Discours 2005 - Jeudi 13 janvier 2005


AUX REPRÉSENTANTS DE L'UNIVERSITÉ DE SLÉSIE À KATOWICE (POLOGNE)

Jeudi 13 janvier 2005


Je vous souhaite une cordiale bienvenue. Je remercie l'Archevêque et le Recteur pour les paroles qu'ils m'ont adressées. Je suis heureux de pouvoir accueillir des représentants aussi éminents de l'Université de Silésie, aux côtés de l'Evêque de Katowice et du maire de la ville.

Dans la conception classique, l'Université ne pouvait pas exister sans la faculté de théologie - elle aurait été en quelque sorte incomplète. Aujourd'hui, les choses ont changé. On remarque toutefois que la présence des sciences théologiques parmi les autres domaines d'approfondissement au sein de l'Université crée les possibilités d'un fructueux échange de pensée. Fides et ratio se rencontrent dans la recherche de la sagesse. Elles ont recours à des instruments et des méthodes différents, mais s'enrichissent mutuellement sur le chemin de la découverte des multiples dimensions de la vérité.

Je souhaite que l'Université de Silésie à Katowice puisse jouir des fruits abondants de cette collaboration, qui a débuté il y a quatre ans. Je demande à Monsieur le Recteur et à chacun de vous, messieurs, de transmettre mes salutations et ma Bénédiction à tous les professeurs et les étudiants de votre Université. Que Dieu vous bénisse!



À LA DÉLÉGATION OECUMÉNIQUE DE FINLANDE

Samedi 15 janvier 2005


Excellences et chers amis finlandais,

Je souhaite avec affection la bienvenue à la délégation oecuménique venue à Rome à l'occasion de la fête du patron de la Finlande, saint Henrik.

Je me souviens avec plaisir des nombreuses visites de la délégation oecuménique de Finlande au Vatican. Nous rendons grâce pour les relations cordiales entre l'Eglise catholique, l'Eglise orthodoxe finlandaise et l'Eglise évangélique luthérienne de Finlande. Au cours des années, notre dialogue a été renforcé par nos visites mutuelles, nos prières en commun et, plus particulièrement, par notre Déclaration conjointe sur la Justification. Tout cela souligne le progrès significatif que nous avons accompli en vue de la pleine unité entre les chrétiens.

Au moment où tout le peuple de Finlande célèbre les huit cent cinquante ans de christianisme, je vous encourage à construire sur les racines chrétiennes de l'Europe, tellement vitales pour l'avenir de ce continent. Sur vous et sur tout le peuple de Finlande, j'invoque d'abondantes Bénédictions de Dieu tout-puissant.



AUX DIRIGEANTS ET AUX AGENTS DE L'INSPECTORAT DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE ITALIENNE AUPRÈS DU VATICAN

Samedi 15 janvier 2005



Monsieur le Directeur,

Messieurs les Responsables et Agents de l'Inspectorat de la Sécurité publique auprès du Vatican!

1. Je suis heureux de vous accueillir et de souhaiter à chacun une cordiale bienvenue. Je vous salue tous avec affection. Je salue en particulier M. Salvatore Festa, et je le remercie des paroles courtoises qu'il m'a adressées au nom de tous. Je désire vous présenter, ainsi qu'à vos familles, mes voeux les plus sincères pour l'année qui vient de commencer. Que ce soit une année sereine, particulièrement riche de bénédictions et de réconforts célestes!

Pour les chrétiens, le don le plus grand est certainement Jésus, notre salut. Dans l'Eucharistie, Il a voulu rester avec nous: il s'est fait notre "viatique", c'est-à-dire notre nourriture spirituelle sur le chemin de la vie. Il nous soutient dans les épreuves et dans les difficultés; il nous rend fermes dans l'espérance et dans l'engagement de chaque jour.

2. Au cours de cette année, consacrée de manière particulière à l'Eucharistie, tous les fidèles sont appelés à participer avec une ferveur toujours plus vive à la célébration de la Messe, en particulier le Dimanche. Très chers amis, pour vous aussi que la Messe du dimanche soit une occasion privilégiée pour une rencontre personnelle avec le Christ!

Alors que je vous assure de mon souvenir dans la prière, je vous renouvelle l'expression de ma reconnaissance et de ma satisfaction pour le service que vous accomplissez avec abnégation et fidélité, et je vous bénis de tout coeur avec vos familles.



AU CONSTRUCTEUR D'AUTOMOBILES FERRARI

Lundi 17 janvier 2005



Très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux d'accueillir chacun de vous, représentants de la grande "famille" de Ferrari, qui au cours des années a remporté de nombreux succès et trophées. Je vous présente de manière particulière mes félicitations pour la victoire au récent championnat mondial.

Je vous salue tous avec affection, dirigeants, pilotes et techniciens, venus me remettre le "modèle réduit" de la Formule Un. Je salue en particulier le Président, M. Luca di Montezemolo, et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom. J'adresse une pensée affectueuse aux ouvriers, aux ouvriers spécialisés et à ceux qui, de Maranello, sont unis à nous par liaison télévisée. Que mon salut le plus cordial parvienne à tous.

2. Chers amis de Ferrari! Votre présence m'offre l'opportunité de souligner à quel point le sport est important également dans la société d'aujourd'hui. L'Eglise considère l'activité sportive, pratiquée en respectant pleinement les règles, comme un instrument éducatif précieux, en particulier pour les jeunes générations.

En outre, Ferrari, comme vient de le souligner votre Président, est une "communauté d'hommes" particulière, au sein de laquelle règne une grande entente. C'est surtout à l'enthousiasme dérivant de l'esprit communautaire qu'elle doit ses importants résultats sportifs et industriels. Très chers amis, continuez à cultiver ce style de travail, et faites de la croissance constante dans la solidarité l'un de vos principaux objectifs. Vous diffuserez ainsi les valeurs du sport et vous contribuerez, dans le même temps, à édifier une société plus juste et solidaire.

3. Avec ces voeux, alors que je vous assure, ainsi que vos familles, d'un souvenir particulier dans la prière, je donne volontiers à tous ma Bénédiction.



AUX MEMBRES DE LA "PAVE THE WAY FOUNDATION" DE NEW YORK

Mardi 18 janvier 2005



Chers amis,

Je vous salue avec affection, membres de la "Pave the Way Foundation", à l'occasion de votre visite au Vatican et je remercie M. Krupp des paroles cordiales qu'il m'a adressées en votre nom.

Cette année nous célébrerons le quarantième anniversaire de la Déclaration du Concile Vatican II Nostra aetate, qui a contribué de manière significative au renforcement du dialogue entre les juifs et les catholiques. Que cela puisse constituer une occasion d'engagement renouvelé pour une plus grande compréhension et coopération, afin d'édifier un monde toujours plus fermement établi sur le respect de l'image divine présente dans chaque être humain!

J'invoque sur vous les Bénédictions abondantes du Tout-Puissant et, en particulier, le don de la paix.

Shalom aleichem



AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE L’UNION INTERNATIONALE DES FAMILLES DE SCHÖNSTATT

Jeudi 20 janvier 2005



Chers frères et chères soeurs de l'Union internationale des Familles de Schönstatt!

1. A l'occasion de l'ouverture de votre Chapitre général, vous êtes venus à Rome pour vous recueillir en prière sur les tombes des Apôtres et pour renouveler votre fidélité à l'Eglise devant le Successeur de Pierre. Je suis heureux de votre visite et je vous souhaite de tout coeur la bienvenue dans la maison du Pape. Que ces jours passés dans la "Ville éternelle" puissent être un temps de grâce, au cours duquel vous pourrez tous faire l'expérience de la proximité de Dieu et de ses saints!

2. "L'avenir de l'humanité passe par la famille" (Lettre apostolique Familiaris consortio FC 86). Je vous encourage à une compréhension approfondie du mariage et de la famille à la lumière de la foi. Il est positif que ce soit précisément la famille qui représente le charisme de votre fédération. La famille est une "école d'amour". Que votre enthousiasme pour le mariage et pour la famille se transmette aux autres personnes! La société a besoin, aujourd'hui plus que jamais, de familles saines pour pouvoir garantir le bien commun. Si nous renforçons la sainte institution du mariage et de la famille selon le dessein de Dieu, alors l'amour et la solidarité entre les hommes s'accroîtront!



3. Chers frères et chères soeurs! L'Année de l'Eucharistie est une invitation pressante adressée à vous tous, pour trouver "dans le Saint-Sacrement de l'amour la source de toute communion" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2005). Redécouvrez le grand don de l'Eucharistie! Vous serez ainsi en mesure de "vivre pleinement la beauté et la mission de la famille" (Lettre apostolique Mane nobiscum Domine, n. 30).

Par l'intercession de la Mater Ter Admirabilis, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.



AUX PARTICIPANTS À L’ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA COMMISSION PONTIFICALE POUR L'AMÉRIQUE LATINE

Vendredi 21 janvier 2005


Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l'épiscopat,

1. C'est avec une immense joie que je salue chacun d'entre vous, Conseillers et Membres de la Commission pontificale pour l'Amérique Latine participant à cette Assemblée plénière, qui a pour thème: "La Messe dominicale, centre de la vie chrétienne en Amérique latine". Votre continent occupe une place tout à fait particulière dans mon coeur en raison à la fois du grand nombre de catholiques, et de la vitalité religieuse qui caractérise les pays qui le composent. Personnellement, je conserve un souvenir reconnaissant de mes visites pastorales sur vos terres.

Je remercie de tout coeur le Cardinal Giovanni Battista Re des paroles courtoises et affectueuses qu'il m'a adressées en me présentant les travaux de ces derniers jours.

2. Je suis heureux qu'en cette année consacrée à l'Eucharistie, vous ayez voulu réfléchir sur les différentes initiatives pour "redécouvrir et vivre pleinement le Dimanche comme Jour du Seigneur et jour de l'Eglise" (Lettre apostolique Mane nobiscum Domine, n. 23). Ce n'est pas l'Eglise qui a choisi ce jour, mais le Christ Ressuscité lui-même, et c'est pour cette raison que les fidèles doivent l'accueillir avec gratitude, en faisant du dimanche le signe de leur fidélité au Seigneur et un élément incontournable de la vie chrétienne.



3. Déjà, dans ma Lettre apostolique Dies Domini, j'écrivais: "Il est vraiment d'une importance capitale que tout fidèle soit convaincu qu'il ne peut vivre sa foi dans la pleine participation à la vie de la communauté chrétienne sans prendre part régulièrement à l'assemblée eucharistique dominicale" (n. 81). Prendre part à la Messe dominicale n'est pas seulement un précepte importante, ainsi que l'indique clairement le Catéchisme de l'Eglise catholique (cf. n. 1389), mais c'est avant tout un besoin inscrit au plus profond de chaque fidèle. On ne peut pas vivre la foi sans participer régulièrement à la Messe dominicale, sacrifice de rédemption, banquet commun de la Parole de Dieu et du Pain eucharistique, coeur de la vie chrétienne.


4. L'importance de ce thème exige de nous, Pasteurs de l'Eglise, un effort renouvelé pour faire découvrir la place centrale du dimanche dans la vie ecclésiale et sociale des hommes et des femmes d'aujourd'hui. Pour tous les évêques et les prêtres, cela représente le défi d'appeler les fidèles à une participation constante à l'Eucharistie dominicale, rencontre avec le Christ vivant.

C'est pourquoi il est nécessaire de concentrer les efforts sur une instruction et une catéchèse meilleures et plus soignées des fidèles au sujet de l'Eucharistie, ainsi que de veiller à ce que la célébration soit convenable et digne afin qu'elle inspire un respect véritable et une piété authentique devant la grandeur du mystère eucharistique.

La Messe dominicale doit être préparée de manière adéquate par le célébrant, à travers sa disposition spirituelle, qui doit transparaître dans ses gestes et dans ses paroles, et en préparant l'homélie comme il convient. Il faut également prêter une attention particulière au choix et à la préparation des chants, des symboles et des autres moyens qui enrichissent la liturgie, toujours dans le respect dû aux normes établies, en mettant en évidence toute la richesse spirituelle et pastorale du Missel romain et les dispositions proposées par la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements.


5. Je vous invite, par conséquent, en union avec les prêtres, les religieux et les fidèles, à vous engager avec le plus grand soin à méditer et à approfondir cette dimension fondamentale de la vie sacramentelle de l'Eglise, et à oeuvrer pour susciter un amour toujours plus grand pour le mystère eucharistique dans les diocèses. Ce n'est pas une tâche facile, et cela nécessite la collaboration de tous: prêtres et diacres, personnes consacrées et fidèles présents dans les paroisses ou appartenant à des associations et des mouvements ecclésiaux. Acceptez la collaboration de tous, unissez vos efforts et travaillez en communion!

6. Je place tous ces voeux et toutes les propositions apparues au cours de cette Assemblée plénière aux pieds de la Très Sainte Vierge Marie, vénérée dans toute l'Amérique sous le titre de Guadalupe. C'est Elle que nous devons imiter dans sa relation avec ce Très Saint Sacrement (Cf. Lettre apostolique Mane nobiscum Domine, n. 31). Puisse-t-Elle intercéder pour que les réflexions de ces journées portent leurs fruits, afin que les conclusions auxquelles on est parvenu se traduisent en une action plus décidée et plus ferme pour faire en sorte que les fidèles aiment toujours davantage Jésus, présent dans l'Eucharistie, et tirent profit des fruits inestimables qu'ils peuvent obtenir à travers la participation à ce Mystère.

Avec ces sentiments, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.



AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PASTORALE DES SERVICES DE LA SANTÉ

Vendredi 21 janvier 2005



Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
très chers frères et soeurs!



1. Je vous adresse un salut cordial, avec une pensée particulière de gratitude pour le Cardinal Javier Lozano Barragán, qui s'est fait l'interprète des sentiments communs.

Votre Assemblée plénière coïncide avec le XX anniversaire de la fondation du Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé, institué en 1985 par le Motu Proprio Dolentium hominum. Il s'agit donc d'une occasion très propice de rendre grâce au Seigneur pour le bien accompli au cours de ces années par le Conseil pontifical au service de la diffusion de l'Evangile de l'espérance chrétienne dans le vaste monde de ceux qui souffrent et de ceux qui sont appelés à prendre soin des personnes qui souffrent.



2. Ce moment devient en outre pour vous un encouragement efficace en vue d'un engagement renouvelé pour traduire en actes vos programmes afin de "diffuser, expliquer et défendre les enseignements de l'Eglise en matière de santé et favoriser son insertion dans la pratique médicale" comme le dit le Motu Proprio Dolentium hominum (n. 6). C'est en effet au dicastère que revient le devoir d'orienter, de soutenir et d'encourager ce qui est promu dans ce domaine par les Conférences épiscopales, par les Organisations et les Institutions catholiques des professionnels de la médecine et de la promotion de la santé.

A cet égard, il est réconfortant de penser à toute l'oeuvre pastorale que le dicastère peut accomplir à travers une animation harmonieuse et spécifique, en accord avec les Conférences épiscopales et les Organismes catholiques, "en vue de diffuser une formation éthique et religieuse toujours meilleure de l'ensemble du personnel médical chrétien dans le monde, en tenant compte des situations et des problèmes spécifiques que ce même personnel doit affronter dans le développement de sa profession [...] pour sauvegarder les valeurs et les droits essentiels liés à la dignité et au destin suprême de la personne humaine" (Dolentium hominum, n. 5).

Dans le cadre de son action pastorale, l'Eglise est appelée à affronter les questions les plus délicates et urgentes, qui jaillissent dans l'âme de l'homme face à la souffrance, à la maladie et à la mort. C'est dans la foi dans le Christ mort et ressuscité que ces interrogations peuvent puiser le réconfort de l'espérance qui ne déçoit pas.

Le monde d'aujourd'hui qui, souvent, ne possède pas la lumière de cette espérance, propose des solutions de mort. D'où l'urgence de promouvoir une nouvelle évangélisation et un puissant témoignage de foi active dans ces vastes domaines sécularisés.



3. Le Conseil pontifical a donc raison de concentrer ses réflexions et ses programmes sur la sanctification du moment de la maladie et sur le rôle spécial que joue le malade dans l'Eglise et dans la famille en vertu de la présence vivante du Christ dans chaque personne qui souffre. L'année consacrée à l'Eucharistie se présente, de ce point de vue, comme une occasion opportune en vue d'un engagement pastoral plus intense, que ce soit dans l'administration du Viatique ou de l'Onction des Malades. En configurant pleinement le malade au Christ mort et ressuscité, ces sacrements permettent au malade lui-même et à la communauté des croyants de faire l'expérience du réconfort qui provient de l'espérance surnaturelle.

Illuminé de façon appropriée par le prêtre et par celui qui l'accompagne, le malade peut découvrir avec joie la mission particulière qui lui est confiée dans le Corps mystique de l'Eglise: en union avec le Christ souffrant, il peut coopérer au salut de l'humanité, en accompagnant sa prière par l'offrande de sa souffrance (cf. Col Col 1,24).



4. Cela ne doit pas, par ailleurs, dispenser les responsables de l'Eglise de porter une attention stimulante et active aux structures dans lesquelles le malade souffre parfois de formes de marginalisation et de manque de soutien social. Cette attention doit s'étendre également aux régions du monde où les malades le plus dans le besoin, en dépit des progrès de la médecine, manquent de médicaments et d'une assistance adéquate.

L'Eglise doit également réserver une sollicitude particulière aux régions du monde où les malades du SIDA sont privés d'assistance. Pour eux a été créée de façon particulière la fondation "Le Bon Samaritain", dont le but est de contribuer à aider les populations les plus à risque à travers le soutien nécessaire de supports thérapeutiques.

Les oeuvres d'évangélisation, l'activité de formation des consciences et le témoignage de charité que votre dicastère promeut dans le monde constituent une contribution précieuse non seulement pour le réconfort des personnes souffrantes, mais également pour l'orientation des sociétés civiles elles-mêmes vers les objectifs exigeants de la civilisation de l'amour.

5. Je vous remercie donc, très chers frères et soeurs, pour tout le travail que vous avez accompli au cours de ces années, et je vous exhorte à le poursuivre avec un élan renouvelé. Vous savez que je suis constamment proche de vous et que je vous accompagne dans les engagements de votre dicastère par ma prière et la pleine confiance dans le dévouement avec lequel vous accomplissez vos importants devoirs. Je vous encourage dans ceux-ci, tandis qu'en signe de soutien à votre travail, je vous donne une Bénédiction apostolique particulière, à travers laquelle je souhaite embrasser également toutes les personnes qui bénéficient de votre travail.



À S.E. MADAME MONIQUE PATRICIA ANTOINETTE FRANK

NOUVEL AMBASSADEUR DU ROYAUME DES PAYS-BAS PRÈS LE SAINT SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Samedi 22 janvier 2005


Madame l’Ambassadeur,

1. Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence pour la présentation des Lettres qui L'accréditent en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume des Pays-Bas près le Saint-Siège.

Je vous remercie vivement de m’avoir transmis le message courtois de Sa Majesté la Reine Beatrix, et je vous saurais gré de bien vouloir Lui exprimer en retour mes voeux les meilleurs pour sa personne, pour la famille royale, ainsi que pour tout le peuple néerlandais.

2. Chaque jour, les nouvelles du monde rappellent à tous le besoin impérieux de construire un avenir de paix entre les hommes et, pour y parvenir, de consolider un ordre international stable, et garanti notamment par un meilleur partage des ressources au niveau international et par une politique active d’aide au développement. Comme vous l’avez souligné, Madame l’Ambassadeur, votre pays a été affronté lui-même, récemment, à des tensions nouvelles, qui résultent de la transformation rapide de nos sociétés, dans un monde de plus en plus ouvert à la diversité des cultures. Là aussi se fait jour la nécessité et l’urgence d’un dialogue approfondi entre les différents groupes qui composent la nation, pour que tous apprennent à se connaître et à se respecter. Cette ouverture à l’autre est indispensable pour dépasser les frontières de chaque groupe, comme je le rappelais dans mon Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix du 1er janvier 2001: "Pour que le sens de l’appartenance culturelle ne se transforme pas en fermeture, il y a un antidote efficace: la connaissance sereine, non conditionnée par des préjugés négatifs, des autres cultures" (n. 7). À cette condition, il sera possible d’établir entre les différentes communautés des relations pacifiques, afin de construire tous ensemble l’édifice commun de la nation.



3. Pour assurer une contribution forte de l’Église catholique à ce processus qui prépare en quelque sorte "une nouvelle culture politique" (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix, 1er janvier 2005, n. 10), j’ai pris à nouveau l’initiative, il y a maintenant près de trois ans, de réunir à Assise des représentants des grandes religions du monde, afin de manifester ensemble notre volonté commune de paix; je les ai appelés à susciter un dialogue approfondi entre toutes les religions, et je leur ai demandé en particulier de renoncer absolument à toute légitimation du recours à la violence pour des motifs religieux et plus encore de le condamner explicitement. Depuis, le Saint-Siège s’est employé à promouvoir, à tous les niveaux, un authentique dialogue interreligieux, invitant les chrétiens, dans toutes les sociétés où ils vivent, à agir dans ce même esprit, comme des artisans de paix et de dialogue, notamment avec les fidèles des autres religions avec lesquels ils vivent. Je sais que l’Église catholique aux Pays-Bas s’est exprimée récemment en ce sens par la voix de ses Évêques et je les assure de mon entier soutien à cette occasion.



4. Vous avez souligné, Excellence, la part importante que prend votre pays dans la lutte contre la faim et la pauvreté dans le monde, et son engagement en faveur du développement et de l’assistance sanitaire auprès des populations particulièrement exposées au drame des pandémies, comme celle du Sida qui s’est si rapidement répandue en Afrique, y provoquant d’innombrables victimes. Le Saint-Siège, vous le savez, considère qu’il est nécessaire avant tout, pour combattre cette maladie de façon responsable, d’accroître la prévention, notamment à travers l’éducation au respect de la valeur sacrée de la vie et la formation à la pratique correcte de la sexualité, qui suppose chasteté et fidélité. À ma demande, l’Église s’est mobilisée elle aussi en faveur des victimes et spécialement pour que leur soit assuré l’accès aux soins et aux médicaments nécessaires à travers de nombreux centres de traitement.

Les Pays-Bas viennent d’assurer la présidence de l’Union européenne, au moment où celle-ci accueillait de nouveaux pays en son sein et alors que se préparent de nouvelles adhésions. Le Saint-Siège a toujours suivi et encouragé le projet européen comme un apport constructif à la paix sur le continent lui-même mais aussi au-delà, le considérant comme une perspective de coopération pour d’autres régions du monde. Comme je l’ai demandé instamment dans mon récent Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix, le 1er janvier 2005 (n. 10), j’appelle les gouvernements de l’Union européenne à déployer ensemble de nouveaux efforts en faveur du développement, notamment de l’Afrique, continent voisin et devenu si proche de l’Europe par les liens de l’histoire, en développant des accords de véritable coopération et de partenariat.



5. Depuis plusieurs années, la société néerlandaise, marquée par le phénomène de la sécularisation, s’est engagée dans une politique nouvelle en matière de législation concernant le commencement et la fin de la vie humaine. Le Saint-Siège n’a pas manqué, alors, de faire connaître sa claire position et d’inviter les catholiques des Pays-Bas à témoigner toujours davantage de leur attachement au respect absolu de la personne humaine, de sa conception à sa mort naturelle. J’invite encore une fois les Autorités et le personnel médical, ainsi que toutes les personnes qui exercent un rôle éducatif, à mesurer la gravité de ces questions et donc l’importance des choix qu’ils engagent, afin de bâtir une société toujours plus attentive aux personnes et à leur dignité.

Les jeunes de votre pays, qui ont la chance de vivre en paix au sein de l’Union européenne depuis plusieurs générations et qui aspirent à un épanouissement et à un bien-être légitimes, ont besoin, pour se préparer aux responsabilités qui seront demain les leurs, de recevoir une éducation solide, qui développe et unifie leur personnalité, fortifiant en eux "l’homme intérieur" selon la belle expression de l’Apôtre Paul (cf. Ep 3,16), et qui les ouvre tout spécialement à la rencontre des autres, dans une société de plus en plus cosmopolite et multiculturelle. L’Église catholique, qui a toujours été attentive à la jeunesse, continuera pour sa part à porter ce souci de l’éducation intégrale des jeunes et elle sera disponible pour apporter son concours aux efforts que la Nation tout entière ne manquera pas de déployer en ce sens.



6. Par votre intermédiaire, Excellence, je suis heureux de saluer la communauté catholique des Pays-Bas et ses Pasteurs. Je la sais profondément engagée dans la vie du pays, attentive aux évolutions de la société et décidée à apporter sa pleine contribution au bien commun, rendant témoignage de ce qu’elle croit et espère, et s’efforçant de vivre conformément au commandement de l’amour, reçu de son Seigneur. Je l’encourage à être particulièrement attentive à promouvoir chaque jour le dialogue entre les personnes comme entre les groupes qui composent la société, notamment dans les grandes agglomérations urbaines, où la complexité des relations humaines peut engendrer de grandes solitudes. Je l’appelle aussi à se mettre sans réserve au service des plus faibles, souvent marginalisés dans les sociétés modernes marquées par la compétition économique et sociale.

7. Madame l’Ambassadeur, vous inaugurez aujourd’hui la noble mission de représenter votre pays auprès du Saint-Siège. Veuillez accepter les voeux très cordiaux que je forme pour son heureuse réussite et soyez sûre de toujours trouver auprès de mes collaborateurs la compréhension et le soutien nécessaires!

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur tous ses collaborateurs et sur tous ses compatriotes, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.




À LA COMMUNAUTÉ DE L’"ALMO COLLEGIO CAPRANICA"

Samedi 22 janvier 2005



  Monsieur le Cardinal,
Très chers élèves de l'"Almo Collegio Capranica"!

1. Je vous accueille avec joie, cette année également, à l'occasion de la fête de sainte Agnès, votre Patronne céleste. J'adresse un salut cordial à chacun de vous. Je salue tout d'abord le Cardinal Camillo Ruini et je le remercie pour les paroles de dévotion filiale et de proximité spirituelle qu'il m'a adressées en votre nom. Je salue votre Recteur, Mgr Ermenegildo Manicardi, les Supérieurs, les anciens élèves et ceux qui collaborent à votre formation, chers élèves qui avancez sur le chemin éducatif proposé par l'Eglise pour se préparer au ministère ordonné.

Au cours des années que vous passez au sein du Collège, la grâce du Seigneur modèle votre personnalité, en vue d'une présence incisive dans la communauté chrétienne et dans la société.

2. Pour accomplir un juste discernement, il est indispensable d'entretenir un dialogue intense et confiant, à divers niveaux, avec les supérieurs et les condisciples. Il est en outre nécessaire de porter une attention constante aux attentes de l'Eglise et du monde, et en particulier celles des pauvres.

Restez docilement à l'écoute de la tradition chrétienne, en faisant vôtres, de manière particulière, les principales valeurs propres à la "Famille de Capranica". A l'étude des sciences théologiques, vous unissez aussi la méditation de la Parole de Dieu et un intense dialogue personnel avec Jésus, notre divin Maître.

Que le point de référence de votre vie soit surtout l'Eucharistie: que le Sacrement qui est "le compendium et la somme de notre foi" (CIC 1327) devienne dans la réalité de tous les jours la source de grâce de laquelle jaillit votre action et le sommet de perfection auquel vous tendez constamment.


3. Il y a vingt-cinq ans, j'eus l'occasion de visiter votre "Almo Collegio". Vous avez voulu rappeler cet événement dans un récent congrès consacré à la théologie du sacerdoce et aux formes historiques qui, dans votre Institut, ont caractérisé, dès le début, l'itinéraire de formation. Que cet anniversaire significatif constitue également pour vous un élan supplémentaire pour grandir dans la communion avec le Successeur de Pierre et dans l'amour pour l'Eglise.

Que la Vierge Marie, Mère de l'Eucharistie, et la chère sainte Agnès, épouse mystique de l'Agneau, vous soutiennent par leur intercession et leur exemple.

Je donne de tout coeur à tous ma Bénédiction.



AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE D'ESPAGNE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Lundi 24 janvier 2005



Chers frères dans l'épiscopat,



1. C'est avec plaisir que je vous reçois, Pasteurs de l'Eglise de Dieu qui est en pèlerinage en Espagne, membres du premier groupe qui vient à Rome pour accomplir la visite "ad limina" et affermir les liens très étroits qui vous unissent à ce Siège apostolique.

Je salue avec affection le Cardinal-Archevêque de Madrid et Président de la Conférence épiscopale espagnole, ainsi que ses trois Evêques auxiliaires; l'Archevêque de Tolède et Primat d'Espagne, et ses deux Evêques auxiliaires; l'Archevêque aux armées et les Archevêques de Burgos, Oviedo, Valladolid, Saragosse, Mérida-Badajoz et les Evêques suffragants de ces Sièges métropolitains et de celui de Pampelune, à l'Archevêque duquel je souhaite une prompte guérison. A travers vous, mon salut veut s'adresser avec affection et estime aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux fidèles de vos Eglises particulières.

Je remercie cordialement le Cardinal Antonio María Rouco Varela des paroles courtoises qu'il m'a adressées, au nom de tous, me présentant les préoccupations et les espérances de votre action pastorale, dans laquelle vous exercez avec force le ministère, en guidant le Peuple de Dieu sur le chemin du salut et en proclamant avec vigueur les principes de la foi catholique pour une meilleure formation des fidèles.



2. L'Espagne est un pays aux profondes racines chrétiennes. La foi dans le Christ et l'appartenance à l'Eglise ont accompagné la vie des Espagnols au cours de leur histoire et ont inspiré leur action au fil des siècles. L'Eglise qui est dans votre pays possède une glorieuse tradition de générosité et de sacrifice, de puissante spiritualité et d'altruisme, et elle a offert à l'Eglise universelle de nombreux fils et filles qui se sont souvent distingués par la pratique de vertus à un degré héroïque ou à travers le témoignage du martyre. J'ai moi-même eu la joie de canoniser ou de béatifier de nombreux fils et filles de l'Espagne.

Dans ma Lettre apostolique Tertio Millennio adveniente, j'ai proposé l'étude, la mise à jour et la présentation aux fidèles "du patrimoine de sainteté" (TMA 37), certain qu'en ce moment historique, il constituera une aide précieuse pour les pasteurs et pour les fidèles, comme point de référence dans leur vie chrétienne, d'autant plus qu'un grand nombre des défis et des problèmes encore présents dans votre pays existaient déjà à d'autres époques et que ce sont les saints qui y ont apporté une réponse lumineuse, grâce à leur amour pour Dieu et pour le prochain. Les profondes racines chrétiennes de l'Espagne, comme je l'ai souligné lors de ma dernière visite pastorale au mois de mai 2003, ne peuvent pas être extirpées, elles doivent au contraire continuer à nourrir la croissance harmonieuse de la société.



3. Vos rapports quinquennaux soulignent vos préoccupations pour la vitalité de l'Eglise et les défis et difficultés à affronter. Ces dernières années, en Aragon, dans les Asturies, en Castille- La Mancha, en Castille-Léon, à Madrid, en Navarre et dans les provinces basques, des régions où vous exercez la charité pastorale en guidant le peuple de Dieu, de nombreux changements ont eu lieu dans le domaine social, économique et également religieux, donnant parfois lieu à de l'indifférence religieuse et à un certain relativisme moral, qui influent sur la pratique chrétienne et en conséquence conditionnent les structures sociales elles-mêmes.

Certaines régions vivent dans l'abondance, alors que d'autres souffrent de graves carences. Ce qui a parfois été source de richesse à des époques passées - par exemple la production minière et sidérurgique - vit à présent une certaine crise, face à laquelle il faut garder l'espérance. Dans plusieurs régions, il existe des tensions sociales concernant une ressource naturelle: l'eau; celle-ci étant un bien commun, on ne peut pas la gâcher, ni oublier le devoir solidaire d'en partager l'utilisation. Les richesses ne peuvent pas être le monopole de ceux qui disposent d'elles, et le désespoir et le mécontentement ne peuvent pas justifier certaines actions incontrôlées de la part de ceux qui en sont privés.

4. Dans le domaine social se diffuse également une mentalité inspirée par le laïcisme, une idéologie qui conduit progressivement, de façon plus ou moins consciente, à la restriction de la liberté religieuse jusqu'à promouvoir le mépris ou l'ignorance dans le domaine religieux, en reléguant la foi dans la sphère privée et en s'opposant à son expression publique. Tout cela n'appartient pas à la tradition espagnole la plus noble, car l'empreinte que la foi catholique a laissée dans la vie et dans la culture des Espagnols est très profonde et l'on ne peut pas céder à la tentation de l'effacer. Un juste concept de liberté religieuse n'est pas compatible avec cette idéologie, qui est parfois présentée comme l'unique voix de la raison. On ne peut pas limiter la liberté religieuse sans priver l'homme de quelque chose de fondamental.

C'est dans ce contexte social actuel que grandissent les nouvelles générations d'Espagnols, influencées par l'indifférence religieuse, par l'ignorance de la tradition chrétienne avec son riche patrimoine spirituel, et exposées à la tentation d'un permissivisme moral. La jeunesse a droit, dès le début de son processus de formation, à être éduquée dans la foi. L'éducation intégrale des plus jeunes ne peut faire abstraction de l'enseignement religieux, également à l'école, lorsque les parents le demandent, et doit comporter une évaluation scolaire conforme à son importance. Les pouvoirs publics, quant à eux, ont le devoir de garantir ce droit des parents et d'assurer les conditions réelles de son exercice effectif, comme il est dit dans les Accords partiaux entre l'Espagne et le Saint-Siège de 1979, qui sont encore en vigueur.

5. En ce qui concerne la situation religieuse, vos comptes-rendus reflètent une sérieuse préoccupation quant à la vitalité de l'Eglise qui est en Espagne, et dans le même temps, font apparaître les divers défis et difficultés. Attentifs aux problèmes et aux attentes des fidèles face à cette nouvelle situation, vous vous sentez, en tant que pasteurs, exhortés à rester unis pour rendre plus tangible la présence du Seigneur parmi les hommes, à travers des initiatives pastorales plus adaptées aux nouvelles réalités.

Dans ce but, il est fondamental de conserver et de développer le don de l'unité que Jésus a demandé au Père pour ses disciples (cf. Jn 17,11). Dans vos diocèses particuliers, vous êtes appelés à vivre et à rendre témoignage de l'unité voulue par le Christ pour son Eglise. D'autre part, la diversité des peuples, avec leurs cultures et leurs traditions, loin de menacer cette unité, doit l'enrichir, en partant de leur foi commune. Et vous, en tant que Successeurs des Apôtres, vous devez vous efforcer de "conserver l'unité de l'Esprit par ce lien qu'est la paix" (Ep 4,3). C'est pourquoi je vous demande de vous rappeler que "dans ce passage historique que nous vivons actuellement, se présente à nous une mission difficile: faire de l'Eglise le lieu où l'on vit et l'école où l'on enseigne le mystère de l'amour divin. Comment cela sera-t-il possible sans redécouvrir une authentique spiritualité de communion?" (Message à un groupe d'Evêques amis du Mouvement des Focolari, 14 février 2001, n. 3), valable pour chaque personne et chaque instant.



6. Les Sacrements sont nécessaires pour la croissance de la vie chrétienne. C'est pourquoi les pasteurs doivent les célébrer avec dignité et décence. Il faut accorder une importance particulière à l'Eucharistie, "Sacrement de piété, signe d'unité, lien de charité" (Saint Augustin, dans Iohannis Evangelium 26, 13). Participer à celle-ci, comme nous le rappellent les saints Pères, nous rend "concorporel et consanguins avec le Christ" (Saint Cyrille d'Alexandrie, Catéchèses mystagogiques, IV, 3), et pousse le chrétien à s'engager dans la diffusion de l'Evangile et dans l'animation chrétienne de la société.

A ce propos, à l'occasion de la clôture de l'Année jubilaire de Compostelle, j'ai invité les fidèles espagnols à chercher dans le Très Saint Sacrement la force pour surmonter les obstacles et affronter les difficultés du moment présent. Dans le même temps, soutenus par leurs Evêques, ils se sentiront affermis dans leur propre foi pour rendre un témoignage public et crédible, en défendant "le respect effectif de la vie, à toutes ses étapes, l'éducation religieuse des enfants, la protection du mariage et de la famille, la défense du nom de Dieu et de la valeur humaine et sociale de la religion chrétienne" (Lettre à l'Archevêque de Saint-Jacques-de-Compostelle, 8 décembre 2004). On doit donc renforcer une action pastorale promouvant une participation plus assidue des fidèles à l'Eucharistie dominicale, qui doit être vécue non seulement comme un précepte, mais également comme une exigence profondément inscrite dans la vie de chaque chrétien.



7. Dans les rapports quinquennaux, vous avez manifesté votre sollicitude pour les prêtres et les séminaristes. Les prêtres se trouvent en première ligne dans l'évangélisation et portent "le fardeau de la journée avec sa chaleur" (Mt 20,12). Ils ont en particulier besoin de votre sollicitude et de votre proximité pastorale, car ils sont vos "fils" (Lumen gentium LG 28), vos "amis" (Christus Dominus CD 16) et vos "frères" (Presbyterorum ordinis PO 7).

La relation avec les prêtres ne doit pas seulement être de type institutionnel et administratif, mais doit tout d'abord être animée par la charité (cf. 1P 4,8), elle doit révéler la paternité épiscopale qui sera le modèle de celle que les prêtres devront ensuite avoir à l'égard des fidèles qui leur sont confiés. Cette paternité doit actuellement se manifester de manière particulière avec les prêtres malades, ceux qui sont très âgés, et également ceux qui ont les responsabilités pastorales les plus lourdes. Pour leur part, les prêtres devront se rappeler qu'ils sont avant tout des hommes de Dieu et qu'ils ne peuvent donc pas négliger leur vie spirituelle et leur formation permanente. Toute leur oeuvre ministérielle "doit effectivement commencer par la prière" (Saint Albert le Grand, De mystica theologia, 15). Parmi les multiples activités qui remplissent la journée de chaque prêtre, se trouve à la première place la célébration de l'Eucharistie, qui le rend conforme au Prêtre Souverain et éternel. Dans la présence de Dieu, le prêtre trouve la force pour vivre les exigences du ministère et la docilité pour accomplir la volonté de Celui qui l'a appelé et consacré, l'envoyant pour lui confier une mission nécessaire et spécifique. La pieuse célébration de la Liturgie des Heures, la prière personnelle, la méditation assidue de la Parole de Dieu, la dévotion à la Mère du Seigneur et de l'Eglise et la vénération des saints sont tout autant d'instruments précieux dont on ne peut faire abstraction pour affirmer la splendeur de son identité et assurer l'exercice fécond du ministère sacerdotal.



8. La croissance des vocations sacerdotales que l'on observe dans certaines zones constitue une vive espérance. Il est vrai que la situation sociale et religieuse ne favorise pas l'écoute de l'appel du Seigneur à le suivre dans la vie sacerdotale ou consacrée. C'est pourquoi il est important de prier sans relâche le Maître de la Moisson (cf. Mt 9,38), afin qu'il continue à bénir l'Espagne par de nombreuses et saintes vocations. Dans ce but, il faut promouvoir une pastorale des vocations spécifique, vaste et ramifiée, qui incite les responsables de la jeunesse à être des médiateurs courageux de l'appel du Seigneur. Il ne faut pas avoir peur de la proposer aux jeunes, puis de la suivre avec assiduité, au niveau humain et spirituel, afin qu'ils puissent discerner leur choix de vocation.



9. Les fidèles catholiques, auxquels il revient de rechercher le Royaume de Dieu en s'occupant des réalités temporelles et en les ordonnant selon la volonté divine, sont appelés à être les témoins courageux de leur foi dans les divers milieux de la vie publique. Leur participation à la vie ecclésiale est fondamentale et, parfois, sans leur collaboration, votre apostolat de pasteurs ne parviendrait pas à "tous les hommes de tous les temps et de toute la terre" (Lumen gentium LG 33).

Les jeunes, avenir de l'Eglise et de la société, doivent en particulier être l'objet de vos soins pastoraux. C'est pourquoi il ne faut pas lésiner sur les efforts nécessaires, même si parfois ils ne portent pas des fruits immédiats. A ce propos, comment ne pas rappeler la veillée impressionnante et émouvante que j'ai présidée avec des centaines de milliers de jeunes sur l'esplanade des Quatre Vents, en leur rappelant que l'on peut être moderne et chrétien en même temps? A l'heure actuelle, un grand nombre de jeunes se préparent pour se rendre à Cologne afin de participer à la Journée mondiale de la Jeunesse. Dites-leur que le Pape les attend là-bas, avec la devise "Nous sommes venus pour l'adorer" (Mt 2,2) afin de découvrir dans le Christ, avec les jeunes d'autres pays, le visage de Dieu et de l'Eglise comme "la maison et l'école de la communion" (Novo Millennio ineunte NM 43).



10. Chers frères, vous avez pris l'initiative de consacrer une année spéciale à l'Immaculée, Patronne de l'Espagne, pour commémorer le 150 anniversaire de la proclamation de ce dogme marial. Il s'agit d'une invitation au peuple des fidèles à renouveler leur consécration personnelle et communautaire à notre Mère et à accueillir l'invitation que j'ai faite à toute l'Eglise de se mettre "surtout à l'écoute de la très Sainte Vierge Marie en qui, plus que quiconque, le Mystère de l'Eucharistie resplendit comme mystère lumineux" (Ecclesia de Eucharistia EE 62).

L'évangélisation et la pratique de la foi en terre espagnole ont toujours été unies à un amour particulier pour la Vierge Marie. C'est ce que démontrent les nombreuses églises, les sanctuaires et les monuments élevés partout dans votre terre, les confraternités, les congrégations, les corporations et les conseils universitaires, qui ont insisté pour défendre leurs privilèges, ainsi que les pratiques de piété et les fêtes populaires en l'honneur de la Mère de Dieu, qui ont également été source d'inspiration pour tant d'artistes, de peintres célèbres et de sculpteurs de grande renommée.

L'Espagne est la terre de Marie. C'est à Elle que je confie vos intentions pastorales. Je place sous sa protection maternelle tous les prêtres, les religieux et les religieuses, les séminaristes, les enfants, les jeunes et les personnes âgées, les familles, les malades et les pauvres. Apportez à tous mon salut et l'affection du Pape, ainsi que sa Bénédiction apostolique.



Discours 2005 - Jeudi 13 janvier 2005