Discours 2004 - Samedi 15 mai 2004


AUDIENCE AUX PÈLERINS VENUS À ROME POUR LA CANONISATION DU BIENHEUREUX DON ORIONE DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II

Samedi 15 mai 2004



1. C'est avec une grande joie que je vous rencontre ce soir, très chers frères et soeurs, qui représentez toute la famille du bienheureux Luigi Orione.

Je salue les Cardinaux, les Evêques, les représentants des Autorités et tous ceux qui ont voulu participer à cette fête. J'adresse une pensée spéciale au Directeur général de l'Institut, dom Roberto Simionato, qui a voulu se faire l'interprète des sentiments de chacun de vous.

Je salue ensuite les diverses composantes de la Famille de Don Orione: les Fils de la Divine Providence, les Petites Soeurs missionnaires de la Charité, les laïcs consacrés et associés au Mouvement de laïcs de Don Orione, les fidèles et les pèlerins provenant d'Europe, d'Afrique, d'Asie et des Amériques.

J'adresse un salut spécial aux jeunes et aux nombreuses personnes porteuses de handicap ici présentes, qui m'offrent l'occasion d'embrasser en esprit tous les résidents de vos maisons, que Don Orione considérait comme ses "trésors" et ses "perles" précieuses. Un salut reconnaissant va également à la Rai, qui offre aux très nombreux Italiens présents dans le monde la possibilité de s'unir à cette manifestation.

2. J'ai eu une très agréable surprise en écoutant, il y a quelques instants, la voix de Don Orione. Combien de coeurs cette voix a-t-elle consolés, combien de personnes a-t-elle conseillées! Il a indiqué à tous la voie du bien.

Humble et courageux, au cours de toute son existence, il se pencha toujours sur les besoins des pauvres, prêt à y répondre, si bien qu'on l'honora du qualificatif de "porteur de la Divine Providence".

Son témoignage reste très actuel. Le monde, trop souvent dominé par l'indifférence et par la violence, a besoin de personnes qui, comme lui, "comblent d'amour les sillons de la terre, remplis d'égoïsme et de haine" (Ecrits, 62, 99). Nous avons besoin de bons Samaritains prêts à répondre au "cri angoissé de tant de nos frères qui souffrent et aspirent au Christ" (ibid., 80, 170).

3. Très chers frères et soeurs, Don Orione eut la claire intuition que la première oeuvre de justice est d'apporter le Christ aux peuples, car "c'est la charité qui édifie chacun, qui rassemble tous dans le Christ et dans son Eglise" (ibid., 61, 153).

C'est là que se trouve le secret de la sainteté, mais également de la paix que nous souhaitons ardemment pour les familles, pour les peuples. Que Don Orione intercède, en particulier pour la paix en Terre Sainte, en Irak et dans les autres régions du globe, bouleversées par les guerres et les conflits sanglants.

Nous nous adressons à présent à la Madone, à laquelle votre Fondateur fut toujours très fidèle, afin qu'elle continue à protéger la Petite Oeuvre de la Divine Providence, appelée à annoncer et à témoigner l'Evangile aux hommes du troisième millénaire.

Je donne à tous ma Bénédiction.
* * *


Au terme du discours, avant la récitation de l'Acte de consécration à la Madone de la Divine Providence, Jean-Paul II a jouté les paroles suivantes:

Je voudrais encore rappeler ici un Fils spirituel de Don Orione, que j'ai connu en Pologne... il s'agissait de Mgr Bronislaw Dabrowski, Secrétaire général de l'épiscopat polonais. Je m'en rappelle toujours avec une profonde sympathie et reconnaissance, car il nous a enseigné, en ces temps difficiles, qu'il faut être courageux, humbles et forts. Paix à son âme. Je vous remercie tous encore une fois.

ACTE DE CONSÉCRATION À LA VIERGE




(Saint Père)

1. Marie, Mère du Christ et de l'Eglise,
alors que nous contemplons à Tes côtés dans la gloire
Luigi Orione, père des pauvres
et bienfaiteur de l'humanité souffrante et abandonnée,
Nous te consacrons
la Petite OEuvre de la Divine Providence,
qui est ton oeuvre depuis le début.
A tes fils et tes filles donne, ô Mère,
cette inépuisable capacité d'aimer
qui naît du Coeur transpercé du Crucifié.
Donne-leur faim et soif de charité apostolique
à l'exemple du Fondateur,
qui soupirait: des âmes, des âmes!

2. Rappelle-toi, Sainte Vierge,
de l'humble Famille religieuse que,
après une prière intense et prolongée
devant ton image vénérée,
Don Orione offrit à l'Eglise.
Tu as voulu t'appuyer sur la Petite OEuvre,
en appelant ses fils et ses filles au très grand privilège
de servir le Christ dans les pauvres.
Tu as voulu qu'il soient animés d'une charité ardente
et confiants dans ta Divine Providence.
Que jamais ne s'éteigne en eux le feu sacré
de l'amour de Dieu envers le prochain.

3. Donne-leur un amour pieux
pour le Successeur de Pierre,
une obéissance zélée envers les Evêques,
une disponibilité généreuse
dans le service à la communauté chrétienne.
Rends-les sensibles aux nécessités de leur prochain,
attentifs et pleins de sollicitude
à l'égard de leurs frères les plus pauvres et abandonnés,
à l'égard des laissés-pour-compte
et de ceux qui sont considérés
comme les rebuts de la société.
Fais que les filles et les fils de Don Orione
soutenus par un amour sans limites pour le Christ,
sachent accueillir avec une miséricorde inépuisable
chaque forme de misère humaine,
en manifestant de l'amour
et de la compassion pour tous.

4. O Marie, donne à la Famille de Don Orione
une coeur grand et magnanime,
qui sache soigner toutes les douleurs
et sécher toutes les larmes.
Répands tes grâces avec abondance
sur ceux qui ont recours à Toi
avec confiance pour chaque nécessité.
Que la vie de la Petite OEuvre de la Divine Providence
soit consacrée à donner le Christ au peuple
et le peuple au Christ.

5. Marie, lumineuse Etoile du matin
placée par Dieu sur l'horizon de l'humanité,
étends avec bienveillance ton manteau sur nous,
pèlerins sur les routes du temps
face aux multiples risques et menaces,
et viens à notre secours
maintenant et à l'heure de notre mort.

Amen!


À S.E. M. RICARDO MADURO JOEST PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU HONDURAS

Lundi 17 mai 2004



Monsieur le Président,

Je suis très heureux de vous recevoir et je vous souhaite une cordiale bienvenue, tout en vous remerciant de votre visite. Je forme les meilleurs voeux pour votre personne et pour votre très haute mission au service du peuple hondurien. A cette occasion, je souhaite renouveler l'expression de mon affection pour les habitants de votre pays, que je rappelle toujours dans mes prières, et je demande à Dieu qu'il bénisse chacun d'eux, ainsi que les familles et les divers groupes sociaux, afin qu'ils puissent vivre un présent serein et un avenir empli d'espérance, en édifiant une société fondée sur la justice et sur la paix, sur la fraternité et sur la solidarité, qui favorisera le progrès intégral de tous, en particulier des plus défavorisés.

Sur Votre Excellence, sur ses collaborateurs du Gouvernement et sur tout le peuple catholique du Honduras, j'invoque toutes sortes de Bénédictions de Dieu providentiel et miséricordieux, par l'intercession de la Très Sainte Vierge de Suyapa, tant vénérée dans cette bien-aimée nation.



AUDIENCE AUX PÈLERINS VENUS POUR LES CANONISATIONS DE: HANNIBAL MARIE DI FRANCIA; JOSEP MANYANET Y VIVES;

NIMATULLAH KASSAB AL-HARDINI; PAOLA ELISABETTA CERIOLI; GIANNA BERETTA MOLLA

Lundi 17 mai 2004



Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
très chers frères et soeurs!

1. Après la solennelle célébration d'hier, lors de laquelle j'ai eu la joie de proclamer six nouveaux saints, je suis heureux de vous rencontrer, vous qui êtes liés par une profonde affection spirituelle à cinq d'entre eux: Annibale Maria Di Francia, Josep Manyanet y Vives, Nimatullah Kassab Al-Hardini, Paola Elisabetta Cerioli et Gianna Beretta Molla.

En vous adressant un salut cordial, je voudrais à présent m'arrêter avec vous pour réfléchir brièvement sur la dévotion mariale de ces saints.

2. Hannibal Marie di Francia s'enorgueillissait de porter depuis son Baptême le nom de la Madone, qu'il aimait appeler "ma Maman". Il nourrissait à son égard une dévotion très tendre et ardente, et il l'invoquait en tant que Mère de l'Eglise et Mère des vocations. Il voulut que l'Immaculée fût considérée comme la "Supérieure absolue, immédiate et effective" par les Filles du Divin zèle et par les Rogationnistes, qu'il avait fondés, en recommandant la dévotion à son égard comme le secret de la sainteté et la gloire particulière des deux Instituts.

3. Je vous salue à présent avec affection, pèlerins de langue espagnole qui êtes venus participer à la canonisation de saint José Manyanet, prêtre espagnol qui, au XIX siècle, a été l'instrument élu pour promouvoir le bien de la famille, ainsi que l'éducation des enfants et des jeunes.

Il a placé son coeur dans la Sainte-Famille. L'"Evangile de la Famille", vécu par Jésus de Nazareth avec Marie et Joseph, a été le moteur de la charité pastorale du Père Manyanet et a inspiré sa pédagogie. En outre, il a fait en sorte que la Sainte-Famille fût connue, vénérée et imitée au sein des familles. Tel est son héritage et, reprenant ses paroles, dans sa langue maternelle le catalan, je vous dis aujourd'hui, ainsi qu'aux religieux et aux religieuses qu'il a fondés, aux pères et aux mères de famille, aux élèves et aux anciens élèves de ses centres: "Faites de vos maisons une Nazareth, de vos familles une Sainte-Famille". Que saint Josep Manyanet intercède pour vous!

4. La récitation du Rosaire a rythmé les journées de saint Nimatullah Al-Hardini dès son enfance. Tout au long de sa vie, il a trouvé dans la Mère de Dieu, l'Immaculée-Conception, le modèle même de fidélité au Christ à laquelle il aspirait. A l'exemple de Marie de Nazareth veillant sur l'enfant divin, il a vécu ses voeux monastiques dans la patience et la discrétion, s'abandonnant totalement à la volonté divine.

Puisse son témoignage éveiller en nous tous un amour sincère et filial de Marie, notre Mère et notre protectrice!

5. Paola Elisabetta Cerioli épouse et mère, mais qui fut rapidement privée de ses enfants et de son mari, s'unit au mystère de la Vierge des Douleurs et de sa maternité spirituelle. Elle se consacra alors à l'accueil des enfants orphelins et pauvres, s'inspirant de la Sainte-Famille de Nazareth. A l'école de Marie, elle sut transformer l'amour naturel en amour surnaturel, laissant Dieu agrandir son coeur de Mère.

Que son exemple puisse continuer à parler à de nombreux coeurs d'épouses, de mères, d'âmes consacrées.

6. Gianna Beretta Molla nourrit également une profonde dévotion envers la Madone. La référence à la Vierge est fréquente dans les lettres qu'elle écrivait à son fiancé Pietro et au cours des années suivantes de sa vie, en particulier lorsqu'elle fut hospitalisée pour l'ablation d'un fibrome, sans mettre en danger l'enfant qu'elle portait dans son sein. Ce fut précisément Marie qui la soutint dans le sacrifice extrême de la mort, confirmant ce qu'elle avait toujours aimé répéter: "Sans l'aide de la Madone, on ne va pas au Paradis".

7. Très chers amis, puissent ces nouveaux saints vous aider à tirer profit de leur leçon de vie évangélique. Suivez leurs traces et imitez, de manière particulière, leur dévotion filiale à la Vierge Marie, afin de toujours progresser, à son école, sur la voie de la sainteté.

Avec ce souhait, que j'accompagne de ma prière, je vous renouvelle à tous, ainsi qu'à vos proches, ma Bénédiction apostolique.


AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PASTORALE DES MIGRANTS ET DES PERSONNES EN DÉPLACEMENT

Mardi 18 mai 2004



Monsieur le Cardinal,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce!

1. Je suis heureux de vous rencontrer, à l'occasion de l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement. Je vous salue tous cordialement. J'adresse une pensée particulière à votre Président, le Cardinal Stephen Fumio Hamao, et je le remercie pour les paroles courtoises à travers lesquelles il s'est fait l'interprète des sentiments communs. Je salue le Secrétaire et les collaborateurs du dicastère, en les félicitant pour leur travail qui concerne un secteur toujours plus important de la Communauté mondiale.

Le thème de votre rencontre actuelle, "Le dialogue interculturel, interreligieux et oecuménique dans le cadre des migrations actuelles", souligne l'actualité et l'importance du service que votre Conseil pontifical est appelé à accomplir en ce moment historique.

2. La communauté chrétienne est appelée aujourd'hui à se mesurer à des situations profondément différentes de celles du passé. L'une de celles-ci est certainement le phénomène étendu des migrations, qui est parfois marqué par des tragédies qui secouent les consciences. Ce phénomène a donné naissance au pluralisme ethnique, culturel et religieux, qui caractérise en général les sociétés nationales actuelles.

La confrontation avec la réalité actuelle des migrations rend urgente, de la part des communautés chrétiennes, une annonce évangélique renouvelée. Cela exige l'engagement pastoral et le témoignage de vie de tous: clergé, religieux et laïcs.

3. Si, en effet, la "mondialisation" est le terme qui définit, plus que tout autre, l'évolution historique actuelle, la parole "dialogue" doit elle aussi caractériser l'attitude mentale et pastorale, que nous sommes tous appelés à adopter en vue d'un nouvel équilibre mondial. Cela est d'autant plus urgent face au nombre important de migrants, qui s'élève à presque deux cents millions de personnes.

L'intégration sur le plan social et l'interaction sur le plan culturel sont donc devenues les conditions nécessaires à une véritable coexistence pacifique entre les personnes et les nations. Cela est exigé aujourd'hui plus que jamais par le processus de mondialisation, qui unit de façon croissante les destins de l'économie, de la culture et de la société.

4. Chaque culture constitue une approche du mystère de l'homme également dans sa dimension religieuse et cela explique, comme l'affirme le Concile Vatican II, pourquoi certains éléments de vérité se trouvent également hors du message révélé et même chez les non-croyants qui honorent de hautes valeurs humaines, même s'ils en ignorent l'origine (cf. Gaudium et spes GS 92). Il est donc nécessaire de s'approcher de toutes les cultures à travers l'attitude de respect de celui qui est conscient que non seulement il a quelque chose à dire et à donner, mais également beaucoup à écouter et à recevoir (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2001, n. 12).

Cette attitude n'est pas seulement une exigence imposée par les transformations de notre temps, mais elle est nécessaire afin que l'annonce de l'Evangile puisse parvenir à tous. D'où la nécessité du dialogue interculturel: il s'agit d'un processus ouvert qui, adoptant ce qui est bon et vrai dans les diverses cultures, élimine certains obstacles sur le chemin de la foi.

Un tel dialogue comporte un changement profond de mentalité et également de structures pastorales, c'est pourquoi tout ce que les pasteurs investiront en formation spirituelle et culturelle également à travers des rencontres et des confrontations interculturelles, va dans la direction de l'avenir, et constitue un élément de la nouvelle évangélisation.

5. Les processus de mondialisation appellent non seulement l'Eglise au dialogue interculturel, mais également au dialogue interreligieux. En effet, l'humanité du troisième millénaire a un besoin urgent de retrouver des valeurs spirituelles communes, sur lesquelles fonder le projet d'une société digne de l'homme (cf. Centesimus annus CA 60).

Toutefois, l'intégration de populations appartenant à des cultures et à des religions diverses, n'est jamais privée de facteurs inconnus et de difficultés. Cela vaut, en particulier, pour l'immigration de croyants musulmans, qui posent des problèmes spécifiques. Il est nécessaire que les pasteurs assument des responsabilités précises en promouvant un témoignage évangélique toujours plus généreux des chrétiens eux-mêmes. Le dialogue fraternel et le respect réciproque ne constitueront jamais une limite ou un obstacle à l'annonce de l'Evangile. L'amour et l'accueil constituent même, en soi, la forme principale et la plus efficace d'évangélisation.

Il est donc nécessaire que les Eglises particulières s'ouvrent à l'accueil, notamment à travers des initiatives pastorales de rencontre et de dialogue, mais surtout en aidant les fidèles à surmonter leurs préjugés et en les éduquant à devenir eux aussi des missionnaires ad gentes sur nos terres.

6. La présence, toujours plus nombreuse, d'immigrés chrétiens qui ne sont pas en pleine communion avec l'Eglise catholique, offre également aux Eglises particulières de nouvelles possibilités de fraternité et de dialogue oecuménique, en incitant à atteindre, loin des irénismes faciles et du prosélytisme, une plus grande compréhension réciproque entre Eglises et communautés ecclésiales (cf. Erga migrantes caritas Christi, 58; Directoire pour l'Application des Principes et des Normes sur l'Oecuménisme, n. 107).

La nature actuelle des migrations conduit à réfléchir sur la condition du Peuple de Dieu, en chemin vers la patrie du ciel. Le mouvement oecuménique lui-même peut être ainsi compris comme un grand exode, un pèlerinage qui se mêle et se confond avec les exodes actuels de populations à la recherche d'une condition de vie moins précaire. Dans ce sens, l'engagement oecuménique constitue un encouragement supplémentaire en vue d'accueillir de façon fraternelle des personnes dont les modes de vie et de pensée sont différents de ceux dont nous avons l'habitude. Le phénomène migratoire et le mouvement oecuménique deviennent ainsi un encouragement, dans les milieux respectifs, en vue d'une meilleure entente humaine.

En invoquant l'aide de Dieu sur vos travaux, dont je confie le déroulement à la Très Sainte Vierge, je vous donne à tous ma Bénédiction.



AU PREMIER MINISTRE DU PORTUGAL S.E. M. JOSÉ MANUEL DURÃO BARROSO

Mardi 18 mai 2004




Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le Cardinal-Patriarche,
Mesdames et Messieurs,

Le nouveau Concordat vient d'être signé, qui confirme les sentiments d'estime réciproque qui président aux relations entre le Saint-Siège et le Portugal. Je souhaite une cordiale bienvenue à S.E. M. Durão Barroso, aux membres de la délégation officielle et à l'Ambassadeur du Portugal près le Saint-Siège. Je salue en outre le Cardinal José Policarpo, le Nonce apostolique et les membres de la Conférence épiscopale qui ont participé à cette cérémonie solennelle.

Tout en exprimant ma profonde gratitude pour l'attention que le gouvernement et l'Assemblée de la République portugaise ont démontrée à l'égard de la mission de l'Eglise, qui a trouvé son point culminant avec la signature d'aujourd'hui, je souhaite que le nouveau Concordat favorise une entente toujours meilleure entre les Autorités de l'Etat et les Pasteurs de l'Eglise pour le bien commun de la nation. Avec ces sentiments et ces voeux, j'invoque sur vous tous, sur vos familles et sur votre peuple, la Bénédiction de Dieu tout-puissant.



AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE POLOGNE, S. E. M. ALEKSANDER KWASNIESKI

Mardi 18 mai 2004




Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs!

Je vous souhaite une cordiale bienvenue. Notre rencontre d'aujourd'hui se déroule dans des circonstances particulières. Elle est liée, en effet, au soixantième anniversaire de la bataille du Mont Cassin. Chaque Polonais se souvient avec orgueil de cette bataille qui, grâce à l'héroïsme de l'armée commandée par le général Anders, ouvrit aux Alliés la route de la libération de l'Italie et de la défaite des envahisseurs nazis. Au cimetière militaire du Mont Cassin, se trouvent des tombes surmontées de croix latines et grecques, ainsi que des pierres tombales portant l'étoile de David. Là-bas reposent les héros tombés au feu, unis par l'idéal de lutter pour "votre et notre liberté", qui inclut non seulement l'amour pour sa propre patrie, mais également la sollicitude pour l'indépendance politique et spirituelle d'autres nations. Tous ressentirent le devoir de s'opposer quoi qu'il en coûte, non seulement à l'écrasement physique des individus et des nations, mais également à la tentative d'anéantir leurs traditions, leurs cultures et leur identité spirituelle.

Je parle de ceci pour rappeler que, au cours des siècles, le patrimoine culturel et spirituel de l'Europe fut façonné et défendu même au prix de leur vie par ceux qui professent le Christ et par ceux qui, dans leur croyance religieuse, se réclament d'Abraham. Il semble qu'il soit nécessaire de le rappeler dans le cadre de la rédaction de la constitution fondamentale de l'Union européenne, au sein de laquelle a récemment été intégrée également la Pologne. Le sang de nos concitoyens versé au Mont Cassin est aujourd'hui un argument très important dans le débat sur la forme spirituelle qu'il convient de donner à l'Europe. La Pologne ne peut pas l'oublier et ne peut pas manquer de le rappeler à ceux qui, au nom de la laïcité des sociétés démocratiques, semblent oublier la contribution du christianisme dans l'édification de leur propre identité.

Je veux exprimer ma gratitude à Monsieur le Président et aux Autorités de la République de Pologne, parce qu'ils n'épargnent pas leurs efforts pour défendre la place des valeurs chrétiennes dans la Constitution européenne. J'ai confiance dans le résultat fructueux de ces initiatives. Je le souhaite de tout coeur pour la Pologne et pour toute l'Europe.

Je suis informé des difficultés politiques que connaît actuellement la Pologne. J'espère qu'elles seront surmontées le plus tôt possible. J'ai confiance dans le fait que cela se fera de façon à ce que tous, en particulier les plus pauvres, les familles nombreuses, les chômeurs, les malades et les personnes âgées puissent se sentir protégés dans leur patrie. C'est une tâche difficile. C'est pourquoi, Monsieur le Président, je vous souhaite d'avoir les forces et le courage nécessaires pour pouvoir orienter de façon opportune, dans le cadre de l'Etat polonais comme dans le cadre de l'Union européenne, les efforts de tous ceux qui assument la responsabilité de donner une forme à l'Europe et au monde d'aujourd'hui.

A tous mes compatriotes, j'assure mon souvenir dans la prière et je les bénis de tout coeur.


AUX PARTICIPANTS À LA 53ème ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE ITALIENNE

Jeudi 20 mai 2004



Très chers frères dans l'épiscopat!

1. "A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ" (Ga 1,3).

Avec ces paroles de l'Apôtre Paul, j'adresse un salut affectueux à chacun de vous, et je vous assure de ma proximité dans la prière, afin que le Seigneur illumine et soutienne vos difficultés quotidiennes de Pasteurs au service de l'Eglise et de la bien-aimée nation italienne.

Je salue en particulier votre Président, le Cardinal Camillo Ruini, que je remercie pour les paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je salue également les autres Cardinaux, les Vice-Présidents de votre Conférence, ainsi que le Secrétaire général.

2. Au cours de votre Assemblée générale, vous avez poursuivi votre réflexion sur la paroisse, à laquelle vous avez déjà consacré l'Assemblée du mois de novembre dernier à Assise, en vue de parvenir à des propositions communes pour le renouveau nécessaire, dans la perspective de la nouvelle évangélisation, de cette réalité ecclésiale fondamentale. En Italie, en particulier, la paroisse assure la proximité constante et attentive de l'Eglise à l'égard de toute la population, dont elle répond aux besoins spirituels, ne manquant pas de s'intéresser souvent également à tant d'autres nécessités, pour offrir à chacun la possibilité d'un chemin de foi qui l'introduise plus profondément dans la vie de l'Eglise et lui permette de participer à sa mission apostolique.

A ce propos, très chers frères Evêques, je connais et je partage profondément votre sollicitude pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, et je désire adresser, également en votre nom, une invitation chaleureuse aux jeunes garçons et aux jeunes filles d'Italie, afin qu'ils prennent en considération avec attention et sérénité, et qu'éventuellement ils accueillent, non pas avec crainte, mais avec joie, l'appel que le Seigneur leur adresse: il s'agit d'un don extraordinaire, qui ouvre de nouveaux horizons de vie pour ceux qui sont appelés et pour un grand nombre de leurs frères et soeurs.

J'adresse la même invitation à la disponibilité et à la confiance aux familles des personnes appelées, aujourd'hui souvent préoccupées par l'avenir de leurs enfants. Je leur dis: ne vous arrêtez pas à des considérations à court terme. Sachez que la générosité du Seigneur n'a pas d'égal et que chacun de ses appels est une grande bénédiction également pour la famille de celui qui est appelé.

3. Un autre thème de votre Assemblée est celui très important des communications sociales, avec la présentation et l'examen du Directoire intitulé: "Communication et Mission".

Nous connaissons bien l'influence profonde que les médias exercent aujourd'hui sur les modes de penser et sur les comportements personnels et collectifs, proposant une vision de la vie qui malheureusement, tend parfois à miner les valeurs éthiques fondamentales, en particulier celles qui concernent la famille.

Les moyens de communication se prêtent toutefois à être employés également à des finalités bien différentes, contribuant dans une large mesure à l'affirmation de modèles positifs de vie et à la diffusion même de l'Evangile.

Le Pape est donc à vos côtés, très chers Evêques italiens, dans l'engagement avec lequel, depuis de nombreuses années désormais, vous soutenez et promouvez le quotidien catholique et les hebdomadaires diocésains, et plus récemment, vous avez assuré une présence chrétienne qualifiée dans le domaine de la radio et de la télévision. Je souhaite vivement que tous les catholiques italiens comprennent et partagent l'importance de cet engagement, contribuant ainsi à rendre plus positif et plus serein le climat culturel dans lequel nous vivons tous.

4. Le terrorisme, les actes de guerre, les violations des droits de l'homme, qui rendent si difficile et dangereuse la situation internationale actuelle, pèsent lourdement, chers frères dans l'épiscopat, sur nos coeurs. Je continue de m'unir à votre prière, en particulier pour ceux qui sont retenus en otage en Irak, pour ceux qui risquent leur vie et pour ceux qui la perdent dans l'accomplissement de leur devoir.

J'apprécie beaucoup l'initiative que vous avez entreprise depuis plus d'un an de devenir des promoteurs de pèlerinages de paix en Terre Sainte, et je l'encourage de tout coeur. Un grand nombre d'entre vous se sont rendus dans ces lieux, conduisant avec eux de nombreux pèlerins. Cela représente également un signe profond de proximité et de solidarité pour les communautés chrétiennes qui vivent là-bas et qui ont un grand besoin de notre aide.

5. Très chers évêques italiens, je partage cordialement l'attention que vous consacrez à la vie de cette bien-aimée nation.

Il faut, en particulier, que sur les motifs d'opposition et de divergence prévale la recherche sincère du bien commun, afin que l'Italie puisse avancer de façon plus rapide et que commence une nouvelle phase de développement avec la création d'emplois plus nombreux, particulièrement nécessaires dans certaines régions méridionales.

Un thème décisif, à propos duquel les efforts doivent être multipliés, est celui de la famille fondée sur le mariage, de la protection et de l'accueil de la vie et de la responsabilité fondamentale des parents dans l'éducation. Je répète aujourd'hui avec vous les paroles qui constituent cette année le thème de la Journée pour la Vie: "Sans enfants, il n'y a pas d'avenir!".

Un effort commun des politiques sociales, de la pastorale de l'Eglise et de tous ceux qui sont en mesure d'influencer la conscience commune, est vraiment nécessaire et urgent pour l'avenir de l'Italie, afin que les jeunes couples redécouvrent la joie de mettre au monde et d'éduquer leurs enfants, en participant de façon particulière à l'oeuvre du Créateur.

6. Très chers Evêques italiens, je vous assure de ma prière quotidienne pour vous, pour vos Eglises, pour toute la Communauté nationale, afin que le peuple italien puisse conserver toujours vivant, et mettre au service de l'Europe unie, qui se construit actuellement, son grand héritage de foi et de culture.

Avec des sentiments de profonde affection, je vous donne, ainsi qu'à vos prêtres, à chaque diocèse et à chaque paroisse italienne, une Bénédiction apostolique particulière.



MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU CARDINAL RENATO RAFFAELE MARTINO PRÉSIDENT DU CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX



A Monsieur le Cardinal
Renato Raffaele Martino
Président du Conseil pontifical Justice et Paix

A l'occasion de la rencontre organisée par le Conseil pontifical Justice et Paix, sur le thème du "développement économique et social de l'Afrique à l'ère de la mondialisation", j'adresse à tous les participants un salut affectueux. Les nombreux foyers de violence qui ensanglantent l'Afrique, le sida et d'autres pandémies, ainsi que les drames de la misère et des injustices, continuent de peser sur l'avenir du Continent, produisant des effets négatifs qui hypothèquent le développement solidaire de l'Afrique, et l'établissement durable de la paix et d'une société juste et équitable. Le Continent a un besoin urgent de paix, de justice et de réconciliation, ainsi que de l'aide des pays industrialisés appelés à soutenir son développement, pour que les peuples d'Afrique soient vraiment les protagonistes de leur avenir, les acteurs et les sujets de leur destinée. Pour cela, il importe de former à leurs responsabilités futures les jeunes générations, qui seront demain les responsables des différents rouages de la société. Puisse la Communauté internationale contribuer, avec détermination et générosité, à promouvoir une société de justice et de paix sur le Continent africain! Les communautés catholiques du monde entier sont invitées à soutenir leurs frères d'Afrique pour leur permettre de mener une vie plus humaine et plus fraternelle. Confiant tous les participants de la rencontre à la Vierge Marie, Notre-Dame d'Afrique, je leur accorde une particulière Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 21 mai 2004.

IOANNES PAULUS II



À S.E. Mme HELEN CLARK PREMIER MINISTRE DE NOUVELLE-ZÉLANDE

Vendredi 21 mai 2004



Madame le Premier ministre

Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue au Vatican et de saluer à travers vous le peuple de votre nation. Les Néo-Zélandais ont toujours eu à coeur les valeurs fondamentales de la liberté, de la justice et de la paix. En effet, face à l'agression ou à la menace, ils ont généreusement cherché à défendre et à promouvoir ces droits dans le Pacifique et au-delà.

Aujourd'hui, dans notre monde si troublé par le fléau des divisions raciales et des conflits, je vous encourage, ainsi que vos concitoyens, à promouvoir le dialogue. En reconnaissant la dignité fondamentale que Dieu a accordée à chaque personne, le dialogue conduit à la reconnaissance de la diversité, tout en ouvrant l'esprit à l'acceptation réciproque et à la collaboration authentique qu'exige la vocation fondamentale de la famille humaine à l'unité.

Sur vous et sur tout le peuple de Nouvelle-Zélande, j'invoque de tout coeur les abondantes Bénédictions de Dieu tout-puissant.


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DES ETATS-UNIS (RÉGION X) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Samedi 22 mai 2004


Chers frères Evêques,

1. C'est avec une grande joie que je vous souhaite la bienvenue, Evêques des provinces ecclésiastiques de San Antonio et d'Oklahoma City, à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum". Je suis heureux d'avoir pu, ces mois derniers, rencontrer un aussi grand nombre d'Evêques de votre pays, qui accueille une communauté catholique si vaste et si vivante. "Nous rendons grâces à Dieu à tout moment pour vous tous... Nous nous rappelons en présence de votre Dieu et Père l'activité de votre foi, le labeur de votre charité, la constance de votre espérance, qui sont dus à notre Seigneur Jésus Christ" (1Th 1,2-3). Ces visites ne renforcent pas seulement les liens qui nous unissent, mais elles nous offrent également l'opportunité unique d'examiner de plus près la grande oeuvre déjà accomplie et les défis que l'Eglise doit encore affronter aux Etats-Unis.

Au cours de mes derniers entretiens, j'ai affronté les thèmes liés au munus sanctificandi. J'ai en particulier pris en considération l'appel universel à la sainteté et l'importance d'une communion d'amour avec Dieu et avec son prochain, comme éléments clefs de la sanctification personnelle et communautaire. "Dieu a créé l'homme à son image et à sa ressemblance: en l'appelant par amour, il l'a appelé en même temps à l'amour" (Familiaris consortio FC 11 cf. FC 1 FC 26-27). Ces relations essentielles sont fondées sur l'amour de Dieu et servent de point de référence pour toute l'activité humaine. La vocation et le devoir de chaque personne d'aimer, nous donnent non seulement la capacité de coopérer avec le Seigneur dans sa mission sanctificatrice, mais ils suscitent également en nous le désir de le faire. En conséquence, dans cette réflexion finale sur la fonction de la sanctification, je désire réfléchir de manière particulière sur l'une des pierres d'angle de l'Eglise elle-même, c'est-à-dire cet ensemble de rapports interpersonnels appelé famille (cf. Familiaris consortio FC 11).

2. La vie familiale est sanctifiée par l'union d'un homme et d'une femme dans l'institution sacramentelle du saint mariage. En conséquence, il est fondamental que le mariage chrétien soit compris dans son sens le plus entier et soit présenté comme institution naturelle, ainsi que comme réalité sacramentelle. Aujourd'hui, de nombreuses personnes comprennent clairement la nature séculière du mariage, qui inclut les droits et les devoirs que la société considère comme les facteurs déterminants d'un contrat matrimonial. Toutefois, il semble que certaines personnes ne comprennent pas, en revanche, la dimension intrinsèquement religieuse de cette alliance.

Il est rare que la société moderne accorde de l'importance à la nature permanente du mariage. En effet, l'attitude de la société à l'égard du mariage dans la culture contemporaine demande à l'Eglise de chercher à offrir une meilleure instruction pré-matrimoniale, visant à la formation de couples ayant compris cette vocation, et d'insister afin que les écoles catholiques et leurs programmes d'éducation religieuse garantissent aux jeunes, dont un grand nombre proviennent de familles elles-mêmes séparées, d'être instruits dès leur enfance sur le Sacrement du mariage selon le Magistère ecclésial. A ce propos, je remercie les Evêques des Etats-Unis de leur préoccupation en vue d'offrir aux fidèles laïcs de leurs diocèses une catéchèse correcte sur le mariage. Je vous encourage à continuer à souligner l'importance du mariage en tant que vocation chrétienne, à laquelle les couples sont appelés à offrir leurs contribution pour la vivre pleinement, grâce à des programmes de préparation au mariage qui soient "sérieux dans leur objectif, excellents dans leur contenu, suffisamment développés et de nature obligatoire" (cf. Directoire pour le Ministère pastoral des Evêques, ASD 202).

3. L'Eglise enseigne que l'amour d'un homme et d'une femme, qui est rendu saint dans le Sacrement du mariage, reflète l'amour éternel de Dieu pour sa création (cf. Préface au mariage, III). De même, la communion d'amour présente dans la vie familiale sert de modèle pour les rapports qui doivent exister dans la famille du Christ, l'Eglise". "Parmi les tâches fondamentales de la famille chrétienne prend place celle que l'on peut dire ecclésiale, celle qui met la famille au service de l'édification du Royaume de Dieu dans l'histoire, moyennant la participation à la vie et à la mission de l'Eglise" (Familiaris consortio FC 49). Afin de garantir que la famille soit en mesure d'accomplir cette mission, l'Eglise a la responsabilité sacrée de faire tout son possible pour aider les couples mariés à faire de la famille une "église domestique" et à accomplir correctement le "rôle sacerdotal" auquel est appelée chaque famille chrétienne (cf. ibid., FC FC 55). L'un des moyens les plus efficaces pour accomplir cette tâche consiste à aider les parents à devenir les premiers prédicateurs de l'Evangile et les principaux catéchistes dans la famille. Cet apostolat particulier exige plus qu'une simple instruction académique sur la vie familiale. Il demande que l'Eglise partage les problèmes et les défis des parents et des familles, ainsi que leurs joies. Les communautés chrétiennes devraient donc accomplir tous les efforts possibles pour aider les conjoints à transformer leurs familles en écoles de sainteté, en offrant un soutien concret au ministère de la vie familiale au niveau local. Cette responsabilité inclut la tâche gratifiante de reconduire dans l'Eglise les nombreux catholiques qui se sont éloignés d'elle, mais qui, ayant à présent une famille, désirent revenir en son sein.

4. La famille en tant que communauté d'amour se reflète dans la vie de l'Eglise. En effet, l'Eglise peut être considérée comme une famille, la famille de Dieu composée des fils et des filles de notre Père céleste. Comme une famille, l'Eglise est un lieu où ses membres se sentent libres d'apporter leurs souffrances, sachant que la présence du Christ dans la prière de son Peuple est la plus grande source de guérison. C'est pour cette raison que l'Eglise fait preuve d'un engagement actif à tous les niveaux du ministère familial et en particulier dans les domaines qui concernent les jeunes et les jeunes adultes. Les jeunes, face à une culture séculière qui promeut l'égoïsme et la gratification immédiate, au lieu des vertus de la générosité et du contrôle personnel, ont besoin du soutien et de la direction de l'Eglise. Je vous encourage, ainsi que vos prêtres et vos collaborateurs laïcs, à considérer la pastorale des jeunes comme une partie essentielle de vos programmes diocésains (cf. Directoire pour le Ministère pastoral des Evêques et Pastores gregis ). Un très grand nombre de jeunes aspirent à trouver des modèles forts, engagés et responsables qui ne craignent pas de professer un amour inconditionné pour le Christ et pour son Eglise. A ce propos, les prêtres ont toujours offert, et devraient continuer à offrir, une contribution particulière et inestimable à la vie des jeunes catholiques.

Comme dans chaque famille, l'harmonie au sein de l'Eglise peut parfois être menacée par le manque de charité et par la présence de conflits entre ses membres. Cela peut conduire à la formation de factions à l'intérieur de l'Eglise, qui sont souvent si préoccupées par leur intérêt personnel, qu'elles perdent de vue l'unité et la solidarité qui sont les fondements de la vie ecclésiale et les sources de la communion de la famille de Dieu. Pour affronter ce phénomène inquiétant, les Evêques doivent agir avec une sollicitude paternelle en tant qu'hommes de communion, afin de garantir que leurs Eglises particulières agissent comme des familles, pour qu'il n'y ait pas de division dans leur corps, mais qu'au contraire les divers membres aient soin l'un de l'autre (cf. 1Co 12,25). Cela implique que l'Evêque s'efforce de trouver un remède à chaque genre de division qui peut apparaître au sein de son troupeau, en tentant de recréer un niveau de confiance, de réconciliation et de compréhension réciproque dans la famille ecclésiale.

5. Mes chers frères Evêques, en concluant ces considérations sur la vie familiale, je prie afin que vous poursuiviez vos efforts visant à promouvoir la sanctification personnelle et communautaire à travers des actes de dévotion liés à la piété populaire. Pendant des siècles, le Saint Rosaire, les Stations de la Croix, les prières avant et après les repas, ainsi que les autres pratiques de dévotion, ont contribué à la formation d'une école de prière dans les familles et dans les paroisses, enrichissant la vie sacramentelle des catholiques. Un renouveau de ces dévotions n'aidera pas seulement les fidèles de votre pays à accroître leur sainteté, mais sera également une source de force et de sanctification pour l'Eglise catholique qui est aux Etats-Unis.

Alors que votre pays célèbre de façon particulière le 150 anniversaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception, je conclus notre rencontre en reprenant les paroles de mon illustre Prédécesseur, le bienheureux Souverain Pontife Pie IX: "Nous avons donc l'espérance certaine et la confiance totale que la Bienheureuse Vierge Marie assurera au moyen de sa protection toute-puissante, que toutes les difficultés seront surmontées et les erreurs réparées, afin que notre Sainte Mère l'Eglise catholique puisse fleurir chaque jour davantage à travers les nations et les pays, et puisse régner, "d'une mer à l'autre, et du fleuve jusqu'aux extrémités de la terre"" (Ineffabilis Deus). J'invoque l'intercession de Marie Immaculée, Patronne des Etats-Unis qui, exempte de toute tache de péché originel, prie incessamment pour la sanctification des chrétiens et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique en tant que gage personnel de force et de joie en Jésus Christ.


Discours 2004 - Samedi 15 mai 2004