Discours 2003 - Jeudi 9 octobre 2003


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PARLEMENTAIRE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPA (OSCE)

Vendredi 10 octobre 2003



Monsieur le Président,
Illustres parlementaires,

1. Je suis reconnaissant pour les aimables paroles que M. Bruce George, Président de votre Assemblée parlementaire, m'a adressées à l'issue de la Conférence sur la Liberté de Religion promue par M. Marcello Pacini, chef de la délégation italienne. Je salue cordialement toutes les personnes présentes et je vous remercie dans le même temps de cette aimable visite.

Dès le début du processus d'Helsinki, les Etats-participants ont reconnu la dimension internationale du droit à la liberté de religion et son importance pour la sécurité et la stabilité de la communauté des Nations. L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe poursuit son engagement pour assurer que ce droit humain fondamental, fondé sur la dignité de la personne, soit respecté de façon adéquate. D'une certaine manière, la défense de ce droit est le test décisif pour déterminer le respect de tous les autres droits humains.

2. Conscient de ces efforts, je désire aujourd'hui exprimer mon appréciation et dans le même temps vous encourager à poursuivre avec générosité cet engagement. Il est vrai que de nombreux jeunes grandissent aujourd'hui sans être concients de l'héritage spirituel qui leur appartient. Malgré cela, la dimension religieuse ne cesse pas d'influencer de vastes groupes de citoyens.

C'est pourquoi il est important que, tout en respectant un sens raisonnable de la nature séculière de l'Etat, le rôle positif des croyants dans la vie publique soit reconnu. Cela correspond, entre autres, aux exigences d'un pluralisme sain et contribue à l'édification d'une démocratie authentique, à laquelle l'OSCE est véritablement engagée.

Lorsque les Etats sont disciplinés et équilibrés dans l'expression de leur nature séculière, le dialogue entre les divers secteurs sociaux est encouragé et, par conséquent, une coopération transparente et fréquente entre la société civile et religieuse est promue, au bénéfice du bien commun.

3. De même que la société souffre lorsque la religion est reléguée au demaine privé, ainsi, la société et les institutions civiles sont appauvries lorsque la législation - en violation avec la liberté religieuse - promeut l'indifférence religieuse, le relativisme et le syncrétisme religieux, les justifiant parfois même à travers une conception erronée de la tolérance.

Au contraire, tous les citoyens bénéficient de la reconnaissance des traditions religieuses dans lesquelles tous les peuples sont enracinés, et avec lesquelles les populations s'identifient généralement de façon particulière. La promotion de la liberté religieuse peut également avoir lieu à travers des dispositions prises pour les différentes disciplines juridiques des diverses religions, à condition que l'identité et la liberté de chaque religion soient garanties.

4. C'est pourquoi, chers législateurs, je ne peux que saluer l'engagement que vos pays ont pris au sein de l'OSCE dans le domaine de la liberté religieuse.

L'OSCE a également le mérite d'avoir reconnu l'importance institutionnelle de cette liberté: je pense en particulier au paragraphe 16 du Document final de Vienne de 1989. Une défense à un tel niveau de la liberté religieuse représente une puissante force de dissuasion contre la violation des droits humains de la part de communautés qui exploitent la religion dans des buts qui y sont étrangers. D'autre part, la juste promotion de la religion répond aux aspirations des personnes et des groupes, en les transcendant et en les conduisant à leur pleine réalisation.

Le respect de toute expression de liberté religieuse est donc considéré comme le moyen le plus efficace de garantir la sécurité et la stabilité au sein de la famille des peuples et des nations au XXI siècle.

En vous présentant mes meilleurs voeux, j'invoque les Bénédictions de Dieu tout-puissant sur vous et sur votre travail au service de la personne humaine et de la paix.

   


MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'OCCASION DE LA MARCHE POUR LA PAIX ENTRE PÉROUSE ET ASSISE



A mon vénéré frère
Mgr Sergio GORETTI
Evêque d'Assise

1. Je suis heureux de vous adresser mes salutations cordiales, et à travers vous, vénéré frère, à tous les participants à la marche pour la paix qui, partie de Pérouse, se conclura à Assise. C'est dans cette ville qu'en 1986, j'invitai à une rencontre significative les responsables des diverses religions. Aujourd'hui, comme à l'époque, j'ai devant les yeux la grande vision du prophète: tous les peuples en chemin de tous points de la terre allant se recueillir autour de Dieu comme en une unique et grande famille (cf. Is 2,2-5). C'est le rêve de cette espérance qui poussa mon Prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII, à écrire "Pacem in terris", dont nous célébrons cette année le quarantième anniversaire, et que cette marche de la paix entend commémorer.

2. Il faut reconnaître qu'au cours de ces années, l'on n'a pas beaucoup investi pour défendre la paix, préférant plutôt, parfois, destiner des ressources considérables à l'achat d'armes. C'est comme si l'on avait "gâché" la paix. Un grand nombre d'espérances se sont éteintes. Les informations quotidiennes nous rappellent que les guerres continuent d'empoisonner la vie des peuples, notamment dans les pays les plus pauvres. Comment ne pas penser à la violence persistante qui ensanglante, par exemple, le Moyen-Orient et, en particulier, la Terre Sainte? Comment demeurer indifférents face à un horizon de conflits qui s'élargit toujours davantage et qui concerne diverses régions du monde?

Que faire? Malgré les difficultés, il ne faut pas perdre confiance. Il est nécessaire de continuer à oeuvrer pour la paix, à être des artisans de paix. La paix est un bien qui appartient à tous. Chacun est appelé à être un bâtisseur de paix dans la vérité et dans l'amour.

3. Le thème qui a été choisi pour cette édition de la marche est: "Construisons ensemble une Europe pour la paix". Je me réjouis avec les organisateurs et les participants de ce qu'ils aient voulu unir deux dimensions à l'occasion de cette initiative de grand mérite: l'Europe et la paix. Nous pourrions dire qu'elles se soutiennent réciproquement: l'une rappelle l'autre.

Lorsque j'étais jeune, j'ai pu constater par mon expérience personnelle le drame d'une Europe privée de paix. Cela m'a d'autant plus poussé à oeuvrer inlassablement afin que l'Europe retrouve la solidarité dans la paix et devienne, parmi les autres continents, un artisan de paix, au sein et en dehors de ses frontières. Je suis convaincu qu'il s'agit là d'une mission dont il faut redécouvrir toute la force et l'urgence. Il est nécessaire que le continent européen, en s'appuyant sur ses nobles traditions spirituelles, sache dépenser avec générosité, en faveur de l'humanité tout entière, son riche patrimoine culturel mûri à la lumière de l'Evangile du Christ. Tel est le souhait que je confie à l'intercession maternelle de Marie, Reine de la Paix, et de saint François, prophète de paix.

Avec ces sentiments, je vous envoie, ainsi qu'à tous ceux qui prennent part à cette initiative de paix tant partagée, ma Bénédiction.

Du Vatican, le 11 octobre 2003

IOANNES PAULUS II




MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS DES LAÏCS CATHOLIQUES D'EUROPE DE L'EST


1. Mon salut de paix s'adresse à vous tous - Messieurs les Cardinaux, vénérés frères Evêques, chers prêtres, religieux, religieuses et fidèles laïcs - venus à Kiev de divers pays, non sans sacrifices, pour participer au Congrès des laïcs catholiques d'Europe de l'Est. Vous vous êtes rendus à ce rendez-vous animés par la même espérance qui soutient vos Eglises. Des Eglises martyrisées et héroïques qui, au milieu des difficultés et souvent jusqu'à l'effusion du sang, ont persévéré dans l'adhésion au Christ, unique Seigneur, dans la fidélité à l'Eglise catholique, dans l'affirmation de la valeur de la liberté.

J'adresse mon salut et mes remerciements particuliers à Messieurs les Cardinaux Lubomyr Husar et Marian Jaworski, dont le soutien précieux a permis la réalisation de ce Congrès. Ma gratitude va à l'Eglise qui est en Ukraine - que le Seigneur m'a donné de visiter au mois de juin il y a deux ans, et dont je garde dans le coeur de vifs souvenirs -, pour avoir voulu accueillir un événement si significatif. Mes vives félicitations vont à Monsieur le Cardinal James Francis Stafford pour cette initiative stimulante du Conseil pontifical pour les Laïcs, qui est pour moi un motif de grande satisfaction.

2. Le lourd héritage des régimes totalitaires athées, qui ont laissé derrière eux un vide et des blessures profondes dans les consciences, impose encore aux pays d'Europe de l'Est un sérieux engagement dans le processus de reconstruction religieuse, morale et civile; de consolidation de la souveraineté, de la liberté et de la démocratie retrouvées; d'assainissement de l'économie. Sur le difficile chemin que vos Nations devront parcourir pour se réapproprier leur histoire et leur dignité culturelle, vous, chrétiens laïcs, avez un rôle d'une importance fondamentale pour lequel vous êtes irremplaçables. A vous, qui avez été des témoins courageux de la foi dans l'épreuve et la persécution, le Seigneur demande, à l'heure de la liberté religieuse reconquise, de préparer le terrain pour une renaissance vigoureuse de l'Eglise dans vos pays. Après de longues décennies d'une pénible déchirure, qui a provoqué une sorte d'asphyxie des communautés chrétiennes de l'Est, l'Europe peut respirer à nouveau avec ses deux poumons, ouvrant de prometteuses possibilités pour la diffusion de l'Evangile.

3. La vieille Europe, de l'Ouest à l'Est, est à la recherche de sa nouvelle identité. Dans ce processus, elle ne peut oublier quelles sont ses racines. L'Europe doit se rappeler que la sève nourricière dont elle a tiré pendant deux millénaires les inspirations les plus nobles de l'esprit a été le christianisme. Comme je l'ai écrit dans l'Exhortation apostolique Ecclesia in Europa, aujourd'hui, "la culture européenne donne l'impression d'une "apostasie silencieuse" de la part de l'homme comblé qui vit comme si Dieu n'existait pas" (n. 9). Mais les signes encourageants d'"un nouveau printemps chrétien" ne manquent pas (cf. Lettre encyclique Redemptoris missio, RMI 86), qui se profilent également à l'horizon de vos Eglises. Sa pleine floraison dépendra toutefois de la contribution irremplaçable des fidèles laïcs, appelés à rendre présente l'Eglise du Christ dans le monde, en annonçant et en servant l'Evangile de l'espérance (cf. Exhortation apost. Ecclesia in Europa, n. 41). Le thème de votre Congrès - "Etre témoins du Christ aujourd'hui" - exprime bien la signification de cette mission, qu'aucun baptisé ne peut déléguer ou éluder. A vous, réunis dans l'admirable ville de Kiev qui vit le baptême de l'antique Rus', est confiée la responsabilité de transmettre aux générations futures le patrimoine de la foi chrétienne. Cela sera possible dans la mesure où chacun de vous saura renforcer la conscience de son baptême. Le sacrement du Baptême fait de nous des fils de Dieu appelés à la sainteté, membres de l'Eglise - Corps mystique du Christ -, co-responsables dans l'édification des communautés chrétiennes, participant à la mission de l'Eglise d'annoncer aux hommes la Bonne nouvelle du salut. La redécouverte de la dignité baptismale des fidèles laïcs et de leur responsabilité dans la mission de l'Eglise est l'un des fruits du Concile Vatican II. C'est pourquoi je vous répète, à vous qui êtes réunis à Kiev, les paroles que j'ai adressées aux fidèles rassemblés à Rome en l'an 2000 pour célébrer le Jubilé de l'apostolat des laïcs: "Il faut revenir au Concile. Il faut reprendre en main les documents de Vatican II pour en redécouvrir la grande richesse d'orientations doctrinales et pastorales. C'est en particulier vous qui devez reprendre en main ces documents, vous laïcs auxquels le Concile a ouvert des perspectives extraordinaires de participation et d'engagement dans la mission de l'Eglise" (Homélie à l'occasion du Jubilé de l'apostolat des laïcs, 26 novembre 2000). Avec le Concile a sonné l'heure du laïcat dans l'Eglise! Votre vocation et votre mission porteront des fruits à condition que dans vos actions, vous sachiez toujours revenir au Christ, repartir du Christ, maintenir le regard fixé sur le visage du Christ. "Vous êtes le sel de la terre [...] Vous êtes la lumière du monde" (Mt 5,13-14): le Seigneur adresse ces paroles à chacun de vous. Faites resplendir sa lumière sur votre vie personnelle, dans vos familles, dans les milieux de travail, dans le monde de l'éducation, de la culture et de la politique, dans tous les secteurs dans lesquels on oeuvre en faveur de la paix et pour édifier un ordre social toujours plus à la mesure de l'homme et respectant sa dignité inaliénable.

4. Pour les laïcs, le temps de l'espérance et de l'audace est venu! L'Eglise a besoin de vous et sait qu'elle peut vous confier de grandes responsabilités. Je remercie donc vos Evêques, vos prêtres, vos religieux et vos religieuses pour l'engagement dont ils ont fait preuve jusqu'à présent dans la formation de chrétiens mûrs et enracinés dans la foi. En leur exprimant ma gratitude, je les invite à poursuivre cette oeuvre, en visant à une catéchèse organique conçue pour les différents groupes d'âge et les diverses situations et conditions de vie, en investissant des énergies et des moyens en particulier dans la formation humaine et chrétienne des jeunes générations, espérance de l'Eglise et avenir des peuples. Une aide précieuse dans ce sens peut venir des associations, des mouvements ecclésiaux et des nouvelles communautés, dont l'expérience a donné naissance à des itinéraires pédagogiques féconds et à un élan apostolique renouvelé.

Chers fidèles laïcs, ne vous découragez pas face aux défis de notre temps! Puisez un soutien de l'exemple et de l'intercession des martyrs, dont le témoignage est "l'incarnation suprême de l'Evangile de l'espérance" (Exhortation apostolique Ecclesia in Europa, n. 13). Faites de vos familles de véritables Eglises domestiques et de vos paroisses d'authentiques écoles de prière et de vie chrétienne. Vous qui avez reconquis la liberté au prix de grandes souffrances, ne la laissez jamais s'avilir dans la poursuite de faux idéaux qui procèdent de l'utilitarisme, de l'hédonisme individuel et du consumérisme effréné qui caractérisent une grande partie de notre culture moderne. Préservez vos riches traditions chrétiennes, résistez à la tentation insidieuse d'exclure Dieu de votre vie ou de réduire la foi à des gestes et des épisodes sporadiques et superficiels. Vous êtes des hommes et des femmes "nouveaux". Que votre regard sur la réalité soit donc un regard illuminé par la foi et par les enseignements de l'Eglise.

5. Que l'on accorde dans vos Eglises une juste considération à la nécessité de promouvoir "une spiritualité de la communion [qui puisse] ressortir comme principe éducatif partout où sont formés l'homme et le chrétien (Lettre apostolique Novo millennio ineunte NM 43). Qu'il en soit ainsi dans les diocèses, dans les paroisses, dans les familles et dans les sociétés. Cette spiritualité nous invite de façon particulière à un engagement oecuménique renouvelé. Correctement formés et toujours dans le respect de la liberté, dans l'amour fraternel, dans le dialogue et dans la collaboration, les fidèles laïcs peuvent ouvrir des voies à l'unité des chrétiens, qui est "un chemin à parcourir ensemble vers le Christ". Je voudrais vous rappeler ici aussi l'exemple des martyrs, dont le témoignage est devenu un patrimoine commun des diverses Eglises chrétiennes et est plus convaincant que les facteurs de division (cf. Lettre apostolique Tertio millennio adveniente TMA 37). Vous aussi, vous êtes appelés à témoigner du Christ aux côtés de tous les frères chrétiens dans tous les lieux où vous vous retrouvez et vivez et dans toutes les oeuvres auxquelles vous êtes appelés à collaborer. L'amour du Christ guérit les blessures, efface les préjugés, prépare les voies de l'unité. Priez sans cesse afin que, grâce à son aide puissante, Dieu rende possible ce qui apparaît impossible à la logique humaine: réaliser le mandat de son Fils: "Ut unum sint" (Jn 17,21).

6. Dans mon ministère de Successeur de Pierre, pèlerin dans le monde, Dieu m'a accordé de pouvoir visiter certains de vos pays. Je porte dans mon coeur les expériences extraordinaires d'accueil joyeux et d'hospitalité cordiale, de foi et de dévotion. Seule la Providence sait si je pourrai poursuivre mon pèlerinage pastoral sur vos terres bénies. Aujourd'hui, avec vous, j'embrasse tous les peuples, les nations et les communautés chrétiennes auxquelles vous appartenez. Je confie chacun à Marie, Mère de l'Eglise, Auxiliaire des Chrétiens. Nous nous tournons vers Elle avec une dévotion particulière en cette Année consacrée au Rosaire. Que la Vierge intercède auprès de son Fils pour que sa grâce nourrisse et soutienne la renaissance de vos Eglises et de vos pays. En souhaitant au Congrès des laïcs catholiques d'Europe de l'Est d'abondants fruits d'engagement renouvelé pour la cause du Christ, j'envoie de tout coeur à tous les participants ma Bénédiction particulière, que j'étends volontiers aux personnes qui vous sont chères et à toutes celles que vous rencontrerez sur votre chemin de disciples du Christ.

Du Vatican, le 4 octobre 2003

IOANNES PAULUS II



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX MEMBRES DU CONSEIL DE L'ORDRE ÉQUESTRE DU SAINT-SÉPULCRE


Mesdames,
Messieurs,
Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous adresser un salut affectueux en cette occasion, de la réunion du Conseil de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre, digne d'éloges. J'adresse une pensée reconnaissante au Cardinal Carlo Furno, Grand Maître de l'Ordre, qui suit votre activité avec un grand dévouement.

Qu'à travers vous, très chers membres du Grand Magistère et Lieutenants, parvienne également l'expression de ma satisfaction à tous les Chevaliers et les Dames du Saint-Sépulcre, qui oeuvrent en faveur des chrétiens de Terre Sainte. Je vous félicite tous et je vous encourage pour votre soutien indéfectible aux institutions du Patriarcat latin de Jérusalem, et pour toutes les autres initiatives que vous promouvez avec générosité.

2. "Croître pour servir: servir pour croître": voilà une devise qui vous est chère. Elle constitue un objectif qui doit être poursuivi avec application de la part de chaque membre de votre Confrérie. Les nécessités auxquelles il faut faire face pour promouvoir la justice et la paix dans la Région du Moyen-Orient, marquée par une crise sociale et économique persistante et grave, sont multiples et parfois considérables. Les perspectives souhaitées de pacification et de reconstruction exigent la collaboration coresponsable de tous: des gouvernements et des institutions religieuses, des organisations humanitaires et de chaque personne de bonne volonté.

C'est dans ce contexte que se situe votre action humanitaire et spirituelle, qui concerne un secteur extrêmement vital, comme l'est celui de la jeunesse. L'aide aux chrétiens de Terre Sainte se réalise de manière concrète, en fournissant aux jeunes, garçons et filles, une formation scolaire appropriée. A ce propos, je souhaite que, avec une sécurité et une stabilité toujours plus grandes, l'on réussisse à assurer l'éducation chrétienne dans les écoles, dans un climat de respect et de collaboration entre les diverses composantes de la société.

Le soutien financier de l'Ordre pour "aider les oeuvres et les institutions cultuelles, caritatives, culturelles et sociales de l'Eglise en Terre Sainte, en particulier celles du et dans le Patriarcat latin de Jérusalem" (Statut, Art. 2), est tout aussi important.

3. Très chers frères et soeurs! Répondre aux besoins de l'Eglise en Terre Sainte fait partie de votre mission; mais il est encore plus nécessaire d'offrir un témoignage de foi cohérent. Que votre première préoccupation soit donc celle de tendre vers la sainteté, qui est la vocation universelle de tous les chrétiens.

Soyez des artisans d'amour et de paix, en vous inspirant de l'Evangile dans votre vie et vos oeuvres, et en particulier du mystère de la passion et de la résurrection du Christ. Que votre modèle soit Marie, la Mère des croyants, toujours prête à adhérer avec joie à la volonté de Dieu. Invoquez-la chaque jour à travers la belle prière traditionnelle du Rosaire, qui aide à contempler le Christ avec le regard de sa sainte Mère. Cela représentera pour vous une source de croissance, comme ce fut le cas pour le bienheureux Bartolo Longo, votre illustre confrère.

Avec ces sentiments, je donne de tout coeur à chacun de vous une Bénédiction apostolique spéciale, que j'étends aux membres de tout l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre et à leurs familles respectives.

Du Vatican, le 16 octobre 2003

IOANNES PAULUS II



XXV ANNIVERSAIRE DU PONTIFICAT DE JEAN-PAUL II


SIGNATURE ET PROMULGATION DE L'EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE "PASTORES GREGIS"

Jeudi 16 octobre 2003


Messieurs les Cardinaux,
vénérés Frères dans l'Episcopat!

1. C'est avec une joie profonde que je signe et remets à l'Eglise tout entière et, idéalement, à chacun de ses Evêques, l'Exhortation apostolique post-synodale "Pastores gregis". Je l'ai rédigée en rassemblant les diverses contributions offertes par les Pères de la X Assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques, qui a eu pour thème: "L'Evêque, ministre de l'Evangile de Jésus Christ pour l'espérance du monde".

J'adresse mon salut cordial et fraternel à Messieurs les Cardinaux, avec une pensée particulière et reconnaissante pour le Cardinal Jan Pieter Schotte, Secrétaire général du Synode des Evêques. Je salue également les Patriarches, les Présidents des Conférences épiscopales et les Archevêques et Evêques présents. Qu'à travers vous, vénérés Frères, l'expression de mon affection parvienne au Collège épiscopal tout entier. En lui se reflètent l'universalité et l'unité du Peuple de Dieu pèlerin dans le monde (cf. Lumen gentium LG 22). J'étends ensuite mon salut à toutes les Eglises particulières dans chacune de leurs composantes: prêtres, diacres, personnes consacrées et fidèles laïcs. J'assure chacun de ma proximité spirituelle.

2. Les Pères synodaux ont rappelé la grande importance du service épiscopal pour la vie du Peuple de Dieu. Ils se sont longuement arrêtés sur la nature collégiale de l'épiscopat; ils ont souligné que les fonctions d'enseigner, de sanctifier et de gouverner doivent être exercées dans la communion hiérarchique et dans l'unité fraternelle avec le Chef et tous les autres membres du Collège épiscopal.

La figure évangélique du Bon Pasteur a été l'icône à laquelle les travaux du Synode ont constamment fait référence. L'Assemblée synodale a indiqué de façon concrète quel doit être l'esprit avec lequel l'Evêque est appelé à accomplir son service dans l'Eglise: connaissance du troupeau, amour pour tous et attention envers chaque personne, miséricorde et recherche de la brebis égarée. Telles sont certaines des caractéristiques qui distinguent le ministère de l'Evêque. Celui-ci est appelé à être un père, un maître, un ami et un frère pour chaque homme, à l'exemple du Christ. En parcourant fidèlement cette voie, il pourra atteindre la sainteté, une sainteté qui devra croître non pas à côté du ministère, mais à travers le ministère lui-même.

3. En tant que messager de la Parole divine, maître et docteur de la foi, l'Evêque a le devoir d'enseigner avec franchise apostolique la foi chrétienne, en la reproposant de façon authentique.

En tant que "dispensateur de la grâce du suprême sacerdoce" (cf. Lumen gentium LG 26), il se préoccupera également de ce que les célébrations liturgiques soient une épiphanie du mystère. C'est-à-dire qu'elles soient une expression de la nature authentique de l'Eglise qui rend un culte actif à Dieu, pour le Christ, dans l'Esprit Saint.

En tant que guide du peuple chrétien, avec une autorité pastorale et ministérielle, l'Evêque devra se préoccuper de promouvoir la participation de tous les fidèles à l'édification de l'Eglise. Il accomplira son devoir spécifique avec la responsabilité personnelle qui lui provient de sa mission au service de la Communauté tout entière.

Attentif aux besoins de l'Eglise et du monde, il affrontera les défis de l'heure actuelle. Il sera prophète de justice et de paix, défenseur des droits des petits et des exclus. Il proclamera à tous l'Evangile de la vie, de la vérité et de l'amour. Il aura un regard de prédilection pour la multitude des pauvres qui peuple la terre.

Mémoire du désir du Christ "ut omnes unum sint" (Jn 1,21), il soutiendra avant tout le chemin oecuménique, afin que l'Eglise resplendisse parmi les peuples comme un étendard d'unité et de concorde. Dans la société multi-ethnique de ce début du troisième millénaire, il se fera en outre le promoteur du dialogue interreligieux.

4. Messieurs les Cardinaux, vénérés Patriarches et Frères dans l'épiscopat, en remettant l'Exhortation apostolique post-synodale "Pastores gregis", je suis bien conscient de la multiplicité des devoirs que le Seigneur nous a confiés. La fonction à laquelle nous avons été appelés est difficile et grave. Où trouverons-nous la force de la remplir selon la volonté du Christ? Sans aucun doute uniquement en Lui. Être Pasteurs de son troupeau aujourd'hui est particulièrement difficile et exigeant. Nous devons toutefois avoir confiance "contra spem in spem" (Rm 4,18). Le Christ marche avec nous et nous soutient de sa grâce.

Que la Très Sainte Vierge Marie ravive en nous l'espérance, Elle qui, avec les Apôtres, attendit l'Esprit Saint dans la prière unanime et persévérante. Qu'elle intercède auprès de Dieu afin que le visage lumineux du Christ resplendisse toujours dans l'Eglise.

Très chers frères dans l'Episcopat! Le Pape partage les sollicitudes, les préoccupations, les souffrances, les espérances et les joies de votre ministère. Il est spirituellement proche de vous, tandis qu'il donne à tous avec affection Sa Bénédiction.



AU TERME DU CONCERT OFFERT PAR L'ORCHESTRE "MITTELDEUTSCHER RUNDFUNK" À L'OCCASION DU XXV ANNIVERSAIRE DU PONTIFICAT

Vendredi 17 octobre 2003


Messieurs les Cardinaux,

vénérés Frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
mesdames et messieurs,
très chers frères et soeurs!

1. Je désire exprimer ma gratitude cordiale aux organisateurs du splendide concert de ce soir. Ma gratitude s'étend également aux membres de l'Orchestre symphonique et du Choeur du Mitteldeutscher Rundfunk, qui l'ont magistralement interprété sous la direction de l'illustre Chef d'Orchestre Howart Arman.

Ma pensée se tourne également vers le Cardinal Joseph Ratzinger, que je remercie pour les voeux qu'il m'a adressés au nom de toutes les personnes présentes. Je salue, en outre, Messieurs les Cardinaux, les Évêques, les Prélats de la Curie romaine, les membres du Corps diplomatique, les Autorités et chacune des personnes présentes. La participation chaleureuse de tant de personnes rend cette rencontre encore plus significative.

2. La neuvième Symphonie, la dernière de Ludwig van Beethoven, nous a invités à méditer sur la richesse et l'aspect parfois dramatique de l'existence humaine. Dans le grand finale, l'Hymne à la joie a guidé notre pensée non seulement vers l'humanité dans son ensemble, mais également vers la nouvelle Europe, qui élargit actuellement ses frontières à d'autres pays. En puisant au patrimoine de valeurs humaines et chrétiennes de son passé, puisse le Continent européen contribuer à édifier un avenir riche d'espérance et de paix pour l'humanité tout entière.

A tous, j'adresse mes remerciements du plus profond de mon coeur!

Avec ma Bénédiction.



AUX MEMBRES DU COLLÈGE CARDINALICE À L'ISSUE DE SON CONGRÈS

18 octobre 2003

  Monsieur le Cardinal Doyen,
Messieurs les Cardinaux et Patriarches,
Vénérés frères dans l'épiscopat!

1. J'ai écouté avec une grande attention votre message, lu par le Doyen du Collège cardinalice, Monsieur le Cardinal Joseph Ratzinger. C'est avec l'âme reconnaissante que je reçois le salut repectueux et les voeux cordiaux qu'il a voulu m'adresser au nom de toutes les personnes présentes.
Je salue Messieurs les Cardinaux, les vénérés Patriarches, les Présidents des Conférences épiscopales et ceux qui ont pris part au Congrès que vous avez organisé, au cours duquel ont été passées en revue quelques-unes des orientations doctrinales et pastorales qui ont inspiré, au cours des vingt-cinq années écoulées, l'activité du Successeur de Pierre.

Bien-aimés frères du Collège cardinalice, c'est à vous en particulier que s'adressent mes remerciements sincères pour la proximité affectueuse que vous me témoignez non seulement en cette circonstance, mais en permanence. Cette rencontre en est également une démonstration éloquente. Aujourd'hui, apparaît, d'une certaine façon, de manière plus visible encore le sens d'unité et de collégialité qui doit animer les saints Pasteurs dans le service commun au Peuple de Dieu. Merci de votre témoignage!

2. En revenant en esprit aux cinq lustres écoulés, je me rappelle les nombreuses fois où vous m'avez aidé, par vos conseils, à mieux comprendre des questions importantes concernant l'Eglise et l'humanité. Comment pourrais-je ne pas reconnaître que le Seigneur a agi à travers vous pour soutenir le service que Pierre est appelé à rendre aux croyants et à tous les hommes?

L'homme d'aujourd'hui - comme vous avez voulu le souligner, Monsieur le Cardinal-Doyen - se débat dans une recherche tourmentée de valeurs. Lui aussi - selon l'intuition qui fut déjà celle de saint Augustin - ne pourra trouver la paix que dans l'amour pour Dieu poussé jusqu'à la disponibilité à se sacrifier lui-même.

Les profondes mutations qui ont eu lieu au cours des vingt-cinq dernières années interpellent notre ministère de Pasteurs, envoyés par Dieu en tant que témoins courageux de la vérité et de l'espérance. Le courage de proclamer l'Evangile ne doit jamais faire défaut; au contraire, jusqu'au dernier souffle, il doit être notre principal engagement, affronté avec un dévouement toujours renouvelé.

3. L'unique Evangile annoncé avec un seul coeur et une seule âme: tel est le commandement du Christ; voilà ce que nous demande, en tant qu'individus et en tant que Collège, l'Eglise d'aujourd'hui et de toujours; voilà ce qu'attend de nous l'homme contemporain.

C'est pourquoi il est indispensable de cultiver entre nous une profonde unité, qui ne se limite pas à une collégialité affective, mais qui se fonde sur un plein partage doctrinal et qui se traduise par une entente harmonieuse au niveau opératif.

Comment pourrions-nous être d'authentiques maîtres pour l'humanité et des apôtres crédibles de la nouvelle évangélisation, si nous laissions entrer dans nos coeurs la zizanie de la division? L'homme d'aujourd'hui a besoin du Christ et de sa parole de salut. Seul le Seigneur, en effet, sait apporter de véritables réponses aux inquiétudes et aux interrogations de nos contemporains. Il nous a envoyés dans le monde comme Collège unique et indivis, qui, d'une voix unanime, doit témoigner de sa personne, de sa parole, de son mystère. Il en va de notre crédibilité!

Plus notre oeuvre sera incisive, plus nous saurons faire resplendir le visage de l'Eglise qui aime les pauvres, qui est simple et qui se range du côté des plus faibles. Un exemple emblématique de cette attitude évangélique nous est offert par Mère Teresa de Calcutta, que j'aurai demain la joie d'inscrire dans l'album des bienheureux.

4. Messieurs les Cardinaux, provenant de chaque continent, vous qui appartenez à titre spécial à la vénérable Eglise de Rome, vous pouvez être un soutien précieux pour le Successeur de Pierre dans l'accomplissement de sa mission. A travers votre ministère, à travers le sage regroupement de vos cultures d'appartenance, à travers l'ardeur de votre consécration, vous formez une vénérable couronne qui embellit le visage de l'Epouse du Christ. C'est également pour cette raison que vous est demandé un effort constant pour faire preuve d'une fidélité plus totale à Dieu et à son Eglise. En effet, la sainteté est le secret de l'évangélisation et de chaque renouveau pastoral authentique.

Alors que j'assure chacun de vous de mon souvenir dans la prière, je vous demande de continuer à prier pour moi, afin que je puisse exercer fidèlement mon service à l'Eglise, tant que le Seigneur le voudra. Que Marie, Mère de l'Eglise, nous accompagne et nous protège et que l'évangéliste Luc, dont nous célébrons aujourd'hui la fête, intercède pour nous.

Avec ces sentiments, je donne de tout coeur à tous une Bénédiction apostolique spéciale.
 



Discours 2003 - Jeudi 9 octobre 2003