Discours 2005 - Samedi 5 février 2005


MESSE POUR LES MALADES EN MÉMOIRE DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE DE LOURDES

XIII JOURNÉE MONDIALE DU MALADE - MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II



  Très chers frères et soeurs!


Je m'unis avec joie à vous tous qui, comme chaque année, participez, dans la Basilique vaticane, à la rencontre des pèlerins, des malades et des volontaires organisée conjointement par l'UNITALSI et par l'Oeuvre romaine des Pèlerinages. J'adresse à chacun de vous mon salut le plus affectueux.

J'adresse mon salut en premier lieu au Cardinal-Vicaire, aux Evêques et aux nombreux prêtres présents, et je l'étends également avec une profonde sympathie à vous, chers pèlerins, qui êtes réunis pour revivre l'atmosphère typique de Lourdes, à vous, chers responsables de l'UNITALSI et de l'Oeuvre romaine des Pèlerinages, à vous, chers volontaires, et en particulier à vous, chers malades, dont je me sens particulièrement proche.

2. La célébration eucharistique et mariale suggestive que vous vivez dans la basilique Saint-Pierre revêt une signification particulière en ce jour où la liturgie fait mémoire de la Bienheureuse Vierge Marie de Lourdes.

La célébration du 11 février nous fait revenir en esprit à la grotte de Massabielle, dans les Pyrénées françaises, où en 1858, la Madone se manifesta dix-huit fois à sainte Bernadette Soubirous. De cette grotte, devenue un lieu de prière et d'espérance pour de nombreux pèlerins provenant de toutes les parties du monde, l'Immaculée continue d'inviter à la prière, à la pénitence et à la conversion. C'est précisément le message du Christ: "Repentez-vous et croyez à l'Evangile" (Mc 1,15) que nous offre la liturgie du Carême qui vient de commencer. Accueillons-le avec une douce et humble adhésion! Le fait que les malades et les personnes qui souffrent accourent aux pieds de la Vierge constitue une exhortation incessante à avoir confiance dans le Christ et dans sa Mère céleste, qui n'abandonne jamais ceux qui s'adressent à elle dans les moments de douleur et dans l'épreuve.

3. En mourant sur la Croix, le Christ, l'homme des douleurs, a mené à bien le dessein d'amour du Père et a racheté le monde. Chers malades, si vous unissez vos souffrances à ses peines, vous pourrez être ses coopérateurs privilégiés dans le salut des âmes. Tel est votre devoir dans l'Eglise, qui est toujours très consciente du rôle et de la valeur de la maladie illuminée par la foi. Votre souffrance n'est donc jamais inutile, chers malades! Elle est même précieuse, parce qu'elle représente un partage mystérieux mais réel de la même mission salvifique du Fils de Dieu.

C'est pourquoi le Pape compte tant sur la valeur de vos prières et de vos souffrances: offrez-les pour l'Eglise et pour le monde; offrez-les également pour moi et pour ma mission de Pasteur universel du peuple chrétien.

4. De la Basilique Saint-Pierre, mon regard s'étend à présent aux nombreuses autres localités, où se rassemblent aujourd'hui les communautés chrétiennes, à l'occasion de la XIII Journée mondiale du Malade et, en particulier, au sanctuaire "Marie Reine des Apôtres" à Yaoundé, au Cameroun. C'est là qu'ont lieu les célébrations principales de cet important événement ecclésial sur le thème: "Le Christ, espérance pour l'Afrique". Le continent africain, avec l'humanité tout entière, a besoin de faire l'expérience de l'amour miséricordieux du Seigneur et du soutien de la Sainte Vierge, en particulier dans les moments de fatigue et de maladie.

Que Marie, Femme de la douleur et de l'espérance, soit clémente envers ceux qui souffrent et obtienne pour chacun la plénitude de vie: qu'elle serre chacun sur son coeur de Mère.

Très Sainte Vierge Marie, Reine de l'Afrique et du monde entier, prie pour nous! J'envoie à tous avec affection ma Bénédiction.



Du Vatican, 11 février 2005

IOANNES PAULUS II

Mars 2005

MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'OCCASION DE LA III JOURNÉE EUROPÉENNE DES UNIVERSITAIRES


Très chers jeunes universitaires!

1. J'adresse un salut cordial à vous tous, réunis dans la Salle Paul VI pour une veillée mariale. Je ne peux pas être présent parmi vous, mais je suis tout de même proche de vous par l'affection et la prière. J'étends mon salut aux jeunes de votre âge, qui, à l'occasion de la III Journée européenne des Universitaires, participent à la rencontre à travers des liaisons télévisées spéciales. Bari, en Italie, puis Berlin, Bucarest, Lisbonne, Zagreb, Londres, Tirana, Madrid et Kiev: l'Europe participe en esprit à cet important moment de prière et de réflexion en préparation à la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse, qui aura lieu précisément au coeur du Continent européen, à Cologne.

2. Je suis heureux que, en tant qu'étudiants, vous ayez voulu offrir votre contribution spécifique à la préparation d'un rendez-vous si important de la jeunesse mondiale à travers votre réunion, qui a pour thème: "La recherche intellectuelle comme voie pour rencontrer le Christ". Il n'existe pas de contradiction entre la foi et la raison. C'est ce que démontre également l'expérience des saints Rois Mages, qui arrivèrent à Bethléem en utilisant ces deux dimensions de l'esprit humain: l'intelligence, qui scrute les signes, la foi qui conduit à adorer le mystère. Pour affronter le long et difficile voyage à la recherche du Messie, la raison ne suffisait pas, il fallait également la foi dans le signe de l'étoile pour parvenir à destination. L'espérance et l'ardent désir des Rois Mages ne furent pas vains. A Bethléem, ils cherchèrent l'Enfant Jésus, et, une fois arrivés devant lui, l'intelligence eut besoin de la foi pour reconnaître dans cet humble Fils de l'homme le Messie attendu, annoncé par les prophètes tout au long de l'Ancien Testament.

3. Très chers jeunes, soyez toujours animés par le désir de découvrir la vérité de votre existence. Que la foi et la raison soient les deux ailes qui vous conduisent vers le Christ, vérité de Dieu et vérité de l'homme. Vous trouverez en Lui la paix et la joie. Que le Christ soit le centre de toute votre existence. Tel est mon souhait le plus sincère que je forme de tout coeur pour tous, l'accompagnant de l'assurance de ma prière.

En ce premier samedi du mois, je vous confie, de façon particulière, à la direction maternelle de la Très Sainte Vierge Marie: qu'Elle vous enseigne à suivre fidèlement Jésus jusqu'à la Croix et à faire l'expérience de la joie de la résurrection.

Avec ces sentiments, je vous bénis tous. Bonne Pâques et bonne marche vers Cologne!

De la Polyclinique Gemelli, le 5 mars 2005

IOANNES PAULUS II


MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À S.E. M. STAVROS LYKIDIS, AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE HELLÉNIQUE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Monsieur l’Ambassadeur,

1. Je suis heureux d’accréditer Votre Excellence en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République hellénique près le Saint-Siège. Je vous remercie de m’avoir transmis les salutations de Son Excellence Monsieur Constantinos Stephanopoulos, Président de la République hellénique. Me souvenant avec plaisir de la visite qu’il m’a rendue au Vatican et de ma propre visite en Grèce, à l’occasion de mon pèlerinage apostolique sur les pas de saint Paul, je vous saurais gré de bien vouloir lui exprimer les voeux cordiaux que je forme pour sa personne, ainsi que pour l’ensemble du peuple grec. Je lui adresse à la fin de sa mission mes voeux les plus sincères. Je salue aussi Son Excellence Monsieur Karolos Papoulias qui, dans quelques jours, prendra en charge les destinées du pays.

2. Je ne peux évoquer votre pays sans faire mémoire de l’apôtre saint Paul, qui y a fondé les premières communautés chrétiennes en Europe, il y a près de deux mille ans. La Grèce d’aujourd’hui n’oublie pas l’héritage de la foi chrétienne, qui est l’un des éléments constitutifs de la Nation. Elle sait que cet héritage reste, bien plus qu’un souvenir du passé, un élément vivant de sa culture et de ses institutions, capable de féconder de manière nouvelle des aspirations nobles et élevées pour l’avenir de l’humanité, notamment en Europe où le christianisme a si profondément marqué la culture de son empreinte.

Je suis sûr, Monsieur l’Ambassadeur, que votre pays peut continuer à jouer un rôle important au sein de l’Union européenne pour que soit reconnue et exprimée de manière heureuse cette dimension religieuse, à laquelle le Saint-Siège et la République hellénique sont également attachés.

3. Dans le monde d’aujourd’hui, fragilisé par le risque du terrorisme et par la permanence de conflits durables et toujours menaçants, l’Union européenne apparaît à bien des égards comme un modèle de volonté politique en faveur de l’union des peuples et pour la paix. Le Saint-Siège ne peut que s’en réjouir et inviter les peuples européens qui y sont engagés à oeuvrer de toutes leurs forces en faveur du dialogue et de l’entente entre les peuples, ainsi qu’au renforcement des institutions internationales chargées de les garantir. Comme je l’ai fréquemment rappelé, un tel effort ne pourra aboutir que s’il s’accompagne d’une volonté de justice au niveau international, et donc d’une politique courageuse de développement en faveur des pays les plus défavorisés, notamment sur le continent africain. Les dramatiques événements survenus récemment en Asie du Sud-Est ont mis en évidence la capacité de la communauté internationale à se mobiliser efficacement en faveur des populations éprouvées; de même, les Jeux olympiques qui se sont déroulés à Athènes l’an dernier avaient manifesté avec éclat le désir de fraternité qui habite les hommes et qui peut vaincre la haine et la violence. On doit donc pouvoir espérer avec confiance une mobilisation équivalente et durable des nations comme des personnes en faveur de la paix et pour le service de l’homme.

4. Permettez-moi de saluer chaleureusement, par votre intermédiaire, Monsieur l’Ambassadeur, les communautés de fidèles catholiques qui vivent en Grèce. Elles sont pour la plupart petites et dispersées, mais attachées à leur foi et désireuses d’en témoigner de manière vivante au milieu de leurs frères orthodoxes. Vous soulignez, Monsieur l’Ambassadeur, l’importance que votre Gouvernement accorde à la présence de l’Église catholique dans votre pays. À ce propos, il serait opportun que l’Église catholique, en poursuivant un dialogue ouvert et constructif entre tous les responsables concernés, puisse avoir le statut juridique qui lui fait défaut et qui serait le signe de la reconnaissance plénière de ses droits, comme cela est le cas dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. L’Église catholique est engagée, pour sa part, dans un dialogue fraternel avec l’Église orthodoxe et elle sait que ses fidèles qui vivent en Grèce n’ont pas d’autre désir que de vivre quotidiennement ce dialogue, ayant également le souci de participer pleinement à la vie économique, politique et sociale du pays, dans laquelle ils sont déjà largement engagés. J’assure toute la communauté catholique et ses pasteurs du soutien et de la prière de l’Évêque de Rome, Successeur de Pierre. Je salue aussi cordialement les pasteurs et les fidèles de l’Église orthodoxe de Grèce, notamment sa Béatitude Christodoulos, Archevêque d’Athènes, qui m’avait fraternellement accueilli lors de mon pèlerinage, me réjouissant des liens qui ont été tissés à cette occasion, et je leur renouvelle l’assurance de la volonté de dialogue fraternel de l’Église catholique.

5. Au moment où vous inaugurez votre noble mission de représentation auprès du Saint-Siège, je vous adresse, Monsieur l’Ambassadeur, mes voeux les meilleurs pour son heureux accomplissement. Soyez certain que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs l’accueil et la compréhension dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur sa famille et sur ses collaborateurs, ainsi que sur tout le peuple grec et ses dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.

De la Polyclinique Gemelli, le 7 mars 2005.

JEAN-PAUL II


MESSAGE AUX PARTICIPANTS AU COURS SUR LE FOR INTERNE ORGANISÉ PAR LE TRIBUNAL DE LA PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE



Très chers frères!

1. C'est avec une grande joie que j'adresse un salut cordial à vous tous, qui participez au Cours sur le For interne, organisé par le Tribunal de la Pénitencerie apostolique. Une pensée spéciale va au Cardinal James Francis Stafford, Pénitencier Majeur, à ses collaborateurs, ainsi qu'aux Pénitenciers des Basiliques de l'Urbs qui effectuent un service plus que jamais précieux et important.

Le Cours sur le For interne rencontre un grand intérêt chez les jeunes prêtres élèves des Universités et Facultés pontificales et il constitue un rendez-vous de formation d'un grand intérêt, qui met en lumière la nécessité d'une mise à jour théologique, pastorale et spirituelle permanente des prêtres, auxquels est "confié le ministère de la réconciliation" (cf. 2Co 5,18).


2. Les pages évangéliques proposées à notre attention par la liturgie, en ce temps de Carême, aident à mieux comprendre la valeur de ce ministère sacerdotal particulier. Celles-ci présentent le Sauveur alors qu'il convertit la Samaritaine, se transformant en source de joie pour elle; alors qu'il guérit l'aveugle de naissance et devient pour lui une source de lumière; alors qu'il ressuscite Lazare et se manifeste comme vie et résurrection qui vainc la mort, conséquence du péché. Son regard pénétrant, sa parole et son jugement d'amour illuminent la conscience de ceux qu'il rencontre, provoquant en eux la conversion et un renouvellement profond.

Nous vivons dans une société qui semble souvent avoir égaré le sens de Dieu et du péché. C'est pourquoi, dans ce contexte, devient plus urgente l'invitation du Christ à la conversion, qui suppose la confession consciente de ses propres péchés et la demande de pardon et de salut qui s'ensuit. Dans l'exercice de son ministère, le prêtre sait qu'il agit "en la personne du Christ et sous l'action de l'Esprit Saint", c'est pourquoi il doit nourrir en lui les mêmes sentiments que le Christ, faire grandir en lui la charité de Jésus maître et pasteur, médecin des âmes et des corps, guide spirituel, juge juste et miséricordieux.


3. Dans la tradition de l'Eglise, la réconciliation sacramentelle a toujours été considérée en étroite relation avec le banquet sacrificiel de l'Eucharistie, mémorial de notre rédemption. En cette année, consacrée de manière particulière au Mystère eucharistique, il me semble plus que jamais utile d'attirer votre attention sur le rapport vital existant entre ces deux Sacrements.

Dans les premières communautés chrétiennes, on ressentait déjà la nécessité de se préparer, à travers une conduite de vie digne, à célébrer la fraction du pain eucharistique, qui est "communion" avec le corps et le sang du Seigneur, et "communion" (koinonia) avec les croyants qui ne forment qu'un seul corps, car nourris par le corps même du Christ (cf. 1Co 10 1Co 16-17).

Il est très utile de rappeler les exhortations de Paul aux fidèles de Corinthe, qui prenaient à la légère la célébration de la "cène eucharistique", n'étant pas attentifs au sens profond du mémorial de la mort du Seigneur et à ses exigences de communion fraternelle (cf. 1Co 11,17 sq)! Ses paroles de grande sévérité nous exhortent nous aussi à nous approcher de l'Eucharistie dans d'authentiques attitudes de foi et d'amour (cf. ibid., 1Co 1Co 11,27-29).

Dans le rite de la Messe de nombreux éléments soulignent cette exigence de purification et de conversion: de l'acte pénitentiel initial aux prières pour obtenir le pardon, du signe de la paix, aux prières que les prêtres et les fidèles récitent avant la communion. Seul celui qui a sincèrement conscience de ne pas avoir accompli un péché mortel peut recevoir le corps du Christ. C'est ce que dit clairement le Concile de Trente lorsqu'il affirme qu'"aucune personne, consciente d'être en état de péché mortel, même si elle ressent de la contrition, ne peut s'approcher de la sainte Eucharistie sans avoir au préalable effectué la confession sacramentelle" (Session XIII, chap. 7; DS 1646-1647). Cela continue à être l'enseignement de l'Eglise aujourd'hui aussi (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 1385, et Lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia, nn. 36-37).


4. Très chers frères, soyez attentifs à célébrer vous aussi le Mystère eucharistique avec pureté de coeur et un amour sincère. Le Seigneur nous avertit que nous ne devons pas devenir des sarments coupés de la vigne. Prêchez avec clarté et simplicité la juste doctrine à propos de la nécessité du sacrement de la Réconciliation pour s'approcher de la communion, lorsqu'on est conscient de ne pas se trouver dans la grâce de Dieu. Dans le même temps, encouragez les fidèles à recevoir le corps et le sang du Christ pour être purifiés des péchés véniels et des imperfections, de façon à ce que les célébrations eucharistiques soient agréables à Dieu et nous associent à l'offrande de la Victime sainte et immaculée, en ayant le coeur contrit et humble, confiant et réconcilié. Soyez pour tous des ministres assidus, disponibles et compétents du sacrement de la Réconciliation, de véritables images du Christ, saint et miséricordieux.

Que Marie, Mère de miséricorde, vous aide, ainsi que tous les prêtres, à être des "instruments" dociles de la miséricorde et de la sainteté de Dieu. Qu'Elle rende chaque prêtre conscient de la haute mission qu'il est appelé à accomplir avec pureté de coeur et docilité à l'action de l'Esprit Saint, pour déverser sur le monde, avec l'imagination et l'ardeur de la charité, le don qu'il reçoit lui-même sur l'autel.

Avec ces sentiments, je vous bénis tous de tout coeur.

De la Polyclinique Gemelli, le 8 mars 2005



MESSAGE À S.E. M. FÉLIX OUDIANE, AMBASSADEUR DU SÉNÉGAL PRÈS LE SAINT-SIÈGE




Monsieur l’Ambassadeur,

1. Je suis heureux d’accréditer Votre Excellence comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal près le Saint-Siège. Je vous sais gré de m’avoir transmis les voeux cordiaux de Son Excellence Monsieur Abdoulaye Wade, Président de la République, me souvenant avec plaisir de la visite qu’il m’a rendue au Vatican il y a quelques mois. En retour, vous voudrez bien vous faire auprès de lui l’interprète de ma haute considération et de mes sentiments d’estime à l’égard de sa personne.

Je vous remercie des paroles courtoises que vous m’avez adressées. Elles sont le signe des relations de confiance réciproque qui n’ont cessé de se développer entre le Sénégal et le Siège apostolique, manifestant ainsi l’importance donnée par votre pays à la dimension spirituelle de l’homme et du peuple dans son ensemble. Enfin, j’adresse à tous vos compatriotes mes salutations chaleureuses, les assurant de ma prière pour la prospérité matérielle et spirituelle de la nation tout entière.

2. Le Sénégal a une longue tradition de convivialité entre toutes les communautés qui le composent. Je me réjouis donc vivement des résultats prometteurs des efforts déployés dans votre pays pour renforcer la paix civile à l’intérieur de la nation ainsi que pour éliminer toutes les causes qui peuvent être à l’origine de dissensions et d’affrontements violents. Il est essentiel en effet que tous les habitants puissent vivre dans la sécurité et dans la concorde. Comme j’ai eu souvent l’occasion de le souligner, «la paix est un bien suprême qui conditionne l’obtention de tant d’autres biens essentiels» (Discours au Corps diplomatique, 15 janvier 2005, n. 7). Elle est primordiale pour que puisse se réaliser la juste aspiration des populations à une vie digne et solidaire. Aussi est-il plus que jamais nécessaire d’éduquer les nouvelles générations aux idéaux de fraternité, de justice et de solidarité.

L’engagement du Sénégal dans la recherche et la consolidation de la paix en Afrique est connu et apprécié de la communauté internationale. Dans cette perspective, j’encourage vivement les efforts consentis pour favoriser la restauration de l’entente et de la fraternité dans plusieurs pays de la région, tout en raffermissant les liens de solidarité entre les peuples voisins. L’Afrique a un besoin urgent de paix et de stabilité. La violence n’est jamais une solution satisfaisante pour régler les désaccords entre les groupes humains. Le courage et la persévérance sont les chemins les plus efficaces pour atteindre une authentique réconciliation. L’Église catholique, quant à elle, est pleinement convaincue qu’il n’y a pas de paix possible sans justice, et qu’il n’y a pas de justice sans pardon (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix, 1er janvier 2002). Aussi, souhaite-t-elle que tous se laissent guider par la lumière du bien véritable de l’homme, dans une recherche constante du bien commun.

3. Dans notre monde, souvent obscurci par de vastes zones d’ombre, conséquences d’oppositions, parfois violentes, qu’on chercherait à justifier par des motifs religieux, il faut cependant relever que ne manquent pas les témoignages de convivialité entre les croyants de différentes religions, et particulièrement entre chrétiens et musulmans. Et je suis heureux de constater que votre pays s’est engagé depuis longtemps sur cette voie, manifestant ainsi que le dialogue entre les croyants et entre les cultures est un élément essentiel pour l’édification de la paix entre les peuples. Le Sénégal se montre particulièrement sensible à la nécessité de vivre la diversité des appartenances religieuses dans l’unité de la nation. C’est là une des conditions d’un développement plénier de la société. Malgré les difficultés inévitables inhérentes à la coexistence entre communautés humaines différentes, le dialogue permet de reconnaître la richesse de leur diversité. Elles peuvent aussi y trouver la meilleure sauvegarde de leurs particularités, ainsi qu’une authentique compréhension réciproque fondée sur le respect et l’amitié. Mais ce dialogue doit d’abord trouver son expression concrète dans une convivialité authentique entre les communautés, pour servir le bien commun de l’unique famille humaine. Un long chemin reste à parcourir ensemble, celui de la connaissance mutuelle, du pardon, de la réconciliation, ouvrant à des collaborations habituelles qui contribuent à édifier une société pacifiée et fraternelle. Vous le savez, Monsieur l’Ambassadeur, l’Église catholique s’est engagée résolument sur cette voie. Il revient aux croyants d’en faire une espérance pour le monde.

4. En cette circonstance solennelle, à travers votre personne, Monsieur l’Ambassadeur, je voudrais aussi saluer chaleureusement la communauté catholique du Sénégal. Je l’invite à demeurer toujours unie autour de ses Évêques, pour être de plus en plus rayonnante de l’amour du Christ, partageant avec tous la joie et la paix qu’elle ne cesse de recevoir de Lui. L’Évangile appelle tous les disciples du Christ à travailler sans relâche, avec tous les hommes de bonne volonté, à construire l’unité de la famille humaine, dont la source est en Dieu !  

5. Alors que vous inaugurez votre mission auprès du Siège apostolique, je vous offre mes voeux les meilleurs pour son heureux accomplissement. Soyez assuré qu’auprès de mes collaborateurs, vous trouverez toujours l’accueil attentif et la compréhension cordiale dont vous pourrez avoir besoin.

J’invoque de grand coeur sur Votre Excellence, sur ses collaborateurs, sur sa famille, sur le peuple sénégalais et sur ses dirigeants, l’abondance des Bénédictions divines.

De la Polyclinique Gemelli, le 10 mars 2005.

JEAN-PAUL II


MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX CLERCS MARIAUX




Très chers frères!

1. Je suis heureux de vous adresser mon salut et mes meilleurs voeux, à l'occasion du Chapitre général de votre Institut. Il s'agit d'un grand événement de grâce qui constitue pour vous un appel puissant à revenir aux origines de votre Congrégation et à approfondir votre charisme, en cherchant à discerner les façons les plus appropriées pour le vivre dans le contexte socio-culturel actuel. Je vous encourage à poursuivre sur la voie de la fidélité à votre riche patrimoine spirituel. En effet, ce n'est que grâce à une vive ferveur ascétique, communiquée aux oeuvres apostoliques, que vous pourrez réaliser pleinement votre vocation, et qu'il vous sera possible de voir se multiplier les fruits de sainteté et de travail missionnaire dans votre activité.

En cette année, consacrée de manière particulière au mystère de l'Eucharistie, faites encore davantage de cet admirable Sacrement le centre de votre existence personnelle et communautaire, en vous plaçant avec docilité à l'école de la Sainte Vierge, "Femme eucharistique". Qu'Elle vous aide à parvenir à une communion toujours plus intime avec le Christ et qu'elle obtienne pour vous "le don d'une obéissance immédiate, d'une pauvreté fidèle et d'une chasteté féconde" (Message pour la Journée de la Vie consacrée, 2 février 2005).

Si un amour fervent pour l'Eucharistie et pour la Vierge brûle dans votre coeur, les sanctuaires dans lesquels vous prêtez votre service estimé dans diverses parties du monde, deviendront toujours plus de véritables "cénacles" de prière et d'accueil. Les pèlerins qui s'y rendent pourront y faire l'expérience de l'intimité réconfortante avec le Christ et ils seront encouragés à en suivre les traces avec joie.


2. Chers frères! Vous appartenez à un Institut religieux qui compte parmi ses membres des religieux exemplaires, qui ont servi l'Eglise dans des domaines variés, en se trouvant souvent dans des situations difficiles et risquées. Un grand nombre de vos confrères ont parcouru jusqu'au bout la route du courageux témoignage chrétien. Il suffit de rappeler des figures comme Rositsa Antoine Leszczewicz, Georges Kaszyra, Fabien Abrantowicz et André Cikota. Soutenus par le témoignage de ces confrères, fidèles disciples du Christ et généreux ouvriers de l'Evangile, n'ayez pas peur d'affronter les défis de notre temps.

Intensifiez votre élan apostolique, en vous engageant avec un enthousiasme renouvelé dans la promotion des vocations sacerdotales et religieuses et en préparant de façon adaptée les candidats à votre Institut à être de généreux ouvriers dans la vigne du Seigneur. Que se développe également votre collaboration pastorale avec les fidèles laïcs, en consacrant une attention particulière aux jeunes et aux indigents, aux laissés-pour-compte et aux personnes âgées. Soyez pour tous des apôtres et des témoins de la Miséricorde divine.

En outre, fidèles au charisme qui vous caractérise, soyez les fils pieux de l'Immaculée Conception. Il y a quelques mois l'Eglise a célébré le 150 anniversaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge. Comme on le sait, votre Fondateur, le vénérable serviteur de Dieu Stanislas de Jésus Maria Papczynski, a su diffuser et défendre avec courage la vérité de l'Immaculée Conception avant encore qu'elle ne soit définie comme dogme de foi. Suivez fidèlement son exemple et diffusez autour de vous la dévotion mariale.



3. En pensant à la mission que vous êtes appelés à accomplir dans diverses parties du monde et dans divers milieux sociaux, je voudrais vous adresser les paroles que j'ai écrites dans la Lettre apostolique Mane nobiscum Domine: "Lorsqu'on a fait une véritable expérience du Ressuscité, se nourrissant de son corps et de son sang, on ne peut garder pour soi seul la joie éprouvée. La rencontre avec le Christ, approfondie en permanence dans l'intimité eucharistique, suscite dans l'Eglise et chez tout chrétien l'urgence du témoignage et de l'évangélisation" (n. 24).

"Pro Christo et Ecclesia": que cela continue à être le programme de votre famille religieuse à laquelle je souhaite une moisson abondante de fruits apostoliques. Je vous assure dans ce but de mon souvenir constant dans la prière, alors que je donne volontiers ma Bénédiction au nouveau Supérieur général, à son Conseil, aux membres du Chapitre général et à toute votre Congrégation, ainsi qu'à ceux qui coopèrent à votre oeuvre.

De la Polyclinique Gemelli, le 10 mars 2005



MESSAGE AUX EVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE TANZANIE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"


  Chers frères Evêques,

1. Je regrette de ne pas pouvoir vous recevoir au Vatican cette fois, mais je vous souhaite cependant la bienvenue, Pasteurs de l'Eglise qui est en Tanzanie, à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum". Je vous salue tous de la Polyclinique "Gemelli", où j'offre mes prières et mes souffrances pour vous, dont je me sens particulièrement proche au cours de ces journées. M'adressant à vous pour la première fois en ce nouveau millénaire, sur la base de vos rapports quinquennaux, je désire parler avec vous de trois parties intégrantes de votre ministère pastoral: la sollicitude pour la famille, la sollicitude pour le clergé et la sollicitude pour le bien commun de la société dans votre région.

2. Le monde a beaucoup à apprendre de la haute valeur que revêt la famille en tant qu'élément constitutif de la société africaine. Aujourd'hui, l'Eglise est appelée à accorder une priorité particulière à la pastorale de la famille en raison des grands changements culturels qui se produisent dans le monde moderne. Les idées nouvelles et les nouveaux styles de vie proposés doivent être évalués attentivement à la lumière de l'Evangile, afin que soient sauvegardées les valeurs essentielles pour la santé et le bien-être de la société (cf. Ecclesia in Africa ). Par exemple, il faut lutter avec force contre la pratique injuste de lier les programmes d'assistance économique à la promotion de la stérilisation et de la contraception. Ces programmes représentent des "affronts à la dignité de la personne et de la famille" (Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, n. 234) et menacent de miner l'interprétation chrétienne authentique de la nature et de l'objectif du mariage.

Selon le dessein du Créateur, le lien sacré du mariage symbolise la nouvelle et éternelle alliance scellée dans le sang du Christ (cf. Familiaris consortio FC 13). Le mariage, un et indissoluble par nature, reste ouvert à la naissance de la vie nouvelle, à travers laquelle les époux coopèrent à l'oeuvre créatrice de Dieu. En tant que maîtres authentiques de la foi, continuez à proclamer ces principes et à édifier l'Eglise dans votre pays en tant que famille de Dieu (cf. Ecclesia in Africa ). Ce n'est qu'ainsi que l'on peut créer des bases solides pour l'avenir de la société africaine et, donc, de l'Eglise locale.

La promotion des valeurs familiales authentiques est d'autant plus urgente que vous faites face au terrible fléau du SIDA, qui frappe votre pays et une large partie du continent africain. La fidélité au sein du mariage et l'abstinence en dehors de celui-ci sont les uniques méthodes sûres pour limiter la diffusion ultérieure de l'infection. La transmission de ce message doit être l'élément clef de la réponse de l'Eglise face à l'épidémie. Il m'est particulièrement douloureux de voir les dizaines de milliers d'enfants devenus orphelins à cause de ce virus impitoyable. L'Eglise joue un rôle vital en offrant le soutien et la compassion nécessaires à ces victimes innocentes, tragiquement privées de l'amour de leurs parents.



3. Les principaux collaborateurs de l'Evêque dans l'accomplissement de sa mission sont les prêtres du diocèse, dont l'Evêque est appelé à être le père, le frère et l'ami (cf. Directoire sur le ministère pastoral des Evêques, ). En les aidant à grandir en sainteté et dans un engagement inconditionné à la suite du Christ, cherchez à susciter en eux une aspiration authentique au Royaume de Dieu. Continuez à les encourager dans leurs entreprises, soutenez-les dans les difficultés et donnez-leur la possibilité de satisfaire aux exigences de la vie sacerdotale aujourd'hui. Je sais que vous accordez une grande valeur à la formation sacerdotale et à l'exigence de confier cette tâche à vos meilleurs prêtres. Sans négliger les aspects intellectuels et pastoraux de la formation, je vous demande d'exercer toujours un contrôle particulier sur la formation spirituelle. Seul un engagement à la prière, enraciné dans une compréhension mûre de la configuration personnelle du prêtre au Christ, permettra à ce dernier de pratiquer le don généreux de soi dans la charité pastorale à laquelle il est appelé (cf. Pastores dabo vobis PDV 23). De même, en garantissant à tous les prêtres de recevoir une formation permanente appropriée, vous les aiderez à "raviver le don spirituel que Dieu a déposé en eux par l'imposition des mains" (2Tm 1,6).



4. En tant que Conférence épiscopale, vous avez déjà accompli des pas importants pour combattre la pauvreté matérielle, qui touche tant de membres de votre peuple. Le succès de l'initiative du Forum international de 2002, que vous avez organisé, apparaît clairement dans l'intention proclamée par le gouvernement d'utiliser ses conclusions dans les propositions de la politique publique. Cette collaboration entre Etat et Eglise sur des questions d'une grande importance sociale est louable, et il est souhaitable que d'autres suivent votre exemple dans ce domaine. Je suis certain que vous continuerez à exercer votre influence pour obtenir des mesures concrètes visant à réduire la pauvreté et à faire croître le niveau d'éducation, afin que les pauvres aient la possibilité de s'aider eux-mêmes et entre eux.

Votre pays a déjà contribué de façon significative à l'instauration de la paix et de la stabilité en Afrique orientale. Par le passé, j'ai évoqué la générosité avec laquelle vous avez offert un toit à des milliers de personnes qui fuyaient les persécutions dans leurs pays (cf. Discours à l'Ambassadeur de Tanzanie près le Saint-Siège, 12 janvier 1997) et je vous exhorte à continuer à étendre cet accueil à vos frères et à vos soeurs qui souffrent, en suivant l'exemple du Christ. De cette façon, vous leur donnerez la preuve que vous êtes réellement proches d'eux. Un défi à venir consiste à conserver et à renforcer les rapports respectueux avec la communauté musulmane, en particulier dans l'archipel de Zanzibar. Un engagement sérieux au dialogue interreligieux et une solide volonté de coopérer pour résoudre les problèmes sociaux et économiques de votre pays constitueront pour d'autres nations un exemple lumineux de l'harmonie qui devrait exister entre les différents groupes ethniques et religieux.



5. Chers frères Evêques, en vous tournant avec confiance vers l'avenir, priez afin que l'Esprit Saint vous guide dans les préparatifs de la Deuxième Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des Evêques et que les joies et les peines, les malheurs et les espoirs des populations de votre continent trouvent un écho dans le coeur de tous les disciples du Christ (cf. Gaudium et spes GS 19). Cherchez toujours à évangéliser la culture de votre peuple de façon à ce que le Christ parle du coeur de vos Eglises locales, avec une voix authentiquement africaine.

Je prie afin que cette année de l'Eucharistie puisse représenter pour vous "une précieuse occasion pour devenir toujours plus conscients du trésor incomparable que le Christ a confié à son Eglise" (Mane nobiscum, Domine, n. 29). En vous confiant, ainsi que vos prêtres, vos diacres, vos religieux et vos laïcs à l'intercession de Marie, Etoile de l'Evangélisation, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique en gage de grâce et de puissance dans son Fils, notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

De la Polyclinique Gemelli, le 11 mars 2005.


IOANNES PAULUS II


Discours 2005 - Samedi 5 février 2005