Discours 2003 - MESSAGE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II À L'OCCASION DU 40ème ANNIVERSAIRE DE FONDATION DE L'ASSOCIATION DES RELIGIEUX DES INSTITUTS SOCIO-MÉDICAUX (ARIS)


     

À S.E. M. GEORGI PARVANOV, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBBLIQUE DE BULGARIE

Jeudi 27 novembre 2003




Monsieur le Président!

1. La visite que vous me rendez aujourd'hui m'est particulièrement agréable. En vous saluant, Monsieur le Président, ainsi que la suite qui vous accompagne, je désire renouveler mes voeux les plus fervents à toute la nation bulgare, afin qu'elle poursuive avec confiance son chemin.

La rencontre d'aujourd'hui me ramène en esprit à l'inoubliable visite que la Providence m'a accordé d'accomplir au mois de mai de l'année dernière à Sofia, à saint Jean de Rila et à Plovdiv. Je me rappelle avec une particulière intensité les visages des innombrables personnes qui ont voulu me manifester leur fervente joie spirituelle. J'ai pu sentir la ferme intention d'édifier le pays avec la sérénité retrouvée et confiance dans l'avenir, au sein de la grande maison européenne.

La rencontre cordiale avec les Autorités civiles de chaque secteur et de chaque niveau, m'a ensuite persuadé de la détermination de chacun à poursuivre avec courage l'édification pacifique de la société tout entière, sans crainte d'affronter les défis qui se présentent jour après jour.

2. Ma pensée se tourne ensuite vers le Patriarche Maxim, Chef de l'Eglise orthodoxe de Bulgarie qui, au cours de mon voyage, a voulu m'accueillir dans sa demeure avec une attention fraternelle. Il s'est agi d'une étape supplémentaire de la croissance progressive dans la communion ecclésiale. Avec lui, j'ai pu constater que l'Europe attend l'engagement commun des catholiques et des orthodoxes pour la défense des droits de l'homme et de la culture de la vie.

J'ai trouvé les mêmes sentiments de disponibilité au dialogue et à la collaboration dans la petite mais fervente Communauté catholique, activement engagée à rendre témoignage au Christ en terre bulgare, également en collaboration permanente avec les autres communautés religieuses du pays. Mon souhait fervent est que ce climat d'entente effective puisse se développer au bénéfice de la compréhension réciproque et du bien de la société tout entière.

3. Monsieur le Président, alors que je renouvelle l'expression de ma gratitude pour le geste que vous avez voulu accomplir aujourd'hui, je vous demande de bien vouloir transmettre à nouveau à vos compatriotes mon salut affectueux et l'assurance de mon souvenir constant dans la prière, afin que Dieu continue à soutenir l'oeuvre de votre pays par ses abondantes bénédictions.



MESSAGE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II AUX ÉVÊQUES AMIS DU MOUVEMENT DES "FOCOLARI" LORS DU 22ème CONGRÈS OECUMÉNIQUE





Vénérés frères,

1. C'est avec joie que j'adresse mon salut cordial à chacun de vous, Evêques amis du Mouvement des "Focolari", participant au 22 Congrès oecuménique qui, en raison des événements tragiques des derniers jours, avez dû vous transférer d'Istanbul à Rocca di Papa.

Si vous n'avez pas pu rendre visite à la vénérable église de saint André à Constantinople, c'est cependant avec une grande affection que vous accueille l'église des saints Pierre et Paul à Rome et qu'elle vous offre l'hospitalité réservée aux frères dans le Christ.

2. Le programme de votre rencontre annuelle est axé sur la phrase de l'Ecriture Sainte: "Vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3,28). Il s'agit d'un thème plus que jamais actuel: il peut fournir une réponse valable aux graves fractures qui touchent le monde d'aujourd'hui.

Puisse votre Congrès vous affermir dans l'engagement oecuménique et accélérer le chemin vers la pleine unité pour laquelle Jésus a prié le Père et pour laquelle il a offert sa vie!

Vous savez combien l'unité des chrétiens me tient à coeur et comment, dès le début de mon Pontificat, je lui ai consacré une attention constante.

3. Très chers frères dans l'épiscopat, je vous répète ce que j'ai récemment écrit à l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens: "La force de l'amour nous pousse les uns vers les autres et nous aide à nous placer à nouveau à l'écoute, au dialogue, à la conversion et au renouveau (cf. Unitatis redintegratio UR 1)". Et encore: "Seule une intense spiritualité oecuménique, vécue dans la docilité au Christ et dans la pleine disponibilité aux suggestions de l'Esprit, nous aidera à vivre avec l'élan nécessaire cette période intermédiaire au cours de laquelle nous devons nous confronter avec nos progrès et nos échecs, avec les lumières et les ombres de notre chemin de réconciliation".

4. Avec une affection fraternelle, je vous encourage à persévérer sur l'itinéraire apostolique entrepris et, alors que je vous assure de ma prière pour vos activités pastorales, je donne à tous une Bénédiction apostolique spéciale, que j'étends volontiers à Mme Chiara Lubich, qui vous a accueillis, et à ceux qui vivent dans le Centre du Mouvement des "Focolari".

Du Vatican, le 25 novembre 2003

IOANNES PAULUS II

À S.E. M. VLADIMIR VORONIN, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBBLIQUE DE MOLDAVIE

Vendredi 28 novembre 2003


Monsieur le Président!

1. Je suis heureux de pouvoir vous souhaiter une cordiale bienvenue et de vous exprimer des sentiments de gratitude pour la visite que vous me rendez ce matin. Il s'agit de la première rencontre entre l'Autorité suprême de la République de Moldavie et le Successeur de Pierre, depuis que votre pays est apparu sur la scène internationale comme une nation souveraine et indépendante. Soyez le bienvenu!

En m'adressant à vous, j'entends également faire parvenir à vos concitoyens une pensée affectueuse, ainsi que mon encouragement à poursuivre avec confiance l'édification d'une nation digne de ses nobles traditions. Le pays que vous représentez a recouvré depuis peu la liberté et demande donc à être soutenu avec compréhension dans ses efforts pour surmonter les inévitables difficultés, inhérentes notamment à ses débuts. La Moldavie, qui est située à la frontière entre le monde latin et le monde slave, doit faire du dialogue un instrument efficace essentiel de son action, dans le but de faire apparaître les possibilités concrètes de paix, de justice et de bien-être.

2. Bien qu'elle soit petite d'un point de vue numérique, la communauté catholique est activement engagée, sous la direction de son Pasteur zélé, dans ce processus, se présentant comme une interlocutrice vivante et généreuse à l'égard de la société.

J'ai plaisir à souligner que l'Eglise qui est en Moldavie peut accomplir librement sa mission évangélisatrice et caritative, et que l'Etat lui reconnaît une personnalité juridique. Il  est souhaitable que, sans aucun préjugé à l'égard de quiconque, le dialogue entre les Autorités de l'Etat et l'Eglise catholique puisse se poursuivre de manière fructueuse, au bénéfice de toute la société moldave, dans le respect des principes de la démocratie et de l'égalité de toutes les confessions religieuses.

Monsieur le Président, alors que je renouvelle l'expression de ma gratitude pour votre visite courtoise, je vous demande de transmettre à vos compatriotes l'assurance de ma prière et de mon souvenir constant, afin qu'ils puissent progresser toujours davantage sur la voie de la prospérité et de la paix, soutenus en cela par les Bénédictions du Ciel.



AUX ÉVÊQUES DE FRANCE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 28 novembre 2003


  Chers Frères dans l’épiscopat,

1. Je suis heureux de vous accueillir, vous les Évêques des provinces de Cambrai et de Reims. Vous inaugurez la série de rencontres que j’aurai avec les Pasteurs de l’Église en France, et je me réjouis d’avoir ainsi l’occasion, dans les semaines à venir, de m’entretenir avec l’ensemble des Évêques de la Conférence épiscopale. Je me souviens avec émotion de mon voyage dans votre région et des Journées mondiales de la Jeunesse que vous venez d’évoquer. Elles ont largement mobilisé les jeunes et, comme vous le dites et comme le soulignent vos rapports et, de manière régulière, vos bulletins diocésains,elles ont donné un nouvel élan aux jeunes catholiques de votre pays. Je tiens à adresser un salut particulier aux trois Évêques nommés récemment. Je remercie Monseigneur Thierry Jordan, Archevêque de Reims, qui s’est fait votre interprète, pour ses paroles manifestant votre affectio collegialis, votre ardeur apostolique et votre espérance, et pour les voeux dont il s’est fait le porteur à l’occasion de mes vingt-cinq ans de pontificat. Je suis particulièrement sensible à la perspective dans laquelle vous réalisez votre visite ad limina, qui est un temps fort dans la vie spirituelle et dans la mission d’un évêque, et une belle expérience de communion entre Pasteurs.

2. Dans le monde actuel, comme vous le faites apparaître dans vos rapports quinquennaux, votre mission est devenue sans aucun doute plus complexe et plus délicate, notamment en raison de la situation de crise à laquelle vous continuez à être affrontés, en grande partie marquée par la fragilité spirituelle et pastorale, et par un climat social où les valeurs chrétiennes et l’image même de l’Église ne sont pas perçues de manière positive dans une société où règne souvent une démarche morale subjectiviste et laxiste. De même, vous êtes largement confrontés à la raréfaction du clergé et des personnes consacrées. Cependant, quelles que soient les circonstances apostoliques qui sont les vôtres, pour que l’espérance du Christ ne cesse de vous habiter et guide votre ministère, je vous encourage, comme je l’ai rappelé dans Pastores gregis, reprenant ce qu’avaient souligné les Évêques au cours de l’assemblée synodale, à demeurer attentifs à votre propre vie spirituelle, enracinant votre ministère dans une forte relation au Christ, dans la méditation prolongée de l’Écriture et dans une intense vie sacramentelle. Ainsi, vous pourrez communiquer aux fidèles le désir de vivre en union intime avec Dieu, pour qu’ils affermissent leur foi, et qu’ensemble vous puissiez proposer la foi à vos concitoyens, dans l’esprit des documents que vous avez élaborés sur l’annonce de l’Évangile. En effet, toute mission repose sur ce lien privilégié avec le Sauveur, car, comme le dit l’Apôtre, en toutes circonstances c’est Dieu qui donne la croissance (cf. 1Co 3,6).

Dès les origines de l’Église, les Apôtres avaient conscience du danger qu’ils couraient devant les demandes qui pouvaient leur être faites dans leur ministère. Aussi prennent-ils soin de rappeler qu’il est important pour eux de «rester assidus à la prière et au service de la parole» (Ac 4,6), pour se maintenir dans une foi indéracinable, capables de demeurer guetteurs et de faire face à tous les défis qui se posent dans l’annonce de la vérité et dans les relations entre les personnes (cf. S. Grégoire le Grand, Homélie sur Ézéchiel, I, 11, 4-6). Dans toute vie chrétienne, comme je l’ai rappelé dans Novo millennio ineunte (cf. NM NM 39), et a fortiori dans la mission apostolique, le lien au Christ et la fréquentation de la Parole, notamment par la lectio divina qui permet d’assimiler la Parole de Dieu et qui façonne l’existence, sont fondamentaux.

3. Dans la vie et dans la mission des Évêques, la collaboration fraternelle et le souci de la communion sont essentiels pour manifester l’unité du Corps ecclésial tout entier. En effet, comme le dit l’Apôtre Paul, «en vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons dans le Christ pour nous élever en tout jusqu’à lui, car il est la Tête. Et par lui, dans l’harmonie et la cohésion, tout le corps poursuit sa croissance, grâce aux connexions internes qui le maintiennent, selon l’activité qui est à la mesure de chaque membre. Ainsi le corps se construit dans l’amour» (Ep 4,15-16). De ce fait, la cohésion toujours plus grande du collège apostolique rejaillit sur la croissance du Corps tout entier de l’Église. Je sais votre souci de réaliser au mieux votre ministère épiscopal, selon sa nature propre, prenant soin du troupeau, et selon la nature même du mystère de l’Église. À ce propos, il m’est agréable en cette année où nous fêtons le cinquantième anniversaire de l’oeuvre maîtresse du Cardinal Henri de Lubac, Méditation sur l’Église, d’évoquer tout d’abord avec vous le mystère de l’Église, Corps du Christ au sein duquel vous êtes, comme successeurs des Apôtres, chargés de gouverner, d’enseigner et de sanctifier le peuple chrétien, comme je le rappelais dans la récente exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis (cf. PG ). Il apparaît plus que jamais important aujourd’hui de faire découvrir aux fidèles le sens et la grandeur du mystère de l’Église du Christ, largement développés dans la constitution Lumen gentium, qui demanderait à être davantage étudiée. Ce mystère renvoie au mystère de l’Eucharistie, car l’Eucharistie fait l’Église et l’Église fait l’Eucharistie (cf. Ecclesia de Eucharistia EE 26). L’Église est convoquée et rassemblée par le Christ, qui lui communique sa vie et lui fait le don de l’Esprit Saint. En participant au sacrifice eucharistique, mémorial du sacrifice de la Croix, les chrétiens reçoivent le Sauveur réellement présent, pour être conformés à leur Seigneur et, par lui, vivre dans la communion fraternelle, unis à leurs pasteurs, qui représentent le Christ, Tête et Chef du troupeau. Sans une connaissance sérieuse et approfondie du mystère de l’Église, qui renvoie toujours au Christ, il est clair que l’on ne peut pas saisir le sens des ministères ordonnés et plus généralement de la structure de l’Église; grâce à ces ministères, l’Église peut, à la suite des Apôtres, annoncer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre (cf. Mc 16,15). Je vous encourage donc, avec toutes les personnes qui ont des compétences en la matière, à poursuivre, par des catéchèses adaptées, la formation du peuple de Dieu sur la nature divine de l’Église, qui fait intrinsèquement partie du mystère chrétien, comme nous le proclamons dans le credo; «Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique», ainsi que sur le sens du ministère épiscopal. Cela contribuera à une plus grande unité des différentes communautés diocésaines.

Nourris par cette contemplation du mystère de l’Église, les fidèles seront fortifiés dans leur amour pour le Christ et pour son Corps mystique, et ils comprendront ce qu’ils doivent être pour participer de manière plus totale à la nouvelle évangélisation. En effet, pour être évangélisateur, il faut avoir le souci de construire l’Église selon la volonté du Seigneur et les motions de l’Esprit Saint, et se vouloir enfant de l’Église dans laquelle, comme l’exprimait avec enthousiasme sainte Thérèse de Lisieux, chacun est appelé à trouver sa vocation, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. De même, cela suppose que chacun ait conscience qu’il est, à sa manière, personnellement, en famille et en communauté, image de l’Église aux yeux du monde. Alors, profondément enracinés dans le Christ, les fidèles s’engageront par toute leur vie à être témoins de la bonne nouvelle du salut, partant à la recherche de la brebis perdue; ils seront des messagers et des artisans d’unité, pour bâtir un monde réconcilié (cf. Paul VI, Evangelii nuntiandi EN 14-15 EN 29 EN 31).

4. En vue de manifester davantage et de manière plus étroite la collégialité épiscopale, de réaliser un travail pastoral toujours plus efficace et d’augmenter les collaborations nécessaires, vous avez accepté courageusement, après réflexion, d’opérer un certain nombre de changements, dont la refonte des provinces ecclésiastiques, reprenant ainsi l’antique forme des relations entre les diocèses, qui a favorisé au cours des siècles une intense vie de collaboration entre les Évêques, en particulier sur les plans doctrinal et pastoral, comme en témoignent des conciles et des synodes provinciaux. Il suffit d’évoquer les conciles provinciaux du quatrième siècle et la figure de saint Césaire d’Arles, dont nous connaissons l’importance de l’enseignement théologique. Une telle référence à l’histoire ne peut que susciter chez les Pasteurs et dans les communautés le désir de faire vivre aujourd’hui l’Église du Christ par un engagement renouvelé. Pour votre part, la diminution du nombre de prêtres et des forces vives supposera sans doute que, sans nuire à la responsabilité propre de chaque Évêque, des diocèses d’une même province puissent s’unir et mettre en place des services communs, notamment dans la catéchèse, la formation permanente du clergé et des laïcs, ainsi que pour tout ce qui concerne les vocations, évitant ainsi la dispersion et suscitant des dynamismes nouveaux. La taille plus réduite des nouvelles provinces ecclésiastiques par rapport aux anciennes régions apostoliques sera désormais pour vous une occasion particulièrement opportune pour un travail collégial plus intense sur un ensemble pastoral relativement unifié. Je souhaite vivement que cela renforce vos liens de communion fraternelle, vous apporte aide et soutien dans votre vie personnelle et dans votre mission.

Les Évêques sont sans cesse appelés à donner un témoignage fort de la communion apostolique, entre eux et avec l’ensemble du collège épiscopal autour du Successeur de Pierre, travaillant dans une grande confiance mutuelle et prenant soin de ne rien faire qui puisse briser cette communion ni donner une éventuelle image négative aux fidèles, et plus largement au monde, restant sauf le respect des pouvoirs propres de chaque Évêque sur le territoire diocésain et le pouvoir suprême du Pontife romain (cf. Pastores gregis ). Dans son action, dans ses prises de parole, dans ses décisions, chaque Évêque engage d’une certaine manière tout le corps épiscopal et toute l’Église; l’unité de l’Église s’enracine dans l’unité de l’épiscopat et l’Église diocésaine, autour de son Pasteur, est l’image de l’Église, une et unie, car toutes les «Églises particulières sont formées à l’image de l’Église universelle» (Catéchisme de l’Église catholique CEC 833 cf. Lumen gentium LG 23). De même, dans chaque communauté ecclésiale unie à son Pasteur, si petite soit-elle, est présente l’Église du Christ et elle trouve dans cette dernière son origine et la source de son apostolat. Cependant, il convient de souligner que la communion n’est pas en contradiction avec la légitime diversité, qui permet à chaque Église diocésaine d’avoir un visage propre, en fonction des pasteurs et des communautés qui la composent. Il serait dommageable que l’exercice de la communion devienne une entrave au dynamisme des différentes communautés locales, et d’une certaine manière en contradiction avec le sens même de la communion (cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa, n. 18). Comme le souligne la Constitution dogmatique Lumen gentium, «en vertu de la catholicité, chacune des parties apporte aux autres parties et à l’Église tout entière ses propres dons, de sorte que le tout et chacune des parties s’accroissent de l’apport de toutes les parties, qui sont en communion les unes avec les autres et aspirant d’un comme accord à la plénitude de l’unité [...]. C’est pourquoi aussi, au sein de la communion ecclésiale, il existe légitimement des Églises particulières, jouissant de traditions propres, sans que soit portée atteinte au primat de la chaire de Pierre qui préside l’universelle assemblée de la charité, protège les légitimes différences, et veille en même temps à ce que les particularités, au lieu de nuire à l’unité, lui soient au contraire profitables» (LG 13). De là découlent des liens d’intime communio.

5. La mission apostolique de l’Évêque est d’abord l’annonce de l’Évangile qui nous fait dire comme saint Paul, «malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile» (1Co 9,16), communiquant au monde la vérité dont l’Église est porteuse. Cela s’accompagne de la mission de conduire et de sanctifier le peuple de Dieu à l’exemple du Bon Pasteur et d’édifier ainsi la portion d’Église confiée à tout Évêque, image de l’unique Corps du Christ. Il revient à l’Évêque de prendre un soin tout particulier de son Église locale, assurant au mieux la mission du gouvernement, assisté en cela par les collaborateurs qu’il a choisis. Plus le peuple est petit et fragile, moins les prêtres sont nombreux, et plus il est indispensable que l’Évêque ait le souci de gouverner le troupeau confié à sa garde, attentif à ne pas s’en éloigner trop longuement, de visiter les différentes communautés, de les écouter et de les encourager. Pour bien se centrer sur cette mission et mettre toutes les forces vives dans la mission, votre Conférence réfléchit actuellement à une refonte des organismes qui la composent. Je salue cette décision unanime, qui montre que les Évêques ont conscience que les changements au sein de la société et dans l’Église requièrent des formes nouvelles de collaborations et de fonctionnement, pour que les structures soient vraiment à leur service et au service de la mission sous toutes ses formes. Le renouvellement des structures, même s’il est parfois douloureux pour certaines personnes, est une entreprise nécessaire de manière périodique afin d’éviter des formes de sclérose et des éventuels blocages dans le dynamisme pastoral et la recherche ecclésiale.

À ce propos, je salue les prêtres et les laïcs qui acceptent humblement de collaborer à la vie de l’Église dans des instances nationales de la Conférence et qui, par leur dévouement, témoignent de leur souci de servir le Christ.

6. J’ai voulu centrer ma première intervention sur l’Église et sur la mission épiscopale, en référence à la récente exhortation apostolique post-synodale, Pastores gregis. Lors des visites des différentes provinces ecclésiastiques françaises, j’aurai l’occasion d’aborder d’autres sujets mentionnés dans les rapports quinquennaux que me font parvenir les Évêques de votre Conférence.

Au terme de notre rencontre, je vous demande de porter mes salutations fraternelles et mes encouragements confiants aux prêtres et aux diacres, qui, comme vous l’avez souligné, accomplissent avec fidélité et générosité leur mission et qui se sentent responsables de l’annonce de l’Évangile et de l’édification de l’Église. Transmettez à tous vos diocésains, notamment aux personnes et aux familles qui ont connu des difficultés liées à la situation économique de votre région, mes pensées affectueuses, les assurant de ma prière fervente. En vous confiant à l’intercession de la Vierge Marie, Patronne de votre pays, Mère de l’Église et «miroir de l’Église» comme aimait à l’appeler le Père de Lubac, je vous accorde de grand coeur, ainsi qu’à tous vos diocésains, la Bénédiction apostolique.



MESSAGE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II À SA SAINTETÉ BARTHOLOMAIOS Ier, PATRIARCHE OECUMÉNIQUE, À L'OCCASION DE LA FÊTE DE SAINT ANDRÉ




À Sa Sainteté Bartholomaios Ier
Archevêque de Constantinople
Patriarche oecuménique,

Après avoir accueilli dans des sentiments de joie la Délégation que Votre Sainteté a envoyée à Rome pour la fête des saints Pierre et Paul, c'est avec la même joie que je participe aujourd'hui par ce message à la fête de l'Apôtre André, patron de l'Église qui est à Constantinople, et que je m’associe à votre prière. Ces fêtes patronales nous permettent de mieux vivre la joie d'être frères et de partager une même communion d'intentions et une unique espérance; elles sont également un signe de notre désir d'unité et de pleine communion qu'il est nécessaire d'encourager et de poursuivre pour qu'il apparaisse clairement au monde, à nos fidèles et à toutes les personnes qui oeuvrent et prient pour la communion de l'Orient et de l'Occident chrétiens. Dès le début de leur institution, nous avons compris l'importance de la participation réciproque à ces fêtes patronales, car elle est l'expression la plus accomplie de notre désir mutuel de recréer entre nous un contexte d'amour et de participation à la prière des uns et des autres, de manière à nourrir et à approfondir notre désir de la pleine communion.

Le 16 octobre dernier a été pour moi une journée que j'ai vécue avec une intensité spirituelle particulière. J'ai confié au Seigneur les vingt-cinq années qui se sont écoulées depuis mon élévation au Siège de Pierre. Lors de la célébration de cet anniversaire, j'ai également parcouru de nouveau en pensée les nombreux événements qui ont ponctué mon engagement afin que l'unique Église du Christ puisse respirer plus largement avec ses deux poumons; afin que les Églises d’Occident et d’Orient, qui pendant un millénaire ont su croître ensemble et articuler leurs grandes traditions vitales, marchent toujours plus vers la pleine communion que les circonstances historiques du second millénaire avaient minée [cf. Salut du Patriarche Dimitrios I, 29 novembre 1979 in AAS 16 (1979), p. 1590].

Je me souviens de la rencontre à Jérusalem, pendant le Concile Vatican II, entre mon prédécesseur le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras. Ils ont inauguré le dialogue de la charité qui a conduit au dialogue de la vérité. Je me rappelle ma visite au Phanar peu après mon élection, la visite à Rome de votre prédécesseur d'heureuse mémoire, le Patriarche Dimitrios. Nombreux sont les moments que j'évoque avec gratitude envers le Seigneur, nombreux les gestes qui ont mis en relief notre désir de communion depuis que, par la grâce de Dieu, Rome et Constantinople se sont engagées sur le même chemin et, devant le Concile réuni, ont accompli l'acte à travers lequel les excommunications de 1054 furent levées. Nous célébrerons bientôt le quarantième anniversaire de cet événement, symbole et garantie de notre engagement et de nos résolutions.

Évoquant le chemin parcouru, je me souviens avec émotion des occasions de nos rencontres, en particulier votre visite à Rome en 1995, pour la fête des saints Pierre et Paul, quand nous avons proclamé ensemble à la Basilique Saint-Pierre le symbole de la foi dans la langue liturgique de l'Orient, et quand nous avons béni ensemble les fidèles, depuis la loge de la Basilique. Et plus récemment, lorsque Votre Sainteté s'est unie à moi, à Assise, pour implorer le don de la paix sur un monde menacé par la haine et toujours plus en quête de Dieu. Tout cela donne la mesure de la continuité de notre engagement et nous permet de nous en remettre avec confiance au Seigneur.

Dieu est bon pour nous; en effet, durant toutes ces années, nos liens ont manifesté l'esprit de famille qui nous unit et qui, malgré les difficultés, nous fait progresser vers le but qui nous est fixé par le Christ et que nos prédécesseurs se sont attachés à tracer avec vigueur.

Nous pouvons dire que nous vivons sous le signe de la Croix et dans l'espérance de la Pâque. Nous sommes remplis de l'espérance que le Seigneur portera à son accomplissement l’oeuvre de rétablissement de l'unité qu'il a inspirée. Pour sa part, l'Église de Rome maintiendra le choix irréversible du Concile Vatican II, qui a embrassé cette cause et ce devoir. Dans la liturgie romaine, nous nous associons chaque jour à la prière du Christ qui, à la veille de sa mort, a demandé à son Père l'unité de ses disciples. Nous sommes certains que le Seigneur nous donnera un jour, quand il le voudra, la joie de nous retrouver dans la pleine communion et dans l'unité visible qu'il veut pour sa sainte Église.

Cher Frère, Son Éminence le Cardinal Walter Kasper échangera avec vous le baiser de paix au terme de la Liturgie que vous présidez aujourd'hui dans l'église patriarcale Saint-Georges. Sachez que ce baiser, c'est l'Évêque de Rome qui vous l'offre dans des sentiments de gratitude pour la route que vous avez accepté de parcourir jusqu'ici avec lui. Je demande au Seigneur qu'il bénisse votre Ministère pour l'Église de Constantinople et toutes les saintes Églises orthodoxes, afin quelles puissent croître et prospérer, dans la proclamation de Celui qui est Saint et qui déverse en abondance sur nous ses dons de sainteté, de sagesse et de paix.

Du Vatican, le 26 novembre 2003.

IOANNES PAULUS II

                                   Décembre 2003

À LA COMMUNAUTÉ DU SÉMINAIRE PONTIFICAL FRANÇAIS DE ROME

Lundi 1er décembre 2003



Messieurs les Cardinaux,
Monsieur le Supérieur, Chers Frères dans le Sacerdoce,
Chers Séminaristes, chers Amis,

Je suis heureux de vous accueillir au moment où votre séminaire fête son cent cinquantième anniversaire. Je salue particulièrement les deux Cardinaux présents, issus de votre maison. La formation des futurs prêtres est une tâche essentielle dans l’Église, qui retient l’attention des Évêques, qui en sont les premiers responsables et auxquels il appartient d’appeler aux Ordres sacrés, après avoir discerné avec les prêtres désignés pour cela. Profitez de cette étape pour vous laisser conduire par le Seigneur, dans une grande souplesse à l’Esprit et une profonde obéissance à l’Église et à ses Pasteurs ! Votre formation intégrale est une maturation humaine, spirituelle, morale et intellectuelle, qui suppose de faire la vérité sur son cheminement, à la lumière du Christ et aux contacts des réalités pastorales, acceptant avec confiance l’aide des formateurs au sein d’une communauté. Vous avez aussi la riche possibilité d’être un lieu d’accueil fraternel pour les prêtres français qui résident à Rome et pour les prêtres de passage, faisant ainsi une expérience formatrice du presbyterium. Je salue enfin le personnel laïc chargé de la marche du séminaire.

En vous confiant tous à l’Immaculée, Tutela Domus, je vous accorde à tous une affectueuse Bénédiction apostolique.



MESSAGE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES CATHOLIQUES



Professeur Ernest KONIG
Président de la Conférence
des Organisations internationales catholiques

Par cette lettre, je vous fais parvenir mes salutations cordiales, ainsi qu'aux participants à l'Assemblée générale de la Conférence des Organisations internationales catholiques, qui a lieu à Rome du 30 novembre au 6 décembre 2003. J'ai l'assurance que le thème choisi pour votre Assemblée: "Rendre la société humaine plus humaine, à travers les valeurs de l'Evangile qui conduisent de la violence à la compassion" suscitera de nombreux débats fructueux sur la manière dont les Organisations internationales catholiques peuvent remplir un rôle qui soit toujours plus actif dans l'édification d'une authentique culture de la paix dans le monde entier. Un aspect important de cet engagement est celui de faire progresser la conscience que les droits humains sont nécessairement accompagnés de devoirs humains correspondants (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2003, n. 5). L'Evangile, en effet, enseigne clairement que nous avons une responsabilité évidente à l'égard des autres: en premier lieu à l'égard de Dieu, ainsi qu'à l'égard des autres hommes et femmes (cf. Mc 12,29-33). Plus cette conscience s'accroît et plus les personnes à travers le monde reconnaissent et acceptent leurs obligations vis-à-vis des autres, plus l'on sert alors la cause de la concorde entre les peuples. Tel est le fondement solide sur lequel il est possible de construire une paix authentique et durable.

Au cours de votre Assemblée, vous aurez également la possibilité de réfléchir sur votre mission, en tant qu'Organisations internationales catholiques, au sein de la famille plus vaste des associations catholiques. Dans ce cadre, j'encourage chacune de vos institutions à réexaminer ses statuts à la lumière du Code de Droit canonique, en apportant tout amendement qui serait nécessaire pour assurer que prévale toujours entre vous un esprit authentique de service zélé à l'Eglise universelle. En effet, "la spiritualité de la communion donne une âme aux éléments institutionnels en proposant la confiance et l'ouverture pour répondre pleinement à la dignité et à la responsabilité de chaque membre du Peuple de Dieu" (Novo Millennio ineunte NM 45).

En priant afin que Dieu tout-puissant, "qui nous appelle, des situations d'oppression et de conflit, à la liberté et à la coopération pour le bien de tous" (Journée mondiale de la Paix 2003, n. 10), vous illumine de la lumière de son Esprit, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique, en signe de grâce et de force dans notre Seigneur Jésus Christ.

Du Vatican, le 28 novembre 2003

IOANNES PAULUS II




Discours 2003 - MESSAGE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II À L'OCCASION DU 40ème ANNIVERSAIRE DE FONDATION DE L'ASSOCIATION DES RELIGIEUX DES INSTITUTS SOCIO-MÉDICAUX (ARIS)