Discours 2004 - Vendredi 22 octobre 2004


RENCONTRE AVEC LES MEMBRES DU AGESCI (ASSOCIATION DES GUIDES ET SCOUTS CATHOLIQUES ITALIENS) ET DU MASCI (MOUVEMENT ADULTE DES SCOUTS CATHOLIQUES ITALIENS)

Samedi 23 octobre 2004

  1. Je vous salue avec affection, chers membres du MASCI et de l'AGESCI, qui célébrez des anniversaires importants pour vos Associations, et je vous souhaite la bienvenue sur cette Place. Votre présence si nombreuse réjouit mon coeur.

En remerciant cordialement tous ceux qui se sont faits les interprètes de vos sentiments, je salue en particulier les Evêques, les aumôniers et les responsables qui vous suivent avec dévouement et compétence.

2. Aujourd'hui, vous avez voulu renouveler votre "Promesse" devant le Pape, et je suis heureux d'être le témoin de votre intention d'être fidèles à Dieu qui vous appelle à vivre la communion et l'amitié avec Lui; fidèles à vous-mêmes, dans la recherche et la réalisation du projet que le Père, dans son amour, a préparé pour chacun, fidèles à votre prochain, qui attend de vous le don d'un engagement humain et chrétien.

Dans cet engagement de fidélité, la Loi scoute vous aide, et à travers elle, comme aimait le dire votre fondateur, Lord Baden-Powell, vous pouvez rendre possible l'impossible.

3. Le Pape se tourne vers vous avec confiance et espérance, et vous accompagne dans la grande aventure de la vie par sa prière et sa sympathie.

A vous, coccinelles et louveteaux, je demande de faire chaque jour "de votre mieux" pour croître joyeusement dans la Compagnie et la Meute, en découvrant les merveilles de la création.

Je vous exhorte, guides et explorateurs, à "être toujours prêts" pour le bien, tandis que vous faites avec la Patrouille l'expérience de la responsabilité et apprenez à être des membres actifs de la communauté ecclésiale et de la communauté civile à laquelle vous appartenez.

Je vous demande à vous, éclaireurs et routiers, de vous engager à faire du verbe "servir" la devise de votre vie, dans la conviction que le don de vous-mêmes est le secret qui peut rendre l'existence humaine belle et féconde.

4. Je pense enfin à vous, qui occupez dans l'Association le rôle difficile et exaltant de Chefs.C'est à vous qu'est confiée la responsabilité d'accompagner sur le chemin de la vie de nombreux enfants, adolescents et jeunes, qui attendent que vous les aidiez à croître harmonieusement afin de contribuer à l'édification d'un monde d'amitié et de solidarité.

Soyez des hommes et des femmes qui, en faisant référence à l'Evangile de Jésus, sachent éduquer les autres à vivre dans la liberté et dans la responsabilité, à "nager à contre-courant" pour vaincre la tentation de l'individualisme, de la paresse et de l'indifférence.

5. Comme vous le savez, chers amis, l'Eglise tout entière est entrée depuis quelques jours dans l'Année de l'Eucharistie. Je vous invite à faire du mystère du "Corps donné" et du "Sang versé" un point de référence constant dans vos choix quotidiens.

Que la célébration dominicale de l'Eucharistie dans vos paroisses et dans les sorties des Unités vous voit attentifs et actifs dans l'écoute et l'animation, et soit une source et un aliment constant dans votre engagement.

6. "Duc in altum", AGESCI! "Duc in altum", MASCI! N'ayez pas peur de progresser avec imagination, sagesse et courage sur les routes de l'éducation des jeunes générations. L'avenir du monde et de l'Eglise dépend également de votre passion éducative.

Très chers amis, avec ces sentiments, je vous confie tous, ainsi que vos Unités et vos familles, à l'intercession de la Madone de la Route et de saint Georges, votre Patron, et je donne à tous de tout coeur ma Bénédiction.



AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES SOEURS TERTIAIRES CAPUCINES DE LA SAINTE-FAMILLE

Lundi 25 octobre 2004



Aux Soeurs capitulaires,
Tertiaires capucines de la Sainte-Famille

1. Je suis heureux de vous saluer avec affection à l'occasion du XX Chapitre général, qui est célébré en concomitance avec le 150 anniversaire de la naissance de votre Fondateur, le vénérable Monseigneur Luis Amigó y Ferrer. Ce sont deux événements significatifs qui nous offrent l'opportunité de donner une nouvelle vigueur à l'expérience spirituelle de votre charisme et de conférer un nouvel élan à la mission évangélisatrice qui vous caractérise.

En effet, le souvenir de votre Fondateur est une nouvelle invitation à imiter son désir de vivre dans la sainteté, en suivant de près Jésus, qui se fit entièrement pauvre pour faire parvenir aux hommes la richesse de la miséricorde divine (cf. He He 2, 17, 18). Pour sa part, renforçant non seulement la fidélité à l'esprit originel, le Chapitre général a la mission de le rendre présent de manière appropriée à l'époque actuelle, en discernant ce que "l'Esprit suggère aux diverses communautés" (Tertio Millennio adveniente TMA 23) et en cherchant le moyen le plus adapté de rendre témoignage et d'annoncer le Christ dans le monde d'aujourd'hui, de plus en plus mondialisé, comme l'indique la devise choisie pour les réflexions capitulaires.

Je salue avec affection Mère Julia Apesteguía Mariaezcurrena, qui vient d'être élue à la charge de Supérieure générale, ainsi que Mère Ligia Elena Llano, qui a rempli cette fonction au cours des dernières années. Je salue également les nouvelles conseillères et les autres soeurs capitulaires, qui représentent les diverses circonscriptions de l'Institut, qui est actuellement présent en Europe, en Asie, en Amérique et en Afrique. Je vous prie de bien vouloir transmettre mon estime à vos Soeurs qui suivent avec intérêt les travaux capitulaires et vous accompagnent de leur prière.

2. Je souhaite vous exprimer la sincère reconnaissance de l'Eglise pour votre oeuvre en faveur des personnes les plus défavorisées, des personnes âgées et des malades, des jeunes et des enfants qui ont besoin de protection, d'éducation, de joie de vivre et de croire dans le Christ. Dans le même temps, je partage avec vous l'espérance en l'avenir dans cette histoire qu'il vous reste à construire, puisque "l'Esprit vous envoie [vers l'avenir] pour faire encore avec vous de grandes choses" (Vita consecrata VC 110).

Ce sont de grandes choses, en réalité, justement parce qu'elles prolongent la mission et le style de Jésus, qui rend digne et élève l'humanité à travers le sacrifice de soi-même, l'abnégation, l'accompagnement fraternel et la pleine confiance dans la force de Dieu. En raison de votre parcours spirituel, vous savez que le salut véritable, celui qui n'a pas de limites et qui ne fait jamais défaut, ne s'obtient que par la rédemption, même si cela s'oppose à une mentalité qui, souvent, ne tient compte que de la promotion et du succès immédiat.

3. Je vous invite, par conséquent, à intensifier chaque jour davantage l'union avec le Christ à travers la contemplation et la prière assidue et à donner de la vitalité à vos oeuvres en imitant son comportement rédempteur, car "plus on vit dans le Christ, mieux on peut le servir dans les autres, en se portant jusqu'aux avant-postes de la mission et en prenant les plus grands risques" (Vita consecrata VC 76). Par ailleurs, en partant d'une riche et profonde expérience intérieure, il sera plus facile de transmettre l'attraction que Jésus suscite chez les nouvelles générations, en leur faisant entendre la voix pénétrante de la vocation, comme celle des disciples appelés "pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher" (Mc 3,14).

Je place les travaux capitulaires et les activités en vue de la commémoration du 150e anniversaire de la naissance de votre Fondateur entre les mains de Marie, maîtresse inégalée pour accompagner le Fils divin jusqu'à la Croix et pour rendre présent dans la joie son triomphe glorieux au sein de la communauté chrétienne, tout comme elle l'accueillit et le fit grandir au sein de la Sainte Famille.

Avec ces sentiments et ces voeux, et en invoquant l'intercession des Bienheureux martyrs de la famille religieuse de Luis Amigó, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, que j'étends avec plaisir à toutes les soeurs de la Congrégation, ainsi qu'à tous ceux qui partagent le même esprit et collaborent à vos oeuvres apostoliques.


   

AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE DU DIOCÈSE ANGLICAN DE ROCHESTER (GRANDE-BRETAGNE)

Lundi 25 octobre 2004



Chers amis du diocèse anglican de Rochester,

Je suis heureux de vous saluer alors que vous entreprenez un pèlerinage de Rome en Angleterre, à l'occasion de la célébration du mille quatre centième anniversaire de l'ordination de saint Juste, premier Evêque de Rochester. Vous marchez sur les pas de saint Augustin de Canterbury et de saint Juste, qui furent envoyés par mon illustre Prédécesseur, saint Grégoire, pour prêcher l'Evangile dans votre pays. Puisse votre pèlerinage constituer une occasion d'enrichissement spirituel et un encouragement à persévérer sur le chemin de la pleine communion. Je vous accompagne par ma prière et ma Bénédiction.



AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE DU DIOCÈSE DE BYDGOSZCZ (POLOGNE)

Mardi 26 octobre 2004


Chers frères et soeurs,

Je salue cordialement votre Evêque, Mgr Jan, les Autorités civiles, les habitants de Bydgoszcz, ainsi que le clergé et les fidèles du diocèse. Vous êtes en pèlerinage à Rome pour rendre grâce à Dieu de l'érection de votre diocèse, et en même temps pour exprimer le lien qui unit chaque Eglise locale au Saint-Siège et au Successeur de Pierre.

Je suis heureux que la création de ce nouveau diocèse ait été accueillie avec joie et que vous mettiez en oeuvre tous les moyens pour que les structures nécessaires à son bon fonctionnement voient le jour. J'espère que vos efforts et l'étroite collaboration des prêtres, des communautés religieuses et de tous les fidèles avec leur Evêque porteront des fruits abondants. Engagez-vous ensemble au service du développement spirituel de tous et cherchez à protéger plus particulièrement ceux qui ont besoin de l'attention de l'Eglise.

En vous bénissant de tout coeur, je m'unis à votre action de grâce, et je demande à Dieu qu'il comble votre communauté diocésaine des grâces nécessaires. Apportez cette Bénédiction chez vous et dans les milieux que vous fréquentez. Puisse-t-elle embrasser également la jeunesse, les enfants, et plus particulièrement les personnes qui souffrent. Que Dieu vous récompense de votre visite.



AU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE, M. ROMANO PRODI

Jeudi 28 octobre 2004



Monsieur le Président!

1. Je vous salue très cordialement - ainsi que les éminentes personnalités qui vous accompagnent - et je vous remercie de votre courtoise visite.

Votre présence à Rome, ces jours-ci, est due à l'Acte solennel de la signature du Traité constitutionnel européen, par les vingt-cinq Etats auxquels s'est à présent élargie l'Union européenne. Le lieu choisi - celui-là même où en 1957 naquit la Communauté européenne - revêt une valeur symbolique évidente: qui dit Rome, dit, en effet, un rayonnement de valeurs juridiques et spirituelles universelles.

2. Le Saint-Siège a favorisé la formation de l'Union européenne, avant même qu'elle ne soit structurée d'un point de vue juridique, et il a ensuite suivi avec un intérêt actif ses différentes étapes. Celui-ci a également toujours senti le devoir d'exprimer ouvertement les justes attentes d'un grand nombre de citoyens chrétiens d'Europe, qui demandaient qu'il s'y intéresse.

C'est pourquoi le Saint-Siège a rappelé à tous que le christianisme, dans ses différentes expressions, a contribué à la formation d'une conscience commune des peuples européens et a offert une importante contribution à l'élaboration de leur civilisation. Qu'il soit ou non reconnu dans les documents officiels, il s'agit là d'un fait indéniable qu'aucun historien ne pourra oublier.

3. Aujourd'hui, je souhaite en particulier vous féliciter, Monsieur le Président, pour l'oeuvre que vous avez accomplie à la tête de la Commission européenne, et je forme dans le même temps le voeu que les difficultés apparues ces derniers jours à propos de la nouvelle Commission puissent trouver une solution fondée sur le respect réciproque dans un esprit de concorde entre toutes les instances intéressées.

Monsieur le Président, j'invoque sur vous, et sur les personnalités qui vous accompagnent, la Bénédiction du Seigneur, ainsi que sur tous les représentants des Etats venus à Rome à l'occasion de la signature imminente du traité constitutionnel, et sur tous les peuples d'Europe.

Puisse l'Union européenne exprimer toujours le meilleur des grandes traditions de ses Etats membres, oeuvrer activement dans le domaine international pour la paix entre les peuples, et offrir une aide généreuse pour la croissance des peuples les plus démunis des autres continents.





À LA DÉLÉGATION DE LA MAISON D'ÉDITION "LA SCUOLA" DE BRESCIA

Jeudi 28 octobre 2004


Chers frères et soeurs!

1. Je suis reconnaissant au Seigneur pour cette rencontre. C'est en son nom que je vous salue tous avec joie et affection. Je remercie le Président de la maison d'édition "La Scuola", pour les paroles à travers lesquelles il a interprété les sentiments communs, et j'adresse une pensée particulière au Cardinal Giovanni Battista Re et à l'Evêque de Brescia, Mgr Giulio Sanguineti, qui vous accompagnent.

Vous avez voulu venir à Rome auprès du tombeau de l'Apôtre Pierre pour conclure de la façon la plus noble possible les manifestations pour le centenaire de la maison d'édition "La Scuola". Fondée en mai 1904 par un groupe de laïcs catholiques, parmi lesquels le père du Pape Paul VI, Giorgio Montini, et par quelques prêtres, votre Institution a traversé tout le siècle en s'efforçant de demeurer toujours fidèle, même dans les conditions sociales et culturelles changeantes, au dessein et aux objectifs de leurs fondateurs.

2. Je rends grâce avec vous au Seigneur, dispensateur de tout bien, pour avoir inspiré cette initiative, et pour l'avoir soutenue dans les moments difficiles, comme ceux du bombardement aérien qui s'est abattu sur votre maison d'édition au cours de la Seconde Guerre mondiale et qui la détruisit. Avec l'aide de Dieu et le courage de nombreuses personnes généreuses, il fut possible de recommencer. Je leur exprime, comme à tous ceux qui, pendant un siècle, ont apporté leur contribution de travail et d'idées, ma satisfaction et ma reconnaissance.

Je voudrais également adresser une parole particulière de félicitations à tous ceux qui ont collaboré afin que la maison d'édition demeure fidèle aux idéaux de ses origines. Comme vous le savez, elle fut conçue et voulue comme un instrument en vue d'assurer à l'école italienne une inspiration chrétienne. Entreprise difficile, étant donné les orientations d'une grande partie de la culture actuelle. Mais vous poursuivez le chemin entrepris. La vérité du Christ, présentée dans le respect des positions des autres et témoignée à travers la cohérence de sa propre vie, est un bien pour tous les membres de l'institution scolaire: parents et enfants, enseignants et élèves, écoles publiques et privées.

3. Le centenaire que vous célébrez est également une occasion de se tourner vers l'avenir. Les épreuves et les problèmes ne manquent pas. L'Eglise compte beaucoup sur vous pour préparer les propositions adaptées à la formation scolaire des nouvelles générations. En communion avec votre Evêque, et dans un dialogue cordial avec la communauté catholique italienne, continuez d'être des semeurs d'espérance, en demeurant fidèles aux idéaux des fondateurs.

La maison d'édition "La Scuola", a toujours été considérée et suivie avec confiance, affection et reconnaissance de la part de mes prédécesseurs au cours du XX siècle. Je m'unis à eux de tout coeur. Je fais mien le voeu qu'exprimait le Pape Paul VI le 28 juin 1965, lorsqu'il reçut en audience spéciale les responsables de l'époque. En exprimant sa reconnaissance chaleureuse pour leur expérience pédagogique qui a fait ses preuves et leur profonde sensibilité pour les questions scolaires les plus modernes, il les exhortait "non seulement à conserver le degré d'efficacité déjà atteint, mais tout autant à faire preuve d'audace en vue de nouveaux développements et de nouvelles conquêtes" (Audience à "La Scuola" de Brescia, 28 juin 1965).

Avec la même estime et affection, je vous encourage à mon tour à poursuivre votre travail et, en vous assurant d'un souvenir particulier dans la prière, je vous bénis tous de tout coeur.





À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE ET AU CONGRÈS MONDIAL PROMU PAR LE CONSEIL PONTIFICAL "JUSTICE ET PAIX"

Vendredi 29 octobre 2004


Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous accueillir au cours de cette Audience spéciale. Je salue avant tout les membres du Conseil pontifical "Justice et Paix" qui a tenu ces jours-ci son Assemblée plénière, visant à déterminer les meilleures façons de réaliser la nouvelle évangélisation sociale si nécessaire et urgente.

J'adresse un salut affectueux aux participants au Premier Congrès mondial des Organismes ecclésiaux oeuvrant pour la justice et la paix. Chers amis, en préservant la doctrine sociale de l'Eglise, vous avez réfléchi sur les formes les plus adéquates de l'annonce de l'Evangile dans la réalité complexe de notre temps.

Je salue de façon particulière le Cardinal Renato Raffaele Martino et je le remercie pour les voeux qu'ils m'a adressés au nom de tous.

2. Le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise qui vient d'être publié est un instrument en mesure d'aider les chrétiens dans leur engagement quotidien en vue de rendre le monde plus juste, dans la perspective évangélique d'un véritable humanisme solidaire. La doctrine sociale "est une partie essentielle du message chrétien" (Centesimus annus CA 5) et doit être toujours mieux connue, diffusée dans son intégralité et témoignée à travers une action pastorale constante et cohérente.

En particulier, à une époque comme la nôtre, caractérisée par la mondialisation de la question sociale, l'Eglise invite chacun à reconnaître et à affirmer la place centrale de la personne humaine dans tous les milieux et tous les événements de la vie sociale.

3. Très chers frères et soeurs! La doctrine sociale de l'Eglise vous interpelle en particulier vous, chrétiens laïcs, à vivre dans la société une sorte de "témoignage rendu au Christ Sauveur" (Centesimus annus CA 5), et vous ouvre aux horizons de la charité. C'est, en effet, l'heure de la charité, également de la charité sociale et politique, capable d'animer, à travers la grâce de l'Evangile, les réalités humaines du travail, de l'économie, de la politique, en dessinant les voies de la paix, de la justice et de l'amitié entre les peuples.

L'heure est venue d'une nouvelle ère de sainteté sociale, de saints qui manifestent au monde et dans le monde la fécondité permanente et inépuisable de l'Evangile.

Très chers fidèles laïcs, oeuvrez toujours davantage en vue de la justice et de la paix. Que vous accompagne et vous protège toujours Marie, la fidèle disciple du Christ. En vous assurant de ma prière, je vous bénis tous de tout coeur.



À SON EXCELLENCE MONSIEUR MOHAMMAD JAVAD FARIDZADEH, AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN

Vendredi 29 octobre 2004


Monsieur l'Ambassadeur,

1. Je suis heureux de souhaiter la bienvenue à Votre Excellence, à l'occasion de la présentation des Lettres qui l'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République islamique d'Iran près le Saint-Siège.

Je vous remercie des aimables paroles que vous m'avez adressées et je vous saurais gré de bien vouloir faire part de ma gratitude à son Excellence Monsieur Seyed Mohammad Khatami, Président de la République, pour les voeux qu'il m'a fait parvenir par votre intermédiaire.

Les relations diplomatiques qui existent entre votre pays et le Saint-Siège depuis cinquante ans, comme l'a souligné au début de cette année le colloque qui s'est tenu à l'Université grégorienne, attestent le désir de connaissance réciproque et la volonté commune de favoriser par nos échanges une culture de la paix.

2. Vous avez évoqué, Monsieur l'Ambassadeur, les préoccupations de votre pays devant la dégradation de la situation internationale et devant les menaces qui pèsent sur l'humanité, à bien des niveaux. Pour parvenir à un ordre international équilibré, face notamment au terrorisme qui veut imposer sa loi, la volonté de construire un avenir commun garantissant la paix pour tous suppose l'engagement des États de se donner des moyens stables, efficaces et reconnus, comme l'Organisation des Nations unies et les autres Organisations internationales. Cette action en faveur de la paix implique également une action courageuse contre le terrorisme et pour construire un monde dans lequel tous puissent se reconnaître fils du même Dieu Tout-Puissant et miséricordieux. Assurément, la construction de la paix suppose la confiance mutuelle pour accueillir l'autre non comme une menace mais comme un partenaire, en acceptant également les contraintes et les mécanismes de contrôle qu'impliquent les engagements communs comme les traités et les accords multilatéraux, dans les différents domaines des relations internationales qui touchent au bien commun de l'humanité, comme le respect de l'environnement, le contrôle du commerce des armes et de la non-prolifération des armes nucléaires, la protection des enfants, le droit des minorités. Pour sa part, le Saint-Siège ne ménagera aucun effort pour convaincre les responsables des États de renoncer dans tous les cas à la violence ou à la force, et de faire toujours prévaloir la négociation comme moyen de surmonter les désaccords et les conflits qui peuvent surgir entre les nations, les groupes et les individus.

3. L'engagement en faveur de l'homme repose pour les croyants sur la foi au Dieu unique, qui a créé l'homme à son image et à sa ressemblance, et qui a révélé aux hommes sa volonté. Pour les chrétiens, ce dialogue nécessaire entre les hommes afin de parvenir à établir entre eux des relations de fraternité et d'amour mutuel est, fondamentalement, une réponse au dialogue que Dieu lui-même a déjà commencé avec l'homme en lui révélant sa Parole et en lui proposant son alliance. Comme vous l'avez souligné, Monsieur l'Ambassadeur, c'est notre devoir de croyants d'annoncer à nos contemporains les valeurs fondamentales exprimées dans la religion, qui garantissent, à travers la loi naturelle, signe de l'empreinte de Dieu dans l'homme, la dignité de toute personne humaine et qui règlent les rapports des hommes avec leurs semblables. Comme je l'ai tant de fois rappelé, les fidèles catholiques, pour leur part, ont en toutes circonstances le souci de témoigner en faveur d'une culture de la vie, qui respecte l'être humain de sa conception à sa fin naturelle, et qui assure la défense de ses droits et de ses devoirs imprescriptibles. Parmi ces droits fondamentaux figure au premier plan le droit à la liberté religieuse, qui est un aspect essentiel de la liberté de conscience et qui manifeste précisément la dimension transcendante de la personne. Le Saint-Siège compte sur l'appui des Autorités iraniennes pour permettre aux fidèles de l'Église catholique en Iran, ainsi qu'aux autres chrétiens, la liberté de professer leur religion et pour favoriser la reconnaissance de la personnalité juridique des institutions ecclésiastiques, leur assurant ainsi un travail plus facile au sein de la société iranienne. En effet, la liberté de culte n'est qu'un aspect de la liberté religieuse, qui doit être la même pour tous les citoyens d'un pays.

4. Comme je l'ai maintes fois rappelé, "les confessions chrétiennes et les grandes religions de l'humanité doivent collaborer entre elles pour éliminer les causes sociales et culturelles du terrorisme, en enseignant la grandeur et la dignité de la personne, et en favorisant une conscience plus grande de l'unité du genre humain" (Message du 1er janvier 2002, n. 12). Elles ont aussi à dialoguer pour mieux se connaître, pour apprécier leurs richesses mutuelles et pour collaborer au bien commun de l'humanité.

Je me réjouis tout spécialement de la mise en place d'une rencontre régulière de dialogue de haut niveau entre chrétiens et musulmans dans votre pays, sous l'égide du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et des Autorités religieuses chiites iraniennes. Je ne doute pas que cette initiative permette d'améliorer toujours davantage les relations entre croyants, sur la base du respect mutuel et de la confiance réciproque.

5. À travers votre personne, je suis heureux de pouvoir saluer les communautés catholiques de différents rites qui vivent en Iran, assurant avec leurs frères orthodoxes la continuité de la présence chrétienne depuis des siècles. Je souhaite que les chrétiens, qui ont toujours eu le désir de vivre en bons termes avec les musulmans, approfondissent toujours davantage les exigences du dialogue de la vie quotidienne, à travers les différents aspects de la vie sociale commune. Je tiens à rappeler combien compte à mes yeux la possibilité effective pour chacun, dans le respect des lois du pays, d'exprimer librement ses convictions religieuses, de se rassembler avec ses frères pour célébrer le culte qui revient à Dieu, comme aussi pour assurer, à travers la catéchèse, la transmission de l'enseignement religieux aux enfants, et son approfondissement auprès des jeunes et des adultes. Je sais que les fidèles catholiques sont attachés à leur pays et qu'ils ont à coeur de participer activement à son développement dans tous les domaines de la vie sociale.

6. Monsieur l'Ambassadeur, alors que commence officiellement votre mission auprès du Siège apostolique, je vous offre mes voeux les meilleurs pour la noble tâche qui vous attend. Soyez assuré que vous trouverez ici, auprès de mes collaborateurs, l'accueil attentif et la compréhension cordiale dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur ses collaborateurs et sur ses proches, et sur le peuple iranien tout entier, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions du Tout-Puissant.



AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE CHYPRE

Samedi 30 octobre 2004


Monsieur le Président,

C'est pour moi un plaisir de vous saluer, au cours de votre visite au Vatican. Je vous demande de bien vouloir transmettre mes voeux cordiaux au peuple de votre nation, qui a toujours été si profondément fidèle au message chrétien.

Je vous encourage, ainsi que vos concitoyens, dans vos efforts constants en vue de promouvoir le dialogue et la tolérance parmi les divers groupes ethniques et religieux dans votre pays. En effet, ce n'est qu'à travers un engagement en vue de la compréhension et du respect mutuel que les tensions anciennes peuvent être résolues et conduire à l'unité fondée sur les principes de la solidarité et de la justice.

Je prie pour que Dieu tout-puissant puisse vous accorder, ainsi qu'à tout le peuple de Chypre, les dons de la paix et de l'harmonie.



AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES S.E. M. MAREK BELKA DE POLOGNE

Samedi 30 octobre 2004


Monsieur le Premier ministre
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs!

Je vous souhaite à tous une cordiale bienvenue. Je suis heureux de pouvoir vous recevoir à un moment si important pour la Pologne et pour l'Europe. Hier a eu lieu la cérémonie de signature du Traité constitutionnel de l'Union européenne. C'est un événement qui, dans un certain sens, conclut le processus d'élargissement de la Communauté à des Etats qui ont toujours coopéré à la formation des fondements spirituels et institutionnels du Vieux Continent mais qui, dans les dernières décennies, sont restés pour ainsi dire aux frontières de celui-ci. Le Siège apostolique et moi-même avons apporté notre soutien à ce processus afin que l'Europe puisse respirer pleinement avec ses deux poumons: avec l'esprit de l'Occident et de l'Orient.

Je suis certain que, même s'il manque dans la Constitution européenne une référence explicite aux racines chrétiennes de la culture de toutes les nations qui composent aujourd'hui la communauté, les valeurs éternelles élaborées sur la base de l'Evangile par les générations qui nous ont précédés continueront toutefois à inspirer les efforts de ceux qui ont la responsabilité de façonner le visage de notre continent. J'espère que cette structure, qui est en fin de compte une communauté de nations libres, fera non seulement tout son possible pour ne pas les priver de leur patrimoine spirituel, mais y veillera également comme à un fondement d'unité. Comme je l'ai dit à Gniezno en 1997, il n'est pas possible de construire une unité durable "en se coupant des racines sur lesquelles ont grandi les nations et les cultures de l'Europe et en se coupant de la grande richesse de la culture spirituelle des siècles passés". "Il n'y aura pas d'unité en Europe tant qu'elle ne sera pas fondée sur l'unité de l'Esprit" (Discours à Gniezno du 3 juin 1997).

En tant que Pape, je suis reconnaissant aux gouvernements et au Parlement polonais d'avoir compris ce défi et de l'avoir relevé. Je remercie Monsieur le Premier ministre de l'assurance, exprimée dans sa lettre, que "le gouvernement polonais fera tout son possible afin que la nouvelle Constitution de l'Union européenne s'inscrive dans l'esprit des valeurs européennes, à la base desquelles se trouve une vision chrétienne de l'homme et de la politique considérée comme un service consacré à l'homme lui-même et à toute la communauté".

Je vous souhaite, Monsieur le Premier ministre, que le plein dévouement de toutes les personnes auxquelles vous avez confié des fonctions au sein du Gouvernement de la République de Pologne, ainsi que de celles qui exercent le pouvoir législatif et judiciaire, avec la participation de toute la société, permette au plus vite de porter des fruits abondants, pour la prospérité de tous les Polonais.

Que Dieu conduise notre Patrie vers un avenir heureux, qu'il donne la grâce de la sagesse à ceux sur lesquels pèse la responsabilité de son destin et qu'il bénisse tous ses habitants!

Merci de votre visite et de votre bienveillance.



AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE DES FAMILLES RELIGIEUSES FONDÉES PAR DON LUIGI GUANELLA

30 octobre 2004


Très chers frères et soeurs!

1. Je vous accueille avec une grande joie et je vous remercie de cette visite particulière, qui a lieu en conclusion des célébrations du centenaire de votre présence à Rome.

Je salue le Supérieur général des Serviteurs de la Charité, dom Nino Minetti, et la Supérieure générale des Filles de Sainte Marie de la Providence, soeur Giustina Valicenti, que je remercie des paroles courtoises à travers lesquelles elle a interprété les sentiments communs. J'adresse également mon salut aux représentants du Mouvement des laïcs de Don Guanella, des amis de l'OEuvre et des communautés paroissiales de Rome confiées aux Religieux de Don Guanella. J'adresse une pensée particulière aux malades et aux personnes porteuses de handicap ici présents.

2. Il y a cent ans, le bienheureux Luigi Guanella arrivait à Rome, avec des collaborateurs, "pour faire un peu de bien au profit de son prochain". Depuis lors, chers membres de sa famille spirituelle, vous n'avez cessé de suivre ses traces, fidèles au style de votre Fondateur, qui aimait dire: "Il faut bien faire le bien". Et à présent également, en cherchant à être les "bons samaritains" des pauvres, vous vous occupez d'oeuvres qui sont à l'avant-garde et qui répondent aux exigences changeantes des temps à travers un apostolat caritatif multiforme.

Que dire ensuite du soin que vous réservez aux malades en phase terminale? Depuis toujours, la mort et le fait de mourir représentent un défi souvent angoissant pour l'homme. En fondant l'"Union pieuse du Transit de saint Joseph" pour les personnes mourantes, Don Guanella a su susciter un courant de prière pour aider ceux qui s'apprêtent à franchir le seuil de l'éternité.

3. De votre bien-aimé fondateur, vous avez appris que, pour donner de l'amour à vos frères, il faut le puiser à la source de la charité divine, grâce à un contact constant avec le Christ dans la prière. Que vous anime ce profond esprit de foi, qui faisait répéter à Don Guanella: "C'est Dieu qui fait, nous ne sommes, nous, que les instruments de la Providence".

Que la présence ces jours-ci à Rome, de sa dépouille mortelle vous encourage à imiter ses vertus, afin de tendre de toutes vos forces à la "haute mesure" de la vie chrétienne qu'est la sainteté.

Que la Vierge Marie vous protège et vous accompagne sur ce chemin. En vous assurant de mon souvenir dans la prière, je vous bénis avec affection, vous tous ici présents, ainsi que toute la famille de Don Guanella.



                             Novembre 2004



Discours 2004 - Vendredi 22 octobre 2004