Discours 2004 - Samedi 7 février 2004


AUX PARTICIPANTES AU IX CHAPITRE GÉNÉRAL DE L'ORDRE DU TRÈS SAINT SAUVEUR DE SAINTE-BRIGITTE

Lundi 9 février 2004


  Chères Soeurs!

1. Votre visite aujourd'hui est pour moi un motif de grande joie et je vous accueille avec plaisir, alors que le IX Chapitre général de votre Ordre du Très Saint Sauveur de Sainte-Brigitte touche à son terme. Avec vous sont rassemblées en esprit, autour du Successeur de Pierre, vos consoeurs qui travaillent dans divers pays du monde. A toutes et à chacune, j'envoie mon plus cordial salut.

Je salue en particulier avec affection l'Abbesse générale, Mère Tekla Famiglietti, qui a été reconfirmée pour six années supplémentaires. En la remerciant pour les sentiments exprimés dans l'hommage qu'elle m'a adressé, je lui présente, ainsi qu'au nouveau Conseil général, mes voeux pour un travail fructueux au service de la Famille "brigidine" de grand mérite, qui s'est développée au cours des dernières années et qui s'est enrichie de nouvelles oeuvres et activités. Je rends grâce à Dieu avec vous pour ce développement apostolique réconfortant et pour la floraison prometteuse de vocations.

2. "Revenir aux racines... pour un renouveau de la vie religieuse": tel est le thème sur lequel vous avez voulu réfléchir au cours de l'Assemblée capitulaire. Dans un climat de silence et de prière, vous vous êtes placées à l'écoute de l'Esprit Saint afin de discerner les priorités de votre Ordre de nos jours. Tout renouveau authentique demande de retrouver avec sagesse l'esprit des origines, de façon à traduire le charisme de fondation par des choix apostoliques en harmonie avec les exigences des temps. C'est pourquoi, fidèles à la vocation monastique particulière qui caractérise la famille brigidine, vous avez eu le souci de réaffirmer le primat absolu que Dieu doit occuper dans l'existence de chacune de vous et de vos communautés. Vous êtes tout d'abord appelées à être des "spécialistes de l'esprit", c'est-à-dire des âmes enflammées par l'amour divin, contemplatives et constamment consacrées à la prière.

3. Ce n'est qu'en étant des "spécialistes de l'esprit", comme le fut sainte Brigitte, que vous pourrez incarner fidèlement à notre époque le charisme d'esprit évangélique radical et d'unité, hérité de la bienheureuse Elisabeth Hesselblad. A travers l'hospitalité et l'accueil que vous offrez dans vos maisons, vous pourrez témoigner de l'amour miséricordieux de Dieu envers chaque homme et de l'aspiration à l'unité que le Christ a laissée à ses disciples.

Dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, j'ai écrit que le grand défi du troisième millénaire est de "faire de l'Eglise la maison et l'école de la communion" et que, dans ce but, il faut "promouvoir une spiritualité de communion" (cf. n. NM 43). Chères soeurs, je vous demande d'être partout les artisans inlassables du "grand oecuménisme de la sainteté". Votre action oecuménique est particulièrement appréciée, car elle concerne les pays du Nord de l'Europe, où la présence des catholiques est moins nombreuse et la promotion du dialogue avec les frères des autres confessions chrétiennes importante.

Que la Vierge Marie, Mère du Christ et de l'Eglise, veille sur votre Ordre et que sainte Brigitte et la bienheureuse Elisabeth Hesselblad intercèdent pour vous. Pour ma part, je vous accompagne de mon souvenir quotidien dans le Seigneur, alors que je vous bénis de tout coeur, ainsi que toutes vos communautés.



XII JOURNÉE MONDIALE DU MALADE - EN LA MÉMOIRE DE LA BIENHEUREUSE VIERGE DE LOURDES

Mercredi, 11 février 2004




Très chers Frères et Soeurs!

1. Une fois de plus, la Basilique Saint-Pierre a ouvert ses portes aux malades: à vous, qui êtes ici présents, et idéalement, à tous les malades du monde. Très chers amis, je vous salue avec une grande affection. Dès ce matin, ma prière vous a été consacrée de façon spéciale, et je suis heureux à présent de vous rencontrer. Avec vous, je salue vos familles, vos amis et les volontaires de l'UNITALSI, ainsi que les responsables et les membres de l'"Opera Romana Pellegrinaggi", qui célèbre cette année 70 ans d'existence. Je salue et je remercie de façon particulière le Cardinal Camillo Ruini, qui a présidé la Messe, les Evêques et les prêtres concélébrants, les religieux, les religieuses et tous les fidèles présents.

2. Il y a précisément vingt ans, en la mémoire liturgique de la Bienheureuse Vierge de Lourdes, j'ai publié la Lettre apostolique Salvifici doloris, sur le sens chrétien de la souffrance humaine. Je choisis alors cette date en pensant en particulier au Message que la Vierge adressa de Lourdes aux malades et à toutes les personnes souffrantes.

Aujourd'hui aussi, notre regard se tourne vers l'image vénérée de Marie, qui se trouve dans la grotte de Massabielle. A ses pieds sont écrites les paroles: "Je suis l'Immaculée Conception". Des paroles qui trouvent cette année un écho particulier ici, dans la Basilique vaticane, où, il y a cent-cinquante ans, le bienheureux Pape Pie IX proclamait solennellement le Dogme de l'Immaculée Conception de Marie. C'est précisément à l'Immaculée Conception, une vérité qui nous introduit au coeur du mystère de la création et de la rédemption, que mon Message pour la Journée du Malade d'aujourd'hui a puisé son inspiration.

3. En nous tournant vers Marie, notre coeur s'ouvre à l'espérance, car nous voyons les grandes choses que Dieu réalise lorsque nous sommes disposés avec humilité à accomplir sa volonté. L'Immaculée est un signe magnifique de la victoire de la vie sur la mort, de l'amour sur le péché, du salut sur toute maladie du corps et de l'esprit. C'est un signe de réconfort et d'espérance certaine (cf. Lumen gentium LG 68). Ce que nous admirons déjà accompli en elle est le signe de ce que Dieu veut donner à chaque créature humaine: plénitude de vie, de joie et de paix.

Chers malades, que la contemplation de ce mystère ineffable suscite en vous le réconfort; qu'il illumine votre travail, chers médecins, infirmiers et agents de la pastorale de la santé; qu'elle soutienne vos précieuses activités, chers volontaires, qui êtes appelés à reconnaître et à servir Jésus en toute personne dans le besoin. Que sur tous veille de façon maternelle la Vierge de Lourdes. Merci également pour vos prières et pour les sacrifices que vous offrez généreusement à mon égard! Je vous assure de mon souvenir constant et je vous bénis tous avec affection.

   

AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE COLOMBIE S.E. M. ALVARO URIBE VÉLEZ

Jeudi 12 février 2004




Monsieur le Président,

Je vous reçois avec plaisir à l'occasion de cette visite que vous avez voulu me rendre, me renouvelant les expressions d'affection et d'estime pour le Pape, qui caractérisent les Colombiens. Je suis heureux de la collaboration qui existe entre l'Eglise et les Autorités de votre pays. La Colombie est très présente dans mon souvenir et dans ma prière, et je souhaite que son peuple marche sans se décourager vers une paix sociale authentique, refusant toute forme de violence et donnant naissance à de nouvelles formes de coexistence, en empruntant le chemin sûr et décisif de la justice, et en promouvant à travers toutes les régions de la nation l'unité, la fraternité et le respect de chacun.

Le moment est venu de jeter les bases solides de la reconstruction morale et matérielle de votre communauté nationale, en vue du rétablissement d'une société juste, solidaire, responsable et pacifique.

Je vous suis reconnaissant de votre visite et je renouvelle mes voeux pour le progrès spirituel et matériel des Colombiens, pour leur coexistence dans la concorde et dans la liberté, tandis que j'invoque du Très-Haut toutes sortes de bénédictions sur les bien-aimés fils et filles de la Colombie, sur les familles, sur les communautés ecclésiales, sur les diverses Institutions publiques et sur tous ceux qui les dirigent. En confiant ces souhaits à l'intercession maternelle de Notre-Dame de Chiquinquirá, Reine de Colombie, je vous donne la Bénédiction apostolique.



AU PREMIER MINISTRE DE L'AUTORITÉ PALESTINIENNE, M. AHMAD QUREI

Jeudi, 12 février 2004



Monsieur le Premier ministre,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican. Votre présence rappelle à ma mémoire le souvenir de mon pèlerinage en Terre Sainte, au cours duquel j'ai prié avec ferveur pour la paix et la justice dans la région. Si les signes d'espérance ne sont pas totalement absents, malheureusement, la triste situation en Terre Sainte est une cause de souffrance pour tous.

Personne ne doit céder à la tentation du découragement, encore moins à la haine ou à la vengeance. C'est de réconciliation dont la Terre Sainte a besoin: de pardon et non pas de vengeance, de ponts et non de murs. Cela exige que tous les responsables de la région suivent, avec l'aide de la Communauté internationale, le chemin du dialogue et de la négociation qui conduit à la paix durable. Sur vous et sur votre peuple, j'invoque de tout coeur une abondance de Bénédictions de Dieu tout puissant.


AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES D'IRAN M. KAMAL KHARRAZI

Jeudi, 12 février 2004



Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui au Vatican. Votre présence ici est un signe de la coopération qui, depuis plus de cinquante ans maintenant, marque les relations officielles entre le Saint-Siège et votre pays. Je suis certain que cet esprit de collaboration continuera de se renforcer au moment où nous affrontons des questions qui sont l'objet de notre préoccupation commune.

A cet égard, l'engagement constant à sauvegarder les droits et la dignité inaliénables de la personne humaine, en particulier à travers des efforts en vue de promouvoir une plus grande compréhension entre les peuples de différentes origines religieuses, culturelles et ethniques, occupe une place importante.

Monsieur le Ministre, je vous présente mes meilleurs voeux à l'occasion de votre séjour à Rome et j'invoque sur vous les Bénédictions de Dieu tout puissant.



AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE FRANCE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 13 février 2004


Chers Frères dans l’Épiscopat,


1. Je vous accueille avec joie, pasteurs des provinces ecclésiastiques de Bordeaux et de Poitiers, au terme de votre visite ad limina. Venant en pèlerinage sur les pas des Apôtres Pierre et Paul, vous leur avez confié les fidèles de vos diocèses, demandant leur intercession pour assurer votre mission d’enseigner, de gouverner et de sanctifier le peuple dont vous avez la charge. Je remercie Mgr Jean-Pierre Ricard, Archevêque de Bordeaux et Président de la Conférence des Évêques de France, pour les paroles qu’il vient de m’adresser, me présentant les espérances de vos Églises diocésaines. Je souhaite que votre séjour à Rome vous affermisse dans votre ministère, contribuant à donner un élan nouveau au dynamisme missionnaire de vos communautés. Vous venez d’évoquer l’attention portée par les Évêques de France à la pastorale des jeunes. L’Évêque est en effet invité à prendre «un soin particulier de l’évangélisation et de l’accompagnement spirituel des jeunes»; son «ministère d’espérance ne peut manquer de construire l’avenir avec ceux – les jeunes précisément – auxquels est confié l’avenir» (Pastores gregis ).

2. Dans vos rapports quinquennaux, vous évoquez le cadre complexe et difficile dans lequel vivent les jeunes. Leur univers culturel est marqué par les nouvelles technologies de la communication, qui bouleversent leur rapport au monde, au temps et aux autres, et qui modèlent leurs comportements. Cela crée une culture de l’immédiat et de l’éphémère, qui n’est pas toujours favorable à l’approfondissement, ni à la maturation intérieure ou au discernement moral. Mais l’utilisation des nouveaux médias a un intérêt que nul ne peut nier. Votre Conférence et de nombreux diocèses ont d’ailleurs bien repéré le caractère positif de cette mutation, en proposant des sites internet, notamment en direction des jeunes, sur lesquels on peut venir s’informer, se former et découvrir les différentes propositions de l’Église. Je ne peux qu’encourager le développement de ces instruments pour servir l’Évangile et pour nourrir le dialogue et la communication.

La société est caractérisée par de nombreuses fractures, qui rendent les jeunes particulièrement fragiles: séparations familiales, familles recomposées avec des fratries différentes, rupture des liens sociaux. Comment ne pas penser aux enfants et aux jeunes qui souffrent terriblement de la désintégration de la cellule familiale, ou à ceux qui connaissent des situations de précarité les conduisant souvent à se considérer comme exclus de la société ? De même, l’évolution des mentalités ne cesse d’inquiéter: subjectivité exacerbée, libération excessive des moeurs laissant envisager aux jeunes que tout comportement, parce qu’il est réalisable, pourrait être bon, diminution grave du sens moral qui conduit à penser qu’il n’y a plus ni bien ni mal objectif. Vous évoquez aussi des situations sociales de violence, qui font naître des tensions importantes, notamment dans certains quartiers des villes et des banlieues, ainsi qu’un accroissement des comportements suicidaires et de l’usage de drogues. Enfin, la montée du chômage inquiète les jeunes. Ces derniers donnent parfois l’impression d’être entrés trop tôt dans la vie adulte en raison de leurs connaissances et de leurs comportements, et de n’avoir pas eu le temps de la maturation physique, intellectuelle, affective et morale, dont les étapes ne sont pas concomitantes. La multiplicité des messages et des modèles de vie véhiculés par la société brouille largement la perception et la pratique des valeurs morales et spirituelles, allant jusqu’à hypothéquer la construction de leur identité, la gestion de leur affectivité et l’édification de leur personnalité. Autant de phénomènes qui ne sont pas sans danger pour la croissance des jeunes, ni pour la convivialité entre les personnes et entre les générations.

3. Comme pasteurs, vous êtes attentifs à ces réalités, connaissant la générosité des jeunes, prêts à se mobiliser pour de justes causes et désireux de trouver le bonheur. Ce sont des ressorts pastoraux que l’Église doit prendre en compte dans sa pastorale de la jeunesse et c’est la vocation de l’Église de contribuer à leur plein épanouissement. Les communautés chrétiennes françaises sont les héritières de grandes figures d’éducateurs, prêtres, religieux et religieuses, laïcs, qui ont su, à leur époque, inventer des pédagogies adaptées. Je vous invite, malgré vos faibles moyens, à ne pas ménager vos efforts dans le domaine éducatif. J’appelle en particulier les communautés religieuses qui ont ce charisme à ne pas déserter le monde de l’éducation scolaire ou périscolaire, car c’est là que, par excellence, on peut rejoindre les jeunes, leur annoncer l’Évangile et préparer l’avenir de l’Église. Les mouvements de jeunesse, même faibles numériquement, sont invités à poursuivre leur action, n’oubliant jamais que la démarche éducative suppose la durée. J’en appelle aujourd’hui à une nouvelle invention de propositions auprès des jeunes, pour leur offrir des lieux, des moyens et un accompagnement spécifiques leur permettant, au niveau diocésain et paroissial, dans les aumôneries, les mouvements ou les services, de grandir humainement et spirituellement. Les communautés chrétiennes ont pour mission de conduire les jeunes au Christ et de les faire entrer dans son intimité, pour qu’ils puissent vivre de sa vie et construire une société toujours plus fraternelle. L’aspect social ne doit pas faire oublier l’objectif premier de la démarche pastorale: mener les jeunes au Christ.

4. Les jeunes aspirent à vivre dans des groupes où ils sont reconnus et aimés. Aucun enfant ne peut vivre ni se construire sans amour, ni sans le regard bienveillant d’adultes; c’est le sens même de la mission éducative. J’invite donc les communautés diocésaines à porter une attention toujours plus importante aux lieux éducatifs; tout d’abord à la famille, qu’il convient de soutenir et d’aider, notamment dans les relations parents-enfants, en particulier au moment de l’adolescence. La présence d’adultes autres que les parents est souvent bénéfique. De même, l’école est un espace privilégié de vie fraternelle et pacifique, où chacun est accepté tel qu’il est, dans le respect de ses valeurs et de ses croyances personnelles et familiales. J’encourage les écoles catholiques à être des communautés où les valeurs chrétiennes font partie de la charte et de la pratique éducatives, et où l’enseignement du Magistère est transmis aux jeunes par des catéchèses adaptées aux différents âges de la scolarité. La présence d’enfants non catholiques ne doit pas être un obstacle à cette démarche. De même, je salue la mission des aumôneries scolaires et universitaires. Même si les participants sont peu nombreux, que les accompagnateurs n’oublient jamais que ce que les jeunes reçoivent, ils le transmettent d’une manière ou d’une autre à leurs camarades ! Il importe d’envisager la pastorale des jeunes à la fois sous forme de temps forts – le «vivre-ensemble» est capital dans l’éducation des jeunes –, et dans le cadre d’activités régulières, pour que la démarche religieuse participe à la structuration des jeunes et de leur existence.

Dans vos rapports et dans vos bulletins diocésains, on voit les fruits que les Journées mondiales de la Jeunesse de Paris, dont je me souviens avec émotion, continuent de porter chez les jeunes. Il importe d’appeler ces derniers à vivre leur relation au Christ dans la fidélité, pour prendre conscience que la vie de foi et la pratique sacramentelle ne sont pas liées à la simple envie du moment, ni ne peuvent constituer une activité parmi d’autres dans l’existence. Je souhaite que les éducateurs les aident à discerner les priorités, car on ne peut véritablement connaître le Christ si l’on ne fait l’effort d’aller à sa rencontre et d’avoir avec Lui des rendez-vous réguliers. Il faut également compter beaucoup sur les jeunes pour évangéliser les jeunes, pour être puissance invitante de leurs camarades. Ils ont en ces domaines des ressources qu’il convient d’exploiter.

5. La pastorale des jeunes requiert de la part des accompagnateurs persévérance, attention et invention. Pour cela, n’hésitez pas à détacher des prêtres de qualité, ayant une bonne formation et une vie spirituelle et morale à toute épreuve, pour accompagner les jeunes, leur transmettre l’enseignement chrétien, partager avec eux des temps fraternels et de loisirs, afin qu’ils deviennent missionnaires. Je souhaite que les diocèses se mobilisent toujours davantage pour cela, même si vous êtes dans des périodes difficiles. Que les adultes fournissent aux jeunes les moyens concrets de se retrouver pour vivre et pour approfondir leur foi, les formant à l’étude et à la méditation de la Parole de Dieu, et à la prière personnelle, et les appelant à se conformer toujours davantage au Christ. Il convient aussi de les aider à s’interroger sur leur existence et sur leur projet de vie, afin qu’ils se rendent disponibles aux appels du Seigneur à une vocation spécifique dans l’Église: le sacerdoce, le diaconat ou la vie consacrée. Que les parents et les éducateurs n’aient pas peur de poser aux jeunes la question d’une éventuelle vocation sacerdotale ou religieuse ! Ce n’est en rien une entrave à la liberté de choix, mais au contraire une invitation à réfléchir sur son avenir, pour «faire de sa vie un je t’aime», comme je le rappelais lors de mon voyage à Lyon en 1986. Il revient à tous les acteurs de la pastorale des jeunes d’aider ces derniers à avoir une foi qui leur permette de se confronter de manière critique à la culture actuelle, en acquérant un sain discernement sur les questions qui animent les débats de société.

Vous évoquez avec inquiétude les fractures du monde des jeunes et les précarités auxquelles ils sont affrontés, qui les poussent parfois à l’individualisme, à la violence et à des comportements destructeurs. À la suite du Christ, l’Église souhaite demeurer proche des jeunes blessés de la vie, pour lesquels le Seigneur a un amour de prédilection. Je salue et j’encourage le travail des personnes qui, dans les mouvements, les services et le monde caritatif, promeuvent l’imagination de la charité, se faisant proches des exclus, de ceux qui souffrent, leur permettant de reprendre goût à la vie. Puissent-ils leur faire découvrir le visage du Christ, qui aime tout homme, quel que soit son chemin et ses fragilités!

6. Je souhaite aussi attirer votre attention sur le soutien à apporter aux jeunes qui se préparent au mariage. Ils ont souvent connu de nombreuses souffrances dans leurs familles d’origine et fait parfois de multiples expériences. Dans la société, existent des modèles variés de relation, sans aucune qualification anthropologique ou morale. Pour sa part, l’Église désire proposer le chemin d’une progression dans les relations amoureuses, qui passe par le temps des fiançailles et qui propose l’idéal de la chasteté; elle rappelle que le mariage entre un homme et une femme, et une famille se construisent avant tout sur un lien fort entre les personnes et sur un engagement définitif, et non pas sur l’aspect purement affectif, qui ne peut constituer la seule base de la vie conjugale. Puissent les pasteurs et les couples chrétiens ne pas craindre d’aider les jeunes à réfléchir sur ces questions délicates et essentielles, par des catéchèses et des dialogues vigoureux et adaptés, faisant resplendir la profondeur et la beauté de l’amour humain !

7. L’Église a une parole originale dans les débats sur l’éducation, sur les phénomènes de société, notamment sur les questions de la vie affective, les valeurs morales et spirituelles. La formation ne peut consister uniquement en un apprentissage technique et scientifique. Elle vise principalement une éducation de l’être intégral. Je salue les prêtres, les diacres, les religieux et religieuses, et les laïcs qui portent ce noble souci de l’accompagnement des jeunes. Je sais que leur tâche est rude et parfois aride, les résultats ne semblant pas toujours à la hauteur des efforts déployés; qu’ils ne se découragent pas car nul ne connaît le secret du coeur des jeunes ! «Si le Christ est présenté aux jeunes avec son vrai visage, ils le voient comme une réponse convaincante et ils sont capables de recevoir son message, même s’il est exigeant» (Novo millennio ineunte NM 9).

Chers Frères dans l’Épiscopat, au terme de notre rencontre, je rends grâce avec vous pour le travail que l’Esprit accomplit dans le coeur des jeunes. Ces derniers demandent à l’Église de les accompagner, eux qui aspirent profondément à vivre un idéal d’exigence et de vérité, malgré les repères souvent brouillés que leur renvoie le monde actuel. Il vous appartient de les conduire au Christ et de leur proposer le chemin exigeant de la sainteté, afin qu’ils puissent prendre une part toujours plus active à la vie de l’Église et de la société. J’encourage les communautés chrétiennes de vos diocèses à leur donner la place qui leur revient, à accueillir les questions qu’ils posent et à leur répondre en vérité. Par l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame de Lourdes que nous venons de fêter, je vous accorde bien volontiers une affectueuse Bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous les membres de vos communautés diocésaines, en particulier les jeunes, auxquels je vous demande de transmettre ce message: le Pape compte sur eux.


AUX PÈLERINS SLOVAQUES

Samedi 14 février 2004



Vénérés frères
Mesdames, Messieurs,
très chers frères et soeurs!

1. C'est avec joie que je vous accueille et je souhaite à tous ma plus cordiale bienvenue. Je salue et je remercie avant tout les Evêques de la Conférence épiscopale de Slovaquie, qui ont organisé ce pèlerinage national. Je salue en particulier Messieurs les Cardinaux Ján Chryzostom Korec et Jozef Tomko, ainsi que Mgr Frantisek Tondra, que je remercie des aimables paroles à travers lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments de tous. J'exprime à Monsieur le Président de la République ma profonde gratitude pour sa présence et pour ses chaleureuses paroles de salut.

2. A plus de trois reprises, au cours de mon Pontificat, la Providence divine m'a permis de visiter la Slovaquie: en 1990, peu après la chute du régime communiste, en 1995 et l'an dernier, à l'occasion du X anniversaire de la proclamation de la République et de l'institution de la Conférence épiscopale slovaque.

Aujourd'hui, vous êtes venus en particulier me rendre la visite que j'ai pu accomplir il y a cinq mois et dont je conserve un souvenir précieux. Vous avez voulu faire coïncider votre séjour à Rome avec la fête des saints Cyrille et Méthode, Patrons de la Slovaquie et co-patrons de l'Europe. Cet heureux contexte liturgique nous permet de souligner les antiques liens de communion qui lient l'Eglise qui est dans votre Terre à l'Evêque de Rome. Dans le même temps, le témoignage de ces deux grands Apôtres des Slaves constitue un puissant rappel à redécouvrir les racines de l'identité européenne de votre peuple, des racines que vous partagez avec les autres nations du Continent.

3. J'ai la joie de vous accueillir auprès du tombeau de saint Pierre, sur lequel vous êtes venus confirmer votre profession de la foi, qui représente le patrimoine le plus riche et le plus solide de votre peuple.

Je vous invite à garder intégralement cette foi, et même à l'alimenter à travers la prière, une catéchèse adaptée et une formation continue. Elle ne doit pas être cachée, mais proclamée et témoignée avec courage et dans un effort oecuménique et missionnaire. C'est ce qu'enseignent les frères Cyrille et Méthode, ancêtres d'une longue série de saints et de saintes nés dans votre patrie tout au long des siècles. Solidement ancrés à la croix du Christ, ils ont mis en pratique ce que le Maître divin avait enseigné à ses disciples dès les débuts de sa prédication: "Vous êtes le sel de la terre... Vous êtes la lumière du monde!" (Mt 5,13 Mt 5,14).

4. Etre "sel" et "lumière" implique pour vous de faire resplendir la vérité évangélique dans les choix personnels et communautaires de chaque jour. Cela signifie maintenir de façon inégalée l'héritage spirituel des saints Cyrille et Méthode, en luttant contre la tendance générale à se conformer à des modèles homologués et standardisés. La Slovaquie et l'Europe du troisième millénaire s'enrichissent de multiples contributions culturelles, mais il serait néfaste d'oublier que le christianisme a contribué de façon déterminante à la formation du Continent. Chers Slovaques, vous offrez à la construction de l'unité européenne votre contribution significative, en devenant les interprètes des valeurs humaines et spirituelles qui ont donné un sens à votre histoire. Il est indispensable que ces idéaux que vous avez vécus avec cohérence continuent à orienter une Europe libre et solidaire, capable d'harmoniser ses diverses traditions culturelles et religieuses.

Très chers frères et soeurs, en vous renouvelant l'expression de ma gratitude pour votre visite, permettez-moi, avant de vous quitter, de vous laissez en consigne la même invitation que le Christ adressa à Simon-Pierre: "Duc in altum - Avance en eau profonde" (Lc 5,4). Il s'agit d'une exhortation que je sens retentir constamment dans mon âme. Ce matin, c'est à vous que je l'adresse.

5. Peuple de Dieu pèlerin en Slovaquie, prends le large et avance dans l'océan de ce nouveau millénaire, en maintenant le regard fixé sur le Christ. Que Marie, la Vierge Mère du Rédempteur, soit l'Etoile sur ton chemin. Que te protègent tes vénérés patrons Cyrille et Méthode, avec les nombreux héros de la foi, dont certains ont payé par le sang leur fidélité à l'Evangile.

Avec ces sentiments, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères et au peuple slovaque tout entier, ma Bénédiction apostolique particulière.



AUX REPRÉSENTANTS DE L'UNIVERSITÉ D'OPOLE (POLOGNE) À L'OCCASION DU 10ème ANNIVERSAIRE DE L'INSTITUTION

Mardi 17 février 2004


Excellence,
Monsieur le Recteur magnifique,
Mesdames et messieurs,

Je vous remercie beaucoup pour la bienveillance que vous m'avez manifestée à travers votre présence au Vatican et également en me remettant le titre de Docteur honoris causa de votre Université. Cet acte a pour moi une signification toute particulière, étant donné qu'il coïncide avec les dix ans de vie de l'Université d'Opole. Le 10 mars prochain sera célébré le dixième anniversaire de l'unification historique de l'Ecole supérieure de Pédagogie et de l'Institut théologique pastoral, qui donna naissance à l'Université d'Opole avec la faculté de théologie. Lorsque j'ai autorisé l'institution de cette faculté et son insertion dans les structures d'une Université d'Etat, j'étais conscient que la naissance de cette Université était très importante pour la terre d'Opole. Je suis heureux qu'au cours de cette décennie, l'Université se soit développée et soit devenue un centre dynamique de recherche, où des milliers de jeunes peuvent acquérir la science et la sagesse.

Je rends grâce à Dieu pour le fait que l'Université, comme l'a dit l'Archevêque, coopère avec l'Eglise dans l'oeuvre d'intégration de la société de la terre d'Opole. Je sais qu'elle le fait d'une façon qui lui est propre. Si l'Eglise anime les processus d'unification sur la base de la foi commune, des valeurs spirituelles et morales communes, de la même espérance et charité qui savent pardonner, l'Université, pour sa part, possède à cette fin des moyens propres, d'une valeur particulière qui, bien que se développant sur le même fondement, ont un caractère différent, on pourrait même dire un caractère plus universel. Etant donné que ces moyens se fondent sur l'approfondissement du patrimoine de la culture, du trésor de la science nationale et universelle et sur le développement des diverses branches de la science, ils sont accessibles non seulement à ceux qui partagent la même foi, mais également à ceux qui ont des convictions différentes. Il s'agit d'un fait d'une grande importance. Si, en effet, nous parlons de l'intégration de la société, nous ne pouvons pas l'entendre dans le sens de l'effacement des différences, de l'unification des moyens de pensée, de l'oubli de l'histoire - souvent marquée par des événements qui créaient la division - mais comme une recherche persévérante des valeurs communes aux hommes, qui ont des racines diverses, une histoire diverse et, par conséquent, une vision du monde qui leur est propre et des références à la société dans laquelle il leur a été donné de vivre.

En créant les possibilités pour le développement des sciences humaines, l'Université peut aider à une purification de la mémoire qui n'oublie pas les torts et les fautes, mais qui permette de pardonner et de demander pardon, puis d'ouvrir l'esprit et le coeur à la vérité, au bien, et à la beauté; des valeurs qui représentent la richesse commune et qui doivent être cultivées et développées harmonieusement. Les sciences peuvent être elles aussi utiles à l'oeuvre de l'union. Il semble même que, du fait qu'elles soient indépendantes de tout a priori philosophique et en particulier idéologique, elles puissent accomplir ce devoir de façon plus directe. Certes, des différences peuvent se manifester sur l'évaluation éthique des recherches et on ne peut les ignorer. Toutefois, si les chercheurs reconnaissent les principes de la vérité et du bien commun, ils ne refuseront pas de collaborer pour connaître le monde en partageant les mêmes sources, des méthodes semblables et une fin commune, qui est de soumettre la terre, conformément à la recommandation du Créateur (cf. Gn 1,28).

Aujourd'hui, on parle beaucoup des racines chrétiennes de l'Europe. Si les cathédrales, les oeuvres d'art, de musique et de littérature sont le signe de celles-ci, elles parlent en un certain sens en silence. Les Universités, au contraire, peuvent en parler à haute voix. Elles peuvent parler avec le langage contemporain, compréhensible à tous. Certes, il se peut que cette voix ne soit pas entendue par ceux qui sont étourdis par l'idéologie du laïcisme de notre continent, mais cela ne dispense pas les hommes de science, fidèles à la vérité historique, du devoir de témoigner à travers un solide approfondissement des secrets de la science et de la sagesse, qui se sont développées ensemble sur le terrain fertile du christianisme.

Ut ager quamvis fertilis sine cultura fructuosus esse non potest, sic sine doctrina animus - (Cicéron, Tusculanae disputationes, II, 4) - de même que la terre, même fertile, ne peut porter des fruits si elle n'est pas cultivée, ainsi en est-il de l'âme sans la culture. Je cite ces paroles de Cicéron pour exprimer la gratitude pour cette "culture de l'esprit" que l'Université d'Opole développe depuis dix ans. Je souhaite que cette grande oeuvre soit développée pour le bien de la terre d'Opole, de la Pologne et de l'Europe. Que la collaboration de toutes les facultés de votre Université, y compris la faculté de théologie, serve à tous ceux qui désirent développer leur humanité sur la base des plus nobles valeurs spirituelles.

Pour cet effort, je vous bénis de tout coeur, vous tous ici présents, ainsi que les professeurs et les étudiants de l'Université d'Opole, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.



Discours 2004 - Samedi 7 février 2004