Discours 2004 - Mardi 7 décembre 2004


À LA DÉLÉGATION DE LA "WORLD FEDERATION OF SCIENTISTS" À L'OCCASION DE LA REMISE DU "PRIX ERICE. ETTORE MAJORANA - SCIENCE POUR LA PAIX"

Mardi 7 décembre 2004



Mesdames et Messieurs!

1. Je vous accueille très cordialement au cours de cette rencontre, qui revêt une valeur profondément symbolique. Merci de votre présence qualifiée. Je salue chacun de vous, illustres membres de la communauté scientifique internationale.

Je salue les Autorités et les représentants des Institutions publiques. Je salue en particulier le Prof. Antonino Zichichi, et je le remercie des paroles qu'il m'a adressées au nom de tous.

2. Je reçois aujourd'hui de vos mains le "Prix Erice. Ettore Majorana - Science pour la Paix".Je vous remercie de ce don généreux, que je destinerai à des bourses d'études pour les étudiants dans le besoin du Tiers-Monde.

Ce Prix est lié à la mémoire du célèbre physicien italien, qui a contribué de façon significative au développement de la physique nucléaire théorique. C'est à lui qu'est dédié le Centre international de culture scientifique, fondé par le Prof. Antonino Zichichi, il y a plus de quarante ans, à Erice, en Sicile, et devenu, avec le temps, un "cénacle" important d'activités culturelles qui abordent divers domaines de la science moderne.

J'ai eu l'occasion, en d'autres circonstances, d'apprécier le travail accompli par le Centre, et je vous félicite pour les résultats obtenus.

3. Puisse l'effort conjugué de la communauté scientifique internationale, des Institutions publiques et de toutes les personnes de bonne volonté assurer à l'humanité un avenir d'espérance et de paix. Que Dieu rende fécond cet engagement commun; qu'il aide, en particulier, les croyants qui se consacrent à la recherche scientifique à offrir un témoignage évangélique clair et à favoriser le dialogue entre la science et la foi.

Je confie mes voeux à l'intercession maternelle de Marie, tandis que je bénis de tout coeur les personnes présentes, les personnes qui vous sont chères et tous ceux qui fréquentent le Centre "Ettore Majorana" d'Erice.





HOMMAGE DU SAINT-PÈRE À L’IMMACULÉE SUR LA PLACE D'ESPAGNE

Solennité de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie


Vierge Immaculée!
Une fois de plus,
nous sommes venus ici pour T'honorer,
au pied de cette colonne,
de laquelle tu veilles avec amour
sur Rome et sur le monde entier,
depuis que, il y a cent cinquante ans,
le bienheureux Pie IX proclama,
comme vérité de la foi catholique,
ta préservation de toute tache de péché,
en prévision de la mort et de la résurrection
de ton Fils Jésus Christ.

Vierge Immaculée!
Ta beauté spirituelle intacte
est pour nous une source vivante
de confiance et d'espérance.
T'avoir pour Mère, Sainte Vierge,
nous rassure sur le chemin de la vie
comme gage de salut éternel.

C'est pourquoi, ô Marie,
nous avons recours à Toi avec confiance.
Aide-nous à édifier un monde
où la vie de l'homme
soit toujours aimée et défendue,
où toute forme de violence soit bannie,
et où la paix de tous
soit recherchée avec ténacité.

Vierge Immaculée!
En cette Année de l'Eucharistie,
donne-nous de célébrer et d'adorer
avec une foi renouvelée et un amour ardent
le saint mystère du Corps et du Sang du Christ.
A ton école, ô Femme eucharistique,
enseigne-nous
à faire mémoire des oeuvres merveilleuses
que Dieu ne cesse d'accomplir
dans le coeur des hommes.
Avec une attention maternelle, Vierge Marie,
guide toujours nos pas sur les voies du bien.
Amen!


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DES ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE (RÉGION VIII) EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 10 décembre 2004


Chers frères Evêques,

1. A l'occasion de cette dernière rencontre avec les pasteurs de l'Eglise des Etats-Unis qui accomplissent leur visite quinquennale ad limina Apostolorum, je vous souhaite une cordiale bienvenue, Evêques du Minnesota, du Dakota du Nord et du Dakota du Sud.

Au cours de cette année, je vous ai invités, avec les autres Evêques, à poursuivre une série de réflexion sur la triple tâche d'enseigner, de sanctifier et de gouverner qui est confiée aux successeurs des Apôtres. A travers l'analyse des dons spirituels et de la mission apostolique reçus avec l'ordination épiscopale, lors de laquelle chaque Evêque est configuré de façon sacramentelle à Jésus Christ, Tête et Pasteur suprême de son Eglise (cf. 1P 5,4), nous avons cherché à approfondir notre évaluation du mystère de l'Eglise, Corps mystique du Christ, animé par l'Esprit Saint et constamment édifié dans l'unité à travers une riche diversité de dons, de ministères et d'oeuvres (cf. 1Co 12,4-6 Lumen gentium LG 7).

2. Durant ces huit derniers mois, j'ai eu l'opportunité de rencontrer tous les Evêques américains et, à travers eux, d'écouter la voix vivante de l'Eglise qui est aux Etats-Unis. Cela a été pour moi une source de grand réconfort et une invitation à rendre grâce à Dieu, Un et Trine, pour la récolte abondante que sa grâce continue à produire dans vos Eglises locales. Dans le même temps, j'ai partagé la douleur profonde que vous avez éprouvée, ainsi que votre population, ces dernières années et j'ai constaté votre détermination à affronter de façon juste et immédiate les graves questions pastorales qui ont suivi. En accomplissant mon ministère de Successeur de Pierre, j'ai voulu confirmer chacun de vous dans la foi (cf. Lc 22,32) et vous encourager dans votre effort pour être des sentinelles vigilantes, des prophètes courageux, des témoins crédibles et des serviteurs fidèles du Christ pour le Peuple de Dieu confié à votre sollicitude (cf. Pastores gregis ).

Depuis le début de nos rencontres, j'ai souligné que votre devoir d'édifier l'Eglise, en communion et à travers la mission, doit nécessairement commencer par votre propre renouveau spirituel et je vous ai encouragés à être les premiers à indiquer, à travers votre témoignage de conversion à la Parole de Dieu et d'obéissance à la tradition apostolique, la voie royale qui conduit l'Eglise en pèlerinage vers le Christ et la plénitude du Royaume. Je vous ai en particulier exhortés à adopter un style de vie se distinguant par la pauvreté évangélique qui représente une "condition indispensable pour un ministère épiscopal fécond" (Pastores gregis ). Comme le Concile l'a affirmé, le Seigneur lui-même a accompli l'oeuvre de rédemption dans la pauvreté et dans la persécution, et son Eglise est appelée à suivre ce même chemin (cf. Lumen gentium LG 8).

3. A présent, à l'issue de cette série de rencontres, je vous confie, ainsi qu'à vos frères Evêques, deux devoirs. Le premier est un encouragement fraternel à poursuivre joyeusement le ministère qui vous est confié, en obéissance à l'enseignement authentique de l'Eglise. Comment ne pas apercevoir dans la douleur et le scandale de ces dernières années un "signe des temps" (cf. Mt 16,3) et un appel providentiel à la conversion et à une fidélité plus profonde aux exigences de l'Evangile? Dans la vie de chaque croyant et dans la vie de toute l'Eglise, un sincère examen de conscience et la reconnaissance de l'échec sont toujours accompagnés par une confiance renouvelée dans le pouvoir thaumaturgique de la grâce de Dieu et par une exhortation à se tourner vers l'avenir (cf. Ph Ph 3,13). A sa façon, l'Eglise des Etats-Unis a été appelée à commencer le nouveau millénaire "en repartant du Christ" (cf. Novo Millennio ineunte NM 29) et à faire de la vérité de l'Evangile la mesure de sa vie et de toute son activité.

De ce point de vue, je vous félicite encore une fois pour vos efforts en vue de garantir que chaque individu et groupe de l'Eglise comprenne le besoin urgent d'un témoignage cohérent, honnête et fidèle à la foi catholique et que chaque institution et apostolat de l'Eglise exprime dans tous les aspects de sa propre vie une claire identité catholique. Tel est peut-être le défi le plus difficile et le plus délicat que vous devez affronter dans votre rôle d'enseignants et de pasteurs de l'Eglise en Amérique aujourd'hui, mais il est également incontournable. En accomplissant votre devoir d'"enseigner, d'exhorter et de corriger avec toute l'autorité" (cf. Tt Tt 2,15), vous êtes avant tout appelés à être "unis dans le même esprit et dans la même pensée" (1Co 1,10), en oeuvrant harmonieusement dans la proclamation de l'Evangile.

4. Le deuxième devoir est un appel pressant à ne pas perdre de vue l'objectif de toute l'Eglise à l'aube de ce troisième millénaire chrétien: la proclamation de Jésus Christ comme Rédempteur de l'humanité. Même si les événements de ces dernières années ont nécessairement attiré votre attention sur la vie interne de l'Eglise, vous ne devriez absolument pas la détourner de la grande tâche de la nouvelle évangélisation et de la nécessité d'une "nouvelle approche oecuménique" (Novo millennio ineunte, NM 40). Duc in altum! "L'Eglise en Amérique doit parler toujours plus de Jésus Christ, visage humain de Dieu et visage divin de l'homme"" (Ecclesia in America ), en consacrant ses meilleures forces à une proclamation plus convaincante de l'Evangile, à la croissance de la sainteté et à une transmission plus efficace du trésor de la foi aux nouvelles générations.

Etant donné qu'un clair sens de la mission portera naturellement des fruits pour l'unité des objectifs entre tous les membres de la communauté chrétienne (cf. Christifideles laici CL 32), cette approche missionnaire promouvra assurément l'oeuvre de réconciliation et de renouveau au sein de vos Eglises locales. En outre, elle consolidera et promouvra le témoignage prophétique de l'Eglise dans la société américaine contemporaine. L'Eglise se sent responsable de chaque être humain et de l'avenir de la société (cf. Redemptor hominis RH 15) et cette responsabilité revient en particulier aux fidèles laïcs, dont la vocation est d'être le levain de l'Evangile dans le monde. En considérant les défis que l'Eglise qui est aux Etats-Unis doit affronter aujourd'hui, nous notons deux tâches urgentes: la nécessité d'une évangélisation de la culture en général, qui, comme je l'ai affirmé, constitue une contribution unique que l'Eglise dans votre pays peut rendre à la mission ad gentes aujourd'hui, et la nécessité que les catholiques coopèrent de façon féconde avec des hommes et des femmes de bonne volonté dans l'édification d'une culture du respect pour la vie (cf. Evangelium vitae EV 95).

5. Chers frères, je rends grâce à Dieu pour les nombreuses bénédictions qu'il a accordées au cours de cette série de rencontres du Successeur de Pierre avec les Evêques américains. Après être venus au coeur de l'Eglise et avoir été confirmés dans la communion avec la Chaire de l'unité, puissiez-vous à présent rentrer dans vos Eglises locales avec un enthousiasme renouvelé pour votre mission d'enseigner, de sanctifier et de gouverner les troupeaux qui sont confiés à votre sollicitude. En supportant "le fardeau de la journée" (cf. Mt 20,12) au service de l'Evangile, puissiez-vous être toujours réconfortés de savoir que, à chaque pas de son voyage terrestre, l'Eglise trouve dans "le Seigneur ressuscité sa force pour lui permettre de vaincre dans la patience et dans la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidèlement au milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d'ombre, jusqu'au jour où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière" (Lumen gentium LG 8).

Nos rencontres se concluent de façon opportune au cours de la semaine où l'Eglise célèbre le cent-cinquantième anniversaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, Patronne de l'Eglise qui est aux Etats-Unis. En offrant les fruits de ces visites au Seigneur et en implorant ses bénédictions sur la communauté catholique qui est en Amérique, tournons-nous vers Notre-Dame, qui, pour reprendre les termes du Concile, reste "un membre suréminent et absolument unique de l'Eglise, modèle et exemplaire admirables pour celle-ci dans la foi et dans la charité" (Lumen gentium LG 53). Que Marie Immaculée guide chacun de vous, ainsi que le clergé, les religieux et les religieuses, et les laïcs de vos Eglises locales, le long du pèlerinage vers la plénitude du Royaume et oriente votre regard vers la vision glorieuse de la création rachetée et transformée par la grâce! Puisse la Mère de l'Eglise, aider ses fils "qui sont tombés mais qui luttent toutefois pour se relever" à jouir des grandes choses que le Seigneur a déjà accomplies (cf. Lc 1,49) et à être des témoins fidèles, face au monde, de l'espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5,5).

Avec une grande affection dans le Seigneur, je donne à chacun de vous, de tout coeur, ma Bénédiction apostolique.


À S.E. M. EMILIO MARIN AMBASSADEUR DE CROATIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Samedi 11 décembre 2004




Monsieur l'Ambassadeur!

1. Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de la présentation de vos Lettres de Créance en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Croatie près le Saint-Siège. Je vous suis reconnaissant pour les sentiments cordiaux que vous avez voulu m'exprimer également au nom du Président de la République, du gouvernement et du peuple croate que vous représentez ici. Je vous demande de bien vouloir leur faire parvenir l'expression de mon estime et de ma bienveillance, ainsi que l'assurance de ma prière pour la concorde et le développement harmonieux de la nation tout entière.

2. En vous recevant, ma pensée se tourne vers la belle et accueillante Croatie, que j'ai eu la joie de visiter à trois reprises. Le dernier pèlerinage apostolique, l'an dernier, a coïncidé avec mon centième voyage international. A chaque fois, il m'a été possible de constater combien sont visibles les signes d'un christianisme incarné dans la vie des personnes.

En puisant à ce patrimoine religieux inaltérable, les Croates continueront d'édifier également à l'avenir leur histoire et, forts de leur identité spirituelle, pourront apporter au forum des peuples européens la contribution de leur expérience. C'est pourquoi je souhaite que les efforts croissants en vue de faire partie de l'Europe unie soient couronnés de succès et je partage la préoccupation exprimée par certains, selon laquelle une entrée retardée de la Croatie dans l'Union européenne pourrait nuire au processus de mise en place des réformes démocratiques, non seulement dans ce pays, mais dans les autres nations de cette partie du continent, qui avancent avec une espérance fervente vers l'intégration européenne.

3. Monsieur l'Ambassadeur, dans les paroles que vous avez prononcées sur l'engagement du peuple croate en vue de favoriser le dialogue, la réconciliation et la paix dans votre patrie et au sein de l'ensemble plus étendu des pays de l'Europe atlantique, j'ai perçu l'aspiration universelle à la justice et à la coopération qui l'anime depuis toujours. C'est certainement le devoir, en premier lieu, des responsables des Institutions d'identifier les moyens pratiques et techniques en vue de traduire en lois et en initiatives politiques ces aspirations. Toutefois, les croyants savent que la paix n'est pas seulement le fruit de planifications et d'initiatives humaines, mais avant tout le don de Dieu aux hommes de bonne volonté. De plus, la justice et le pardon représentent les piliers fondamentaux de cette paix. La justice assure le plein respect des droits et des devoirs, et le pardon guérit et reconstruit à partir de leurs fondements les rapports entre les personnes, qui souffrent aujourd'hui encore des conséquences des conflits entre les idéologies du passé récent.

Oui! Il est vrai que le pays que vous représentez a lui aussi besoin de réconciliation et de paix. Je pense également au problème encore présent des réfugiés et des exilés, en particulier de ceux originaires de la Bosnie et Herzégovine, qui attendent de pouvoir rentrer dans leurs maisons.

Je désire dire combien j'apprécie les mesures concrètes prises pour résoudre cette question, et je forme des voeux fervents afin que soit effectivement accordé et facilité pour tous le retour dans leur patrie. A cet égard, le récent accord entre la Croatie et la Serbie constitue une contribution positive et importante pour garantir la reconnaissance totale et réciproque des droits de la minorité croate en Serbie et au Monténégro, et de la minorité serbe en République de Croatie.

4. Après la triste expérience d'un totalitarisme niant les droits fondamentaux de la personne humaine, et après avoir surmonté la triste période de la dernière guerre, la Croatie marche à présent vers un progrès harmonieux, faisant preuve de patience, de disponibilité et de sacrifice, ainsi que d'un optimisme persévérant, tendant avec ténacité à la création d'un avenir meilleur pour tous ses habitants. Un développement social et économique stable ne peut manquer de tenir compte des besoins culturels, sociaux et spirituels des personnes, de même qu'il doit valoriser les traditions et les ressources populaires les plus nobles. Et cela dans la conscience que le phénomène croissant de la mondialisation au niveau général, avec ses conséquences négatives du nivellement des diversités sociales et économiques également au sein de votre pays, pourrait aggraver le déséquilibre déjà existant entre ceux qui tirent profit des possibilités toujours plus grandes de produire des richesses et ceux qui sont laissés en marge de la société.

5. Monsieur l'Ambassadeur, votre pays s'enorgueillit d'une longue tradition de collaboration bénéfique entre la communauté ecclésiale et la communauté civile. L'Eglise a joué, également dans le passé récent, un rôle positif pour la réconciliation et la résolution de nombreux problèmes et tensions. J'ai eu l'occasion d'encourager à plusieurs reprises les Evêques à ne pas épargner leurs efforts pour promouvoir une évangélisation qui valorise les éléments positifs de la religiosité populaire, et pour coopérer activement avec l'Etat en vue du bien véritable de la société croate.

A cet égard, les accords stipulés entre le Saint-Siège et la Croatie, qui montrent leur efficacité, apparaissent bénéfiques, même si, sous certains aspects, ils attendent encore leur pleine réalisation. Et il y a tout lieu de croire que les bonnes relations existant entre le gouvernement et l'Eglise qui est en Croatie faciliteront chaque pas supplémentaire en vue d'accroître l'entente mutuelle au bénéfice de tous les citoyens.

6. Je suis certain que vous aussi, en accomplissant la haute mission qui vous a été confiée, vous contribuerez à intensifier les bonnes relations déjà existantes entre le Saint-Siège et votre pays et je vous assure que vous pourrez compter, à cet égard, sur la pleine disponibilité de tous mes collaborateurs.

Je vous souhaite, en outre, un séjour agréable dans la ville de Rome, riche d'histoire, de culture et de foi chrétienne, dont les vestiges archéologiques sont bien connus de votre grande expérience de chercheur dans le domaine des antiquités romaines et de l'archéologie chrétienne.

En invoquant la protection céleste de la Mère de Dieu, vénérée comme Advocata Croatiae fidelissima, et de saint Joseph, Patron de la Croatie, sur vous, Monsieur l'Ambassadeur, sur votre famille, sur les membres du gouvernement et sur tous les habitants de la bien-aimée nation croate, je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères et à tous ceux que vous représentez ici, la Bénédiction apostolique.





AUX PÈLERINS DES DIOCÈSES DE TARBES ET LOURDES (FRANCE)

Samedi 11 décembre 2004


Cher Frère dans l’Épiscopat,
Chers Amis,

Je suis heureux de vous accueillir, saluant tout spécialement Mgr Jacques Perrier, Évêque de Tarbes et Lourdes. Je me souviens avec émotion de mon pèlerinage à la Grotte de Massabielle, vous remerciant de votre accueil chaleureux, qui m’a permis de me recueillir auprès de Notre-Dame en ce cent cinquantième anniversaire du dogme de l’Immaculée Conception. Je remercie toutes les personnes qui ont contribué au bon déroulement de mon séjour. Ma pensée va aux malades et à tous les bénévoles des Sanctuaires. Je m’associe aussi à tous les pèlerins qui viennent confier leurs intentions à Marie, Mère de l’Église et notre Mère, invitant chacun à se mettre à son école. En vous confiant à Notre-Dame et à sainte Bernadette, je vous accorde la Bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous les diocésains et aux personnes qui oeuvrent dans les sanctuaires.


AUX MEMBRES DE LA FRATERNITÉ DES FILS ET FILLES DE LA CROIX

Lundi 13 décembre 2004



1. Chers Fils de la Croix, c'est avec joie que je vous accueille aujourd'hui et que je vous salue cordialement. Je salue le Cardinal Andrea Maria Deskur qui vous accompagne, ainsi que les responsables de votre Institut.

Notre rencontre revêt une valeur singulière, car elle se déroule à quelques jours de la solennité de l'Immaculée Conception. En outre, on fête cette année le cent cinquantième anniversaire de la proclamation de cet important dogme marial de la part de mon prédécesseur, le bienheureux Pie IX.

2. Chers Fils de la Croix! Votre spiritualité est imprégnée de dévotion et d'amour à l'égard de la Vierge, Mère de Dieu.

Aimez la Madone à laquelle vous vous êtes totalement consacrés et soyez comme Elle de fidèles disciples du Christ. Servez l'Eglise avec enthousiasme, en cultivant l'unité et la pleine harmonie avec les pasteurs des communautés chrétiennes auxquelles vous offrez votre coopération pastorale. Vous serez ainsi des témoins efficaces de Celui qui, du haut de la Croix, nous a tous confiés comme des fils à sa très douce Mère.

Que l'Immaculée continue à guider vos pas et vous rende toujours plus conformes à Jésus que, dans quelques jours, nous contemplerons Enfant dans le mystère du Saint Noël. J'adresse à tous des voeux fervents pour les fêtes de Noël et je vous bénis de tout coeur.



À S.E. M. PRADAP PIBULSONGGRAM, AMBASSADEUR DE THAÏLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Jeudi 16 décembre 2004


Monsieur l'Ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume de Thaïlande près le Saint-Siège. Je vous suis reconnaissant pour les aimables salutations que vous me transmettez de la part de Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej, et je vous prie de lui transmettre l'assurance de mes prières pour votre pays et ses habitants. L'origine des liens très anciens entre le Royaume de Thaïlande et le Saint-Siège remonte au XVII siècle, lorsque le Roi Narai le Grand et le Pape Innocent XI instaurèrent des relations cordiales et amicales. Cette alliance demeure véritablement une source de fierté pour les deux parties.

La Thaïlande continue de façon admirable à cultiver un climat de tolérance religieuse et de coexistence pacifique entre ses citoyens. En effet, cette noble tradition selon laquelle les disciples de différentes croyances vivent ensemble en harmonie est l'une des bases de votre pays. Cela se traduit non seulement par le rôle du Roi en tant que protecteur des valeurs morales et religieuses de la nation, mais également par la garantie, contenue dans la nouvelle Constitution, du droit à la pleine expression religieuse et à la liberté religieuse. Il est regrettable, toutefois, que même dans les sociétés les plus tolérantes, des menaces aux relations pacifiques entre les peuples puissent apparaître. A cet égard, je vous assure, Excellence, que l'Eglise catholique possède une expérience importante dans le domaine du dialogue interreligieux et qu'elle est toujours disposée à apporter son assistance dans la promotion et l'encouragement du dialogue en vue de contribuer à résoudre les problèmes qui peuvent survenir.

L'une des principales façons dont l'Eglise aide la société civile à promouvoir le respect et la compréhension entre les divers groupes est son engagement au service de l'éducation. Une instruction adéquate permet aux personnes d'acquérir la connaissance nécessaire pour devenir des membres pleinement actifs de la société, en promouvant la solidarité et le respect qui unit les personnes, les familles, les peuples et les nations. L'humanité aspire à l'harmonie et à la sérénité, et ce n'est qu'à travers la participation active et éclairée de tous les secteurs de la vie publique que ce désir peut être réalisé. L'éducation enracinée dans les valeurs authentiques est la clé de l'avenir, le coeur d'une communication adéquate et la voie vers le développement réel.

Dans votre discours, Excellence, vous avez mentionné le fait que le Roi Bhumibol Adulyadej reconnaît le besoin pour les habitants de Thaïlande de s'aider mutuellement. Sa philosophie en matière de réforme économique le fait apparaître clairement, en cherchant à aider les personnes ayant un niveau économique plus bas, et en leur donnant accès aux ressources et à la technologie locales. J'exhorte votre nation à continuer d'assister ceux qui sont davantage dans le besoin afin qu'ils puissent obtenir l'indépendance économique à laquelle ils ont droit. L'un des moyens les plus efficaces d'assurer cela est de préserver la vie de famille. En effet, la vie familiale forme l'ordre social et éthique du travail humain et représente la véritable source du progrès économique authentique (cf. Lettre encyclique Laborem exercens LE 10). En Asie, la famille jouit depuis longtemps d'un degré élevé d'estime, et est considérée non seulement comme le coeur des relations interpersonnelles, mais également comme un lieu de sécurité économique pour ses membres. "La famille doit donc à juste titre être considérée comme un agent essentiel de la vie économique, guidée non seulement par la mentalité de marché, mais également par la logique du partage et de la solidarité entre générations" (Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise, n. 248). Je souhaite que votre gouvernement promeuve un respect toujours plus grand pour l'importance de la famille, en convainquant les jeunes que la richesse matérielle et le gain économique rapide ne remplacent pas la relation d'amour que l'on trouve dans la "société domestique".

Excellence, vous avez indiqué le rôle important que la Thaïlande joue dans la politique régionale et mondiale. La croissance de l'influence de votre pays au sein de la Communauté internationale est un signe évident de ses bons résultats dans le domaine social et politique. Je prie afin que les Autorités civiles continuent de participer activement à la recherche de solutions aux graves problèmes mondiaux actuels. Soyez assuré que l'Eglise demeure engagée à apporter son aide dans ce défi, en promouvant le respect pour le droit international et, en particulier, en encourageant la Communauté internationale à poursuivre la recherche de mécanismes multilatéraux qui conduisent à la résolution pacifique des conflits et à un plus ample accès à l'aide humanitaire.

Monsieur l'Ambassadeur, je vous offre mes meilleurs voeux au début de votre mission et je vous assure que les bureaux de la Curie romaine sont prêts à vous assister dans votre travail. J'invoque sur vous et sur le bien-aimé peuple du Royaume de Thaïlande une abondance de Bénédictions divines.



À S.E. M. LARS PETTER FORBERG, AMBASSADEUR DE NORVÈGE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Mardi 16 décembre 2004


Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume de Norvège près le Saint-Siège. Bien que ma visite dans votre pays ait eu lieu il y a plusieurs années, je me souviens avec plaisir de la cordialité et de l'hospitalité avec lesquelles j'ai été reçu. Je vous remercie pour les salutations cordiales que vous me transmettez de la part de Sa Majesté le Roi Harald V et du Premier ministre M. Bondevik. Je vous prie de bien vouloir transmettre à la Famille royale, au gouvernement et à tout le peuple de Norvège mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour le bien-être de la nation.

Au coeur de l'activité diplomatique du Saint-Siège se trouve un ferme engagement à défendre la dignité de la personne humaine. Cette défense des droits de l'homme, de la justice sociale et de la solidarité, découle de la reconnaissance de l'origine commune de toute vie et indique le destin commun de tous les hommes et de toutes les femmes. Dans cette vaste perspective apparaît la dimension transcendante de l'humanité, s'opposant à la fragmentation sociale et au sécularisme si tristement prédominant dans de nombreuses sociétés aujourd'hui, et apportant un fondement certain de solidarité et d'harmonie dans notre monde.

Au sein de la Communauté internationale, la Norvège est reconnue depuis longtemps pour sa générosité envers les pays en voie de développement. Cela se traduit par exemple de façon concrète dans la participation de la Norvège aux opérations de maintien de la paix, dans l'aide apportée aux projets d'assistance, dans la volonté de lutter contre le trafic d'armes ainsi que dans la défense de la cause du développement durable et de la protection de l'environnement. Ces actes de solidarité sont l'expression d'un désir constant de promouvoir le bien commun et, à leur niveau le plus significatif, permettent la reconnaissance de la nature essentielle de la vie humaine en tant que don et de notre monde en tant que famille de personnes. En effet, les actes authentiques de solidarité sont bien plus que de simples gestes unilatéraux de bonne volonté. Ils soutiennent le dessein universel de Dieu pour l'humanité et, en accord avec cette vision, affrontent les défis complexes de la justice, de la liberté des peuples et de la paix.

Monsieur l'Ambassadeur, comme vous l'avez souligné à juste titre, le christianisme a revêtu une importance fondamentale dans l'histoire de la Norvège. Il doit en être de même aujourd'hui et à l'avenir. Au cours de ma visite pastorale dans votre pays, je suis venu en tant que pèlerin souhaitant rendre hommage aux vies de saint Olav et des autres grands saints du Nord, dont l'exemple évoque aujourd'hui encore les vérités et les valeurs profondes qui ont façonné la culture norvégienne depuis mille ans. Ces principes directeurs conservent toute leur importance pour la société contemporaine, car ils révèlent "la sphère la plus profonde de l'homme" et lui donne "le sens de son existence dans le monde" (cf. Redemptor hominis RH 10). En effet, comme on peut le constater de façon extraordinaire dans le témoignage des saints, les valeurs centrales de l'Europe chrétienne appellent tous les hommes et les femmes "à se tourner vers une vérité qui [les] transcende" (Fides et ratio FR 5), afin de faire prévaloir le bien et d'honorer Dieu. Lorsque les personnes perdent de vue cet objectif, qui représente leur unique garantie de liberté et de bonheur, elles deviennent prisonnières d'idéologies appauvries qui les empêchent d'élever leur regard vers le but suprême de la vie.

A cet égard, on ne peut manquer de remarquer qu'une éclipse du sens de Dieu a jeté son ombre non seulement sur votre pays, mais également sur d'autres pays nordiques. Dans ce processus inquiétant de sécularisation, comme je l'ai souligné en de nombreuses occasions, le mariage et la famille sont les plus menacés. C'est pour cette raison que je continue d'exhorter les responsables religieux et civils à défendre l'institution sacrée du mariage, voulue par Dieu dans l'acte même de la création, avec la vie familiale stable qui l'accompagne. La vérité de la sexualité humaine est illustrée dans la beauté de l'amour conjugal en tant que don unique et exclusif de soi à l'autre et dans l'acceptation de ce don merveilleux en vertu duquel le couple devient coopérateur de Dieu pour donner vie à une nouvelle personne humaine (cf. Familiaris Consortio FC 14). Les déformations profanes et pragmatiques de la réalité du mariage ne peuvent jamais être comparées à la splendeur de l'alliance de toute une vie, fondée sur le don généreux de soi et l'amour inconditionnel, et ne feront qu'ébranler les fondements sur lesquels reposent les aspirations légitimes d'une nation.

Depuis le début de mon Pontificat, j'ai fait de l'engagement à l'oecuménisme une priorité de ma sollicitude et de mon action pastorales. La conscience de l'histoire commune partagée par les chrétiens a encouragé un sentiment de fraternité et de dialogue, et a uni le témoignage chrétien en vue de la promotion du Royaume de Dieu parmi nous (cf. Ut unum sint UUS 41). A cette fin, j'encourage tous les responsables religieux de votre nation à persévérer sur la voie de l'unité chrétienne. De cette façon, ils aideront tous les Norvégiens à puiser à leur riche héritage millénaire de foi chrétienne: dans le Christ, toutes les personnes - les ressortissants nationaux, les immigrés et les étrangers - deviennent frères et soeurs, et nos gestes de solidarité à leur égard deviennent des actes d'amour et de fidélité au Christ, qui est venu pour que nous ayons tous la vie, et que nous l'ayons en abondance (cf. Jn 1,1).

Avec ces paroles d'encouragement, je vous assure que l'Eglise catholique continuera d'oeuvrer pour l'enrichissement spirituel et le développement social du peuple norvégien. A travers son témoignage de charité, l'Eglise atteint tous les hommes et les femmes, quelles que soient leur origine ethnique ou leur religion, en promouvant la croissance d'une "culture de la solidarité" et en redonnant vie aux valeurs universelles de la coexistence humaine (cf. Ecclesia in Europa, n. 85).

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que la mission que vous commencez aujourd'hui contribuera à renforcer les liens cordiaux de compréhension et de coopération qui existent entre la Norvège et le Saint-Siège. Tandis que vous assumez vos nouvelles responsabilités, soyez assurés que les divers bureaux de la Curie Romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous, sur votre famille et sur vos concitoyens, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.



Discours 2004 - Mardi 7 décembre 2004