Discours 2003 - MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU MINISTRE GÉNÉRAL DE L’ORDRE DES FRÈRES MINEURS


VOYAGE APOSTOLIQUE EN CROATIE


CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

Aéroport de Rijeka, Jeudi 5 juin 2003



Monsieur le Président de la République,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Eminentes autorités,
Très chers frères et soeurs!

1. C'est avec une joie intime que je pose le pied pour la troisième fois sur le bien-aimé sol croate. Je rends grâce à Dieu tout-puissant de m'avoir permis de revenir parmi vous, en ce centième voyage apostolique.

Je vous adresse mes salutations respectueuses, Monsieur le Président de la République, ainsi qu'aux autres Autorités civiles et militaires ici présentes. Je vous remercie vivement des nobles paroles que vous m'avez adressées au nom des personnes présentes et de tous vos concitoyens.

J'embrasse avec affection toute la communauté catholique en Croatie, en particulier mes vénérés frères dans l'épiscopat. J'adresse une pensée particulière à l'Evêque, Mgr Valter Zupan, aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux fidèles du diocèse de Krk, sur le territoire duquel se trouve cet aéroport.

Je salue les croyants des autres Eglises et communautés ecclésiales, ainsi que les fidèles du judaïsme et de l'islam, heureux qu'en cette circonstance également nous puissions témoigner ensemble de notre engagement commun à l'édification de la société dans la justice et dans le respect réciproque.

2. Je suis venu parmi vous pour accomplir mon devoir de Successeur de Pierre, et pour apporter à tous les habitants du pays un salut et mes voeux de paix. En visitant les diocèses de Dubrovnik, Djakovo-Srijem, Rijeka et Zadar, j'aurai l'occasion de rappeler les antiques racines chrétiennes de cette terre imprégnée du sang de nombreux martyrs. Je pense aux martyrs des trois premiers siècles - en particulier aux Martyrs de Syrmio et de toute la Dalmatie romaine - et je pense à ceux des siècles suivants, jusqu'au siècle dernier, avec la figure héroïque du bienheureux Cardinal Alojzije Stepinac.

J'aurai ensuite la joie d'élever aux honneurs des autels Soeur Marija de Jésus Crucifié Petkovic, à laquelle, dans quelques semaines, sera associé le jeune Ivan Merz. Le souvenir de ces témoins intrépides de la foi me fait pen-ser avec gratitude et émotion à l'Eglise qui les a engendrés, et aux temps difficiles au cours desquels celle-ci a jalousement sauvegardé sa fidélité à l'Evangile.

3. L'île de Krk conserve un riche patrimoine glagolitique qui a mûri à la fois dans l'usage liturgique et dans la pratique quotidienne du peuple croate. Le christianisme a offert une importante contribution au développement de la Croatie par le passé. Et il pourra continuer à contribuer efficacement à son présent et à son avenir. Il existe en effet des valeurs, telles que la dignité de la personne, l'honnêteté morale et intellectuelle, la liberté religieuse, la défense de la famille, l'accueil et le respect pour la vie, la solidarité, la subsidiarité et la participation, le respect des minorités, qui sont inscrites dans la nature de tout être humain, mais que le christianisme a le mérite d'avoir identifiées et proclamées avec clarté. C'est sur ces valeurs que se fondent la stabilité et la véritable grandeur d'une nation.

La Croatie a récemment présenté sa candidature pour devenir partie intégrante, également d'un point de vue politique et économique, de la grande famille des peuples d'Europe. Je ne peux manquer d'exprimer tous mes voeux pour une heureuse concrétisation de cette aspiration: la riche tradition de la Croatie contribuera certainement à renforcer l'Union, à la fois comme entité administrative et territoriale et comme réalité culturelle et spirituelle.

4. Dans ce pays, comme dans certains pays voisins, sont encore présentes les marques douloureuses du passé récent: que ceux qui sont investis d'une autorité, dans le domaine civil ou religieux, ne se lassent jamais de soulager les blessures causées par une guerre cruelle, et de soigner les conséquences d'un système totalitaire qui a tenté pendant trop longtemps d'imposer une idéologie contraire à l'homme et à sa dignité.

Depuis treize ans désormais, la Croatie avance sur le chemin de la liberté et de la démocratie. En regardant devant soi avec confiance et espérance, il faut à présent consolider, à travers la contribution responsable et généreuse de tous, une stabilité sociale qui promeuve encore davantage l'engagement dans le travail, l'aide sociale, l'éducation ouverte à tous les jeunes, l'affranchissement de toute forme de pauvreté et d'inégalité, dans un climat de relations cordiales avec les pays voisins.

Dans cette perspective, j'invoque l'intercession de saint Joseph, Patron de la nation, et de la Vierge Marie, "Advocata Croatiae, fidelissima Mater".

Dieu bénisse cette Terre et son peuple!



AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DES PRÊTRES DU SACRÉ-COEUR DE JÉSUS (DEHONIENS)

Mardi 10 juin 2003



Chers prêtres du Sacré-Coeur de Jésus
et membres de la Famille religieuse dehonienne!

1. Je suis heureux de vous accueillir au cours de cette audience spéciale, alors que les travaux de votre Chapitre général s'approchent de leur phase de conclusion. Je vous remercie de votre visite!

J'adresse à tous un salut cordial, en particulier au Supérieur général qui vient d'être élu, le R.P. José Ornelas Carvalho. Je le remercie de tout coeur pour les paroles courtoises qu'il m'a adressées au nom des personnes présentes et de tout votre Institut, qui oeuvre dans trente-neuf pays. Je lui présente mes voeux les plus sincères, ainsi qu'aux membres du Conseil général, pour qu'ils accomplissent un service de direction et d'animation favorisant le progrès authentique de la Congrégation, tout en conservant intact son caractère originel, souhaité par le Fondateur.

2. C'est cette année le 125 anniversaire de vie religieuse du vénérable Léon Dehon. Vous avez voulu rappeler cet événement significatif par une Année dehonienne spécifique, dont le point culminant sera le 28 juin, jour de commémoration de la profession de ses premiers voeux religieux, et jour qu'il reconnaît lui-même comme le début de votre Congrégation. Je souhaite que cela constitue pour vous un encouragement à revenir à vos origines, avec cette "fidélité créative" (cf. Vita consecrata VC 37) qui conserve pur votre charisme, caractérisé par une contemplation constante du Coeur du Christ, par la participation consciente à son oblation réparatrice et par un dévouement zélé à la diffusion du Royaume du Seigneur dans les âmes et dans la société, le refus de l'amour de Dieu étant précisément la cause la plus profonde des maux du monde (cf. Constitutions, n. 4).

Ce fut cette inspiration originelle qui conduisit Léon Dehon, dans la deuxième moitié du XIX siècle, à Saint-Quentin en France, à vivre une expérience spirituelle et missionnaire originale. C'est le même enthousiasme que celui du Fondateur qui doit vous guider, très chers frères, afin de discerner et de redéfinir les domaines de votre action apostolique, en faisant également participer les laïcs au "projet dehonien".

3. Votre Chapitre, qui touche désormais à son terme, vous a permis de "revisiter" les fondements de votre charisme, en prenant l'engagement de les traduire pour les présenter au monde d'aujourd'hui, conscients de la précieuse actualité de votre mission. Je vous souhaite de mettre à profit les orientations issues des travaux de ces journées, de sorte que, à travers leur mise en oeuvre précise, le chemin de la Congrégation se poursuive de façon sûre et porte des fruits abondants pour l'Eglise et pour le monde. Mais pour que cela se produise, il est tout d'abord nécessaire que le Christ demeure au centre de votre vie et de vos oeuvres. Le Père Dehon désirait que ses disciples, en suivant fidèlement le Divin Maître, soient des prophètes de l'Amour et des serviteurs de la réconciliation. Des personnes entièrement tendues vers la sainteté et en mesure de transmettre la réconciliation et l'amour que le Sacré-Coeur de Jésus, à travers sa mort, a obtenu pour l'humanité de chaque époque.

4. Très chers frères, dans votre travail vous êtes appelés à affronter les défis du moment historique actuel, et vous avez sans aucun doute la possibilité de constater combien connaître et rencontrer Dieu est le véritable besoin de chaque être humain. Ce n'est cependant que dans la prière personnelle et communautaire que l'on peut puiser l'énergie spirituelle indispensable pour mener à bien cette mission exigeante.

Comme le thème du Chapitre le suggère, soyez des "Dehoniens en mission: coeur ouvert et solidaire", prêts à affronter les exigences de notre époque et à redéfinir votre apostolat dans les domaines de la spiritualité, de la mission "ad gentes", de la présence au niveau social et d'une attention particulière à la culture (cf. Constitutions, n. 31).

Votre activité dans le domaine de l'information et de la documentation religieuse est également célèbre. Attentifs à scruter "les signes des temps", que ne faiblisse jamais en vous la fidélité à la doctrine catholique et au Magistère de l'Eglise, afin que vous puissiez rendre, également à travers vos publications, le service indispensable de la vérité, première forme de charité.

5. Très chers amis, l'histoire de votre Institut a désormais atteint le cap des 125 années de vie et d'activité; c'est un chemin riche de mérites et de fruits apostoliques. Poursuivez-le avec courage et dévouement!

Je confie à l'intercession céleste de la Vierge Marie, Reine du Rosaire, et du bienheureux Juan María de la Cruz, protomartyr de votre Congrégation, les intentions et les choix d'action qui sont apparus au cours des travaux capitulaires.

Je prie Dieu afin que vous avanciez avec une ardeur renouvelée sur la voie de la sainteté et du service au Royaume de Dieu. Je vous accompagne de ma pensée affectueuse, alors que je vous donne de tout coeur, à vous tous ici présents, à vos confrères et à ceux qui font partie de votre famille spirituelle présente dans le monde, une Bénédiction apostolique spéciale.



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À SA SAINTETÉ BARTHOLOMAIOS I À L'OCCASION DU V SYMPOSIUM SUR L'ENVIRONNEMENT


A Sa Sainteté Bartholomaios I
Archevêque de Constantinople
Patriarche oecuménique

C'est pour moi un grand plaisir de vous saluer, ainsi que tous les participants au V Symposium du Projet "Religion, Science et Environnement", qui consacre cette année son attention au thème: "La Mer baltique: un héritage commun, une responsabilité partagée". Au moment où s'ouvre le Symposium, c'est pour moi une source de joie particulière de savoir que vous vous êtes réunis dans mon pays natal, la Pologne, dans la ville de Gdansk. A travers la présence du Cardinal Walter Kasper, Président du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens, je désire renouveler ma solidarité à l'égard des objectifs du projet et vous assurer de mon fervent soutien pour le succès de votre rencontre.

En plusieurs occasions, j'ai souligné la conscience croissante parmi les personnes, et même de toute la Communauté internationale, du besoin de respecter l'environnement et les ressources naturelles que Dieu a données à l'humanité. Votre Symposium actuel témoigne du désir de traduire cette conscience croissante dans des politiques et des actes de protection véritable. Je suivrai avec attention vos efforts en vue de réaliser les objectifs établis dans notre Déclaration commune de l'année dernière.

Il est toutefois impératif que la véritable nature de la crise écologique soit comprise. La relation entre les personnes ou les communautés et l'environnement ne peut jamais être séparée de leur relation avec Dieu. Lorsque l'homme "s'écarte du dessein de Dieu créateur, [il] provoque un désordre qui se répercute inévitablement sur le reste de la création" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 1990). Le manque de responsabilité écologique est essentiellement un problème moral - fondé sur une erreur anthropologique - qui naît lorsque l'homme oublie que sa capacité à transformer le monde doit toujours respecter le dessein de Dieu sur la création (Centesimus Annus CA 37).

Précisément en vertu de la nature essentiellement morale des problèmes que le Symposium soulève, il est juste que les responsables religieux, civils et politiques, avec les représentants experts de la communauté scientifique, affrontent les défis liés à l'environnement auxquels doit faire face la région de la Baltique. Le fait que le Symposium se déroule à bord d'un bateau qui naviguera le long de nombreuses villes portuaires de la Mer baltique rappelle avec force que les effets de l'irresponsabilité écologique dépassent souvent les frontières des nations. De la même manière, les solutions à ce problème doivent nécessairement inclure des gestes de solidarité qui transcendent les divisions politiques ou les intérêts industriels inutilement étriqués et égoïstes.

Votre Sainteté, dans la Déclaration commune sur l'Ethique et l'Environnement, que nous avons signée le 10 juin dernier en ce qui concerne la protection de la création, nous avons présenté une interprétation spécifiquement chrétienne des difficultés suscitées par la crise écologique. Les chrétiens doivent toujours être prêts à assumer de façon commune leurs responsabilités au sein du dessein divin de la création, une responsabilité qui conduit à un vaste domaine de coopération oecuménique et interreligieuse. Comme nous l'avons déclaré, une solution aux défis écologiques exige plus que des propositions purement économiques et technologiques. Cela exige une conversion intérieure du coeur qui conduise au refus de schémas insoutenables de consommation et de production. Cela exige un comportement éthique qui respecte les principes de la solidarité universelle, de la justice sociale et de la responsabilité. Comme vous l'avez vous-même déclaré au terme du IV Symposium international sur l'Environnement à Venise: "Lorsque nous sacrifions notre vie et que nous partageons notre richesse, nous gagnons la vie en abondance et enrichissons le monde entier" (Discours de clôture du Symposium, 10 juin 2002).

Votre Sainteté, je désire exprimer mon encouragement pour votre engagement visant à guider le Symposium du Projet "Religion, Science et Environnement". Je prie pour que Dieu tout-puissant bénisse avec abondance cette initiative. Puisse-t-il vous accompagner, ainsi que vos collaborateurs, et vous guider sur les chemins de la justice, afin que toute la création puisse rendre grâce à Dieu (cf. Ps Ps 148).

Du Vatican, le 27 mai 2003

IOANNES PAULUS II

Á L'OCCASION DU 100ème VOYAGE APOSTOLIQUE

Jeudi 12 juin 2003




1. Je vous remercie de votre présence aujourd'hui dans la maison du Pape, qui renouvelle d'une certaine façon l'habitude particulière de vie qui s'instaure au cours des voyages apostoliques. Je pense à tous ceux que vous représentez ici idéalement, c'est-à-dire à tous ceux qui - désormais bien avancés sur les chemins de la vie ou déjà rappelés à la maison de Dieu - ont été, au cours de ces presque 25 ans, des témoins privilégiés de cet exercice particulier du ministère pétrinien.

Je salue le Cardinal Roberto Tucci et je le remercie des aimables paroles qu'il m'a adressées, et en particulier pour l'aide qu'il m'a apportée au cours des dernières années dans la préparation et le déroulement d'une grande partie de ces cent voyages. Je remercie également ses collaborateurs, ainsi que ceux qui l'ont précédé dans cette charge et ceux qui l'ont succédé dans ces fonctions.

Je salue les Cardinaux et les prélats présents, en particulier ceux qui ont pris part aux voyages apostoliques. Ma pensée cordiale s'adresse également à vous tous ici réunis: au Ministre des Infrastructures et des Transports de la République italienne, au Président, à l'Administrateur délégué et au Directeur général d'Alitalia, ainsi qu'aux représentants du personnel navigant et de terre, aux membres du Corps de la Gendarmerie et de la Garde Suisse pontificale, avec leurs commandants, au personnel des Services de Santé et à son directeur, aux responsables de Radio Vatican et de L'Osservatore Romano et du Centre de Télévision du Vatican, aux journalistes accrédités auprès de la Salle de Presse du Saint-Siège et à son directeur.

2. Le 100 voyage qui vient d'être accompli m'offre l'occasion de renouveler mon remerciement ému à la Providence divine, qui m'a permis de réaliser cet important projet pastoral.

En effet, depuis le jour de mon élection comme Evêque de Rome, le 16 octobre 1978, a retenti dans mon coeur avec une intensité et une urgence particulières le commandement de Jésus: "Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création" (Mc 16,15).

J'ai donc ressenti le devoir d'imiter l'Apôtre Pierre qui "passait partout" (Ac 9,32) pour confirmer et consolider la vitalité de l'Eglise dans la fidélité à la Parole et dans le service de la vérité; pour "dire à tous que Dieu les aime, que l'Eglise les aime, que le Pape les aime; et pour recevoir, tout autant, d'eux l'encouragement et l'exemple de leur bonté et de leur foi" (25 janvier 1979, Discours de départ pour l'Amérique latine à l'aéroport de Fiumicino).

A travers les voyages apostoliques également, s'est manifesté un exercice spécifique du ministère, qui est propre au Successeur de Pierre, en tant que "principe et fondement perpétuels et visible d'unité de foi et de communion" (Lumen gentium LG 18).

3. Au cours de tous ces voyages, je me suis senti pèlerin en visite dans ce sanctuaire particulier qu'est le Peuple de Dieu. Dans ce sanctuaire, j'ai pu contempler le visage du Christ tantôt défiguré sur la Croix, tantôt resplendissant de lumière comme au matin de Pâques.

J'ai pu partager directement avec mes frères évêques leurs problèmes et leurs préoccupations pastorales. Les diverses catégories de fidèles que j'ai toujours voulu rencontrer, m'ont permis de connaître de plus près la vie des communautés chrétiennes sur les divers continents, leurs attentes, leurs difficultés, leurs souffrances et leurs joies. Je n'ai jamais oublié les jeunes, "espérance de l'Eglise et du Pape": sur leurs visages joyeux et préoccupés, j'ai vu une génération prête à se placer avec générosité à la suite du Christ et à édifier la civilisation de l'amour.

Les grandes assemblées multicolores du Peuple de Dieu, réunies pour la célébration de l'Eucharistie, demeurent gravées dans ma mémoire et dans mon coeur comme le souvenir le plus profond et le plus émouvant de mes visites. En profonde harmonie avec elles, j'ai répété la profession de foi de Pierre: "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Mt 16,16).

Animé par la conviction selon laquelle l'"homme est la première route et la route fondamentale de l'Eglise" (Redemptor hominis RH 14), j'ai voulu ensuite rencontré nos frères des autres Eglises et communautés ecclésiales, ainsi que les fidèles du judaïsme, de l'islam et des autres religions pour réaffirmer avec conviction l'engagement concret de l'Eglise catholique pour la reconstitution de la pleine unité entre les chrétiens, ainsi que son ouverture au dialogue et à la collaboration avec tous pour l'édification d'un monde meilleur.

En ce moment, défilent devant mes yeux les innombrables rencontres vécues et tous les participants: je voudrais les embrasser tous encore une fois, et les inviter tous à nouveau à "ouvrir toutes grandes les portes au Christ"!

4. Et à vous, très chers frères et soeurs réunis ici, je voudrais exprimer mon remerciement. A travers votre travail à divers niveaux et responsabilités, vous avez permis au Pape d'aller à la rencontre des hommes et des femmes de notre temps dans leurs lieux de vie habituels. Et vous l'avez aidé dans son ministère missionnaire itinérant, désireux d'annoncer à tous la parole de salut, dans la conviction profonde que Dieu veut "que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité" (1Tm 2,4).

Je remercie en particulier la Secrétairerie d'Etat, qui s'occupe de la préparation de mes voyages, le Bureau des célébrations liturgiques et ceux qui rendent mon ministère possible à travers leur service, même le plus caché. Je remercie également les agents de la communication, qui en sont l'écho fidèle dans les divers pays du monde.

A Dieu tout-puissant, je confie ce qui a été semé au cours des cent voyages apostoliques, en commençant par Puebla de los Angeles, au Mexique, jusqu'à la Croatie, et je prie afin que, par sa grâce, puisse jaillir une moisson abondante pour le bien de l'Eglise et du monde.



AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS DES PRÉSIDENTS DES COMMISSIONS ÉPISCOPALES D'EUROPE POUR LA FAMILLE ET LA VIE

Vendredi 13 juin 2003




Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat,
Très chers participants à cette rencontre!

1. Je vous accueille avec plaisir en ce jour, à l'occasion du IV Congrès des Présidents des Commissions épiscopales d'Europe pour la Famille et pour la Vie. Celui-ci se déroule à un moment plus que jamais important, alors que l'on est en train de débattre sur des thèmes de grande importance pour l'avenir de la famille des peuples européens.

Je vous salue tous cordialement. Je salue, en particulier, Monsieur le Cardinal Alfonso López Trujillo, Président du Conseil pontifical pour la Famille, et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom. J'étends ma pensée reconnaissante au Secrétaire et aux collaborateurs de ce Dicastère qui, avec une sollicitude constante, oeuvre au service de la famille. Je salue chacun de vous ici présents et tous ceux qui, dans chacune des nations dont ils proviennent, collaborent avec vous dans ce domaine pastoral de première importance pour l'Eglise et pour l'humanité tout entière.
Le thème que vous avez choisi - "Défis et opportunités au début du troisième millénaire" - est plus que jamais significatif et met clairement en lumière votre ambition d'établir un bilan sur la situation de la famille en Europe, qui traverse des moments difficiles.

La famille dispose toutefois également de riches potentialités, car elle est une institution solidement enracinée dans la nature de l'homme. Par ailleurs, elle bénéficie des énergies dont l'Esprit la comble, et qui ne feront jamais défaut dans l'accomplissement de sa sainte mission de transmettre la vie et de diffuser l'amour familial à travers les générations.

2. En vérité, aujourd'hui, c'est l'identité même de la famille qui est soumise à des menaces déshumanisantes. Perdre la dimension "humaine" dans la vie familiale conduit à remettre en question la racine anthropologique de la famille comme communion de personnes. Apparaissent alors, un peu partout à travers le monde, des alternatives trompeuses qui ne reconnaissent pas la famille comme un bien précieux et nécessaire au tissu social. De cette manière, par le manque de sens des responsabilités et d'engagement à l'égard de la famille, on court le risque d'avoir à payer, malheureusement, un coût social élevé, dont les générations futures auront à assumer les conséquences, victimes d'une mentalité malsaine et confuse, et de styles de vie indignes de l'homme.

3. Dans l'Europe d'aujourd'hui, l'institution familiale souffre d'une fragilité préoccupante, qui devient plus grande pour ceux qui ne sont pas préparés à faire face à leurs responsabilités en son sein, dans une attitude de totale donation réciproque et d'amour véritable.

Il faut dans le même temps reconnaître que de très nombreuses familles chrétiennes offrent un témoignage ecclésial et social réconfortant: elles vivent cette générosité réciproque de manière admirable dans l'amour conjugal, en surmontant les difficultés et les adversités. C'est précisément de cette générosité totale que naît le bonheur du couple, lorsque celui-ci demeure fidèle jusqu'à la mort et s'ouvre avec confiance au don de la vie.

4. Dans les sociétés européennes actuelles apparaissent des tendances qui non seulement ne contribuent pas à défendre cette institution humaine fondamentale qu'est précisément la famille, mais la contrarient, fragilisent sa cohésion intérieure: en diffusant des manières de penser favorables au divorce, à la contraception et à l'avortement, en niant de fait le sentiment authentique de l'amour et en attentant, en définitive, à la vie humaine, en ne reconnaissant pas le plein droit à la vie de l'être humain.

Un grand nombre d'attaques sont certes portées contre la famille et la vie humaine, mais grâce à Dieu il existe un très grand nombre de familles qui restent fidèles, malgré les difficultés, à leur vocation humaine et chrétienne. Celles-ci réagissent aux attaques d'une certaine culture contemporaine hédoniste et matérialiste et s'organisent pour proposer ensemble une réponse emplie d'espérance. La pastorale familiale est aujourd'hui un devoir prioritaire et on enregistre des signes de reprise et d'un nouveau réveil pour la défense de la famille. Je me réfère ici à certaines interventions législatives, ainsi qu'à des aides opportunes pour freiner l'avancée de l'hiver démographique, qui se fait particulièrement sentir en Europe. Les mouvements en faveur de la famille et pour la vie croissent; ils se consolident et constituent une nouvelle conscience sociale. Oui, les ressources de la famille sont vraiment innombrables!

5. Je voudrais renouveler ici mon invitation adressée aux responsables des peuples et aux législateurs afin qu'ils assument pleinement leurs engagements pour la défense de la famille et qu'ils favorisent la culture de la vie. On fête cette année le vingtième anniversaire de la publication, de la part du Saint-Siège, de la Charte des Droits de la Famille. Celle-ci présente les "droits fondamentaux propres à cette société naturelle et universelle qu'est la famille". Il s'agit de droits "existant dans la conscience de l'être humain et dans les valeurs communes de toute l'humanité"; qui "résultent, en dernière analyse, de la loi inscrite par le Créateur au coeur de tout être humain" (cf. Introduction). Je souhaite que cet important document continue d'apporter un soutien efficace et une orientation à tous ceux qui, à divers titres, assument des devoirs et des responsabilités sociales et politiques.

Que Marie, Reine de la famille, inspire et soutienne vos efforts dans les Commissions "Famille et vie" de vos Conférences épiscopales respectives, afin que les familles chrétiennes d'Europe soient toujours davantage des "Eglises domestiques" et des sanctuaires de la vie. Avec de tels voeux, soutenus par la prière, j'invoque l'assistance divine constante pour vos activités, tout en vous bénissant.



AUX ENFANTS DE L'OEUVRE PONTIFICALE DE L'ENFANCE MISSIONNAIRE

Samedi 14 juin 2003


Très chers enfants et jeunes!

1. Je vous salue tous avec une grande affection, ainsi que les prêtres et les animateurs qui vous ont accompagnés. Merci de votre présence si nombreuse à cette rencontre, à l'occasion du 160 anniversaire de l'Oeuvre pontificale de l'Enfance missionnaire.

Je salue le Cardinal Crescenzio Sepe, Préfet de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples, et je lui suis reconnaissant pour les paroles qu'il m'a adressées, également en votre nom. Mon remerciement s'étend également aux responsables de l'Oeuvre pontificale de la Sainte-Enfance, qui ont préparé la manifestation d'aujourd'hui, aux directeurs des Bureaux missionnaires diocésains, et aux représentants des Oeuvres pontificales missionnaires.

Je suis heureux d'être avec vous aujourd'hui, notamment parce qu'il y a dix ans - à l'occasion du 150 anniversaire de votre Association -, il ne me fut pas possible de vous rencontrer.

2. Vous renouvelez aujourd'hui votre engagement au service des Missions, en réfléchissant sur les paroles du prophète Isaïe: "Me voici, envoie-moi" (Is 6,8). Dans vos coeurs et sur vos lèvres, Dieu place un petit mot qui, dans la Bible, est très important: "Me voici". Le Fils de Dieu le prononça lorsqu'il vint au monde et toute sa vie consista à répondre promptement "Me voici" au Père céleste.

"Me voici" fut la réponse de la Vierge Marie à l'Ange, qui apportait l'annonce de Dieu. A travers elle, la Madone accepta docilement la mission de devenir Mère de Jésus et, donc, Mère de l'Eglise.

Chers petits missionnaires, vous aussi vous devez apprendre à répondre "Me voici", en invoquant l'aide de Jésus et de Marie. Si votre adhésion à la volonté divine est généreuse, vous pourrez ressentir la joie qu'ont éprouvée de nombreux saints et saintes missionnaires, qui au cours des siècles, ont consacré leur vie à l'Evangile.

Il est beau de considérer l'Oeuvre pontificale de l'Enfance missionnaire comme un immense choeur, formé d'enfants du monde entier, qui chantent ensemble leur "Me voici" à Dieu à travers la prière, leur enthousiasme et leur engagement concret! Et cela a lieu depuis au moins cent soixante ans, depuis que l'Esprit Saint suscita votre Oeuvre, en suggérant à Mgr Charles de Forbin-Janson, Evêque de Nancy, en France, de s'adresser précisément aux enfants pour leur demander d'aider les enfants de Chine.

3. Depuis lors, la devise de l'Enfance missionnaire continue d'être: "Les enfants aident les enfants". Mais comment? Avant tout par la prière.Comme je l'ai rappelé dans le Message que je vous ai adressé le 6 janvier dernier, chaque petit missionnaire s'engage à réciter un "Ave Maria" par jour pour les enfants de son âge qui sont loin.

Le deuxième engagement consiste à aller à leur rencontre de façon concrète en puisant dans ses propres économies. D'une petite semence, l'Oeuvre pontificale de la Sainte-Enfance est devenue désormais un arbre majestueux.

Certes, de grands et profonds changements ont eu lieu dans l'humanité, de la moitié du XIX siècle à aujourd'hui. Dans ce qu'on appelle le "nord" du monde, les conditions de vie des enfants se sont améliorées, mais le développement économique et social n'a pas toujours été accompagné par un développement humain dans son sens plénier. On a constaté une perte de valeurs et ce sont précisément les plus petits qui en ont souvent payé le prix le plus élevé, sans parler également des nations développées, où demeurent également des zones de grande pauvreté.

Dans le "sud" de la planète, le cri de millions d'enfants, condamnés à mourir à cause de la faim et de maladies liées à la pauvreté, devient toujours plus déchirant et interpelle chacun.

4. Chers enfants de l'Enfance missionnaire! Vous êtes les premiers à répondre à cet appel, Vous formez une chaîne de solidarité à travers les cinq continents, et vous offrez la possibilité, également aux plus pauvres, de "donner" et aux plus riches de "recevoir" en donnant. Continuez à être les acteurs de cet "échange de dons" qui contribue à édifier un avenir meilleur pour tous.

Soyez témoins et prophètes du Christ, comme le suggère le thème du 160 anniversaire de l'Enfance missionnaire: "...et toi, enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut". Que la Madone vous aide à dire à Dieu "Me voici, envoie-moi". Adressez-vous à elle avec confiance, en cette année consacrée au Rosaire, à travers cette prière populaire, que vous connaissez certainement bien et que vous récitez déjà. De nombreux enfants dans le monde prient le Rosaire, comme le faisaient les bienheureux enfants François et Jacinthe de Fatima, et le Pape s'unit à eux chaque jour.

Très chers enfants et jeunes, en rentrant chez vous, apportez mon salut à vos familles et à vos amis, avec ma Bénédiction, que j'étends à toute l'Oeuvre pontificale de l'Enfance missionnaire.



AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE L'ORDRE DES FRÈRES MINEURS

Lundi 16 juin 2003




  Très chers Frères mineurs!

1. Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de votre Chapitre général ordinaire, qui se déroule à la "Portioncule", à Assise. J'adresse mon salut cordial au nouveau Ministre général, le R.P. José Rodriguez Carballo, et, en le remerciant pour les paroles courtoises avec lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments communs, je lui présente mes meilleurs voeux de bon travail pour la tâche exigeante qui lui a été confiée.

J'étends mon salut à son prédécesseur, le R.P. Giacomo Bini, aux personnes présentes, à tous vos confrères et, en particulier, à ceux qui sont malades, âgés et aux jeunes qui constituent l'espérance de votre Ordre pour le bien de l'Eglise.

2. Selon l'antique tradition, le Chapitre que vous célébrez prend le nom de "Chapitre de Pentecôte" en raison de la solennité à l'approche de laquelle il se déroule depuis ses débuts. Ces circonstances soulignent, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire dans le Message que je vous ai adressé, "le rôle fondamental reconnu par saint François à l'Esprit Saint, qu'il aimait définir "Ministre général" de l'Ordre (cf. Celano, Vita seconda, CXLV, 193: FF 779). L'Esprit Saint purifie, illumine, enflamme les coeurs par le feu de l'amour, les conduisant au Père sur les traces du Seigneur Jésus (cf. Lettre à tous les frères, VI, 62-63: FF 223) (n. 1)".

Chaque Chapitre général constitue un moment de grâce spéciale pour la Famille religieuse qui le célèbre; une occasion propice pour réfléchir sur le chemin accompli et pour définir des choix et des lignes d'action pour l'avenir. Que l'Esprit Saint vous accorde de mieux comprendre quelles sont les priorités de la mission que Dieu vous confie pour le bien de l'Eglise et du monde.

3. A l'aube du troisième millénaire, l'urgence de la nouvelle évangélisation est ressentie avec plus de force par les disciples du Christ. Vos Fraternités partagent elles aussi cette aspiration apostolique et, fidèles à leur vocation, elles sont décidées à apporter aux hommes et aux femmes de notre temps l'heureuse annonce du salut offert par le Christ à l'humanité.

Cet engagement missionnaire ne sera fructueux que dans la mesure où il se déroulera en harmonie avec les pasteurs légitimes, auxquels le Seigneur a confié la responsabilité de son troupeau. A ce propos, je constate avec satisfaction les efforts accomplis pour surmonter les difficultés existant depuis un certain temps dans diverses régions. Je souhaite de tout coeur que, grâce à la contribution de tous, se réalise pleinement cette entente avec l'Autorité diocésaine qui fut demandée par mon vénéré Prédécesseur le Pape Paul VI et qui se révèle indispensable pour une oeuvre d'évangélisation efficace.

Chers Frères mineurs, conservez votre style caractéristique marqué par la pauvreté et la vie fraternelle, la docilité et l'obéissance, en gardant le regard fixé sur le Christ, comme le faisait le "Poverello" d'Assise, votre père et maître. Il enseignait que "le prédicateur doit tout d'abord puiser dans le secret de la prière ce qu'il communiquera ensuite dans les discours. Il doit tout d'abord se réchauffer intérieurement, afin de ne pas proférer à l'extérieur de froides paroles" (cf. Celano, Vita seconda, CXXII, 163: FF 747).

4. Tendez à la sainteté! Voilà une véritable urgence pastorale pour notre temps. J'observais, à ce propos, dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte qu'"il est temps de proposer à nouveau à tous, avec conviction, ce "haut degré" de la vie chrétienne" (NM 31). Très chers frères, afin d'aider les autres à chercher Dieu avant toute autre chose, il faut que vous vous engagiez les premiers dans cette ascèse personnelle et communautaire difficile mais exaltante, en trouvant dans votre Règle et dans vos Constitutions "un itinéraire tracé pour la sequela Christi, correspondant à un charisme propre authentifié par l'Eglise" (Vita consecrata VC 37).

Puissent les travaux capitulaires, soutenus par la prière de tout l'Ordre, contribuer à faire croître cet esprit d'humble écoute de Dieu et d'adhésion filiale aux directives des pasteurs de l'Eglise, qui doit caractériser les Frères mineurs. Que saint François et les saints Protecteurs de l'Ordre, vous assistent.

Que vous accompagne la Vierge Marie, que vous vénérez comme votre Patronne spéciale sous le titre d'"Immaculée". Qu'Elle, "Etoile de la nouvelle évangélisation", vous rende toujours prêts à répondre avec dévouement à l'appel de son divin Fils. Le Pape est proche de vous et vous bénit de tout coeur, ainsi que vos Fraternités et toute votre Famille spirituelle.



Discours 2003 - MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU MINISTRE GÉNÉRAL DE L’ORDRE DES FRÈRES MINEURS