Discours 2004 - Samedi 27 mars 2004


AU COMITÉ "AMERICAN JEWISH JOINT DISTRIBUTION"

Lundi 29 mars 2004




Eminents hôtes,

C'est pour moi un grand plaisir de vous accueillir, Président et membres du Comité "American Jewish Joint Distribution". Votre visite représente un signe supplémentaire des liens d'amitié qui existent entre le peuple juif et l'Eglise catholique, des liens qui, nous l'espérons, deviendront toujours plus profonds.

Dieu a créé l'homme à son image et a doté les êtres humains de la capacité d'aimer. C'est à travers l'amour que nous remplissons notre destin qui est d'agir à la ressemblance de Dieu. C'est de là que découle notre devoir de nous servir les uns les autres, selon le commandement contenu dans le Livre du Lévitique: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis Yahvé" (Lv 19,8). Nous sommes appelés en particulier à servir ceux qui ont besoin de notre aide pour vivre dans la sécurité, la justice et la liberté.

J'encourage avec plaisir l'activité de votre Comité commun. Puisse Dieu bénir vos efforts et vous accorder le succès en vue d'aider ceux qui sont dans le besoin.



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX PARTICIPANTS AU VIII FORUM INTERNATIONAL DES JEUNES (ROCCA DI PAPA, 31 MARS - 4 AVRIL 2004)


1. Je désire avant tout vous souhaiter chaleureusement la bienvenue à tous, chers étudiants qui êtes réunis ces jours-ci à Rocca di Papa pour participer au VIIIème “ Forum International des Jeunes ” sur le thème: “Les jeunes et l’université : témoigner du Christ dans le milieu universitaire ”. Votre présence est pour moi un motif de grande joie, car elle représente un témoignage étincelant du visage universel et toujours jeune de l’Eglise. Vous venez des cinq continents et vous représentez plus de 80 pays et 30 Mouvements, Associations et Communautés internationales.

Je voudrais saluer les recteurs et professeurs d’université présents à ce Forum, ainsi que les évêques, les prêtres et les laïcs engagés dans la pastorale universitaire, qui, ces jours-ci, accompagneront les jeunes dans leur réflexion.

Je désire exprimer ma plus vive satisfaction à Mgr Stanislaw Rylko, Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs, et à tous ses collaborateurs, pour la réalisation de cette heureuse initiative. Le souvenir des précédentes éditions du Forum, organisées en concomitance avec les célébrations internationales des Journées Mondiales de la Jeunesse, demeure bien vivant dans ma mémoire. Cette année, il a été décidé d’en rénover la formule, en lui conférant un espace plus défini et en mettant l’accent sur la dimension de la formation, avec le choix d’un thème spécifique visant à approfondir un aspect concret de la vie des jeunes. Le thème de cette rencontre est, à coup sûr, d’une grande actualité et répond à un réel besoin. Je suis heureux que tant de jeunes, provenant de cultures si riches et si diverses, soient réunis à Rocca di Papa pour réfléchir ensemble, pour mettre en commun leurs expériences, pour s’insuffler mutuellement le courage de témoigner du Christ dans le milieu universitaire.

2. A notre époque, il est important de redécouvrir le lien qui unit l’Eglise et l’Université. De fait, non seulement l’Eglise a joué un rôle décisif dans l’institution des premières universités, mais elle a été au long des siècles un creuset de culture et, aujourd’hui encore, elle oeuvre en ce sens à travers les universités catholiques et les diverses formes de présence dans le vaste monde universitaire. L’Eglise apprécie l’université comme un de ces « bancs de travail, auprès desquels la vocation de l’homme à la connaissance, ainsi que le lien constitutif de l’humanité avec la vérité comme but de la connaissance, deviennent une réalité quotidienne » pour tant de professeurs, de jeunes chercheurs et de foules d’étudiants (Discours à l’UNESCO, n. 19 : in Insegnamenti, III/1 1980, PP 1650 s.).

Chers étudiants, au sein de l’université vous n’êtes pas seulement des destinataires de services, mais vous êtes de véritables artisans des activités qui s’y déroulent. Ce n’est pas un hasard si la période des études universitaires constitue une phase fondamentale de votre existence, durant laquelle vous vous préparez à assumer la responsabilité de choix décisifs qui orienteront tout votre avenir. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire que vous affrontiez le parcours universitaire dans une attitude de recherche des justes réponses aux questions essentielles sur le sens de la vie, sur le bonheur et sur la pleine réalisation de l’homme, ou encore sur la beauté comme splendeur de la vérité.

Heureusement, l’influence des idéologies et des utopies fomentées par l’athéisme messianique qui a tant imprégné bon nombre de milieux universitaires par le passé s’est aujourd’hui affaiblie. Mais il ne manque pas de nouveaux courants de pensée qui réduisent la raison à l’horizon de la seule science expérimentale et donc des connaissances techniques et instrumentales, pour l’enfermer parfois dans une vision sceptique et nihiliste. Sans compter qu’elles sont inutiles, ces tentatives d’échapper à la question du sens profond de l’existence peuvent aussi devenir dangereuses.     

3. Grâce au don de la foi, nous avons rencontré Celui qui se présente par ces mots surprenants : « Je suis la vérité » (Jn 14,6). Jésus est la vérité du cosmos et de l’histoire, le sens et le destin de l’existence humaine, le fondement de toute réalité ! Il vous revient, à vous qui avez accueilli cette vérité comme vocation et certitude de votre vie, d’en démontrer le bien fondé jusque dans le milieu et dans le travail universitaires. Une question s’impose alors : dans quelle mesure la vérité du Christ a-t-elle une incidence sur vos études, sur votre recherche, sur la connaissance de la réalité, sur la formation intégrale de la personne ? Il peut arriver, même parmi ceux qui se déclarent chrétiens, que certains dans les universités se comportent de fait comme si Dieu n’existait pas. Le christianisme n’est pas une simple préférence religieuse subjective, totalement irrationnelle, reléguée dans la sphère du privé. En tant que chrétiens, nous avons le devoir de témoigner ce qu’affirme le Concile Vatican II dans Gaudium et spes : « La foi, en effet, éclaire toutes choses d’une lumière nouvelle et nous fait connaître la volonté divine sur la vocation intégrale de l’homme, orientant ainsi l’esprit vers des solutions pleinement humaines » (GS 11). Nous devons démontrer que foi et raison ne sont pas inconciliables, mais qu’au contraire « la foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité » (cf. Fides et ratio, Intr.).

4. Jeunes amis ! Vous êtes les disciples et les témoins du Christ dans l’université. Que la période universitaire soit donc pour vous tous un temps de grande maturation spirituelle et intellectuelle, qui vous conduise à approfondir votre rapport personnel avec le Christ. Mais si votre foi est simplement liée à des fragments de tradition, de bons sentiments ou de généreuse idéologie religieuse, vous ne serez certes pas en mesure de supporter le choc avec le monde environnant. Cherchez donc à rester ancrés dans votre identité chrétienne et enracinés dans la communion ecclésiale. Nourrissez-vous pour cela d’une prière assidue. Choisissez, quand c’est possible, de bons maîtres universitaires. Ne demeurez pas isolés dans des milieux qui sont souvent difficiles, mais participez activement à la vie des associations, des mouvements et des communautés ecclésiales qui oeuvrent dans le domaine universitaire. Approchez-vous des paroisses universitaires et laissez-vous aider par les aumôneries. Il vous faut être des bâtisseurs de l’Eglise dans l’université, c’est-à-dire une communauté visible qui croit, qui prie, qui rend raison de l’espérance et qui accueille dans la charité toute trace de bien, de vérité et de beauté dans la vie universitaire. Tout ceci, non seulement à l’intérieur du campus universitaire, mais partout où vivent et se retrouvent les étudiants. Je suis sûr que les Pasteurs ne manqueront pas d’accorder une attention spéciale aux milieux universitaires et destineront à cette mission des prêtres saints et compétents.

5. Chers participants au VIIIème Forum International des Jeunes, je suis heureux de savoir que vous serez présents Place Saint-Pierre, jeudi prochain, lors de la rencontre avec les jeunes du diocèse de Rome, et dimanche à la messe des Rameaux, quand nous célébrerons ensemble la XIXème Journée Mondiale de la Jeunesse, sur le thème : « Nous voulons voir Jésus » (Jn 12,21). Ce sera la dernière étape de préparation spirituelle au grand rendez-vous de Cologne, en 2005. Il ne suffit pas de “parler” de Jésus aux jeunes étudiants : il faut aussi le leur faire “ voir ” par le témoignage éloquent de la vie (cf. Novo millennio ineunte NM 16). Je souhaite que cette rencontre à Rome contribue à fortifier votre amour pour l’Eglise universelle et votre engagement au service du monde universitaire. Je compte sur chacun et sur chacune d’entre vous pour transmettre à vos Eglises locales et à vos groupes ecclésiaux la richesse des dons que vous allez recevoir au cours de ces journées intenses.

En invoquant la protection de la Vierge Marie, Siège de la Sagesse, sur votre cheminement, j’accorde de tout coeur une Bénédiction apostolique spéciale sur vous et sur tous ceux qui, avec vous – étudiants, recteurs, professeurs, aumôniers et personnel administratif -, composent la grande “ communauté universitaire ”.

Du Vatican, le 25 mars 2004

IOANNES PAULUS II



                                Avril 2004

À LA COMMUNAUTÉ DU COLLÈGE PONTIFICAL PIE BRÉSILIEN

Jeudi 1er avril 2004


Monsieur le Recteur
et chers Supérieurs,
Chers élèves
du Collège pontifical Pie brésilien
de Rome

1. Je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue à cette rencontre à travers laquelle vous souhaitez renouveler votre affection et votre adhésion au Successeur de Pierre, à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de la fondation du Collège. Je remercie le Recteur, le Père Geraldo Antônio Coelho de Almeida, s.j., des paroles aimables qu'il m'a adressées pour m'exprimer vos sentiments et vos espérances.

Votre présence ici me ramène à la visite que j'ai accomplie au Collège en 1982, lorsque j'ai célébré l'Eucharistie dans votre Chapelle et que j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec vous et visiter certaines parties de ce centre.

2. Le Collège Pie brésilien a été inauguré le 3 avril 1934 par volonté du Pape Pie XI et de l'épiscopat du Brésil, en particulier du Cardinal Sebastião Leme. Chacun de vous a été envoyé par son évêque, et le Collège Pie brésilien vous accueille en vous offrant une atmosphère propice pour enrichir votre formation universitaire et spirituelle, fait extrêmement nécessaire dans votre mission sacerdotale. Résider quelques années à Rome vous offre de nombreuses possibilités d'entrer en contact avec la mémoire historique des premiers siècles du christianisme, de vous ouvrir à la dimension universelle de l'Eglise, de promouvoir la communion ecclésiale et la prédisposition à accueillir les enseignements du Magistère.

3. Malgré l'éloignement physique, je sais que votre coeur conserve dans toute sa vivacité le souvenir des personnes qui étaient confiées à vos soins pastoraux; en vérité, le Pasteur ne peut pas oublier ses fidèles quand il vit la charité pastorale selon le style du Christ. J'ai plaisir à rappeler ce message toujours nouveau que je vous ai adressé lors de ma précédente visite: l'Eglise qui est au Brésil a un besoin pressant de prêtres bien formés (cf. Discours du 24 janvier 1982). Il s'agit d'une responsabilité qui revient en particulier à vos éducateurs, non seulement des universités que vous fréquentez mais, plus directement, les religieux de la Compagnie de Jésus, chargés de la direction et de l'animation de ce Collège. Puisse Dieu vouloir que l'esprit fondateur laissé par saint Ignace vous anime sans cesse, car l'épiscopat brésilien et tout le Peuple de Dieu aspirent à des prêtres saints et savants, authentiques pasteurs des âmes. Cette responsabilité se fait encore plus importante, si nous pensons que certains prêtres proviennent d'autres pays latino-américains, d'Afrique, d'Océanie et d'Europe.

4. Je ne veux pas conclure ce discours sans avoir remercié la communauté des religieuses et tous ceux qui collaborent à la bonne marche du Collège, en demandant à Dieu qu'il sache vous récompenser du service généreux et zélé que vous rendez à la communauté.

Que Notre-Dame Aparecida, vénérée dans votre collège et qui a toujours accompagné tous ses fils, Elle qui est la Mère des prêtres, vous accorde la grâce nécessaire pour imiter Jésus Christ éternel et souverain Prêtre. En gage de ces voeux, je vous donne une Bénédiction apostolique propitiatoire, que j'étends de tout coeur à vos familles et à vos amis.


  RENCONTRE DU PAPE AVEC LES JEUNES DE ROME ET DU LATIUM EN PRÉPARATION À LA XIX JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

Jeudi 1er avril 2004




1. "Nous voulons voir Jésus" (Jn 12,21). Telle est la demande que quelques "Grecs", venus à Jérusalem pour Pâques, adressèrent à Philippe. Le Maître, averti de ce désir, comprend que son "heure" est arrivée! L'"heure" de la croix, de l'obéissance au Père en suivant le destin du grain de blé qui, tombé en terre, meurt pour produire du fruit!

Pour Jésus est également arrivée l'"heure" de la gloire! L'"heure" de la passion, de la mort, de la résurrection et de l'ascension au ciel. L'"heure" à laquelle il offrira sa vie pour la reprendre à nouveau et la donner à tous. L'"heure" à laquelle, sur la croix, il vaincra le péché et la mort au bénéfice de toute l'humanité.

Cette "heure", nous sommes nous aussi appelés à la vivre pour être "honorés" avec Lui par le Père.

Très chers jeunes de Rome et du Latium, je suis heureux de vous rencontrer. Je salue le Cardinal-Vicaire, les autres Evêques ici présents, ceux qui, en offrant leur témoignage, ont parlé en votre nom à tous. Je salue les divers artistes qui participent à cette rencontre et vous tous, très chers amis présents place Saint-Pierre, ou qui nous suivez à la télévision.

2. Il y a vingt ans, au terme de l'Année Sainte de la Rédemption, j'ai confié aux jeunes la Croix, le bois sur lequel le Christ a été élevé de terre et a vécu l'"heure" pour laquelle il était venu au monde! Depuis lors, cette Croix, en pèlerinage d'une Journée de la Jeunesse à l'autre, marche à travers le monde soutenue par les jeunes, et annonce l'amour miséricordieux de Dieu qui va à la rencontre de chacune de ses créatures pour lui rendre la dignité perdue à cause du péché.

Grâce à vous, chers amis, des millions de jeunes, en contemplant cette Croix, ont changé leur existence en s'engageant à vivre en authentiques chrétiens.

3. Très chers jeunes: restez unis à la Croix! Contemplez la gloire qui vous attend vous aussi. Combien de blessures ressentent vos coeurs, souvent provoquées par le monde des adultes! En vous confiant de façon idéale la Croix, je vous invite à croire que nous sommes nombreux à avoir confiance en vous, que le Christ a confiance en vous et que ce n'est qu'en Lui que réside le salut que vous cherchez!

Aujourd'hui, il existe un grand besoin de repenser notre façon d'approcher les jeunes pour leur annoncer l'Evangile. Nous devons certainement nous remettre en discussion pour évangéliser le monde des jeunes, mais avec la certitude qu'aujourd'hui aussi, le Christ désire se faire voir, qu'aujourd'hui aussi, il veut montrer son Visage à tous!

4. Chers jeunes, n'ayez pas peur d'entreprendre également de nouvelles voies de don total au Seigneur et de mission; suggérez vous-mêmes les façons d'apporter aujourd'hui la Croix au monde!

A ce propos, je désire présenter mes félicitations pour la préparation actuelle, dans le diocèse de Rome, de la Mission des jeunes aux jeunes, qui aura lieu dans le centre historique, du 1 au 10 octobre prochains, sur le thème significatif: "Jésus au centre!". Je félicite également le Conseil pontifical pour les Laïcs, qui a voulu organiser ces jours-ci un Forum international des jeunes. Je vous salue, chers participants au Forum, et je vous encourage à vous engager avec générosité à la réalisation du projet d'une présence chrétienne toujours plus efficace dans le monde de l'Université.

Nourris par l'Eucharistie, unis à l'Eglise, acceptant vos propres croix, faites éclater dans le monde la force de votre foi et annoncez à tous la miséricorde divine!

5. Sur ce chemin, n'ayez pas peur de vous confier au Christ. Bien sûr, aimez le monde, et faites le bien, car le monde a été créé pour l'homme. Toutefois, à un certain moment de la vie, il faut faire un choix radical. Sans rien renier de ce qui est l'expression de la beauté de Dieu et des talents reçus par Lui, il faut savoir se placer du côté du Christ, pour témoigner devant tous de l'amour de Dieu.

A ce propos, j'ai plaisir à rappeler la fascination spirituelle qu'a exercée dans l'histoire de ma vocation la figure du saint Frère Alberto, Adam Chmielowski, - tel était son nom - qui n'était pas prêtre. Frère Alberto était un peintre de grand talent et d'une grande culture. Or, à un certain moment de sa vie, il rompit avec l'art, car il comprit que Dieu l'appelait à des devoirs bien plus importants. Il vint à Cracovie pour se faire pauvre parmi les pauvres, se donnant lui-même pour servir les déshérités. J'ai trouvé en lui un appui spirituel particulier et un exemple lorsque je me suis éloigné de la littérature et du théâtre, pour faire le choix radical de la vocation au sacerdoce. Par la suite, l'une de mes joies les plus grandes a été de l'élever aux honneurs des autels comme, auparavant, celle de lui consacrer une pièce de théâtre: "Frère de notre Dieu".

Suivre le Christ, voyez-vous, ne veut pas dire refuser la jouissance des dons qu'il nous accorde, mais choisir une voie de don radical à Lui! S'Il adresse cet appel, ce "oui" devient nécessaire! N'ayez donc pas peur de vous confier à Lui. Jésus sait que vous devez porter aujourd'hui sa Croix dans le monde, pour aller à la rencontre des attentes de tant d'autres coeurs de jeunes.

6. Comme les jeunes d'aujourd'hui ont changé par rapport à ceux d'il y a vingt ans! Comme le contexte culturel et social dans lequel nous vivons a changé! Mais le Christ non, Lui n'a pas changé! Il est le Rédempteur de l'homme hier, aujourd'hui et pour toujours!

Placez donc vos talents au service de la nouvelle évangélisation, pour recréer un tissu de vie chrétienne!

Le Pape est avec vous! Croyez en Jésus, contemplez son Visage de Seigneur crucifié et ressuscité! Ce Visage que tant de personnes veulent voir, mais qui est souvent voilé par notre peu de passion pour l'Evangile et par notre péché!

O Jésus bien-aimé, ô Jésus recherché, dévoile-nous ton Visage de lumière et de pardon! Regarde-nous, renouvelle-nous, envoie-nous!

Trop de jeunes T'attendent, et, s'ils ne Te voient pas, ils ne seront pas en mesure de vivre leur vocation, ils ne seront pas capables de vivre la vie pour Toi et avec Toi, pour renouveler le monde sous ton regard, tourné vers le Père et dans le même temps vers notre pauvre humanité.

7. Très chers amis, avec une créativité toujours nouvelle suggérée par l'Esprit Saint dans la prière, continuez ensemble à porter la Croix que je vous ai confiée il y a vingt ans.

Les jeunes d'alors ont changé, tout comme moi aussi j'ai changé, mais votre coeur, comme le mien, a toujours soif de vérité, de bonheur, d'éternel et il est donc toujours jeune!

Ce soir, je place à nouveau ma confiance en vous, espérance de l'Eglise et de la société! N'ayez pas peur! Apportez partout et en toute occasion, à temps et à contretemps (cf. 2Tm 4,2) la puissance de la Croix, afin que tous, également grâce à vous, puissent continuer de voir et de croire dans le Rédempteur de l'homme!

Amen.



À S.E. M. NAJI ABI ASSI, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU LIBAN PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 2 avril 2004




Monsieur l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux d'accueillir Votre Excellence au Vatican à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Liban près le Saint-Siège.

Je vous remercie des paroles courtoises que vous m'avez adressées et je vous saurais gré de transmettre à Son Excellence le Général Émile Lahoud, Président de la République libanaise, mes remerciements pour les voeux cordiaux qu’il m’a transmis par votre intermédiaire. À travers votre personne, je tiens à saluer avec affection le peuple libanais tout entier, me souvenant avec émotion de son accueil chaleureux lors de mon voyage dans votre pays.

2. Vous avez évoqué, Monsieur l’Ambassadeur, les incertitudes de la situation internationale actuelle, marquée par une déstabilisation profonde des rapports entre les Nations sous la pression des événements survenus en Irak, mais aussi et d’abord de la recrudescence injustifiable et inquiétante du terrorisme international. Devant cette situation précaire, le Saint-Siège ne cesse de plaider en faveur d’un retour à la stabilité et à l’ordre international, grâce à la reconnaissance du rôle régulateur des organismes internationaux, notamment l’Organisation des Nations unies, et au renforcement de ses moyens de décision et d’action, afin de réduire les foyers de tension et de garantir la paix.

La terre du Liban, qui a été tant éprouvée par les souffrances d’une longue et terrible guerre, cherche de nouveau à renouer avec sa tradition exemplaire de dialogue et d’équilibre entre les diverses composantes culturelles et religieuses qui constituent depuis toujours la nation libanaise. Les habitants ont repris leurs activités afin de reconstruire leur pays et de rétablir des conditions économiques et sociales qui permettent le renouveau du Liban et qui fassent refleurir les richesses multiformes de la culture libanaise. Il est souhaitable que votre pays retrouve des conditions stables, qui favorisent un développement économique et social durable, profitable à tous, particulièrement aux plus démunis. On évitera ainsi de laisser se développer des situations d’injustices ou de difficultés économiques, et des sentiments de frustration qui peuvent fragiliser le tissu social, décourageant certaines franges de la population de rester au pays et favorisant l’émigration, qui affaiblit la nation en la privant de ses ressources les plus précieuses, les hommes. Je souhaite que tous les Libanais se dépensent courageusement pour participer à la vie économique, sociale et politique de leur terre et pour assurer un avenir de paix et de progrès à leurs enfants, ce qui suppose également, comme j'ai déjà eu l'occasion de le souligner, «que le pays recouvre sa totale indépendance, une souveraineté complète et une liberté sans ambiguïté» (Une espérance nouvelle pour le Liban, n. 121). Que vos concitoyens n’aient pas peur de s’engager activement au service du bien commun, de façon à promouvoir une saine pratique des moeurs politiques et à garantir le bon fonctionnement de la démocratie, de sorte que soit sauvegardée et consolidée l’identité du Liban, dont la vocation est d’être «lumière pour les peuples de la région et signe de la paix qui vient de Dieu» (ibid., n. 125).

Je souhaite que les différentes communautés humaines et religieuses qui composent le Liban jouissent toujours des mêmes droits et du même respect – condition primordiale de la vie démocratique et de la liberté des personnes – et qu’elles participent, pour leur part, à cette oeuvre commune, en invitant sans cesse au respect et au dialogue mutuels, en s’exprimant au sein de la société civile pour rappeler à tous les principes qui doivent guider la vie commune, en participant notamment à l’éducation de la jeunesse, pour l’éveiller toujours davantage à l’amour de la justice et de la paix, et au respect de la dignité de chaque homme.

3. Comme vous l’avez souligné avec force, Monsieur l’Ambassadeur, la situation stratégique du Liban le place au coeur du Moyen-Orient et du terrible conflit qui continue à le déchirer, à partir de l’affrontement permanent des peuples israélien et palestinien depuis plus de cinquante ans, et votre pays, qui doit faire face à un afflux de personnes sur son territoire, se sent évidemment partie prenante de ce drame. Comme je l’ai rappelé de nombreuses fois, la communauté internationale ne doit pas fuir ses responsabilités sous prétexte d’autres urgences, mais elle doit les assumer courageusement, en invitant toutes les parties en cause, et d’abord les Israéliens et les Palestiniens, à renouer le dialogue sans délai pour engager les moyens de mettre fin au cycle infernal des violences réciproques. C’est là le préalable nécessaire à un règlement global du conflit qui devra associer l’ensemble des pays de la région. Je veux redire également qu’on ne pourra pas rétablir une paix durable dans cette région du monde sans le courage politique, sans la ferme détermination à reconnaître les droits de chacun, y compris ceux de l’adversaire, pour prendre avec lui le chemin de la paix dans le respect de la justice, ni sans l’acceptation du recours au pardon mutuel, pour guérir les terribles blessures infligées par les violences mutuelles pendant de si longues années et par tant de vies brisées. Puissent tous les responsables politiques entendre cet appel, pour travailler activement et sans retard à renouer des liens, au service du rétablissement tant espéré de la paix !

4. Permettez-moi, Monsieur l'Ambassadeur, de rejoindre maintenant, par votre entremise, les Patriarches, les Évêques et tous les fidèles des communautés catholiques du Liban. Je sais combien ils sont attachés à leur pays et la part active qu’ils prennent, au nom de leur foi, à son développement matériel et spirituel. Je les encourage à travailler ensemble, catholiques de différents rites, au service de la communion, et à poursuivre le chemin de l’unité avec les frères d’autres confessions. Qu’ils s’attachent, d’une manière spécifique, au dialogue interreligieux avec les musulmans, notamment dans le domaine de l’éducation des jeunes à travers les institutions universitaires et scolaires, mais aussi dans le dialogue de la vie : ils seront ainsi de véritables artisans de paix, contribuant à édifier un Liban nouveau, capable de dépasser les incompréhensions et de promouvoir le bien commun, au service de tous ses enfants !

5. Au terme de notre rencontre, Monsieur l’Ambassadeur, je suis heureux de vous adresser mes voeux chaleureux pour l’heureux accomplissement de la noble tâche que vous inaugurez aujourd’hui auprès du Saint-Siège. Sachez que vous trouverez toujours un bon accueil auprès de mes collaborateurs des différents services de la Curie romaine.

Sur Votre Excellence, sur ses collaborateurs de l’Ambassade et sur ses proches, sur les responsables de la nation et sur le peuple libanais tout entier, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions divines.

   

AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DES ETATS-UNIS (RÉGION XIV) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 2 avril 2004




Chers frères Evêques,

1. "A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ" (Ep 1,2). Au début de cette série de visites ad limina Apostolorum des Evêques des Etats-Unis d'Amérique, je vous souhaite une cordiale bienvenue, chers frères dans l'épiscopat des provinces ecclésiastiques d'Atlanta, de Miami et de l'ordinariat militaire.

Votre visite à la tombe de Pierre et à la maison du Successeur de Pierre est, en effet, un pèlerinage spirituel au coeur de l'Eglise. Puisse-t-elle être pour vous une invitation à une rencontre plus intense avec Jésus Christ, une pause de réflexion et de discernement à la lumière de la foi, et une impulsion pour donner une nouvelle vigueur à la mission! Je suis certain que cette série de visites ad limina portera également des fruits particuliers à travers une plus profonde appréciation du mystère de l'Eglise dans toute sa richesse, et un sage discernement des défis pastoraux qui sont lancés aux Evêques des Etats-Unis à l'aube du nouveau millénaire.

Nos rencontres se déroulent à un moment difficile de l'histoire de l'Eglise des Etats-Unis. Un grand nombre d'entre vous m'ont déjà parlé de la douleur suscitée par le scandale des abus sexuels au cours des deux dernières années et de l'urgente nécessité de rétablir la confiance et de promouvoir la réconciliation entre les Evêques, les prêtres et les laïcs dans votre pays. Je suis certain que la bonne volonté dont vous avez fait preuve en reconnaissant et en affrontant les erreurs et les manquements du passé, tout en cherchant à en tirer un enseignement, contribuera profondément à ce travail de réconciliation et de renouvellement. Ce temps de purification conduira, par la grâce de Dieu, "à un sacerdoce plus saint, à un épiscopat plus saint, à une Eglise plus sainte" (Discours aux Cardinaux et aux Evêques des Etats-Unis, 23 avril 2002), à une Eglise toujours plus convaincue de la vérité du message chrétien, de la force rédemptrice de la Croix du Christ et du besoin d'unité, de fidélité et de conviction dans le témoignage de l'Evangile face au monde.

2. L'histoire de l'Eglise révèle qu'il ne peut y avoir de réforme efficace sans un renouveau intérieur. Cela vaut non seulement pour les individus, mais également pour chaque groupe et institution dans l'Eglise. Dans la vie de chaque Evêque, le défi du renouveau intérieur doit comporter une compréhension intégrale de son service en tant que pastor gregis, investi, par la volonté du Christ, d'un ministère spécifique de gouvernement pastoral dans l'Eglise, et des responsabilités et du pouvoir apostolique qui accompagnent ce ministère. Toutefois, pour être un pastor gregis efficace, l'Evêque doit également constamment chercher à être forma gregis (cf. 1P 5,3); son autorité apostolique doit être vue, en premier lieu, comme un témoignage religieux du Seigneur ressuscité, de la vérité de l'Evangile et du mystère du salut présent et agissant dans l'Eglise. La dixième Assemblée ordinaire du Synode des Evêques a rappelé que "la vie [de l'Evêque] doit être totalement soumise à la Parole de Dieu en s'adonnant quotidiennement à la prédication de l'Evangile" (Pastores gregis cf. 2Tm 4,2).

Le renouveau de l'Eglise est donc étroitement lié au renouveau du ministère épiscopal. L'Evêque étant appelé de façon unique à être un alter Christus, un vicaire du Christ dans son Eglise locale et destiné à elle, il doit être le premier à conformer sa vie au Christ dans la sainteté et dans la conversion constante. Ce n'est qu'en assumant lui-même les sentiments du Christ (cf. Ph Ph 2,5) et en se renouvelant "par une transformation spirituelle du jugement" (cf. Ep 4,23), qu'il pourra exercer de façon efficace son rôle de successeur des Apôtres, guide de la communauté de foi et coordinateur des charismes et des missions que l'Esprit Saint diffuse constamment dans l'Eglise.

3. Le récent Synode des Evêques et l'Exhortation apostolique post-synodale Pastores gregis ont traité avec insistance de la nécessité de s'appuyer sur une ecclésiologie de communion et de mission, qu'"il est toujours nécessaire d'avoir présente à l'esprit" pour comprendre et exercer le ministère épiscopal (Pastores gregis ). Ils ont ainsi repris la vision fondamentale du Concile Vatican II, qui a exhorté à une compréhension renouvelée du mystère de l'Eglise, enracinée dans la vie trinitaire du Père, du Fils et du Saint Esprit (cf. Ad gentes AGD 2 Lumen gentium LG 2-4) comme base pour reconfirmer son unité interne et son élan missionnaire dans le monde.

Cet appel du Concile est valable aujourd'hui plus que jamais. Le retour aux racines de l'Eglise, le retour à la vision de la foi sur la nature et sur l'objectif de l'Eglise dans le dessein de Dieu et la compréhension plus claire de son rapport avec le monde, doivent constituer une partie fondamentale de cette conversion constante à la Parole révélée de Dieu qui est demandée à chaque membre du Corps du Christ, rené dans le Baptême et appelé à oeuvrer pour la diffusion du Royaume de Dieu sur la terre (cf. Lumen gentium LG 36).

Ecclesia sancta simul et semper purificanda.L'invitation pressante du Concile à prier, à agir et à espérer afin que l'image du Christ puisse resplendir toujours plus clairement sur le visage de l'Eglise (cf. Lumen gentium LG 15) exige une reconfirmation constante de l'assentiment de la foi à la Parole révélée de Dieu et un retour à l'unique source de tout renouveau ecclésial authentique: les Ecritures et la Tradition apostolique, telles qu'elles sont interprétées de façon autorisée par le Magistère de l'Eglise. En effet, la vision du Concile, qui a trouvé son expression dans les grandes Constitutions Lumen gentium et Gaudium et spes, demeure "une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence" (Novo Millennio ineunte NM 57).

4. Chers frères, au début de ces rencontres du Successeur de Pierre avec les Evêques des Etats-Unis, je désire réaffirmer ma confiance dans l'Eglise qui est en Amérique, ma satisfaction pour la foi profonde des catholiques en Amérique et ma gratitude pour les nombreuses contributions qu'ils apportent à la société américaine et à la vie de l'Eglise dans le monde entier. Considérées avec les yeux de la foi, les difficultés actuelles représentent également un temps d'espérance, de cette espérance qui "ne déçoit pas" (Rm 5,5) car elle est enracinée dans l'Esprit Saint, qui suscite toujours de nouvelles énergies, de nouveaux appels et de nouvelles missions au sein du Corps du Christ.

L'Assemblée spéciale du Synode des Evêques, qui a eu lieu dans le sillage des événements historiques du 11 septembre 2001, a observé à juste titre que l'Evêque est appelé à être prophète, témoin et serviteur de l'espérance pour le monde (cf. Pastores gregis ), non seulement parce qu'il proclame à tous le fondement de notre espérance chrétienne (cf. 1P 3,15), mais également parce qu'il rend cette espérance présente à travers son ministère pastoral, axé sur les trois munera: sanctifier, enseigner et guider. L'exercice de ce témoignage prophétique dans la société américaine contemporaine, comme un grand nombre d'entre vous l'ont souligné, a été rendu toujours plus difficile en raison du récent scandale et de la franche hostilité à l'égard de l'Evangile dans certains secteurs de l'opinion publique; toutefois celui-ci ne peut être évité ou délégué à d'autres. C'est précisément parce que la société américaine est confrontée à une préoccupante perte du sens du transcendant et à l'affirmation d'une culture de ce qui est matériel et éphémère, qu'elle a désespérément besoin d'un tel témoignage d'espérance. C'est dans l'espérance que nous avons été sauvés (cf. Rm 8,24); l'Evangile de l'espérance nous permet de discerner la présence réconfortante du Royaume de Dieu dans ce monde, et offre confiance, sérénité et orientation à la place du manque d'espérance qui engendre inévitablement la peur, l'hostilité et la violence dans le coeur des personnes et dans la société en général.

5. C'est pourquoi je prie afin que nos rencontres renforcent non seulement la communion hiérarchique qui unit le Successeur de Pierre avec ses frères évêques aux Etats-Unis, mais qu'elles portent également des fruits abondants pour la croissance de vos Eglises locales dans l'unité et dans le zèle missionnaire pour la diffusion de l'Evangile. De cette façon, elles refléteront toujours plus pleinement le "grand mystère" de l'Eglise qui, selon les paroles du Concile, est dans le Christ en quelque sorte un "sacrement [...] de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain" (Lumen gentium LG 1), premiers fruits du Royaume de Dieu et annonce prophétique d'un monde réconcilié et en paix.

Dans les mois à venir, je désire vous inviter, ainsi que vos frères dans l'épiscopat, à une série de réflexions sur l'exercice du ministère épiscopal à la lumière du triple munus par lequel l'Evêque, à travers l'ordination sacramentelle, est configuré à Jésus Christ, prêtre, prophète et Roi. Je souhaite qu'une profonde réflexion sur le don et le mystère qui nous ont été confiés contribuent à l'accomplissement de votre ministère en tant qu'annonciateurs de l'Evangile et au renouveau de l'Eglise qui est aux Etats-Unis.

6. Chers frères, je vous assure de mes prières pour chacun de vous et pour tout le clergé, les religieux et les fidèles laïcs confiés à vos soins pastoraux. Alors que nous cherchons à affronter les défis qui se présentent à nous, ne cessons jamais de rendre grâce à Dieu Un et Trine pour la riche variété des dons qu'il a offerts à l'Eglise qui est en Amérique et de regarder avec confiance vers l'avenir que sa providence, également à l'heure actuelle, ouvre devant nous. Avec une grande affection, je vous recommande tous à l'intercession aimante de Marie Immaculée, Patronne des Etats-Unis d'Amérique, et je vous donne cordialement ma Bénédiction apostolique en gage de joie et de paix dans le Seigneur.



Discours 2004 - Samedi 27 mars 2004