Discours 2004 - Samedi 22 mai 2004


  MESSAGE DE JEAN-PAUL II À L'ÉMINENT M. RICCARDO DI SEGNI GRAND RABBIN DE ROME  


A l'éminent M. Riccardo DI SEGNI
Grand Rabbin de Rome

Shalom!

"Voyez! Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères tous ensemble!"

"Hinneh ma tov u-ma na'im shevet akhim gam yakhad!" (Ps 133,1) [132,1].

1. C'est avec une joie profonde que je m'unis à la communauté juive de Rome qui célèbre les cent ans du Grand Temple, symbole et souvenir de la présence millénaire du peuple de l'Alliance du Sinaï dans cette ville. Depuis plus de deux mille ans, votre communauté fait partie intégrante de la vie de l'Urbs; elle peut se vanter d'être la communauté juive la plus ancienne d'Europe occidentale et d'avoir joué un rôle important dans la diffusion du judaïsme sur ce continent. C'est pourquoi la commémoration d'aujourd'hui revêt une signification particulière pour la vie religieuse, culturelle et sociale de la capitale et ne peut manquer d'avoir un écho tout à fait particulier également dans le coeur de l'Evêque de Rome! Ne pouvant participer personnellement à cette célébration, j'ai demandé à mon Vicaire général pour le diocèse de Rome, le Cardinal Camillo Ruini, accompagné par le Président de la Commission du Saint-Siège pour les Rapports religieux avec le Judaïsme, le Cardinal Walter Kasper, de me représenter. Ce sont eux qui vous exprimeront de façon concrète mon désir d'être avec vous en ce jour.

En vous adressant, M. Riccardo Di Segni, mon salut respectueux, j'étends ma pensée cordiale à tous les membres de la Communauté, à son Président, M. Leone Elio Paserman, et à tous ceux qui sont réunis ici pour témoigner une fois de plus de l'importance et de la vigueur de l'héritage religieux que l'on célèbre chaque samedi dans le Grand Temple. Je voudrais adresser un salut particulier au Grand Rabbin émérite, M. Elio Toaff, qui, avec un esprit ouvert et généreux, m'a reçu dans la Synagogue à l'occasion de ma visite, le 13 avril 1986. Cet événement demeure gravé dans ma mémoire et dans mon coeur comme le symbole de la nouveauté qui a caractérisé, au cours des dernières décennies, les relations entre le peuple juif et l'Eglise catholique, après des périodes parfois difficiles et tourmentées.

2. La fête d'aujourd'hui, à la joie de laquelle nous nous unissons de tout coeur, rappelle le premier siècle de ce grand Temple majestueux, qui, dans l'harmonie de ses lignes architecturales, s'élève sur les rives du Tibre pour témoigner de la foi et de la louange au Tout-Puissant. La communauté chrétienne de Rome, par l'intermédiaire du Successeur de Pierre, participe avec vous à l'action de grâce au Seigneur pour cet heureux anniversaire. Comme j'ai eu l'occasion de le dire au cours de la visite que j'ai évoquée, nous vous saluons comme nos "frères bien-aimés" dans la foi d'Abraham, notre Patriarche, d'Isaac et de Jacob, de Sarah, de Rebecca, de Rachel et de Léa. Saint Paul, en écrivant aux Romains (cf. Rm 11,16-18), parlait déjà de la racine sainte d'Israël, sur laquelle les païens sont greffés dans le Christ; "car les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance" (Rm 11,29) et vous continuez à être le peuple premier-né de l'Alliance (Liturgie du Vendredi Saint, Prière universelle, Pour les Juifs).

Vous êtes citoyens de cette Ville de Rome qui, depuis plus de deux mille ans, bien avant que Pierre le pécheur et Paul enchaîné ne vous rejoignent, soutenus intérieurement par le souffle de l'Esprit. Ce ne sont pas seulement les Ecritures Saintes, que nous partageons dans une large mesure, pas seulement la liturgie, mais également les très anciennes expressions artistiques qui témoignent du lien profond de l'Eglise avec la Synagogue, de cet héritage spirituel qui, sans être divisé, ni répudié, a été donné aux croyants dans le Christ, et constitue un lien indissoluble entre vous et nous, peuple de la Torah de Moïse, olivier saint sur lequel a été greffée une nouvelle branche (cf. Rm 11,17).

Au Moyen-Age, certains de vos grands penseurs, comme Juda ha-Levi et Moïse Maimonide, ont tenté d'étudier de quelle façon il était possible d'adorer ensemble le Seigneur et de servir l'humanité souffrante, préparant ainsi les voies de la paix. Le grand philosophe et théologien, bien connu de saint Thomas d'Aquin, Maimonide de Cordoue (1138-1204), dont nous commémorons cette année le VIII centenaire de la disparition, exprima le souhait qu'une meilleure relation entre juifs et chrétiens puisse conduire "le monde entier à l'adoration unanime de Dieu, comme il est dit: "Oui, je ferai alors aux peuples des lèvres pures, afin qu'ils puissent servir [Yahvé] sous un même joug" (So 3,9)" (Mishneh Torah, Hilkhòt Melakhim XI, 4, éd. Jérusalem, Mossad Harav Kook).

3. Nous avons parcouru un long chemin ensemble depuis ce 13 avril 1986 lorsque, pour la première fois - après l'Apôtre Pierre - l'Evêque de Rome vous rendit visite: ce fut l'accolade de frères qui se retrouvaient, après une longue période au cours de laquelle n'ont pas manqué les incompréhensions, les refus et les souffrances. L'Eglise catholique, à travers le Concile Vatican II, ouvert par le bienheureux Pape Jean XXIII, en particulier après la Déclaration Nostra aetate (28 octobre 1965), a tendu ses bras vers vous, se souvenant que "Jésus est juif, et il l'est pour toujours" (Commission pour les Rapports religieux avec le judaïsme, Notes et suggestions, [1985]: III, 12). Au cours du Concile Vatican II, l'Eglise a répété de façon claire et définitive le refus de l'antisémitisme sous toutes ses formes. Toutefois, la désapprobation et la condamnation, bien que nécessaires, des attitudes hostiles à l'égard du peuple juif, qui ont souvent caractérisé l'histoire, ne suffisent pas; il faut également approfondir l'amitié, l'estime et les rapports fraternels avec eux. Ces relations amicales, renforcées et accrues après le Concile du siècle dernier, nous voient unis dans le souvenir de toutes les victimes de la Shoah, en particulier de tous ceux qui, en octobre 1943, furent arrachés à leurs familles et à votre chère communauté juive romaine pour être envoyés à Auschwitz. Que leur souvenir soit béni et nous incite à oeuvrer en frères.

Il est nécessaire, en outre, de rappeler tous les chrétiens qui, sous l'impulsion d'une bonté naturelle et d'une rectitude de conscience, soutenus par la foi et par l'enseignement évangélique, ont réagi avec courage, notamment dans cette ville de Rome, pour apporter une aide concrète aux Juifs persécutés, en offrant leur solidarité et leur aide parfois au risque de leur vie. Leur mémoire bénie reste vivante, ainsi que la certitude que pour eux, comme pour tous les "justes des nations", les tzaddiqim, une place est préparée dans le monde à venir, lors de la résurrection des morts. On ne peut pas non plus oublier, à côté des déclarations officielles, l'action souvent cachée du Siège apostolique, qui est venu en aide de nombreuses façons aux Juifs en danger, comme cela a été reconnu également par leurs représentants faisant autorité (cf. "Nous nous souvenons: une réflexion sur la Shoah", 16 mars 1998).

4. En parcourant, avec l'aide du Ciel, cette route de fraternité, l'Eglise n'a pas hésité à "déplorer les fautes de ses fils et filles en tout temps" et, dans un acte de repentance (teshuvà), elle a demandé pardon pour leurs responsabilités liées de quelque façon aux plaies de l'antijudaïsme et de l'antisémitisme (ibid.). Au cours du grand Jubilé, nous avons invoqué la miséricorde de Dieu, dans la sainte Basilique dédiée à la mémoire de Pierre à Rome et, à Jérusalem, dans la ville bien-aimée de tous les juifs, coeur de la Terre qui est sainte pour nous tous. Le Successeur de Pierre est monté en pèlerin sur les Monts de Judée, il a rendu hommage aux victimes de la Shoah à Yad Vashem, il a prié à vos côtés sur le Mont Sion, au pied de ce lieu saint.

Malheureusement, la pensée tournée vers la Terre Sainte suscite dans nos coeurs préoccupation et douleur en raison de la violence qui continue de frapper cette région, du sang de trop d'innocents qui continue d'être versé par les Israéliens et les Palestiniens, qui obscurcit l'apparition d'une aube de paix dans la justice. C'est pourquoi nous voulons adresser aujourd'hui une prière fervente à l'Eternel, dans la foi et l'espérance au Dieu de Shalom, afin que l'inimitié n'entraîne plus dans la haine ceux qui se réclament du père Abraham, - juifs, chrétiens et musulmans - et qu'elle cède la place à la conscience claire des liens qui les unissent et de la responsabilité qui pèse sur les épaules des uns et des autres.

Nous devons encore parcourir un long chemin: le Dieu de la justice et de la paix, de la miséricorde et de la réconciliation nous appelle à collaborer sans hésitation dans notre monde contemporain, déchiré par les conflits et les inimitiés. Si nous savons unir nos coeurs et nos mains pour répondre à l'appel divin, la lumière de l'Eternel se rapprochera pour illuminer tous les peuples, en nous montrant les voies de la paix, du Shalom. Nous voudrions les parcourir d'un seul coeur.

5. Non seulement à Jérusalem et sur la Terre d'Israël, mais également ici, à Rome, nous pouvons faire beaucoup ensemble: pour ceux qui souffrent à nos côtés du fait de l'exclusion, pour les immigrés et les étrangers, pour les faibles et les indigents. En partageant les valeurs de la défense de la vie et de la dignité de chaque personne humaine, nous pourrons accroître notre coopération fraternelle de façon concrète.

La rencontre d'aujourd'hui est presque une préparation à votre solennité imminente de Shavu'òt et à notre solennité de Pentecôte, qui célèbrent la plénitude des fêtes respectives de Pâques. Que ces fêtes puissent nous voir unis dans la prière de l'Hallel pascal de David:

«Hallelu et Adonay kol goim
shabbehuHu kol ha-ummim
ki gavar ‘alenu khasdo
we-emet Adonay le-‘olam»



“Laudate Dominum, omnes gentes,
collaudate Eum, omnes populi.
Quoniam confirmata est super nos misericordia eius,
et veritas Domini manet in aeternum”
Hallelu-Yah (Sal. 117 [116])

Du Vatican, le 22 mai 2004.

IOANNES PAULUS II



À S.E. M. BRANKO CRVENKOVSKI PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE MACÉDOINE

Lundi 24 mai 2004


Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

1. Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue au Vatican au cours de votre visite à Rome pour l'hommage traditionnel et affectueux que vous rendez aux saints Cyrille et Méthode, Apôtres des peuples slaves, dont la mémoire est conservée dans la vénérable Basilique Saint-Clément.

Je vous présente, Monsieur le Président, mes cordiales salutations et mes meilleurs voeux pour la charge importante qui vous été confiée récemment au service de votre nation. Mes pensées vont également à tous ceux qui vous accompagnent, aux représentants des Eglises et à la communauté nationale tout entière, qui sont proches de mon coeur.

2. Votre pays a sagement réaffirmé son engagement à suivre le chemin de la paix et de la réconciliation. C'est un honneur pour tous les citoyens et un encouragement à poursuivre sur cette voie. Le dialogue et la recherche de l'harmonie vous permettront de consacrer toutes les ressources spirituelles et humaines au service du progrès matériel et moral de votre peuple, dans un esprit de coopération fructueuse avec les pays voisins.

Votre regard est tourné de façon légitime vers l'Europe. Vos traditions et votre culture appartiennent à l'esprit dont est imprégné ce continent. J'espère véritablement que vos souhaits recevront une juste considération et que les citoyens de votre République deviendront un jour les membres de plein droit d'une Europe unie, dans laquelle chaque peuple se sentira chez lui et pleinement apprécié.

3. Avec l'assurance de mes prières pour vous et pour le peuple de Macédoine, j'invoque sur vous, en gage de prospérité et de paix, les Bénédictions du Très-Haut.





À S.E. M. OGHNJAN GERDJIKOV, PRÉSIDENT DU PARLEMENT DE LA RÉPUBLIQUE DE BULGARIE

Lundi 24 mai 2004


Monsieur le Président,
Chers Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Mesdames et Messieurs,

1. Dans le cadre de votre traditionnelle visite en mémoire des saints Cyrille et Méthode, honorés dans la vénérable Basilique Saint-Clément, vous avez souhaité me rencontrer pour me saluer et pour m’offrir vos voeux, à l’occasion de mon quatre-vingt-quatrième anniversaire. Je vous remercie de ce geste cordial, que j’apprécie, et je vous souhaite la bienvenue.

Je tiens à vous remercier, Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, pour les paroles courtoises que vous m’avez adressées au nom de tous. En retour, je vous saurais gré de bien vouloir exprimer mes voeux respectueux à Monsieur le Président de la République ainsi que mes sentiments d’affection au cher peuple bulgare, me souvenant de mon heureuse visite dans votre pays, il y a deux ans.

2. J’adresse un salut particulier à votre vénéré Patriarche, Sa Sainteté Maxime, ainsi qu’aux membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe bulgare. Que l’exemple des saints frères de Thessalonique soutienne les efforts de tous pour raffermir les valeurs spirituelles qui donnent à l’âme du peuple bulgare son identité et sa force!

Depuis quelques années votre pays a retrouvé sa place sur la scène internationale et il poursuit son chemin de liberté et de démocratie, cherchant aussi à consolider la concorde au sein de la nation. Il est engagé actuellement dans un effort patient pour rejoindre de manière stable les institutions de l’Union européenne. À cet égard, je souhaite que la Bulgarie puisse réaliser ses aspirations légitimes, en apportant, grâce aux richesses culturelles et spirituelles qui lui viennent de ses traditions séculaires, sa propre contribution à la construction européenne.

À cette fin, je demande à Dieu de bénir la Bulgarie, le pays des roses, et de donner à tous ses habitants de vivre et de grandir dans la sérénité et dans la paix.



 MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU CARDINAL FIORENZO ANGELINI À L'OCCASION DE L'INAUGURATION D'UN CENTRE SOCIO-MÉDICAL À BACAU EN ROUMANIE


A mon vénéré Frère
le Card. Fiorenzo ANGELINI
Président émérite du Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé

1. J'ai appris avec plaisir que Vous allez inaugurer le Centre socio-médical "Maison de la Sainte-Face de Jésus", que la Congrégation de grand mérite des Soeurs Bénédictines Réparatrices de la Sainte-Face de Notre Seigneur Jésus Christ, a fait construire, sur votre initiative et sous votre direction, sur la colline de Mãgura, dans la ville de Bacau. Je vous adresse un salut cordial, ainsi qu'à l'Evêque de Iasi, Mgr Petru Gherghel, aux vénérés frères dans l'épiscopat, aux Autorités civiles, religieuses et militaires, aux prêtres, aux personnes consacrées et aux laïcs qui prendront part à cet événement significatif.

Je me rends spirituellement en esprit et avec le coeur en Roumanie, nation qui m'est très chère, en rappelant avec une vive émotion la visite mémorable que j'ai eu la joie d'y accomplir en 1999. Pèlerin de foi et d'espérance, je fus alors accueilli avec une grande cordialité par le Président et par les Autorités de l'Etat, par Sa Béatitude le Patriarche Théoctiste et par tout le peuple de la vénérable Eglise orthodoxe de Roumanie. Je reçus un baiser particulièrement fraternel de la part des Evêques et des bien-aimées communautés catholiques, tant de rite byzantin que de rite latin.

2. La nouvelle structure d'assistance, à laquelle s'ajoute un lieu de culte, dédié à Jésus, prêtre éternel, est destinée à accueillir des personnes âgées et porteuses de handicap, en commençant par les prêtres. Il s'agit d'un service important en faveur de ceux qui se trouvent dans des situations de pauvreté ou de maladie, et qui n'ont pas de famille en mesure de répondre à leurs besoins. L'initiative représente donc une réponse concrète au commandement divin d'aimer Dieu et son prochain de tout son coeur, de toute son âme et de toutes ses forces (cf. Mc 12,29-31). Dans le même temps, elle apporte une solide contribution aux nécessités du pays qui, libéré du joug communiste, est en train de réorganiser sa vie économique et sociale.

Je suis heureux de vous exprimer, en cette circonstance, Monsieur le Cardinal, ma profonde reconnaissance, ainsi qu'à la Supérieure générale et aux Soeurs Bénédictines Réparatrices de la Sainte-Face de notre Seigneur Jésus Christ, et à tous ceux qui ont soutenu et réalisé de façon concrète cette oeuvre providentielle. Celle-ci se présente comme une aide significative aux pauvres, aux malades et aux personnes âgées, en témoignant de façon concrète de l'"imagination de la charité" à laquelle j'ai invité l'Eglise dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte (cf. NM NM 50).

3. A travers le dévouement de ceux qui oeuvrent dans la nouvelle structure, de nombreuses personnes pourront ressentir la tendresse providentielle du Père céleste. Je souhaite que les efforts réalisés en vue de cet important service social suscitent dans la communauté des disciples du Christ des intentions renouvelées de solidarité et de coopération généreuse dans une nation comme la Roumanie, dont la situation est celle d'un pont entre l'Orient et l'Occident.

Avec ces sentiments, tandis que j'invoque d'abondantes récompenses célestes sur ceux qui ont coopéré de tant de façons à la construction de l'important Centre socio-médical, je vous donne de tout coeur, vénéré frère, ainsi qu'aux personnes présentes à l'inauguration solennelle, la Bénédiction apostolique demandée.

Du Vatican, le 13 mai 2004

IOANNES PAULUS II




À S.E. M. YAHYA ALI MOHAMED AL-ABIAD, NOUVEL AMBASSADEUR DU YÉMEN PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE


Jeudi 27 mai 2004

Votre Excellence,

C'est pour moi un plaisir de vous accueillir au Vatican tandis que vous présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotenitaire de la République du Yémen près le Saint-Siège. J'ai apprécié les salutations cordiales que vous m'avez transmises de la part du Président, S.E. M. Ali Abdallah Saleh. Je lui offre en retour mes meilleurs voeux chaleureux et j'assure le gouvernement et les citoyens de votre nation de mes prières pour la paix et le bien-être de la société. Je forme des voeux fervents afin que l'amitié qui s'est développée au cours des dernières années entre la République du Yémen et le Saint-Siège s'approfondisse et soit marquée par des signes supplémentaires de confiance et de respect mutuels.

Je vous suis reconnaissant pour vos remarques visant à reconnaître les efforts inlassables du Saint-Siège en vue de promouvoir le dialogue comme instrument de paix et pour atténuer les conflits au Moyen-Orient et dans d'autres parties de notre monde en proie à divers troubles. L'Eglise partage certainement le désir du Yémen d'édifier des bases solides pour la paix sur des principes moraux durables, qui trouvent leur origine dans la dignité fondamentale donnée par Dieu à la personne humaine. En effet, l'activité du Saint-Siège sur la scène internationale découle de cette vision spécifique de la personne humaine, et de la conviction que si celle-ci est minée ou abandonnée, c'est la base même de la société humaine qui est menacée. Cette perspective de développement exige le progrès de la liberté à travers la reconnaissance politique du devoir de garantir les droits humains. Les plus importants de ces droits sont la liberté d'une pratique religieuse authentique; la possibilité d'édifier et d'entretenir des lieux de culte, y compris ceux pour les minorités ethniques; la participation active de tous les citoyens à la vie civique démocratique et l'accès à l'éducation.

Sur la toile de fond de la tragédie humaine provoquée par la tyrannie et la guerre est apparue une opportunité, et même un devoir, pour les nations, d'édifier la paix durable à laquelle aspire la famille humaine (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 2004, Introduction). Cela requiert la ferme conviction que la paix est possible, qu'elle peut être enseignée et préservée, et que toute activité de la part de personnes ou de groupes contraires à la paix est inacceptable (cf. ibid., nn. 4-5). Les récents efforts positifs de votre gouvernement en vue de déraciner le mal perpétué par les groupes terroristes ont été salués à juste titre par la Communauté internationale. De telles initiatives représentent des étapes positives et nécessaires vers l'édification d'une civilisation de l'amour dans laquelle tous les peuple peuvent vivre en sécurité et dans la paix.

Depuis l'unification du nord et du sud du Yémen, il y a presque quinze ans, votre gouvernement a mis en place divers programmes dans le but d'améliorer le niveau de vie des citoyens yéménites. Le développement authentique requiert un programme coordonné de progrès national, qui réponde aux aspirations légitimes de tous les secteurs de la société et dont les dirigeants civils et politiques peuvent être considérés comme responsables. En effet, l'histoire humaine nous enseigne toujours plus que si l'on veut que ces programmes produisent des changements durables pour le bien de la société, ils doivent être enracinés dans l'action transparente d'un gouvernement et accompagnés par un système judiciaire impartial, la liberté politique et une véritable presse indépendante. Sans ces bases communes à toutes les sociétés civilisées, l'espérance du progrès, auquel chaque être humain aspire à juste titre, demeure vaine. C'est pour cette raison que j'ai dit en de nombreuses occasions que toutes les formes de corruption représentent un fléau qui est une atteinte à la dignité inviolable de chaque personne et paralysent le progrès social, économique et culturel d'une nation.

Monsieur l'Ambassadeur, c'est avec plaisir que j'ai connaissance de l'engagement de votre pays à l'égard des jeunes générations et de la création d'opportunités éducatives à leur égard. En effet, le devoir de l'Etat est d'assurer que tous ses citoyens aient accès à une éducation adaptée et soient préparés pour l'exercice correct de leurs droits et devoirs civiques. Lorsque les écoles, les institutions de formation et les Universités fonctionnent de façon professionnelle et possèdent un personnel doté d'une intégrité personnelle et de l'amour d'enseigner, un motif d'espérance est offert à la nation, et en particulier aux jeunes. L'éducation est un instrument très efficace pour combattre le cycle de la pauvreté qui frappe encore tant de familles aujourd'hui et elle est reconnue de plus en plus par la Communauté internationale comme la voie principale vers la paix. A travers l'enseignement et la socialisation acquises par l'éducation, les filles et les garçons de tous les niveaux de la société sont intégrés dans la vie civique d'une nation et peuvent donc avoir la satisfaction d'y contribuer.

L'Eglise catholique, au service de la famille humaine, est ouverte à tous les membres de la société yéménite, sans distinction, en s'efforçant de promouvoir avec eux les valeurs communes à tous les peuples de paix, de justice, de solidarité et de liberté. Sa mission caritative, en particulier en faveur des pauvres et des personnes qui souffrent, forme une partie de son "engagement d'un amour actif et concret envers tout être humain" (Novo Millennio Ineunte NM 49) et elle est déjà très appréciée dans votre pays. Tandis que l'Eglise désire contribuer davantage encore aux programmes de développement humain du pays, il faut également rappeler que la charité chrétienne est toujours plus que la simple aide humanitaire. Pour l'Eglise catholique, ses gestes de charité sont liés de façon indissoluble à la célébration de l'Eucharistie, à laquelle elle puise la force spirituelle nécessaire pour alimenter la vie de son peuple et accomplir sa mission. C'est pour cette raison qu'il est particulièrement important que la communauté catholique de la République du Yémen reçoive l'autorisation - comme cela a déjà été promis - d'édifier une Eglise et un Centre pastoral à Sana'a et que ses biens lui soient restitués à Aden.

Votre Excellence, je suis certain que la mission diplomatique que vous commencez aujourd'hui renforcera encore plus les liens de compréhension et de coopération existant entre le Yémen et le Saint-Siège. Soyez assuré que les divers bureaux de la Curie Romaine vous assisteront dans l'accomplissement de votre fonction. Avec mes sincères meilleurs voeux, j'invoque sur vous, sur votre famille et sur tout le peuple du Yémen, une abondance de Bénédictions divines.

       

À S.E. M. ANDERSON KASEBA CHIBWA, NOUVEL AMBASSADEUR DE ZAMBIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 27 mai 2004


Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Zambie près le Saint-Siège. Je vous remercie des salutations que vous m'avez transmises de la part de S.E. M. le Président Mwanawasa, et je vous prie de bien vouloir lui transmettre, ainsi qu'au gouvernement, l'assurance de mes prières pour la paix et le bien-être de la nation. Cette année, votre pays célèbre le 40 anniversaire de son indépendance, et en cette heureuse occasion, je réitère les voeux sincères que j'ai exprimés il y a quinze ans à Lusaka: puissent tous les Zambiens oeuvrer afin que votre pays soit "un lieu d'authentique liberté, de fraternité et de solidarité mutuelle, - une nation où vos enfants puissent grandir et vivre dans la dignité et dans la liberté dignes des enfants de Dieu" (Cérémonie d'arrivée à Lusaka, 2 mai 1989, n. 2).

Comme Votre Excellence l'a souligné, le continent africain continue aujourd'hui d'affronter de nombreux défis, en particulier dans les domaines du développement, de la dette extérieure, de la pauvreté, des droits de l'homme et de la crise du SIDA/HIV. En effet, "Les tensions et les conflits [...] la violence [...] la paupérisation et la détérioration du tissu institutionnel, plongent des peuples entiers dans le désespoir" (Discours au Corps diplomatique, 12 janvier 2004, n. 1). Certes, l'esprit de solidarité mutuelle auquel j'ai fait référence auparavant, et dont vous avez également parlé, est un élément essentiel pour répondre à ces défis. Il s'agit d'un esprit ouvert au dialogue enraciné dans la vérité profonde selon laquelle tous les peuples appartiennent à l'unique famille humaine: "Du seul fait que nous sommes nés dans ce monde, nous partageons un même héritage et nous formons une unique lignée avec tout autre être humain" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 1987, n. 1). Loin de conduire à une uniformité rigide, cette unité trouve son expression dans la magnifique diversité de la famille humaine, une diversité dans laquelle les différences de race, de culture, de langue et d'histoire ne sont pas des motifs de séparation ou de division, mais d'enrichissement et de croissance mutuelle.

La solidarité authentique représente le chemin le plus sûr en vue de surmonter les divisions ethniques, l'intolérance religieuse, les divisions de classe et d'autres préjugés qui frappent le coeur même de la dignité humaine, donnant souvent lieu à la division, à l'inimitié, à l'oppression et à la violence. Etant donné que cette solidarité est nécessairement fondée sur l'égalité radicale entre tous les hommes et toutes les femmes, toute politique qui contredit la dignité fondamentale et les droits humains de toute personne ou groupe doit être rejetée. D'autre part, les initiatives qui édifient des relations ouvertes et honnêtes, qui forgent des alliances justes, qui unissent les personnes dans une coopération au bénéfice de tous, doivent être encouragées et promues. Une telle solidarité ne signifie pas ignorer les réelles différences linguistiques, raciales, religieuses, sociales ou culturelles, pas plus qu'elle ne nie les difficultés parfois importantes rencontrées pour surmonter les divisions et les injustices de longue date; ce qu'elle signifie, en revanche, c'est accorder une place importante à ce qui est commun, aux facteurs qui unissent les personnes dans leur recherche commune de la paix et du progrès.

Nous parlons donc ici d'une solidarité qui protège et défend la liberté légitime de chaque personne et la juste sécurité de chaque nation. Sans cette liberté et cette sécurité, ce sont les conditions mêmes du développement qui manquent, les ingrédients nécessaires au progrès qui sont absents. En d'autres termes, la liberté dont doivent jouir les Etats afin d'assurer leur croissance et leur développement en tant que partenaires égaux dans la vaste famille des nations dépend du respect mutuel qui préside à leurs relations. Les personnes et les peuples ont le droit d'avoir une voix active dans les décisions qui les concernent ainsi que leur avenir, et ils doivent être libres d'exercer ce droit. C'est pour cette raison que la recherche de la suprématie économique, militaire ou politique au détriment des droits des autres met en danger toute perspective de véritable développement ou de véritable paix (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 1987, n. 6).

C'est donc cette solidarité qui doit toujours guider l'assistance économique, la coopération politique et même les opérations militaires de maintien de la paix, quelle que soit la région du monde où elles ont lieu et quelles que soient les parties concernées. Je suis heureux de noter que la Zambie, qui est l'un des pays africains qui jouit de la plus grande stabilité politique et de la paix depuis l'indépendance, est activement engagée dans des efforts visant à la pacification et à la réconciliation en Afrique - en particulier dans la région des Grands Lacs - et ailleurs. J'appelle également la Communauté internationale à garantir que les programmes d'aide offerts à votre pays et à d'autres régions d'Afrique et du monde soient solidement enracinés dans une solidarité fondée sur le respect pour la liberté personnelle et la dignité humaine.

En effet, l'Eglise elle-même, poussée par sa fidélité à son Divin Maître et suivant son exemple, s'adresse dans la compassion et dans l'amour à tous les hommes et toutes les femmes à travers des gestes de solidarité. En Zambie, elle est engagée à améliorer la société à travers son travail dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'activité caritative et à travers ses efforts pour défendre les droits humains, promouvoir les valeurs morales et encourager le développement intégral de toute la personne humaine. Je remercie Votre Excellence de ses paroles d'appréciation pour cette tâche permanente et de son engagement de coopération dans ces domaines.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que votre service contribuera beaucoup à renforcer les liens d'amitié entre votre gouvernement et le Saint-Siège. Je vous offre mes meilleurs voeux pour le succès de votre mission et je vous donne l'assurance que les divers bureaux de la Curie romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos hautes fonctions. Sur vous et sur le bien-aimé peuple de Zambie, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.

        

À S.E. M. MOHAMED SALIA SOKONA, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU MALI PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 27 mai 2004


Monsieur l’Ambassadeur,

1. C’est avec joie que je souhaite la bienvenue à Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Mali près le Saint-Siège.

Je vous remercie de vos aimables paroles, par lesquelles vous me transmettez l’hommage respectueux du Président de la République et du peuple malien. Je vous saurais gré d’exprimer en retour à Son Excellence Monsieur Amadou Toumani Touré, Chef de l’État, les voeux courtois que je forme pour sa personne et pour l’accomplissement de sa charge au service de tous les habitants du pays. Ma pensée rejoint aussi les Responsables et tous les habitants de la nation.

2. Vous soulignez, Monsieur l’Ambassadeur, la ferme volonté des Autorités de votre pays de travailler activement à l’établissement de relations toujours plus pacifiques et plus fraternelles entre les hommes, non seulement à l’intérieur de vos frontières, mais également dans la sous-région à laquelle vous appartenez, ainsi qu’à l’échelle du Continent africain. C’est une tâche noble qui honore votre nation, malgré les soucis auxquelles les Autorités ont à faire face pour permettre à tous les habitants du pays de jouir de conditions d’existence qui respectent leur dignité et leurs droits fondamentaux. La persistance de conflits ouverts ou larvés, en particulier en Afrique de l’Ouest, rend nécessaire un tel engagement, afin que tous les habitants de la région puissent vivre en sécurité et envisager l’avenir plus sereinement. Je ne doute pas que les instances compétentes, sur le plan régional, mais aussi au niveau continental, ne négligent aucun effort pour travailler, avec le soutien d’un partenariat toujours plus audacieux, à faire reculer l’instabilité qui règne encore en de nombreuses régions et à rechercher des voies et des moyens pour que l’Afrique soit toujours mieux intégrée dans le processus de la mondialisation.

La désertification croissante du Mali constitue également un défi urgent à relever. Liée aux conditions climatiques extrêmes de la zone sahélienne, elle engendre précarité et misère pour un grand nombre de vos compatriotes, souvent contraints à choisir l’exil dans d’autres pays ou d’autres continents afin de subvenir à leurs besoins élémentaires et à ceux de leurs proches. Je souhaite en ce jour lancer un appel à la Communauté internationale, l’invitant à exprimer de manière toujours plus significative sa solidarité et son soutien aux pays qui requièrent son aide. Cet engagement inclut nécessairement le respect des promesses faites par les pays industrialisés aux pays pauvres, en particulier dans les domaines des investissements, des subventions publiques et de l’allégement de la dette, avec l’objectif constant de rendre les personnes toujours plus actrices et promotrices de leur propre développement.



Discours 2004 - Samedi 22 mai 2004