Discours 2004 - Jeudi 6 mai 2004


À LA GARDE SUISSE PONTIFICALE

Jeudi 6 mai 2004



1.

2. Votre mission de service du Pape et de l’Église, chères nouvelles recrues de la Garde Suisse, s’inscrit dans la suite de votre Baptême. À la place qui est la vôtre, vous avez à témoigner de votre foi au Christ, mort et ressuscité; chaque moment important de notre existence - et ce jour en est un pour vous - est une occasion de découvrir plus profondément la vérité du Christ, de croire en lui et de vivre l’amour fraternel qu’il nous a révélé et enseigné. Que les visages de tous ceux que vous rencontrerez dans votre humble service, les membres de la Curie comme les pèlerins de chaque jour, soient autant d’appels à accueillir le sens véritable de notre vie: découvrir et faire connaître l’amour de Dieu pour chacun !

Je remercie particulièrement vos familles, venues vous accompagner. Elles ont accepté que vous veniez à Rome pour vivre ce service et elles vous soutiennent par leur affection et leurs prières. Le serment que vous allez prononcer, chers jeunes, prolonge et honore la mémoire de vos prédécesseurs qui ont donné leur vie, le 6 mai 1527, pour protéger le Pape Clément VII. Le Pape le sait bien et il vous assure aujourd’hui de sa profonde gratitude.

3.
4.



À S.E. M. GRYGORII FOKOVYCH KHORUZHYI, NOUVEL AMBASSADEUR D'UKRAINE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Vendredi 7 mai 2004



Monsieur l'Ambassadeur!

1. C'est avec plaisir que j'accepte les Lettres qui vous accréditent en tant que nouveau représentant de l'Ukraine près le Saint-Siège. En cette heureuse circonstance, je suis heureux de vous adresser mes salutations et de vous souhaiter la plus cordiale bienvenue.

J'ai apprécié les aimables paroles que vous m'avez adressées et je vous demande de vous faire l'interprète auprès de M. Leonid Danilovic Kucma, Président de l'Ukraine, de ma gratitude pour le salut particulier qu'il a voulu m'envoyer à travers vous. Je lui présente en retour mes meilleurs voeux pour sa haute fonction de Premier Citoyen de la bien-aimée nation ukrainienne, à laquelle je désire faire parvenir une pen-sée affectueuse et bienveillante.

2. En raison des traditions et de la culture qui le distinguent, le peuple ukrainien se sent à juste titre partie intégrante de l'Europe et désire tisser un rapport plus étroit avec les autres nations du continent, tout en conservant les caractéristiques politiques et culturelles qui le distinguent.

Le Saint-Siège considère que ces aspirations légitimes méritent d'être attentivement considérées, car elles sont utiles au projet de collaboration européenne. Placée au carrefour de l'Orient et de l'Occident, l'Ukraine pourra mieux accomplir sa mission de rencontre entre les différents peuples et cultures si elle conserve intacte sa physionomie particulière. En continuant d'oeuvrer avec application dans le domaine spirituel, social, politique et économique, elle pourra devenir un laboratoire important de dialogue, de développement et de coopération avec et pour tous.

Mais pour atteindre cet objectif, il faut que tous les fils de la terre ukrainienne, chacun selon ses responsabilités et ses compétences, se consacrent avec une générosité clairvoyante à poursuivre le bien commun. Cela exige que les représentants du peuple, les administrateurs publics, les hommes de culture et les responsables de l'économie sachent placer leurs compétences de façon désintéressée au service du progrès authentique de la patrie, en réservant une attention particulière aux plus pauvres, aux jeunes à la recherche d'un travail, aux enfants, et également à ceux qui sont encore dans le sein maternel.

L'Eglise catholique, dans la mesure de ses possibilités et dans le plein respect du domaine d'action légitime des autorités civiles, ne manquera pas de contribuer à l'édification d'une nation prospère et pacifique.

3. Monsieur l'Ambassadeur, en vous accueillant aujourd'hui, je repense à la visite que la Providence m'a accordé d'accomplir, il y a trois ans, en Ukraine, terre de rencontre entre des peuples divers par leur culture et leurs traditions. Comment oublier Kiev, ses coupoles d'or, ses splendides jardins, ses habitants travailleurs et ouverts, et Lviv, ville aux insignes monuments si riches de mémoire chrétienne, empreinte d'hospitalité authentique et cordiale?

Depuis que, il y a plus de mille ans à présent, sur les rives du Dniepr, la marque du Baptême a rattaché les peuples d'Ukraine à la grande famille des disciples du Christ, cette terre a connu un développement important de son identité culturelle et spirituelle. L'Evangile a façonné sa vie, sa culture et ses institutions, et c'est pourquoi l'Ukraine possède aujourd' hui une grande responsabilité en vue de comprendre, défendre et promouvoir son héritage chrétien, marque distinctive de la nation, que même la sombre dictature du communisme n'a pas réussi à ébranler.

L'Eglise entend bien soutenir cette identité. Comme vous l'avez rappelé de façon opportune, le gouvernement poursuit une politique de liberté religieuse, en permettant aux Communautés ecclésiales d'accomplir leur mission. Dans ce contexte de bonne volonté, il est souhaitable que l'on arrive bientôt à une définition juridique des Eglises, dans un cadre de réelle parité entre toutes, et que l'on trouve, dans le même temps, des ententes honorables sur l'enseignement religieux et sur la reconnaissance de la part de l'Etat de la théologie comme discipline universitaire. L'on peut également souhaiter que soient stipulés des accords satisfaisants dans le domaine plus délicat de la restitution des biens ecclésiaux confisqués pendant la dictature communiste.

4. Lorsque je pense à la situation religieuse du cher peuple ukrainien, je ne peux manquer de constater que les disciples du Christ se présentent malheureusement encore divisés, un fait perçu avec une certaine amertume par l'ensemble de la communauté ukrainienne. Le dialogue oecuménique est toutefois en cours et conduit à des ententes toujours plus étroites dans le respect réciproque et la recherche constante de l'unité voulue par le Christ. Que ce dialogue sincère et clairvoyant se poursuive et se renforce même, grâce à la contribution de tous!

Quant à l'Eglise catholique en Ukraine, depuis l'indépendance du pays jusqu'à aujourd'hui, elle a connu un printemps prometteur d'espérance et, dans chacune de ses composantes, elle est animée par le désir de parvenir à la pleine unité avec tous les chrétiens.

Monsieur l'Ambassadeur, au moment où vous vous apprêtez à assumer votre haute fonction, je suis heureux de vous assurer que vous trouverez toujours ici, au Vatican, auprès de mes collaborateurs, des esprits et des coeurs disposés à vous apporter leur assistance et leur soutien, afin que vous puissiez accomplir au mieux la mission qui vous a été confiée. Pour ma part, tandis que je souhaite de tout coeur que se renforcent toujours davantage, notamment grâce à votre contribution personnelle, les liens déjà solides qui unissent le pays que vous représentez et le Saint-Siège, j'invoque sur vous, sur les Autorités du gouvernement ainsi que sur tout le peuple ukrainien, qui m'est particulièrement cher, une abondance de Bénédictions divines.



AUX MEMBRES DE LA PAPAL FOUNDATION

Vendredi 7 mai 2004 



Eminences,
Excellences,
Chers frères et soeurs dans le Christ,

Je suis heureux de vous saluer, membres de la Papal Foundation, à l'occasion de votre visite annuelle à Rome, et je vous souhaite la bienvenue à travers les paroles que notre Sauveur a adressées à ses disciples après sa résurrection d'entre les morts: "Paix à vous!" (Jn 20,19).

Je vous suis très reconnaissant à tous pour votre soutien constant à mon ministère pastoral au service de l'Eglise universelle. En effet, votre dévouement à la Papal Foundation, à travers le don généreux de votre temps, de vos talents et de votre richesse, représente un exemple concret de votre amour et de votre engagement pour l'Eglise et le Successeur de Pierre.

Alors que vous rentrez dans votre pays, je vous confie tous à la protection de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l'Eglise, et je vous donne cordialement ma Bénédiction apostolique, ainsi qu'à vos familles, en signe de joie et de paix dans le Seigneur Ressuscité



AUX AMBASSADEURS AUPRÈS DE L’UNESCO

Samedi 8 mai 2004


Monsieur le Président,
Excellences!

1. Je vous salue avec affection, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs de l'Organisation des Nations unies pour l'Education, la Science et la Culture, à l'occasion de votre visite au Vatican, et je remercie Monsieur l'Ambassadeur Omolewa pour les aimables sentiments qu'il m'a exprimés. Je souhaite que votre visite dans la Ville éternelle vous enrichisse et vous renouvelle dans vos efforts en vue de protéger et de promouvoir l'authentique progrès dans les domaines de l'éducation, de la science et de la culture.

Le progrès de la société humaine est directement lié au progrès de la culture. En réalité, la culture représente pour les hommes une façon spécifique de "vivre" et d'"être" et, dans le même temps, elle forme un lien qui détermine le caractère unique de l'existence sociale de l'homme. En effet, les hommes vivent une vie authentiquement humaine grâce à la culture, dont une expression importante se trouve dans les arts et les sciences.

2. L'Eglise a toujours été l'amie des arts et des sciences. En vérité, l'héritage artistique mondial est un trésor de créativité humaine; il offre un témoignage éloquent de l'intelligence de l'humanité, qui participe au travail du divin Créateur. L'Eglise a constamment fait appel aux beaux-arts pour l'aider à célébrer le don de la vie et, tout particulièrement, ses rites sacrés d'une manière vraiment digne, juste et belle.

En faisant ainsi elle a aidé à développer un patrimoine incomparable de musique, d'art et de littérature, qui représente une contribution significative au progrès de la culture. De plus, l'Eglise a encouragé le développement des sciences, spécialement dans sa promotion de la dignité et de la valeur de la vie humaine.

3. Cet engagement s'est exprimé concrètement à travers la création de nombreuses institutions comme l'Académie pontificale des Sciences, qui a célébré récemment son quatrième centenaire, l'Académie pontificale des Sciences Sociales et l'Académie pontificale pour la Vie.

Malheureusement, en ces temps difficiles, nous trouvons souvent notre progrès menacé par les maux de la guerre, de la pauvreté, du racisme et de l'exploitation d'autrui. Ces influences néfastes non seulement pèsent sur notre existence humaine mais elles entravent également notre capacité à construire un monde meilleur.

4. Je prie pour que les organisations telles que l'UNESCO demeurent un élément essentiel dans l'édification d'une véritable culture fondée sur la paix, la justice et l'équité.

Vous souhaitant mes voeux les meilleurs pour la poursuite de votre mission, j'invoque sur vous et sur tous vos collègues l'abondance des Bénédictions divines.



AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ SAINT-PAUL  

Jeudi 13 mai 2004



Très chers frères!

1. Un mois s'est désormais écoulé depuis la grande fête de la béatification du fondateur dom Giacomo Alberione. C'est avec joie que je vous accueille aujourd'hui, vous qui êtes ses fils spirituels, réunis à l'occasion du Chapitre général de la Société Saint-Paul. Je vous salue et je vous remercie pour les sentiments cordiaux dont s'est fait l'interprète dom Silvio Sassi, votre nouveau Supérieur général, auquel j'adresse mes voeux de bon travail. A travers vous, je voudrais envoyer ma pensée à tous vos confrères présents dans tant de nations du monde.

2. Le thème de votre Assemblée capitulaire est significatif: "Etre saint Paul aujourd'hui vivant. Une Congrégation qui se projette en avant". Dans ces paroles, on retrouve dom Alberione tout entier: sa vénération pour l'apôtre Paul, son optimisme évangélique, sa "mystique de l'apostolat", tout entière inspirée par la méditation des écrits de saint Paul. Il y a cinquante ans, il écrivait: "La famille paulinienne doit être saint Paul aujourd'hui vivant, selon l'esprit du Maître divin; oeuvrant sous le regard et avec la grâce de Marie Regina Apostolorum" (Bulletin "Saint Paul", juillet-août 1954). D'où l'exigence de l'imiter, comme il l'écrivait aux chrétiens de Corinthe: "Montrez-vous mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ" (1Co 11,1). Le thème que vous avez choisi vous invite donc à repartir du Christ et de saint Paul.

3. Mais comment cela peut-il se réaliser? C'est encore le bienheureux Alberione qui vous le montre: il s'agit de mieux connaître l'Apôtre, de mieux en imiter les vertus, de le prier, de l'aimer. Chaque nouvelle génération de Pauliniens doit dans un certain sens redécouvrir saint Paul: "Connaître l'Apostolus Christi, le Magister gentium, le Minister Ecclesiae, le Vas electionis, le Praedicator evangelii, le Martyr Christi". Il faut s'engager à imiter saint Paul avec un amour filial, pour être "formés" par lui: "Ut nosmetipsos formam daremus vobis" (2Th 3,9), comme le rappelait l'Apôtre aux Thessaloniciens. Il est nécessaire, observe à juste titre votre fondateur, de nourrir pour lui une confiance particulière dans la prière, fondée sur la conscience d'être ses fils: "Les fils ont la vie du père; vivre donc en lui, par lui, pour lui, pour vivre Jésus Christ" (Bulletin "Saint Paul", octobre 1954).

4. De cette fidélité au charisme dépend l'avenir de votre Congrégation. Engagez-vous à unir toujours plus à la compétence professionnelle nécessaire une recherche constante de la sainteté. Soyez avant tout des hommes de prière et des témoins joyeux d'une fidélité indéfectible au Christ. Qu'au sommet de tout projet humain, on le trouve Lui, le Maître divin, vers lequel doit converger toute action apostolique et missionnaire dans un domaine, celui des communications sociales, très important pour la nouvelle évangélisation. Avec cette orientation intérieure, en pleine fidélité à l'Eglise et à ses pasteurs, vous pourrez accomplir un travail approfondi de réalisation du précieux héritage spirituel, doctrinal et apostolique que le Fondateur vous a laissé.

5. Poussés par son exemple, demandez-vous toujours: que ferait saint Paul s'il vivait à notre époque? C'est dom Alberione lui-même qui vous répond: "Si saint Paul vivait, il continuerait à briller de cette double flamme... le zèle pour Dieu et son Christ, et pour les hommes de tout pays. Et pour se faire entendre, il monterait sur les chaires les plus hautes et multiplierait ses paroles à travers les moyens du progrès actuel: presse, cinéma, radio, télévision" (Bulletin "Saint Paul", octobre 1954).

Tel est, très chers amis, votre programme apostolique exigeant. Si vous l'accomplissez avec une fidélité constante à l'esprit original de votre Institut, vous offrirez une contribution précieuse à la mission de l'Eglise au troisième millénaire.

Que la Très Sainte Vierge Marie, Reine des Apôtres, vous guide et vous accompagne. Je vous assure de mon souvenir particulier dans la prière et je vous bénis tous de tout coeur, ainsi que tous vos confrères.


À S. EXC. MONSIEUR ABDOULAYE WADE, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL

Jeudi 13 mai 2004



Monsieur le Président,

Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence et de Lui souhaiter, ainsi qu’à toute la délégation qui L’accompagne, une cordiale bienvenue.

Je forme des voeux fervents pour sa personne et pour l’accomplissement de sa haute mission, gardant en mémoire l’heureux souvenir de ma visite apostolique au Sénégal. Je demande au Très-Haut de soutenir les efforts de tous ceux qui sont engagés dans l’édification d’une société érigée sur la justice et sur la paix, dans le respect des valeurs et des traditions religieuses propres à chacun, respect qui contribue à l’unité nationale, ainsi qu’au maintien de la concorde et à la promotion de la fraternité entre tous les membres de la société.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur le peuple du Sénégal et sur ses dirigeants, j’implore l’abondance des bénédictions du Tout-Puissant.



AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DES ÉTATS-UNIS (RÉGION XI) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 14 mai 2004


Chers frères Evêques,

1. "Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour [...] nous a fait revivre avec le Christ" (Ep 2,4-5). En reprenant ces paroles de saint Paul, je vous souhaite une cordiale bienvenue, Evêques de l'Eglise qui est en Californie, au Nevada et aux Iles Hawaï, à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum". Poursuivant ma réflexion sur le munus sanctificandi des Evêques, je désire m'arrêter sur l'appel à une profonde conversion du coeur et de l'esprit, fondamentale pour une nouvelle impulsion dans la vie chrétienne, à laquelle j'ai invité l'Eglise tout entière. Je suis certain que l'engagement en vue d'une purification permanente et d'un profond renouveau suscitera une plus grande estime de la mission de sanctification de l'Eglise et rendra davantage prophétique son témoignage à la société américaine et au monde.

2. Chaque membre de l'Eglise est un pèlerin sur le chemin de la sanctification personnelle. A travers le baptême, le croyant entre dans la sainteté de Dieu lui-même, étant incorporé au Christ et transformé en demeure de son Esprit. La sainteté n'est cependant pas seulement un don. Elle est également un devoir, intrinsèque et essentiel à la "sequela", qui modèle toute la vie chrétienne (cf. Novo Millennio ineunte NM 30). Poussée par l'enseignement explicite du Seigneur - "la volonté de Dieu: c'est votre sanctification" (1Th 4,3) -, la communauté des croyants grandit, à juste titre, dans la conscience que c'est la sainteté qui exprime le mieux le mystère de l'Eglise (cf. Novo Millennio ineunte NM 7) et qui suscite le désir d'apporter "un témoignage lumineux" (cf. Lumen gentium LG 39).

En tant qu'Evêques, vous devez vous trouver en première ligne dans ce voyage spirituel de sanctification. Votre ministère épiscopal de service ecclésial, caractérisé par votre recherche personnelle de sainteté et par votre vocation à sanctifier les autres, est une participation au ministère de Jésus et vise à l'édification de son Eglise. Cela exige un modèle de vie qui rejette sans équivoque toute tentation d'ostentation, de carriérisme ou de recours à des modèles séculiers de conduite, et qui, en revanche, vous demande de rendre témoignage à la kénose du Christ, dans la charité pastorale, dans l'humilité et dans la simplicité de vie (cf. CIC CIC 387 Ecclesia in America, n. 28). En marchant aux côtés du Seigneur, vous croîtrez dans une sainteté vécue avec et pour vos prêtres et vos fidèles, en suscitant chez eux le désir d'embrasser les valeurs élevées de la vie chrétienne et en les guidant sur les traces du Christ.

3. La crédibilité de la proclamation de la Bonne Nouvelle par l'Eglise est étroitement liée à l'engagement de ses membres dans la sanctification personnelle. L'Eglise a toujours besoin de purification et doit donc constamment suivre le chemin de la pénitence et du renouveau (cf. Lumen gentium LG 8). La volonté du Père que tous les croyants soient sanctifiés est amplifiée par l'exhortation fondamentale du Fils: "repentez-vous et croyez à l'Evangile" (Mc 1,15). De la même façon que Pierre a répété avec courage cet impératif lors de la Pentecôte (cf. Ac 2,38), vous avez vous aussi le devoir d'annoncer un appel kérygmatique à la conversion et à la pénitence, en proclamant l'infinie miséricorde de Dieu et en invitant chaque personne à vivre l'expérience de l'appel à la réconciliation et à l'espérance, qui est central dans l'Evangile (cf. Pastores gregis ).

Le courage de faire face à la crise de la perte du sens du péché, contre laquelle j'ai mis en garde toute l'Eglise au début de mon Pontificat (cf. Reconciliatio et paenitentia RP 18), doit être aujourd'hui affronté avec une urgence particulière. Alors que les effets du péché abondent - avidité, malhonnêteté et corruption, relations faussées et exploitation des personnes, pornographie et violence - la reconnaissance du péché personnel a disparu. A sa place est née une inquiétante culture de la dénonciation et du conflit, qui parle davantage de vengeance que de justice et qui ne reconnaît pas que dans chaque homme et chaque femme se trouve une blessure que, à la lumière de la foi, nous appelons le péché originel (cf. ibid, RP RP 2).

Saint Jean nous dit: "Si nous disons: "Nous n'avons pas de péché", nous nous abusons" (1Jn 1,8). Le péché fait partie intégrante de la vérité sur la personne humaine. Se reconnaître soi-même en tant que pécheur est le premier pas fondamental à accomplir pour revenir à l'amour salvifique de Dieu. En vertu de cette réalité, le devoir de l'Evêque d'indiquer la présence douloureuse et destructrice du péché, que ce soit chez les individus ou chez les communautés est, en effet, un service d'espérance. Loin d'être quelque chose de négatif, cela encourage les croyants à abandonner le mal et à embrasser la perfection de l'amour et la plénitude de la vie chrétienne. Annonçons avec courage que nous ne sommes pas la somme totale de nos faiblesses et de nos manquements! Nous sommes la somme de l'amour de Dieu pour nous, et en mesure de devenir l'image de son Fils!

4. La paix durable et l'harmonie auxquelles aspirent tellement les individus, les familles et la société ne peuvent être conquises qu'à travers cette conversion qui est le fruit de la miséricorde et une partie constituante de la véritable réconciliation. En tant qu'Evêques, vous avez le devoir difficile, mais toutefois satisfaisant, de promouvoir la compréhension chrétienne authentique de la réconciliation. Sans doute aucune histoire n'illustre-t-elle mieux le drame profond de la metanoia que la parabole du Fils prodigue, sur laquelle je me suis longuement arrêté ailleurs (cf. Dives in misericordia DM 5-6). Le Fils prodigue représente, dans un certain sens, tous les hommes et toutes les femmes. Nous pouvons tous être attirés par la tentation de nous séparer du Père et, donc, subir la perte de la dignité, l'humiliation et la honte; mais, de même, nous pouvons tous avoir le courage de retourner vers le Père, qui nous embrasse avec un amour qui, transcendant la justice elle-même, se manifeste comme miséricorde.

Le Christ, qui révèle la miséricorde abondante de Dieu, nous demande de faire la même chose, également face à un péché grave. En effet, la miséricorde "constitue le contenu fondamental du message messianique du Christ et la force constitutive de sa mission" (Ibid., DM DM 6); et elle ne pourra donc jamais être laissée de côté au nom du pragmatisme. C'est précisément la fidélité du Père à l'amour miséricordieux, qui est le sien en tant que Père, qui fait qu'il rétablit le rapport filial avec le fils qui "était perdu et [il] est retrouvé" (Lc 15,32). En tant que pasteurs de votre troupeau, c'est avec cet amour miséricordieux - et jamais avec le sentiment d'accorder une faveur - que vous devez vous aussi vous pencher "sur chaque enfant prodigue, sur chaque misère humaine, et surtout sur chaque misère morale, sur le péché" (Dives in misericordia DM 6). De cette façon, vous tirerez le bien du mal, vous rétablirez la vie à partir de la mort, révélant à nouveau le visage authentique de la miséricorde du Père, si nécessaire à l'époque actuelle.

5. Chers frères, je désire vous encourager de façon particulière dans votre promotion du Sacrement de la Pénitence. Comme moyen institué de façon divine, à travers lequel l'Eglise propose l'activité pastorale de la réconciliation, c'est "le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l'Eglise" (Catéchisme de l'Eglise catholique, CEC 1484). Bien que l'on ne puisse nier que le profond pouvoir de ce sacrement est souvent considéré aujourd'hui avec indifférence, il est également vrai que les jeunes, en particulier, témoignent volontiers des grâces et des bénéfices transformateurs qu'il apporte. Fortifié par ce message encourageant, je fais à nouveau appel directement à vous et à vos prêtres: armez-vous d'une plus grande confiance, de créativité et de persévérance en le présentant et en guidant les personnes afin qu'elles l'apprécient (cf. Novo Millennio ineunte NM 37). Le temps passé au confessionnal est un temps passé au service du patrimoine spirituel de l'Eglise et du salut des âmes (cf. Reconciliatio et paenitentia RP 29).

En tant qu'Evêques, il est particulièrement important pour vous d'avoir fréquemment recours au Sacrement de la Réconciliation, afin d'obtenir le don de cette miséricorde dont vous avez vous-mêmes été faits les ministres (cf. Pastores gregis ). Puisque vous êtes appelés à montrer le visage du Bon Pasteur et que vous devez donc posséder, plus que les autres, le coeur du Christ lui-même, vous devez faire vôtre le cri du Psalmiste: "Dieu, crée pour moi un coeur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme" (Ps 51,12). Sanctifiés par les grâces reçues en vous approchant régulièrement de ce sacrement, je suis certain que vous encouragerez vos frères dans le sacerdoce et tous les fidèles à redécouvrir la pleine beauté de celui-ci.

6. C'est avec une affection fraternelle que je partage avec vous ces réflexions et que je vous assure de mes prières alors que vous cherchez à rendre la mission de sanctification et de réconciliation de l'Eglise toujours plus appréciée et présente dans vos communautés ecclésiales et civiques. Le message d'espérance que vous proclamez à un monde trop souvent marqué par le péché et la division, ne manquera pas de susciter une nouvelle ferveur et un zèle renouvelé pour la vie chrétienne! Avec ces sentiments, je vous confie à Marie, Mère de Jésus, en qui s'accomplit la réconciliation de Dieu avec les hommes. Je vous donne ma Bénédiction apostolique, ainsi qu'à vos prêtres, aux diacres, aux religieux et aux fidèles laïcs de vos diocèses.



AUX PARTICIPANTS À LA IV RÉUNION DE LA II ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L'EUROPE DU SYNODE DES ÉVÊQUES

Vendredi 14 mai 2004



Très chers frères dans l'épiscopat!

1. J'adresse à chacun de vous un salut particulièrement joyeux en ce temps pascal, alors que vous êtes réunis à Rome pour la quatrième Réunion du Conseil spécial pour l'Europe du Secrétariat général du Synode des Evêques.

Je vous exprime ma gratitude pour le travail que vous accomplissez au service de la Collégialité épiscopale, en offrant au Successeur de Pierre le soutien de vos conseils prudents et de votre charité pastorale.

Avec vous, j'ai aujourd'hui la joie de saluer Mgr Nikola Eterovic, que j'ai récemment appelé à accomplir, en tant que Secrétaire général du Synode des Evêques, ce service particulier à l'égard du ministère pétrinien et de la collégialité des Pasteurs de l'Eglise.

2. C'est la première fois que vous vous réunissez depuis la promulgation de l'Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa, qui a suivi la Deuxième Assemblée spéciale pour l'Europe du Synode des Evêques. Votre but est de réfléchir sur son accueil et de tout mettre en oeuvre pour, nous l'espérons, une meilleure diffusion, connaissance et application de cet important document, né dans le climat synodal de l'Eglise en pèlerinage sur notre continent européen.

Votre réunion se déroule à un moment particulier, caractérisé par le récent élargissement de l'Union européenne. L'Eglise catholique souhaite que ce processus se poursuive jusqu'à atteindre les frontières géographiques du continent, embrassant tous les peuples européens. En effet, outre les liens historiques profonds qui les unissent, ils partagent les mêmes valeurs culturelles et religieuses.

3. Une Europe des peuples, unie dans le respect de la pluralité légitime qui enrichit les nations particulières, petites et grandes, dans un processus ouvert d'échange de dons. Une Europe où sont respectées la dignité transcendante de la personne humaine, la valeur de la raison, de la liberté, de la démocratie, de l'Etat de droit et de la distinction entre politique et religion (cf. Ecclesia in Europa, n. 109). Cette Europe, fondée sur le droit, visant à respecter les valeurs humaines et chrétiennes et orientée vers la solidarité en faveur de tous ses membres, en particulier ceux qui en ont le plus besoin, deviendra un continent de prospérité et de paix, qui constituera un exemple encourageant pour les autres peuples et pour les autres nations.

L'Eglise catholique, forte du message de paix et d'espérance que lui offre le Seigneur ressuscité, ne se lassera jamais de reproposer cet idéal aux peuples européens en ce moment important de leur histoire, en s'engageant, dans son domaine de compétence, à mettre en oeuvre ce noble projet, afin qu'il devienne la source d'un avenir meilleur pour tous ses habitants et pour l'humanité tout entière.

4. Je confie l'accomplissement de ces propositions généreuses à l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l'espérance, afin que l'Europe, en se retrouvant elle-même, soit en mesure d'édifier un avenir meilleur pour tous ses citoyens, dans le respect des droits de Dieu et de l'homme, et devienne toujours davantage un continent de prospérité et de paix.

En signe de communion collégiale et de gratitude pour votre précieux service, également en qualité de membres du Conseil spécial pour l'Europe du Secrétariat général du Synode des Evêques, je vous donne bien volontiers la Bénédiction apostolique.



À S. EXC. MONSIEUR EMILE LAHOUD, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU LIBAN

Samedi 15 mai 2004

Monsieur le Président,

J’accueille Votre Excellence avec joie et je Lui souhaite, ainsi qu’à toute la délégation qui l’accompagne, une cordiale bienvenue.

Gardant un heureux souvenir de ma visite apostolique dans votre cher pays, je forme des voeux chaleureux pour Votre personne et pour tous vos compatriotes. Je demande à Dieu d’aider tous les Libanais à consolider l’unité de leur Nation, dans la concorde et le respect de tous ceux qui la composent, et je souhaite que la canonisation d’un fils de votre terre, le P. Nimatullah Al-Hardini, soit pour vos concitoyens un exemple de vie fraternelle. Je prie Dieu de soutenir également les efforts de tous les hommes de bonne volonté en faveur de la paix, particulièrement dans la région du Moyen-Orient tant éprouvée par des violences inacceptables.

Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur le cher peuple libanais et sur ses dirigeants, j’invoque l’abondance des Bénédictions divines.



AU MAIRE D'ATHÈNES MADAME DORA BAKOYIANNIS  

Samedi 15 mai 2004



Je suis heureux de vous accueillir, Madame le Maire, et de vous souhaiter la bienvenue, ainsi qu’à la délégation qui vous accompagne.

Je forme le voeu que la célébration prochaine des Jeux olympiques dans votre ville soit une manifestation de fraternité pour tous les participants et un message de paix et de rassemblement pour tous ceux qui en seront les spectateurs dans le monde entier. Dans cet esprit, j’invoque sur vous-même et sur tous les organisateurs de cette fête les Bénédictions divines.



AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX

Samedi 15 mai 2004



Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Très chers frères et soeurs!

1. Je vous adresse à tous mes salutations cordiales, vous qui êtes venus de différentes régions du monde pour participer à l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux.

Je salue le Président, S.Exc. Mgr Michael Louis Fitzgerald, et je le remercie des aimables paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je salue le Secrétaire et les autres membres du Conseil pontifical, ainsi que tous ceux qui ont préparé cette importante rencontre, à travers laquelle vous entendez célébrer le 40 anniversaire de l'érection du Dicastère, qui eut lieu le 19 mai 1964.

La décision de mon vénéré Prédécesseur, le serviteur de Dieu Paul VI, naquit - comme il le souligna lui-même - "de l'atmosphère d'union et d'entente qui a nettement caractérisé le Concile Vatican II" (Discours au Collège des Cardinaux, 23 juin 1964; cf. ORLF n. 27 du 3 juillet 1964). Et c'est directement du Concile, notamment de la Déclaration Nostra Aetate, que ce nouveau dicastère reçut ses orientations pour son activité visant à promouvoir les relations avec les fidèles d'autres religions.

2. Au cours de ces quarante années, le Dicastère a accompli son service ecclésial avec un engagement zélé, en trouvant un accueil positif et des convergences fructueuses dans de nombreux diocèses, ainsi que dans des Eglises et des communautés chrétiennes de dénominations différentes.

L'importance du travail que vous accomplissez a également été perçue par le grand nombre d'organisations d'autres religions qui ont eu par le passé, et continuent d'entretenir encore à présent, des contacts fructueux avec votre Conseil pontifical, et partagent avec vous diverses initiatives de dialogue. Il faut intensifier cette coopération fructueuse, en orientant l'attention sur des thématiques d'intérêt commun.

3. Les années à venir verront l'Eglise encore plus engagée pour répondre au grand défi du dialogue interreligieux. Dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, j'ai eu l'occasion de souligner que le millénaire qui vient de commencer s'inscrit dans la perspective d'un "pluralisme culturel et religieux plus marqué" (NM 55). Le dialogue est donc important et doit continuer, car il "fait partie de la mission évangélisatrice de l'Eglise" et, avec l'annonce du Christ, ils constituent deux éléments "intimement liés", mais qui doivent demeurer distincts, sans confusion ni instrumentalisation (Lettre encyclique Redemptoris missio RMi 55). En promouvant ce dialogue avec les fidèles d'autres religions, il faut toutefois éviter toute forme de relativisme et d'indifférentisme religieux, en s'efforçant d'offrir à tous avec respect le témoignage joyeux de l'"espérance qui est en nous" (cf. 1P 3,15).

4. Comme je l'observais dans Novo millennio ineunte, le dialogue interreligieux est par ailleurs important pour "assurer aussi les conditions de la paix" et faire en sorte que "le nom du Dieu unique" devienne "toujours plus ce qu'il est, un nom de paix et un impératif de paix" (NM 55). En vertu du "ministère de la réconciliation", que Dieu leur a confié (cf. 2Co 5,18), les chrétiens savent qu'ils peuvent contribuer à l'édification de la paix dans le monde, en se laissant animer par l'amour pour tous les hommes et pour tout homme, en recherchant avec courage la vérité, en cultivant une soif prophétique de justice et de liberté. Cet effort doit toujours être accompagné d'une prière persévérante, humble et confiante à Dieu. En effet, la paix est avant tout un don divin qu'il faut implorer inlassablement.

Que la Vierge Marie accompagne le travail de votre Conseil pontifical et fasse que chacun de vos projets porte des fruits. Pour ma part, je vous assure de mon souvenir dans la prière, et je vous donne de tout coeur à tous une Bénédiction apostolique particulière.



Discours 2004 - Jeudi 6 mai 2004