Discours 2003 - Samedi 6 décembre 2003


MESSAGE À CHIARA LUBICH, FONDATRICE DU MOUVEMENT DES FOCOLARI, POUR LE 60ème ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DU MOUVEMENT


Madame

Chiara LUBICH
Fondatrice du Mouvement des "Focolari"

1. Le 7 décembre prochain, veille de la solennité de l'Immaculée Conception, le Mouvement des "Focolari" célébrera le 60 anniversaire de sa naissance. En cette circonstance, je suis heureux de vous adresser l'expression de mes sincères félicitations et de ma présence spirituelle auprès de cette grande Famille spirituelle, désormais présente dans de nombreuses parties du monde.

C'est vous en particulier, qui en êtes la fondatrice, que je désire saluer avec l'âme emplie de reconnaissance. En effet, l'"Oeuvre de Marie" est née à travers une consécration spéciale à Dieu, un acte que vous avez effectué à Trente, à la fin de l'année 1943, et depuis, elle s'est développée en étant entièrement orientée vers l'Amour de Dieu et le service de l'unité dans l'Eglise et dans le monde.

2. En harmonie avec le Magistère de l'Eglise - je pense en particulier au Concile Vatican II et à l'Encyclique Ecclesiam suam de mon vénéré prédécesseur, le serviteur de Dieu Paul VI - les "Focolarini", hommes et femmes, se sont faits les apôtres du dialogue en tant que voie privilégiée pour promouvoir l'unité: dialogue au sein de l'Eglise, dialogue oecuménique, dialogue interreligieux, dialogue avec les non-croyants.

Au cours de ces soixante années, combien de changements sociaux rapides et bouleversants ont marqué la vie du monde! L'humanité est devenue toujours plus interdépendante et, poursuivant des intérêts passagers, elle a parfois égaré ses propres valeurs de référence idéale. Elle risque à présent de se retrouver presque "sans âme", c'est-à-dire sans le principe unificateur fondamental de chacun de ses projets et de ses activités.

Je pense en particulier au Continent européen, qui compte une tradition chrétienne bimillénaire. Au début d'un nouveau millénaire s'impose avec urgence le devoir d'un engagement renouvelé de la part des croyants pour répondre aux défis de la nouvelle évangélisation. Dans cette optique, un rôle important est confié aux Mouvements ecclésiaux, parmi lesquels celui des "Focolari" occupe une place importante. Fidèles à l'action vivifiante de l'Esprit Saint, les nouveaux Mouvements ecclésiaux constituent un don précieux pour l'Eglise, qui les encourage et les invite à accomplir leur action prophétique sous la direction des pasteurs, pour l'édification du Peuple de Dieu tout entier.

3. En m'associant donc à l'action de grâce commune à Dieu, pour les grandes choses qu'il a accomplies au cours de ces soixante années, je confie les membres de l'"Oeuvre de Marie" et les multiples activités qu'ils accomplissent à la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie. J'encourage chacun à suivre fidèlement le Christ et à embrasser avec Lui le mystère de la Croix afin de coopérer, à travers le don de sa propre existence, au salut du monde.

Avec ces sentiments, je vous envoie de tout coeur, ainsi qu'à vos collaborateurs et au Mouvement des "Focolari" tout entier, mon affectueuse Bénédiction.

Du Vatican, le 4 décembre 2003

IOANNES PAULUS II



HOMMAGE DU PAPE À LA VIERGE SUR LA PLACE D'ESPAGNE

Solennité de l'Immaculée Conception, Lundi 8 décembre 2003




1. Reine de la paix, prie pour nous!

En la fête de ton Immaculée Conception
je reviens te vénérer, ô Marie,
aux pieds de cette statue qui,
de la Place d'Espagne, permet
à ton regard maternel d'étendre la vue
sur cette antique ville de Rome,
qui m'est si chère.

Je suis venu ici, ce soir,
pour te rendre l'hommage
de ma dévotion sincère.
C'est un geste à travers lequel s'unissent à moi,
sur cette Place, d'innombrables Romains,
dont l'affection m'a toujours accompagné
au cours de toutes les années
de mon service au Siège de Pierre.
Je suis ici avec eux pour commencer le chemin
vers le cent-cinquantième anniversaire du Dogme
que nous célébrons aujourd'hui
avec une joie filiale.

2. Reine de la paix, prie pour nous!

C'est vers Toi que se tourne notre regard
avec la plus grande anxiété,
à Toi que nous avons recours
avec une confiance plus insistante
en ces temps marqués
par de nombreuses incertitudes et craintes
pour le destin présent et à venir de notre planète.

Vers Toi,
source de l'humanité rachetée par le Christ,
finalement libérée de l'esclavage
du mal et du péché,
nous élevons ensemble
une supplication pressante et confiante:
Écoute le cri de douleur des victimes
des guerres et de tant de formes de violence,
qui ensanglantent la terre.
Dissipe les ténèbres de la tristesse
et de la solitude,
de la haine et de la vengeance.
Ouvre l'esprit et le coeur de tous
à la confiance et au pardon!

3. Reine de la paix, prie pour nous!

Mère de Miséricorde et d'espérance,
obtiens pour les hommes
et les femmes du troisième millénaire
le don précieux de la paix:
la paix dans les coeurs et dans les familles,
dans les communautés et entre les peuples;
la paix en particulier pour ces nations
où l'on continue chaque jour
à se battre et à mourir.

Fais que chaque être humain,
de toute race et de toute culture,
rencontre et accueille Jésus,
venu sur la Terre dans le mystère de Noël
pour nous donner "sa" paix. Mère, Reine de la paix,
donne-nous le Christ, véritable paix du monde!



À S.E. M. MARCOS MARTÍNEZ MENDIETA, NOUVEL AMBASSADEUR DE PARAGUAY PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Mardi 9 décembre 2003




Monsieur l'Ambassadeur,

1. C'est avec une grande joie que je vous reçois à l'occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Paraguay près le Saint-Siège. Je vous prie de transmettre au Président de la République, M. Nicanor Duarte Frutos, mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour son importante mission, ainsi que mes souhaits de prospérité et de bien spirituel pour tous les fils de la bien-aimée terre paraguayenne, en répétant ce que j'ai dit en quittant ce pays à la fin de ma Visite pastorale: "Le Pape s'en va, mais vous emporte dans son coeur" (Discours de départ, 18 mai 1988).

2. Votre présence ici offre une occasion propice pour réaffirmer les bonnes relations entre le Paraguay et le Saint-Siège, également fondées sur les profondes racines chrétiennes du peuple paraguayen, qui constituent "une partie de l'âme nationale, trésor de sa culture, nourriture et force pour construire un avenir meilleur dans la liberté, dans la justice et dans la paix" (ibid.). Dès les débuts de l'évangélisation du continent américain, la foi chrétienne s'enracina au Paraguay et modela jusqu'à sa vie publique. Ce patrimoine initial de la foi, avec ses diverses expressions de religiosité populaire à travers les siècles, constitue ce que l'Evêque, avec son presbyterium et les différentes communautés religieuses présentes au Paraguay, désirent préserver et accroître à travers la nouvelle Evangélisation.

L'Eglise qui est au Paraguay compte 14 circonscriptions ecclésiastiques et l'évêché aux armées. Dans les Eglises particulières, les pasteurs travaillent pour continuer à planter la semence de l'Evangile dans le coeur des Paraguayens, de façon à ce que les fruits de vie chrétienne soient abondants dans les différents milieux où l'Eglise exerce la mission qu'elle a reçue de son divin Fondateur. Les Evêques, les prêtres et les communautés religieuses continueront inlassablement à accomplir leur travail d'évangélisation, d'assistance et d'éducation pour le bien de la société. Ils y sont poussés par leur vocation qui est de servir chacun, sans exclure personne, contribuant ainsi à l'élévation intégrale des Paraguayens et à la sauvegarde et la promotion des valeurs suprêmes. Bien que la mission de l'Eglise soit tout d'abord religieuse, il découle sans aucun doute de celle-ci "une fonction, des lumières et des forces qui peuvent servir à constituer et à affermir la communauté des hommes selon la loi divine" (Gaudium et Spes GS 42).

En cette circonstance, je désire vous assurer, Monsieur l'Ambassadeur, de la volonté constante de l'Eglise qui est au Paraguay de continuer à collaborer avec les Autorités et les diverses instances publiques au service des grandes causes de l'homme, en tant que citoyens et enfants de Dieu (cf. Ibid, GS 76). Il faut espérer que le dialogue constructif et fréquent avec les Autorités civiles et les Pasteurs de l'Eglise développera les relations entre les deux institutions. A ce propos, je désire rappeler que "l'Eglise a une parole à dire... sur la nature, les conditions, les exigences et les fins du développement authentique, et aussi sur les obstacles qui l'entravent. Ce faisant, l'Eglise accomplit sa mission d'évangélisation, car elle apporte sa première contribution à la solution du problème urgent du développement quand elle proclame la vérité sur le Christ, sur elle-même et sur l'homme, en l'appliquant à une situation concrète" (Sollicitudo Rei Socialis, n. 41).

3. Votre pays, Monsieur l'Ambassadeur, est formé de personnes nobles, généreuses et hospitalières, dont le courage a su maîtriser les éléments naturels et surmonter toutes sortes d'adversités; il est également riche de cultures autochtones. Grâce à ce patrimoine, il est appelé à jouer un rôle toujours plus actif dans le concert des nations; c'est pourquoi il doit promouvoir de façon permanente les capacités de ses citoyens, afin qu'elles se développent et deviennent toujours mieux adaptées. A ce propos, il faut espérer que les efforts permanents pour améliorer l'éducation atteindront leurs objectifs, permettant à la formation intégrale de la personne de se placer à la portée de tous, préparant les nouvelles générations à assumer pleinement leurs responsabilités comme citoyens capables d'être des acteurs de la vie du pays, en travaillant activement au bien commun. Il est indispensable d'accorder une attention particulière à l'éducation dans les véritables valeurs morales de l'esprit, en promouvant une authentique politique culturelle qui les consolide et les diffuse. Il est nécessaire de reproposer ces valeurs fondamentales, telles que l'honnêteté, l'austérité, la responsabilité à l'égard du bien commun, la solidarité, l'esprit de sacrifice et la culture du travail, la capacité de dialogue et la participation à tous les niveaux, qui sont en mesure d'assurer un meilleur développement à tous les membres de la communauté nationale. Il s'agit, en définitive, de promouvoir et de parvenir aux conditions de vie qui permettent aux individus et aux familles, ainsi qu'aux groupes intermédiaires et associatifs, leur pleine réalisation et l'obtention de leurs aspirations légitimes.

4. Monsieur l'Ambassadeur, je suis bien conscient des moments cruciaux que vit le Paraguay à de nombreux égards. Je suis avec une grande confiance ce processus complexe, en rappelant qu'une démocratie se conserve ou disparaît selon la façon dont elle défend les valeurs qu'elle incarne et promeut, car "une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire" (Centesimus annus CA 46).

Un grand nombre de défis doivent être affrontés pour affirmer et consolider un climat de coexistence pacifique et harmonieuse entre tous, dans lequel puisse régner la confiance des citoyens dans les diverses institutions et instances publiques. Celles-ci doivent prendre en considération et promouvoir à chaque instant le bien commun comme leur raison d'être et objectif prioritaire de leur activité, car l'action gouvernementale doit se placer au-dessus de tous les intérêts particuliers et des parties, en tenant compte du fait que le bien de la nation doit prévaloir sur les ambitions personnelles et de chaque groupe politique.

Le désir de promouvoir un développement adapté dans tous les domaines exige de prendre des mesures qui accroissent réellement la qualité de la vie des citoyens, en portant une attention particulière au domaine de la santé, du logement, des conditions de travail. Ces initiatives doivent toujours s'inspirer de principes éthiques qui tiennent compte de l'équité et de la nécessité que tous accomplissent les efforts et les sacrifices nécessaires. L'objectif est de servir l'homme qui est au Paraguay, en répondant à ses besoins concrets les plus pressants aujourd'hui et en prévenant ceux de demain; de lutter avec force contre la pauvreté; de transformer les ressources potentielles de la nature grâce au travail et de façon responsable; de distribuer plus équitablement les richesses, en réduisant les inégalités qui engendrent la marginalisation et qui blessent la condition de frères, de fils d'un même Père et de co-destinataires des dons que le Créateur a placés entre les mains de tous les hommes.

5. Avant de conclure cette rencontre, je désire vous présenter, Monsieur l'Ambassadeur, mes meilleurs voeux pour que votre mission qui commence aujourd'hui soit féconde. Je vous prie de vous faire l'interprète de mes sentiments et de mes espérances auprès du Président et des autres Autorités de la République, tandis que j'invoque sur vous d'abondantes Bénédictions du Très Haut, ainsi que sur votre famille, sur vos collaborateurs, et sur tous les fils de la noble nation paraguayenne, grâce à l'intercession constante et maternelle de la Pure et Lumineuse Vierge de la Conception de Caacupé.

   

AUX SÉMINARISTES DU DIOCÈSE DE RADOM (POLOGNE)

Mardi 9 décembre 2003


Je vous souhaite à tous une cordiale bienvenue. Je suis heureux de pouvoir accueillir le grand Séminaire du diocèse de Radom, qui répond d'une certaine façon à ma visite. Certes, ceux que j'ai rencontrés à Radom ont quitté depuis longtemps déjà le séminaire et servent aujourd'hui l'Eglise comme prêtres ayant une longue expérience. Toutefois, chaque communauté possède un signe caractéristique de continuité historique et spirituelle, qui constitue sa richesse. Qu'il me soit donc permis de placer entre vos mains et entre les mains de votre Evêque mes remerciements pour l'accueil que votre Séminaire m'a réservé, en 1991, à son nouveau siège, que j'ai eu l'occasion de bénir. Je remercie S.Exc. Mgr Zygmunt Zimowski des paroles qu'il vient de m'adresser. Je souhaite la bienvenue aux Evêques auxiliaires et à l'Evêque émérite. Je suis heureux que tous les Evêques de Radom accompagnent de façon paternelle les séminaristes dans leur pèlerinage au Siège apostolique. Je salue également le Recteur, les éducateurs, les pères spirituels, les professeurs, ainsi que les laïcs qui collaborent au Séminaire et les personnes qui vous accompagnent.

J'ai commencé par une pensée sur la continuité historique et spirituelle du Séminaire. Il convient ensuite d'embrasser, du moins brièvement, par la pensée tout l'héritage à partir duquel votre séminaire est né et dont il est l'héritier. Vous savez bien que les débuts de votre séminaire se trouvent dans le diocèse de Cracovie. Sandomierz lui appartenait en 1635, lorsque le révérend Mikolaj Leopoldowicz donna naissance au nouveau grand Séminaire. Il fut alors conçu non seulement comme une maison de formation, mais également comme un centre scientifique. Au cours des décennies, souvent sur l'initiative des Evêques et des chanoines de Cracovie, furent créées les chaires de théologie scolastique, de droit canonique, d'Ecriture Sainte et d'histoire de l'Eglise. Elles devaient servir à une préparation diversifiée du clergé pour le diocèse de Cracovie.

J'invoque ce lien avec Cracovie pour souligner les racines communes, c'est-à-dire également l'héritage commun, qui nous lie. Celui-ci renferme sans aucun doute l'héritage de la foi et du courage de saint Stanislas, de la sagesse et de la magnanimité de Jean de Kety, du zèle et de la miséricorde de Pierre Skarga et de tant d'autres grands prêtres de nos terres. Il faut toujours revenir à cet héritage de sainteté et de dévouement sacerdotal au Christ, à l'Eglise et aux fidèles, afin que les multitudes de prêtres d'aujourd'hui puissent poursuivre leur oeuvre de façon fructueuse.

La fin du XVIII siècle, après la suppression de la Compagnie de Jésus, a lié votre séminaire à Kielce, jusqu'à la création du diocèse de Sandomierz, en 1818. Deux ans plus tard, il put être établi à nouveau à Sandomierz. L'époque moderne a apporté avant tout un lien partiel avec Radom et, enfin, la fondation d'un Séminaire séparé pour ce diocèse. J'exprime ma profonde reconnaissance à S.Exc. Mgr Edward Materski pour ses efforts en vue de créer le diocèse, auquel il a assuré l'existence de l'institution si importante qu'est le grand Séminaire. Je suis heureux que cette communauté - nouvelle, mais possédant une riche tradition - se consolide et croisse. Je suis convaincu qu'elle donnera naissance à de bons pasteurs sur le modèle du Christ.

Je sais qu'au cours de cette année de formation, vous accompagne la devise: "Imitare quod tractabis". Il s'agit d'une invitation que chacun de vous, séminaristes - si Dieu le veut - entendra durant la liturgie des ordinations. D'habitude, celle-ci se réfère aux mystères qui sont renfermés dans l'Eucharistie et dans sa célébration. En réalité, le contenu le plus profond de cet appel semble jaillir directement des paroles du Christ: "Faites cela en mémoire de moi" (Lc 22,19). Et la "mémoire du Christ" est toute Sa vie terrestre, mais surtout sa conclusion pascale. Comment ne pas voir le lien entre cet appel et le geste humble et plein d'amour du lavement des pieds au Cénacle: "Comprenez-vous ce que je vous ai fait? [...] c'est un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai fait pour vous" (Jn 13,12 Jn 13,15). Comment ne pas le relier à l'invitation pleine de force: "Prenez et mangez-en tous, car ceci est mon corps offert en sacrifice pour vous" - paroles qui, le lendemain, se réalisèrent sur le bois de la Croix. Tel est le dévouement total de soi dans l'amour au Père et aux hommes. Ce dévouement sera exigé de vous de la part de Dieu et des hommes, lorsque l'Eglise vous appellera: "Imite ce que tu célébreras". Et alors, vous devrez vous rappeler que dans la "mémoire du Christ" s'inscrit également la résurrection et la Pentecôte. Que la foi ne vous abandonne pas, que sur les chemins du monde vous accompagne le Christ ressuscité lui-même, qui vous a dotés de la puissance de l'Esprit Saint. Alors, votre dévouement à Dieu et aux hommes ne sera pas un poids, mais une participation confiante et joyeuse à l'éternel sacerdoce du Christ. Préparez-vous dès aujourd'hui à cet acte de confiance qui est lié à la fonction assumée en "mémoire du Christ".

"Imite ce que tu célébreras". Le service pastoral d'un prêtre est constitué d'une multitude d'actions, dont - comme le dit le Concile - l'Eucharistie est la source et le sommet (cf. GS, GS 5). Quel que soit leur type, l'invitation à imiter leur sens le plus profond est toujours actuel et juste. Si un prêtre célèbre le baptême, - le sacrement de la justification - son devoir n'est-il pas également d'être témoin de la grâce justificatrice dans chacune de ses actions? S'il prépare les jeunes au sacrement de la Confirmation, qui rend capables de participer à la mission prophétique de l'Eglise, ne devrait-il pas être lui-même un fidèle témoin de l'Evangile? Lorsqu'il donne l'absolution et rappelle à la fidélité, ne devrait-il pas lui-même la demander et être un exemple de fidélité? Il en est ainsi lorsqu'il enseigne, bénit les mariages, lorsqu'il accompagne les malades et prépare à la mort, lorsqu'il rencontre les familles - il devrait toujours être le premier témoin de ce qui est le contenu de son service.

Humainement, il n'est pas facile de remplir une telle tâche. C'est précisément pour cela qu'il faut rechercher l'aide de Celui qui envoie des ouvriers à sa moisson (cf. Mt 9,38). Dans votre vie d'aujourd'hui, et surtout dans le sacerdoce, que ne manque jamais la place pour la prière. Oui, faites tous les efforts possibles pour vous préparer le mieux possible aux devoirs sacerdotaux à travers une solide étude de la doctrine - non seulement théologique, mais également d'autres disciplines qui vous aideront dans le contact avec l'homme d'aujourd'hui - ou encore en apprenant une pratique pastorale, mais fondez cette préparation sur la base solide de la prière. Je confie ceci à votre coeur: soyez des hommes de prière, et vous réussirez à imiter ce que vous célébrerez.

Je vous confie tous à la Patronne de votre Séminaire, la Mère de Dieu Immaculée. Qu'elle vous accompagne et vous protège et qu'elle vous apporte toutes les grâces dont vous avez besoin pour une bonne préparation au sacerdoce. Je vous bénis tous de tout coeur: au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.



AUX PÈLERINS DE ZAKOPANE ET DE LA RÉGION DE PODHALE

Mardi 9 décembre 2003


Je vous salue cordialement, hôtes bienvenus provenant de Zakopane et de la région de Podhale. Je vous remercie, vous qui, comme chaque année, venez voir le Pape en exécutant des chansons de Noël, de la musique des montagnes et en apportant des dons. Outre votre amour et votre dévouement, vous m'apportez les magnifiques arbres de Noël qui rappellent la Pologne. Je remercie le Révérend Doyen pour les voeux qu'il m'a exprimés au nom de vous tous. J'y réponds de tout coeur.

Dans quelques jours, nous verrons briller la lumière de la nuit de Bethléem et nous entendrons à nouveau le message de l'ange: "Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple: aujourd'hui vous est né un sauveur, qui est le Christ Seigneur" (Lc 2,10-11). Que cette lumière et ce message soient toujours présents dans le coeur de tous, afin que l'espérance et la joie vainquent toute crainte. C'est ce pour quoi je prie et ce que je souhaite à vous tous ici présents, montagnards polonais et à tous nos concitoyens.

Dieu soit loué car au Vatican, dans la Salle Clémentine, j'ai pu entendre les chants de Noël polonais.

Que Dieu vous bénisse!



À S.E. M. WALTER WOON, NOUVEL AMBASSADEUR DE SINGAPOUR PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 12 décembre 2003


Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Singapour près le Saint-Siège. Je vous remercie des aimables salutations que vous m'avez exprimées de la part du Président, S. R. Nathan, ainsi que du gouvernement et du peuple de Singapour, et je vous prie de bien vouloir transmettre mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour la paix et le bien-être de la nation.

Votre présence ici aujourd'hui me rappelle la visite que j'ai eu le privilège d'accomplir dans votre pays en 1986. Le temps que j'ai passé à Singapour m'a donné l'occasion de connaître de près une culture formée par l'influence de nombreux groupes ethniques et religieux différents, qui vivent depuis des années en harmonie les uns avec les autres. Singapour a été fortement enrichi par sa variété de cultures et de peuples et devrait être fier de sa tradition de respect et d'estime pour son patrimoine. En effet, l'engagement de votre pays à encourager un authentique esprit d'unité dans la diversité a apporté une contribution importante à la région et vous pouvez affirmer à juste titre qu'il s'agit de l'un des pays les plus développés d'Asie. Bien que réduit de par sa taille et sa population, Singapour joue néanmoins un rôle important dans la région, servant souvent de pont d'échange culturel entre l'Orient et l'Occident.

Pour parvenir à une mondialisation authentique, les gouvernements et les peuples devraient encourager la diversité culturelle, en assurant en tout temps qu'elle reste fermement enracinée dans les valeurs et les principes moraux qui régissent les relations et les comportements humains. Singapour a démontré son attachement à ces préceptes à travers son engagement constant à la tolérance religieuse, que le pays promeut avec enthousiasme depuis son indépendance. Il faut souhaiter que l'harmonie qui a toujours régné entre les fidèles des diverses religions à Singapour continuera et se renforcera encore plus. Cela est d'autant plus important aujourd'hui, où des périodes de récente tension et de tragiques incidents dans votre région ont menacé le respect mutuel qui est à la base d'une coexistence pacifique entre tous les peuples. Conformément à vos meilleures traditions, le dialogue constant, la compréhension et la coopération sont nécessaires parmi les fidèles des diverses religions, afin d'assurer que tous les peuples oeuvrent ensemble en vue d'une civilisation édifiée sur les valeurs universelles de la solidarité, de la justice et de la liberté.

La société de Singapour est empreinte d'une profonde reconnaissance de l'importance de la dimension spirituelle et transcendante de la vie humaine. Cela a contribué à faire prendre conscience du besoin de développer une culture dans laquelle "les peuples vivent ensemble" en évitant toujours la tentation de devenir une société qui rejette, qui marginalise, qui déracine ou qui opprime les autres (cf. Lettre encyclique Evangelium vitae EV 18). Cette responsabilité fondamentale envers nos frères et soeurs est une caractéristique de l'interaction sociale qui doit être exercée au niveau national et international. La décision de votre pays d'assister ceux qui vivent au-delà de ses frontières est manifestée de façon évidente dans l'impressionnant soutien international que vous offrez. En effet, notre engagement commun à l'égard des moins favorisés représente l'un des nombreux domaines qui unissent Singapour et le Saint-Siège dans notre désir de servir le bien commun. Un exemple de cette coopération peut être constaté dans nos efforts communs en vue de former de jeunes professionnels venus des pays pauvres de la région à travers le "Singapore-Vatican Third Country Training Programme", mis en place il y a cinq ans. L'éducation est un élement-clé du développement durable. Je suis donc certain que nos efforts en vue de former les jeunes à être des citoyens consciencieux et honnêtes ne bénéficiera pas seulement à leur propre pays, mais aidera également l'Asie et toute la communauté mondiale.

La responsabilité pour le bien-être des autres s'étend à tous les domaines de la vie. A cet égard, je suis conscient des contributions significatives que votre pays a apportées, en particulier dans le domaine de la science et de la technologie. La capacité à servir l'humanité à travers celles-ci est un don qui exige un grand respect. A aucun moment, les gouvernements ne peuvent soutenir des initiatives qui menacent la sainteté de la vie humaine au nom du profit scientifique ou économique. "Le grand défi moral lancé aux nations et à la Communauté internationale concernant le développement est d'avoir le courage d'une nouvelle solidarité capable de réaliser des avancées créatives efficaces pour dépasser le sous-développement déshumanisant et le "sur-développement" qui tend à réduire la personne à une unité économique" (Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Asia ). C'est pour cette raison qu'un jugement correct et que des débats prudents en ce qui concerne le contrôle de ces domaines est essentiel. Ces débats devraient inclure les diverses traditions religieuses qui jouent un rôle significatif dans la vie de votre nation. Ces groupes apportent une contribution essentielle au véritable progrès de la société en attirant l'attention sur les questions et les valeurs humaines plus profondes et en offrant une orientation spirituelle et morale qui doit toujours accompagner le progrès scientifique et technologique.

Bien que l'Eglise catholique à Singapour soit relativement petite, ses membres sont fiers de contribuer au développement politique, culturel et social du pays. A une époque où votre nation et la plupart des pays d'Asie s'efforcent de repenser les politiques du passé en ce qui concerne la vie familiale et la démographie, les catholiques ont beaucoup à offrir. Comme je l'ai déclaré en 1986, "les familles occupent une place unique dans l'Eglise en tant que communauté de vie et d'amour. Tout en étant une communion de personnes en dialogue avec Dieu, elles jouent un rôle important dans la société. Elles doivent rester ouvertes à une communauté plus large, afin que l'amour qu'elles montrent dans leurs foyers s'étendent aux autres pour le plus grand bien de tous" (Homélie à Singapour, n. 9). Un ferme engagement à la culture de la vie et à la culture de la famille est une pierre essentielle à la construction de l'édifice social de tout pays et une condition de succès à long terme.

Monsieur l'Ambassadeur, alors que que vous entamez vos nouvelles responsabilités, je forme les voeux que les liens d'amitié entre le Saint-Siège et Singapour se renforcent toujours plus. Soyez assuré que les divers bureaux de la Curie romaine seront prêts à vous assister dans l'accomplissement de votre mission. Sur vous et sur tout le peuple bien-aimé de votre nation, j'invoque une abondance de Bénédictions divines.



À S.E. M. PRIIT KOLBRE, NOUVEL AMBASSADEUR D'ESTONIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 12 décembre 2003



Votre Excellence,

C'est pour moi un plaisir de vous accueillir au Vatican alors que vous présentez les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d'Estonie près le Saint-Siège. Je vous prie de bien vouloir transmettre à S.E. M. Arnold Rüütel mes remerciements pour ses voeux, auxquels je réponds avec joie, et de l'assurer, ainsi que le peuple d'Estonie, de mes prières pour le bien-être de la nation. Il y a dix ans, j'ai commencé mon "pèlerinage de paix" dans les diverses nations baltes, y compris votre pays bien-aimé, où j'ai rendu grâce à Dieu pour la "lampe de la liberté" qui a été à nouveau allumée. Je garde dans mon esprit un souvenir vivant de cette visite et je me souviens avec reconnaissance de la cordialité et de l'hospitalité avec lesquelles j'ai été reçu par les dirigeants civils et religieux.

Les relations diplomatiques de l'Eglise constituent une partie de sa mission au service de toute la famille humaine. Son sincère désir de promouvoir des relations fructueuses avec la société civile est ancrée dans sa conviction selon laquelle l'espérance d'édifier un monde plus juste - un monde plus digne de l'homme - ne peut ignorer la reconnaissance de la vocation surnaturelle de l'homme. L'activité diplomatique du Saint-Siège s'efforce donc de promouvoir une compréhension de la personne humaine qui "reçoit de Dieu sa dignité essentielle et, avec elle, la capacité de transcender toute organisation de la société dans le sens de la vérité et du bien" (Lettre encyclique Centesimus annus CA 38). En s'appuyant sur ce principe, l'Eglise applique les valeurs universelles inhérentes à la vérité et à l'amour à la diversité des cultures et des nations qui constituent notre monde.

Comme l'a observé Votre Excellence, l'arrivée de l'Eglise catholique en Estonie remonte au douzième siècle. Tout comme d'autres Européens, les Estoniens comprennent à juste titre que les vérités et les valeurs du christianisme forment depuis longtemps la trame du tissu même de la société européenne. Toutefois, cet héritage n'appartient pas uniquement au passé. Il s'agit d'un projet toujours en cours. Il est donc impératif que, tandis que les nations d'Europe s'avancent vers une nouvelle configuration, la proclamation éternelle de la vérité par le christianisme devrait être reconnue et mise en valeur. Ce n'est qu'en retrouvant la véritable identité de l'Europe, sur laquelle sont fondées sa liberté et sa démocratie, que le véritable progrès de ses institutions culturelles et civiles peut être assuré (cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa, n. 109).

Le peuple d'Estonie sait mieux que quiconque que, lorsque le trésor de la foi chrétienne est réprimé, voire nié, les fondements du développement social authentique et la vision d'une société marquée par l'espérance disparaissent. Au lendemain d'une période tragique de peur et d'intimidation dans l'histoire européenne, au cours de laquelle la suprématie et la force ont prévalu, la foi chrétienne propose son Evangile de la vie en assurant un avenir d'espérance et de liberté, un avenir dans lequel la suprématie de l'amour et de la vérité prévaudront. Aucune folie humaine ni sens superficiel d'inclusion ne doivent pouvoir barrer aux futures générations ce chemin qui conduit au véritable épanouissement personnel et à la solidarité durable entre les peuples, enraciné dans l'espérance "qui ne déçoit pas" (Rm 5,5). A cet égard, je suis certain que le gouvernement d'Estonie soutiendra les efforts du Saint-Siège en vue d'assurer que le Traité de la Constitution européenne reconnaisse la place du christianisme au coeur de la vie et de l'avenir du continent.

Tandis que l'Estonie continue de s'engager dans la tâche délicate mais profondément satisfaisante de forger son esprit national, nombreux sont les motifs de reconnaissance. La liberté de pensée et d'expression, dont bénéficient à présent vos concitoyens, est la condition de la recherche de la vérité qui définit la personne humaine. L'expérience de l'histoire nous enseigne toutefois que le passage de l'oppression à la liberté est difficile. Il est souvent marqué par de vaines promesses d'espérance et par l'appât de formes trompeuses de liberté détachées d'un lien essentiel avec la vérité. Il ne faut pas permettre que la disparition d'une ère d'idéologie politique répressive laisse la place à une ère d'idéologie séculariste destructrice. La personne humaine - celle qui recherche la vérité - est également celle qui vit de croyance (cf. Lettre encyclique Fides et ratio FR 31). C'est alors vers les communautés de croyants que les autorités civiles et politiques peuvent se tourner avec confiance en vue d'un engagement à humaniser la société, en formant un ordre social européen, qui respecte chaque homme et femme et donc conforme au bien commun (cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa, n. 117).

Il ne fait aucun doute que l'une des plus grandes nécessités en Estonie aujourd'hui est de garantir que l'institution sacrée du mariage, voulue par Dieu dans l'acte même de la création, avec la vie familiale stable qui l'accompagne, soit affirmée et soutenue. Les dirigeants civils et religieux de toute confession doivent oeuvrer ensemble dans ce but. De nombreux facteurs culturels, sociaux et politiques concourent en effet à provoquer une crise de plus en plus évidente de la famille. La tragédie du divorce afflige la vie familiale et nuit aux sociétés et aux personnes, en particulier les enfants. La plaie de l'avortement, en plus de porter atteinte à la dignité essentielle de la vie humaine, provoque souvent une indicible douleur émotive et psychologique à la mère, qui est souvent elle-même une victime de circonstances contraires à ses espoirs et ses désirs les plus profonds. Face à ces situations de douleur, je rappelle à nouveau aux dirigeants civils qu'ils ont le devoir de faire des choix courageux pour protéger la vie à travers des mesures législatives (cf. Lettre encyclique Evangelium vitae EV 90) et de promouvoir les valeurs et les exigences de la famille à travers des politiques sociales efficaces. J'appelle également la communauté chrétienne d'Estonie à témoigner de façon résolue de la beauté sublime de la communion profonde de vie et d'amour qui distingue la famille et apporte la joie à la société humaine.

Bien qu'en nombre réduit dans votre pays, les membres de l'Eglise catholique continueront de prier et d'oeuvrer pour le développement constant du peuple et de la nation d'Estonie. Je vous remercie de vos aimables paroles de reconnaissance pour ce que l'Eglise fait à travers ses Organisations humanitaires, notamment la Caritas, pour apporter un esprit d'espérance et d'assistance pratique aux groupes les plus vulnérables. Sa mission de service à tous les peuples, en particulier les pauvres et les exclus, est au coeur de son témoignage de l'amour du Christ qui inclut chacun.

Monsieur l'Ambassadeur, au cours de vos fonctions en tant que représentant de l'Estonie près le Saint-Siège, les divers bureaux de la Curie romaine feront de leur mieux pour vous assister dans l'accomplissement de votre mission. Je vous offre mes meilleurs voeux pour le succès de vos efforts en vue de renforcer les relations cordiales qui existent déjà entre nous. Sur vous, sur votre famille et sur vos concitoyens, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.




Discours 2003 - Samedi 6 décembre 2003