Discours 2003 - Samedi 5 avril 2003


À UNE DÉLÉGATION OECUMÉNIQUE DE SAN FRANCISCO (ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE)

Lundi 7 avril 2003


Cher Monseigneur Levada,
chers frères et soeurs dans le Christ,

Je suis heureux de saluer votre délégation oecuménique de catholiques, de grecs-orthodoxes et d'anglicans de la région de San Francisco. Ce pèlerinage, qui coïncide avec le 150 anniversaire de la fondation de l'archidiocèse de San Francisco, témoigne de votre engagement en vue de la croissance de l'unité chrétienne, à travers le dialogue sincère, la prière commune et la coopération fraternelle au service de l'Evangile.

Je souhaite que votre visite dans cette ville, bénie par les tombeaux des Apôtres Pierre et Paul et la mémoire des premiers martyrs, renforce votre amour de Jésus-Christ et votre zèle en vue de la diffusion de son Royaume. A une époque de conflit et de graves tensions dans notre monde, je prie afin que votre témoignage du message de l'Evangile de réconciliation, de solidarité et d'amour constitue un signe d'espérance et une promesse d'unité pour une humanité renée et renouvelée dans la grâce du Christ. Sur vous et sur vos communautés, j'invoque de tout coeur une abondance de Bénédictions divines.



AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE, S.E. M. EDUARDO ALBERTO DUHALDE

Lundi 7 avril 2003



1. Je vous remercie vivement du précieux texte que, en raison de votre visite au Siège du Successeur de l'Apôtre saint Pierre et avant de conclure votre mandat présidentiel, vous avez eu la gentillesse de me remettre, pour me transmettre la reconnaissance et l'affection du bien-aimé peuple argentin. A travers votre présence ici aujourd'hui, vous désirez sans aucun doute exprimer la sincère gratitude de vos conci-toyens pour la contribution du Saint-Siège au service du progrès, de la paix, de la justice et de la dignité de la personne humaine.

2. L'Eglise a toujours accompagné par sa présence et sa proximité le chemin des Argentins. En particulier à travers la généreuse oeuvre apostolique des Pasteurs de cette terre bien-aimée, elle les a encouragés, surtout par l'annonce de la Parole du Seigneur et la diffusion des grandes valeurs évangéliques, à affronter avec courage et confiance les défis du moment présent.

Dans ma sollicitude pour toute l'Eglise, connaissant les grandes difficultés qu'il faut affronter chaque jour, je suis avec intérêt les vicissitudes de la nation argentine, en ce moment si difficile de l'histoire où les événements dramatiques que nous vivons nous rappellent à tous, et en particulier à ceux qui ont la tâche difficile de diriger le destin des peuples, la responsabilité que nous avons face à Dieu et à l'histoire dans l'édification d'un monde de paix et de bien-être spirituel et matériel.

3. Me tournant vers l'Argentine, je forme des voeux afin que le patrimoine de la doctrine sociale de l'Eglise continue à être un instrument précieux d'orientation pour surmonter les problèmes qui font obstacle à l'édification d'un ordre plus juste, plus fraternel et plus solidaire. L'Eglise, témoin de l'espérance, est toujours disposée à servir d'instrument de conciliation et d'entente entre les divers secteurs qui composent le tissu social, afin que chacun d'eux puisse coopérer efficacement et activement à la résolution des difficultés. Il s'agit d'un dialogue qui, excluant tout type de violence dans ses diverses manifestations, aide à atténuer les problèmes qui affligent tout d'abord les couches les moins favorisées de la société, contribuant ainsi à construire, avec la collaboration de tous, un avenir plus digne et plus humain. Derrière les situations d'injustice, il existe toujours un grave désordre moral, qui ne s'améliore pas en appliquant uniquement des mesures techniques, plus ou moins adaptées, mais également et surtout en promouvant de façon résolue un ensemble de réformes qui favorisent les droits et les devoirs de la famille comme base naturelle et irremplaçable de la société. On doit également donner une impulsion aux projets de défense et de développement en faveur de la vie qui tiennent compte de la dimension éthique de la personne, de sa conception jusqu'à sa mort naturelle.

4. La foi catholique, dont la présence sur cette terre remonte aux débuts du XVI siècle, représente l'une de ses richesses. Au cours de cette histoire séculaire, l'Eglise qui est en pèlerinage parmi votre peuple a produit des fruits abondants de vie à travers l'oeuvre d'hommes et de femmes aux vertus reconnues, tels que la Bienheureuse Mère Cabanillas, que j'ai eu l'honneur d'élever à la gloire des autels l'année dernière, et de nombreux chrétiens qui se sont prodigués inlassablement pour proclamer l'Evangile comme un service au bien intégral de l'être humain. Les profondes racines catholiques qui forment le patrimoine spirituel de la Nation et qui se manifestent dans la culture, dans l'histoire et dans certains textes législatifs, ont laissé leur empreinte dans les principes fondamentaux de la Constitution de votre pays, garantissant dans le même temps le respect légitime de la liberté religieuse. L'Argentine a toujours donné la preuve, digne de reconnaissance, de savoir accueillir en son sein des personnes de toute race et de toute croyance, qui ont trouvé, de La Quiaca à la Terre de Feu et des grandes villes et peuples andins à ceux des côtes de l'Atlantique, un lieu de coexistence pacifique et harmonieuse.

5. J'encourage tous les Argentins sans exception à aller de l'avant dans la recherche du chemin qui conduit à la concorde, sans oublier que celui-ci ne peut pas faire abstraction de la sauvegarde des droits fondamentaux de la personne humaine. De même, j'encourage chacun à travailler inlassablement à l'édification d'une société qui offre les mêmes opportunités à tous et qui dissipe toute ombre de discrimination parmi ses membres, en ne succombant jamais aux principes matérialistes qui aveuglent les consciences et endurcissent les coeurs. En cette période difficile que vivent les relations internationales, nous devons rappeler que c'est seulement de l'Evangile que des principes de paix authentique et durable pourront tirer leur inspiration.

Je demande à Dieu que la nation argentine, en avançant sur les voies de l'unité et de la solidarité effective, puisse atteindre dans un proche avenir la prospérité à laquelle aspirent ses enfants, après avoir traversé une profonde crise. Que ceux qui exercent des responsabilités gouvernementales, dans la vie politique, administrative et judiciaire, ainsi que les experts des diverses sciences sociales, définissent et s'engagent à mener à bien les réformes nécessaires, afin que personne ne soit privé des biens indispensables pour croître en tant que personne et citoyen! Qu'ils prêtent une attention particulière aux secteurs les moins favorisés de la société, les pauvres en général et les chômeurs, les retraités et les jeunes, sans oublier ceux qui pour des raisons évidentes doivent franchir la frontière et émigrer dans d'autres pays à la recherche d'un avenir meilleur! Les Argentins, plaçant leur confiance en Dieu et comptant également sur l'aide de la Communauté internationale, doivent être les principaux acteurs et artisans d'une histoire nationale sereine et prometteuse pour tous.

6. Monsieur le Président, lors de votre retour dans votre pays, transmettez à vos concitoyens le salut cordial du Pape, en les assurant de sa prière. En invoquant la protection de la Mère des Argentins, Nuestra Señora de Luján, je vous bénis tous avec une grande affection.



LE SAINT-PÈRE RENCONTRE LES JEUNES DE ROME ET DU LATIUM EN PRÉPARATION À LA XVIII JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

Jeudi 10 avril 2003



Très chers jeunes!

1. Cette année également, nous nous retrouvons pour une Rencontre de prière et de fête, à l'occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse. La JMJ.

Je salue le Cardinal-Vicaire, que je remercie des paroles qu'il m'a adressées au début de la rencontre, je salue les autres cardinaux et évêques présents, ainsi que vos prêtres et éducateurs. Je salue les jeunes qui m'ont parlé au nom des autres et qui m'ont offert aussi des dons significatifs, ainsi que chacun de vous, très chers jeunes garçons et filles de Rome et des diocèses du Latium, qui êtes réunis ici. Je salue aussi la pluie qui nous a accompagnés fidèlement, puis a cessé un peu, mais qui semble revenir.

Je salue en outre les participants à la Rencontre sur les Journées mondiales de la Jeunesse promue par le Conseil pontifical pour les Laïcs et avec eux, les délégations des jeunes de Toronto et de Cologne, les artistes et les témoins qui accompagnent aujourd'hui ce moment.



2. "Voici ta Mère!" (Jn 19,27). Telles sont les paroles de Jésus que j'ai choisies comme thème pour cette XVIII Journée mondiale de la Jeunesse.

Lorsque l'"Heure" est venue, de la croix, Jésus confie au disciple Jean, Marie, sa Mère, faisant d'elle, à travers le disciple préféré, la Mère de tous les croyants, la Mère de nous tous.Voilà, dit Jésus à chacun de nous, Marie, ma Mère, devient à partir d'aujourd'hui également ta Mère!

Demandons-nous: qui est cette Mère? Pour mieux le comprendre, je vous conseillerais de relire, en cette Année du Rosaire, le merveilleux chapitre VIII de la Constitution dogmatique Lumen gentium du Concile Vatican II. Marie "apporta à l'oeuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C'est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l'ordre de la grâce, notre Mère" (LG 61). Et cette maternité surnaturelle continuera jusqu'au retour glorieux du Christ.

Certes, Lui, Jésus-Christ, est l'unique Rédempteur. Lui seul est l'unique Médiateur entre Dieu et les hommes! Toutefois, - comme l'enseigne le Concile - Marie coopère et participe à son oeuvre de salut. Elle est donc une Mère pour laquelle nous devons avoir une profonde et véritable dévotion, une dévotion profondément christocentrique, et même enracinée dans le Mystère trinitaire de Dieu lui-même.

3. ""Voici ta Mère!". Dès cette heure-là, - poursuit l'Evangile - le disciple l'accueillit chez lui" (Jn 19,27).

Accueillir Marie dans sa propre maison, dans sa propre existence, est le privilège de chaque fidèle. Cela l'est surtout dans les moments difficiles, comme le sont également ceux que vous aussi, chers jeunes, vivez parfois en cette période de votre vie. Je me rappelle que, pour moi, ce moment fut lorsque j'étais jeune et que je travaillais dans une usine chimique, j'ai trouvé ces paroles: Totus Tuus. Et avec la force de ces paroles j'ai pu cheminer à travers la terrible guerre, la terrible occupation allemande puis également à travers les autres expériences difficiles d'après-guerre. La possibilité d'accueillir Marie dans notre propre maison, dans notre propre existence, est offerte à chacun de nous.

Aujourd'hui, pour cette raison, je veux vous confier à Marie. Très chers amis, je vous le dis par expérience, ouvrez-Lui les portes de votre existence! N'ayez pas peur d'ouvrir grand les portes de votre coeur au Christ, à travers Celle qui veut vous conduire à Lui, afin que vous soyez sauvés du péché et de la mort! Elle vous aidera à écouter sa voix et à dire oui à chaque projet que Dieu a pour vous, pour votre bien et pour celui de l'humanité tout entière.

4. Je vous confie à Marie, tandis que vous êtes déjà, par l'esprit, en marche vers la Journée mondiale de la Jeunesse de Cologne. Les jeunes de Toronto viennent d'apporter sur ce parvis la Croix de l'Année Sainte. De Toronto à Cologne, la Croix qu'ils remettront dimanche prochain, Dimanche des Rameaux, à leurs amis de Cologne. Deux jeunes de Rome, quant à eux, ont apporté sous la Croix l'Icône de Marie, qui a veillé sur les "sentinelles du matin" de Tor Vergata au cours de l'inoubliable Journée mondiale de la Jeunesse de l'an 2000. Tor Vergata! Pour qu'il demeure également toujours visiblement évident que Marie est une Mère très puissante qui nous conduit au Christ, je souhaite que dimanche prochain, avec la croix, les jeunes de Cologne reçoivent également cette Icône de Marie et qu'avec la Croix, celle-ci voyage dorénavant à travers le monde pour préparer les Journées de la Jeunesse.

Tandis que vous attendez de rencontrer les jeunes du monde entier à Cologne, demeurez avec Marie dans un climat de prière et d'écoute intérieure du Seigneur. Pour cette raison, je souhaite également que cette Journée soit dès aujourd'hui préparée à travers une prière constante qui devra s'élever de toute l'Eglise et, en particulier, en Italie, de quatre lieux significatifs: le Sanctuaire marial de Lorette et celui de la Madone du Rosaire de Pompéi; ici, à Rome, le Centre de jeunes San Lorenzo, qui depuis vingt ans, à quelques pas de la basilique Saint-Pierre, accueille les jeunes pèlerins au tombeau de saint Pierre, et l'Eglise "Sant'Agnese in Agone", Place Navone, où depuis l'Année Sainte 2000, chaque jeudi soir, les jeunes peuvent trouver une oasis de prière devant l'Eucharistie et la possibilité de s'approcher du sacrement de la Confession.

5. En pensant dès à présent à la Journée mondiale de Cologne, je désire remercier Dieu, une fois de plus, pour le don des Journées mondiales de la Jeunesse. Au cours de ces vingt-cinq ans de pontificat, j'ai eu la grâce de rencontrer les jeunes de chaque partie du monde, surtout à l'occasion de ces Journées. Chacune d'entre elles a été un "laboratoire de la foi" où l'on a rencontré Dieu et l'homme, où chaque jeune a pu dire: "Tu es, ô Christ, "mon Seigneur et mon Dieu"!". Elles ont été de véritables écoles de croissance dans la foi, de vie ecclésiale, de réponse à la vocation.

Et nous pouvons également certainement dire que chaque Journée a été marquée par l'amour maternel de Marie, dont la sollicitude tendre et maternelle de l'Eglise pour la régénération des jeunes a été une image éloquente. Voilà la pluie qui revient! La pluie revient et nous les jeunes nous t'aimons, pluie!

6. "Voici ta Mère" (Jn 19,27). Regina Pacis! Reine de la Paix! Répondre à cette invitation en accueillant Marie dans votre maison signifiera également vous engager pour la paix. Marie, Regina Pacis, est en effet une Mère et comme toute Mère, elle n'a qu'un désir pour ses enfants: les voir vivre dans la sérénité et l'harmonie entre eux. En ce moment tourmenté de l'histoire, tandis que le terrorisme et les guerres menacent la concorde entre les hommes et les religions, je désire vous confier à Marie, afin que vous deveniez promoteurs de la culture de la paix, aujourd'hui plus que jamais nécessaire.

Nous fêterons demain le quarantième anniversaire de la publication de l'Encyclique Pacem in terris du Bienheureux Jean XXIII. Ce n'est qu'en nous engageant à édifier la paix sur les quatre piliers de la vérité, de la justice, de l'amour et de la liberté - comme nous l'enseigne Pacem in terris - qu'il sera possible de relancer la coopération entre les nations et d'harmoniser les intérêts divers et opposés des cultures et des institutions. Regina Pacis, ora pro nobis! Encore quelques mots et je vous laisse aller! Encore un mot et ce mot concerne le Rosaire.



7. "Douce chaîne qui nous lie à Dieu". Portez-la toujours avec vous! Le Rosaire, récité avec une dévotion intelligente, vous aidera à assimiler le mystère du Christ pour apprendre de Lui le secret de la paix et en faire un projet de vie.

Loin d'être une échappatoire aux problèmes du monde, le Rosaire vous poussera à les analyser d'un oeil responsable et généreux et vous aidera à trouver la force pour y revenir avec la certitude de l'aide de Dieu et la ferme intention de témoigner en toute circonstance de la "charité, qui est le lien de la perfection" (Col 3,14) (cf. Rosarium Virginis Mariae RVM 40).

Avec ces sentiments, je vous exhorte à poursuivre votre chemin de vie, sur lequel je vous accompagne par mon affection et avec ma Bénédiction. Ce matin, j'ai célébré la Messe avec l'intention d'obtenir la Bénédiction de Dieu sur cette rencontre avec les jeunes de Rome et du Latium.


Totus tuus!


Le Pape Jean-Paul II confie les jeunes à la Vierge


 

"Voici ta Mère!" (Jn 19,27).
C'est Jésus, ô Vierge Marie, qui, de la croix,
a voulu nous confier à Toi,
non pour atténuer, mais pour confirmer
son rôle exclusif de Sauveur du monde.

Si à travers le disciple Jean
tous les fils de l'Eglise t'ont été confiés,
j'ai d'autant plus plaisir à Te voir confiés, ô Marie,
les jeunes du monde.
A toi, douce Mère, dont j'ai toujours ressenti la protection,
je les confie à nouveau ce soir.
Sous ton manteau, sous ta protection,
ils cherchent refuge.
Toi, Mère de la grâce divine,
fais-les resplendir de la beauté du Christ!

Ce sont les jeunes de ce siècle,
qui à l'aube du nouveau millénaire,
vivent encore les tourments dérivant du péché,
de la haine, de la violence,
du terrorisme et de la guerre.
Mais ce sont également les jeunes
vers lesquels l'Eglise se tourne avec confiance consciente que,
avec l'aide de la grâce de Dieu ils réussiront à croire et à vivre
en témoins de l'Evangile dans l'aujourd'hui de l'histoire.

O Marie,
aide-les à répondre à leur vocation.
Guide-les vers la connaissance de l'amour véritable
et bénis ceux qu'ils aiment.
Soutiens-les dans les moments de souffrance.
Fais d'eux des annonciateurs courageux du salut du Christ
le jour de Pâques: Paix à vous!
Avec eux, je me confie moi aussi encore une fois à Toi
et avec une affection pleine de confiance je te répète:
Totus tuus ego sum! Je suis tout à toi!

Et chacun d'eux s'exclame également avec moi:
Totus tuus!
Totus tuus!

Amen.


AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES SOEURS DES PAUVRES DE SAINTE CATHERINE

Vendredi 11 avril 2003




Très chères Soeurs des Pauvres!

1. C'est avec joie que je vous accueille à l'occasion du Chapitre général de votre Institut. A toutes et à chacune, je souhaite une cordiale bienvenue, avec une pensée spéciale pour la Supérieure générale et pour son Conseil. J'étends mon salut à toute votre famille religieuse, qui se consacre à la diffusion de l'Evangile de la Charité en particulier parmi les pauvres.

Toute assemblée capitulaire constitue pour les Ordres et les Congrégations un moment important de réflexion et de relance dans l'action spirituelle et missionnaire, car, d'une certaine façon, il s'agit d'un retour en esprit à ses propres origines afin de se projeter de façon encore plus courageuse vers de nouveaux objectifs apostoliques.

Chères soeurs, c'est également ce que vous avez souhaité faire au cours du présent Chapitre général, dociles aux inspirations de l'Esprit et attentives aux "signes" des temps. Le riche héritage charismatique, que la bienheureuse Savina Petrilli vous a laissé, représente un "talent" providentiel à faire fructifier dans l'Eglise et pour le monde.

2. Votre Fondatrice, que le Seigneur m'a accordé de béatifier il y a quinze ans, se consacra à Dieu et à ses frères les plus démunis, en s'inspirant des quatre grands amours de sainte Catherine: l'Eucharistie, le Crucifié, l'Eglise et les pauvres. Toujours prête à se pencher sur les nécessités de ses frères, elle n'hésita pas à se rendre, il y a cent ans, sur le continent latino-américain. En suivant son sillage lumineux, ses filles spirituelles étendirent ensuite la présence de la Congrégation également en Asie.

Le thème du Chapitre général: "Un don à donner, le visage charismatique de la Soeur des pauvres", souligne l'urgence de poursuivre cette action spirituelle et missionnaire, sans jamais perdre de vue l'intuition charismatique de la bienheureuse Savina Petrilli. Etre une Soeur des Pauvres - observait-elle - comporte l'engagement à ne jamais abandonner "ces pauvres que Dieu nous donna pour frères" (Directoire, p. 15), car "ils doivent nous être chers et c'est à eux en particulier que nous devons accorder notre prédilection, notre faveur, notre coeur, toutes nos facultés, notre action" (ibid., p. 1006). Cet amour - ajoutait la bienheureuse Savina - "sera notre gloire et la source d'où jailliront toujours pour l'Institut les bénédictions du ciel, car celui qui a miséricorde du pauvre donne encore davantage au Seigneur" (ibid. p. 1007).

3. Reconnaître le visage du Christ sur celui de chaque indigent: voilà l'enseignement que la Fondatrice vous répète aujourd'hui, en rappelant comme elle le faisait souvent avec ses premières consoeurs, que "rien n'est trop pour Jésus" et que "le coeur humain résiste à tout, à l'exception de la bonté". La Soeur des Pauvres sait qu'elle doit éduquer son coeur à l'amour, en apprenant à "se sacrifier et à être sacrifiée sans se plaindre", en tendant à l'héroïsme de la charité, disponible et accueillante envers chaque personne, quelle que soit la pauvreté dont elle est affligée.

Très chères soeurs, tout en unissant "la contemplation à l'action", poursuivez votre service ecclésial, qui fleurit à partir de la prière comme "la fleur de sa racine".

A notre époque, il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer la primauté de l'écoute de Dieu et de la contemplation, comme vous avez eu soin de le faire au cours des travaux du Chapitre. Si Jésus vit en vous, ce sera précisément cette intimité avec Lui qui empêchera que ne se produise une fracture entre l'expérience spirituelle et les oeuvres, qu'il faut toujours adapter aux nouvelles exigences des temps.

Il faut non seulement répondre aux besoins matériels des personnes, mais ne jamais perdre de vue l'annonce explicite de l'Evangile, se rappelant ce qu'affirmait la Fondatrice: "Celui qui ne peut pas donner Dieu ne doit rien donner à son prochain; et ce n'est pas de la charité que de lui donner quelque chose au lieu du Créateur".

Chères Soeurs, un vaste champ d'action s'ouvre à vous: ayez soin de vous y préparer par une formation constante et adaptée. Que vous accompagne et vous soutienne la Sainte Vierge et que vous protègent sainte Catherine et la bienheureuse Savina Petrilli. Je vous assure de ma prière, alors que je vous bénis avec affection, ainsi que toute votre famille religieuse.



AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE INTERNATIONALE "UNIV 2003"

Lundi 14 avril 2003


  Très chers jeunes!

1. Je suis heureux de vous accueillir cette année encore, vous tous qui suivez les activités de formation chrétienne promues par la Prélature de l'Opus Dei dans de très nombreux pays du monde. Vous êtes réunis à Rome pour y vivre la Semaine Sainte et pour participer à la rencontre internationale de l'UNIV: je vous salue chaleureusement et je souhaite que ces journées romaines soient l'occasion d'une rencontre renouvelée avec Jésus et d'une profonde expérience ecclésiale.

Vous avez choisi pour thème de votre Congrès universitaire: "Construire la paix au XXI siècle".Il s'agit d'un thème plus que jamais actuel en ces mois au cours desquels nous sommes préoccupés non seulement par la situation en Irak, mais par beaucoup d'autres foyers de violence et de guerre, qui se sont également allumés sur d'autres continents. Tout cela rend d'autant plus urgente une véritable éducation à la paix.

2. Pour les croyants, la première action, et la plus fondamentale, en faveur de la paix est la prière, car la paix est un don de l'amour de Dieu.

Hier, Dimanche des Rameaux, a été célébrée, dans tous les diocèses, la Journée mondiale de la Jeunesse.Dans le Message que j'ai adressé aux jeunes à cette occasion, je leur ai demandé, en cette époque menacée par la violence, par la haine et par la guerre, de s'engager à témoigner que Jésus est Celui qui peut donner la véritable paix au coeur de l'homme, aux familles et aux peuples de la terre.

Les quatre piliers sur lesquels doit reposer la paix sont la vérité, la justice, l'amour et la liberté, comme l'a enseigné le bienheureux Jean XXIII dans l'Encyclique Pacem in terris, dont nous avons célébré il y a quelques jours le quarantième anniversaire (cf AAS 55 [1963] 265-266).

3. Pour être des bâtisseurs de paix, il faut tout d'abord vivre dans la vérité. Vous, les jeunes, ayez le courage de vous poser des questions sincères sur le sens de la vie; forgez-vous une rectitude limpide de pensée et d'action, de respect et de dialogue avec les autres. Ayez, en premier lieu, cette relation vraie avec Dieu, qui exige la conversion personnelle et l'ouverture à son mystère. L'homme ne se comprend lui-même que dans sa relation avec Dieu, qui est plénitude de vérité, de beauté et de bonté. Saint Josemaría Escrivá observe: "Certains essaient d'instaurer la paix dans le monde en oubliant de mettre l'amour de Dieu dans leur propre coeur... Comment une mission de paix peut-elle être réalisée de la sorte? La paix du Christ est celle du Royaume du Christ; et le Royaume de notre Seigneur doit se fonder sur le désir de sainteté, sur l'humble disposition à recevoir la grâce, sur une noble action de justice et sur un débordement divin d'amour" (Quand le Christ passe, n. 82).

4. A la vérité, il faut ajouter la justice, avec le respect de la dignité de toute personne. Nous savons toutefois que, sans amour sincère et désintéressé, la justice elle-même ne serait pas en mesure d'assurer la paix au monde. En effet, la paix véritable fleurit lorsque la haine, la rancoeur et la jalousie sont vaincues dans les coeurs; lorsque l'on dit non à l'égoïsme et à tout ce qui pousse l'être humain au repli sur soi et à la défense de son propre intérêt.

Si l'amour, qui est le signe distinctif des disciples du Christ, se traduit dans des gestes de service gratuit et désintéressé, en paroles de compréhension et de pardon, l'onde pacificatrice de l'amour s'élargit et s'étend jusqu'à gagner l'ensemble de la communauté humaine. Il est alors plus facile de comprendre aussi le quatrième pilier de la paix, c'est-à-dire la liberté, la reconnaissance des droits des personnes et des peuples et le libre don de soi-même à l'accomplissement responsable des devoirs qui reviennent à chacun selon sa place dans la vie.

5. Chers jeunes de l'UNIV! Si vous cherchez à suivre cette route, vous serez en mesure d'offrir une contribution concrète à l'édification d'un monde "pacifié" et "pacificateur". Votre saint Fondateur écrit: "La tâche du chrétien: noyer le mal dans la surabondance de bien. Il ne s'agit pas de faire des campagnes négatives, ni d'être anti quoi que ce soit. Bien au contraire: il s'agit de vivre d'affirmations, d'être pleins d'optimisme, de jeunesse, de joie et de paix; de se montrer compréhensifs envers tous" (Sillon, n. 864). Suivez ces enseignements, accueillez la paix que le Christ donne à celui qui lui ouvre son coeur et répandez-la dans tous les milieux.

Que Marie, Regina Pacis, veille sur vous, sur vos désirs et sur vos projets, sur vos familles et sur les pays dont vous provenez. Que vous assistent votre saint Fondateur et vos saints patrons célestes. En vous souhaitant de vous préparer avec foi à célébrer la Pâque, je vous bénis tous de tout coeur.




CHEMIN DE CROIX AU COLISÉE  

Vendredi Saint 2003


MÉDITATIONS DU PAPE JEAN-PAUL II PRIÈRE INITIALE





Le Saint-Père:
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Amen

Chemin de Croix du Vendredi saint de l’année 2003.




Chemin de Croixde la communauté ecclésiale de Rome,
convoquée auprès du Colisée,
tragique et glorieux monument de la Rome impériale,
témoin muet de puissance et de domination,
mémorial d’événements de vie et de mort,
où semble résonner, comme un écho sans fin,
le cri du sang (cf. Gn 4,10)
et des paroles implorant concorde et pardon.

Chemin de Croixde la vingt-cinquième année de mon Pontificat
comme Évêque de Rome et Pasteur de l’Église universelle.
Par la grâce de Dieu, durant les vingt-cinq années
de mon service pastoral,
je n’ai jamais manqué à ce rendez-vous,
véritable station Urbis et Orbis,
rencontre de l’Église de Rome
avec les pèlerins venus de toutes les parties du monde
et avec les millions de fidèles qui suivent le Chemin de Croix
au moyen de la radio et de la télévision.

Cette année encore,
par la miséricorde renouvelée du Seigneur,
je suis avec vous pour parcourir de nouveau dans la foi
le chemin que Jésus a accompli du prétoire de Ponce Pilate
au sommet du Calvaire.

Chemin de Croix
accolade parfaite entre Jérusalem et Rome,
entre la Ville aimée par Jésus,
où il a donné sa vie pour le salut du monde,
et la Ville où réside le Successeur de Pierre,
qui préside à la charité ecclésiale.

Chemin de Croix, chemin de foi:
En Jésus, condamné à mort,
nous reconnaîtrons le Juge universel;
en lui, chargé de la Croix, nous reconnaîtrons le Sauveur du monde,
en lui, crucifié, nous reconnaîtrons le Seigneur de l’histoire,
le Fils même de Dieu.

Nuit du Vendredi saint,
douce et trépidante nuit de la première pleine lune de printemps.
Nous sommes réunis au nom du Seigneur.
Il est ici, avec nous, comme il l’a promis (cf. Mt 18,20).

Avec nous, se trouve aussi Sainte Marie.
Elle était au sommet du Golgotha
comme Mère de son Fils mourant,
Disciple du Maître de vérité,
nouvelle Ève près de l’arbre de la vie,
Femme de douleur
associée à «l’homme des douleurs, familier de la souffrance» (Is 53,3),
ille d’Adam, notre Soeur, Reine de la paix.

Mère de miséricorde,
elle est penchée sur ses enfants,
encore soumis aux dangers et aux angoisses,
pour voir leurs souffrances,
pour entendre la plainte qui monte de leur misère,
pour apporter le réconfort et raviver l’espérance de la paix.


Prions.

Bref moment de silence

Regarde, Père très saint,
le sang qui jaillit du côté transpercé du Sauveur;
regarde le sang versé par tant de victimes
de la haine, de la guerre, du terrorisme,
et, dans ta bonté, fais que le cours des événements du monde
se déroule selon ta volonté, dans la justice et dans la paix,
et que, avec une sereine confiance, ton Église se consacre
à ton service et à la libération de l’homme.

Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
Amen.


PREMIÈRE STATION - Jésus est condamné à mort




Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.


De l’Évangile selon saint Marc15, 14-15

La foule cria de nouveau : «Crucifie-le !»
Pilate voulant contenter la foule, relâcha Barabbas,
et après avoir fait flageller Jésus,
il le livra pour qu’il soit crucifié.

MÉDITATION

La sentence de Pilate a été rendue sous la pression des grands prêtres et de la foule. La peine de mort par crucifixion devait apaiser leurs exigences, être une ré­ponse à leurs cris: «Crucifiez-le! Crucifiez-le!» (Mc 15,13-14 et par.). Le gouverneur romain pensait se désolidariser de cette sentence en se lavant les mains, de même que précédemment il s’était désolidarisé des paroles du Christ, qui avait identifié son Royaume à la vérité, au témoignage donné sur la vérité (Jn 18,38). Dans l’un et l’autre cas, Pilate cherchait à préserver son indépendance, en se tenant en quelque sorte à l’écart, mais ce n’était qu’une apparence. La croix à laquelle avait été condamné Jésus de Nazareth (cf. Jn 19,16), comme aussi sa vérité sur le Royaume (cf. Jn 18,36-37), devaient toucher le Gouverneur au plus profond de son âme. Telle était et telle est la Réalité face à laquelle on ne peut rester à l’écart ou en marge. Le fait que Jésus, le Fils de Dieu, ait été interrogé sur son Royaume et que pour cela il ait été jugé par un homme, et condamné à la peine capitale, constitue le principe de l’ultime témoignage de Dieu qui a tellement aimé le monde (cf. Jn 3,16).

Nous nous trouvons face à ce témoignage et nous savons qu’il ne nous est pas permis de nous en laver les mains.


ACCLAMATIONS

Jésus de Nazareth, condamné à la mort sur la Croix,
témoin fidèle de l’amour du Père.
Kyrie, eleison.

Jésus, Fils de Dieu, obéissant à la volonté du Père
jusqu’à la mort sur la Croix.
Kyrie, eleison.

Tous :

Pater noster, qui es in caelis :
sanctificetur nomen tuum;
adveniat regnum tuum;
fiat voluntas tua, sicut in caelo, et in terra.
Panem nostrum cotidianum da nobis hodie;
et dimitte nobis debita nostra,
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris;
et ne nos inducas in tentationem;
sed libera nos a malo.

Stabat mater dolorosa
iuxta crucem lacrimosa,
dum pendebat Filius.


Debout, la Mère douloureuse
près de la Croix était en larmes
devant son Fils suspendu.


         


Discours 2003 - Samedi 5 avril 2003