Discours 2004 - Vendredi 12 mars 2004


À S.E. M. ARMANDO LUNA SILVA, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU NICARAGUA PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Samedi 13 mars 2004


Monsieur l'Ambassadeur,

1. C'est avec une grande joie que je vous reçois à l'occasion de cette rencontre où vous me présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Nicaragua près le Saint-Siège. Dans le même temps, je vous souhaite la bienvenue au début de l'importante mission que votre gouvernement vous a confiée. Je vous remercie de vos paroles aimables, ainsi que du salut que vous m'avez transmis de la part du Président de la République, M. Enrique Bolaños, à qui je réponds en lui renouvelant mes meilleurs voeux pour sa personne et ses hautes responsabilités.

Je vous prie, Monsieur l'Ambassadeur, de vous faire le porte-parole de mon affection et de ma proximité auprès du cher peuple du Nicaragua, auquel j'ai eu la joie de rendre visite à deux occasions. Je me rappelle, en particulier, de la journée mémorable du 7 février 1996, où les Nicaraguayens purent réellement rencontrer le Successeur de l'Apôtre Pierre et lui manifester librement leur adhésion et leur affection.

2. Au cours des deux visites dans votre pays, j'ai pu constater que les Nicaraguayens sont un peuple joyeux, dynamique, aux profondes racines chrétiennes et souhaitant connaître un avenir serein, dans lequel tous puissent être les bénéficiaires d'un développement constant. Au cours de l'histoire, ils ont bien entendu fait face à de nombreuses épreuves. Aux désastres naturels, comme les tremblements de terre et les ouragans, se sont ajoutés des années de luttes sociales et des problèmes internes qui ont conduit un grand nombre de ses habitants à vivre dans des situations difficiles et de pauvreté, avec les conséquences que cela engendre à tous les niveaux: éclatement de la famille, manque d'accès à l'éducation, problème de subsistance et d'assistance médicale, entre autres.

Monsieur l'Ambassadeur, vous avez quoi qu'il en soit raison de vous ouvrir à l'espérance d'une avenir meilleur. On constate une plus grande solidarité, non seulement de la part des pays amis, mais surtout de la part des citoyens eux-mêmes, conscients de la nécessité de la participation. Ce sont eux qui doivent travailler avec courage et ténacité pour améliorer leur propre pays. On connaît bien le goût du travail, la force morale et l'esprit de sacrifice des Nicaraguayens face à l'adversité. Ils en ont donné la preuve à plusieurs reprises. Si bien que, même s'il est certain que les aides extérieures sont nécessaires en certaines occasions, il faut se rappeler que les Nicaraguayens eux-mêmes, avec les multiples qualités qui les distinguent, doivent être les principaux acteurs et les artisans de la construction quotidienne du pays, en s'engageant par leurs efforts et leur ténacité à surmonter les situations difficiles, souvent aggravées par la pauvreté extrême d'un grand nombre de personnes, le chômage ou le manque d'une vie digne.

Dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix de 1998, j'ai dit: "La première des injustices est constituée par des situations de pauvreté extrême, où qu'elles se manifestent. Les éliminer doit être pour tous une priorité au niveau tant national qu'international". A ce propos, je désire encourager les efforts entrepris par votre gouvernement pour faire face à ce mal qui ne peut pas être considéré comme endémique, mais qui est le résultat d'une série de facteurs qui doivent être affrontés avec fermeté et enthousiasme, de façon à ce que soit véritablement améliorée la qualité de vie des Nicaraguayens. Ces efforts, unis à ceux de la Communauté internationale, dont les aides doivent être bien administrées et gérées de façon transparente, honnête et efficace, constituent les fondements indispensables pour édifier une société pacifique, juste et solidaire, qui réponde vraiment aux aspirations des Nicaraguayens et qui soit en harmonie avec ses traditions.

Dans cette lutte contre la pauvreté, l'éradication de la corruption, qui annihile le juste développement social et politique de nombreux peuples, représente également un facteur important.

3. Je me réjouis d'apprendre que les autorités de votre pays ont la ferme intention d'établir de solides fondements qui permettent l'instauration d'un ordre social plus juste et participatif, en renforçant la démocratie et les structures publiques, ainsi qu'en promouvant un système éducatif qui favorise le sens civique des citoyens et le respect de la légalité. Afin de construire une société plus juste et fraternelle, les orientations de la doctrine sociale catholique et les enseignements moraux de l'Eglise seront d'un grand secours, car il s'agit de valeurs dignes d'être prises en considération par les personnes qui travaillent au service de la nation. On ne peut pas s'acheminer vers une véritable paix sociale sans un ordre dans lequel les libertés individuelles sont toujours davantage garanties et où, dans le même temps, on accroît également la confiance des citoyens dans les institutions publiques pour une collaboration plus active et une participation responsable de tous au bien commun.

4. Les Evêques, avec le presbyterium et les différentes communautés religieuses présentes au Nicaragua, exercent la mission d'évangélisation et de sanctification qui est propre à leur ministère. C'est pourquoi les Autorités de votre pays peuvent continuer à compter sur la collaboration loyale des pasteurs de l'Eglise et des fidèles catholiques, dans les domaines spécifiques de leur activité, afin qu'en chacun d'eux soit plus vive la responsabilité d'améliorer les conditions de vie pour tous (cf. Gaudium et spes GS 57), car le service intégral à l'homme fait également partie de la mission ecclésiale. L'Eglise locale cherche à promouvoir la réconciliation et à favoriser le développement d'une société plus démocratique, en offrant sa collaboration pour que les valeurs de la justice et de la solidarité, le respect du droit et l'amour pour la vérité soient toujours présents dans la vie des Nicaraguayens.

5. Avant de conclure cette rencontre, je désire vous présenter, Monsieur l'Ambassadeur, mes meilleurs voeux pour que la mission que vous commencez aujourd'hui soit féconde. Je vous prie de vous faire l'interprète de mes sentiments et de mes espérances auprès du Président et des autres autorités de la République, alors que j'invoque d'abondantes Bénédictions du Très Haut sur vous, sur votre famille et sur vos collaborateurs, ainsi que sur tous les fils de la noble nation nicaraguayenne, que je confie à l'intercession constante et maternelle de la Vierge Marie, si vénérée sous le nom d'Immaculée Conception.



AUX PARTICIPANTS À L’ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA CULTURE

Samedi 13 mars 2004


Messieurs les Cardinaux,
Chers Frères dans l'épiscopat et chers Membres du Conseil pontifical pour la Culture !

1. Au terme de votre Assemblée plénière consacrée à la réflexion sur la foi chrétienne à l'aube du nouveau millénaire et le défi de la non-croyance et de l'indifférence religieuse, je vous accueille avec joie. Je remercie le Cardinal Poupard pour ses paroles. Le défi qui a fait l’objet de vos travaux constitue une préoccupation essentielle de l’Église sur tous les continents.

2. En relation avec les Églises locales, vous dessinez une nouvelle géographie de la non-croyance et de l'indifférence religieuse à travers le monde, constatant une rupture du processus de transmission de la foi et des valeurs chrétiennes. En même temps, on note la quête de sens de nos contemporains, dont les phénomènes culturels sont les témoins, notamment dans les nouveaux mouvements religieux très présents en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie: désir de tout homme de percevoir le sens profond de son existence, de répondre aux questions fondamentales de l’origine et de la fin de la vie, et de marcher vers le bonheur auquel il aspire. Au-delà des crises de civilisations, des relativismes philosophiques et moraux, il revient aux pasteurs et aux fidèles de repérer et de prendre en compte les interrogations et les aspirations essentielles des hommes de notre temps, pour entrer en dialogue avec les personnes et les peuples, et pour proposer, de façon originale et inculturée, le message évangélique et la personne du Christ Rédempteur. Les expressions culturelles et artistiques ne manquent pas de richesses ni de ressources pour transmettre le message chrétien. Elles demandent cependant des connaissances pour en être les vecteurs et pour pouvoir être lues et comprises.

Au moment où la grande Europe retrouve des liens forts, il importe de soutenir le monde de la culture, des arts et des lettres, pour qu’il contribue à l’édification d’une société fondée non pas sur le matérialisme, mais sur les valeurs morales et spirituelles.

3. La diffusion des idéologies dans les différents champs de la société appelle les chrétiens à un nouveau sursaut dans le domaine intellectuel, afin de proposer des réflexions vigoureuses qui fassent apparaître aux jeunes générations la vérité sur l’homme et sur Dieu, les invitant à entrer dans une intelligence de la foi toujours plus affinée. C’est par la formation philosophique et catéchétique que les jeunes sauront discerner la vérité. Une démarche rationnelle sérieuse constitue un rempart contre tout ce qui a trait aux idéologies; elle donne le goût d’aller toujours plus en profondeur, pour que la philosophie et la raison s’ouvrent au Christ; cela s’est produit dans toutes les périodes de l’histoire de l’Église, notamment durant la période patristique où la culture chrétienne naissante a su entrer en dialogue avec les autres cultures, en particulier les cultures grecque et latine. Une telle réflexion sera aussi une invitation à passer d’une démarche rationnelle à une démarche spirituelle, pour parvenir à une rencontre personnelle avec le Christ et pour édifier l’être intérieur.

4. Il vous revient donc de discerner les grandes mutations culturelles et leurs aspects positifs, pour aider les pasteurs à y donner des réponses appropriées, afin d’ouvrir l'homme à la nouveauté de la Parole du Christ. Au terme de notre rencontre, je vous exprime ma gratitude pour votre collaboration et, en vous confiant à la Vierge Marie, je vous accorde une affectueuse Bénédiction apostolique.

  

MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'OCCASION DE LA COMMÉMORATION DU CENTENAIRE DE L'INAUGURATION DU MONUMENT AU CHRIST DES ANDES



A Monsieur le Cardinal Francisco Javier

ERRAZURIZ OSSA
Archevêque de Santiago du Chili
et Président de la Conférence épiscopale chilienne
et à Monseigneur Eduardo Vicente MIRAS
Archevêque de Rosario
et Président de la Conférence épiscopale argentine

1. A l'occasion de la commémoration solennelle du centenaire de l'inauguration du monument au Christ des Andes, je suis heureux d'envoyer un salut affectueux aux Cardinaux et aux prélats d'Argentine et du Chili, ainsi qu'aux plus hautes Autorités et aux autres participants à cet acte significatif qui évoque des événements décisifs de l'histoire de ces deux pays et qui manifeste les valeurs fondamentales et les profondes racines chrétiennes sur lesquelles se fondent l'identité et la coexistence de leurs populations, exprimant dans le même temps la ferme intention de consolider chaque jour davantage l'engagement de toujours suivre le chemin de la paix.

2. En effet, si l'érection de ce majestueux monument a supposé un important déploiement de moyens et une étroite collaboration entre de nombreuses personnes et institutions, les efforts menés à bien antérieurement pour donner une signification à ce geste ne furent pas moindres. Au cours des années précédentes on était parvenu à différents accords, afin de résoudre de manière pacifique les divers contentieux entre les deux peuples, jusqu'à arriver aux quatre traités de paix définitifs en 1902.

On avait ainsi obtenu la plus grande des victoires et démontré la véritable force de l'être humain, ainsi que l'authentique grandeur des nations. De la menace d'un conflit, on passa à la coexistence amicale entre deux pays proches et frères. La joie et la satisfaction étaient tout à fait justifiées, car l'on était parvenu au triomphe inestimable de la paix.

3. Le profond esprit de foi des Argentins et des Chiliens reconnut dans cet événement un inestimable don de Dieu, qui "bénit son peuple dans la paix" (Ps 28,11), et voulut donner forme à sa gratitude sur les sommets andins, afin que la bénédiction divine parvienne d'en-haut sur toutes les terres soeurs et fasse de la frontière un lieu de rencontre et non plus d'antagonisme.

La figure du Christ Rédempteur invite depuis cette époque à répéter avec le Psalmiste la prière incessante de celui qui place toute sa confiance en Lui: "Montagnes, apportez, et vous collines, la paix au peuple" (Ps 71,3). En effet, la paix sur terre, "aspiration suprême de toute l'humanité à travers l'histoire", est une tâche permanente, que personne ne peut jamais considérer comme conclue et qui demande toujours, avec la sagesse et l'expérience, l'aide divine (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2003).

4. Au cours de cet acte d'inauguration, on prononça des paroles solennelles, qui sont restées gravées au pied du monument en souvenir éternel pour la postérité d'un accord indéfectible: "Ces montagnes s'effondreront avant que ne soit brisée la paix entre les Chiliens et les Argentins". A quoi servirait la beauté des cimes majestueuses et la richesse des vallées fécondes, sur la terre où le créateur les a déposées, si l'homme ne cultivait pas également des liens de coexistence et de paix?

Ces paroles d'alors rappellent aux citoyens et aux Autorités d'aujourd'hui la nécessité de poursuivre leurs efforts pour consolider, grâce à la promotion permanente d'une culture de la paix et des gestes significatifs qui la fassent prévaloir sur toute autre alternative, les liens de concorde et d'amitié, le chemin du dialogue loyal et le respect du droit.

Au début du troisième millénaire, où ne manquent pas de nouveaux obstacles pour la paix, je désire inviter les chers fils et filles d'Argentine et du Chili, à l'occasion de la commémoration de ce centenaire, à tourner leur regard vers le Rédempteur pour implorer la lumière et la force nécessaires afin d'affronter avec espérance et détermination les défis d'aujourd'hui. Je m'unis en esprit à la joie des célébrations et, surtout, à votre prière pour que se développent la coexistence fraternelle, des domaines de collaboration mutuelle et l'engagement incontournable de construire une société fondée avant tout sur la reconnaissance de la dignité inaliénable de la personne humaine. C'est ainsi que l'on garantira la paix et que l'on lèguera aux nouvelles générations un héritage qui leur permettra de construire un avenir meilleur sur des bases solides et durables.

Je demande de tout coeur au Christ Rédempteur de continuer à accompagner les nobles nations argentine et chilienne de sa protection, en les guidant sur les chemins de la paix et en encourageant leurs efforts pour parvenir à des objectifs toujours plus élevés de prospérité et de réalisation des valeurs spirituelles. Avec ces sentiments, je vous envoie ma Bénédiction.

Du Vatican, le 11 février 2004.


IOANNES PAULUS II



VEILLÉE MARIALE À L'OCCASION DE LA II JOURNÉE EUROPÉENNE DES UNIVERSITAIRES

Samedi 13 mars 2004


Très chers jeunes des Universités!

1.C'est pour moi un motif de joie particulier de vous rencontrer à l'occasion de la Deuxième Journée européenne des Etudiants des Universités. J'adresse un salut cordial à chacun de vous qui provenez de diverses Universités de Rome et d'autres villes italiennes, tout en vous remerciant de votre présence riche d'enthousiasme. Je salue le Cardinal-Vicaire et les Autorités civiles et académiques présentes.

J'adresse un remerciement sincère à Mgr Leuzzi ainsi qu'à ceux qui ont collaboré à la préparation de cet événement, au Choeur et à l'Orchestre inter-universitaires qui l'ont animé, au Centre de Télévision du Vatican et à Radio Vatican, qui ont rendu possible sa diffusion dans plusieurs pays européens.

Avec une grande affection, j'étends mon salut aux jeunes qui sont en liaison avec nous par satellite de Prague (République tchèque), de Nicosie (Chypre), de Gniezno (Pologne), de Vilnius (Lituanie), de Riga (Lettonie), de Tallinn (Estonie), de Ljubljana (Slovénie), de Budapest (Hongrie), de La Vallette (Malte), de Bratislava (Slovaquie). Il s'agit des dix pays qui vont entrer dans l'Union européenne.

2. Cette veillée mariale revêt une profonde valeur symbolique. En effet, chers étudiants, c'est également à vous qu'est confié un rôle important dans la construction de l'Europe unie, solidement enracinée dans les traditions et dans les valeurs spirituelles qui l'ont modelée. L'Université constitue, à cet égard, l'un des milieux propres où s'est formée, au cours des siècles, une culture qui a été caractérisée par l'influence chrétienne. Il faut que ce riche patrimoine d'idéaux ne soit pas perdu.

Que Marie, que nous avons invoquée plusieurs fois comme Sedes Sapientiae, protège chacun de vous, vos études et votre engagement de formation culturelle et spirituelle.

3. Chers jeunes de Rome, chargés de la Croix, vous vous rendrez d'ici peu à l'église «Sant'Agnese in Agone», où vous renouvellerez ensemble votre profession de foi. Les étudiants des autres pays, à qui j'envoie mon salut cordial, s'unissent en esprit à ce pèlerinage.

A l'issue de la veillée de prière, le Saint-Père a salué dans chacune de leurs langues les étudiants des Universités des différentes capitales européennes, qui ont participé à la rencontre par liaison satellite:

A vous tous ici présents, et à ceux qui sont unis à nous à travers la radio et la télévision, je donne une Bénédiction spéciale, que j'étends volontiers à vos familles, à vos pays et à l'Europe tout entière.



AUX CAPITAINES-RÉGENTS DE LA RÉPUBLIQUE DE SAINT-MARIN

Lundi 15 mars 2004



Madame et Monsieur les Capitaines Régents!

Je suis heureux de vous souhaiter une cordiale bienvenue, en cette circonstance au cours de laquelle la plus haute Magistrature de la République du Mont Titan désire réaffirmer les liens séculaires qui existent entre le peuple qu'elle représente et le Successeur de Pierre. Tandis que je vous remercie des paroles courtoises à travers lesquelles vous avez exprimé la voix de vos concitoyens, je vous demande de bien vouloir vous faire les interprètes de mes sentiments cordiaux de proximité à l'égard d'un peuple antique, qui a fait de la liberté, de l'honnêteté et du travail le fondement même de son existence civile.

Le moine Marin, votre fondateur et, d'une certaine façon, le précurseur de l'idée de l'Europe des nations, vous a légué des valeurs et des institutions qui, après plus de mille sept cents ans, manifestent encore leur actualité et leur vitalité. Celles-ci se résument dans la devise qui distingue votre pays: libertas. L'antique République, que vous représentez aujourd'hui dignement, trouve sa raison d'être dans ces racines chrétiennes qui ont fait la grandeur de l'histoire de l'Europe. Je suis certain qu'à l'avenir également, votre République, en programmant ses initiatives, continuera de s'inspirer de ces justes critères éthiques qui en ont fait un exemple d'administration correcte du bien commun.

Tandis que je renouvelle l'expression de mon affection, que votre peuple connaît déjà depuis le début de mon Pontificat, lorsque, en août 1982, j'ai eu l'occasion de me rendre sur le Mont Titan, je souhaite que la sérénissime République de Saint-Marin continue de témoigner de son patrimoine millénaire de valeurs dans la communauté des nations. Avec ces pensées, je vous donne ma Bénédiction apostolique affectueuse, ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers et à tous vos concitoyens.



À LA COMMUNAUTÉ DU SÉMINAIRE "REDEMPTORIS MATER"

Jeudi, 18 mars 2004



"Allez dans le monde entier, proclamez l'Evangile à toute la création" (Mc 16,15).

1. Très chers Supérieurs et élèves du séminaire diocésain "Redemptoris Mater", je suis heureux de vous accueillir avec ces paroles de Jésus Ressuscité, que vous écoutez et méditez en la Fête des saints Cyrille et Méthode, anniversaire de l'érection canonique de votre séminaire.

Je salue avant tout le Cardinal-Vicaire et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées. Je salue avec affection votre Recteur, Mgr Claudiano Strazzari, les autres Supérieurs et éducateurs, ainsi que chacun de vous, très chers élèves.

2. Plus de seize ans se sont écoulés désormais depuis la création de votre séminaire, qui a représenté une expérience nouvelle et tout à fait significative, en vue de la formation de prêtres pour la nouvelle évangélisation. Depuis lors sont apparus dans le monde divers autres séminaires "Redemptoris Mater", qui s'inspirent de votre modèle et qui partagent vos finalités.

Les fruits de bien produits au cours de ces années par votre séminaire sont particulièrement abondants. Je rends grâce avec vous au Seigneur pour ceux-ci. Je désire en outre remercier pour ces mêmes fruits le Chemin néocatéchuménal, au sein duquel sont nées et se sont développées vos vocations. Je remercie également le Recteur et vos autres Supérieurs qui, sous la direction bienveillante du Cardinal-Vicaire, président avec amour et sagesse votre préparation au sacerdoce.

J'adresse, en outre, une pensée reconnaissante aux Fondateurs du Chemin, auxquels on doit l'heureuse intuition d'avoir proposé l'érection de votre séminaire, et qui se prodiguent tant pour favoriser au sein du Chemin même la naissance de vocations au sacerdoce et à la vie consacrée. Je voudrais ensuite rappeler avec vous deux Evêques, Mgr Giulio Salimei et Mgr Maximino Romero, qui, l'un comme Recteur et l'autre comme Père spirituel, ont contribué dans une large mesure, à travers leur dévouement éclairé et leur vie exemplaire, au développement initial et à l'heureuse configuration du séminaire "Redemptoris Mater".

J'ai également à coeur de souligner - comme l'a déjà rappelé le Cardinal-Vicaire - qu'au cours de ces seize ans, un grand nombre de prêtres zélés sont sortis de ce séminaire, consacrés de façon opportune en partie au service pastoral dans le diocèse de Rome et en partie à la mission dans toutes les parties du monde, comme prêtres "fidei donum".

3. Pour atteindre ces résultats positifs, il est fondamental d'avoir toujours clairement à l'esprit, dans votre itinéraire de formation, la nature et les caractéristiques du sacerdoce ministériel, telles qu'elles ont été illustrées par le Concile Vatican II, puis par l'Exhortation apostolique Pastores dabo vobis.

Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel sont en effet ordonnés l'un à l'autre et sont intimement liés, participant tous deux, chacun à sa manière, à l'unique sacerdoce du Christ. Ils diffèrent cependant essentiellement et non seulement par leur degré (cf. Lumen gentium LG 10). En vertu du sacrement de l'Ordre, en effet, les prêtres sont configurés de façon spéciale à Jésus Christ comme Tête et Pasteur de son peuple, et c'est au service de ce peuple qu'ils doivent - à l'image du Christ - consacrer et donner leur vie. C'est précisément parce qu'ils représentent de façon sacramentelle Jésus Christ Tête et Pasteur, qu'ils sont donc appelés à présider, en étroite communion avec l'Evêque, les communautés qui leur sont confiées, selon chacune des trois dimensions - prophétique, sacerdotale et royale - autour desquelles s'articule l'unique mission du Christ et de l'Eglise (cf. Pastores dabo vobis PDV 12-16).

Très chers séminaristes, en restant fidèles à cette solide doctrine dans votre formation, puis dans l'exercice quotidien du ministère sacerdotal, vous pourrez vivre de façon joyeuse la grâce du sacerdoce et assurer un service authentique et fécond au diocèse de Rome et aux Eglises-soeurs dans lesquelles vous serez envoyés.

La prière, l'étude, la vie communautaire, bien harmonisées dans le projet de formation et mises en pratique avec fidélité et générosité dans l'existence concrète de votre séminaire, sont les voies à travers lesquelles le Seigneur forme en vous, jour après jour, l'image du Christ Bon Pasteur.

4. C'est sur ces bases que vous pouvez également vous préparer à vivre, lorsque vous serez prêtres, de façon sereine et bénéfique, votre appartenance constitutive et sans réserve au sacerdoce diocésain, qui trouve dans l'Evêque son point de référence essentiel et, dans le même temps, le lien profond qui vous unit à l'expérience du Chemin néocatéchuménal. En effet, comme cela est écrit dans l'art. 18 du Statut du Chemin, dans les séminaires diocésains et missionnaires "Redemptoris Mater", "les candidats au sacerdoce trouvent dans la participation au Chemin néocatéchuménal un élément spécifique et fondamental de leur chemin de formation, et dans le même temps, sont préparés au choix sacerdotal authentique de service au peuple de Dieu tout entier, dans la communion fraternelle du sacerdoce".

De même, il faut éviter une fausse alternative entre le service pastoral dans le diocèse auquel vous appartenez et la mission universelle, jusqu'aux extrémités de la terre, qui est enracinée dans la même participation sacramentelle au sacerdoce du Christ (cf. Pastores dabo vobis PDV 17-18) et à laquelle vous êtes préparés de façon particulière à travers l'expérience du Chemin néocatéchuménal.

Votre destination concrète dépend en effet de l'Evêque, qui a à coeur tant les besoins de son diocèse, que les exigences de la mission universelle. En vous en remettant, dans une attitude d'obéissance confiante et cordiale, à ses décisions, vous trouverez votre paix et votre sérénité intérieures et vous pourrez dans tous les cas exprimer votre charisme missionnaire, étant donné qu'ici également, à Rome, la pastorale est et devra toujours plus être caractérisée par la priorité de l'évangélisation.

5. Très chers Supérieurs et élèves du séminaire "Redemptoris Mater" de Rome, contemplez toujours avec les yeux de la foi votre vie, votre vocation et votre mission. Au terme de cette rencontre, je désire à nouveau vous manifester l'affection et la confiance que j'ai pour vous et vous assurer de ma prière constante pour chacun de vous, pour le séminaire tout entier, pour les communautés du Chemin néocatéchuménal, et en particulier pour les vocations au sacerdoce qui mûrissent en son sein.

Avec ces sentiments, je vous donne ma Bénédiction apostolique à tous, ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers.

    

AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL PROMU PAR LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES ASSOCIATIONS DES MÉDECINS CATHOLIQUES (17-20 MARS 2004, AUGUSTINIANUM)

Samedi 20 mars 2004



Mesdames et Messieurs!

1. Je vous salue cordialement, vous tous qui participez au Congrès international "Life-Sustaining Treatments and Vegetative State: Scientific Advances and Ethical Dilemmas".Je désire adresser un salut particulier à Mgr Elio Sgreccia, Vice-Président de l'Académie pontificale pour la Vie, et à M. Gian Luigi Gigli, Président de la Fédération internationale des Associations des médecins catholiques, et généreux défenseur de la valeur fondamentale de la vie, qui s'est fait aimablement l'interprète des sentiments communs.

Cet important Congrès, organisé avec l'Académie pontificale pour la Vie et la Fédération internationale des Associations des médecins catholiques, affronte un thème d'une grande importance: l'état clinique appelé "état végétatif". Les aspects scientifiques, éthiques, sociaux et pastoraux complexes de cet état nécessitent une profonde réflexion et un dialogue utile entre les disciplines, comme le démontre le programme riche et complexe de vos travaux.

2. L'Eglise, avec une profonde estime et une sincère espérance, encourage les efforts des scientifiques qui consacrent chaque jour, parfois au prix de grands sacrifices, leur travail d'étude et de recherche en vue de l'amélioration des possibilités de diagnostic, de thérapie, de pronostic et de réhabilitation à l'égard de ces patients entièrement confiés à ceux qui les soignent et qui les assistent. En effet, la personne dans un état végétatif ne montre aucun signe évident de conscience de son état, ni de l'environnement, et semble incapable d'interagir avec les autres ou de réagir à des stimulations adéquates.

Les chercheurs sentent qu'il est nécessaire avant tout de parvenir à un diagnostic correct, qui exige normalement une observation longue et attentive dans des centres spécialisés, compte tenu notamment du nombre important d'erreurs de diagnostic dont les annales font état. De plus, un grand nombre de ces personnes, grâce à des soins appropriés et des programmes de réhabilitation ciblés, sont en mesure de sortir de l'état végétatif. Beaucoup d'autres, au contraire, restent malheureusement prisonniers de leur état pendant des périodes très longues et sans avoir besoin de supports technologiques.

En particulier, pour indiquer la condition de ceux dont "l'état végétatif" se prolonge pendant plus d'un an, le terme d'état végétatif permanent a été créé. En réalité, cette définition ne correspond pas à un diagnostic différent, mais simplement à un jugement conventionnel de prévision, relatif au fait que la reprise du patient est, statistiquement parlant, toujours plus difficile au fur et à mesure que la condition d'état végétatif se prolonge dans le temps.

Toutefois, il ne faut pas oublier ou sous-estimer que des cas de récupération, du moins partiels, même après de nombreuses années, ont été recensés, au point que l'on a affirmé que la science médicale, jusqu'à aujourd'hui, n'est pas encore en mesure de prévoir avec certitude qui, parmi les patients dans cet état, pourra se remettre ou ne le pourra pas.

3. Face à un patient dans un tel état clinique, certaines personnes en arrivent à mettre en doute la subsistance même de sa "qualité humaine", presque comme si l'adjectif "végétatif" (dont l'utilisation est désormais consolidée), qui décrit de façon symbolique un état clinique, pouvait ou devait se référer au contraire au malade en tant que tel, dégradant de fait sa valeur et sa dignité personnelle. A cet égard, il faut souligner que ce terme, même limité au domaine clinique, n'est certainement pas des plus heureux lorsqu'il se réfère à des sujets humains.

En opposition à ces courants de pensée, je ressens le devoir de réaffirmer avec vigueur que la valeur intrinsèque et la dignité personnelle de tout être humain ne changent pas, quelles que soient les conditions concrètes de sa vie. Un homme, même s'il est gravement malade, ou empêché dans l'exercice de ses fonctions les plus hautes, est et sera toujours un homme, et ne deviendra jamais un "végétal" ou un "animal".

Nos frères et soeurs qui se trouvent dans l'état clinique d'"état végétatif" conservent eux aussi intacte leur dignité humaine. Le regard bienveillant de Dieu le Père continue de se poser sur eux, les reconnaissant comme ses fils ayant particulièrement besoin d'assistance.

4. Les médecins et les agents de la santé, la société et l'Eglise ont envers ces personnes des devoirs moraux auxquels ils ne peuvent se soustraire sans manquer aux exigences tant de la déontologie professionnelle que de la solidarité humaine et chrétienne.

Le malade dans un état végétatif, dans l'attente d'un rétablissement ou de sa fin naturelle, a donc droit à une assistance médicale de base (alimentation, hydratation, hygiène, réchauffement, etc.) et à la prévention des complications liées à l'alitement. Il a également le droit à une intervention réhabilitative précise et au contrôle des signes cliniques d'une éventuelle reprise.

En particulier, je voudrais souligner que l'administration d'eau et de nourriture, même à travers des voies artificielles, représente toujours un moyen naturel de maintien de la vie, et non pas un acte médical. Son utilisation devra donc être considérée, en règle générale, comme ordinaire et proportionnée, et, en tant que telle, moralement obligatoire, dans la mesure où elle atteint sa finalité propre, et jusqu'à ce qu'elle le démontre, ce qui, en l'espèce, consiste à procurer une nourriture au patient et à alléger ses souffrances.

L'obligation de ne pas faire manquer "les soins normaux dus au malade dans des cas semblables" (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Iura et bona, p. IV) comprend en effet également le recours à l'alimentation et à l'hydratation (cf. Conseil pontifical "Cor Unum", Dans le cadre, 2.4.; Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé, Charte des Agents de la Santé n. 120). L'évaluation des probabilités, fondée sur les maigres espérances de reprise lorsque l'état végétatif se prolonge au-delà d'un an, ne peut justifier éthiquement l'abandon ou l'interruption des soins de base au patient, y compris l'alimentation et l'hydratation. La mort due à la faim ou à la soif est, en effet, l'unique résultat possible à la suite de leur suspension. Dans ce sens, elle finit par prendre la forme, si elle est effectuée de façon consciente et délibérée, d'une véritable euthanasie par omission.

A ce propos, je rappelle ce que j'ai écrit dans l'Encyclique Evangelium vitae, en expliquant que "par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l'intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur"; une telle action représente toujours "une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré moralement inacceptable d'une personne humaine" (EV 65).

D'ailleurs, on reconnaît le principe moral selon lequel même le simple soupçon d'être en présence d'une personne vivante entraîne, dès lors, l'obligation de son plein respect et de l'abstention de toute action visant à anticiper sa mort.

5. Face à cette référence générale ne peuvent prévaloir les considérations en ce qui concerne la "qualité de la vie", souvent dictées en réalité par des pressions à caractère psychologique, social et économique.

Avant tout, aucune évaluation en terme de coûts ne peut prévaloir sur la valeur du bien fondamental que l'on tente de protéger, la vie humaine. En outre, admettre que l'on puisse décider de la vie de l'homme sur la base d'une reconnaissance extérieure de sa qualité, équivaut à reconnaître que l'on peut attribuer de l'extérieur à tout sujet des degrés croissants et décroissants de qualité de vie et donc de dignité humaine, en introduisant un principe discriminatoire et eugénique dans les relations sociales.

En outre, il n'est pas possible d'exclure a priori que la privation de l'alimentation et de l'hydratation, selon ce que révèlent de sérieuses études, soit la cause de profondes souffrances pour le sujet malade, même si nous ne pouvons en voir les réactions qu'au niveau du système nerveux autonome ou au niveau des signes d'expression. Les technologies modernes de neurophysiologie clinique et de diagnostic cérébral par image, en effet, semblent indiquer la persistance chez ces patients de formes élémentaires de communications et d'analyse des stimulations.

6. Il ne suffit pas, toutefois, de réaffirmer le principe général selon lequel la valeur de la vie d'un homme ne peut être soumise à un jugement de qualité exprimé par d'autres hommes; il est nécessaire de promouvoir des actions positives pour combattre les pressions en vue de la suppression de l'hydratation et de l'alimentation, comme moyen de mettre fin à la vie de ces patients.

Il faut avant tout soutenir les familles, dont l'un des membres est frappé par ce terrible état clinique. Elles ne peuvent être abandonnées à leur lourd fardeau humain, psychologique et économique. Bien que l'assistance à ces patients ne soit pas en général onéreuse, la société doit allouer des ressources suffisantes au soin de ce type de situation, à travers la mise en place d'initiatives concrètes opportunes, comme, par exemple, la création d'un réseau capillaire d'unité de réveil, avec des programmes spécifiques d'assistance et de réhabilitation; le soutien économique et l'assistance à domicile pour les familles, lorsque le patient est transporté à son domicile au terme des programmes de réhabilitation intensive; la création de structures d'accueil dans les cas où il n'y a pas de famille en mesure de faire face au problème ou pour offrir des périodes de "pause" pour venir en aide aux familles qui courent le risque d'un épuisement psychologique et moral.

L'assistance appropriée à ces patients et à leur famille devrait, en outre, prévoir la présence et le témoignage du médecin et de l'équipe d'assistance, auxquels il est demandé de faire comprendre aux proches qu'ils sont leurs alliés et qu'ils luttent à leurs côtés; la participation du volontariat représente également un soutien fondamental pour faire sortir la famille de l'isolement et l'aider à se sentir une composante précieuse et non pas abandonnée du tissu social.

En outre, dans ces situations, le conseil spirituel et l'aide pastorale revêtent une importance particulière pour aider à retrouver la signification la plus profonde d'une situation apparemment désespérée.

7. Mesdames et messieurs, en conclusion, je vous exhorte, en tant qu'hommes et femmes de science, responsables de la dignité de la profession médicale, à préserver jalousement le principe selon lequel le véritable devoir de la médecine consiste à "guérir si possible, prendre toujours soin" (to cure if possible, always to care).

En signe et en soutien de votre authentique mission humanitaire de réconfort et d'assistance envers nos frères qui souffrent, je vous rappelle les paroles de Jésus: "En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25,40).

A cet égard, j'invoque sur vous l'assistance de Celui qu'une formule patristique suggestive qualifie de Christus medicus et, en confiant votre travail à la protection de Marie, Consolatrice des affligés et réconfort des mourants, je donne à tous avec affection une Bénédiction apostolique particulière.



Discours 2004 - Vendredi 12 mars 2004