Discours 2004 - Samedi 18 septembre 2004


À S.E. M. JOÃO ALBERTO BACELAR DA ROCHA PÁRIS, NOUVEL AMBASSADEUR DU PORTUGAL PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

21 septembre 2004



Monsieur l'Ambassadeur,

Je vous souhaite la bienvenue au Vatican, où j'ai la joie de vous accueillir à l'occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Portugal près le Saint-Siège. Je vous remercie des saluts que vous m'avez transmis de la part du Président M. Jorge Sampaio et du peuple portugais; vos paroles m'ont remémoré les journées de mes visites pastorales dans votre pays, en particulier au Sanctuaire de Fatima, lorsque j'ai pu me rendre compte personnellement des racines chrétiennes de cette nation bénie et protégée par Notre-Dame. Je vous serai reconnaissant, Monsieur l'Ambassadeur, d'avoir la bonté de transmettre au Président de la République mes meilleurs voeux de bien-être et de prospérité pour tout le pays et l'assurance de mes prières au Très-Haut afin qu'il continue à inspirer des sentiments d'entente mutuelle et de fraternité, qui sont à la base de l'édification de la patrie comme maison commune et oeuvre de tous.

Nous connaissons tous le contexte socio-politique mondial de ce début de millénaire; l'accentuation des différences entre régions, aussi bien culturelles qu'économiques; la préoccupation pour le maintien de la paix face à l'action croissante de groupes extrémistes qui "ont rendu le chemin du dialogue et de la négociation toujours plus hérissé d'obstacles" (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 2004); la fréquence des catastrophes naturelles et d'autres types, beaucoup plus graves, qui frappent des populations entières, telles que la faim et les maladies endémiques, parfois incontrôlables; le fossé scandaleux entre les riches et les pauvres, et la violation qui s'ensuit des droits de l'homme, constituent, entre autres, des motifs de sérieuse préoccupation pour tout gouvernement conscient de l'influence au niveau mondial de ses propres décisions.

Monsieur l'Ambassadeur, votre pays est conscient des efforts du Saint-Siège visant à humaniser la mondialisation et à utiliser l'influence bénéfique du progrès scientifique et technologique en vue d'un plus grand bien-être pour tous les peuples et toutes les nations. C'est pourquoi les Autorités du gouvernement portugais n'ont pas hésité à reconnaître et à diffuser leurs convictions chrétiennes en collaborant à la préparation d'une Constitution européenne. Je désire profiter de cette occasion pour exprimer ma gratitude pour l'action menée à bien par votre gouvernement afin de souligner l'identité chrétienne de l'Europe et je forme des voeux pour que les convictions qui en dérivent puissent s'affirmer tant à un niveau national qu'international.

En ce sens, la signature du nouveau Concordat entre le Saint-Siège et le Portugal n'est rien d'autre que l'expression vivante d'un consensus mûr visant à renforcer la présence de cette "âme" chrétienne fondée sur les "profondes relations historiques entre l'Eglise catholique et le Portugal, en tenant compte des responsabilités réciproques qui obligent les parties, dans le domaine de la liberté religieuse, à poursuivre leur service au bien commun et à collaborer à l'édification d'une société promouvant la dignité de la personne humaine, la justice et la paix" (cf. Préambule). Que la Providence, comme autrefois, vous incite à revivre le passé en effectuant de nouveaux gestes courageux qui permettront de réaliser une nouvelle évangélisation, qu'il revient à tous d'accomplir. Je souhaite que le Portugal soit actif et efficace, toujours ouvert aux nouveaux défis de notre société, et conscient que le Tout-Puissant ne laissera pas les mains vides à ceux qui s'engagent et se confient à ses desseins.

Entre temps, ces défis pourront être évalués et mieux présentés à l'opinion publique au sein de la Communauté internationale s'ils s'inscrivent dans une logique de développement, dans laquelle les forces vitales de la société locale représentent sa force motrice: faire participer les citoyens aux projets de la société, susciter en eux la confiance à l'égard de ceux qui gouvernent et à l'égard de la nation dont ils sont les membres, constituent les bases sur lesquelles repose la vie harmonieuse des sociétés humaines. L'Eglise, fidèle à sa mission religieuse et humanitaire, devra accomplir sa mission de ferment d'unité et elle souhaite que l'Evangile vivifie toujours davantage la semence culturelle qui se trouve à la base d'une nation.

Je sais que les pasteurs et les fidèles catholiques de votre patrie, berceau de nombreux saints et bienheureux portugais, comme vous l'avez remarqué, Monsieur l'Ambassadeur, en soulignant le service à la foi de ce peuple généreux et fidèle, se consacrent à cette tâche. Je profite de cette occasion pour adresser, à travers Votre Excellence, mon salut fraternel à tous vos compatriotes membres de l'Eglise catholique, dont l'aspiration intime est de coopérer de façon harmonieuse et effective avec vos concitoyens à l'édification d'une nation solidaire et fraternelle.

Monsieur l'Ambassadeur, en ce moment où vous commencez officiellement votre mandat, je vous exprime mes meilleurs voeux de bonne réussite pour votre noble mission, en vous assurant que vous pourrez toujours compter sur l'attention pleine de sollicitude de mes collaborateurs dans tous les domaines qui peuvent contribuer au déroulement fructueux de votre tâche. Enfin, en réaffirmant toute mon affection au peuple du Portugal et en adressant à nouveau mes salutations respectueuses aux autorités de votre pays, j'invoque sur Votre Excellence, sur les membres de votre famille et sur vos collaborateurs, ainsi que sur la nation tout entière, l'assistance de Dieu et l'abondance de ses Bénédictions.



AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS DES ABBÉS ET PRIEURS CONVENTUELS DE LA CONFÉDÉRATION BÉNÉDICTINE

Jeudi 23 septembre 2004



Très chers frères et soeurs!

1. C'est avec une grande affection que je vous souhaite la bienvenue, heureux que vous ayez prévu au cours de votre Congrès une rencontre avec le Successeur de Pierre, et je remercie le Père Wolf Notker des paroles courtoises à travers lesquelles il a introduit celle-ci.

J'ai écouté vos préoccupations et vos inquiétudes Ne vous laissez pas décourager par les problèmes de notre époque. Dieu continue son oeuvre en vous et avec vous selon son style, comme l'annonça Jésus aux disciples: "Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage! J'ai vaincu le monde" (Jn 16,33).

2. Demeurez fidèles à votre histoire. Notre monde sécularisé vous est débiteur pour le témoignage de vos communautés, qui placent Dieu au centre. De nombreux Evêques demandent à avoir dans leurs diocèses ces espaces vitaux de rencontre avec le Seigneur. A travers la liturgie, l'étude et le travail, soyez un exemple de vie chrétienne pleinement orientée vers Dieu, respectueuse de l'homme et de la création.

Je suis informé de vos contacts avec des moines et des moniales d'autres religions: il s'agit de relations significatives, qui peuvent se révéler fructueuses. Je vous exhorte à approfondir les relations oecuméniques avec vos frères et vos soeurs d'Europe orientale. Le monachisme constitue une plate-forme naturelle pour la compréhension réciproque. Cela est extrêmement important en cette période historique en vue de conserver à l'Europe ses racines chrétiennes.

3. Je me réjouis que, en tant que grande Famille bénédictine, vous soyez en train de redécouvrir toujours davantage votre patrimoine commun. Très chers frères et soeurs, poursuivez votre chemin sur les traces de saint Benoît et de sainte Scolastique: "Ne placez absolument rien avant le Christ" (RB 72, 11). Fidèles à cette règle de vie, vous connaîtrez un avenir riche des dons de Dieu.

Puisse la Bienheureuse Vierge Marie, à laquelle je vous confie, vous obtenir ces dons, alors que je vous bénis de tout coeur, ainsi que toutes vos communautés.



AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES MISSIONNAIRES OBLATS DE MARIE IMMACULÉE

Vendredi 24 septembre 2004


Très chers amis!

1. Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion du Chapitre général de votre Institut, et de vous assurer de ma proximité spirituelle dans la prière. Je salue en particulier le Supérieur général et les membres du nouveau Conseil général de la Congrégation, auxquels je souhaite un bon travail dans leur délicate fonction.

Je vous remercie tous de l'affection que vous manifestez à l'égard du Successeur de Pierre, et à laquelle je réponds cordialement, en raison notamment de la dévotion que je nourris envers votre Fondateur, saint Eugène de Mazenod, ainsi que de l'estime que je porte à votre Congrégation, à la fois mariale et missionnaire.

2. "Témoins de l'espérance" est la devise de cette Assemblée capitulaire, dans la continuité de la précédente. Avec toute l'Eglise, vous êtes entrés dans le nouveau millénaire sous le signe de l'espérance, et c'est dans cette perspective que vous voulez continuer d'avancer, confiants dans la Divine Providence. Votre présence, animée par une authentique ferveur religieuse et missionnaire, doit être un signe et un germe d'espérance pour tous ceux qui vous rencontrent, que ce soit dans des milieux sécularisés, ou dans le contexte d'une première annonce.

3. Je vous encourage à persévérer dans les objectifs que vous vous êtes fixés, en particulier celui d'une union fraternelle renouvelée, selon la volonté de votre saint Fondateur, qui considérait l'Institut comme une famille, dont les membres ne forment qu'un seul coeur et qu'une seule âme. Aujourd'hui, vous êtes présents à travers plus de mille communautés dans 67 pays du monde, et cette unité est un défi exigeant, mais d'une grande importance pour l'humanité, appelée à parcourir la voie de la solidarité dans la diversité.

J'apprécie en outre votre  réflexion sur les profonds changements qui marquent actuellement la Congrégation, dont le centre de gravité est en train de se déplacer vers les régions les plus pauvres du monde. Ce phénomène très significatif vous conduit à mettre à jour la formation, la répartition des personnes, les formes de gouvernement et de communion des biens.

Sachez opérer des choix clairs, fondés sur les priorités de votre mission. Parmi les exigences prioritaires figure sans aucun doute le soin permanent de la vie spirituelle pour une fidélité toujours renouvelée au charisme originel. En effet, c'est Dieu, par l'action de son Esprit Saint, qui permet aux familles religieuses de répondre de manière adéquate aux exigences nouvelles en puisant au don spécifique qui leur a été confié.

4. Pour tous ces objectifs, j'invoque du Ciel, par l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, une abondance de lumière et de force. Je lui demande en particulier de veiller avec une sollicitude maternelle sur chacun de vous et sur vos confrères, alors que je vous donne à tous de tout coeur la Bénédiction apostolique.



AUX NONCES APOSTOLIQUES PARTICIPANTS À LA RENCONTRE DES REPRÉSENTANTS PONTIFICAUX EN AFRIQUE

Samedi 25 septembre 2004

Très chers Représentants pontificaux!

1. Je suis heureux de vous accueillir, en conclusion de votre rencontre à Rome. Je désire renouveler à chacun de vous l'expression de mon estime pour le service précieux que vous offrez aux communautés ecclésiales et civiles en Afrique.

Nous avons tous dans le coeur et dans l'esprit le souvenir de l'Archevêque Mgr Michael Aidan Courtney, qui a accompli avec générosité et fidélité sa mission en faveur du peuple martyrisé du Burundi, jusqu'au sacrifice suprême de la vie. Puisse son témoignage héroïque insuffler une vigueur renouvelée à tous ceux qui oeuvrent pour la paix au Burundi et sur tout le continent africain!

2. Je sais que vous accomplissez votre service avec zèle et fidélité, dans des situations difficiles, en partageant les souffrances et les drames des Eglises et des populations auprès desquelles vous avez été envoyés. Je saisis volontiers cette occasion pour vous exprimer une fois de plus ma gratitude pour le dévouement et la sagesse avec lesquels vous accomplissez la délicate mission qui vous a été confiée! Sachez que le Pape et la Curie romaine sont proches de vous, comme en témoigne également notre rencontre.

L'Assemblée spéciale pour l'Afrique du Synode des Evêques, dont nous célébrons cette année le dixième anniversaire, et l'Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, représentent un moment particulièrement intense de la sollicitude pastorale de l'Eglise pour ce continent.

L'Eglise qui est en Afrique doit actuellement faire face à des problèmes anciens et nouveaux, mais elle est également ouverte à de grandes espérances. En tant que Représentants pontificaux, vous êtes appelés à accompagner le développement des Communautés ecclésiales, à favoriser le progrès intégral de la société et, surtout, à soutenir la "rencontre des cultures avec le Christ et son Evangile" (Exhort. apost. post-synodale Ecclesia in Africa ).

3. Poursuivez tous vos efforts en vue d'être des témoins de communion, en favorisant le dépassement des tensions et des incompréhensions, la victoire sur la tentation du particularisme, le renforcement du sens d'appartenance au Peuple de Dieu, unique et indivis.

Avec ces sentiments et ces souhaits, je vous renouvelle mes remerciements les plus cordiaux pour cette rencontre et je vous confie, vous et votre mission, à la protection maternelle de la Vierge Marie, Etoile de l'évangélisation. A vous tous ici présents, et à vos collaborateurs dans les Nonciatures, je donne de tout coeur la Bénédiction apostolique, en l'étendant aux chères populations africaines, parmi lesquelles vous accomplissez votre activité précieuse de Représentants pontificaux.



AU PERSONNEL DES VILLAS PONTIFICALES

Dimanche 26 septembre 2004  





Très chers frères et soeurs!

Je suis heureux de vous accueillir en ce dernier dimanche du mois de septembre, au moment où mon séjour estival à Castel Gandolfo touche désormais à son terme. En effet, notre rencontre traditionnelle m'offre l'opportunité d'exprimer à chacun de vous ma vive reconnaissance pour le service généreux que vous accomplissez dans cette Résidence pontificale.

Je salue en particulier M. Saverio Petrillo, Directeur général des Villas pontificales, et je le remercie des paroles courtoises qu'il m'a adressées au nom des personnes présentes. J'étends bien volontiers ce salut affectueux à tout le personnel des Villas et à leurs familles. Que le Seigneur vous récompense de l'engagement et de la fidélité avec lesquels vous accomplissez les tâches qui vous sont confiées.

En retournant au Vatican, j'emporterai avec moi le souvenir précieux des jours sereins et reposants que j'ai pu passer à Castel Gandolfo, grâce également à votre aide. Je me remets à votre prière et, pour ma part, je vous assure que je ne manquerai pas de prier le Seigneur, afin qu'il vous assiste toujours. En vous confiant à la protection maternelle de la Vierge Marie, Reine du Rosaire, je vous bénis avec affection, ainsi que les membres de votre famille et toutes les personnes qui vous sont chères.



À LA DÉLÉGATION DE L’INSTITUT "PAUL VI" DE BRESCIA

Lundi 27 septembre 2004

Messieurs les Cardinaux,
Vénérés Frères,
Mesdames et Messieurs!

1. Je suis très heureux de cette rencontre qui me permet de vous remettre personnellement, très cher Cardinal Kazimierz Swiatek, le prix "Fidei testis" décerné par l'Institut "Paul VI" de Brescia, au cours du Symposium qui s'est déroulé ces derniers jours, à l'occasion du 25 anniversaire de sa fondation. Je salue cordialement les Cardinaux Giovanni Battista Re, Paul Poupard, Georges Cottier, les Evêques Mgr Sanguineti et Mgr Macchi, les prêtres et chacun d'entre vous, illustres membre du Conseil de direction. Je remercie le Président, M. Giuseppe Camadini, de ses paroles courtoises.

En m'adressant à vous, cher et vénéré Cardinal Swiatek, je désire vous présenter mes sincères félicitations pour cette reconnaissance prestigieuse. Le titre de "Fidei testis" est, en effet, un titre approprié plus que tout autre pour un chrétien; il l'est à plus forte raison pour un pasteur élevé à la pourpre cardinalice et qui, au cours des années difficiles de la persécution de l'Eglise en Europe de l'Est, a rendu un témoignage fidèle et courageux au Christ et à son Evangile.

2. Monsieur le Cardinal, votre ordination sacerdotale précéda de peu le début de la Deuxième Guerre mondiale. Deux années plus tard, la Providence vous appela à parcourir la via crucis de la persécution, solidaire avec la passion du peuple chrétien qui vous était confié, portant personnellement la croix de la prison, de la condamnation injuste, des camps de travail avec leur fardeau de fatigue, de froid, de faim. "On ne pouvait survivre qu'avec la foi", avez-vous confié. Et le Seigneur vous a accordé une foi forte et courageuse pour surmonter cette longue et dure épreuve, au terme de laquelle vous êtes revenu dans la communauté ecclésiale en tant que témoin plus crédible encore de l'Evangile: Fidei testis.

Cette nouvelle saison de votre vie a atteint son sommet lors de votre élection au rang d'Archevêque de Minsk-Mohilev, un ministère qui est encore le vôtre aujourd'hui. A travers la parole et l'exemple, vous avez annoncé à tous, croyants et non-croyants, la vérité du Christ, lumière qui illumine chaque homme.

3. Vous avez accompli tout cela avec l'aide de la Très Sainte Vierge Marie, Mater misericordiae, comme l'atteste également votre devise épiscopale. Vénéré frère, je vous confie à la Vierge avec une profonde affection, alors que j'ai la joie de vous remettre le prix "Fidei testis". Et je donne à tous de tout coeur, avec une gratitude renouvelée, la Bénédiction apostolique.



AUX FONCTIONNAIRES ET AUX AGENTS DE LA POLICE PÉNITENTIAIRE FEMININE

Lundi 27 septembre 2004



Mesdames, Messieurs!

1. Je suis très heureux de vous accueillir et de vous souhaiter une cordiale bienvenue. Je salue M. Giovanni Tinebra, chef de département de l'Administration pénitentiaire, que je remercie de ses paroles courtoises, ainsi que les fonctionnaires présents et le cher Mgr Giorgio Caniato, Inspecteur général des Aumôniers. Mes salutations s'étendent plus particulièrement à vous, chers agents en cours de titularisation à la Police pénitentiaire féminine. Cette rencontre vous est spécialement destinée, vous qui venez d'achever votre année de formation.

2. J'ai appris avec plaisir que durant votre formation, vous avez démontré une application digne d'éloges, en parvenant à des résultats encourageants. Je m'en félicite avec vous et je saisis cette occasion pour vous soumettre la proposition suivante: ayez toujours soin de votre vie spirituelle. En effet, votre fonction exige une solide maturité humaine, qui vous permette de conjuguer la fermeté avec l'attention aux personnes. Dans ce but, le fait d'être des femmes est assurément utile, en raison des qualités proprement féminines qui jouent un rôle positif dans les relations humaines. Mais ce qui vous sera avant tout nécessaire, est la force intérieure qui vient de la prière, c'est-à-dire de l'union intime avec Dieu dans toutes les situations de la vie, même dans les occupations quotidiennes.

3. Par une heureuse coïncidence, on célèbre aujourd'hui, 27 septembre, la mémoire liturgique de saint Vincent de Paul, un grand saint de la charité. Il endura personnellement les souffrances de la prison, et il enseigna aux "Dames", puis aux Filles de la Charité, à porter une attention particulière à cette catégorie spécifique de pauvres que sont les "forçats". Il demandait d'avoir de la compréhension à leur égard et d'exiger pour eux un traitement humain. Saint Vincent était animé par l'amour du Christ, qui dans l'Evangile s'identifie également au prisonnier (cf. Mt 25,36 Mt 25,40 Mt 25,43 Mt 25,45). La valeur primordiale de toute personne humaine doit être à la base de toute éthique civile et professionnelle et de la formation qui s'y rattache. C'est pourquoi je suis heureux de placer vos personnes et votre travail sous la protection de saint Vincent de Paul.

Mesdames et Messieurs, en souhaitant de tout coeur que la volonté de promotion authentique de la justice se réalise avec succès dans tous les secteurs de l'administration pénitentiaire italienne, je vous remercie pour votre visite et je vous accorde volontiers à tous, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères, la Bénédiction apostolique.



AU CONSEIL MUNICIPAL DE CASTEL GANDOLFO

Mardi 28 septembre 2004



Monsieur le Maire,
Chers membres de la Junte et du Conseil municipal!

Au terme de mon séjour estival à Castel Gandolfo, je tiens à présenter à chacun de vous mes salutations cordiales. Je vous remercie en particulier, Monsieur le Maire, des paroles courtoises à travers lesquelles vous vous êtes fait l'interprète des sentiments de toutes les personnes présentes. J'étends cette pensée reconnaissante aux membres de l'administration municipale et à tous les habitants pour la chaleureuse hospitalité qui m'a été réservée au cours de ces mois.

Dans cette plaisante et dynamique localité de la région des "Castelli Romani", qui m'est extrêmement chère, j'ai pu passer des jours sereins et reposants. A présent, je m'apprête à retourner au Vatican, également soutenu par votre proximité spirituelle et votre prière. Pour tout cela, je vous remercie de tout coeur, également au nom de mes collaborateurs. Je vous confie, ainsi que tous ceux qui vous sont chers, à la protection maternelle de la Vierge Marie, Reine du Saint Rosaire, et je donne de tout coeur à tous la Bénédiction apostolique.



AUX FORCES DE L'ORDRE DE CASTEL GANDOLFO

Mardi 28 septembre 2004



Chers fonctionnaires et agents de Police,
de la "Guardia di Finanza", et militaires du Corps des Carabiniers!

Alors que je m'apprête à quitter la résidence de Castel Gandolfo, je ressens le devoir de vous exprimer mon estime et ma reconnaissance pour le service généreux et fidèle que vous accomplissez pour assurer l'ordre et la sécurité.

Je vous remercie d'avoir contribué à mon séjour serein et tranquille dans cette belle localité. Je vous souhaite de toujours témoigner des valeurs de justice, de loyauté et d'esprit de sacrifice, qui trouvent leur source la plus profonde dans l'amour de Dieu et du prochain.

Pour cela, je vous assure de mon souvenir dans la prière et, tout en invoquant sur vous et sur vos familles la protection maternelle de la très Sainte Vierge Marie, Virgo Fidelis, je vous donne à tous avec affection la Bénédiction apostolique.



À S.E. M. ION ILIESCU, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE ROUMANIE

Jeudi 30 septembre 2004


  Monsieur le Président,

Je vous souhaite une cordiale bienvenue, en exprimant ma vive gratitude pour votre visite, à l'occasion de laquelle est inaugurée, dans les Musées du Vatican, l'exposition intitulée de façon emblématique: "Etienne le Grand, un pont entre l'Orient et l'Occident".

La rencontre d'aujourd'hui m'offre l'opportunité de rappeler avec émotion et reconnaissance la mémorable visite que j'ai eu la joie d'accomplir en Roumanie en 1999. Pèlerin de foi et d'espérance, vous m'avez accueilli avec chaleur et enthousiasme, ainsi que les Autorités de l'Etat, Sa Béatitude le Patriarche Théoctiste et tout le peuple de la vénérable Eglise orthodoxe de Roumanie. Je reçus un accueil particulièrement fraternel de la part des Evêques et des bien-aimées communautés catholiques, de rite byzantin comme de rite latin.

Monsieur le Président, je vous adresse, ainsi qu'à vos collaborateurs et à la nation roumaine tout entière, mes voeux affecteux de prospérité et de paix. J'accompagne ces souhaits de ma prière, en invoquant sur tous la Bénédiction du Seigneur.



AUX ÉVÊQUES DE COLOMBIE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Jeudi 30 septembre 2004





Chers frères dans l'épiscopat,

1. Je suis heureux de vous recevoir au cours de cette rencontre qui, au terme de votre visite ad limina, me permet de vous saluer tous ensemble et de vous encourager dans l'espérance, véritablement nécessaire pour le ministère que vous exercez généreusement dans vos archidiocèses et diocèses respectifs des provinces ecclésiastiques de Bogotá, de Bucaramanga, d'Ibagué, de Nueva Pamplona, de Tunja et de celle, récemment érigée, de Villavicencio.

Au cours du pèlerinage sur les tombes des Apôtres Pierre et Paul vous avez l'opportunité de renforcer les liens qui unissent votre service actuel à la mission confiée par le Christ aux Douze et de vous inspirer de leur exemple de dévouement constant et plein d'abnégation au service de l'évangélisation de tous les peuples. Au cours de cette rencontre, et lors de celles qui ont eu lieu avec les divers organismes de la Curie romaine, apparaissent de façon évidente et effective la communion avec le Siège de Pierre et la sollicitude que doivent avoir tous les Evêques pour l'Eglise universelle (cf. Lumen gentium LG 23).

Je remercie le Cardinal Pedro Rubiano Sáenz des paroles qu'il m'a adressées au nom de tous, exprimant votre adhésion et votre affection sincère. Ces sentiments sont également le reflet du profond esprit religieux du peuple colombien et de la grande estime de votre communauté pour le Pape. Apportez-leur mon salut et rappelez-leur qu'ils sont particulièrement présents dans ma prière, en particulier en ce moment difficile pour le pays.

2. Dans l'exercice de votre ministère vous pouvez compter sur des facteurs décisifs afin de mener à bien l'oeuvre d'évangélisation, tels que le nombre croissant de vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, l'importance numérique d'Instituts religieux qui enrichissent les Eglises particulières, ainsi que l'existence de nombreux centres d'étude et de formation. Tout cela révèle la profondeur que la foi chrétienne a atteint dans votre pays et le dynamisme de l'engagement apostolique, que ce soit des fidèles pris individuellement ou des institutions ecclésiastiques. Dans le même temps, cela représente un patrimoine inestimable pour aider tous les baptisés à réaliser leur véritable et ultime vocation: parvenir à la sainteté (Lumen gentium LG 39).

En effet, tel est l'objectif et le programme fondamental de chaque action pastorale. "Ce serait un contresens que de se contenter d'une vie médiocre, vécue sous le signe d'une éthique minimaliste et d'une religiosité superficielle" (Novo Millennio ineunte NM 31). Ces jours-ci justement, la visite des reliques de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus en terre colombienne constitue une opportunité pour prendre conscience du fait que nous sommes tous appelés à la sainteté, objectif fondamental de la mission de l'Eglise.

3. En analysant la situation de l'Eglise et de la société colombienne vous avez constaté le développement d'un phénomène réellement préoccupant, tel que la dégradation morale. Ce phénomène se présente sous des formes très différentes et concerne les domaines les plus variés de la vie personnelle, familiale et sociale, fragilisant l'importance intrinsèque d'une conduite moralement droite et mettant sérieusement en danger l'authenticité même de la foi, qui "est source et exigence d'un engagement cohérent de la vie; [et qui] comporte et perfectionne l'accueil et l'observance des commandements divins" (Veritatis splendor VS 89).

Il s'agit d'un phénomène qui a en partie pour cause des idéologies qui nient à l'être humain la capacité de connaître le bien de façon claire et de le mettre en pratique. Cela est dû le plus souvent à une conscience obscurcie ou qui cherche à justifier de façon trompeuse sa propre conduite, avec le soutien d'un environnement qui, de manière aveuglante, présente de fausses valeurs qui tendent à occulter ou a dénigrer le bien suprême auquel aspire la personne au plus profond de son coeur.

C'est donc un défi très important, qui nécessite diverses lignes d'action pastorale et qui a pour modèle Jésus, le Bon Pasteur, qui vint précisément à la rencontre des pécheurs (cf. Mt 9,13), s'approchant d'un grand nombre d'entre eux et les exhortant à changer leur façon de vivre (cf. Lc 19,8).

4. La miséricorde de Jésus et sa compassion face à la fragilité humaine ne l'empêchaient pas d'indiquer avec clarté quelle était la conduite à suivre ou les attitudes les plus conformes à la volonté divine, réduisant souvent à néant les propos insidieux de ses adversaires; cela lui gagna l'admiration des foules, car "il les enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes" (Mt 7,29). Le Seigneur n'hésitait pas non plus à dénoncer les hypocrisies et les attitudes arbitraires. En suivant ses enseignements, les Apôtres ne cessèrent d'insister, dans leurs prédications, sur les exigences éthiques de ceux qui étaient appelés à vivre "dans la justice et la sainteté de la vérité" (Ep 4,24).

En tant que ses successeurs, il revient aux Evêques d'enseigner que "les réalités terrestres elles-mêmes et les institutions humaines sont également ordonnées au salut des hommes, et qu'en conséquence elles peuvent contribuer d'une façon non négligeable à l'édification du corps du Christ" (Christus Dominus CD 12). Proclamer la justice, la vérité, la fidélité ou l'amour pour son prochain, dans toutes ses implications concrètes, est inhérent à l'annonce évangélique dans son intégrité. Cette annonce contribue à la formation d'une conscience droite et éclaire tous les hommes de bonne volonté: ainsi, "peut-être écouteront-ils et se détourneront-ils chacun de sa voie perverse" (Jr 26,3).

Cet enseignement, intégral et en complète harmonie avec la doctrine morale de l'Eglise, sera beaucoup plus fécond s'il est associé à l'exemple personnel, à l'accompagnement constant et à l'encouragement inlassable. En effet, "l'Evêque est le premier annonciateur de l'Evangile par la parole et le témoignage de sa vie" (Pastores gregis ). Cela est important, en particulier en ce moment historique actuel où, d'une part, la force de volonté est encerclée par la tentation d'une vie facile et, de l'autre, l'insistance sur les droits des personnes occulte la nécessité d'assumer ses propres devoirs et ses propres responsabilités. Les pasteurs, les personnes consacrées, les catéchistes et les autres agents d'évangélisation peuvent accomplir de grandes choses à travers leur témoignage joyeux d'une vie personnelle irréprochable, en mettant en évidence les véritables valeurs humaines.

De cette façon ils montrent que, d'une part, la plénitude de la vie selon les critères de l'Evangile consiste à "être" et non pas à "avoir" et, de l'autre, qu'assumer ses propres responsabilités, même si cela est parfois douloureux, est une condition indispensable pour affirmer la véritable dignité de la personne, ce qui engendre, par ailleurs, une paix intérieure fruit du devoir accompli et de l'effort réalisé pour une juste cause. C'est une paix qui s'étend également au domaine social et, en particulier, aux institutions, lorsque celles-ci, fondées sur un authentique esprit de service au bien commun, sont gouvernées par des critères d'égalité, de justice, d'honnêteté et de vérité.

5. Vous avez récemment réfléchi sur l'initiation chrétienne comme l'un des points clefs de l'évangélisation. Un thème crucial et dans le même temps passionnant, car il répond directement au mandat du Christ: "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples... leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Mt 28,19-20). Il s'agit de cultiver la foi naissante, comme des bourgeons qui grandissent et donnent une nouvelle vie à l'Eglise de Dieu. Initier à la foi constitue également, pour les pasteurs et les communautés, une merveilleuse opportunité de revivre le mystère salvifique de Dieu dès sa naissance: le don immérité de la grâce sanctifiante qui nous unit plus profondément au Christ; l'effusion de l'Esprit Saint qui transforme et vivifie, en faisant de la vie humaine une croissance continuelle en tant que créature nouvelle, l'incorporation à l'Eglise pour être avec elle la semence et le début du Royaume de Dieu sur la terre (cf. Lumen gentium LG 5). Tout cela fait apparaître à nos yeux l'aspect sublime de notre origine en tant que chrétiens et la vocation éminente à laquelle nous sommes appelés.

Au cours des diverses phases de l'initiation chrétienne, celui qui enseigne les mystères du salut ressent également le besoin de les approfondir chaque jour, sans penser déjà tout connaître, en découvrant sans cesse leur grandeur et en conservant vivant son émerveillement face au sublime. Cela lui sera extrêmement utile non seulement pour approfondir sa foi et consolider l'engagement baptismal, mais également pour prendre conscience des grandes responsabilités qu'il assume face aux catéchumènes et aux néophytes. L'avenir de ces derniers en tant que disciples de Jésus dépendra, en bonne partie, de l'exemple des personnes qui les ont formés, ainsi que de la capacité d'inculquer dans leur coeur une foi vivante, solide et complète.

La nécessité d'une initiation chrétienne organisée, adaptée aux conditions culturelles de notre époque et de chaque lieu, guidée par des pasteurs et des catéchistes exemplaires bien préparés, devient une priorité, surtout là où le milieu social est défavorable à la croissance dans la foi ou bien lorsque manquent les voies pour sa transmission et son développement, telles que la famille, l'école ou la communauté chrétienne elle-même. Il est peut-être utile de s'inspirer de la discipline des premiers siècles, lorsque, afin de prouver les bonnes intentions des candidats, on les instruisait avec soin à propos du message du Christ et de la conduite propre au chrétien, en examinant ensuite "s'ils avaient vécu correctement leur catéchuménat, s'ils avaient assisté les veuves, s'ils avaient visité les malades, s'ils avaient accompli de bonnes oeuvres" (Traditio apostolica, n. 20).

6. Au moment de conclure cette rencontre, je désire encourager votre espérance, tellement nécessaire dans la situation difficile que traverse la Colombie, d'où parviennent sans cesse des nouvelles d'attentats contre la vie, la liberté et la dignité des personnes, comme si l'être humain était une marchandise à la valeur insignifiante.

On connaît également l'ampleur atteinte par le phénomène des enlèvements de personnes, une plaie qui frappe des milliers de familles et qui montre, encore une fois, le niveau auquel peut parvenir la bassesse humaine lorsque, au nom d'intérêts pervers, on perd toute perspective morale et l'on ne reconnaît ni ne respecte les droits fondamentaux de l'homme. En Colombie, un grand nombre de ces maux ont leur origine dans le trafic de la drogue, aux ramifications dans de nombreux secteurs, qui frappe depuis des années la nation avec des conséquences néfastes incalculables dans tous les domaines de la vie sociale.

Face à de tels faits, je partage votre douleur et j'apprécie les nombreux efforts accomplis pour éloigner la violence, éliminer ses causes et atténuer ses effets, en prêtant l'attention nécessaire aux victimes et en encourageant inlassablement ceux qui désirent abandonner le langage des armes pour entreprendre le chemin du dialogue pacifique.

Chers frères Evêques, je vous demande d'apporter mon encouragement et mon salut cordial à vos Eglises particulières, en particulier aux prêtres, aux communautés religieuses, aux catéchistes et à tous ceux qui se consacrent à la tâche passionnante d'être les messagers de la lumière du Christ et qui s'attachent à la conserver vivante au sein du Peuple de Dieu.

Alors que j'invoque la protection de Nuestra Señora de Chiquinquirá sur vos devoirs apostoliques, ainsi que sur tout le bien-aimé peuple de Colombie, je vous donne avec affection la Bénédiction apostolique.



Discours 2004 - Samedi 18 septembre 2004