Discours 2004 - Vendredi 18 juin 2004


AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE DU DIOCÈSE D'AVERSA

Samedi 19 juin 2004


  Très chers frères et soeurs du diocèse d'Aversa!

1. Je suis heureux de vous souhaiter à tous une cordiale bienvenue. Cette rencontre représente un moment significatif de votre pèlerinage aux tombeaux des Apôtres, en conclusion de la visite pastorale effectuée par votre Archevêque.

Je vous salue avec affection, en commençant par votre Pasteur, Mgr Mario Milano, que je remercie pour les paroles courtoises qu'il m'a adressées au nom de toutes les personnes présentes. Je salue Monsieur le Cardinal Crescenzio Sepe, Préfet de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples, les prêtres, les religieux, les religieuses et tous ceux qui sont engagés dans les conseils paroissiaux et dans les activités pastorales diocésaines. Ma pensée s'adresse également à vous tous, ici présents, ainsi qu'à tous ceux qui n'ont pas pu être présents, avec un souvenir particulier pour les jeunes, les familles, les personnes seules, âgées ou malades. J'assure chacun de ma proximité spirituelle dans l'affection et la prière.

2. La visite pastorale qui se conclut aujourd'hui, a représenté pour votre communauté diocésaine l'un des fruits les plus importants du grand jubilé de l'An 2000; un "temps de grâce" particulier, favorisant la réflexion et l'approfondissement de la communion entre toutes les composantes du diocèse, en étroite unité avec son Pasteur et avec le Successeur de Pierre. Je suis convaincu qu'elle suscitera chez tous les croyants un nouvel élan ascétique et missionnaire pour édifier une nouvelle société.

A ce propos, je repense à ce que j'ai eu l'occasion de vous dire au printemps de l'an 2000, en vous rencontrant Place Saint-Pierre. J'ai alors rappelé l'importance de la solidarité matérielle et spirituelle. Je vous adresse la même invitation aujourd'hui: "Soyez des témoins de solidarité" (Insegnamenti XXIII/1 [2000/1], p. 558). Une solidarité qui part des aspects les plus immédiats de la vie quotidienne, du travail à l'assistance, pour donner vie à une société plus juste et plus équitable.

3. Mais, à côté des milieux sociaux, le sens de la solidarité et de l'aide réciproque doit se diffuser également dans les domaines de la communion spirituelle et de la mission évangélisatrice de chaque communauté chrétienne. Le plus grand témoignage de solidarité que votre diocèse est appelé à offrir aux hommes et aux femmes de votre temps n'est-il pas la sainteté? Oui! Très chers frères et soeurs, proclamez avec cohérence le Christ et son Evangile avec une généreuse fidélité et un abandon confiant dans la volonté divine. Nourrissez votre existence à travers une prière fervente, une écoute docile de la Parole de Dieu et un recours fréquent aux Sacrements, en particulier ceux de la Confession et de l'Eucharistie.

Très chers frères et soeurs, poursuivez le chemin entrepris, fortifiés également par la grâce du pèlerinage d'aujourd'hui. Que Dieu rende fécondes vos intentions de communion ecclésiale et l'engagement en vue de la nouvelle évangélisation, en suivant les indications nées de la visite pastorale.

Que, du sanctuaire marial de Casapesenna, que j'ai eu la joie de visiter il y a quatorze ans, la Vierge Marie continue de vous accompagner sur cet itinéraire spirituel et apostolique exigeant.

Pour ma part, je vous assure de ma proximité spirituelle et je vous bénis de tout coeur, ainsi que vos communautés paroissiales et religieuses, vos familles et toutes les personnes qui vous sont chères.



    

MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'ÉVÊQUE DE MANTOUE À L'OCCASION DU XII CENTENAIRE DU DIOCÈSE




A mon vénéré Frère
Egidio CAPORELLO
Evêque de Mantoue

1. Je suis heureux que la communauté chrétienne de Mantoue veuille rappeler cette année à travers un Jubilé spécial le XII centenaire (804-2004) du diocèse. En cette heureuse occasion, je désire vous adresser une salutation cordiale, vénéré Frère, ainsi qu'à tous ceux que la Providence Divine a confiés à vos soins pastoraux.

Depuis que, il y a mille deux cents ans, mon vénéré prédécesseur saint Léon III vint à Mantoue pour vénérer la "relique" du Très Précieux Sang du Christ et pour ériger la ville au rang de siège épiscopal, a commencé une vénération ininterrompue des fidèles à l'égard de cette insigne "relique", qui renvoie au mystère de la Rédemption et au don du sacrement de l'Eucharistie.

Je m'unis volontiers à vous et au diocèse tout entier pour élever à Dieu un hymne de louange et d'action de grâces pour les nombreux fruits de bien mûris au cours des siècles. Je souhaite, en outre, que des diverses manifestations jubilaires jaillisse un engagement renouvelé d'adhésion au Christ, à travers l'approfondissement des raisons de la foi et le renforcement du sentiment d'appartenance à l'Eglise. Cela ne manquera pas d'encourager un élan toujours plus courageux des prêtres, des religieux et des fidèles dans l'annonce et dans le témoignage évangélique.

2. Le Jubilé diocésain, commencé le 30 novembre 2003, premier Dimanche de l'Avent, sera conclu le 21 novembre prochain, en la solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l'Univers. Son objectif principal est de susciter à tous les niveaux de la communauté diocésaine une mémoire plus intense et consciente de la mort et de la résurrection du Christ, mystère qui est rendu sans cesse présent dans l'Eucharistie.

C'est pourquoi l'Eglise de Mantoue a placé à juste titre au centre des célébrations jubilaires le Christ, caché sous le voile des espèces eucharistiques. En s'inspirant de la splendide page évangélique de la multiplication des pains (cf. Lc 9,10-17), qui contient une annonce prophétique du merveilleux miracle de l'Eucharistie, don vivant du Corps et du Sang du Christ, elle entend encourager chaque croyant à assumer un généreux élan missionnaire. En écoutant les paroles de Jésus: "Donnez-leur vous-mêmes à manger" (Lc 9,13), chacun doit se sentir appelé par le Seigneur, comme les Douze, à un service d'amour responsable envers les autres et en particulier envers les pauvres et les indigents.

Vénéré Frère et chers fidèles de Mantoue! La participation quotidienne à l'Eucharistie, nourriture de vie éternelle, est en mesure de transformer l'existence des croyants. Nourris par ce pain de salut, ils peuvent croître comme Eglise qui "donne la vie", parce que le Seigneur les rendra capables d'opérer les prodiges qu'Il a réalisés et qu'il renouvelle constamment dans son peuple à travers la puissance de l'Esprit Saint.

3. Très chers amis, l'Eucharistie diffuse en vous le courage et la joie d'être saints. Ce temps jubilaire représente donc une occasion propice pour approfondir la vocation universelle à la sainteté. C'est de personnes saintes dont le monde a avant tout besoin.

Les mille deux cents ans d'histoire diocésaine témoignent de la présence de figures lumineuses, qui continuent de briller à travers la lumière de leur adhésion totale au Christ. La Liturgie les repropose à l'imitation et à la dévotion des croyants. Je rappelle, en premier lieu, saint Anselme de Baggio, patron principal du diocèse, "reflet lumineux de la sainteté de Dieu et de son Fils Jésus Christ", comme je l'ai dit à l'occasion du IX centenaire de sa mort (cf. Insegnamenti IX/1 [1986/1] 228).

Ma pensée se tourne ensuite vers saint Louis de Gonzague, co-patron du diocèse, que j'ai eu l'occasion d'honorer à Castiglione delle Stiviere, sa terre natale, à l'occasion du IV centenaire de sa mort. Ce jeune, passionné du Christ, nous adresse encore à tous aujourd'hui une exhortation pressante à la cohérence et à la fidélité à l'Evangile, en nous rappelant que Dieu doit occuper la première place dans notre existence.

Je pense, en outre, à mon vénéré prédécesseur saint Pie X, qui passa à Mantoue quelques années de son fécond ministère épiscopal, laissant le souvenir d'un pasteur zélé et bienveillant.

Dans le sillage de tant de saints et de bienheureux, les chrétiens de Mantoue poursuivent leur chemin de foi, en confirmant chaque jour leur adhésion au Christ et en renforçant les liens d'union fraternelle, rendue plus forte encore par la fidélité inébranlable à l'Evangile.

4. Mantoue, comme le reste de l'Italie, traverse, ces dernières années, des changements sociaux rapides, accompagnés de nombreuses difficultés économiques, tandis que s'étend toujours plus la confrontation avec des cultures et des religions différentes. Une certaine mentalité de consommation et sécularisée mine l'unité et la stabilité des familles, et, gagnant un nombre croissant de chrétiens, les pousse de fait à un détachement progressif des valeurs de la foi dans le milieu social, civil et politique. Il faut réagir à ces tendances destructrices, et, pour cela, il est indispensable de redécouvrir les racines chrétiennes de sa culture. Tous les fidèles sont concernés par cet engagement. Ils apporteront une contribution efficace à cette oeuvre urgente s'ils savent placer Dieu au centre de tout projet personnel, familial et communautaire. C'est en repartant de Lui que l'on peut édifier un monde plus juste et plus fraternel.

5. Bien-aimé diocèse de Mantoue, ne te décourage pas face aux difficultés que tu rencontres! Je le répète également à toi: "Duc in altum!". L'Esprit du Ressucité ne manquera pas de te soutenir et de te fortifier, il te poussera à regarder au-delà de tes limites et à découvrir, avec un émerveillement reconnaissant, le miracle d'un Pain qui abonde toujours. Soutenu par l'exemple et la prière de tes saints patrons, avance avec confiance sur les routes du troisième millénaire!

Fidèles de la chère Eglise de Mantoue, je vous confie à la protection maternelle de la Vierge Couronnée, Reine et Mère des Grâces, particulièrement vénérée sur votre terre. Qu'elle vous guide et vous soutienne toujours.

Avec ces sentiments et ces souhaits, je vous envoie, vénéré Frère, ainsi qu'au clergé, aux religieux, aux religieuses et à toute la communauté diocésaine, une Bénédiction apostolique particulière.

Du Vatican, le 10 juin 2004, solennité du Très Saint Corps et Sang du Christ.

IOANNES PAULUS II



À SON ALTESSE FRA ANDREW BERTIE, PRINCE ET GRAND MAÎTRE DE L'ORDRE SOUVERAIN MILITAIRE DE MALTE

Mardi 22 juin 2004  


Votre Altesse!

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir et je vous remercie de votre visite, qui m'offre l'occasion de renouveler l'expression des sentiments d'estime et de gratitude que je nourris à l'égard de l'Ordre souverain militaire de Malte. Je vous salue cordialement et j'étends ma pensée affectueuse à tous ceux qui vous accompagnent.

Je profite volontiers de cette occasion pour faire parvenir mon salut à tous les membres de cette Institution de grand mérite, qui oeuvre dans diverses parties du monde. Le Saint-Siège apprécie les nombreux services que vous rendez à la cause de l'évangélisation et, en particulier, les multiples initiatives de bien que vous promouvez constamment en faveur des plus indigents.

Je vous assure volontiers de mon souvenir dans la prière, afin que Dieu, par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, bénisse tous les projets de bien de votre Ordre, tandis que je vous encourage à poursuivre avec générosité votre chemin de fidélité au Christ et à son Eglise.

Avec ces sentiments, je vous donne de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière à vous, à vos collaborateurs, ainsi qu'à tout l'Ordre souverain de Malte.



AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DES ÉTATS-UNIS (RÉGION XII) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Jeudi 24 juin 2004



  Chers frères Evêques,

1. Les visites des Evêques des Etats-Unis auprès des tombes des Apôtres se poursuivant, je suis heureux de vous saluer, Evêques des provinces de Portland in Oregon, de Seattle et d'Anchorage. Dans notre série de réflexions sur l'exercice du ministère qui nous a été confié en tant que Successeurs des Apôtres, nous avons examiné le munus docendi à la lumière du témoignage prophétique du Royaume de Dieu de la part de l'Eglise qui en est, sur la terre, la semence et le début (cf. Lumen gentium LG 5). Outre le témoignage personnel de foi et de sainteté dont les croyants sont responsables en vertu du Baptême, l'Eglise est également appelée à apporter un important témoignage au monde à travers ses institutions.

C'est pourquoi, le mandat du Seigneur ressuscité de faire des disciples de toutes les nations et de leur enseigner à "observer tout ce qu'[Il] a prescrit" (Mt 28,19-20) doit être le point de référence indispensable de toute activité ecclésiale. Les nombreuses institutions religieuses, éducatives et caritatives de l'Eglise existent dans un unique but: proclamer l'Evangile. Leur témoignage doit toujours procéder ex corde Ecclesiae, du coeur même de l'Eglise. Il est donc extrêmement important que les institutions de l'Eglise soient véritablement catholiques: catholiques dans leur conscience d'elle-mêmes et catholiques dans leur identité. Tous ceux qui participent aux apostolats de ces institutions, y compris ceux qui n'ont pas la foi, devraient manifester une appréciation sincère et respectueuse à l'égard de cette mission qui constitue leur inspiration et leur raison d'être définitive.

2. Aujourd'hui, la créativité est particulièrement nécessaire pour mieux modeler les institutions ecclésiales afin qu'elles accomplissent leur mission prophétique. Cela signifie élaborer des méthodes nouvelles pour permettre à la lumière du Christ de resplendir de façon à ce que le don de sa grâce puisse vraiment faire "l'univers nouveau" (Ap 21,5 cf. Novo Millennio ineunte NM 54). Les nombreuses institutions ecclésiales aux Etats-Unis - les écoles, les Universités, les hôpitaux et les structures caritatives -, ne doivent pas seulement aider les fidèles à penser et à agir en plein accord avec l'Evangile, en surmontant toute séparation entre foi et vie (cf. Christifideles laici CL 34), mais ils doivent également incarner un clair témoignage collectif de sa vérité salvifique. Cela exigera de réexaminer constamment leurs priorités à la lumière de leur mission et d'offrir un témoignage convaincant, dans une société pluraliste, de l'enseignement de l'Eglise, en particulier en ce qui concerne le respect de la vie humaine, le mariage et la famille, ainsi que la juste organisation de la vie publique.

3. Les institutions éducatives ecclésiales ne seront en mesure de contribuer efficacement à la nouvelle évangélisation que si elles conservent et promeuvent clairement leur identité catholique. Cela signifie que "le contenu du projet éducatif devra se référer constamment à Jésus Christ et à son message, comme l'Eglise le présente dans son enseignement tant dogmatique que moral" ( Ecclesia in America ). En outre, une éducation authentiquement catholique se fixera pour objectif une intégration de la connaissance dans le contexte d'une vision de la personne humaine et du monde éclairée par l'Evangile. En raison de leur nature même, les Universités et les collèges catholiques sont appelés à offrir un témoignage institutionnel de la fidélité au Christ et à sa Parole, telle que l'Eglise la présente, un témoignage public et exprimé dans la demande canonique du mandat (CIC 812 cf. USCCB, The Application of Ex Corde Ecclesiae in the United States, deuxième partie, art. 4, 4, e). En tant que communautés engagées dans la recherche de la vérité et dans l'établissement d'une synthèse vivante entre foi et raison, ces institutions devraient se trouver en première ligne dans le dialogue de l'Eglise avec la culture, car "une foi qui se situerait en marge de ce qui est humain, donc de ce qui est culture, serait une foi qui ne refléterait pas la plénitude de ce que la Parole de Dieu manifeste et révèle, une foi décapitée, pire encore, une foi en phase d'auto-anéantissement" (Ex Corde Ecclesiae, n. 44).

La présence de l'Eglise dans l'éducation primaire et secondaire doit elle aussi être l'objet de votre sollicitude particulière de pasteurs du Peuple de Dieu. Les écoles paroissiales locales ont beaucoup fait pour offrir une solide formation scolaire, morale et religieuse à un très grand nombre d'Américains, qu'ils soient catholiques ou non. Je saisis cette occasion pour reconnaître avec gratitude le travail dévoué accompli par d'innombrables prêtres, religieux et laïcs dans le domaine de l'éducation catholique, et je vous invite à vous joindre à moi pour les encourager à persévérer dans cette mission nécessaire (cf. Congrégation pour l'Education catholique, Les Personnes consacrées et leur mission dans l'école, n. 84). Je vous demande également d'encourager vos prêtres à continuer d'être présents et visibles dans les écoles paroissiales et à accomplir tous les efforts possibles pour garantir que, malgré les difficultés économiques, l'éducation catholique reste accessible aux pauvres et au moins privilégiés de la société.

4. Les programmes éducatifs religieux représentent eux aussi des éléments significatifs de la mission évangélisatrice de l'Eglise. Alors que les programmes catéchétiques adressés aux enfants et aux jeunes, en particulier en ce qui concerne la préparation aux sacrements, restent essentiels, il est nécessaire de prêter une plus grande attention aux exigences particulières des adolescents et des adultes. Des programmes efficaces d'éducation religieuse, tant au niveau diocésain que paroissial, requièrent un discernement constant des exigences réelles des diverses tranches d'âge et des divers groupes, ainsi qu'une évaluation créative des meilleurs moyens d'y répondre, en particulier la nécessité d'une formation à la prière intérieure, dans la lecture spirituelle des Saintes Ecritures (cf. Dei Verbum DV 11) et dans la réception féconde des Sacrements. Ce discernement permanent exige l'engagement personnel de l'Evêque avec les pasteurs, qui sont les responsables directs de l'instruction religieuse dispensée dans les paroisses, avec les spécialistes de l'enseignement religieux, dont la générosité et l'expérience constituent une si grande ressource pour vos Eglises locales, et avec les parents, qui sont appelés avant tous les autres à former leurs enfants à la foi et à la vie chrétienne (cf. CIC CIC 774,2).

5. Les nombreuses initiatives des catholiques américains en faveur des personnes âgées, des malades et des indigents, à travers des foyers, des hôpitaux, des cliniques et divers centres de soutien et d'assistance, ont toujours été et continuent d'être un témoignage éloquent de "foi, espérance et charité" (1Co 13,31) qui doivent caractériser la vie de chaque disciple du Seigneur. Aux Etats-Unis, des générations de religieux et de laïcs engagés, avec la création un réseau d'institutions médicales catholiques, ont apporté un témoignage exceptionnel du Christ, médecin du corps et de l'âme, et de la dignité de la personne humaine. Vous ne devez pas permettre que les graves défis qui interpellent ces institutions, dans des circonstances sociales et économiques en évolution, affaiblissent ce témoignage collectif. Les politiques établies de façon absolument conforme à l'enseignement moral de l'Eglise doivent être solidement ancrées dans les structures médicales catholiques et chaque aspect de la vie de ces dernières doit refléter leur inspiration religieuse et leur lien profond avec la mission ecclésiale d'apporter la lumière surnaturelle, la guérison et l'espérance aux hommes et aux femmes, à chaque étape de leur pèlerinage terrestre.

6. Chers frères, c'est avec une profonde gratitude pour l'importante contribution que les institutions catholiques présentes dans vos diocèses ont rendue au développement de vos Eglises locales, que je m'unis à vos prières afin qu'elles deviennent toujours davantage des agents efficaces de la nouvelle évangélisation, des sources d'énergie vitale pour l'apostolat et un levain authentique du Royaume (cf. Mt 13,33) dans la société américaine. J'invoque sur tout le clergé, les religieux et les laïcs engagés dans des oeuvres de service ecclésial, la sagesse et la force de l'Esprit Saint et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, en gage de grâce et de force dans le Seigneur.


AU PARTICIPANTS À LA 71ème ASSEMBLÉE DE LA R.O.A.C.O.

Jeudi 24 juin 2004


  Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
très chers frères et soeurs!

1. J'adresse à chacun de vous un salut cordial à l'occasion de la soixante et onzième Assemblée de la R.O.A.C.O., Réunion des Oeuvres pour l'Aide aux Eglises orientales.

Je salue le Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, Monsieur le Cardinal Ignace Moussa I Daoud, et je le remercie de s'être fait l'interprète des sentiments de toutes les personnes présentes. Je salue le Secrétaire et les collaborateurs du Dicastère, ainsi que le Nonce apostolique en Roumanie, le nouveau Custode de Terre Sainte et les Responsables des Agences. Je souhaite à chacun une cordiale bienvenue.

2. Votre visite me rappelle la situation où se trouvent les communautés chrétiennes des Eglises d'Orient, soumises en ce moment à une dure épreuve en raison des conflits en cours, du terrorisme et d'autres difficultés. Que votre soutien ne leur manque pas, fidèles au devoir que vous avez assumé selon les orientations de la Congrégation orientale. A l'action généreuse en faveur des populations d'Irak, vous avez uni, au cours de cette session, une attention particulière à l'Eglise grecque-catholique de Roumanie. Merci d'être attentifs à ces questions. Il s'agit d'un service précieux de solidarité envers ceux qui sont dans le besoin. Pour l'accomplir de la meilleure manière possible, c'est à l'Eucharistie que vous devez puiser la force nécessaire. J'écrivais, à cet égard, dans la récente Lettre encyclique Ecclesia de Eucharistia: "Aux germes de désagrégation entre les hommes, qui, à l'expérience quotidienne, apparaissent tellement enracinés dans l'humanité à cause du péché, s'oppose la force génératrice d'unité du corps du Christ. En faisant l'Eglise, l'Eucharistie crée proprement pour cette raison la communauté entre les hommes" (EE 24).

3. Une occasion significative d'exprimer cette communion solidaire, qui unit tous les croyants en Christ, est la Collecte de Terre Sainte, qui a traditionnellement lieu le Vendredi Saint partout dans le monde. Mes vénérés Prédécesseurs ont toujours recommandé à toutes les communautés chrétiennes d'avoir soin de l'Eglise mère de Jérusalem. Il faut persévérer en priant de façon intense pour la paix des peuples qui vivent sur la Terre de Jésus. Qu'aux chrétiens qui sont extrêmement éprouvés par la violence qui perdure et par les nombreux autres problèmes qui engendrent un appauvrissement économique, des tensions sociales, un avilissement humain et culturel, ne manque pas le soutien de toute l'Eglise catholique. C'est également grâce à la Collecte du Vendredi Saint, que j'évoquais ci-dessus, qu'il est possible de répondre aux besoins les plus urgents et d'alimenter l'esprit d'accueil et de respect réciproques, en favorisant la maturation d'une volonté commune de réconciliation. Tout cela ne peut manquer de contribuer à construire la paix tant désirée.

4. L'un des devoirs les plus importants de la Congrégation pour les Eglises orientales pour soutenir la vie pastorale et l'oeuvre évangélisatrice des Eglises catholiques d'Orient demeure la formation des éducateurs. Votre contribution, à cet égard, devra prendre en considération combien, souvent, sont importants les besoins des séminaires et des maisons de formation, et comment les priorités varient d'une communauté ecclésiale à l'autre. Ce dicastère accomplit un remarquable effort également d'un point de vue économique pour préparer des prêtres, suivre des séminaristes, des religieuses et des religieux, des laïcs, hommes et femmes, de façon à ce que les Eglises, une fois dépassés les a priori du passé, puissent à présent compter sur des pasteurs qualifiés et des laïcs responsables et compétents.

5. Puissent le Seigneur Jésus et sa Mère céleste, qui est tant aimée et vénérée partout par les antiques Eglises d'Orient, aider nos frères et soeurs dans la foi à répondre avec courage aux défis de la nouvelle évangélisation. Que saint Jean Baptiste, dont nous fêtons aujourd'hui la naissance, les assiste, avec tous les saints, à travers son intercession.

Je vous assure moi aussi de ma prière, tout en vous donnant bien volontiers, ainsi qu'à vos collaborateurs, aux bienfaiteurs et aux personnes qui vous sont chères, une Bénédiction apostolique particulière.




AUX PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM EUROPÉEN DES PROFESSEURS D'UNIVERSITÉ

Vendredi 25 juin 2004



Mesdames, Messieurs!

1. Je suis heureux de vous rencontrer à l'occasion du Symposium européen des Professeurs d'Université qui, dans le contexte de l'Année internationale de la Famille, vous voit engagés à réfléchir et à confronter vos points de vue sur les fondements, les expériences et les perspectives de la famille en Europe. J'adresse à chacun de vous un salut cordial. Je salue en particulier le Cardinal Camillo Ruini, et je lui suis reconnaissant des aimables paroles qu'il a voulu m'adresser en votre nom.

Je vous exprime ma vive gratitude pour le thème choisi: c'est sur la famille, en effet, que se joue l'avenir de l'Europe. On peut dire que la famille est le reflet de la société, et donc également de l'Europe qui est en train de se construire. L'évolution de la famille est et demeurera l'indice le plus important des développements culturels et institutionnels du Continent. Il est donc plus que jamais opportun que les Universités, et en particulier les professeurs chrétiens, suivent avec attention les dynamiques familiales, en promouvant chez les nouvelles générations une réflexion responsable et consciente.

2. Au cours du premier millénaire, la rencontre entre le droit romain et le message chrétien a donné naissance à ce que nous pourrions appeler le modèle européen de la famille, qui s'est ensuite diffusé à grande échelle dans les Amériques et en Océanie. L'histoire de ce modèle coïncide justement avec celle de la civilisation dite occidentale. En effet, au milieu du siècle dernier, dans les communautés les plus développées d'un point de vue social et économique, sont apparus avec une grande rapidité des phénomènes symptomatiques d'une crise profonde, avec des conséquences qui sont aujourd'hui sous les yeux de tous (cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa, n. 90). Face à cette crise, la famille a toujours été un élément de cohésion et de force et, même lorsqu'elle est fortement contestée, elle demeure un objet d'aspirations, de désirs, de projets, de nostalgies. L'origine de la crise est en réalité de type culturel, au point qu'aujourd'hui, les nouvelles générations apparaissent fortement attirées par l'idéal de la famille traditionnelle, mais presque incapables d'en assumer la responsabilité de façon adéquate.

3. On comprend alors l'importance d'un congrès comme le vôtre, qui analyse l'institution familiale précisément au niveau de ses fondements - philosophiques, juridiques, théologiques - pour interpréter en profondeur les expériences actuelles, souvent problématiques et quelquefois dramatiques, et saisir les multiples perspectives qui s'ouvrent concernant un modèle familial renouvelé.

Mais telle est, précisément, la question centrale: peut-on encore parler aujourd'hui d'un modèle de famille? L'Eglise est convaincue que, dans le contexte actuel, il est plus que jamais nécessaire de réaffirmer les institutions du mariage et de la famille comme des réalités qui dérivent de la sage volonté de Dieu et qui révèlent pleinement leur signification et leur valeur au sein de son dessein créateur et salvifique (cf. ibid.; cf. Conc. oecum. Vatican II, Const. Gaudium et Spes GS 48 Exhortation apostolique post-synodale Familiaris consortio FC 11-16). Dans ce but, à côté des initiatives proprement pastorales, prend une importance extrêmement significative le rôle de tous ceux qui oeuvrent dans le domaine de la culture et de la recherche scientifique, où la méthode est celle du dialogue et de l'échange entre les différentes disciplines qui s'intéressent aux thématiques familiales.

4. C'est de cette méthode que vous vous inspirez au cours de ce Symposium, en vous référant au contexte européen. Je souhaite que cette initiative opportune puisse contribuer à faire en sorte que dans l'Europe d'aujourd'hui et de demain, la famille puisse pleinement jouer le rôle qui revient à sa très haute dignité. Je vous assure à cette fin d'un souvenir particulier dans la prière et j'invoque l'intercession de la Sainte Famille de Nazareth, modèle de toute famille.

Chers amis, je souhaite à chacun de vous un bon travail et un bon séjour à Rome. Et j'accompagne ce souhait de ma Bénédiction, que j'étends à tous ceux qui vous sont chers.





À S.E. M. EDWARD FENECH ADAMI PRÉSIDENT DE MALTE

Vendredi 25 juin 2004




Monsieur le Président,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican si rapidement après votre élection et, à travers Vous, j'adresse mes salutations cordiales au peuple de Malte. Vous accomplissez votre visite à un moment important de l'histoire de votre pays. Malte, en occupant sa place légitime dans l'Union européenne, doit jouer un rôle décisif en soutenant l'identité profondément chrétienne de ce continent. A ce propos, je voudrais exprimer la sincère satisfaction du Saint-Siège pour le soutien qu'a offert Votre Excellence, ainsi que le Gouvernement de Malte, afin que soit introduite une référence à l'héritage chrétien de l'Europe, dans le Préambule du Traité constitutionnel de l'Union européenne.

Depuis l'époque de saint Paul, Malte est célèbre pour sa ferme adhésion à la foi. Je prie afin qu'elle persévère en ce sens, et j'ai la certitude que le peuple maltais, connu pour son dévouement à l'Eglise et, en particulier, pour son grand respect de la vie de famille, communiquera aux autres sa profonde appréciation du message libérateur de l'Evangile.

J'invoque de tout coeur sur vous et sur tout le bien-aimé peuple de Malte d'abondantes Bénédictions divines de prospérité, de joie et de paix.


AUX REPRÉSENTANTS DU CENTRE SPORTIF ITALIEN

Samedi 26 juin 2004


Chers amis du Centre sportif italien!

1. Soyez les bienvenus à cette rencontre, qui commémore les soixante ans de votre Institution de grand mérite, fondée pour évangéliser le monde du sport en Italie. Je vous accueille et je vous salue tous avec affection. Je salue les Prélats présents et, en premier lieu, le Cardinal Camillo Ruini, Président de la Conférence épiscopale italienne. Je lui suis reconnaissant, en particulier, de m'avoir illustré il y a peu les programmes et les projets de votre Association. Je salue les dirigeants, les entraîneurs, les arbitres, les animateurs et les assistants spirituels. J'adresse un salut cordial à Mgr Vittorio Peri, Conseiller ecclésiastique national, et au Président national, M. Edio Costantini. Je vous salue en particulier, chers jeunes athlètes, et je vous remercie de votre accueil chaleureux.

2. "Lève toi!" (Lc 7,14). Je voudrais reprendre en cette occasion l'invitation du Seigneur au jeune homme de Naïn, qui a constitué le thème de mon récent pèlerinage apostolique en Suisse, pour réfléchir avec vous également sur le sens de votre mission dans l'Eglise et dans la société.

"Lève-toi! Ecoute! Mets-toi en marche".J'ai adressé ces paroles aux jeunes rassemblés au Palais des Glaces de Berne le 5 juin dernier. Je vous répète cette même invitation à vous, chers amis du Centre sportif italien. Chacun de vous est appelé à suivre le Christ et à être son témoin dans le monde du sport.

Vous êtes bien conscients de cette vocation particulière et, au sein du projet culturel sportif de l'Association, vous affirmez que vous n'entendez pas limiter votre présence dans la société italienne uniquement à la promotion du sport, mais que vous voulez contribuer à répondre aux questions profondes que posent les nouvelles générations sur le sens de la vie, son orientation et son objectif. Vous voulez ainsi promouvoir une mentalité et une culture sportive qui en "pratiquant le sport", et pas seulement en "parlant de sport", fasse redécouvrir la pleine vérité sur la personne.

3. C'est dans ce but qu'est né le Centre sportif italien il y a soixante ans: proposer aux jeunes, alors marqués par les tristes conséquences de la Seconde Guerre mondiale, la pratique du sport, non seulement comme source de bien-être physique, mais comme idéal de vie courageux, positif, optimiste, comme moyen de renouveau intégral de la personne et de la société. Mon vénéré prédécesseur, le serviteur de Dieu Pie XII, demanda alors à votre Association d'être un levain de christianisme dans les stades, sur les routes, sur les montagnes, à la mer, partout où s'élève avec honneur votre étendard (cf. Discours au CSI de 1955).

Chers amis, au cours des années, vous avez cherché à rester fidèles à cette consigne, en présentant le Centre sportif italien comme une école d'authentique formation humaine. Vous avez oeuvré afin que les enfants, les jeunes et les adultes puissent connaître, à travers les diverses disciplines sportives, la richesse et la beauté de l'Evangile. Vous les avez aidés à rencontrer Jésus et à le choisir comme raison ultime de leur existence.

4. Cela reste aujourd'hui votre mission, dont la société continue à avoir besoin. L'effort de la part de vos associations sportives visant à promouvoir le sport comme expérience de formation dans les paroisses, à l'école, et sur le territoire, aidera les nouvelles générations à choisir et à cultiver les valeurs authentiques de la vie: l'amour pour la vérité et la justice, le goût de la beauté et de la bonté, la recherche de la liberté authentique et de la paix.

A notre époque, le monde du sport semble parfois conditionné par la logique du profit, du spectacle, du doping, de l'esprit de compétition exacerbé, et par des épisodes de violence. Votre devoir est également d'annoncer et de témoigner de la force humanisante de l'Evangile à l'égard de la pratique sportive qui, si elle est vécue selon la vision chrétienne, devient un "principe générateur" de relations humaines profondes, et favorise l'édification d'un monde plus serein et solidaire.

Chers jeunes athlètes, je vous souhaite, à vous tout particulièrement, de pratiquer le sport avec loyauté et un sain esprit de compétition. Cela vous aidera ainsi à affronter la difficile épreuve de la vie avec courage et honnêteté, avec joie et avec une confiance sereine dans l'avenir.

Je confie au Seigneur, à travers l'intercession de Marie, toute la famille du Centre sportif italien et chacun de ses projets de bien, tandis que je vous bénis tous avec affection.


Discours 2004 - Vendredi 18 juin 2004