Discours 2004 - Vendredi 28 mai 2004  


À L'ACADÉMIE PONTIFICALE ECCLÉSIASTIQUE

Samedi 29 mai 2004



Monseigneur le Président,
chers prêtres-élèves de l'Académie pontificale ecclésiastique!

1. Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de cette audience spéciale, en conclusion de votre année académique, et je vous salue tous avec affection. Je salue en premier lieu le Président, Mgr Justo Mullor García, auquel je manifeste ma profonde gratitude pour s'être fait l'interprète des sentiments communs d'affection et d'adhésion filiale au Successeur de l'Apôtre Pierre. Je lui renouvelle mes meilleurs voeux pour le XXV anniversaire de son ordination épiscopale.

J'étends mon salut à tous ceux qui font partie de l'Académie pontificale ecclésiastique, et en particulier à ceux qui se consacrent à votre formation, chers élèves qui provenez de diverses nations. J'envoie une pensée respectueuse également aux Pasteurs de vos diocèses respectifs, en les remerciant de vous avoir destinés à ce service pastoral particulier.

2. Comme vient de le rappeler votre Président, notre rencontre se déroule à la veille de la Pentecôte, solennité liturgique qui met en lumière la vocation missionnaire de l'Eglise. Après avoir reçu l'Esprit Saint, les Apôtres partirent, pleins de courage et d'enthousiasme, à Jérusalem et commencèrent à parcourir le monde en annonçant la Bonne Nouvelle. Depuis lors, cette annonce n'a jamais cessé de retentir parmi les hommes: le Christ, Fils unique de Dieu, est le Sauveur de l'homme, de tout homme et de tout l'homme.

Au cours des siècles, l'évangélisation est devenue une confrontation avec des cultures diverses, et en particulier plus récemment, également un dialogue avec les Institutions civiles nationales et internationales.

Chers élèves de l'Académie pontificale ecclésiastique, c'est dans ce contexte que s'inscrit votre participation spécifique à la mission évangélisatrice de l'Eglise. En restant en contact avec le Pape, les représentations pontificales sont appelées à le représenter auprès des communautés ecclésiales des pays où elles oeuvrent, auprès des gouvernements des nations et des Organismes internationaux. Cela exige du personnel de ces Missions une capacité de dialogue, une connaissance des divers peuples, de leurs expressions culturelles et religieuses, ainsi que de leurs attentes légitimes. Dans le même temps, une formation théologique et pastorale adéquate est indispensable, et surtout une fidélité mûre et totale au Christ. Ce n'est que si vous restez unis à Lui par la prière et la recherche constante de sa volonté que votre travail sera bénéfique et que vous sentirez votre sacerdoce pleinement réalisé.

3. Chers élèves, je vous souhaite de maintenir allumé dans votre coeur et dans votre esprit le feu vivifiant de l'Esprit Saint, que nous implorons ardemment ces jours-ci, et d'être des témoins de paix et d'amour partout où vous conduira la Providence divine.

Que la Vierge Marie veille sur vous et fasse de vous les apôtres doux et courageux de son Fils divin. Que les difficultés ne freinent jamais votre dévouement généreux au Christ et à son Eglise.

Je vous assure de mon souvenir quotidien dans la prière et je vous bénis avec affection, ainsi que vos familles et tous ceux qui vous sont chers.



AUX SOEURS DE LA FAMILLE MONASTIQUE DE BETHLÉEM, DE L'ASSOMPTION DE LA VIERGE ET DE SAINT BRUNO

Lundi 31 mai 2004


Chères Soeurs de la Famille monastique de Bethléem,
de l’Assomption de la Vierge et de saint Bruno,

Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de votre Chapitre général. Je salue particulièrement Soeur Isabelle, votre Prieure, ainsi que les membres du Conseil général. Je souhaite aussi une cordiale bienvenue aux membres du Conseil de la branche masculine de votre Famille monastique, présents à vos côtés. En ce temps de Pentecôte, je souhaite que l’Esprit vous affermisse dans votre mission spécifique et vous éclaire dans les décisions que vous aurez à prendre. En ravivant votre soif de puiser à la source de votre charisme fondateur, le Souffle de Dieu vous permettra d’entrer dans une intimité toujours plus grande avec le Christ, source de l’efficacité de votre témoignage et moteur de votre charité fraternelle !

Par une humble et audacieuse fidélité, dans le silence qui caractérise votre vie cachée, vous êtes soutenues par la prière de la Vierge Marie. Par votre vie contemplative, vous élevez le monde à Dieu et vous rappelez aux hommes de notre temps la place du silence et de la prière dans l’existence.

Que saint Bruno, guetteur infatigable du Royaume qui vient, vous obtienne de demeurer vigilantes dans la prière, montant «une garde sainte et persévérante, dans l’attente du retour du Maître, pour lui ouvrir dès qu’il frappera» (cf. Lettre à Raoul, n. 4) ! J’invite notamment votre Famille monastique, qui porte dans son titre le nom de Bethléem, lieu de naissance de l’Emmanuel, à intensifier sa prière pour le Proche-Orient, implorant le Seigneur d’accorder la grâce de la paix et de la réconciliation à tous les habitants de cette région meurtrie par la violence.

De grand coeur, je vous accorde bien volontiers une affectueuse Bénédiction apostolique, que j’étends à toutes les Soeurs de votre Famille monastique, aux membres de la branche masculine et à toutes les personnes qui vous sont proches.

 
Juin 2004

AUX MEMBRES DU SYNODE PERMANENT DE L'ÉGLISE GRECQUE-CATHOLIQUE D'UKRAINE

Jeudi 3 juin 2004



Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat!

1. Je suis heureux de cette rencontre avec vous, qui représentez ici l'Eglise grecque-catholique d'Ukraine, ses pasteurs, ses religieux et religieuses, ainsi que tous ses fidèles.

Je vous remercie, Monsieur le Cardinal, pour les aimables paroles que vous m'avez adressées au nom de vos confrères, et je désire vous assurer que je suis proche de vous par l'affection, la prière, ainsi que par l'admiration la plus profonde pour la vitalité de votre Eglise et pour la fidélité qui vous a distingué au cours des siècles.

Riche des témoignages héroïques, apportés également au cours du récent passé, votre Eglise s'engage dans des programmes pastoraux qui prévoient la collaboration généreuse et harmonieuse du clergé et des laïcs en vue d'une oeuvre efficace d'évangélisation, favorisée par le climat de liberté que l'on respire aujourd'hui dans votre pays.

2. C'est pour cette raison que je partage votre aspiration, bien fondée également dans la discipline canonique et conciliaire, à obtenir une pleine configuration juridique et ecclésiale. Je la partage dans la prière et également dans la souffrance, en attendant le jour établi par Dieu où je pourrai confirmer, en tant que Successeur de l'Apôtre Pierre, le fruit mûr de votre développement ecclésial. Entre-temps, vous savez bien que votre demande est étudiée sérieusement, notamment à la lumière des évaluations d'autres Eglises chrétiennes.

Que cette attente ne constitue pas un frein à votre courage apostolique, ni un motif pour étouffer ou atténuer la joie de l'Esprit Saint qui vous anime et vous pousse, cher Cardinal Husar, ainsi que vos frères Evêques, les prêtres, les religieux et les fidèles, à un engagement toujours plus intense en vue de l'annonce de l'Evangile et de la consolidation de votre tradition ecclésiale.

Vénérés frères, je vous demande d'apporter à vos fidèles, l'expression de mon vif souvenir, l'assurance de ma prière constante et la Bénédiction apostolique que je vous donne de tout coeur, ainsi qu'à tous les membres de l'Eglise grecque-catholique d'Ukraine.



  

AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DES ÉTATS-UNIS (RÉGION XIII) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 4 juin 2004


Chers frères Evêques,

1. "Nous ne cessons de rendre grâces à Dieu de ce que, une fois reçue la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l'avez accueillie, non comme une parole d'hommes, mais comme ce qu'elle est réellement, la Parole de Dieu. Et cette parole reste active" (1Th 2,13). Avec ces paroles de saint Paul, je vous souhaite une affectueuse bienvenue, Evêques de l'Eglise du Colorado, du Wyoming, de l'Utah, de l'Arizona, du Nouveau Mexique et du Texas occidental, à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum". En poursuivant ma réflexion sur le munus propheticum de l'Evêque, je désire réfléchir aujourd'hui sur votre tâche urgente d'évangéliser la culture.

2. L'Eglise, sûre de sa compétence en tant que détentrice de la Révélation de Jésus Christ (cf. Fides et ratio ), a entrepris son pèlerinage depuis la Pentecôte en proclamant: "Jésus Christ, le Fils de Dieu, est le chemin, la vérité et la vie" (cf. Jn 14,6). Sa confiance se fonde sur le fait que ce message a son origine en Dieu lui-même. Dans sa bonté et sa sagesse, Dieu est entré dans l'histoire humaine afin que, à travers son Fils, somme totale de sa Révélation, nous partagions sa vie divine (cf. Dei verbum DV 2). La dynamique fondamentale de la mission prophétique de l'Eglise est donc de communiquer le contenu de la foi aux diverses cultures, en permettant aux personnes d'être transformées par la force de l'Evangile qui imprègne leur mode de penser, leurs modèles de jugement et leurs normes de comportement (cf. Sapientia christiana, Préface I).

L'observation de mon prédécesseur, le Pape Paul VI, selon laquelle "la rupture entre l'Evangile et la culture est sans aucun doute le drame de notre temps" (Evangelii nuntiandi EN 20) se manifeste aujourd'hui sous la forme d'une "crise du sens" (cf. Fides et ratio FR 81). Des positions morales ambiguës, la déformation de la raison de la part de groupes d'intérêt particuliers et l'absolutisation de la subjectivité, ne sont que quelques exemples d'une perspective de vie qui ne recherche pas la vérité et qui abandonne la recherche de la fin ultime et du sens de l'existence (cf. Ibid., FR FR 47). Contre l'obscurité de cette confusion, la lumière de la vérité que vous proclamez ouvertement (2Co 4,2) resplendira comme une diakonia d'espérance, en guidant les hommes et les femmes à comprendre le mystère de leur vie de façon cohérente (cf. Ibid., FR FR 15).

3. En tant que ministres de la vérité, avec le courage qui vous a été transmis par l'Esprit Saint (cf. Pastores gregis ), votre témoignage prêché et vivant du "oui" extraordinaire de Dieu à l'humanité (cf. 2Co 1,20) apparaît comme un signe de force et de confiance dans le Seigneur et engendre une vie nouvelle dans l'Esprit. Aujourd'hui, certains considèrent que le christianisme est écrasé par les structures et incapable de répondre aux exigences spirituelles des personnes. Toutefois, loin d'être quelque chose de purement institutionnel, le centre vivant de votre prédication de l'Evangile est la rencontre avec notre Seigneur lui-même. En effet, ce n'est qu'en connaissant, en aimant et en imitant le Christ que nous pouvons, avec Lui, transformer l'Histoire en faisant en sorte que les valeurs évangéliques exercent leur influence sur la société et sur la culture.

Il est alors clair que toutes vos activités doivent être tournées vers la proclamation du Christ. En effet, votre devoir d'intégrité personnelle rend contradictoire toute séparation entre la vie et la mission. Envoyés au nom du Christ en tant que pasteurs pour prendre soin de certaines parties du Peuple de Dieu, vous devez croître avec eux comme un seul esprit et un seul corps dans l'Esprit Saint (cf. Pastores gregis ). Je vous exhorte donc à être proches de vos prêtres et de votre peuple: imitez le Bon Pasteur qui connaît son troupeau et qui appelle chacun par son nom. Inspirés par les grands pasteurs qui vous ont précédés, comme saint Charles Borromée, votre proximité et votre écoute attentive des prêtres et des fidèles, ainsi que votre contact direct avec ceux qui sont marginalisés seront quasi anima episcopalis regiminis.De cette façon, vous étendez votre enseignement à travers l'exemple concret d'une foi et d'un service humble, en encourageant chez les autres le désir de vivre une vie de disciple authentique.

4. Le témoignage prophétique sans équivoque de la part des hommes et des femmes consacrés à la plénitude de la vérité du Christ possède un caractère central pour donner une nouvelle impulsion à la vie chrétienne, à laquelle j'ai appelé toute l'Eglise (cf. Novo Millennio ineunte NM 29). Issu de la nature radicale de leur "sequela" du Christ, ce témoignage prophétique des religieux est caractérisé par leur profonde conviction du primat selon lequel Dieu et les vérités de l'Evangile façonnent la vie chrétienne et par leur engagement à assister la communauté chrétienne dans l'élévation de tous les domaines de la société civile grâce à ces vérités.

Dans le sillage du sécularisme croissant et d'une fragmentation croissante du savoir (cf. Fides et ratio FR 81), "de nouvelles formes de pauvreté" sont apparues, en particulier dans les cultures qui jouissent du bien-être matériel, qui révèlent la "désespérance du non sens" (Instruction Repartir du Christ: un engagement renouvelé de la Vie consacrée au troisième millénaire, n. 35). Le manque de confiance dans la grande capacité de l'être humain de connaître, l'acceptation de "vérités partielles et provisoires" (Fides et ratio FR 5) et la recherche insensée de nouveauté soulignent la tâche toujours plus difficile de transmettre aux personnes, en particulier aux jeunes, une compréhension du fondement et du but authentiques de la vie humaine. Face à ces défauts tragiques du développement social, la merveilleuse diversité des charismes propres à chaque Institut religieux doit être placée au service de la connaissance et de la réalisation totales de l'Evangile de Jésus Christ qui, lui seul "manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa noble vocation" (Gaudium et spes GS 22). L'engagement des religieux à l'apostolat de la "charité intellectuelle" est particulièrement important dans les cultures menacées par le sécularisme. La charité "au service de l'intelligence", à travers la promotion de l'excellence dans les écoles, l'engagement dans les études, l'articulation de la relation entre foi et culture, garantiront "que partout soient respectés les principes fondamentaux dont dépend une civilisation digne de l'homme" (Instruction, op. cit., n. 38), également dans les domaines politique, juridique et éducatif.

5. Le développement de la mission prophétique des laïcs est l'un des grands trésors de l'Eglise pour le troisième millénaire. Le Concile Vatican II a analysé en détail, et à juste titre, le devoir des laïcs de "chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu'ils ordonnent selon Dieu" (Lumen gentium LG 31). Toutefois, il est également vrai que ces quarante dernières années, alors que l'attention politique à la subjectivité de l'homme s'est concentrée sur les droits individuels, il y a eu dans le domaine public une réticence croissante à reconnaître que tous les hommes et toutes les femmes reçoivent leur dignité essentielle et commune de Dieu et, avec celle-ci, la capacité d'aller vers la vérité et la bonté (cf. Centesimus annus CA 38). Séparés de cette vision d'unité fondamentale et de cet objectif commun à toute la famille humaine, les droits se réduisent parfois à des exigences égoïstes: la diffusion de la prostitution et de la pornographie au nom d'un choix adulte, l'acceptation de l'avortement au nom des droits des femmes, l'approbation d'unions entre personnes du même sexe au nom des droits des homosexuels.

Face à cette pensée erronée, mais diffuse, vous devez faire tout votre possible pour encourager les laïcs dans leur "responsabilité spéciale" d'"évangéliser les cultures... et d'animer chrétiennement l'ordre social et la vie publique" (Pastores gregis ). Des formes sécularistes de faux "humanisme", qui exaltent les individus jusqu'à l'idolâtrie (cf. Christifideles laici CL 5), ne peuvent être éliminées que par la redécouverte de la dignité authentique et inviolable de chaque personne. Cette dignité sublime se manifeste dans toute sa splendeur lorsque l'on prend en considération l'origine et le destin de la personne. Créés par Dieu et rachetés par le Christ, nous sommes appelés à être "des fils du Fils" (cf. Ibid., CL CL 37). C'est pourquoi je dis à nouveau au Peuple des Etats-Unis que le Mystère pascal du Christ est l'unique point de référence sûr pour toute l'humanité, dans son pèlerinage à la recherche d'une unité et d'une paix authentiques (cf. Ecclesia in America )!

6. Chers frères, je vous offre ces réflexions avec affection et gratitude fraternelle et je vous encourage à partager les fruits du charisme de vérité que l'Esprit vous a accordé. Unis dans votre proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ et guidés par l'exemple des saints, avancez avec espérance! En invoquant sur vous l'intercession de Marie, "Etoile de la Nouvelle Evangélisation", je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, ainsi qu'à vos prêtres, aux religieux et aux laïcs de vos diocèses.





AU PRÉSIDENT DES ETATS-UNIS D'AMERIQUE, S.E. M. GEORGE WALKER BUSH

Vendredi 4 juin 2004


Monsieur le Président,

1. Je vous souhaite une cordiale bienvenue, ainsi qu'à Madame Bush, et à la délégation qui vous accompagne. J'étends également mes salutations cordiales et affectueuses à toute la population des Etats-Unis que vous représentez. Je vous remercie d'avoir voulu me rencontrer une fois de plus, en dépit des difficultés représentées par vos nombreux engagements au cours de cette visite en Europe et en Italie, et par mon départ demain matin pour rencontrer les jeunes en Suisse.

2. Vous rendez visite à l'Italie pour commémorer le 60 anniversaire de la libération de Rome et pour honorer la mémoire des nombreux soldats américains, qui ont donné leur vie pour leur pays et pour la liberté des peuples d'Europe. Je m'unis à vous pour commémorer le sacrifice des victimes courageuses et pour demander au Seigneur que les erreurs du passé qui ont donné lieu à de terribles tragédies, ne se répètent jamais. Aujourd'hui, je repense également avec une profonde émotion aux nombreux soldats polonais qui sont morts pour la liberté en Europe.

Nos pensées reviennent également aujourd'hui sur les vingt années au cours desquelles le Saint-Siège et les Etats-Unis ont entretenu des relations diplomatiques officielles, qui ont été établies en 1984 sous le gouvernement du Président Reagan. Ces relations ont promu la compréhension mutuelle sur des questions importantes d'intérêt commun et de coopération concrète dans différents domaines. J'adresse mes hommages au Président Reagan et à Madame Reagan, qui prend soin de lui et de sa maladie. J'aimerais également faire part de mon estime pour tous les représentants des Etats-Unis près le Saint-Siège, ainsi que de ma gratitude pour la compétence, la sensibilité et le profond engagement avec lesquels ils ont favorisé le développement de nos relations.

3. Monsieur le Président, votre visite à Rome a lieu à un moment de profonde préoccupation pour la situation constante de graves troubles au Moyen-Orient, tant en Irak qu'en Terre Sainte. Vous connaissez très bien la position sans équivoque du Saint-Siège à cet égard, qui a été présentée dans de nombreux documents, à travers des contacts directs et indirects, et dans le cadre des nombreux efforts diplomatiques qui ont été faits depuis que vous m'avez rendu visite, d'abord à Castel Gandolfo, le 23 juillet 2001, puis de nouveau dans ce Palais apostolique, le 28 mai 2002.

4. Chacun désire bien évidemment que cette situation soit à présent normalisée aussi rapidement que possible, avec la participation active de la Communauté internationale et, en particulier, de l'Organisation des Nations unies, afin d'assurer un retour rapide à la souveraineté de l'Irak, dans des conditions de sécurité pour tous ses habitants. La récente nomination d'un chef d'Etat en Irak et la formation d'un gouvernement intérimaire irakien représentent des mesures encourageantes pour atteindre cet objectif. Puisse une telle espérance de paix également être à nouveau allumée en Terre Sainte et conduire à de nouvelles négociations, dictées par un engagement sincère et déterminé au dialogue, entre le gouvernement d'Israël et l'Autorité palestinienne.

5. La menace du terrorisme international demeure une source de préoccupation constante. Elle a gravement affecté les relations normales et pacifiques entre les Etats et les peuples depuis la date tragique du 11 septembre 2001, que je n'ai pas hésité à qualifier de "jour sombre dans l'histoire de l'humanité". Ces dernières semaines, d'autres événements déplorables ont été révélés, troublant la conscience civique et religieuse de tous, et ont rendu plus difficile un engagement serein et résolu au service des valeurs humaines communes: en l'absence d'un tel engagement, ni la guerre ni le terrorisme ne seront jamais surmontés. Puisse Dieu accorder la force et le succès à tous ceux qui ne cessent d'espérer et d'oeuvrer pour la compréhension entre les peuples, dans le respect pour la sécurité et les droits de toutes les nations et de chaque homme et femme.

6. Dans le même temps, Monsieur le Président, je saisis cette occasion pour reconnaître le profond engagement de votre gouvernement et des nombreuses organisations humanitaires de votre nation, en particulier celles d'inspiration catholique, qui oeuvrent afin de surmonter les conditions toujours plus intolérables dans divers pays africains, où la souffrance provoquée par les conflits fratricides, les pandémies et la pauvreté dégradante ne peuvent plus être ignorées.

Je continue également à suivre avec une profonde satisfaction votre engagement en vue de la promotion des valeurs morales dans la société américaine, en particulier en ce qui concerne le respect pour la vie et la famille.

7. Une compréhension accrue et plus profonde entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe jouera certainement un rôle décisif pour résoudre les grands problèmes que j'ai mentionnés, ainsi que d'autres auxquels est confrontée l'humanité aujourd'hui. Puisse votre visite, Monsieur le Président, apporter un élan nouveau et puissant à une telle coopération.

Monsieur le Président, tandis que vous accomplissez votre haute mission de service à votre nation et à la paix dans le monde, je vous assure de mes prières et j'invoque cordialement sur vous les Bénédictions divines de sagesse, de force et de paix.

Que Dieu donne la paix et la liberté à toute l'humanité!

  Au cours de la rencontre qui s'est déroulée dans la Salle Clémentine, le Président George Walker Bush a remis au Pape Jean-Paul II la "Presidential Medal of Freedom".
Voici les paroles prononcées par le Saint-Père à cette occasion:

Je vous suis reconnaissant, Monsieur le Président, pour ce geste délicat.

Puisse le désir de liberté, de paix et d'un monde plus humain symbolisé par cette médaille inspirer les hommes et les femmes de bonne volonté en tout temps et en tout lieu.

Que Dieu bénisse l'Amérique!




VOYAGE APOSTOLIQUE À BERN (SUISSE) 5 - 6 JUIN 2004


CÉRÉMONIE DE BIENVENUE - RENCONTRE AVEC LE PRÉSIDENT DE LA CONFÉDÉRATION HELVÉTIQUE

Aéroport militaire de Payerne, Samedi 5 juin 2004


  Monsieur le Président,
Chers Frères,
Mesdames et Messieurs,

1. Pour la troisième fois, la divine Providence me conduit dans ce noble pays, la Suisse, carrefour de langues et de cultures, pour rencontrer un peuple qui conserve d’antiques traditions et qui est ouvert à la modernité.

J’adresse une salutation déférente et cordiale à Monsieur le Président de la Confédération Helvétique et je le remercie de ses paroles de bienvenue. Je salue les diverses Autorités et je leur sais gré de leur accueil, comme de tout ce qui a été accompli afin de faciliter, cette fois encore, mon séjour en Suisse.

Je salue fraternellement le Président de la Conférence épiscopale, les autres Évêques présents et, par leur intermédiaire, j’adresse mes salutations aux communautés ecclésiales de chaque Canton de votre pays. Ma pensée va aussi, avec déférence, aux chrétiens des autres Confessions et à toutes les personnes de bonne volonté qui oeuvrent dans le pays.

2. Le but de mon pèlerinage apostolique est de rencontrer les jeunes catholiques de Suisse à l’occasion de leur rassemblement national. Je serai ce soir avec eux au Palais Bern Expo et ce sera une fête pour eux et aussi pour moi.

C’est le devoir d’annoncer l’Évangile du Christ qui m’entraîne sur les chemins du monde, pour le proposer à nouveau aux hommes et aux femmes du troisième millénaire, en particulier aux nouvelles générations. Le Christ est le Rédempteur de l’homme ! Celui qui croit en Lui et le suit devient bâtisseur de la civilisation de l’amour et de la paix.

3. Chers habitants de la Suisse, je me permets en pensée de frapper au coeur de chacun d’entre vous, entrant dans vos maisons et dans les différents lieux où vous vivez et où vous accomplissez vos activités quotidiennes. À vous tous, je voudrais proposer à nouveau la joyeuse annonce évangélique du Christ sauveur, adressant à chacun ses souhaits de paix.

Dans cet esprit, je demande au Seigneur de faire descendre sur le pays tout entier l’abondance de ses dons. Que Dieu bénisse la Suisse !

      

RENCONTRE AVEC LES JEUNES CATHOLIQUES - SALUT DE JEAN-PAUL II

Patinoire de "BEA Bern Expo", Samedi 5 juin 2004


  1. Steh auf! Lève-toi! Álzati! Sto se! (Lc 7,14).

Ces paroles du Seigneur au jeune de Naïm résonnent aujourd’hui avec force dans notre assemblée, et elle s’adresse à vous, chers jeunes, garçons et filles catholiques de Suisse !

Le Pape est venu de Rome pour écouter avec vous cette parole sortie de la bouche de Jésus, et pour s’en faire l’écho. Je vous salue tous affectueusement et je vous remercie de votre accueil chaleureux. Je salue aussi vos Évêques, les Prêtres, les Religieux et les Animateurs qui vous accompagnent sur votre chemin.

Je tiens à adresser mes salutations déférentes à Monsieur le Président de la Confédération helvétique; au Pasteur Samuel Lutz, Président du Conseil synodal des Églises Réformées de Berne-Jura-Soleure, ainsi qu’à vos amis d’autres Confessions qui ont voulu participer à cet événement.

2. L’Évangile de Luc nous parle d’une rencontre: d’un côté, le cortège triste qui accompagne au cimetière le jeune fils d’une veuve; de l’autre le groupe enthousiaste des disciples qui suivent Jésus et qui l’écoutent. Aujourd’hui encore, chers Jeunes, il peut vous arriver, à vous aussi, de vous retrouver parfois à l’intérieur de ce cortège triste, qui fait route vers le village de Naïm. C’est ce qui arrive si vous vous laissez aller au désespoir, si les mirages de la société de consommation vous séduisent et vous détournent de la vraie joie et que vous vous laissez absorber par des plaisirs passagers; si l’indifférence et la superficialité vous entourent; si, face au mal et à la souffrance, vous doutez de la présence de Dieu et de son amour pour chaque personne; si vous vous laissez aller à rechercher dans la dérive d’une affectivité désordonnée la satisfaction d’une soif intérieure d’amour vrai et pur.

C’est bien en ces moments précis que le Christ s’approche de chacun d’entre vous et qu’il vous adresse, comme au jeune homme de Naïm, la parole qui bouscule et qui réveille: «Lève-toi!». «Accueille l’invitation qui te remet debout!».

Il ne s’agit pas de simples paroles: c’est Jésus lui-même qui se tient devant vous, lui le Verbe de Dieu fait chair. Il est «la vraie Lumière qui éclaire tout homme» (Jn 1,9), la vérité qui nous rend libres (cf. Jn 14,6), la vie que le Père nous donne en abondance (cf. Jn 10,10). Le christianisme n’est pas un simple livre de culture ou bien une idéologie, ni seulement un système de valeurs ou de principes, si élevés soient-ils. Le christianisme est une personne, une présence, un visage: c’est Jésus, qui donne sens et plénitude à la vie de l’homme.

3. Je vous le dis donc à vous, chers jeunes: N’ayez pas peur de rencontrer Jésus: avec attention et disponibilité, cherchez-le dans la lecture attentive de la Sainte Écriture et dans la prière personnelle et communautaire; cherchez-le dans une participation active à l’Eucharistie; cherchez-le en rencontrant un prêtre pour recevoir le sacrement de la Réconciliation; cherchez-le dans l’Église, qui se manifeste à vous dans les groupes paroissiaux, dans les mouvements et dans les associations; cherchez-le dans le visage de vos frères qui souffrent, qui sont dans le besoin, qui sont étrangers.

Une telle recherche caractérise l’existence de nombreux jeunes de votre âge qui sont en marche vers la Journée mondiale de la Jeunesse, qui sera célébrée à Cologne au cours de l’été prochain. Dès à présent, je vous invite cordialement, vous aussi, à ce grand rendez-vous de foi et de témoignage.

Comme vous, moi aussi j’ai eu vingt ans. J’aimais faire du sport, du ski, du théâtre. J’étudiais et je travaillais. J’avais des désirs et des préoccupations. Au cours de ses années désormais lointaines, au temps où ma terre natale était dévastée par la guerre et ensuite par le régime totalitaire, je cherchais le sens que je voulais donner à ma vie. Je l’ai trouvé en suivant le Seigneur Jésus.

4. Le temps de la jeunesse est la période durant laquelle toi aussi, cher garçon, chère fille, tu te demandes que faire de ta vie, comment contribuer à rendre le monde un peu meilleur, comment promouvoir la justice et construire la paix.

Voici la seconde invitation que je te lance : «Écoute!». Ne te lasse jamais de t’entraîner à la discipline difficile de l’écoute. Écoute la voix du Seigneur qui te parle à travers les événements de la vie quotidienne, à travers les joies et les souffrances qui l’accompagnent, à travers les personnes qui te sont proches, à travers la voix de la conscience assoiffée de vérité, de bonheur, de bonté et de beauté.

Si tu sais ouvrir ton coeur et ton esprit en étant disponible, tu découvriras «ta vocation», le projet que Dieu, dans son amour, a depuis toujours sur toi.

5. Ainsi tu pourras fonder une famille, édifiée sur le mariage, ce pacte d’amour entre un homme et une femme qui s’engagent à une communion de vie stable et fidèle. Tu pourras, par ton témoignage personnel, affirmer que, bien qu’il y ait des difficultés et des obstacles, il est possible de vivre en plénitude le mariage chrétien comme une expérience pleine de sens et comme une «bonne nouvelle» pour toutes les familles.

Tu pourras être, si tel est l’appel qui t’est adressé, prêtre, religieux ou religieuse, donnant ta vie au Christ et à l’Église avec un coeur sans partage, et devenant ainsi un signe de la présence amoureuse de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. Tu pourras être, comme tant d’autres l’ont été avant toi, un apôtre intrépide et infatigable, vigilant dans la prière, heureux et accueillant dans le service de la communauté.

Oui, toi aussi tu pourrais être l’un d’entre eux! Je sais bien que, face à une telle proposition, tu peux te sentir hésitant. La générosité de Dieu n’a pas de limites! Après quelques soixante années de sacerdoce, je suis heureux de vous apporter mon témoignage: il est beau de pouvoir se dépenser jusqu’au bout pour la cause du Règne de Dieu!

6. J’ai encore un troisième appel à lancer: jeune de Suisse, «mets-toi en route!». Ne te contente pas de discuter; pour faire le bien, n’attends pas les occasions qui peut-être ne se présenteront jamais. Le temps de l’action est venu!

Au début de ce troisième millénaire, vous tous, les jeunes, vous êtes appelés à proclamer le message de l’Évangile par le témoignage de votre vie. L’Église a besoin de vos énergies, de votre enthousiasme, de vos idéaux de jeunes, pour faire en sorte que l’Évangile pénètre le tissu de la société et fasse naître une civilisation de justice authentique et d’amour sans discrimination. Aujourd’hui plus que jamais, dans un monde qui est souvent sans lumière et qui n’a pas le courage des nobles idéaux, ce n’est pas le moment de rougir de l’Évangile (cf. Rm 1,16). Il est plutôt venu le temps de le proclamer sur les toits (cf. Mt 10,27).

Le Pape, vos Évêques, la communauté chrétienne tout entière comptent sur votre engagement, sur votre générosité, et ils vous accompagnent avec confiance et espérance: jeunes de Suisse, mettez-vous en route! Le Seigneur fait route avec vous (cf. 1 S 17,37).

Prenez dans vos mains la Croix du Christ; ayez sur les lèvres les paroles de la Vie; ayez dans le coeur la grâce salvifique du Seigneur ressuscité!

Steh auf! Lève-toi! Álzati! Sto se! C’est le Christ qui vous parle. Écoutez-le.




Discours 2004 - Vendredi 28 mai 2004