Discours 2004 - Samedi 10 janvier 2004

AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA CONGRÉGATION POUR LE CLERGÉ

Samedi 10 janvier 2004



Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
très chers frères et soeurs!

1. C'est avec un vif plaisir que je vous accueille, au terme de l'Assemblée plénière de la Congrégation pour le Clergé. Je salue le Préfet du dicastère, le Cardinal Darío Castrillón Hoyos et je le remercie de s'être fait l'interprète des sentiments communs de dévotion et d'affection. Je salue Messieurs les Cardinaux, mes vénérés frères dans l'épiscopat et tous ceux qui ont participé à cette rencontre, qui a analysé deux thèmes d'un grand intérêt: "Les Organismes consultatifs secundum legem et praeter legem" et "La Pastorale des sanctuaires".

Je désire vous remercier tous pour le travail exigeant accompli. Je forme dans le même temps les meilleurs voeux afin que naissent de ces journées de réflexion des propositions et des orientations utiles pour la vie de l'Eglise.

2. La Constitution dogmatique Lumen gentium présente l'Eglise comme un peuple qui a pour Chef le Christ, pour condition la dignité et la liberté des fils de Dieu, pour loi le précepte antique et toujours nouveau de l'amour et pour fin le Royaume de Dieu (cf. LG 9). De ce peuple font partie tous ceux qui, en vertu du Baptême, se prêtent "à l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus Christ" (1P 2,5). Ce sacerdoce, qui unit tous les fidèles, diffère essentiellement du sacerdoce ministériel ou hiérarchique. Tous deux, cependant, sont unis par une relation étroite et sont ordonnés l'un à l'autre, car "l'un et l'autre, chacun selon son mode propre, participent de l'unique sacerdoce du Christ" (Lumen gentium LG 10). Les Pasteurs ont le devoir de former, de gouverner et de sanctifier le Peuple de Dieu, tandis que les fidèles laïcs, avec eux, prennent une part active à la mission de l'Eglise, dans une constante synergie d'efforts, et dans le respect des vocations et des charismes spécifiques.

3. Cette collaboration utile de la part des laïcs se retrouve également dans les divers Conseils prévus par l'organisation canonique au niveau diocésain et paroissial. Il s'agit d'organismes de participation qui permettent de coopérer au bien de l'Eglise, en tenant compte des connaissances et des compétences de chacun (cf. CIC 212,3).

Aujourd'hui, ces structures, issues du Concile, ont besoin d'être mises à jour, dans leurs modalités d'action et dans leurs statuts, selon les normes du Code de Droit canonique promulgué en 1983. Il faut préserver un rapport équilibré entre le rôle des laïcs et celui qui revient véritablement à l'évêque ou au prêtre.

Les Pasteurs légitimes, dans l'exercice de leurs fonctions, ne doivent jamais être considérés comme de simples exécutants de décisions résultant d'opinions majoritaires apparues au sein de l'assemblée ecclésiale. La structure de l'Eglise ne peut être conçue sur des modèles politiques simplement humains. Sa constitution hiérarchique s'appuie sur la volonté du Christ et, en tant que telle, fait partie du "depositum fidei" qui doit être conservé et transmis intégralement au cours des siècles.

Votre dicastère, qui possède un rôle important dans l'application des directives conciliaires dans ce domaine, ne manquera pas de suivre avec attention l'évolution de ces organismes de consultation. Je suis certain que les apports et les contributions apparus lors de votre rencontre aideront également à rendre la collaboration entre laïcs et pasteurs toujours plus fructueuse et pleinement fidèle aux directives du Magistère.

4. Le deuxième thème que vous avez étudié au cours de cette assemblée plénière concerne la pastorale des sanctuaires. Ces lieux sacrés attirent de nombreux fidèles à la recherche de Dieu, et qui sont donc disponibles pour une annonce plus incisive de la Bonne Nouvelle, et prêts à accueillir l'invitation à la conversion. Il est donc important qu'y oeuvrent des prêtres ayant une sensibilité pastorale aiguë, animés par un zèle apostolique, dotés d'un esprit paternel d'accueil et ayant une expérience dans l'art de la prédication et de la catéchèse.

Que dire ensuite du sacrement de la Pénitence? Dans les sanctuaires en particulier, le confesseur est appelé à refléter, à travers chacun de ses gestes et paroles, l'amour miséricordieux du Christ. C'est pourquoi une formation doctrinale et pastorale adaptée est exigée.

Au centre de chaque pèlerinage, se trouvent les célébrations liturgiques, et en premier lieu la Messe. Celles-ci doivent toujours être préparées avec soin, et animées par une grande dévotion, suscitant la participation active des fidèles.

Votre dicastère ne manquera pas de préparer des suggestions opportunes pour aider au renouvellement de la pastorale des sanctuaires et répondre aux exigences des temps.

5. Très chers frères et soeurs! A travers ces journées d'étude et d'échanges, vous avez apporté un service méritoire à l'Eglise. Je vous remercie et j'assure chacun de mon souvenir fraternel dans la prière.

Que la Vierge Marie, Mère de l'Eglise, qu'au cours de la période de Noël, nous contemplons auprès de l'Enfant dans la crèche, vous soutienne et rende fructueuse chacune de vos intentions de bien. Je forme pour vous et pour les personnes qui vous sont chères, mes meilleurs voeux pour la nouvelle année qui vient de commencer et je donne à tous de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière.


POUR LES VOEUX AU CORPS DIPLOMATIQUE

Lundi 12 janvier 2004




Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Il m'est toujours agréable, à l'aube d'une nouvelle année, de me retrouver parmi vous pour le traditionnel échange des voeux. Je suis particulièrement sensible aux souhaits que Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur Giovanni Galassi m'a délicatement exprimés en votre nom. C'est de grand coeur que je vous remercie de vos nobles sentiments comme de l'intérêt bienveillant avec lequel vous suivez quotidiennement l'activité du Siège Apostolique. À travers vos personnes, je me sens proche des peuples que vous représentez; que tous soient assurés de la prière et de l'affection du Pape, qui les invite à unir leurs talents et leurs ressources pour bâtir ensemble un avenir de paix et de prospérité partagée !

Ce rendez-vous est aussi pour moi un moment privilégié qui me donne l'occasion de porter avec vous un regard sur le monde, tel que les hommes et les femmes de ce temps le modèlent.

La célébration de Noël vient de nous rappeler la tendresse de Dieu pour l'humanité, manifestée en Jésus, et a fait résonner une fois encore le message toujours nouveau de Bethléem: «Paix sur la terre aux hommes, que Dieu aime» !

Ce message nous rejoint cette année encore alors que bien des peuples connaissent toujours les conséquences de luttes armées, pâtissent de la pauvreté, sont victimes de criantes injustices ou de pandémies difficiles à maîtriser. Son Excellence Monsieur Galassi s'en est fait l'écho avec l'acuité que nous lui connaissons. Je voudrais, à mon tour, vous faire partager quatre convictions qui, en ce début de l'année 2004, habitent ma réflexion et ma prière.


1. LA PAIX TOUJOURS MENACÉE

Ces derniers mois, elle a été mise à mal par les événements qui se sont succédé au Moyen-Orient, qui apparaît, une fois encore, comme une région de contrastes et de guerres.

Les nombreuses démarches faites par le Saint-Siège pour éviter le pénible conflit survenu en Irak sont déjà connues. Ce qui importe aujourd'hui, c'est que la communauté internationale aide les Irakiens, débarrassés d'un régime qui les opprimait, afin qu’ils soient mis en condition de reprendre les rênes de leurs pays, d'en consolider la souveraineté, de déterminer démocratiquement un système politique et économique conforme à leurs aspirations et que l'Irak redevienne ainsi un partenaire crédible dans la communauté internationale.

La non-résolution du problème israélo-palestinien continue d'être un facteur de déstabilisation permanente pour toute la région, sans compter les indicibles souffrances imposées aux populations israélienne et palestinienne. Je ne me lasserai jamais de le redire aux responsables de ces deux peuples : le choix des armes, le recours, d’une part, au terrorisme et, d’autre part, aux représailles, l’humiliation de l’adversaire, la propagande haineuse, ne mènent nulle part. Seuls le respect des légitimes aspirations des uns et des autres, le retour à la table des négociations et l’engagement concret de la communauté internationale sont susceptibles de conduire à un début de solution. La paix véritable et durable ne peut se réduire à un simple équilibre entre les forces en présence ; elle est surtout le fruit d'une action morale et juridique.

D'autres tensions et conflits, surtout en Afrique, pourraient être encore mentionnés. Leur impact sur les populations est dramatique. Aux effets de la violence s'ajoutent la paupérisation et la détérioration du tissu institutionnel, plongeant des peuples entiers dans le désespoir. Il faudrait aussi évoquer le péril que représentent toujours la fabrication et le commerce des armes, qui alimentent abondamment ces zones à risque.

Je voudrais rendre un hommage tout particulier, ce matin, à Monseigneur Michael Courtney, Nonce apostolique au Burundi, récemment assassiné. Comme tous les Nonces et tous les diplomates, il a voulu avant tout servir la cause de la paix et du dialogue. Je salue son courage et son souci de soutenir le peuple burundais dans sa marche vers la paix et vers une plus grande fraternité, au titre de son ministère épiscopal et de sa tâche diplomatique. Je tiens aussi à rappeler la mémoire de Monsieur Sergio Vieira de Mello, Représentant spécial de l’O.N.U. en Irak, tué dans un attentat au cours de sa mission. Je veux encore évoquer tous les membres du corps diplomatique qui, au cours des dernières années, ont perdu la vie ou ont eu à souffrir en raison même du mandat qui était le leur.

Et comment ne pas mentionner le terrorisme international qui, en semant la peur, la haine et le fanatisme, déshonore toutes les causes qu'il prétend servir? Je me contenterai simplement de dire que toute civilisation digne de ce nom suppose le refus catégorique des rapports de violence. C'est pourquoi – et je le dis devant un parterre de diplomates - nous ne pourrons jamais nous résigner à accepter passivement que la violence tienne la paix en otage!

Plus que jamais, il est urgent de revenir à une sécurité collective plus effective qui donne à l'Organisation des Nations unies la place et le rôle qui lui reviennent. Plus que jamais, il faut apprendre à tirer les leçons du passé lointain et récent. En tout cas, une chose est certaine : la guerre ne résout pas les conflits entre les peuples !



2. LA FOI: UNE FORCE POUR BÂTIR LA PAIX

Même si je vais parler ici au nom de l'Église catholique, je sais que les différentes confessions chrétiennes et les fidèles d'autres religions se considèrent comme les témoins d'un Dieu de justice et de paix.

Quand on croit que toute personne humaine a reçu du Créateur une dignité unique, que chacun de nous est sujet de droits et de libertés inaliénables, que servir l'autre c'est grandir en humanité, bien plus, quand on se veut disciple de Celui qui a dit : «Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres» (Jn 13,35), on peut aisément comprendre le capital que représentent les communautés de croyants dans l'édification d'un monde pacifié et pacifique.

En ce qui la concerne, l'Église catholique met à la disposition de tous l'exemple de son unité et de son universalité, le témoignage de tant de saints qui ont su aimer leurs ennemis, de tant d'hommes politiques qui ont trouvé dans l'Évangile le courage de vivre la charité dans les conflits. Partout où la paix est en cause, il y a des chrétiens pour attester en paroles et en actes que la paix est possible. Tel est le sens, vous le savez bien, des interventions du Saint-Siège dans les débats internationaux.



3. LA RELIGION DANS LA SOCIÉTÉ: PRÉSENCE ET DIALOGUE

Les communautés de croyants sont présentes dans toutes les sociétés, expression de la dimension religieuse de la personne humaine. Les croyants attendent donc légitimement de pouvoir participer au dialogue public. Malheureusement, on doit observer qu’il n’en est pas toujours ainsi. Nous sommes témoins, ces derniers temps, dans certains pays d'Europe, d'une attitude qui pourrait mettre en péril le respect effectif de la liberté de religion. Si tout le monde s'accorde à respecter le sentiment religieux des individus, on ne peut pas en dire autant du «fait religieux», c'est-à-dire de la dimension sociale des religions, oubliant en cela les engagements pris dans le cadre de ce qui s'appelait alors la «Conférence sur la Coopération et la Sécurité en Europe». On invoque souvent le principe de la laïcité, en soi légitime, s'il est compris comme la distinction entre la communauté politique et les religions (cf. Gaudium et spes GS 76). Mais distinction ne veut pas dire ignorance ! La laïcité n'est pas le laïcisme ! Elle n'est autre que le respect de toutes les croyances de la part de l'État, qui assure le libre exercice des activités cultuelles, spirituelles, culturelles et caritatives des communautés de croyants. Dans une société pluraliste, la laïcité est un lieu de communication entre les diverses traditions spirituelles et la nation. Les relations Église-État peuvent et doivent donner lieu, au contraire, à un dialogue respectueux, porteur d’expériences et de valeurs fécondes pour l'avenir d'une nation. Un sain dialogue entre l'État et les Églises – qui ne sont pas des concurrents mais des partenaires – peut sans aucun doute favoriser le développement intégral de la personne humaine et l'harmonie de la société.

La difficulté à accepter le fait religieux dans l'espace public s'est vérifiée de manière emblématique à l'occasion du récent débat sur les racines chrétiennes de l'Europe. Certains ont relu l'histoire à travers le prisme d'idéologies réductrices, oubliant ce que le christianisme a apporté à la culture et aux institutions du continent: la dignité de la personne humaine, la liberté, le sens de l’universel, l'école et l'Université, les oeuvres de solidarité. Sans sous-estimer les autres traditions religieuses, il reste que l'Europe s'est affirmée en même temps qu'elle était évangélisée. Et l'on doit en toute justice se souvenir qu'il y a peu de temps encore, les chrétiens, en promouvant la liberté et les droits de l’homme, ont contribué à la transformation pacifique de régimes autoritaires, ainsi qu'à la restauration de la démocratie en Europe centrale et orientale.



4. CHRÉTIENS, TOUS ENSEMBLE, NOUS SOMMES RESPONSABLES DE LA PAIX ET DE L'UNITÉ DE LA FAMILLE HUMAINE

Vous le savez, l'engagement oecuménique est une des attentions de mon pontificat. En effet, je suis convaincu que si les chrétiens étaient capables de surmonter leurs divisions le monde serait plus solidaire. C'est pourquoi, j'ai toujours favorisé rencontres et déclarations communes, voyant en chacune d'elles un exemple et un stimulant pour l'unité de la famille humaine.

Chrétiens, nous avons la responsabilité de «l’Évangile de la paix» (Ep 6,15). Tous ensemble, nous pouvons contribuer efficacement au respect de la vie, à la sauvegarde de la dignité de la personne humaine et de ses droits inaliénables, à la justice sociale et à la préservation de l’environnement. En outre, la pratique d'un style de vie évangélique fait que les chrétiens peuvent aider leurs compagnons en humanité à dépasser les instincts, à poser des gestes de compréhension et de pardon, à secourir ensemble ceux qui sont dans le besoin. On ne mesure pas assez l'influence pacificatrice que des chrétiens unis pourraient avoir au sein de leur propre communauté comme au sein de la société civile.

Si je dis cela, c'est non seulement pour rappeler à tous ceux qui se réclament du Christ l'impérieuse nécessité de prendre résolument le chemin qui mène à l'unité telle que le Christ la veut, mais aussi pour indiquer aux responsables des sociétés les ressources qu'ils sont susceptibles de puiser dans le patrimoine chrétien comme auprès de ceux qui en vivent.

Dans ce domaine, un exemple concret peut être cité: l'éducation à la paix. Vous reconnaissez là le thème de mon Message du 1er janvier de cette année. À la lumière de la raison et de la foi, l’Église propose une pédagogie de la paix, afin de préparer des temps meilleurs. Elle désire mettre à la disposition de tous ses énergies spirituelles, convaincue que «la justice doit trouver son complément dans la charité» (n. 10). Voilà ce que nous proposons humblement à tous les hommes de bonne volonté, parce que, «nous chrétiens, nous ressentons l'engagement à nous éduquer nous-mêmes, ainsi que les autres, à la paix comme faisant partie du génie même de notre religion» (n. 3).
* * *


Telles sont les pensées que je voulais partager avec vous, Excellences, Mesdames et Messieurs, alors qu'une année nouvelle nous est offerte. Elles ont mûri devant la crèche, devant Jésus qui a partagé et aimé la vie des hommes. Il demeure contemporain de chacun d'entre nous et de tous les peuples ici représentés. Je confie à Dieu dans la prière leurs projets et leurs réalisations, alors que j'invoque sur vous-mêmes et sur ceux qui vous sont chers l'abondance de ses Bénédictions. Heureuse nouvelle année!



AUX REPRÉSENTANTS DE LA RÉGION DU LATIUM, DE LA MUNICIPALITÉ ET DE LA PROVINCE DE ROME

Jeudi 15 janvier 2004


  


Mesdames, Messieurs!

1. Bienvenus à cette rencontre qui, au début de la nouvelle année, nous offre l'occasion d'un échange de voeux fraternel. Merci de votre visite très appréciée. J'adresse mes respectueuses salutations au Président de la Junte régionale du Latium, M. Francesco Storace, au Maire de Rome, M. Walter Veltroni, et au Président de la Province, M. Enrico Gasbarra. Je souhaite leur faire part de ma vive reconnaissance pour les paroles courtoises par lesquelles ils ont voulu se faire les interprètes des sentiments de toutes les personnes présentes. Je salue les Présidents et les membres des trois Assemblées conciliaires, ainsi que leurs collaborateurs. L'occasion m'est propice pour adresser une pensée affectueuse à tous les habitants de l'Urbs, de la province de Rome et de la région du Latium.

2. Les difficultés qui caractérisent la situation actuelle du monde se ressentent également sur notre terre. Les moments difficiles sont toutefois ceux dans lesquels peuvent et doivent émerger le plus clairement les énergies positives d'une population et de ses représentants. Je suis donc heureux de vous renouveler cette invitation chaleureuse à la confiance et à la cohésion solidaire, que j'ai adressée au peuple italien à de nombreuses reprises.

La contribution de chacun est indispensable pour construire une société plus juste et fraternelle. Il faut surmonter ensemble les tensions et les conflits; il est nécessaire de se réunir pour lutter contre le terrorisme, qui n'a malheureusement pas manqué de toucher également notre ville bien-aimée.

La route pour vaincre et prévenir toute forme de violence est celle qui consiste à s'engager à construire la "Civilisation de l'amour". L'amour, en effet, - ai-je souligné dans le Message pour la récente Journée mondiale de la Paix - est "la forme la plus haute et la plus noble de relation des êtres humains entre eux" (Message, n. 10).

3. Comment ne pas penser à la famille comme lieu prioritaire pour réaliser la "Civilisation de l'amour"? La famille représente l'espace humain, dans lequel la personne, dès le début de son existence, peut faire l'expérience de la chaleur de l'affection et grandir de manière harmonieuse. C'est précisément pour cette raison qu'il faut saluer les choix politiques et administratifs, capables de soutenir le noyau familial, considéré comme "une société naturelle fondée sur le mariage", selon la définition de la Constitution italienne (art. 29). C'est dans ce cadre que s'inscrivent les actions que les administrations qui sont sous votre responsabilité ont entreprises pour aller au devant des familles ayant des enfants en bas âge, ou pour soutenir le rôle prioritaire de l'institution familiale dans l'éducation des enfants. Dans ce but, l'école revêt toujours une importance fondamentale. L'Eglise est heureuse d'y contribuer à travers ses Institutions scolaires, qui jouent un rôle social précieux et qui ont, pour cette raison, le droit d'être soutenues.

4. Divers autres secteurs de la vie sociale exigent des interventions concrètes. Je pense aux personnes qui se trouvent dans des situations plus aiguës de besoin, aux personnes âgées qui vivent seules, aux mineurs abandonnés, aux catégories sociales les plus faibles, comme celles de nombreuses personnes immigrées. Je pense à la jeunesse qui regarde avec confiance vers l'avenir, et qui attend d'être éduquée à la justice, à la solidarité et à la paix. Les paroisses, les communautés religieuses, les institutions catholiques et les organismes de volontariat continueront d'offrir à Rome, dans la province et sur tout le territoire régional, leur contribution étendue, en mettant à disposition toutes les ressources humaines et spirituelles.

5. Eminents représentants des Administrations régionale, provinciale et municipale! Merci pour tout ce que vous accomplissez avec engagement. Je vous suis reconnaissant en particulier de l'attention que vous réservez à l'action pastorale et sociale de l'Eglise, qui est toujours uniquement préoccupée de servir l'homme et de témoigner de l'Evangile de l'espérance.

Je confie vos personnes et chacun de vos projets à la Vierge Marie, invoquée dans l'Urbs, dans la province et dans le Latium sous de nombreux titres évocateurs, qui témoignent d'une dévotion intense et profonde chez les personnes. Je vous assure de mon souvenir dans la prière et j'invoque sur vous, sur vos collaborateurs, sur vos familles et sur les populations que vous représentez, la Bénédiction de Dieu.

Bonne année à tous!


AUX PARTICIPANTES AU CONGRÈS NATIONAL ORGANISÉ PAR LE CENTRE ITALIEN FÉMININ

Vendredi 16 janvier 2004  


Très chères soeurs!

1. Je vous accueille volontiers à l'occasion du Congrès national du Centre italien féminin, qui se déroule à Rome ces jours-ci. Je salue la Présidente nationale, et je la remercie des aimables paroles à travers lesquelles elle a manifesté la proximité spirituelle de toute l'Association à mon ministère pastoral. Je salue chacune de vous, chères déléguées, provenant de diverses provinces d'Italie. Votre présence m'offre l'opportunité appréciée d'étendre ma pensée aux femmes engagées de diverses façons dans votre association, ainsi qu'à celles auxquelles vous vous adressez chaque jour à travers vos activités.

2. Le Centre italien féminin, s'inspirant des principes chrétiens, s'efforce d'aider les femmes à remplir de façon plus responsable leur rôle dans la société. L'humanité ressent avec une intensité croissante le besoin d'offrir un sens et un but à un monde dans lequel se présentent chaque jour de nouveaux problèmes qui engendrent l'insécurité et la confusion. C'est pourquoi, au cours de votre Congrès, vous entendez à juste titre réfléchir sur le thème: "Les femmes face aux attentes du monde". L'époque actuelle, marquée par la succession rapide des événements, a vu croître la participation des femmes dans tous les milieux de la vie civile, économique et religieuse, à partir de la famille, première cellule et cellule fondamentale de la société humaine. Cela exige de votre part une attention constante à l'égard des problématiques apparues et une généreuse clairvoyance pour les affronter.

3. Dans la Lettre apostolique "Mulieris dignitatem", j'ai voulu souligner que "la dignité de la femme est intimement liée à l'amour qu'elle reçoit en raison même de sa féminité et, d'autre part, à l'amour qu'elle donne à son tour" (MD 30). Il est important que la femme maintienne vivante la conscience de sa vocation fondamentale: elle ne se réalise qu'en donnant l'amour, à travers son "génie" particulier qui assure "l'attention à l'homme en toute circonstance, du fait même qu'il est homme!" (ibid. MD 30).

Le paradigme biblique de la femme, "placée" par le Créateur auprès de l'homme comme "une aide qui lui soit assortie" (Gn 2,18), dévoile également le véritable sens de sa vocation. Sa force morale et spirituelle jaillit de la conscience que "Dieu lui confie l'homme, l'être humain, d'une manière spécifique" (ibid. MD 30).

4. Très chères amies, telle est avant tout la mission de chaque femme également dans le troisième millénaire. Vivez-la pleinement et ne vous laissez pas décourager par les difficultés et les obstacles que vous pourrez rencontrer sur votre chemin. Au contraire, toujours confiantes dans l'aide divine, accomplissez-la avec joie, en exprimant le "génie" féminin qui vous caractérise.

Dieu ne vous fera jamais manquer la lumière et la direction de son Esprit Saint, si vous avez recours à Lui dans la prière. La Vierge de Nazareth, sublime exemple de féminité accomplie, sera pour vous un soutien sûr.

Le Pape vous encourage à témoigner en tout lieu de l'Evangile de la vie et de l'espérance, et vous accompagne par un souvenir quotidien dans le Seigneur. Avec ces sentiments, je vous bénis volontiers, ainsi que vos familles et tous les membres du Centre italien féminin.

Au début de la rencontre, la Présidente nationale, Mme Alba Maria Dini Martino, a prononcé une adresse d'hommage au Saint-Père, dans laquelle elle a dit: "C'est avec une immense joie et émotion que nous nous trouvons en Votre présence, à l'occasion de la célébration du XXVI Congrès électif de l'Association. Nous connaissons votre confiance et votre espérance dans le "génie des femmes", centré sur leur dignité et leur mission originelle, dans le mystère de leur rapport spécial avec la "vie", qu'elles expriment à travers des vocations diverses".

La Présidente nationale a ensuite rappelé que le "Centre italien féminin" accomplit des activités de participation des femmes, qui comporte "la prise de responsabilités toujours plus grandes dans le domaine social, politique et culturel, en profonde adhésion avec l'action missionnaire de l'Eglise, à travers un engagement de participation et de solidarité, inspiré fidèlement par la doctrine sociale de l'Eglise, pour la promotion des droits humains et de la paix".

En parlant du Congrès électif venant d'être inauguré, Mme Alba Maria Dini Martino a souligné la recherche d'un renouveau profond de la vie associative et la ferme intention d'un engagement concret en faveur de la paix. "Nous désirons manifester à Votre Sainteté - a-t-elle conclu - notre reconnaissance la plus sincère pour l'extraordinaire témoignage de foi et d'humanité que vous offrez chaque jour à l'Eglise et au monde, en nous unissant à la prière la plus intense et à l'accompagnement spirituel de nombreuses personnes".

   

AUX GRANDS RABBINS D'ISRAËL

Vendredi 16 janvier 2004



Messieurs,

Je me réjouis que vous soyez venus à Rome pour assister au Concert de Réconciliation au Vatican, et je suis heureux de vous présenter aujourd'hui mes chaleureuses et cordiales salutations. Au cours des vingt-cinq ans de mon Pontificat, je me suis efforcé de promouvoir le dialogue entre juifs et catholiques et d'encourager entre nous une compréhension, un respect et une coopération toujours plus grands. En effet, l'un des moments-clés de mon Pontificat demeurera toujours le pèlerinage jubilaire que j'ai accompli en Terre Sainte, qui a été marqué par des moments intenses de souvenir, de réflexion et de prière au Mausolée de Yad Vashem, et au Mur des Lamentations.

Le dialogue officiel établi entre l'Eglise catholique et le grand Rabbinat d'Israël est un signe de grande espérance. Nous ne devons épargner aucun effort en vue d'oeuvrer ensemble pour édifier un monde de justice, de paix et de réconciliation pour tous les peuples. Puisse la Divine Providence bénir notre travail et le couronner de succès!


À LA COMMUNAUTÉ DE L’"ALMO COLLEGIO CAPRANICA"

Samedi 17 janvier 2004


Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat,
chers élèves et anciens élèves de l'"Almo Collegio Capranica"!

L'approche de la fête annuelle de sainte Agnès m'offre l'heureuse occasion de rencontrer la communauté de votre Collège, qui vénère la jeune martyre romaine comme protectrice. Avec une profonde cordialité, j'adresse mon salut à chacun. Je salue avant tout le Cardinal Camillo Ruini, Président de la Commission épiscopale pour la Haute-Direction du Collège, et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je salue les Prélats présents, le Recteur, Mgr Alfredo Abbondi, avec ses collaborateurs, les élèves et les anciens élèves, ainsi que tous ceux qui font partie de la famille du Collegio Capranica. Je vous remercie tous de cette agréable visite.

Très chers amis, votre Collège se caractérise par une vive attention à la "vie de famille", comme vous aimez le dire au sein de votre communauté, fondée sur de solides références humaines, théologiques et spirituelles. Je sais combien vous insistez sur cet esprit de communion fraternelle, qui vous prépare au futur ministère pastoral qui vous sera confié. Cet esprit - vous le savez bien - doit se nourrir avant tout d'une prière intense et incessante, Dieu étant la source de notre unité. Il exige en outre que l'on partage les mêmes objectifs et idéaux, qui tendent à l'union des esprits et des coeurs. Le ciment de l'unité ne doit jamais manquer, c'est-à-dire la charité, véritable "vis unitiva" ainsi que l'exercice des vertus, en particulier l'obéissance et l'humilité, en recherchant sans arrêt la perfection évangélique. Le Seigneur, qui vous a choisis comme ses ministres, veut que vous soyez saints, c'est-à-dire totalement consacrés à Lui et à son Eglise. Que ce soit là votre principale occupation, à laquelle il convient d'unir l'engagement quotidien en faveur d'une solide formation humaine et doctrinale.

Que la Mère céleste de l'Eglise protège et veille sur votre Collège, et qu'intercède pour vous également la sainte martyre Agnès. Je vous assure de mon souvenir constant dans le Seigneur et je vous bénis tous de tout coeur.

  

MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AU PATRIARCHE DE JÉRUSALEM, SA BÉATITUDE MGR MICHEL SABBAH

A Sa Béatitude


Mgr Michel SABBAH
Patriarche de Jérusalem des Latins

J'ai appris avec joie que dimanche 11 janvier 2004, fête du Baptême de Jésus, vous présiderez le rite de la dédicace de la Chapelle de la Domus Galilaeae, située sur le Mont des Béatitudes - Korazim. Je me souviens avec émotion du pèlerinage apostolique du 24 mars 2000, lorsque, précisément sur le Mont des Béatitudes, non loin du lieu où Jésus accomplit la première multiplication des pains, j'ai eu l'occasion de célébrer l'Eucharistie face à de nombreux fidèles de Terre Sainte et de très nombreux jeunes du Chemin néocatéchuménal. En cette même circonstance, il me fut donné de visiter et de bénir le Sanctuaire de la Parole, lieu d'accueil pour ceux qui veulent étudier les Ecritures Saintes dans un climat de prière et de contemplation.

La Chapelle, qui est à présent solennellement consacrée, offre la possibilité de contempler le mystère suprême du Christ dans le Sacrement de l'Eucharistie et la fresque du Jugement dernier, qui en enrichit l'abside, invite à tourner le regard vers les réalités ultimes de la foi qui illuminent notre pèlerinage quotidien sur terre.

Je m'unis volontiers à l'intense moment spirituel que cette communauté chrétienne s'apprête à vivre, et je lui envoie mon salut affectueux. Je salue de façon particulière les Evêques, les Représentants des communautés religieuses, du clergé, des mouvements ecclésiaux et les Autorités civiles présentes. Je salue les initiateurs du Chemin néocatéchuménal, qui guident le séjour de vie commune prévue à la Domus Galilaeae du 7 au 16 janvier, ainsi que les frères et les soeurs qui y participent.

Vénéré Frère, je vous demande de vous faire l'interprète auprès de toutes les personnes présentes de mes sentiments cordiaux, tandis que je souhaite que cet événement important constitue un encouragement pour tous à renouveler leur adhésion au Christ, Rédempteur du monde. Que la Vierge de Nazareth, Mère de l'Eglise et Etoile de la Nouvelle Evangélisation, guide le chemin des croyants en Terre Sainte et obtienne pour eux le don d'une fidélité toujours plus courageuse à l'Evangile.

Avec ces sentiments, je vous envoie, ainsi qu'aux promoteurs de la rencontre, à ceux qui composent la famille spirituelle de la Domus Galilaeae et aux participants au rite sacré, une Bénédiction apostolique particulière.

Du Vatican, le 6 janvier 2004

IOANNES PAULUS II



Discours 2004 - Samedi 10 janvier 2004