Discours 2004 - Samedi 26 juin 2004


AUX MEMBRES DES "BRUDERHOF COMMUNITIES"

Samedi 26 juin 2004



Chers amis,

Je suis heureux d'accueillir au Vatican les représentants du Mouvement international des Bruderhof Communities. Vous partagez une tradition dans laquelle l'appel du Christ à être ses disciples trouve son expression dans la vie commune dans l'Esprit et dans le témoignage quotidien du commandement évangélique de l'amour. Les chrétiens ont toujours besoin d'entendre à nouveau les exhortations radicales à la sainteté qui constituent le coeur du message de notre Sauveur. Votre témoignage de ce message se reflète de façon particulière dans votre respect pour la création de Dieu et votre engagement profond à défendre le caractère sacré de toute vie humaine.

Je vous salue avec affection dans le Seigneur, et je prie pour que les contacts croissants que vous promouvez avec l'Eglise catholique portent des fruits de compréhension réciproque, de respect et de coopération accrus. Puisse Dieu, notre Père miséricordieux, déverser sur vous et vos communautés une abondance de Bénédictions de sagesse, de joie et de paix.



À LEURS ALTESSES ROYALES DON FELIPE ET DOÑA LETIZIA DE BOURBON PRINCE ET PRINCESSE DES ASTURIES

Lundi 28 juin 2004


Altesses,

Je suis heureux de vous recevoir à l'occasion de cette audience, peu de temps après la célébration du Sacrement du Mariage, et je vous remercie du respect dont vous avez fait preuve en me rendant visite aux débuts de votre vie conjugale. La naissance d'une nouvelle famille est toujours un grand événement. Elle l'est pour les époux, dont l'amour réciproque s'enrichit et se consolide avec la grâce divine. Elle l'est également pour les familles respectives et pour la société, car une coexistence fidèle qui ne prend pas fin, porte en elle de nouvelles espérances et de nouvelles promesses de vie.

Je vous renouvelle donc les voeux que je vous ai déjà envoyés le jour de votre mariage, et je demande à Dieu de vous aider dans ce nouvel état de vie, afin que vous formiez une famille heureuse qui, en raison de l'importance qu'elle possède dans la société espagnole, constituera également un point de référence exemplaire pour de nombreuses familles de cette chère nation.

Je vous prie de transmettre mon salut à Leurs Majestés, ainsi qu'à tous les Espagnols qui, en cette occasion, vous ont exprimé de chaleureuses marques d'affection. Je vous renouvelle mon salut et mes meilleurs voeux, alors que je vous bénis de tout coeur.


À SA SAINTETÉ BARTHOLOMAIOS I, PATRIARCHE OECUMÉNIQUE DE CONSTANTINOPLE

Mardi 29 juin 2004



Votre Sainteté,
vénérés et bien-aimés frères du Patriarcat oecuménique!

1. Soyez les bienvenus au nom du Seigneur! C'est à lui que nous adressons notre remerciement, car il nous donne aujourd'hui de nous rencontrer, en la Fête des Saints Pierre et Paul, vénérés également par la Liturgie orthodoxe comme Protóthronoi, c'est-à-dire ceux qui siègent sur les premiers trônes.

Nous rendons, en outre, grâce à Dieu en commémorant ensemble la bienheureuse rencontre qui eut lieu il y a quarante ans entre mon vénéré prédécesseur, le Pape Paul VI, et le vénéré Patriarche Athénagoras I. Celle-ci eut lieu à Jérusalem, où Jésus fut élevé sur la croix pour racheter l'humanité et la réunir dans l'unité. Combien cette rencontre fut providentielle pour la vie de l'Eglise, et combien fut-elle à la fois courageuse et joyeuse! Poussés par la confiance et par l'amour pour Dieu, nos prédécesseurs éclairés ont su surmonter les préjugés et les incompréhensions séculaires et ont offert un admirable exemple de pasteurs et de guides du Peuple de Dieu. En se redécouvrant frères, ils ont ressenti un sentiment de profonde joie, qui les a poussés à reprendre avec confiance les relations entre l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople. Que Dieu les récompense dans son Royaume!

2. Votre Sainteté, je vous accueille avec une grande affection, et je suis véritablement heureux de pouvoir vous accueillir dans cette maison, qui garde la mémoire vivante des saints Apôtres. Avec vous, je salue ceux qui vous accompagnent et, en particulier, les Métropolites et la Délégation du Patriarcat. Je salue également le groupe de fidèles de l'archidiocèse grec-orthodoxe d'Amérique et le groupe de professeurs et d'étudiants de l'Institut de Théologie orthodoxe d'Etudes supérieures de Chambésy, guidés par l'Evêque Makarios. Je vous remercie tous pour votre présence cordiale.

Au cours de ces quarante ans, nos Eglises, dans le cadre de leurs relations, ont vécu des occasions importantes de contact, qui ont favorisé l'esprit de réconciliation réciproque. Nous ne pouvons pas oublier, par exemple, l'échange de visites entre le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras en 1967. Je conserve également un vif souvenir de ma visite au Phanar en 1979, et de l'annonce, avec le Patriarche Dimitrios I, du début du dialogue théologique. Je me souviens, en outre, de la visite à Rome du Patriarche Dimitrios I en 1987, et de celle de Votre Sainteté, en 1995, qui ont été suivies par d'autres occasions importantes de rencontre. Il s'agit d'autant de signes de l'engagement commun de continuer à parcourir le chemin entrepris, afin que se réalise au plus tôt la volonté du Christ: Ut unum sint!

3. Le long de ce chemin, ont bien sûr pesé les souvenirs des événements douloureux de l'histoire passée. En particulier, en cette circonstance, nous ne pouvons oublier ce qui a eu lieu au mois d'avril de l'année 1204. Une armée partie pour rendre la Terre Sainte aux chrétiens, se dirigea vers Constantinople pour s'en emparer et la piller, versant le sang de nos frères dans la foi. Comment ne pas partager nous aussi, huit siècles plus tard, l'indignation et la douleur qu'exprima immédiatement le Pape Innocent III en apprenant ce qui s'était passé? Après tant de temps, nous pouvons analyser les événements d'alors avec une plus grande objectivité, même si nous sommes conscients de la difficulté de rechercher la pleine vérité historique.

A cet égard, nous sommes soutenus par l'avertissement de l'Apôtre Paul: "Ainsi donc, ne portez pas de jugement prématuré. Laissez venir le Seigneur; c'est lui qui éclairera le secret des ténèbres et rendra manifestes les desseins des coeurs" (1Co 4,5). Prions donc afin que le Seigneur de l'histoire purifie notre mémoire de tout préjugé et ressentiment, et nous accorde d'avancer librement sur la voie de l'unité.

4. C'est à cela que nous invite également l'exemple laissé par le Patriarche Athénagoras I et par le Pape Paul VI, que nous commémorons aujourd'hui. Que le souvenir de cette rencontre favorise un nouveau bond en avant dans le dialogue et le renforcement des relations fraternelles réciproques. Le dialogue théologique, à travers la "Commission mixte", demeure à cette fin un instrument important. C'est pourquoi je souhaite qu'il soit rétabli au plus tôt. En effet, je suis convaincu de cette urgence, et mes collaborateurs et moi-même souhaitons mettre à profit tous les moyens possibles pour alimenter l'esprit d'accueil et de compréhension réciproque, dans la fidélité à l'Evangile et à la Tradition apostolique commune. Nous sommes poussés sur cette voie par le commandement ancien et toujours nouveau de l'amour, dont l'Apôtre Paul se faisait l'écho à travers ses célèbres paroles: "Que l'amour fraternel vous lie d'affection entre vous, chacun regardant les autres comme plus méritants" (Rm 12,10).

5. Je confie ces intentions de réconciliation et de pleine communion aux Saints Apôtres que nous rappelons aujourd'hui. Nous les invoquons avec confiance, afin que leur intercession céleste nous renforce dans la foi et nous rende persévérants pour chercher à réaliser au plus tôt la volonté du Christ. Que Marie, la Mère de Celui qui nous appelle tous à la pleine unité dans son amour, nous obtienne ce don.

Avec ces sentiments, je renouvelle à Votre Sainteté, ainsi qu'à vous tous, hôtes éminents, une très cordiale bienvenue.



À L'ÉVÊQUE MAKARIOS DE LAMPSAQUE ET AUX ÉTUDIANTS DE L'INSTITUT D'ÉTUDES SUPÉRIEURES EN THÉOLOGIE ORTHODOXE

Mardi 29 juin 2004



Excellence,
Monsieur le Recteur, chers étudiants,

Je me réjouis de votre visite d'étude et d'information à Rome dans le cadre des contacts suivis qui se sont établis depuis plusieurs années entre le Centre orthodoxe du Patriarcat oecuménique, auprès duquel a son siège l'Institut de Théologie orthodoxe d'Études Supérieures, et le Comité catholique pour la collaboration culturelle au sein du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens. Je me souviens avec gratitude de ma visite au Centre et de la longue et efficace collaboration avec son premier Directeur, le Métropolite Damaskinos. Vous êtes accueillis avec joie en cette ville de Rome et je souhaite que l'aspect spirituel de votre visite et votre rencontre avec la grande tradition de foi alimentée par l'Église des Apôtres Pierre et Paul vous permettent de découvrir tout ce que nous partageons dans notre effort millénaire pour proclamer l’Évangile du Christ.

Votre visite vous offrira aussi l’occasion de rencontrer des responsables du Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens, ainsi que d'autres Dicastères du Saint-Siège et des Universités pontificales. Ces diverses entrevues favorisent la connaissance mutuelle. Ainsi, s’entrevoit toujours mieux «l'heure de la rencontre et du partage des dons de chacun, sur la base d'une connaissance réciproque objective et approfondie» (Audience aux membres du «Conseil de Gestion» du Comité catholique pour la collaboration culturelle, 18 janvier 2003).

Cette première «visite d'étude et d'information» de votre Institut à Rome coïncide avec le quarantième anniversaire de la rencontre historique entre le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras 1er à Jérusalem. Je rends grâce au Seigneur qui fit don à son Église de ce merveilleux témoignage de fraternité et je vous encourage à oeuvrer pour que l'engagement pris sur la terre du Seigneur reste un devoir ferme pour tous. Dans ce même esprit, je me réjouis de la visite à Rome de Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée. Elle constitue une nouvelle étape du dialogue de la charité dont l'aube s'est si lumineusement dessinée à Jérusalem. Soyez sûrs des sentiments d'amitié avec lesquels l'Évêque de Rome vous accueille et demande à Dieu de faire descendre sur vous l’abondance de ses Bénédictions.

                               Juillet 2004



DÉCLARATION COMMUNE DU PAPE JEAN-PAUL II ET DU PATRIARCHE OECUMÉNIQUE BARTHOLOMAIOS I



"Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, soyez forts. Que tout se passe chez vous dans la charité" (1Co 16,13-14).

1. Dans l'esprit de foi dans le Christ et de charité réciproque qui nous unit, nous rendons grâce à Dieu pour le don de notre nouvelle rencontre, qui se déroule en la fête des saints Apôtres Pierre et Paul, témoignant de la ferme volonté de poursuivre le chemin vers la pleine communion entre nous dans le Christ.

2. Nombreuses ont été les étapes positives qui ont marqué ce chemin en commun, à commencer en particulier par l'événement historique que nous rappelons aujourd'hui: le baiser entre le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras I à Jérusalem, sur le Mont des Oliviers, les 5 et 6 janvier 1964. Aujourd'hui, Nous, leurs successeurs, nous retrouvons ensemble pour commémorer dignement devant Dieu, dans la fidélité au souvenir et aux intentions de prière originelles, cette rencontre bénie, qui fait désormais partie de l'histoire de l'Eglise.

3. Le baiser de nos prédécesseurs respectifs de vénérée mémoire, à Jérusalem, exprimait de façon visible une espérance présente dans le coeur de tous, comme le rapportait le Communiqué: "Les yeux fixés sur le Christ, exemple et auteur, avec le Père, de l'unité et de la paix, [ils] prient Dieu que cette rencontre soit le signe et le prélude des choses à venir pour la gloire de Dieu et l'illumination de son peuple fidèle. Après tant de siècles de silence, ils se sont maintenant rencontrés dans le désir de réaliser la volonté du Seigneur et de proclamer l'antique vérité de son Evangile confié à l'Eglise" (1).

4. Unité et Paix! L'espérance allumée par cette rencontre historique a illuminé le chemin de ces dernières décennies. Conscients que le monde chrétien souffre depuis des siècles du drame de la séparation, nos prédécesseurs et nous-mêmes avons poursuivi avec persévérance le "dialogue de la charité", le regard tourné vers ce jour lumineux et béni où il sera possible de communier à la même coupe du saint Corps et du précieux Sang du Seigneur (2). Les nombreux événements ecclésiaux, qui ont marqué ces quarante dernières années, ont donné son fondement et son caractère à l'engagement de la charité fraternelle: une charité qui, tirant les leçons du passé, doit être prête à pardonner, disposée à croire plus volontiers au bien qu'au mal, désireuse avant tout de se conformer au Divin Rédempteur et de se laisser attirer et transformer par Lui (3).

5. Nous rendons grâce au Seigneur pour les gestes exemplaires de charité réciproque, de participation et de partage, qu'il nous a donné d'accomplir, parmi lesquels il faut rappeler la visite du Pape au Patriarche oecuménique Dimitrios en 1979, lorsque, au siège du Phanar, fut annoncée la création de la "Commission mixte catholique orthodoxe pour le Dialogue théologique", étape supplémentaire en vue d'unir au "dialogue de la charité" le "dialogue de la vérité"; la visite du Patriarche Dimitrios à Rome en 1987; notre rencontre à Rome, en la fête des saints Pierre et Paul en 1995, lorsque nous avons prié à Saint-Pierre, tout en nous séparant avec douleur au cours des célébrations de la Liturgie eucharistique, car il ne nous est pas encore possible de boire à la même coupe du Seigneur. Puis, plus récemment, la rencontre d'Assise pour la "Journée de Prière pour la Paix dans le monde" et la Déclaration commune sur la sauvegarde de la création, signée en 2002.

6. En dépit de notre ferme volonté de poursuivre le chemin vers la pleine communion, il aurait été irréaliste de ne pas s'attendre à des obstacles de diverse nature; doctrinales avant tout, mais dérivant également des conditionnements dus à une histoire difficile. En outre, de nouveaux problèmes nés à la suite de profonds changements survenus au sein de la communauté politique et sociale européenne, ont eu diverses conséquences sur les relations entre les Eglises chrétiennes. Avec le retour à la liberté des chrétiens d'Europe centrale et orientale, se sont réveillées également d'anciennes peurs, qui ont rendu le dialogue difficile. L'exhortation de saint Paul aux Corinthiens: que tout se fasse parmi vous dans la charité, doit toutefois toujours résonner en nous et parmi nous.

7. La "Commission mixte catholique orthodoxe pour le Dialogue théologique", commencée avec tant d'espérance, a marqué le pas au cours des dernières années. Elle peut toutefois demeurer un instrument adapté afin d'étudier les problèmes ecclésiologiques et historiques qui sont à la base de nos difficultés, et identifier des hypothèses de solution. Notre devoir est de poursuivre notre ferme engagement en vue d'en réactiver le travail au plus tôt. En prenant acte des initiatives réciproques dans ce sens des sièges de Rome et de Constantinople, nous nous adressons au Seigneur afin qu'il soutienne notre volonté et convainque tous qu'il est indispensable de poursuivre le "dialogue de la vérité".

8. Notre rencontre d'aujourd'hui à Rome nous permet également d'affronter de façon fraternelle certains problèmes et malentendus qui sont apparus récemment. La longue pratique du "dialogue de la charité" nous aide précisément en ces circonstances, afin que les difficultés puissent être affrontées avec sérénité et ne ralentissent ni obscurcissent le chemin entrepris vers la pleine communion dans le Christ.

9. Face à un monde qui souffre de toutes sortes de divisions et de déséquilibres, la rencontre d'aujourd'hui veut rappeler de façon concrète et avec force l'importance du fait que les chrétiens et les Eglises vivent entre eux dans la paix et l'harmonie, pour témoigner ensemble du message de l'Evangile de façon plus crédible et convaincante.

10. Dans le contexte particulier de l'Europe, en marche vers des formes plus élevées d'intégration et d'élargissement vers l'Est du Continent, nous rendons grâces au Seigneur pour ce développement positif et nous exprimons l'espérance que dans cette nouvelle situation, la collaboration entre catholiques et orthodoxes s'intensifie. Nombreux sont les défis à affronter ensemble pour contribuer au bien de la société: guérir à travers l'amour la plaie du terrorisme, diffuser une espérance de paix, contribuer à résoudre de nombreux conflits douloureux; redonner au Continent européen la conscience de ses racines chrétiennes; instaurer un véritable dialogue avec l'Islam, car l'indifférence et l'ignorance réciproques ne peuvent engendrer que la méfiance et même la haine; alimenter la conscience du caractère sacré de la vie humaine; oeuvrer afin que la science n'éteigne pas l'étincelle divine que chaque homme reçoit avec le don de la vie; collaborer afin que notre terre ne soit pas défigurée et que la création puisse préserver la beauté que Dieu lui a donnée; mais, surtout, annoncer avec une vigueur renouvelée le Message évangélique, en montrant à l'homme contemporain combien l'Evangile l'aide à se retrouver lui-même et à édifier un monde plus humain.

11. Prions le Seigneur afin qu'Il donne la paix à l'Eglise et au monde et qu'il vivifie à travers la sagesse de son Esprit notre chemin vers la pleine communion, "ut unum in Christo simus".

Du Vatican, le 29 juin 2004



Notes

1) Communiqué commun du Pape Paul VI et du Patriarche Athénagoras I, Tomos Agapis - Vatican - Phanar, 1971, n. 50, p. 120.
2) Cf. Allocution du Patriarche Athénagoras I au Pape Paul VI (5 janvier 1964), ibid., n. 48, p. 109.
3) Cf. Allocution du Pape Paul VI au Patriarche Athénagoras I (6 janvier 1964), ibid., n. 49, p. 117.



PAROLES DU PAPE JEAN-PAUL II AU TERME DE LA VISITE DE SA SAINTETÉ BARTHOLOMAIOS I

Jeudi 1 juillet 2004


  Votre Sainteté!

Tandis que votre visite appréciée à Rome, à l'occasion de la solennité des saints Apôtres Pierre et Paul, touche à son terme, je désire vous renouveler l'expression de ma plus cordiale reconnaissance. Pendant trois jours, accompagné par une suite de haut niveau, composée, entre autres, d'éminents Métropolites, que je salue à nouveau, Vous avez quitté le Siège patriarcal du Phanar pour être aux côtés du Successeur de Pierre. Nous rendons ensemble grâce à Dieu car il nous a permis de cette façon de montrer aux fidèles un signe vivant de fraternité et de confirmer l'intention de progresser de façon décidée vers l'objectif de la pleine unité entre catholiques et orthodoxes. Nous avons un grand besoin de ces signes de communion, ainsi que de paroles qui les accompagnent et les expliquent, ce que nous avons souhaité faire en souscrivant une Déclaration commune.

Un autre événement important de ces derniers jours est pour moi un motif de joie particulière: avoir eu l'occasion de concéder au Patriarcat oecuménique l'usage liturgique de l'église Saint-Théodore au Palatin, au coeur de la Rome antique. Cela permettra aux fidèles de l'archidiocèse grec-orthodoxe en Italie d'avoir une présence significative et constante auprès du tombeau de l'Apôtre Pierre.

Tout cela, nous le savons, est le don de Dieu. Et il est beau que des frères vivent ensemble dans cette reconnaissance commune envers Celui qui est le "Père de la lumière" dont descend "tout don excellent, toute donation parfaite" (cf. Jc Jc 1,17).

Merci de tout coeur, à Votre Sainteté et à chacun des membres de votre vénérée suite. En souvenir de ces journées de grâce, et également de la rencontre conviviale d'aujourd'hui, demeurons en communion de prière et de charité fraternelle.

  

À UNE DÉLÉGATION DE LA VILLE D'ANCÔNE (ITALIE)

Samedi 3 juillet 2004


Vénéré Frère dans l'épiscopat,
très chers frères et soeurs!

Je suis heureux de vous adresser une salutation cordiale à l'occasion de cette visite que vous avez voulu me rendre. Votre présence appréciée me rappelle les deux opportunités que j'ai eu de visiter votre belle ville. Soyez les bienvenus!

Je réponds volontiers à vos sentiments en vous saluant, Mgr Edoardo Menichelli, nouvel Archevêque d'Ancône-Osimo, qui venez de recevoir le Pallium d'Archevêque métropolitain. Je vous salue, Monsieur le Maire, qui représentez ici les habitants du Chef-lieu de la province d'Ascoli Piceno, qui me sont si chers. Je salue toutes les personnes présentes. En m'adressant à vous, je désire faire parvenir une pensée à vos concitoyens, auxquels je souhaite de tout coeur de savoir être fidèles à leurs nobles et antiques traditions morales, spirituelles et civiles.

Vous êtes venus un peu plus d'un an après avoir rappelé, à travers l'initiative "Chant de paix", les drames subis par votre ville au cours du dernier conflit mondial et la ténacité de vos habitants dans l'oeuvre de reconstruction. Vous avez voulu commémorer les tragédies de la guerre à travers la prière que j'ai prononcée à Assise en janvier 2002, lorsque, avec les représentants des religions, fut célébrée la Journée de Prière pour la Paix dans le monde.

Tandis que je souhaite que chacun sache jouer son rôle dans la promotion du bien fondamental de la paix, je vous confie à la protection de la Bienheureuse Vierge Marie, de saint Cyriaque et de saint Léopold, vos Patrons, et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction



AUX PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM DE LA COMMISSION ÉPISCOPALE POUR L’ÉDUCATION CATHOLIQUE, L'ÉCOLE ET L’UNIVERSITÉ

Samedi 3 juillet 2004



Monseigneur,
Chers Amis,

1. Je salue cordialement les enseignants, les éducateurs et les parents, qui représentent ici les Universités et les associations pédagogiques, ainsi que les responsables de la pastorale scolaire et universitaire des Conférences épiscopales d’Europe. Je remercie Mgr Cesare Nosiglia, Président de la Commission épiscopale pour l’Éducation catholique, l’École et l’Université de la Conférence épiscopale italienne, pour ses paroles et pour son engagement dans la réalisation du symposium intitulé: Les défis de l’éducation.

2. Je me réjouis de votre attention aux questions concernant l’éducation, particulièrement importantes aujourd’hui en Europe où de nombreux jeunes sont désorientés. Les politiques éducatives des États peinent à trouver de nouvelles perspectives pour faire face aux difficultés des adolescents, dans leur vie personnelle ou dans le cadre social. Les nécessités économiques incitent souvent à privilégier l’enseignement scolaire, au détriment de l’éducation intégrale des jeunes. Pour donner un avenir à la jeunesse, il importe que l’éducation soit entendue comme la recherche du développement intégral et harmonieux de la personne, de la maturation de la conscience morale pour discerner le bien et agir en conséquence, et comme une attention à la dimension spirituelle du jeune en croissance. Le Continent européen est riche d’une tradition humaniste, qui, au fil des siècles, a transmis les valeurs spirituelles et morales, qui trouvent dans les racines chrétiennes leur référence fondamentale et leur sens plénier.

3. Dans tous les lieux où vivent les étudiants, l’éducation doit leur permettre de devenir chaque jour davantage hommes et femmes, d’«être» toujours plus et non seulement d’«avoir» toujours plus. La formation scolaire est un des aspects de l’éducation, mais ne peut s’y réduire. Le lien essentiel entre tous les aspects de l’éducation doit être sans cesse renforcé. L’unité de la démarche éducative conduira à une unité toujours plus grande de la personnalité et de la vie des adolescents. Il convient que tous se mobilisent et travaillent ensemble pour les jeunes: parents, enseignants, éducateurs, équipes d’aumônerie. Ils se rappelleront aussi que ce qu’ils enseignent doit être soutenu par le témoignage de vie. En effet, les jeunes sont sensibles au témoignage des adultes, qui sont pour eux des modèles. La famille demeure le lieu primordial de l’éducation.

4. Le manque d’espérance de la jeunesse est fortement marqué aujourd’hui, alors même qu’elle porte en elle de nombreux désirs, comme j’ai pu m’en rendre compte, notamment durant les Journées mondiales de la Jeunesse. Dans l’exhortation apostolique Ecclesia in Europa, j’avais noté qu’«à la racine de la perte de l’espérance se trouve la tentative de faire prévaloir une anthropologie sans Dieu et sans le Christ», donnant à l’homme la place de Dieu. «L’oubli de Dieu a conduit à l’abandon de l’homme» (n. 9). La véritable éducation doit partir de la vérité sur l’homme, de l’affirmation de sa dignité et de sa vocation transcendante. Voir tout jeune à travers ce prisme anthropologique, c’est vouloir l’aider à développer le meilleur de lui-même, pour qu’il réalise dans l’exercice de toutes ses capacités ce à quoi il est appelé par Dieu.

5. La communauté chrétienne a aussi un rôle dans la démarche éducative. Elle a la charge de transmettre les valeurs chrétiennes et de faire connaître la personne du Christ, qui appelle chacun à une vie de plus en plus belle et à la découverte du salut et du bonheur qu’il nous offre. Que les chrétiens n’aient pas peur d’annoncer aux nouvelles générations le Christ, source d’espérance et lumière sur leur route ! Qu’ils sachent aussi accueillir les adolescents et leurs familles, les écouter et les aider, même si cela est souvent exigeant ! L’éducation de la jeunesse est l’affaire de toutes les communautés chrétiennes et de toute la société. Il nous revient de leur proposer les valeurs essentielles, pour qu’ils soient responsables d’eux-mêmes et qu’ils prennent leur part à l’édification sociale. Je souhaite que votre symposium donne un nouvel élan à la démarche

éducative dans les différents pays européens et, en vous confiant à la Vierge Marie, je vous accorde à tous la Bénédiction apostolique.


  MESSAGE AU RECTEUR MAGNIFIQUE DE L'UNIVERSITÉ DE BOLOGNE À L'OCCASION DE LA REMISE DU SIGILLUM MAGNUM


A Monsieur
Pier Ugo CALZOLARI
Recteur magnifique de l'Université de Bologne

C'est avec une profonde gratitude que je reçois l'acte d'hommage de l'Université de Bologne qui, à l'occasion du XXV anniversaire du Pontificat, a voulu me conférer le Sigillum Magnum de l'Alma Mater Studiorum. Je suis particulièrement honoré de cette précieuse marque de reconnaissance, étant donné que l'Université de Bologne compte parmi les plus anciennes et les plus célèbres du monde. Le milieu universitaire et, de façon particulière, les jeunes étudiants, ont toujours occupé une place privilégiée dans ma sollicitude pastorale. Je leur ai consacré avec enthousiasme de nombreuses énergies dans le cadre de mon sacerdoce et de mon épiscopat. Et, en tant qu'Evêque de Rome, je n'ai jamais manqué de rencontrer les communautés universitaires à chaque occasion propice, non seulement à Rome et en Italie, mais également au cours de mes voyages apostoliques.

Dans un horizon plus vaste encore, il me plaît de penser que cette marque d'estime est motivée par l'attention spéciale que j'ai réservée à la culture et à son importance fondamentale pour la promotion de l'homme et du progrès historique. "Genus humanum arte et ratione vivit": je vous répète, Monsieur le Recteur magnifique, en m'adressant ainsi idéalement à toute la communauté de l'Alma Mater Studiorum de Bologne, ce que j'ai eu l'occasion d'affirmer en 1980 à Paris, devant les membres de l'UNESCO (n. 17: Insegnamenti III, 1 [1980], p. 1649). Il existe une réciprocité indissociable entre l'éducation de l'homme et la culture: si, en effet, la personne humaine s'éduque en raison de la qualité de la culture dans laquelle elle vit, il est également vrai que la valeur de la culture se mesure à sa capacité à faire croître l'homme selon sa très haute vocation, c'est-à-dire en l'aidant à devenir toujours plus homme (ibid., n. 11, p. 1644).

C'est pourquoi, tandis que je renouvelle l'expression de ma reconnaissance pour le don du Sigillum Magnum, que je conserverai toujours comme document particulier manifestant les liens étroits qui m'unissent au monde universitaire, je vous encourage, ainsi que tout le Sénat académique, à faire en sorte que l'activité scientifique et culturelle soit toujours mue par une passion sincère pour l'homme, visant à sa promotion harmonieuse et intégrale. A cette fin, je vous assure de mon souvenir particulier dans la prière, tandis que j'invoque volontiers sur vous, sur les Professeurs et les éudiants de l'Université des Etudes de Bologne, une abondance de Bénédictions célestes.

Du Vatican, le 3 juillet 2004

IOANNES PAULUS II


MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU PRÉSIDENT DU CONSEIL PONTIFICAL "JUSTICE ET PAIX"  



A mon vénéré Frère le Cardinal Renato Raffaele MARTINO
Président du Conseil pontifical "Justice et Paix"

C'est avec plaisir que j'ai appris qu'un séminaire international sur le thème "Poverty and Globalization: Financing for Development, including the Millennium Development Goals", se déroulera le vendredi 9 juillet 2004 sous l'égide du Conseil pontifical "Justice et Paix". En vous adressant, Eminence, mes salutations sincères, ainsi qu'aux représentants des gouvernements et aux autres éminents participants présents à Rome à cette occasion, je voudrais vous assurer de mes prières et de mon encouragement pour ce travail très important.

Les conditions de pauvreté extrême qui frappent plusieurs millions de personnes sont un motif de grave préoccupation pour la Communauté internationale. L'Eglise, qui a choisi "une option préférentielle pour les pauvres", partage naturellement cette préoccupation et soutient avec force l'objectif du Millénaire, visant à réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté d'ici 2015. A travers les nombreux Organismes catholiques d'aide et de développement, elle apporte sa contribution aux efforts d'assistance, en poursuivant ainsi l'oeuvre du Christ lui-même, qui est venu pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres, nourrir ceux qui ont faim, servir et non pas être servi. L'heure est venue d'une nouvelle "imagination" de la charité (cf. Novo Millennio ineunte NM 50), afin de trouver des moyens toujours plus efficaces de parvenir à une plus juste distribution des ressources du monde.

Un travail important a déjà été accompli pour réduire le fardeau de la dette qui afflige les pays pauvres, mais il reste encore beaucoup à faire si l'on veut que les nations en voie de développement échappent aux effets paralysants du sous-investissement et que les pays développés remplissent leur devoir de solidarité envers leurs frères et soeurs moins favorisés dans d'autres parties du monde. A court ou moyen terme, un engagement en vue d'accroître les aides extérieures semble la seule voie possible, et l'Eglise salue donc la recherche de solutions innovatrices, telles que les Aides internationales au Financement (International Finance Facility). Elle encourage également d'autres initiatives promues dans de nombreuses parties du monde, par les diverses organisations des Nations unies et par chaque gouvernement. Dans le même temps, le soutien financier de la part des nations riches impose au bénéficiaire l'obligation de faire preuve de transparence et de responsabilité dans l'utilisation de ces ressources. Je suis certain que les gouvernements des pays riches comme des pays pauvres prendront au sérieux leurs responsabilités les uns envers les autres et envers leurs citoyens.

Certain que vos débats importants porteront des fruits abondants, j'invoque la lumière du Seigneur sur tous ceux qui participent à ce séminaire et je donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 5 juillet 2004

IOANNES PAULUS II



Discours 2004 - Samedi 26 juin 2004