Discours 2003 - Mardi 8 juillet 2003


MESSAGE DE JEAN-PAUL II AUX CARDINAUX: JÓZEF GLEMP, MARIAN JAWORSKI ET LUBOMYR HUSAR




A Messieurs les Cardinaux
JÓZEF Card. GLEMP
Archevêque de Varsovie et Primat de Pologne

MARIAN Card. JAWORSKI
Archevêque de Lviv des Latins

LUBOMYR Card. HUSAR
Archevêque majeur de Lviv des Ukrainien

Très chers citoyens appartenant
aux peuples frères de l'Ukraine et de la Pologne!

1. J'ai appris que le 11 juillet prochain, 60 anniversaire des tragiques événements de Volhynie, dont le souvenir est encore très vif parmi vous, fils de deux nations qui me sont très chères, se tiendra une commémoration officielle de réconciliation entre l'Ukraine et la Pologne.

Dans le tourbillon de la Deuxième Guerre mondiale, alors que l'exigence de solidarité et d'aide réciproque était plus urgente encore, l'obscure action du mal empoisonna les coeurs, et les armes firent couler du sang innocent. A présent, soixante ans après ces tristes événements, le besoin d'un profond examen de conscience s'est affirmé dans l'âme de la majorité des Polonais et des Ukrainiens. On ressent la nécessité d'une réconciliation qui permette de poser sur le présent et l'avenir un regard neuf. Cette disposition intérieure providentielle me pousse à élever vers le Seigneur des sentiments de gratitude, tandis que je m'unis spirituellement à tous ceux qui rappellent dans la prière toutes les victimes de ces actes de violence.

Le nouveau millénaire, qui vient de commencer, exige qu'Ukrainiens et Polonais ne demeurent pas prisonniers de leurs tristes souvenirs, mais, considérant les événements passés avec un esprit nouveau, se regardent réciproquement avec des yeux réconciliés, en s'engageant à édifier un avenir meilleur pour tous.

De même que Dieu nous a pardonnés dans le Christ, ainsi, il faut que les croyants sachent se pardonner réciproquement les offenses subies et demander pardon pour leurs fautes, afin de contribuer à préparer un monde qui respecte la vie et la justice, dans l'harmonie et dans la paix. En outre, les chrétiens, sachant que "celui qui n'avait pas connu le péché, Il l'a fait péché pour nous" (2Co 5,21), sont appelés à reconnaître les erreurs du passé pour réveiller leurs consciences face aux compromis du présent, en ouvrant l'âme à une conversion authentique et durable.

2. Au cours du grand Jubilé de l'An 2000, l'Eglise, dans un contexte solennel, et avec une claire conscience de ce qui a eu lieu par le passé, a demandé pardon au monde pour les fautes de ses fils, en pardonnant dans le même temps ceux qui l'avaient offensée de diverses façons. C'est ainsi qu'elle a voulu purifier la mémoire des tristes événements de tout sentiment de rancoeur et de vengeance, pour repartir, rassurée et confiante, dans l'oeuvre d'édification de la civilisation de l'amour.

Elle propose ce même comportement à la société civile, en exhortant tous à une réconciliation sincère, dans la conscience qu'il n'existe pas de justice sans pardon et que la collaboration serait fragile sans une ouverture réciproque. Cela est d'autant plus urgent si l'on considère combien il est nécessaire d'éduquer les jeunes générations à affronter le lendemain en n'étant pas soumis aux conditionnements d'une histoire de méfiance, de préjugés et de violence, mais dans l'esprit d'une mémoire réconciliée.

La Pologne et l'Ukraine, terres qui connaissent depuis de nombreux siècles l'annonce de l'Evangile, et ont offert d'innombrables témoignages de sainteté à travers tant de leurs fils, désirent, en ce début de nouveau millénaire, renforcer leurs relations d'amitié, en se libérant de l'amertume du passé et en s'ouvrant à des relations fraternelles, illuminées par l'amour du Christ.

3. Tandis que je me réjouis que les communautés chrétiennes d'Ukraine et de Pologne se soient faites les promotrices de cette commémoration, afin de contribuer à refermer et à guérir les blessures du passé, j'encourage ces deux peuples frères à persévérer avec confiance dans la recherche de la collaboration et de la paix.

En adressant mes salutations cordiales à tout l'épiscopat, au clergé et aux fidèles de ces nations, j'adresse une pensée respectueuse aux Présidents et aux Autorités civiles respectives, et, par leur intermédiaire, aux peuples polonais et ukrainiens, toujours présents dans mon coeur et dans mes prières, avec le souhait d'un progrès constant dans la concorde et la paix.

J'accompagne ces voeux d'une Bénédiction apostolique particulière, que je donne volontiers à tous ceux qui s'associeront aux célébrations programmées.

Du Vatican, le 7 juillet 2003

IOANNES PAULUS II




DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM EUROPÉEN SUR LE THÈME: "UNIVERSITÉ ET ÉGLISE EN EUROPE"

Samedi 19 juillet 2003



Vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce
Messieurs les recteurs et professeurs,
très chers jeunes universitaires!

1. Je suis très heureux de vous accueillir, à l'occasion du Symposium "Université et Eglise en Europe", organisé par le Conseil des Conférences épiscopales d'Europe et par la Commission épiscopale italienne pour l'Université, en collaboration avec le Ministère de l'Université. Je remercie cordialement Mgr Amédée Grab des paroles par lesquelles il a introduit cette rencontre, ainsi que les Autorités civiles et académiques pour leur présence appréciée. A tous, professeurs, aumôniers et étudiants, je souhaite une cordiale bienvenue.

Vous vous êtes donné rendez-vous à Rome, à l'occasion du septième centenaire de la plus ancienne Université de l'Urbs, "La Sapienza". De Rome, votre horizon s'étend ces jours-ci à l'Europe tout entière pour réfléchir sur le lien entre Université et Eglise au début du troisième millénaire.

2. Ce lien nous conduit directement au coeur de l'Europe, là où sa civilisation est arrivée à s'exprimer dans l'une de ses institutions les plus emblématiques. Nous sommes aux XIII et XIV siècles, à l'époque où prend forme l'"humanisme" comme synthèse très heureuse entre le savoir théologique, le savoir philosophique et les autres sciences. Synthèse impensable sans le christianisme et donc sans l'oeuvre séculaire d'évangélisation accomplie par l'Eglise dans la rencontre avec les multiples réalités ethniques et culturelles du continent (cf. Discours au V Symposium des Evêques d'Europe, 19 décembre 1978).

Cette mémoire historique est indispensable pour fonder la perspective culturelle de l'Europe d'aujourd'hui et de demain, à la construction de laquelle l'Université est appelée à jouer un rôle irremplaçable.

De même que la nouvelle Europe ne peut se projeter dans l'avenir sans puiser à ses racines, ainsi, il en est de même pour l'Université. En effet, celle-ci est par excellence le lieu de recherche de la vérité, d'une analyse attentive des phénomènes dans la recherche constante de synthèses toujours plus complètes et fécondes. Et de même que l'Europe ne peut se réduire à un marché, ainsi, l'Université, tout en devant s'insérer dans le tissu social et économique, ne peut être asservie à ses exigences, sous peine d'égarer sa nature, qui demeure principalement culturelle.

3. C'est ainsi que l'Eglise qui est en Europe considère l'Université: avec l'estime et la confiance de toujours, en s'efforçant d'offrir sa contribution multiforme. Avant tout à travers la présence de professeurs et d'étudiants, qui sachent unir la compétence et la rigueur scientifique à une vie spirituelle intense, afin d'animer d'esprit évangélique le milieu universitaire. En second lieu, à travers les Universités catholiques, dans lesquelles se réalise l'héritage des anciennes Universités, nées ex corde Ecclesiae. Je désire, en outre, répéter l'importance de ce que l'on appelle les "laboratoires culturels", qui représentent de façon opportune un choix prioritaire de la pastorale universitaire au niveau européen. Au sein de ceux-ci s'accomplit un dialogue constructif entre foi et culture, entre science, philosophie et théologie, et l'éthique est considérée comme une exigence intrinsèque de la recherche pour un service authentique à l'homme (cf. Discours lors de la rencontre mondiale des Professeurs universitaires, 9 septembre 2000).

A vous, professeurs, j'adresse mon encouragement; à vous, étudiants, l'exhortation à faire fructifier avec application vos talents; à tous, le souhait de collaborer à promouvoir toujours la vie et la dignité de l'homme.

Dans peu de temps, j'allumerai le flambeau qu'un groupe de jeunes apportera à l'église "Sant'Ivo alla Sapienza", en passant par les différents sièges universitaires de Rome: une façon de souligner la signification et la valeur du septième centenaire de l'Université "La Sapienza".

Que la Très Sainte Vierge Marie, Siège de la Sagesse, veille toujours sur vous. Que vous accompagnent ma prière et ma Bénédiction.
* * *


Au terme de son discours, le Pape Jean-Paul II a salué les divers groupes de pèlerins, respectivement en français, anglais, allemand, espagnol et polonais Au pèlerins francophones, il a dit:

Je salue les professeurs et les étudiants de langue française, leur adressant mes meilleurs voeux pour leurs recherches et pour la part qu'ils prennent à l'animation chrétienne dans le monde universitaire.


Août 2003



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX GUIDES ET SCOUTS DE L’AGESCI




Très chers Scouts et Guides de l'AGESCI!

1. Je garde encore en moi le souvenir vivant de la visite que j'ai eu la joie d'accomplir à Pian de Pezza, dans les Abruzzes, lors de l'été 1986, auprès des participants de votre "Route" nationale. Cette année, vous avez voulu organiser une nouvelle grande expérience communautaire, le Camp national, qui aura lieu de façon simultanée dans quatre localités, dans les provinces d'Avellino, de Cagliari, de Pérouse et de Turin. Cette fois, malheureusement, je ne peux répondre à votre invitation, que j'ai beaucoup appréciée, de venir parmi vous. Je désire toutefois vous assurer de mon souvenir dans l'affection et de ma proximité dans la prière, afin que chacun de vous, jeune ou adulte, puisse vivre en plénitude les journées du "camp".

Il y a environ trois mois, j'ai accueilli en audience un groupe nombreux de dirigeants et de responsables de votre Association, auxquels j'ai rappelé la confiance et l'estime de l'Eglise pour les contenus et la méthode du projet éducatif que développe l'Association. A présent, tandis que je vous imagine par milliers dans les splendides paysages dans lesquels vous planterez vos tentes, je voudrais revenir sur l'un des thèmes de formation qui vous sont chers, c'est-à-dire l'importance que doit revêtir l'approfondissement constant de la foi, en valorisant l'amour et le respect pour la nature: il s'agit d'un devoir qui s'impose aujourd'hui à tous avec urgence, mais que les scouts vivent depuis toujours, poussés non pas par un vague "souci d'écologie", mais par le sens de responsabilité qui dérive de la foi. La protection de la création, en effet, est un aspect caractéristique de l'engagement des chrétiens dans le monde.

2. Là où tout parle du Créateur et de sa sagesse, des montagnes majestueuses aux enchanteresses vallées en fleurs, vous apprenez à contempler la beauté de Dieu, et votre âme, pour ainsi dire, "respire", en s'ouvrant à la louange, au silence et à la contemplation du mystère divin.

Le "camp" auquel vous participez, devient ainsi, outre des vacances d'aventure, une rencontre avec Dieu, avec soi-même et avec les autres; une rencontre favorisée par une révision profonde de vie à la lumière de la Parole de Dieu et des principes de votre projet de formation.

Lorsque Jésus amena avec lui Pierre, Jacques et Jean sur le Mont Thabor, il eut certainement l'occasion d'admirer avec eux le panorama de la Galilée dont on jouit de là-haut. Mais cela n'était bien sûr pas son objectif prioritaire. Il voulait faire participer ses disciples à sa prière et leur montrer son visage glorieux, pour les préparer à supporter la dure épreuve de la passion. Toutes proportions gardées, n'est-ce pas là également le sens des "camps" que l'AGESCI propose à ses membres? Il s'agit de moments forts au cours desquels, favorisés par le cadre naturel, vous ferez une expérience importante de Dieu, de Jésus et de la communion fraternelle. Tout cela vous prépare à la vie, à fonder vos projets les plus exigeants sur la foi, et à surmonter les crises avec la lumière et la force qui viennent d'En-haut.

3. Très chers amis, le chemin des scouts de l'AGESCI vise à former la personnalité des enfants, des jeunes et des adultes selon le modèle évangélique. Il s'agit d'une école de vie, dans laquelle on apprend un "style" qui, s'il est correctement assimilé, se garde pour toute la vie. Ce style se résume dans la parole "service". Et si cela vaut pour tout jeune qui participe à l'expérience des scouts, indépendamment de sa foi, il est vrai à plus forte raison pour vous, qui vous proclamez et voulez être réellement "catholiques". Votre service devra être encore plus généreux et désintéressé, sur le modèle de celui de Jésus, qui dit: "Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir!" (Ac 20,35)

Très chers scouts et guides, je vous assure de ma présence spirituelle, accompagnée de ma prière afin que la Madone, Vierge fidèle, vous protège et vous accompagne.

Avec ces pensées et ces sentiments, je vous bénis de tout coeur, ainsi que vos responsables et toute la famille de l'AGESCI.

De Castel Gandolfo, le 28 juillet 2003

IOANNES PAULUS II




MESSE EN MÉMOIRE DU PAPE PAUL VI - PAROLES D'INTRODUCTION DU PAPE JEAN-PAUL II

Mercredi 6 août 2003



Nous célébrons aujourd'hui la Fête liturgique de la Transfiguration du Seigneur. En ce même jour, nous rappelons la pieuse mort du serviteur de Dieu le Pape Paul VI. Nous le faisons au cours de cette Messe, dans laquelle le Christ renouvelle sur l'autel son Sacrifice rédempteur.

"Mysterium fidei": telles sont les paroles par lesquelles commence la mémorable Encylique qu'il consacra à l'Eucharistie, en la troisième année de son pontificat. Maître très dévoué de la doctrine et du culte de l'Eucharistie, il définissait la présence sacramentelle du Christ dans le Sacrifice eucharistique comme une présence "véritablement sublime", qui "constitue dans son genre le plus grand des miracles" (Enc. Mysterium fidei, E.V., MF MF 423 MF 427). Quelle foi et quelle sollicitude Paul VI mit-il à instruire le Peuple de Dieu sur ce mystère central de la foi catholique!

En la fête de la Transfiguration, nous demandons à travers la liturgie que "le Pain du ciel... nous transforme à l'image du Christ" (Prière après la communion). C'est ce que demanda également Paul VI en son temps. C'est ce que nous demandons aujourd'hui pour lui, afin que, en contemplant sans voile le visage de son Seigneur, il jouisse pour toujours de la vision de sa gloire.



MESSAGE DE JEAN-PAUL II AUX GUIDES ET SCOUTS D'EUROPE RÉUNIS POUR LE SIXIÈME JAMBOREE EUROPÉEN





1. À l'occasion du jamboree européen de l'Union internationale des Guides et Scouts d'Europe qui se déroule en Pologne, je suis heureux de vous adresser, chers Guides et Scouts d'Europe, un cordial salut et de vous assurer de ma profonde union dans la prière. Le thème de cet "Eurojam", "Duc in altum!", reprend les paroles de Jésus à Pierre: "Avance au large" (Lc 5,4). Il vous invite à approfondir l'itinéraire spirituel qui a été proposé aux chrétiens du monde entier au terme du grand jubilé de l'an 2000 et aux jeunes, à Toronto, l'an dernier.

2. Chers jeunes, répondez avec générosité à l'appel du Christ qui vous invite à avancer au large et à devenir ses témoins, découvrant la confiance que le Christ met en vous pour inventer un avenir avec lui. Pour pouvoir être accomplie, cette mission que l'Église vous confie demande avant tout que vous cultiviez une authentique vie de prière, nourrie par les sacrements, spécialement par l'Eucharistie et la Réconciliation. Comme je l'ai souligné dans la récente Encyclique Ecclesia de Eucharistia, "tout engagement vers la sainteté [...] doit puiser dans le mystère eucharistique la force nécessaire et s'orienter vers lui comme vers le sommet" (EE 60). Il est donc important que la Sainte Messe constitue le centre et le sommet de cette rencontre, comme de toutes vos rencontres, et de manière particulière de vos semaines dans la célébration du Jour du Seigneur.

Itinéraire privilégié de croissance spirituelle, l'expérience scoute est un chemin de grande valeur pour permettre l'éducation intégrale de la personne. Elle aide à surmonter la tentation de l'indifférence et de l'égoïsme pour s'ouvrir au prochain et à la société. Elle peut favoriser efficacement l'accueil des exigences de la vocation chrétienne: être "sel de la terre et lumière du monde" (cf. Mt 5,13-16). Je vous invite à être fidèles à la riche tradition du mouvement scout, engagée dans la formation au dialogue, au sens de la justice, à la loyauté, à la fraternité dans les rapports sociaux. Un tel style de vie peut être votre contribution originale à la réalisation d'une plus grande et plus authentique fraternité entre les peuples d'Europe, un apport précieux à la vie des sociétés dans lesquelles vous vivez.

3. Chers Guides et Scouts d'Europe, vous êtes un don précieux non seulement pour l'Église, mais aussi pour l'Europe nouvelle que vous voyez se construire sous vos yeux, et vous êtes appelés "à participer, avec toute l'ardeur de votre jeunesse, à la construction de l'Europe des peuples, pour que chaque personne soit reconnue dans sa dignité d'enfant bien-aimé de Dieu et qu'advienne une société fondée sur la solidarité et sur la charité fraternelle" (Audience avec les guides et les scouts d'Europe, 3 août 1994).

4. Au sanctuaire marial de Jasna Góra, qui m'est si cher, vous allez renouveler devant la Vierge de Czestochowa les engagements de votre Baptême, votre promesse scoute et votre volonté d'être de vrais apôtres de l'amour du Seigneur. Vous allez redire l'acte de consécration à Notre-Dame de l'Annonciation, déjà prononcé il y a près de vingt ans en la Cathédrale Notre-Dame de Paris, à l'occasion de votre première rencontre européenne. Depuis lors, le fiat par lequel Marie a répondu à la volonté de Dieu est devenu un élément central de la spiritualité des Guides et des Scouts d'Europe, de manière particulière à travers la prière de l'Angélus et du chapelet. Puissent ces moments de prière mariale, en cette année consacrée à Notre-Dame du Rosaire, continuer à imprégner vos journées, ravivant en vos coeurs la mémoire de la merveille de l'oeuvre de la Rédemption accomplie pour nous par le Christ !

Lorsque vous retournerez chez vous, dans vos familles, dans vos communautés, enrichis par l'expérience des ces journées, laissez résonner en vous les paroles de Jésus: "Et moi je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin des temps" (Mt 28,20). Soutenus par sa grâce, cherchez à vivre avec un enthousiasme renouvelé votre engagement ; ainsi, le scoutisme sera pour vous "un moyen de sanctification dans l'Église", qui favorisera et encouragera "une union plus intime entre la vie concrète et votre foi" (Statuts, Art. 1,2,7). Tel est le souhait que je forme pour vous dans la prière. Invoquant sur votre rencontre européenne, sur les responsables de l'Union internationale des Guides et Scouts d'Europe et sur chacun de vous, l'intercession de la Bienheureuse Vierge de Czestochowa, de grand coeur, je vous accorde à tous une affectueuse Bénédiction apostolique.

De Castel Gandolfo, le 30 juillet 2003.

IOANNES PAULUS II




DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS AU XII SÉMINAIRE SUR "SCIENCE, RELIGION ET HISTOIRE"

Palais Apostolique de Castelgandolfo, Vendredi 8 août 2003


Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Je souhaite exprimer ma cordiale gratitude pour cette réflexion commune, qui nous a réunis ces jours-ci dans la recherche de la vérité. Je rends grâce à Dieu que nous ayons pu, pour la douzième fois, nous réunir ici pour méditer sur les problèmes concernant les grandes questions dont dépend la spécificité de la culture humaine. J'ai souligné le rôle de ces problèmes dans l'Encyclique Fides et ratio. Dans la culture contemporaine, les questions fondamentales sur le sens et sur la vérité, sur la beauté et sur la souffrance, sur l'infini et sur la contingence, ne manquent bien évidemment pas. Je vous remercie car nous avons pu les traiter dans une perspective où les nouvelles découvertes de la science et la réflexion sur la philosophie classique se complètent réciproquement.

Notre communauté a exprimé de façon symbolique le lien existant entre l'Eglise et l'Université. Ce lien est particulièrement important à une époque de grandes mutations culturelles. Afin que les témoins contemporains de la vérité ne se sentent pas seuls, il faut promouvoir une grande solidarité d'esprit entre tous ceux qui sont au service de la pensée. Les nouvelles conquêtes de la science, qui est née et s'est développée dans le cadre des influences culturelles du christianisme, ne peuvent pas être indifférentes à l'Eglise. Il faut également rappeler que la vérité et la liberté sont inséparablement unies dans la grande oeuvre d'édification de la culture au service du plein développement de la personne humaine. En rappelant les paroles du Christ "la vérité vous libérera" (Jn 8,32), nous voulons édifier la culture évangélique, libre des illusions et des utopies, qui ont provoqué tant de souffrances au XX siècle.

Ma pensée s'adresse à tous ceux qui par le passé ont participé à nos séminaires. Un grand nombre d'entre eux ont déjà été rappelés par le Seigneur et sans aucun doute voient-ils dans sa lumière avec plus de clarté les vérités qu'il nous faut découvrir dans la semi obscurité des recherches et des discussions. Je les confie tous à Dieu, tout comme vous ici présents. Que le sens de la responsabilité chrétienne nous unisse pour l'avenir de la culture. Ce sens de la responsabilité nous permet de créer une grande harmonie de vie qui indique le Christ comme la source de tout bien. Je vous confie tous à Lui, ainsi que les personnes qui vous sont chères et vos projets pour l'avenir.



DISCOURS DE PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS À LA III RENCONTRE INTERNATIONALE "JEUNES VERS ASSISE"

Palais Apostolique de Castelgandolfo, Samedi 9 août 2003


  Très chers jeunes!

1. Je suis heureux de vous adresser mon salut affectueux, à l'occasion du Congrès international "Jeunes vers Assise", qui vous a réunis de nombreuses parties du monde autour de la figure et du message de saint François. Je désire saluer le Père Joachim Giermek, Ministre général, que je remercie des paroles courtoises à travers lesquelles il a retracé les principaux thèmes de votre "Meeting". Je salue avec lui également les chers Pères conventuels, qui vous accompagnent dans un pèlerinage évocateur dans certains des sanctuaires franciscains les plus anciens.
Au cours de ces journées de réflexion et de fraternité, vous avez l'occasion de redécouvrir le charme des lieux qui témoignent aujourd'hui encore du passage du Poverello d'Assise. En particulier, il vous est donné d'approfondir le contenu de la célèbre prière de François devant le Crucifix de saint Damien, et spécialement l'actualité de l'invocation: "Illumine mon coeur" (cf. Sources franciscaines, 276).

De la contemplation du visage souffrant du Christ crucifié, le jeune François a puisé l'expérience de la communion profonde avec Jésus, qui le poussa, vers la fin de son existence terrestre, à s'identifier tellement avec lui qu'il porta sur son corps les signes de la Passion.

2. Chers participants à la III Rencontre internationale "Jeunes vers Assise"! Je désire vous renouveler l'invitation que j'ai adressée à l'Eglise tout entière au seuil du nouveau millénaire: contemplez le visage du Christ, le visage du mourant et le visage du ressuscité! "Le cri de Jésus sur la Croix n'exprime pas l'angoisse d'un désespéré, mais la prière du Fils qui offre sa vie à son Père dans l'amour, pour le salut de tous" (Lettre apost. Novo millennio ineunte NM 26). Il est nécessaire d'accueillir dans sa vie ce message d'espérance et de l'annoncer au monde en tant que révélation totale de l'amour de Dieu, comme l'a rappelé de façon opportune le Ministre général.

En suivant l'exemple de saint François, vous apprendrez à regarder vous aussi avec foi le visage du crucifié et à y voir reflétées les souffrances de l'homme. Que la Croix de saint Damien, qui vous accompagne aujourd'hui encore, ravive en vous la lumière qui "illumine le coeur" et qu'elle guide votre pèlerinage jusqu'à Cologne, où se tiendra en 2005 la Journée mondiale de la Jeunesse, toujours prêts à annoncer et à témoigner de l'Evangile. N'est-ce pas là l'invitation de François et également l'expérience de Claire d'Assise, dont nous fêtons ces jours-ci le 750 anniversaire de la mort?

3. En contemplant le visage du Christ, vous pourrez ressentir les fruits de sa Passion et de sa Résurrection et vous serez en mesure d'accueillir ceux qui souffrent à cause de la maladie, de la violence, de la haine et de l'injustice. De même que François rencontra le Christ dans la solidarité et dans le service aux pauvres et aux lépreux (cf. Testament, 1-3: Sources franciscaines, 110, Legenda maior, 5: Sources franciscaines, 1034-1035), ainsi, vous aussi, en suivant fidèlement son exemple, vous serez capables d'accueillir le Rédempteur chez chaque personne qui souffre et qui est laissée-pour-compte, et de la servir avec générosité et dévouement. Que le Seigneur vous accorde "sagesse et discernement" afin de pouvoir comprendre jusqu'au bout sa volonté et de la traduire en choix de vie appropriés.

Je vous accompagne avec affection par ma prière et j'invoque sur vous et sur vos fraternités de provenance la protection maternelle de la Vierge Marie, que les franciscains invoquent sous le beau titre de "Sainte Marie des Anges".

Je vous bénis tous de tout coeur, ainsi que vos parents et amis.



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II POUR LE 750 ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE SAINTE CLAIRE D'ASSISE


Très chères soeurs!

1. Le 11 août 1253 achevait son pèlerinage terrestre sainte Claire d'Assise, disciple de saint François et fondatrice de votre Ordre, dit des Soeurs pauvres ou Clarisses, qui compte aujourd'hui, dans ses diverses ramifications, environ neuf cents monastères répartis sur les cinq continents. A 750 ans de sa mort, le souvenir de cette grande sainte continue à être très vivant dans le coeur des fidèles, et je suis donc particulièrement heureux, en cette circonstance, d'adresser à votre famille religieuse une pensée cordiale et mes salutations affectueuses.

En un anniversaire jubilaire aussi significatif, sainte Claire exhorte chacun à comprendre de manière toujours plus profonde la valeur de la vocation, qui est un don de Dieu à faire fructifier. Elle écrivait à ce propos dans son Testament: "Parmi les autres bénéfices que nous avons reçus et que nous continuons chaque jour de recevoir de notre Donateur, le Père des miséricordes, pour lesquels nous sommes hautement tenues de Lui rendre, en sa gloire, de vives actions de grâces, grand est le don de notre vocation. Et plus celle-ci est grande et parfaite, plus encore Lui sommes-nous obligées. C'est à quoi l'Apôtre nous exhorte: Connais bien ta vocation" (2-4).

2. Née à Assise autour des années 1193-1194 dans la noble famille de Favarone di Offreduccio, sainte Claire reçut, notamment de sa mère Ortolana, une solide éducation chrétienne. Illuminée par la grâce divine, elle se laissa attirer par la nouvelle forme évangélique initiée par saint François et par ses compagnons, et elle décida d'entreprendre à son tour une "sequela Christi" plus radicale. Après avoir quitté la maison paternelle dans la nuit entre le Dimanche des Rameaux et le Lundi Saint de 1211 (ou 1212), sur les conseils du saint lui-même, elle se rendit à la petite église de la Portioncule, berceau de l'expérience franciscaine, où au pied de l'autel, elle se dévêtit de toutes ses richesses, pour revêtir l'humble habit de pénitence en forme de croix.

Après une courte période de recherche, elle aboutit au petit monastère de Saint-Damien, où la rejoignit sa jeune soeur Agnès. Là s'unirent à elles d'autres compagnes souhaitant incarner l'Evangile dans une dimension contemplative. Face à la détermination avec laquelle la nouvelle communauté monastique suivait les traces du Christ, voyant en la pauvreté, l'effort, les difficultés, l'humiliation et le mépris du monde des raisons de grande joie spirituelle, saint François ressentit à leur égard une affection paternelle et leur écrivit: "Etant devenues, par une inspiration divine, filles et servantes du très-haut et souverain Roi, le Père céleste, et ayant épousé l'Esprit Saint, faisant le choix de vivre selon la perfection du saint Evangile, je veux et promets, pour ma part et celle de mes frères, d'avoir pour vous, comme je l'ai pour eux, un soin attentif et une sollicitude particulière" (Règle de sainte Claire, chap. VI, 3-4).

3. Claire inséra ces paroles dans le chapitre central de sa Règle, en y reconnaissant non seulement l'un des enseignements reçus du saint, mais le noyau fondamental de son charisme, qui s'inscrit dans le cadre trinitaire et marial de l'Evangile de l'Annonciation. Saint François, en effet, envisageait la vocation des Soeurs Pauvres à la lumière de la Vierge Marie, l'humble servante du Seigneur qui, sous la protection de l'Esprit Saint, devint la Mère de Dieu. L'humble servante du Seigneur est le modèle de l'Eglise, Vierge, Epouse et Mère.

Claire percevait sa vocation comme un appel à vivre selon l'exemple de Marie, qui offrit sa virginité à l'action de l'Esprit Saint pour devenir Mère du Christ et de son Corps mystique. Elle se sentait étroitement associée à la Mère du Seigneur et c'est pourquoi elle exhortait en ce sens sainte Agnès de Prague, la princesse de Bohême devenue Clarisse: "Attache-toi à la très douce Mère, qui donna naissance à un Fils si grand que les cieux eux-mêmes ne pouvaient le contenir, et elle le recueillit pourtant dans l'humble cloître de son corps saint et le porta en son sein virginal" (Troisième Lettre à Agnès de Prague, 18-19).

La figure de Marie accompagna le chemin vocationnel de la sainte d'Assise jusqu'au dernier jour de sa vie. Selon un témoignage significatif rapporté lors du procès de canonisation, la Madone s'approcha du chevet de Claire mourante, en penchant son visage sur elle, dont la vie avait été une radieuse image de la sienne.

4. Seul le choix radical du Christ crucifié, qu'elle fit emplie d'un ardent amour, explique la décision de sainte Claire de suivre la voie de la "très haute pauvreté", expression qui renferme dans toute sa signification l'expérience de dépouillement, vécue par le Fils de Dieu dans l'Incarnation. Par le qualificatif de "très haute", Claire voulait en quelque sorte exprimer l'abaissement du Fils de Dieu, qui la remplissait d'émerveillement: "Un tel et si grand Seigneur - remarquait-elle - en descendant dans le sein de la Vierge, voulut apparaître dans le monde comme un homme dérisoire, nécessiteux et pauvre, afin que les hommes - qui étaient extrêmement pauvres et indigents, affamés en raison de l'excessive pénurie de nourriture céleste - devinssent en lui riches de la possession des royaumes célestes" (Première Lettre à Agnès de Prague, 19-20). Elle percevait cette pauvreté dans toute l'expérience terrestre de Jésus, de Bethléem au Calvaire, où le Seigneur "nu, demeura sur la croix" (Testament de sainte Claire, 45).

Suivre le Fils de Dieu, qui s'est fait notre chemin, impliquait pour elle de ne rien désirer d'autre que de se perdre avec le Christ dans une expérience d'humilité et de pauvreté radicale, qui faisait appel à chaque aspect de l'expérience humaine, jusqu'au dépouillement de la Croix. Le choix de la pauvreté était pour sainte Claire une exigence de fidélité à l'Evangile, au point qu'elle demanda au Pape de lui accorder un "privilège de pauvreté", comme prérogative à la forme de vie monastique qu'elle avait fondée. Elle inscrivit ce "privilège", défendu avec ténacité durant toute sa vie, dans la Règle qui reçut l'approbation pontificale l'avant-veille de sa mort par la Bulle Solet annuere du 9 août 1253, il y a 750 ans.

5. Le regard de Claire demeura jusqu'au bout fixé sur le Fils de Dieu, dont elle contemplait sans trêve les mystères. Son regard était le regard empli d'amour de l'épouse, empli du désir d'un partage toujours plus complet. Elle se plongeait en particulier dans la méditation de la Passion, en contemplant le mystère du Christ, qui du haut de la Croix l'appelait et l'attirait. Elle écrivait ces mots: "O vous tous qui passez sur cette route, arrêtez-vous pour voir s'il existe une douleur semblable à la mienne; et nous répondons, je Lui dis, Lui qui appelle et gémit, d'une seule voix et avec un coeur unique: Jamais ne m'abandonnera ton souvenir et mon âme en sera rongée" (Quatrième Lettre à Agnès de Prague, 25-26). Et elle exhortait: "Laisse-toi donc toujours plus consumer par cette ardeur de charité!... et crie avec toute l'ardeur de ton désir et de ton amour: Attire-moi à toi, ô céleste Epoux" (ibid., 27.29-32).

Cette pleine communion avec le mystère du Christ l'introduit dans l'expérience de la possession trinitaire, dans laquelle l'âme prend une conscience de plus en plus vive de la présence de Dieu en elle: "Alors que les cieux et toutes les autres choses créées ne peuvent contenir le Créateur, l'âme fidèle en revanche, et elle seule, est sa demeure et son séjour, et ce pour la seule raison de la charité, dont les impies sont privés" (Troisième Lettre à Agnès de Prague, 22-23).

6. Guidée par Claire, la communauté réunie à Saint-Damien choisit de vivre selon la forme du saint Evangile dans un cadre contemplatif de clôture, qui se distinguait par le désir de "vivre de manière communautaire dans l'unité de l'esprit" (Règle de sainte Claire, Prologue, 5), selon une "façon de sainte unité" (ibid., 16). Il semble que la compréhension particulière que Claire manifesta à l'égard de la valeur de l'unité dans la fraternité puisse être rapportée à la maturité de son expérience contemplative du Mystère trinitaire. La contemplation authentique, en effet, ne se renferme pas dans l'individualisme mais réalise la vérité de l'être unique dans le Père, dans le Fils et dans l'Esprit Saint. Claire imposa non seulement dans sa Règle la vie fraternelle sur les valeurs du service réciproque, de la participation et du partage, mais elle se préoccupa aussi que la communauté soit solidement édifiée sur l'"unité de la charité réciproque et de la paix" (Chap.IV, 22), et que les soeurs soient "attentives à toujours conserver les unes pour les autres l'unité de la charité réciproque, qui est le chemin qui porte à la perfection" (Chap. X, 7).

Elle était en effet convaincue que l'amour mutuel édifie la communauté et conduit à une croissance dans la vocation; aussi exhortait-elle dans son Testament: "En vous aimant les unes les autres dans l'amour du Christ, montrez à l'extérieur cet amour que vous avez dans le coeur à travers les oeuvres, afin que les Soeurs, encouragées par cet exemple, croissent toujours davantage dans l'amour de Dieu et dans la charité mutuelle" (59-60).

7. Cette valeur de l'unité fut également perçue par Claire comme s'inscrivant dans une dimension plus vaste. C'est pourquoi elle voulut que la communauté de clôture fut pleinement inscrite dans l'Eglise et solidement ancrée à elle par le lien de l'obéissance et de l'assujettissement filial (cf. Règles, chap. I, XII). Elle était tout à fait consciente que la vie des soeurs de clôture devait devenir un miroir pour d'autres soeurs appelées à suivre la même vocation, ainsi qu'un témoignage lumineux pour ceux qui vivent dans le monde.

Les quarante années vécues à l'intérieur du petit monastère de Saint-Damien ne réduisirent pas les horizons de son coeur, mais firent croître sa foi dans la présence de Dieu, oeuvrant au salut de l'histoire. Deux épisodes sont bien connus: lorsque grâce à la force de sa foi dans l'Eucharistie et l'humilité de la prière, Claire obtint la libération de la ville d'Assise et du monastère, menacés par une destruction imminente.

8. Comment ne pas souligner qu'à 750 ans de la confirmation pontificale, la Règle de sainte Claire conserve tout son attrait spirituel et sa richesse théologique? L'harmonie parfaite de valeurs humaines et chrétiennes, le savant équilibre d'ardeur contemplative et de rigueur évangélique vous confirment, chères Clarisses du troisième millénaire, qu'elle est une voie maîtresse qu'il faut suivre, sans accommodements ni concessions à l'esprit du monde.

A chacune de vous, Claire adresse les paroles qu'elle laissa à Agnès de Prague: "Quelle merveilleuse chance as-tu! Il t'est permis de jouir de ce saint banquet, pour pouvoir adhérer de toutes les fibres de ton coeur à Celui dont la beauté fait l'inlassable admiration des bienheureuses foules du ciel" (Quatrième Lettre à Agnès de Prague, 9).

La commémoration de ce centenaire vous offre l'opportunité de réfléchir sur le charisme propre à votre vocation de Clarisses. Un charisme qui se caractérise, en premier lieu, par un appel à vivre selon la perfection du saint Evangile, avec une référence précise au Christ, comme unique et véritable programme de vie. N'est-ce pas un défi proposé aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui? Il s'agit d'une proposition alternative à l'insatisfaction et à la superficialité du monde contemporain, qui semble souvent avoir perdu sa propre identité, parce qu'il n'a plus conscience qu'il a été créé par l'amour de Dieu et qu'il est attendu par Lui dans la communion sans fin.

Quant à vous, chères Clarisses, vous réalisez la "sequela Christi" dans sa dimension sponsale, en renouvelant le mystère de virginité féconde de la Vierge Marie, Epouse de l'Esprit Saint, la femme accomplie. Puisse la présence de vos monastères entièrement voués à la vie contemplative être encore aujourd'hui une "mémoire du coeur sponsal de l'Eglise" (Verbi Sponsa, 1), pleine du désir brûlant de l'Esprit, qui implore incessamment la venue du Christ-Epoux (cf. Ap Ap 22,17).

Face au besoin d'un engagement renouvelé de sainteté, sainte Claire offre par ailleurs un exemple de cette pédagogie de la sainteté qui, en se nourrissant d'incessantes prières, conduit à devenir des contemplateurs du Visage de Dieu, en ouvrant grand son coeur à l'Esprit du Seigneur, qui transforme toute la personne, esprit, coeur et actions, selon les exigences de l'Evangile.

9. Mon souhait le plus vif, renforcé par la prière, est que vos monastères continuent d'offrir à l'exigence diffuse de spiritualité et de prière du monde d'aujourd'hui la proposition exigeante d'une pleine et authentique expérience de Dieu, Un et Trine, qui devienne un rayonnement de sa présence d'amour et de salut.

Que Marie, la Vierge de l'écoute, vous vienne en aide. Que sainte Claire et les saintes et bienheureuses de votre ordre intercèdent pour vous.

Quant à moi, chères soeurs, je vous assure d'un souvenir cordial, ainsi qu'à tous ceux qui partagent avec vous la grâce de cet événement jubilaire significatif, et j'accorde de tout coeur à tous une Bénédiction apostolique particulière.

Du Vatican, le 9 août 2003

IOANNES PAULUS II




Discours 2003 - Mardi 8 juillet 2003