Discours 2004 - Jeudi 18 novembre 2004


VIII RÉUNION DU CONSEIL POST-SYNODAL DU SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DU SYNODE DES ÉVÊQUES POUR L’ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L’ASIE

Vendredi 19 novembre 2004


Très chers frères dans l'épiscopat!

1. "A vous grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus Christ" (Rm 1,7). A travers ces paroles de l'Apôtre Paul, je vous salue tous, chers membres du Conseil post-synodal du Secrétariat général du Synode des Evêques pour l'Assemblée spéciale pour l'Asie.

Depuis son institution jusqu'à la fin de l'Assemblée spéciale, votre Conseil a prêté une collaboration précieuse non seulement en ce qui concerne la rédaction de l'Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Asia, mais également en ce qui concerne l'étude de son application sur le Continent asiatique. Un devoir qui exige inévitablement un dialogue fructueux avec "la situation pluriethnique, pluri-religieuse et pluriculturelle de l'Asie, où le christianisme est encore trop souvent vu comme étranger" ().

2. La référence biblique qui présente le thème du Synode: "Pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance" (Jn 10,10) semble particulièrement adaptée à l'Asie. Le pourcentage élevé de jeunes, présents sur le continent, est un motif d'optimisme pour l'avenir et un défi pour le présent: un motif d'optimisme, car les nouvelles générations, chargées de promesses, sont prêtes à se consacrer entièrement à une cause; un défi, parce que les rêves non réalisés peuvent engendrer la déception, et ceux qui les cultivent pourraient être facilement instrumentalisés par les promoteurs d'idéologies extrêmes.

En outre, l'Eglise entend contribuer à la cause de la paix en Asie, où divers conflits et le terrorisme provoquent la perte de nombreuses vies humaines. Au cours de l'Assemblée spéciale, les Pères synodaux se sont tournés avec préoccupation vers la Terre Sainte, "coeur du christianisme" et chère à tous les fils d'Abraham. Malheureusement, au cours des dernières années, les foyers de guerre se sont étendus, et il est donc urgent d'édifier la paix, entreprise difficile qui exige la contribution de tous les hommes de bonne volonté.

3. Pour annoncer en profondeur l'Evangile en Asie, il est nécessaire que tous les croyants dans le Christ mêlent chaque aspect de la vie à leur foi, en imitant les saints et les martyrs asiatiques, qui ont rendu à la foi catholique le témoignage extrême du sang. En particulier là où les croyants souffrent et ne sont pas libres de professer leur foi, il faut proclamer le Royaume de Dieu à travers un "témoignage silencieux de vie" (), en portant la Croix et en suivant les traces du Christ souffrant et crucifié, et dans l'attente du jour où arrivera la pleine liberté religieuse.

4. En outre, la célébration du Synode a mis en lumière le fait que le dialogue est un "mode caractéristique de la vie de l'Eglise en Asie" (). L'esprit de dialogue qui, au cours de l'Assemblée synodale, a animé les relations entre les Eglises plus jeunes et celles qui font remonter leurs origines aux Apôtres, constitue un itinéraire à parcourir avec patience et courage, également à l'égard des autres communautés chrétiennes. Malgré les obstacles, l'esprit de dialogue doit progresser, si l'Eglise veut rester fidèle au mandat qui lui a été confié par le Christ de prêcher l'Evangile dans son intégralité à toutes les nations (cf. Mt 28,19-20), en demeurant toujours docile à l'action de l'Esprit Saint, qui est "l'agent premier de l'inculturation de la foi chrétienne en Asie. L'Esprit lui-même, qui nous conduit à la vérité tout entière, rend possible un dialogue fructueux avec les valeurs culturelles et religieuses des différents peuples, parmi lesquels, dans une certaine mesure, il est présent..." ().

5. Le fait que l'Eglise qui est en Asie est un "petit troupeau" (Lc 12,32) ne doit pas conduire au découragement, car l'efficacité de l'évangélisation ne dépend pas des chiffres. Après la Pentecôte, les Apôtres et un nombre limité de disciples ont été invités à prêcher l'Evangile dans le monde entier (cf. Ac 2,1 sq). A travers la Parabole du levain dans la pâte (cf. Mt 13,33), et du grain de sénevé (cf. Lc 13, 19, 17, 6), Jésus lui-même enseigne que ce qui est petit et caché aux yeux des hommes, grâce à l'intervention toute puissante de Dieu, peut obtenir des résultats inespérés. La foi dans la Divine Providence doit donc animer constamment l'action missionnaire de l'Eglise en Asie, Continent de l'espérance.

Que les chrétiens d'Asie continuent avec confiance à suivre fidèlement le Christ; qu'ils continuent de diffuser par tous les moyens le don de sa paix et de son amour.

Que la Vierge Marie, Mère de l'Asie, veille sur tous et qu'elle obtienne la paix pour toutes les nations de ce cher Continent. Je vous assure de ma prière et je donne de tout coeur à toutes les personnes ici présentes ma Bénédiction, que j'étends à tous les Evêques, les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs de l'Eglise qui est en Asie.



AUX MEMBRES DE L’"INTERNATIONAL BOARD OF TRUSTEES" DE L’HÔPITAL SAINT-JOSEPH DE JÉRUSALEM

Samedi 20 novembre 2004


  Béatitude,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux d'accueillir au Vatican l'"International Board of Trustees" de l'hôpital Saint-Joseph de Jérusalem. Je profite de cette occasion pour vous encourager, ainsi que tous ceux qui contribuent au travail de l'hôpital, à donner toujours le meilleur de vous-mêmes dans le service généreux des malades, dans le plus grand respect pour leur dignité humaine et leur valeur unique aux yeux de Dieu. J'apprécie le sens louable de solidarité et de sollicitude pour les besoins de la communauté palestinienne qui ont conduit Saint-Joseph à être le seul hôpital catholique de Jérusalem. Puisse l'hôpital continuer à trouver un soutien moral et matériel en Terre Sainte et à l'étranger. A vous, et à tous les bienfaiteurs, au personnel et aux patients, je donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique.



AUX PARTICIPANTS À L’ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE

Samedi 20 novembre 2004

Monsieur le Cardinal,
vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux de vous recevoir à l'occasion de l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Famille. J'adresse à tous mon salut cordial. Je salue en particulier Monsieur le Cardinal Alfonso López Trujillo, que je remercie pour les sentiments qu'il m'a exprimés.

Je sais que le dicastère travaille intensément pour diffuser l'"évangile de la famille". L'expression est appropriée car annoncer la "merveilleuse nouvelle" de la famille, qui puise ses racines dans le Coeur de Dieu créateur, représente une mission noble et décisive. La famille, fondée sur le mariage, est une institution naturelle irremplaçable et un élément fondamental pour le bien commun de toute société.

2. Qui détruit ce tissu fondamental de la coexistence humaine, en ne respectant pas son identité et en bouleversant ses devoirs, inflige une blessure profonde à la société et provoque des dommages souvent irréparables. C'est pourquoi, à juste titre, vous voulez réfléchir sur les divers aspects qui touchent la famille, tant au niveau national qu'international. Dans ce domaine également, l'Eglise ne peut se détacher de la norme énoncée par l'Apôtre Pierre: "Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes" (Ac 5,29).

Dans l'Exhortation apostolique Familiaris consortio, je soulignais déjà "la place singulière que tient en ce domaine la mission des conjoints et des familles chrétiennes, en vertu de la grâce reçue dans le sacrement" et je rappelais que cette mission doit être placée "au service de l'édification de l'Eglise" et "de la construction du Royaume de Dieu dans l'histoire" (FC 71). Cette mission n'a rien perdu de son actualité, et a même revêtu un caractère d'exceptionnelle urgence.

3. En ce qui concerne le thème principal de votre Assemblée plénière, - "La mission des couples mûrs ayant une expérience à l'égard des fiancés et des jeunes couples", je désire vous encourager à un engagement renouvelé en faveur des jeunes familles. Comme je l'ai dit dans Familiaris consortio, "dans l'action pastorale vis-à-vis des jeunes familles, l'Eglise devra aussi s'appliquer spécialement à les éduquer à vivre l'amour conjugal de façon responsable, en rapport avec ses exigences de communion et de service à la vie et de même leur apprendre à concilier l'intimité de la vie de foyer avec la tâche généreuse qui incombe à tous d'édifier l'Eglise et la société humaine" (FC 69).

Dans ce document, j'avertissais, en outre, que les jeunes familles, "qui se trouvent dans un contexte de nouvelles valeurs et de nouvelles responsabilités, sont plus exposées, spécialement dans les premières années du mariage, à d'éventuelles difficultés, comme celles qui proviennent de l'adaptation à la vie commune ou de la naissance des enfants" (FC 69). J'exhortais donc les jeunes couples à accueillir cordialement et à valoriser de façon intelligente l'aide discrète, délicate et généreuse d'autres couples, qui font déjà depuis un certain temps l'expérience du mariage et de la famille.

4. A cet égard, je souligne avec plaisir la présence croissante dans le monde entier de mouvements en faveur de la famille et de la vie. Leur dynamisme, placé au service de ceux qui marchent sur la voie du mariage récemment contracté, garantit une aide précieuse pour susciter une réponse opportune à la richesse de la vocation à laquelle le Seigneur les appelle.

Il y a dix ans, dans la Lettre aux Familles, je soulignais combien la riche expérience des autres familles se révèle importante, en particulier lorsque le "nous" des parents, du mari et de la femme, se prolonge, à travers la génération et l'éducation, dans le "nous" de la famille, à travers le don très précieux des enfants (cf. LF LF 16). C'est ainsi que se construit, dans un climat de collaboration, l'Eglise domestique, sanctuaire de la vie et véritable pilier de l'avenir de l'humanité.

5. En conclusion, ma pensée va à la Ve Rencontre mondiale des Familles, qui aura lieu en 2006 à Valence (Espagne). Je sais que votre Conseil pontifical prépare cet événement, en collaboration avec l'archidiocèse de Valence. Je salue l'Archevêque, Mgr Agustín García Gasco, ici présent, et j'envoie une salutation chaleureuse à la bien-aimée terre d'Espagne, qui aura l'honneur d'accueillir cet événement.

En invoquant sur votre travail l'assistance divine constante, je vous confie à l'intercession particulière de la Sainte Famille de Nazareth et je vous bénis de tout coeur.




AUX MEMBRES DU SÉNAT ACADÉMIQUE DE L'UNIVERSITÉ NICOLAS COPERNIC DE TORUN (POLOGNE)  

Mardi 23 novembre 2004



Monsieur le Cardinal,
vénéres frères dans l'épiscopat,
chers membres du Sénat et du Corps académique,
Eminentes Autorités,
très chers frères et soeurs,

1. Je salue cordialement chacun de vous. Je suis heureux de pouvoir accueillir de si illustres représentants de l'Université Nicolas Copernic de Torun. Je remercie le Recteur magnifique pour ses aimables paroles et le Sénat académique pour m'avoir conféré le titre de docteur honoris causa. Je l'accepte avec gratitude, comme signe de dialogue entre la science et la foi, qui se développe constamment.

2. Messieurs, en vous accueillant au Vatican, je me souviens de ce jour du mois de juin 1999 au cours duquel il m'a été donné de franchir le seuil de votre Université. Je me souviens également avoir parlé alors précisément de ce dialogue, qui est appelé à dépasser l'opposition, issue de la philosophie du siècle des Lumières, entre la vérité atteinte par la raison et celle connue à travers la foi. Aujourd'hui, nous comprenons toujours plus qu'il s'agit de la même vérité, et qu'il faut que les hommes, qui y parviennent à travers les voies qui leurs sont propres, ne marchent pas seuls, mais recherchent la confirmation de leurs intuitions également dans la rencontre avec les autres. Ce n'est qu'alors que les chercheurs et les hommes de culture seront réellement capables d'assumer la responsabilité particulière dont je parlai à Torun: la "responsabilité particulière en ce qui concerne la vérité - la rechercher, la défendre et vivre selon elle" (Discours aux Recteurs des Institutions académiques, 7 juin 1999).

3. Je me réjouis du fait que l'Université Nicolas Copernic se développe avec dynamisme, offrant à un groupe toujours plus étendu de jeunes la possibilité d'accéder à la science. Il est bon que puisse y participer également la Faculté de Théologie. Je sais que ce développement se réalise avec le soutien des Autorités locales d'une ville qui peut être certainement appelée la "ville universitaire". Que cette oeuvre commune serve la ville de Torun, la région et toute la Pologne. Il n'est pas de richesse plus grande pour une nation que celle d'être composée de citoyens instruits.

4. Messieurs, je vous remercie une fois de plus de votre visite. Je vous prie d'apporter mes salutations à tous les professeurs et les étudiants de votre Université, et également à tous les habitants de la ville de Torun. Que la Bénédiction de Dieu vous accompagne constamment! Que Dieu soit avec vous!



AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LES LAÏCS

Jeudi 25 novembre 2004  



Messieurs les Cardinaux;
vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
très chers frères et soeurs!

1. Je vous accueille avec joie à l'occasion de l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour les Laïcs. Je salue très cordialement le Président, Mgr Stanislaw Rylko, et je lui suis reconnaissant pour les paroles qu'il m'a adressées en votre nom. Je salue les membres et les Consulteurs, les officiers et le personnel de ce dicastère, qui accomplit avec zèle sa mission qui tend à renforcer chez les baptisés, à travers de multiples initiatives, la conscience de son identité et de sa vocation chrétienne.
2. Je pense, par exemple, à la Rencontre des catholiques d'Europe de l'Est, organisée l'année dernière à Kiev, en Ukraine, qui a souligné le rôle accompli par les fidèles laïcs dans la reconstruction spirituelle et matérielle de ces nations après de longues années de totalitarisme athée.
Je connais également la sollicitude de votre Conseil pontifical pour la "nouvelle saison de rassemblement" des laïcs, caractérisée par une collaboration plus étroite entre les diverses associations, communautés et mouvements. A cet égard, le "Répertoire des Associations internationales de fidèles" constitue un instrument précieux.

Je suis également informé des premiers pas de la section "Eglise et Sport", récemment instituée, ainsi que des fruits encourageants du Forum international des jeunes sur la pastorale universitaire.

Je ne peux manquer, en outre, de mentionner l'intense préparation de la Journée mondiale de la Jeunesse, qui sera célébrée à Cologne, en Allemagne, en août 2005. Ce rendez-vous, qui a pour thème: "Nous sommes venus l'adorer" (Mt 2,2), invite toute l'Eglise et en particulier les jeunes, à se mettre en chemin comme les Rois mages pour rencontrer le Dieu fait Homme pour notre salut.

3. Une fois conclu le cycle des Assemblées consacrées aux sacrements de l'initiation chrétienne, vous commencez à réfléchir au cours de votre Assemblée plénière sur la paroisse, thème qui vous occupera au cours des prochaines années.

La première étape, comme il ressort du programme des travaux, consiste à aider les fidèles à redécouvrir le véritable visage de la paroisse, "expression la plus immédiate et la plus visible" de l'Eglise qui "vit au milieu des maisons de ses fils et de ses filles" (Christifideles laici CL 26). La paroisse est la cellule vitale dans laquelle la participation des laïcs à l'édification et à la mission de l'Eglise dans le monde trouve sa place naturelle. Il s'agit d'une présence qui conduit constamment chaque homme à se confronter avec le sens ultime de la vie; c'est une porte ouverte à tous, afin que chacun puisse accéder à la voie du salut. En un mot, la paroisse est le lieu par excellence de l'annonce du Christ et de l'éducation à la foi. Précisément pour cela, elle a besoin de se renouveler constamment pour devenir une véritable "communauté de communautés", capable d'une action missionnaire véritablement incisive.

4. En cette année consacrée à l'Eucharistie, comment ne pas rappeler, enfin, que l'Eucharistie est le coeur qui bat de la paroisse, la source de sa mission et la présence qui la renouvelle constamment. En effet, la paroisse est "communauté de baptisés qui expriment et consolident leur identité surtout à travers la célébration du sacrifice eucharistique" (Ecclesia de Eucharistia EE 32).

Très chers frères et soeurs! Je souhaite de tout coeur que la réflexion sur la paroisse, entamée par le Conseil pontifical pour les Laïcs, à travers cette réunion, aide chacun à mieux comprendre encore que la communauté paroissiale est le lieu de la rencontre avec le Christ, et avec nos frères. Je vous accompagne par la prière, tandis que je vous confie, ainsi que les personnes qui vous sont chères, à la protection maternelle de Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Eglise.

Avec ces sentiments, je vous bénis tous.



À S.E. M. ALI ABDULLAH SALEH PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU YÉMEN

Vendredi 26 novembre 2004



Monsieur le Président,

Je suis heureux de vous saluer, ainsi que votre suite, à l'occasion de votre visite au Vatican, et je vous remercie pour les aimables sentiments que vous avez exprimés au nom du peuple du Yémen.

En cette période de tension dans votre région, je vous exhorte, ainsi que tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, à combattre le terrorisme et à lutter pour la paix et la justice. Cela n'est possible que si les hommes reconnaissent le besoin permanent de tolérance et de compréhension réciproque. A cet égard, j'encourage vos efforts en vue de promouvoir l'esprit de dialogue franc et ouvert entre les différentes religions et les divers peuples de la péninsule arabe. J'élève des prières ferventes afin que Dieu tout-puissant puisse vous donner, à vous et à tout le peuple du Yémen, les dons de paix, d'harmonie et de réconciliation.




AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DES ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE (RÉGION IX) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 26 novembre 2004


  Chers frères Evêques,

1. C'est avec affection dans le Christ Jésus que je vous souhaite la bienvenue, chers frères Evêques des Provinces ecclésiastiques de Dubuque, Kansas City in Kansas, Omaha et Saint Louis, à l'occasion de votre visite "ad limina Apostolorum". Aujourd'hui, poursuivant mes réflexions sur l'exercice du gouvernement épiscopal, je désire attirer votre attention sur la relation qui vous unit à vos plus proches collaborateurs dans l'apostolat, vos frères prêtres.

Au cours de ces entretiens, je vous ai demandé à plusieurs reprises, ainsi qu'à vos frères Evêques, de transmettre aux prêtres qui sont aux Etats-Unis ma gratitude et ma satisfaction personnelles pour leur service fidèle à l'Evangile. Au cours de ces journées, alors que vous vous agenouillez devant la tombe de saint Pierre ici, au coeur même de l'Eglise, je vous demande non seulement de les confier, ainsi que leur ministère, au Seigneur, mais également de renouveler votre engagement à collaborer avec eux "avec une seule âme, le même amour, les mêmes sentiments" (cf. Ph Ph 2,2).

2. Hinc unitas sacerdotii exoritur. Ces paroles, inscrites sur le Maître Autel de la Basilique Saint-Pierre, rappellent de façon solennelle que la fraternité qui vous unit à vos prêtres dérive en ultime analyse de la grâce des Ordres sacrés et de l'unique mission confiée par le Seigneur ressuscité aux Apôtres et à leurs successeurs dans l'Eglise (cf. Presbyterorum ordinis PO 7). Le Concile Vatican II a eu recours, en particulier, à cette vision de l'unité du sacerdoce dans son enseignement selon lequel les prêtres forment un unique presbyterium avec leurs Evêques, exerçant avec lui, et sous son autorité, la charge du Christ, Pasteur et Chef de son Eglise (cf. Lumen gentium LG 28). Le renforcement quotidien de cette communion spirituelle et hiérarchique au sein du presbyterium diocésain est une tâche primordiale et essentielle de chaque Evêque.

Le Concile a, en effet, exhorté les Evêques à se soucier en particulier du bien-être de leurs prêtres, en les traitant comme des fils et des amis et en cultivant avec constance cette charité surnaturelle qui conduit à une union de volontés au service du Peuple de Dieu (cf. Christus Dominus CD 16 CD 28). Je suis moi-même convaincu du fait que l'instrument de promotion le plus efficace de cette union est un engagement pour la vie et la mission de l'Eglise particulière, partagé et sans cesse renouvelé. Avec un amour total et plein d'abnégation pour la communauté chrétienne, les Evêques et les prêtres découvriront "une source de sens, de critères de discernement et d'action, qui modèlent sa mission pastorale et sa vie spirituelle" (cf. Pastores dabo vobis PDV 31). L'Evêque, démontrant avec clarté qu'il aime l'Eglise confiée à sa sollicitude avec un coeur indivis, sera le premier à promouvoir parmi ses frères prêtres la croissance de cette "communauté de vie, de travail et de charité" (Lumen gentium LG 28), fondée sur l'"unique amour" qui est le centre et l'âme de l'apostolat.

3. L'Evêque promeut non seulement la confiance réciproque, le dialogue, l'esprit d'unité et un esprit missionnaire commun dans sa relation avec les prêtres, mais il a également la tâche de cultiver au sein du presbyterium un sens de coresponsabilité pour le gouvernement de l'Eglise locale. Le Concile souligne à juste titre que les Pasteurs eux-mêmes doivent jouer un véritable rôle dans le munus regendi (cf. Christus Dominus CD 30) alors que l'Evêque est appelé à gouverner son diocèse "à l'aide de son presbyterium" (ibid., CD CD 11 cf. CIC 369). L'exercice concret de cette coresponsabilité exige en particulier que l'Evêque ait une solide vision ecclésiologique, une sollicitude pour les exigences légitimes de la subsidiarité au sein de l'Eglise et un respect des rôles propres aux divers membres du presbyterium diocésain.

En raison de l'importance historique de la paroisse dans l'Eglise qui est aux Etats-Unis, un objectif fondamental de votre gouvernement devrait être d'encourager et de coordonner l'oeuvre pastorale conduite dans le grand réseau des paroisses et des institutions qui y sont liées et qui forment l'Eglise locale. En effet, la paroisse "a un rôle éminent parmi toutes celles qui sont présentes dans un diocèse", et "l'Evêque est le premier responsable de cette communauté [...] c'est donc surtout à elle qu'il doit réserver sa sollicitude" (Pastores gregis ). La paroisse est, et devrait être, le premier lieu où les fidèles se rencontrent et sont invités à participer pleinement à la vie et à la mission de l'Eglise. Le diocèse devrait toujours être considéré comme existant dans les paroisses et pour elles.

C'est pourquoi le renouveau de la vie ecclésiale au service de la nouvelle évangélisation devrait commencer opportunément par la revitalisation de la communauté paroissiale, qui est centrée sur la prédication de l'Evangile et la célébration de l'Eucharistie (cf. Ecclesia in America ). L'Evêque doit jouer un rôle indispensable dans cette revitalisation, en promouvant avec autorité l'enseignement de l'Eglise et en proposant un plan pastoral unifié, en mesure d'inspirer et d'orienter l'apostolat tant du clergé que du laïcat. Les Pasteurs doivent être aidés non seulement à "édifier une communauté", mais également à déterminer toujours plus clairement "les objectifs auxquels leur gouvernement devrait viser, toujours en communion avec l'Eglise particulière et universelle" (cf. CIC CIC 528 et 529), alors que les fidèles laïcs devraient être exhortés à comprendre et à exercer leur propre munus regale au service du Royaume de Dieu (cf. Lumen gentium LG 31). En un mot, toute la communauté chrétienne doit être encouragée à passer de la "Messe à la mission" (cf. Dies Domini, n. 45) à la recherche de la sainteté et au service de la nouvelle évangélisation.

4. L'une des préoccupations essentielles d'un gouvernement responsable doit être également celle de prévoir l'avenir. Personne ne peut nier que la baisse des vocations au sacerdoce représente pour l'Eglise qui est aux Etats-Unis un défi difficile qui ne peut être ignoré, ni différé. La réponse à ce défi doit être la prière insistante selon le commandement du Seigneur (cf. Mt 9,37-38), accompagnée par un programme d'encouragement aux vocations qui touche chaque aspect de la vie ecclésiale. Etant donné que "promouvoir des vocations au sacerdoce est une responsabilité qui appartient à tout le peuple de Dieu et qui s'accomplit principalement par la prière constante et humble pour les vocations" (Ecclesia in America ), je soumets à votre considération la proposition que la communauté catholique qui est dans votre pays célèbre chaque année une journée nationale pour les vocations sacerdotales.

La préoccupation pour l'avenir demande également de porter une attention particulière à la formation dans les séminaires, qui doit transmettre aux candidats au sacerdoce non seulement une vision théologique intégrale, mais également un engagement à la sainteté et à la sagesse spirituelle, ainsi qu'à la formation d'une capacité de direction prudente et d'un dévouement généreux pour le troupeau. A ce propos, je voudrais également vous encourager à n'épargner aucun effort pour garantir une saine et constante éducation du clergé et, en particulier, à considérer comme une partie essentielle de votre gouvernement d'encourager les jeunes prêtres à poursuivre des études dans le domaine des sciences ecclésiastiques, surtout en théologie et en droit canonique. Cette formation, indépendamment des sacrifices qu'elle comporte, devrait être considérée comme une source d'enrichissement durable pour la vie de l'Eglise locale.

5. Chers frères, la vision du Concile, l'héritage spirituel du grand Jubilé et les exigences pastorales des fidèles en Amérique, exigent aujourd'hui un engagement renouvelé au service de ce qui constitue le coeur de la mission de l'Eglise: proclamer l'Evangile de Jésus Christ dans son intégralité, en exhortant à l'obéissance de la foi, en promouvant une sainteté authentique et en oeuvrant pour la diffusion du Royaume de Dieu dans chaque aspect de la vie personnelle, sociale et culturelle. Alors que vous vous efforcez d'accomplir cette grande oeuvre en communion avec vos frères prêtres, vos diacres, les femmes et les hommes consacrés qui appartiennent à vos Eglises particulières et avec tous les fidèles dans la variété de leurs dons et de leurs vocations, je vous confie tous aux prières pleines d'amour de Marie, Mère de l'Eglise, et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique en tant que gage de joie et de paix éternelles dans le Seigneur.



AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DES ADMINISTRATIONS PÉNITENTIAIRES D'EUROPE

Vendredi 26 novembre 2004



Mesdames et Messieurs!

1. C'est avec un grand plaisir que je vous accueille aujourd'hui, vous tous qui participez à Rome à la Conférence des Responsables des Administrations pénitentiaires des 45 Etats adhérents au Conseil de l'Europe. Merci de votre visite appréciée, qui m'offre l'occasion de mieux connaître votre activité et vos projets. Vous traitez des thèmes plus que jamais actuels, qui concernent l'administration des détenus et des structures carcérales en Europe.

Je vous salue tous avec respect. Je salue en particulier le Directeur général des Affaires juridiques au Conseil de l'Europe et le chef de Département de l'Administration pénitentiaire italienne, auxquels j'exprime ma vive gratitude pour les paroles qu'ils m'ont adressées cordialement au nom de toutes les personnes présentes.

2. Vous réfléchissez sur la façon d'adapter les réglementations pénitentiaires d'Europe afin de toujours mieux répondre aux besoins des détenus. A cet égard, il ne fait aucun doute qu'il faut toujours reconnaître au détenu la dignité de personne, comme sujet de droits et de devoirs. Toute nation civilisée doit avoir la préoccupation de protéger les droits inaliénables de chaque être humain. Avec l'engagement de tous, il faudra donc aménager les éventuelles lois et réglementations qui y font obstacle, en particulier lorsqu'il s'agit du droit à la vie et à la santé, du droit à la culture, au travail, à l'exercice de la liberté de pensée et à la profession de sa foi.

Le respect de la dignité humaine est une valeur de la culture européenne, qui plonge ses racines dans le christianisme; une valeur humaine universelle et, en tant que telle, susceptible du consensus le plus large. Chaque Etat doit faire en sorte que dans toutes les prisons, soit garantie une pleine attention aux droits fondamentaux de l'homme.

3. Les mesures uniquement répressives ou punitives, auxquelles on a normalement recours aujourd'hui, apparaissent inadaptées pour atteindre des objectifs d'authentique réinsertion des détenus. Il est donc nécessaire de repenser, comme vous le faites, la situation carcérale dans ses fondements mêmes et dans ses finalités.

Si l'objectif des structures carcérales n'est pas seulement la surveillance, mais également la réinsertion des détenus, il faut abolir les traitements physiques et moraux qui nuisent à la dignité humaine, et s'engager à fournir une meilleure qualification professionnelle à ceux qui travaillent au sein des Instituts pénitentiaires.

4. A la lumière de tout cela, il faut encourager la recherche de peines alternatives à la prison, en soutenant les initiatives de resocialisation authentique des détenus à travers des programmes de formation humaine, professionnelle et spirituelle.

Dans ce cadre, l'utilité du rôle des ministres du culte est reconnue. Ceux-ci sont appelés à accomplir une tâche délicate et par certains aspects irremplaçable, qui ne se réduit pas aux seuls actes de culte, mais qui s'étend souvent aux nécessités sociales des détenus que la structure carcérale n'est pas toujours en mesure de satisfaire.

Comment ne pas constater avec satisfaction que les institutions et les associations de bénévoles qui se consacrent à l'assistance des détenus et à leur réinsertion sociale se multiplient?

5. Une préoccupation légitime, rappelée par de nombreuses personnes, est que le respect de la dignité humaine des détenus ne doit pas se faire au détriment de la protection de la société. C'est pourquoi on insiste sur la nécessité de défendre les citoyens, même à travers des formes de dissuasion telles que l'exemplarité des peines. Mais l'application indispensable de la justice en vue de la défense des citoyens et de l'ordre public ne s'oppose pas à l'attention nécessaire aux droits des détenus et à leur réinsertion; au contraire, il s'agit de deux aspects qui se complètent. Prévention et répression, détention et resocialisation, sont des interventions complémentaires l'une de l'autre.

Mesdames et Messieurs! Que Dieu soutienne vos efforts en vue de faire de la prison un lieu d'humanité, de rédemption et d'espérance. Je vous assure de ma prière et j'invoque la Bénédiction de Dieu sur vous ici présents et sur tous ceux qui prêtent leur service dans les prisons européennes, avec une pensée particulièrement affectueuse pour tous les détenus.




AUX MEMBRES DE L'ASSOCIATION "COMMUNAUTÉ PAPE JEAN XXIII"

Lundi 29 novembre 2004



Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
très chers frères et soeurs!

1. Je suis heureux d'accueillir et de saluer chacun de vous, réunis ici à l'occasion de cette audience particulière aux représentants des nombreux membres de l'Association Communauté Pape Jean XXIII, présente en Italie et dans vingt autres pays du monde.

Je salue avec une affection particulière votre Fondateur et responsable général, le cher dom Oreste Benzi, et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées au nom de tous. Je salue ses collaborateurs, les prêtres, les personnes consacrées et tous ceux qui font partie à divers titres de votre Association de grand mérite, qui célèbre précisément ces jours-ci le trentième anniversaire de sa fondation.

2. Depuis ses origines, c'est-à-dire depuis que dom Oreste Benzi ouvrit la première maison-famille, votre communauté qui a été reconnue, il y a quelques mois, comme Association internationale privée de fidèles de droit pontifical, s'est distinguée par son service particulier aux plus pauvres d'entre les pauvres et par un style de partage authentique, visant à régénérer dans l'amour ceux qui, pour diverses raisons, n'ont pas de famille.

Elle a été constamment encouragée par vos Pasteurs et continue d'entretenir des relations harmonieuses et cordiales avec les diocèses et les paroisses dans lesquels elle oeuvre. Vos activités cherchent en outre à s'insérer sur le territoire et s'ouvrent à la collaboration des structures sociales publiques et privées, sans toutefois manquer à leur inspiration typiquement chrétienne, qui les oriente et les anime toujours.

3. Vous êtes bien conscients que l'action caritative à l'égard de vos frères prend toute sa valeur lorsqu'elle se fonde sur le primat de l'amour de Dieu. Pour donner un amour authentique à ses frères, il est nécessaire de le puiser en Dieu. C'est pourquoi vous consacrez de façon opportune des moments prolongés à la prière, à l'écoute de la Parole de Dieu, et que vous fondez toute votre existence sur le Christ.

Très chers frères et soeurs! Continuez à prendre soin de votre formation spirituelle et à fréquenter de manière assidue les Sacrements. Faites en particulier de l'Eucharistie le coeur des maisons-familles et de toute autre activité sociale et éducative. En cette année consacrée au sacrement de l'autel, ravivez l'ardeur contemplative et l'amour pour le divin Rédempteur qui, dans l'Eucharistie, devient pour nous nourriture de vie immortelle. Puisez en Lui l'énergie spirituelle pour être des ouvriers inlassables de son Evangile, en témoignant de sa tendresse à tous ceux qui vivent dans des conditions de difficultés et d'abandon.

La neuvaine de l'Immaculée commence précisément aujourd'hui. Je vous confie à Elle, Vierge Mère de Dieu, afin qu'elle fasse toujours de vous des semeurs d'espérance, d'amour et de paix. Avec ces sentiments, je donne à vous tous, ici présents, et à tous ceux qui soutiennent de diverses façons votre oeuvre importante, une Bénédiction apostolique particulière.



Discours 2004 - Jeudi 18 novembre 2004