Discours 2003 - Samedi 6 septembre 2003


À S. E. M. VALENTÍN ABECIA BALDIVIESO, NOUVEL AMBASSADEUR DE BOLIVIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE




Monsieur l'Ambassadeur,

1. C'est avec un grand plaisir que je vous reçois à l'occasion de cette audience au cours de laquelle vous me remettez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Bolivie près le Saint-Siège, et je vous remercie sincèrement des paroles cordiales que vous avez tenu à m'adresser en cet acte solennel par lequel commence la mission que votre Gouvernement vous a confiée.

Je vous prie de faire parvenir mon salut au Président de la République, M. Gonzalo Sánchez de Lozada, ainsi qu'à tous les hommes et toutes les femmes qui vivent sur le grand territoire qui constitue votre patrie, formé par une géographie variée de très beaux paysages, de montagnes majestueuses, de plaines, de vallées, de lacs et de hauts plateaux. C'est sous ces latitudes que s'est formée la physionomie des Boliviens, de la rencontre entre les antiques cultures autochtones et celles qui arrivèrent au cours des siècles, offrant aujourd'hui une réalité culturelle et ethnique variée appelée à être vécue sur la base du respect mutuel et de la coexistence intégratrice.

2. La Bolivie possède une profonde empreinte religieuse, qui manifeste la foi de votre peuple plus de cinq siècles après le début de son évangélisation. Dans ce sens, l'Eglise catholique, fidèle à sa tâche d'apporter le message de salut à toutes les personnes, place également son engagement au service du développement intégral de l'être humain et de la défense de sa dignité, collaborant à la consolidation des valeurs et des bases fondamentales pour que la société puisse jouir de stabilité et d'harmonie.

Les diverses communautés ecclésiales, également soutenues par leur désir de conserver vivants les contenus du message évangélique, continuent à prêter leur collaboration précieuse dans des domaines très importants, tels que l'enseignement, l'assistance aux plus défavorisés, les services de santé, ainsi que la promotion de la personne en tant que citoyen et fils de Dieu. C'est pourquoi, les pasteurs de Bolivie, en Communion avec le Successeur de Pierre, et comme point de référence pour tous, ne cessent d'offrir leur parole, sage et prudente, qui naît d'une profonde connaissance de la réalité humaine bolivienne considérée à la lumière de la Bonne Nouvelle.

A ce propos, l'épiscopat bolivien, lors des moments difficiles que le pays a vécus, en raison de sa situation sociale délicate et conflictuelle, a offert sa collaboration pour organiser des initiatives pacificatrices favorisant l'entente et la conciliation. Cette façon d'oeuvrer, comme je l'ai déjà dit aux Evêques au cours de leur dernière visite "ad limina", n'est qu'"une façon ponctuelle d'accomplir un travail plus vaste, qui intègre l'action évangélisatrice et qui conduit à la promotion de la justice et de la solidarité fraternelle parmi tous les citoyens" (Discours du 13 avril 2002, n. 8). De plus, la mission d'ordre religieux, propre à l'Eglise, n'empêche pas que celle-ci prête son concours à l'établissement d'un dialogue national entre les responsables de la vie sociale, afin que tous puissent coopérer activement pour surmonter les crises qui se présentent.

D'autre part, comme Votre Excellence l'a souligné, ce dialogue doit exclure toute forme de violence dans ses diverses expressions et aider à construire un avenir plus humain avec la collaboration de tous, évitant l'appauvrissement de la société.

A ce propos, il est opportun de rappeler que les améliorations sociales ne s'obtiennent pas uniquement en appliquant les moyens techniques nécessaires, mais aussi en promouvant des réformes sur une base humaine et morale, qui tiennent compte d'une considération éthique de la personne, de la famille et de la société.

C'est pourquoi, la proposition constante de valeurs morales fondamentales, telles que l'honnêteté, l'austérité, la responsabilité à l'égard du bien commun, la solidarité, l'esprit de sacrifice et la culture du travail, peuvent assurer un meilleur développement à tous les membres de la communauté nationale, car la violence, l'égoïsme personnel et collectif, et la corruption à tous les niveaux n'ont jamais été source de progrès, ni de bien-être.

3. La situation que traverse la Bolivie ne doit pas être cause de division, ni alimenter la haine et les rancoeurs entre ceux qui sont appelés à être les constructeurs du pays. On sait bien que l'avenir d'une nation doit se fonder sur la paix sociale, qui est le fruit de la justice (cf. Sg Sg 3,18), en édifiant un type de société qui, à commencer par les responsables de la vie politique, parlementaire, administrative et judiciaire, favorise la concorde, l'harmonie et le respect de la personne, ainsi que la défense de ses droits fondamentaux.

Les Boliviens, avec les nombreuses qualités qui les distinguent, doivent être les principaux protagonistes et artisans du progrès du pays, en collaborant à une stabilité politique qui permette à tous de participer à la vie publique. Les citoyens boliviens se caractérisent par leur courage à dominer une nature âpre et dure, ils sont forts face aux difficultés, animés par un profond humanisme et le sens de la solidarité. C'est pourquoi, je désire les exhorter à ne pas perdre courage pour parvenir à de meilleurs objectifs de progrès. Chacun, selon ses qualités et ses possibilités, est appelé à apporter sa contribution au bien de la patrie. A ce propos, je me réjouis de savoir que la ferme intention des Autorités est d'instaurer un ordre social plus juste et de favoriser une plus vaste participation. C'est pourquoi, je forme les meilleurs voeux pour que l'action du gouvernement parvienne à surmonter la crise financière grave et prolongée qui touche principalement les couches les plus faibles de la société.

Pour édifier une société plus juste et fraternelle, les enseignements moraux de l'Eglise offrent des valeurs et des orientations qui, prises en considération par ceux qui travaillent au service de la nation, sont utiles pour répondre de façon appropriée aux nécessités et aux aspirations des Boliviens.

Le douloureux et sérieux problème de la pauvreté, qui entraîne de graves conséquences dans le domaine de l'éducation, de la santé et du logement, constitue un défi pressant pour les gouvernants et les responsables du bien public en ce qui concerne l'avenir de la nation. Il requiert une sérieuse prise de conscience pour affronter de façon décidée la situation présente à tous les niveaux, en collaborant ainsi à un véritable engagement pour le bien commun.

Comme en d'autres lieux, les pauvres manquent des biens fondamentaux et ne trouvent pas les moyens nécessaires qui permettraient leur promotion et leur développement. Je pense aux paysans, aux mineurs, aux habitants des quartiers défavorisés des villes, à ceux qui sont victimes d'un matérialisme qui exclut l'homme et qui n'est soutenu que par l'intérêt à s'enrichir ou le pouvoir.

Face à tout cela, l'Eglise, avec la contribution de sa doctrine sociale, cherche à lancer et à soutenir des initiatives adaptées visant à résoudre des situations de marginalisation qui touchent tant de nos frères démunis, afin d'éliminer les causes de la pauvreté, accomplissant ainsi sa mission, car la sollicitude pour le domaine social fait partie de l'action évangélisatrice (cf. Sollicitudo Rei Socialis, n. 41).

4. Monsieur l'Ambassadeur, avant de conclure cette rencontre, je désire vous exprimer mes meilleurs voeux pour que la mission qui commence aujourd'hui soit féconde de fruits et de succès. Je vous prie, à nouveau, de vous faire l'interprète de mes sentiments et de mes espérances auprès du Président de la République et également des Autorités de votre pays, tandis que j'invoque la Bénédiction de Dieu et la protection de Notre-Dame de Copacabana.



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE EXTRAORDINAIRE DE L’ACTION CATHOLIQUE ITALIENNE



Très chers participants
à l'Assemblée extraordinaire
de l'Action catholique italienne!

1. Je suis heureux de vous saluer tous avec joie et affection, chers frères et soeurs rassemblés à Rome pour votre Assemblée extraordinaire sur le thème: "L'histoire devient prophétie". J'adresse en particulier un salut cordial à l'Aumônier général, Mgr Francesco Lambiasi, et à la Présidente nationale, Mme Paola Bignardi.

L'objectif spécifique des travaux qui vous attendent au cours des prochains jours est celui, très important, de réviser le Statut de l'Action catholique, qui nous est toujours chère, afin de le renouveler sur la base des nouvelles exigences des temps et des perspectives apostoliques du nouveau Millénaire. Votre association a suivi, au cours des dernières années, les normes et les orientations contenues dans le Statut de 1969, qui a intégré l'esprit et les choix du Concile Vatican II, et qui vous a aidé à découvrir toujours davantage, en la vivant "en tant que laïcs", la grandeur de la vocation chrétienne et de l'engagement apostolique, dans un contexte ecclésial et culturel très différent de celui des années précédentes.

Renouveler le Statut signifie dire aujourd'hui à vous-mêmes, à la communauté chrétienne et à la société civile, quelle physionomie prend une association comme la vôtre lorsqu'elle se mesure avec les exigences de la mission de l'Eglise et de l'évangélisation du monde. Le nouveau Statut exprimera votre âme, les objectifs élevés que vous vous fixez, les orientations qui caractérisent votre expérience ecclésiale mûre et lui confèrent un visage unique, ainsi qu'une place particulière dans l'horizon des regroupements de laïcs.

2. Votre longue histoire tire son origine d'un charisme, c'est-à-dire d'un don particulier de l'Esprit du Ressuscité, qui ne fait jamais manquer à son Eglise les talents et les ressources de grâce dont les fidèles ont besoin pour servir la cause de l'Evangile. Très chers amis, penchez-vous à nouveau, avec une humble fierté et avec une joie profonde, sur le charisme de l'Action catholique!

C'est de celui-ci que se sont inspirés des jeunes comme Mario Fani et Giovanni Acquaderni, qui la fondèrent il y a plus de 130 ans. Ce charisme a guidé et accompagné le chemin de sainteté de Pier Giorgio Frassati, de Gianna Beretta-Molla, de Luigi et Maria Beltrame-Quattrocchi et de tant d'autres laïcs qui ont vécu, avec une normalité extraordinaire, une fidélité héroïque aux promesses baptismales. C'est ce charisme qu'ont reconnu en vous les Souverains Pontifes et les Pasteurs qui, au cours des décennies, ont béni et soutenu votre Association, jusqu'à l'accueillir - comme l'a fait la Conférence épiscopale italienne - comme Association choisie de façon particulière et promue par l'Autorité ecclésiastique, afin d'être plus étroitement unie à sa charge apostolique (cf. Note pastorale de la CEI, 22 mai 1981, n. 25).

3. Il s'agit d'un charisme qui a été décrit de la façon la plus exhaustive dans le Décret conciliaire sur l'apostolat des laïcs Apostolicam actuositatem (AA 20): vous êtes des laïcs chrétiens experts dans la merveilleuse aventure de faire se rencontrer l'Evangile et la vie et de montrer à quel point la "bonne nouvelle" correspond aux questions profondes du coeur de chaque personne et constitue la lumière la plus élevée et la plus vraie qui puisse orienter la société dans l'édification de la "civilisation de l'amour".

En tant que laïcs, vous avez choisi de vivre pour l'Eglise et pour sa mission tout entière, "consacrés - comme vous l'ont écrit vos évêques - par un lien direct et organique à la communauté diocésaine", afin de faire redécouvrir à tous la valeur d'une foi qui se vit en communion, et pour faire de chaque communauté chrétienne une famille attentive à tous ses enfants (cf. Lettre du Conseil épiscopal permanent de la CEI, 12 mars 2002, n. 4).

En tant que laïcs, vous avez choisi de vivre sous une forme associative l'idéal évangélique de la sainteté dans votre Eglise particulière, de façon à coopérer d'une manière unitaire, "comme un corps organique", à la mission évangélisatrice de chaque communauté ecclésiale.

En tant que laïcs, vous avez choisi de vous organiser en une Association, dans laquelle le lien particulier avec les pasteurs respecte et promeut le caractère spécifiquement laïc de ses membres. L'esprit de cette "syntaxe de communion" qui caractérise l'ecclésiologie du Concile Vatican II et les règles de la participation démocratique à la vie associative, vous aident à exprimer pleinement l'unité de tout le Corps ecclésial du Christ et, en même temps, la variété des charismes et des vocations, dans le plein respect de la dignité et de la responsabilité de chaque membre du Peuple de Dieu.

La synthèse organique de ces notes - caractère missionnaire, diocésain, unitaire, laïc - constitue la forme la plus mûre et ecclésialement intégrée de l'apostolat des laïcs. En renouvelant le Statut, vous entendez réaffirmer la valeur que ces caractéristiques possèdent aujourd'hui, et dire comment elles doivent être interprétées afin de parler toujours plus au coeur de tant de communautés et de tant de laïcs qui pourraient trouver dans cet idéal leur forme de vie.

4. "L'Eglise ne peut pas se passer de l'Action catholique": voilà ce que je vous disais l'année dernière, au cours de votre IX Assemblée. C'est ce que je vous répète au terme d'une année particulièrement intense, consacrée au chemin de renouveau de l'ACI.

L'Eglise a besoin de vous, elle a besoin de laïcs qui, dans l'Action catholique, ont trouvé une école de sainteté, où ils ont appris à vivre le caractère radical de l'Evangile dans une vie quotidienne normale. Les bienheureux issus de vos rangs et les vénérables tels qu'Alberto Marvelli, Pina Suriano et Dom Antonio Seghezzi, vous incitent à continuer à faire de votre Association un lieu où l'on croît comme disciples du Seigneur, à l'école de la Parole, à la table de l'Eucharistie; un terrain où l'on s'entraîne à exercer l'amour et le pardon, pour apprendre à vaincre le mal par le bien, pour tisser avec patience et ténacité un réseau de fraternité qui atteigne chacun, en particulier les plus pauvres.

Chers jeunes et adultes de l'Action catholique! Votre Association se renouvellera si chacun de ses membres redécouvre les promesses du Baptême, en choisissant de façon pleinement consciente et disponible la sainteté chrétienne comme "le haut degré de la vie chrétienne ordinaire", dans les conditions quotidiennes de la vie (Novo millennio ineunte NM 31). Il faut pour cela se laisser modeler par la liturgie de l'Eglise, cultiver l'art de la méditation et de la vie intérieure, pratiquer chaque année les exercices spirituels. Très chers amis, faites en sorte que chacun de vos groupes soit une véritable école de prière et qu'à chaque membre soit assurée l'aide nécessaire au discernement et à la fidélité à sa vocation.

5. L'Eglise a besoin de vous, car vous avez choisi le service à l'Eglise particulière et à sa mission comme orientation de votre engagement apostolique; car vous avez fait de la paroisse le lieu où exprimer, jour après jour, un dévouement fidèle et passionné. De cette façon, vous continuez à garder vivant l'esprit missionnaire de ces femmes et de ces hommes de l'Action catholique qui, dans l'humilité et le secret, ont contribué à rendre plus vivantes les communautés chrétiennes dans les diverses parties du pays.

Je vous exhorte à placer toutes vos énergies au service de la communion, en lien étroit avec l'Evêque, en collaborant avec lui et avec le prêtre dans le "ministère de la synthèse", pour tisser une trame toujours plus serrée de cette communion cordiale, qui est intensément humaine, précisément parce qu'elle est authentiquement chrétienne. Aidez votre paroisse à redécouvrir la passion pour l'annonce de l'Evangile et à cultiver la sollicitude pastorale qui va à la rencontre de tous, pour aider chacun à vivre la joie de la rencontre avec le Seigneur. Que chaque communauté, également en raison de votre présence, brille dans les quartiers de vos villes et dans vos pays comme le signe vivant de la présence de Jésus, Fils de Dieu qui est venu habiter parmi nous!

6. L'Eglise a besoin de vous, car l'Action catholique est un milieu ouvert et accueillant, dans lequel quiconque peut exprimer sa disponibilité au service, trouver des occasions utiles de dialogue formateur dans une atmosphère propice à favoriser des choix généreux. Dans votre Association, il y a des témoins et des maîtres disposés à accompagner le chemin des frères vers une foi affirmée, mûre et capable de témoignage dans le monde.

Je vous recommande d'accorder de la valeur à une solide formation, adaptée à l'urgence de la nouvelle évangélisation. Prenez toujours soin de chaque personne et aidez chacun à défendre le trésor de la foi en le diffusant dans chaque milieu de vie. Que l'Action catholique redevienne pour un nombre croissant de personnes et de communautés la grande école de la spiritualité laïque et de l'apostolat associatif!

7. L'Eglise a besoin de vous, car vous ne cessez de regarder le monde avec le regard de Dieu et vous réussissez ainsi à scruter notre temps pour y saisir les signes de la présence de l'Esprit. Vous avez, dans votre tradition, de grands témoignages de laïcs qui ont apporté une contribution déterminante à la croissance de la cité de l'homme.

Continuez à mettre à la disposition des villes et des pays, des lieux de travail et de l'école, de la santé et des loisirs, de la culture, de l'économie et de la politique, des personnes compétentes et crédibles, capables de contribuer à faire du monde d'aujourd'hui le grand chantier de la civilisation de l'amour. Que l'Action catholique aide la communauté ecclésiale à se soustraire à la menace de l'indifférence face aux problèmes de la vie et de la famille, de la paix et de la justice, et qu'elle témoigne de la confiance dans la force rénovatrice et transformatrice du christianisme. De cette façon, elle pourra marquer profondément la société civile, pour édifier la maison commune, sous le signe de la dignité et de la vocation de l'homme, selon les lignes du "Projet culturel" de l'Eglise italienne.

8. Chers membres de l'Action catholique, alors que je vous encourage à explorer toujours plus à fond la richesse de votre charisme, j'exhorte les communautés diocésaines et paroissiales à considérer avec une nouvelle attention votre Association comme lieu de croissance de la vocation des laïcs et comme un entraînement où l'on apprend à l'exprimer avec une maturité toujours plus grande.

"L'histoire devient prophétie": vous avez choisi ce titre pour votre Assemblée. Je vous souhaite de relire avec un sage discernement la grande histoire dont vous êtes issus, en distinguant ce qui est le fruit du temps de ce qui est le don de l'Esprit et qui contient les germes d'un avenir nouveau, déjà commencé. Je suis certain que cette Assemblée extraordinaire montrera le visage mûr et serein du laïcat associatif et je suis tout à fait certain que vous saurez adopter des choix clairs et courageux pour faire de l'Action catholique une Association à la hauteur de la mission qui lui a été confiée.

Que Marie, Mère de l'Eglise, vous soutienne dans votre engagement. A Elle, qui est vénérée dans la Sainte Maison de Lorette où vous souhaitez vous rendre en pèlerinage l'année prochaine, je confie chacun de vous, vos familles et chacun de vos projets.

Avec ces sentiments, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.

De Castel Gandolfo, le 8 septembre 2003.

IOANNES PAULUS II




DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES MISSIONNAIRES FILS DU COEUR IMMACULÉ DE MARIE (CLARETIENS)

Lundi 8 septembre 2003




1. Je suis heureux de présenter mon salut cordial et mes félicitations au Père Josep Maria Abella Batlle, récemment élu Supérieur général, ainsi qu'à vous tous, réunis pour célébrer le XXIII Chapitre général, qui vous offre une occasion particulière d'exprimer votre communion et votre adhésion au Successeur de Pierre. Au cours de ce Chapitre, qui est le septième depuis le Concile Vatican II et qui se déroule au début du troisième millénaire, vous vous êtes proposés de "discerner, à la lumière de l'Esprit, les modalités qui conviennent pour conserver et actualiser, dans les différentes situations historiques et culturelles, son charisme et son patrimoine spirituel propre" (Vita consecrata VC 42), avec l'élan rénovateur que l'Eglise a transmis à toutes les formes de vie consacrée face aux défis de la mission.

2. Les orientations proposées dans les Exhortations apostoliques post-synodales adressées aux divers continents constitueront une aide précieuse pour une compréhension adaptée des signes des temps et de la tâche d'évangélisation que vous, Missionnaires clarétiens, devez promouvoir et développer dans les régions les plus diverses de la terre. De même, en cette époque de changements, la Lettre apostolique Novo Millennio ineunte vous offrira également un cadre approprié pour une spiritualité apostolique centrée de manière fondamentale sur la personne de Jésus.

Le service missionnaire, partout où vous l'exercez, doit naître de l'union intime avec le Seigneur qui vous envoie, et il doit être vécu sur le chemin du don de soi jusqu'à la croix, qu'Il a lui-même parcouru et qu'Il a laissé tracé pour ceux qui le suivent.

Il s'agit d'une communion intime que vous devez apprendre du coeur de Marie, source de la meilleure réponse et de l'adhésion la plus authentique au message de l'Evangile. Il s'agit d'un chemin sur lequel vous soutiendront, comme elles ont soutenu votre Fondateur, l'écoute quotidienne de la Parole et la participation à l'Eucharistie, qui "coeur de la vie ecclésiale, [...] l'est aussi pour la vie consacrée" (Ibid., NM NM 95).

3. Alors que sur le vaste horizon de la société, l'on aperçoit de nombreux signes d'une culture diffuse de la mort, en réfléchissant sur le thème du Chapitre: "Pour qu'ils aient la vie", vous vous sentez envoyés par le Seigneur Jésus pour proclamer le Dieu de la vie. Ce sont des moments où la vie, merveilleux don du Père, doit être défendue, cultivée et rendue digne, en particulier parmi les personnes les plus faibles, à travers une parole d'espérance et des gestes généreux d'accueil et de solidarité. Telle est donc la tâche gratifiante de chaque consacré, "annoncer avec franchise et amour l'Evangile de la vie aux hommes de notre temps" (Evangelium vitae EV 105). Cela est fondamental pour l'identité et l'harmonie des personnes et de la famille humaine dans son ensemble.

4. Avec vous, je rends grâce à Dieu pour les dons qu'Il continue de déverser sur votre Congrégation, en la préparant toujours mieux au service de la mission. Le don précieux des nouvelles vocations, surtout en Asie et en Afrique, que l'Institut doit accueillir en se consacrant sérieusement à leur formation intégrale. Le don des nouvelles présences et des nouvelles réalisations missionnaires dans les diverses zones qui en ont besoin. Le don du sang des martyrs, versé en témoignant de Jésus à notre époque.

5. Par l'intercession du Coeur Immaculé de Marie, je demande à l'Esprit Saint de vous illuminer au cours des travaux de ce Chapitre, afin qu'il puisse transmettre, à travers les paroles et les gestes évangéliques, des orientations et des encouragements à tous les membres de l'Institut et en particulier à ceux qui sont âgés et malades, aux jeunes qui sont en formation et à ceux qui peuvent rencontrer de plus grandes difficultés dans leur service missionnaire. Qu'à chaque instant soit présent l'esprit de la vie fraternelle, partagée dans l'amour et dans le dialogue, comme signe éloquent de la communion ecclésiale (cf. Vita consecrata VC 42)!

Que le Seigneur bénisse également tous ceux qui forment, avec vous, la Famille missionnaire, fondée par saint Antoine-Marie Claret, ainsi que ceux qui partagent avec vous la mission dans les multiples oeuvres ou sur les fronts apostoliques! Avec ces souhaits et ces sentiments, je vous donne ma Bénédiction avec toute mon affection.




MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU CARD. ROGER ETCHEGARAY À L'OCCASION DE LA XVII RENCONTRE INTERNATIONALE DE PRIÈRE POUR LA PAIX (AIX-LA-CHAPELLE, 7-9 SEPTEMBRE 2003)




Au vénéré frère
Roger Cardinal ETCHEGARAY

1. Je suis particulièrement heureux de vous confier, Monsieur le Cardinal, mes salutations personnelles aux illustres Représentants des Eglises et communautés chrétiennes, ainsi que des grandes religions mondiales, qui se réunissent pour la XVII Rencontre internationale de Prière pour la Paix, qui a pour thème: "Entre guerre et paix: religions et cultures se rencontrent". J'adresse une pensée particulière à l'Evêque d'Aix-la-Chapelle, Mgr Heinrich Mussinghoff, et aux fidèles du diocèse, qui ont contribué à la réalisation de cette Rencontre.

Lorsque, en 1986, j'ai voulu commencer à Assise le chemin dont la Rencontre d'Aix-la-Chapelle constitue une nouvelle étape, le monde était encore divisé en deux blocs et opprimé par la peur de la guerre nucléaire. En voyant combien les peuples avaient un besoin pressant de rêver à nouveau d'un avenir de paix et de prospérité pour tous, j'invitais les croyants des diverses religions du monde à se rassembler en prière pour la paix. J'avais devant les yeux la grande vision du prophète Isaïe: tous les peuples du monde en chemin des divers points de la terre pour se rassembler autour de Dieu comme une famille unique, grande et multiforme. Telle était la vision qu'avait dans le coeur le bienheureux Jean XXIII et qui le poussa à écrire l'Encyclique Pacem in terris, dont nous célébrons cette année le quarantième anniversaire.

2. A Assise, ce rêve prenait une forme concrète et visible, suscitant dans les âmes de nombreuses espérances de paix. Nous nous en réjouîmes tous. Malheureusement, ce désir n'a pas été accueilli avec la promptitude et la sollicitude nécessaires. Trop peu a été investi au cours de ces dernières années pour défendre la paix et pour soutenir le rêve d'un monde libéré des guerres. On a préféré, en revanche, le chemin du développement des intérêts particuliers, gaspillant des richesses considérables d'autres façons, surtout pour les dépenses militaires.

Nous avons tous assisté au développement de passions égocentriques pour les propres frontières, pour les propres ethnies et pour les propres nations. Parfois, la propre religion a été pliée à la violence. Dans quelques jours, nous rappellerons le tragique attentat des "Tours jumelles" de New York. Malheureusement, avec les tours semblent s'être écroulées également de nombreuses espérances de paix. Les guerres et les conflits continuent de s'étendre et d'empoisonner la vie de tant de peuples, en particulier des pays les plus pauvres d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Je pense aux dizaines de guerres encore en cours et à la "guerre" diffuse que représente le terrorisme.

3. Quand les conflits pourront-ils tous cesser? Quand les peuples pourront-ils enfin voir un monde pacifié? On ne facilite certainement pas le processus de paix si on laisse se diffuser avec une inconscience coupable les injustices et les inégalités sur notre planète. Les pays pauvres sont souvent devenus des lieux de désespoir et des foyers de violence. Nous ne voulons pas accepter que la guerre domine la vie du monde et des peuples. Nous ne voulons pas accepter que la pauvreté accompagne constamment l'existence de nations entières.

C'est pourquoi, nous nous demandons: que faire? Et, surtout, que peuvent faire les croyants? Comment affirmer la paix en ce temps plein de guerre? Et bien, je crois que ces "Rencontres internationales de Prière pour la Paix", organisées par la Communauté de Sant'Egidio, représentent déjà une réponse concrète à ces questions. Cela fait désormais dix-sept ans qu'elles ont lieu, et les fruits de paix également en sont évidents. Chaque année, des personnes de religions diverses se rencontrent, se connaissent, apaisent les tensions, apprennent à vivre ensemble et à avoir une responsabilité commune à l'égard de la paix.

4. Se retrouver au début de ce nouveau millénaire à Aix-la-Chapelle est une fois de plus significatif. Cette ville, située au coeur du continent européen, parle clairement de l'antique tradition de l'Europe: elle parle de ses antiques racines, en commençant par les racines chrétiennes, qui ont harmonisé et consolidé également les autres. Les racines chrétiennes ne sont pas un rappel d'exclusivité religieuse, mais un fondement de liberté, car elles font de l'Europe un creuset de cultures et d'expériences diverses. C'est de ces racines antiques que les peuples européens ont puisé l'encouragement qui les a conduits à aller jusqu'aux extrémités de la terre et à atteindre les profondeurs de l'homme, de sa diginité intangible, de l'égalité fondamentale de tous, du droit universel à la justice et à la paix.

Aujourd'hui, l'Europe, tandis qu'elle étend son processus d'union, est appelée à retrouver cette énergie en retrouvant la conscience de ses racines plus profondes. Les oublier n'est pas salutaire. Les présupposer simplement, ne suffit pas à éveiller les esprits. Les taire dessèche les coeurs. L'Europe sera d'autant plus forte dans le présent et dans l'avenir du monde si elle puise aux sources de ses traditions religieuses et culturelles. La sagesse religieuse et humaine que l'Europe a accumulée au cours des siècles, en dépit de toutes les tensions et les contradictions qui l'ont accompagnée, représente un patrimoine qui, une fois de plus, peut être utilisé pour la croissance de l'humanité tout entière. Je suis convaincu que l'Europe, en s'ancrant solidement à ses racines, accélérera le processus d'union intérieure et offrira sa contribution indispensable pour le progrès et la paix entre tous les peuples de la terre.

5. Dans un monde divisé, qui pousse toujours plus vers des séparations et des particularismes, il y a un besoin urgent d'unité. Les personnes de religions et de cultures diverses sont appelées à découvrir la voie de la rencontre et du dialogue. L'unité n'est pas uniformité. Cependant la paix ne se construit pas dans l'indifférence mutuelle, mais bien dans le dialogue et la rencontre. Tel est le secret de la rencontre d'Aix-la-Chapelle. Tous, en vous voyant, peuvent dire que sur cette route, la paix entre les peuples n'est pas une lointaine utopie.

"Le nom du Dieu unique doit devenir toujours plus ce qu'il est, un nom de paix et un impératif de paix" (Novo millennio ineunte NM 55). C'est pourquoi nous devons intensifier notre rencontre et jeter des bases pour la paix solides et partagées. Ces bases désarment les violents, les rappellent à la raison et au respect, couvrent le monde d'un réseau de sentiments pacifiques.

Avec vous, très chers frères et soeurs chrétiens, "poursuivons le dialogue avec détermination" (Ecclesia in Europa, n. 31): que ce troisième millénaire soit le temps de l'union autour de l'unique Seigneur. Le scandale de la division n'est plus supportable; il constitue un "non" répété à Dieu et à la paix.

Avec vous, illustres représentants des grandes religions mondiales, nous voulons intensifier un dialogue de paix: en élevant le regard vers le Père de tous les peuples, nous reconnaîtrons que les différences ne nous poussent pas au conflit, mais au respect, à la collaboration loyale et à l'édification de la paix.

Avec vous, hommes et femmes de tradition laïque, nous sentons que nous devons poursuivre dans le dialogue et l'amour comme uniques voies pour respecter les droits de chacun et affronter les grands défis du nouveau millénaire. Le monde a besoin de paix, de tant de paix. La voie que, en tant que croyants, nous connaissons pour l'atteindre est celle de la prière à Celui qui peut accorder la paix. La voie que nous pouvons tous parcourir est la voie du dialogue dans l'amour.

Avec les armes de la prière et du dialogue, marchons donc sur la voie de l'avenir!

De Castel Gandolfo, le 5 septembre 2003

IOANNES PAULUS II


Discours 2003 - Samedi 6 septembre 2003