminaire "clandestin". Pendant la guerre, avec l'occupation nazie de la Pologne et de Cracovie, tous les séminaires avaient été fermés. Le Cardinal Sapieha, mon Evêque de Cracovie, avait organisé un séminaire "clandestin", et j'appartenais à ce "séminaire" clandestin, pour ainsi dire "des catacombes". Mon expérience est surtout liée à ce séminaire. D'autant plus aujourd'hui que nous sommes revenus par la mémoire à soeur Faustina. Soeur Faustina a vécu et repose à présent près de Cracovie, dans une localité qui se nomme Lagiewniki. Juste à coté de Lagiewniki se trouvait l'usine chimique Solvay, où j'ai travaillé comme ouvrier pendant les quatre années de guerre et d'occupation nazie. Jamais je n'aurais pu penser à cette époque où j'étais ouvrier qu'un jour, en tant qu'Evêque de Rome, j'aurais parlé de cette expérience aux séminaristes romains.

Cette expérience d'ouvrier et en même temps de séminariste "clandestin" m'a marqué pour toute la vie. A l'usine, pendant mon tour de huit heures, de jour comme de nuit, j'amenais avec moi quelques livres. Mes collègues ouvriers se sont un peu étonnés, mais pas scandalisés. Ils m'ont même dit: "Nous t'aiderons, tu peux même te reposer et nous essaierons de surveiller ton poste". Et c'est ainsi que j'ai pu également passer mes examens devant mes professeurs. Tout cela dans la clandestinité: philosophie, métaphysique... J'ai étudié la métaphysique tout seul et j'essayais de comprendre ses "catégories". Et j'ai compris. Même sans l'aide des professeurs, j'ai compris. Et en plus d'avoir réussi l'examen, j'ai pu constater que la métaphysique, la philosophie chrétienne, me donnait une nouvelle vision du monde, une connaissance plus profonde de la réalité. Auparavant, j'avais étudié les sciences humaines, liées à la littérature, à la langue. Avec la métaphysique et la philosophie, j'ai trouvé la clé, la clé d'une compréhension et d'une connaissance du monde. Une connaissance plus profonde, je dirais définitive.

Peut-être faudrait-il rappeler d'autres choses encore, mais l'on ne peut pas trop prolonger, malheureusement. Toutefois, je voulais ajouter cela, qui m'est venu à l'esprit pendant l'exécution musicale de l'Oratorio: "Toi qui es un séminariste "clandestin", tu dois parler aux séminaristes de Rome d'aujourd'hui de cette expérience qui est la tienne". Je remercie le Seigneur qui m'a fait vivre cette expérience extraordinaire et m'a également permis de parler de cette expérience du séminaire "clandestin", "des catacombes" aux séminaristes de Rome, après plus de cinquante ans. Et je pense que cela est un bel hommage à la "Madone de la Confiance", parce que pendant toutes ces années "de clandestinité", on vivait seulement grâce à cette confiance, la confiance en Dieu et en sa Mère. J'ai appris la confiance dans la Sainte Vierge, qui est la Patronne de votre séminaire. J'ai appris à avoir confiance surtout au cours des terribles années de la guerre et de la clandestinité. Merci.


AUX ÉVÊQUES D'ECOSSE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Mardi 4 mars 2003


  Chers frères évêques,

1. "A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ" (Rm 1,7). Avec une affection cordiale, je vous souhaite la bienvenue, Evêques d'Ecosse, à l'occasion de votre première visite ad limina Apostolorum de ce nouveau millénaire. Nos rencontres nous offrent l'opportunité d'affirmer encore une fois notre communion collégiale et d'approfondir les liens d'amour et de paix qui nous soutiennent et nous encouragent dans notre service à l'Eglise du Christ. Je m'unis à vous pour rendre grâce à Dieu pour la foi et le dévouement des prêtres, des diacres, des religieux et des laïcs que vous avez été appelés à guider dans l'amour et dans la vérité. Dans vos communautés locales, nous constatons la merveilleuse puissance de l'Esprit Saint, "celui-ci, au cours des siècles, a puisé au trésor de la Rédemption du Christ, donnant aux hommes la vie nouvelle, réalisant en eux l'adoption dans le Fils unique, les sanctifiant, de telle sorte qu'ils peuvent redire à la suite de saint Paul: "Nous avons reçu l'Esprit de Dieu" (1Co 2,12)" (Dominum et vivificantem DEV 53). C'est ce même Esprit qui nous guide vers la vérité tout entière (cf. Jn 16,13) et qui nous incite, en ce nouveau millénaire, à avancer à nouveau en eau profonde, soutenus par l'espérance qui "ne déçoit pas" (Rm 5,5).

2. Les rapports que vous avez communiqués de vos divers diocèses témoignent des nouvelles situations exigeantes qui représentent aujourd'hui des défis pastoraux pour l'Eglise. En effet, nous pouvons observer qu'en Ecosse, comme dans de nombreuses terres évangélisées depuis plusieurs siècles et imprégnées par le christianisme, la réalité d'une "société chrétienne" n'existe plus, c'est-à-dire d'une société qui, malgré les faiblesses et les manquements humains, considère l'Evangile comme la mesure explicite de sa vie et de ses valeurs. La civilisation moderne, bien qu'elle soit très développée d'un point de vue technologique, est souvent bloquée de l'intérieur par une tendance à exclure Dieu ou à le tenir à distance. C'est ce que, dans ma Lettre apostolique Tertio Millennio adveniente, j'ai défini comme une "crise de civilisation", une crise à laquelle il faut répondre par "la civilisation de l'amour, fondée sur les valeurs universelles de paix, de solidarité, de justice et de liberté, qui trouvent dans le Christ leur plein accomplissement" (TMA 52). La nouvelle évangélisation à laquelle j'ai invité toute l'Eglise (cf. Novo Millennio ineunte NM 40) peut se révéler un instrument très efficace pour contribuer à introduire cette civilisation de l'amour.

Bien évidemment, la nouvelle évangélisation, comme toute évangélisation chrétienne authentique, doit être caractérisée par l'espérance. En effet, c'est l'espérance chrétienne qui soutient la proclamation de la vérité libératrice du Christ, qui ravive les communautés de foi et enrichit la société par les valeurs de l'Evangile de la vie, qui affirme toujours la dignité de la personne humaine et qui promeut le bien commun. De cette façon, la vie chrétienne est elle-même ravivée et les initiatives pastorales sont plus facilement orientées vers leur unique but: la sainteté. En effet, la sainteté est un aspect intrinsèque et essentiel de l'Eglise: c'est à travers la sainteté que les individus et les communautés se configurent au Christ. Au moyen du Baptême, le croyant entre dans la sainteté de Dieu, car il est incorporé au Christ et transformé en demeure de son Esprit. La sainteté est donc un don, mais un don qui doit à son tour devenir une tâche, un devoir "qui doit gouverner toute l'existence chrétienne" (Novo Millennio ineunte NM 30). Elle est le signe d'une authentique "sequela Christi", réalisable par tous ceux qui désirent vraiment suivre le Christ de tout leur coeur, de tout leur esprit et de toute leur âme (cf. Mt 22,37).

3. Le concept de sainteté ne doit pas être considéré comme quelque chose d'extraordinaire, quelque chose qui sort du cadre de la vie quotidienne normale. En effet, Dieu appelle son peuple à vivre une vie sainte dans les circonstances communes dans lesquelles il se trouve: à la maison, dans la paroisse, au travail, à l'école ou sur le terrain de jeu. Il y a beaucoup de choses dans la société qui attirent les personnes - parfois de façon intentionnelle - les éloignant de la recherche difficile, mais profondément satisfaisante, de la sainteté. La formation de votre troupeau à une sainteté pratique et joyeuse, dans le contexte d'une spiritualité solide et théologiquement préparée, doit donc être l'une de vos priorités pastorales (cf. Congrégation pour le Clergé, Instruction Le prêtre, pasteur et guide de la communauté paroissiale, n. 28). Elle exige la participation active de tous les secteurs de la vie diocésaine. Le travail accompli par les prêtres, les diacres, les religieux et les laïcs, dans les paroisses et dans les écoles, ainsi que dans les domaines de l'assistance sociale, représente une précieuse contribution pour parvenir à cette sainteté de vie à laquelle tous les fidèles sont appelés. Il pourrait être particulièrement utile de solliciter la participation active des communautés religieuses monastiques et des autres communautés de vie consacrée, dans le cadre de leurs charismes et apostolats spécifiques, en particulier dans les projets visant à la formation des jeunes sur la voie de la sainteté.

4. Un aspect important de la nouvelle évangélisation est l'exigence, profondément ressentie, de l'évangélisation de la culture. Les cultures humaines ne sont pas statiques en elles-mêmes, mais en constante évolution à travers les contacts que les peuples ont entre eux et les nouvelles expériences qu'ils partagent. C'est la culture des valeurs qui permet à une culture de survivre et de se développer. Le contexte culturel lui-même imprègne la vie de la foi chrétienne, qui contribue à son tour à modeler ce contexte. Les chrétiens sont donc appelés à apporter la vérité immuable de Dieu à chaque culture. Et comme "le peuple des baptisés se distingue par une universalité qui sait accueillir toute culture", il faut aider les fidèles à promouvoir ce qui est implicite dans les cultures différentes "vers la pleine explication dans la vérité" (Fides et ratio FR 71).

Dans les sociétés où la foi et la religion sont vues comme quelque chose qui devrait se limiter à la sphère privée, et qui n'a donc pas sa place dans la vie publique ou le débat politique, il est souvent encore plus important que le message chrétien soit compris clairement pour ce qu'il est: la Bonne Nouvele de vérité et d'amour qui rend les hommes et les femmes libres. Lorsque les fondements d'une culture spécifique reposent sur le christianisme, la voix du christianisme ne peut pas être réduite au silence sans appauvrir gravement cette culture. En outre, si la culture est le contexte dans lequel l'individu se transcende lui-même, alors le fait d'ôter l'Absolu de ce contexte, ou de le mettre de côté comme étant sans importance, conduit à une dangereuse fragmentation de la réalité ou provoque une crise, car la culture ne sera plus en mesure de présenter aux jeunes générations la source de signification et de sagesse que celles-ci, en dernière analyse, recherchent. C'est pourquoi les chrétiens devraient être unis en diakonia avec la société: dans un authentique esprit de coopération oecuménique, avec votre participation active, les disciples du Christ ne doivent jamais cesser de manifester dans chaque domaine de la vie - public et privé - la lumière avec laquelle l'enseignement du Seigneur illumine la dignité de la personne humaine.

Telle est la lumière de la vérité qui dissipe les ténèbres de l'intérêt égoïste et de la corruption sociale, la lumière qui illumine le chemin d'un juste développement économique pour tous. Et les chrétiens ne sont pas seuls dans la tâche de faire resplendir toujours davantage cette lumière dans la société. Vos communautés catholiques, avec les hommes et les femmes d'autres croyances religieuses et les personnes de bonne volonté, avec lesquelles elles partagent des valeurs et des principes communs, sont appelées à travailler pour le progrès de la société et pour la coexistence pacifique des peuples et des cultures. C'est pourquoi l'engagement et la collaboration interreligieux sont également un moyen important pour servir la famille humaine. En effet, là où on ne permet pas à la lumière de la vérité de resplendir dans les débats publics, les erreurs et les illusions se multiplient facilement et arrivent souvent à dominer dans les décisions concernant les orientations à suivre. Cette situation apparaît encore plus évidente lorsque ceux qui ont perdu ou abandonné la foi en Dieu attaquent la religion: il peut apparaître une nouvelle forme de sectarisme, ce qui est aussi amer que tragique, ajoutant un élément supplémentaire de divisions dans la société.

5. Dans la tâche de la nouvelle évangélisation, les jeunes sont sans doute le groupe à l'égard duquel vous désirez être le plus attentifs et le plus présents. Ce sont eux la nouvelle génération de bâtisseurs qui répondront à l'aspiration de l'humanité à une civilisation de l'amour caractérisée par la liberté véritable et la paix authentique. Au cours de la Journée mondiale de la Jeunesse de l'année dernière, à Toronto, je leur ai confié cette tâche avec confiance et je vous encourage à faire la même chose, en leur fournissant toute l'aide possible pour affronter ce défi. Je suis heureux de constater dans vos rapports que les jeunes d'Ecosse font preuve d'un grand enthousiasme à l'égard de leur foi et d'un désir toujours croissant de vous rencontrer et de travailler avec vous, leurs évêques. L'Eglise, en tant que mater et magistra, doit les guider vers une connaissance et une expérience toujours plus complète dans la foi en Jésus de Nazareth: en effet, seul le Christ est la pierre d'angle et le fondement sûr de leur vie; Lui seul leur permet d'embrasser pleinement le "mystère" de leur propre vie (cf. Fides et ratio FR 15).

Les forces puissantes des moyens de communication sociale et de l'industrie des divertissements sont largement adressées aux jeunes, qui sont la cible d'idéologies opposées qui cherchent à conditionner et influencer leurs attitudes et leurs actions. Une grande confusion s'établit, alors que les jeunes sont encerclés par le relativisme moral et par l'indifférence religieuse. Comment peuvent-ils affronter l'interrogation de la vérité et les exigences de cohérence dans leur comportement moral si la culture moderne leur enseigne à vivre comme si les valeurs absolues n'existaient pas, ou les invite à se contenter d'une vague religiosité? La perte diffuse de la signification transcendante de l'existence humaine conduit à l'échec dans la vie morale et sociale. Votre tâche, chers frères, est de montrer l'immense importance pour les hommes et les femmes d'aujourd'hui - et pour les plus jeunes générations - de Jésus et de son Evangile: car c'est là que les aspirations et les exigences humaines les plus profondes trouvent leur accomplissement. Le message salvifique de Jésus-Christ doit être à nouveau écouté dans toute sa fraîcheur et sa force, afin de pouvoir être pleinement vécu et goûté!

6. En parlant de la nouvelle évangélisation, nous ne présentons pas un "nouveau programme", mais nous reprenons encore une fois l'appel de l'Evangile contenu dans la Tradition vivante de l'Eglise. Toutefois, la revitalisation de la vie chrétienne exige des initiatives pastorales adaptées aux circonstances concrètes de chaque communauté, construites sur le dialogue et modelées par la participation des divers secteurs du saint peuple de Dieu. L'effort commun de la part des évêques, des prêtres, des diacres, des religieux et des laïcs est essentiel pour affronter des questions très préoccupantes, non seulement pour l'Eglise, mais également pour toute la société écossaise. Le mariage et la vie familiale représentent deux domaines dans lesquels cette collaboration est non seulement souhaitable, mais également nécessaire: à ce propos, je suis heureux d'apprendre la prochaine rencontre entre les évêques d'Ecosse et plusieurs organisations engagées dans ces domaines. Une autre question, à propos de laquelle les forces conjointes de tous les fidèles se démontreront particulièrement précieuses, est l'accueil que vos communautés peuvent réserver aux réfugiés et aux demandeurs d'asile, en particulier à travers des programmes qui visent à l'assistance, à l'éducation et à l'intégration sociale. De même, le processus de con-sultation et de planification que vous avez lancé à propos de la question des séminaires écossais démontre l'importance d'une approche unie pour affronter les questions urgentes relatives à l'Eglise au niveau national, diocésain ou local.

7. La formation sacerdotale demeure naturellement l'une de vos plus grandes priorités. Il est fondamental que les candidats au sacerdoce soient solidement enracinés dans un rapport de profonde communion et amitié avec Jésus-Christ le Bon Pasteur (cf. Pastores dabo vobis PDV 42). Sans ce rapport personnel, au moyen duquel nous parlons "coeur à coeur avec notre Seigneur" (Instruction Le prêtre, pasteur et guide de la communauté paroissiale, n. 27), la recherche de la sainteté, qui caractérise la prêtrise, entendue comme vie d'intimité avec Dieu, serait absente et non seulement lui, mais la communauté tout entière, s'en verraient appauvris. Aujourd'hui, plus que jamais, l'Eglise a besoin de prêtres saints, dont le chemin de conversion quotidienne inspire chez les autres le désir de rechercher cette sainteté que tout le Peuple de Dieu est appelé à rejoindre (cf. Lumen gentium LG 39). Les hommes qui se forment au sacerdoce, du fait qu'ils se préparent à être des instruments et des disciples du Christ, le Prêtre éternel, doivent donc recevoir un soutien dans la recherche d'une vie vraiment caractérisée par la pauvreté, la chasteté et l'humilité, à l'imitation du Christ, Prêtre Suprême éternel, dont ils doivent devenir des icônes vivantes (cf. Pastores dabo vobis PDV 33).

Dans ce même contexte, nous pouvons observer que la formation permanente du clergé est à juste titre considérée comme une partie intégrante de la vie sacerdotale. Dans mon Exhortation apostolique post-synodale Pastores dabo vobis, j'ai déjà commenté et à nouveau présenté l'invitation du Concile Vatican II à une formation après le séminaire (cf. Optatam totius OT 22). Sans répéter ce que j'ai déjà dit dans ce document, je désire souligner que "la formation permanente des prêtres, diocésains ou religieux, est le prolongement naturel et tout à fait nécessaire du processus de structuration de la personnalité sacerdotale" (PDV 71). Je vous exhorte à toujours considérer vos prêtres comme des "fils et des amis" (Christus Dominus CD 16) et à avoir à coeur leur bien-être sous les aspects humains, spirituels, intellectuels et pastoraux de leur vie sacerdotale: soyez proches d'eux, écoutez-les et encouragez-les à la fraternité et à l'amitié mutuelle.

8. Chers frères, voilà donc plusieurs réflexions suscitées par votre visite auprès des tombes des Apôtres. Tout en rendant grâce, je partage avec affection ces réflexions avec vous et j'encourage chacun de vous dans son rôle de "vrai père" pour votre peuple, à l'image du Bon Pasteur qui "connaît ses brebis et que ses brebis connaissent" (cf. Jn 10,14). Je vous assure de mes prières alors que "vous proclamez la parole, à temps et à contretemps, réfutant, exhortant, avec une patience inlassable et le souci d'instruire" (cf. 2Tm 4,2). Votre devoir sublime est de proclamer la Bonne Nouvelle de salut de Jésus-Christ: accomplissez cette tâche avec la conscience que l'Esprit Saint continue toujours à vous guider et à vous illuminer. Le message d'espérance et de vie que vous annoncez ne manquera pas de susciter une nouvelle ferveur et un engagement renouvelé pour la vie chrétienne en Ecosse. En cette année du Rosaire, je vous confie à Marie, "Etoile de la Nouvelle Evangélisation", afin qu'elle soutienne votre sagesse pastorale, qu'elle vous renforce et fasse brûler dans vos coeurs l'amour et la compassion. Je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux prêtres, aux religieux et aux fidèles laïcs de vos diocèses, ma Bénédiction apostolique.




Discours 2003 - Lundi 24 février 2003