Discours 1980 - Paris (France) Samedi, 31 mai 1980

  AUX RELIGIEUSES DANS LE JARDIN DE RUE DU BAC

Paris (France) Samedi, 31 mai 1980




Mes chères Soeurs,

1. Au cours de mes voyages apostoliques, j'éprouve un bonheur très profond et toujours nouveau à rencontrer les religieuses, dont l’existence consacrée par les trois voeux évangéliques “appartient inséparablement à la vie et à la sainteté de l’Église” [1]. Bénissons ensemble le Seigneur qui a permis cette rencontre! Bénissons-le pour les fruits qui en résulteront dans vos vies personnelles, dans vos Congrégations, dans le peuple de Dieu! Merci d’être venues si nombreuses de tous les quartiers de Paris et de la région parisienne, et même de la province! Je suis heureux de vous exprimer, à vous qui êtes ici, comme à toutes le religieuses de France, mon estime, mon affection, mes encouragements.

Ce rassemblement, presque champêtre me fait penser à ces moments de pause et de respiration que le Christ lui-même réservait à ses premiers disciples au retour de certaines tournées apostoliques. Vous aussi, mes chères Soeurs, vous arrivez de vos lieux et tâches d’évangélisation: dispensaires ou maisons-hospitalières, écoles ou collèges, centres de catéchèse ou aumôneries de jeunes, services paroissiaux ou insertions dans les milieux pauvres. Il me plaît de vous redire les paroles du Seigneur: “Venez à l’écart... et reposez-vous un peu” [2]. Ensemble, nous méditerons sur le mystère et le trésor évangélique de votre vocation.

2. La vie religieuse n’est pas votre propriété, pas plus qu’elle n’est la propriété d’un Institut. Elle est “le don divin que l’Église a reçu de son Seigneur et que, par grâce, elle conserve fidèlement” [3].

En somme, la vie religieuse est un héritage, une réalité vécue en Église depuis des siècles, par une multitude d’hommes et de femmes. Et l’expérience profonde qu’ils en ont faite transcende les différences socioculturelles qui peuvent exister d’un pays à un autre, dépasse aussi les descriptions qu’ils en ont laissées, et se situe au-delà de la diversité des réalisations et des recherches d’aujourd’hui. Il importe de respecter et d’aimer ce riche patrimoine spirituel. Il importe d’écouter et d’imiter ceux et celles qui ont le mieux incarné l’idéal de la perfection évangélique, et qui furent si nombreux à sanctifier et illustrer la terre de France.

Jusqu’au soir de votre vie, demeurez dans l’émerveillement et l’action de grâces pour l’appel mystérieux qui retentit un jour au fond de votre coeur: “Suis-moi” [4]; “Vends tout ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux; puis viens, suis-moi” [5]. Vous avez d’abord porté cet appel comme un secret, puis vous l’avez soumis au discernement de l’Église.

C’est en effet un bien grand risque de tout laisser pour suivre le Christ. Mais déjà vous sentiez - et vous avez expérimenté depuis - qu’Il était capable de combler votre coeur. La vie religieuse est une amitié, une intimité d’ordre mystique avec le Christ. Votre itinéraire personnel doit être comme une réédition originale du célèbre poème du Cantique des Cantiques. Chères Soeurs, dans le coeur à coeur de l’oraison, absolument vitale pour chacune de vous, comme à l’occasion de vos divers engagements apostoliques écoutez le Seigneur vous murmurer le même appel: “Suis-moi”.

L’ardeur de votre-réponse vous maintiendra dans la fraîcheur le votre première oblation. Vous irez ainsi de fidélité en fidélité!

3. Suivre le Christ est bien autre chose que l’admiration d’un modèle, même si vous avez de bonnes connaissances des Écritures et de la théologie. Suivre le Christ est quelque chose d’existentiel. C’est vouloir l’imiter au point de se laisser configurer à Lui, assimiler à Lui, au point de lui être - selon les paroles de Soeur Élisabeth de la Trinité - “une humanité de surcroît”. Et cela dans son mystère de chasteté, de pauvreté et d'obéissance.

Un tel idéal dépasse l’entendement et dépasse les forces humaines! Il n’est réalisable que grâce à des temps forts de contemplation silencieuse et ardente du Seigneur Jésus. Lès religieuses dites “actives” doivent être à certaines heures des “contemplatives”, à l’exemple des moniales auxquelles je m’adresserai à Lisieux.

La chasteté religieuse, mes Soeurs, c’est véritablement vouloir être comme le Christ; toutes les raisons que l’on peut avancer par ailleurs s’évanouissent devant cette raison essentielle: Jésus était chaste. Cet état du Christ était non seulement un dépassement de la sexualité humaine, préfigurant le monde futur, mais également une manifestation, une “épiphanie” de l’universalité de son oblation rédemptrice.

L’Évangile ne cesse de montrer comment Jésus a vécu la chasteté. Dans ses relations humaines, singulièrement élargies par rapport aux traditions de son milieu et de son époque, il rejoint parfaitement la personnalité profonde de l’autre. Sa simplicité, son respect, sa bonté, son art de susciter le meilleur dans le coeur des personnes rencontrées, bouleversent la Samaritaine, la femme adultère et tant d’autres gens.

Puisse votre voeu de virginité consacrée - approfondi et vécu dans le mystère de la chasteté du Christ - et qui transfigure déjà vos personnes, vous pousser à rejoindre en vérité vos frères et soeurs en humanité, dans les situations concrètes qui sont les leurs!

Tant de gens, dans notre monde, sont comme égarés, écrasés, désespérés! Dans la fidélité aux règles de prudence, faites-leur sentir que vous les aimez à la manière du Christ, en puisant dans son coeur la tendresse humaine et divine qu’il leur porte.

Vous avez également promis au Christ d’être pauvres avec Lui et comme Lui. Certes, la société de production et de consommation pose des problèmes complexes à la pratique de la pauvreté évangélique. Ce n’est pas le lieu et le moment d’en débattre. Il me semble que toute Congrégation doit voir dans ce phénomène économique une invitation providentielle à donner une réponse, à la fois traditionnelle et toute nouvelle au Christ pauvre. C’est en le contemplant souvent et longuement dans sa vie radicalement pauvre, c’est en fréquentant assidûment les humbles et les pauvres, qui sont aussi son visage, que vous serez capables de donner tout ce que vous êtes et tout ce que vous avez. L’Église a besoin d’être comme entraînée par votre témoignage. Mesurez votre responsabilité.

Quant à l’obéissance de Jésus, elle occupe une place centrale dans son oeuvre rédemptrice. Vous avez souvent médité les pages où saint Paul parle de la désobéissance initiale, qui fut comme la porte d’entrée du péché et de la mort dans le monde, et il parle du mystère de l’obéissance du Christ qui amorce la remontée de l’humanité vers Dieu.

La dépossession de soi-même, l’humilité sont plus difficiles à notre génération éprise d’autonomie et même de fantaisie. On ne peut cependant imaginer une vie religieuse sans obéissance aux supérieures, qui sont gardiennes de la fidélité à l’idéal de l’Institut. Saint Paul souligne le lien de cause à effet entre l’obéissance du Christ jusqu’à la mort de la croix [6] et sa gloire de Ressuscité et de Seigneur de l’univers. De même l’obéissance de toute religieuse - qui est toujours un sacrifice de la volonté, par amour - porte d’abondants fruits de salut pour le monde entier.

4. Vous avez donc accepté de suivre le Christ et de limiter de plus près, pour manifester son véritable visage à ceux qui le connaissent déjà comme à ceux qui ne le connaissent pas. Et cela, à travers toutes ces activités apostoliques aux quelles je faisais allusions au début de notre rencontre.

A ce plan des engagements, étant sauve la spiritualité particulière de vos Instituts, je vous exhorte vivement à vous intégrer dans l’immense réseau des tâches pastorales de l’Église universelle et des diocèses [7]. Je sais que des Congrégations ne peuvent - faute de sujets - répondre à tous les appels qui leur viennent des évêques et de leurs prêtres. Faites pourtant l’impossible afin d’assurer les services vitaux des paroisses et des diocèses.Que des religieuses dûment préparées collaborent à la pastorale des réalités nouvelles qui sont nombreuses.

En un mot, investissez au maximum tous vos talents naturels et surnaturels dans l’évangélisation contemporaine. Soyez toujours et partout présentes au monde sans être du monde [8]. Ne craignez jamais de laisser clairement reconnaître votre identité de femmes consacrées au Seigneur. Les chrétiens et ceux qui ne le sont pas on droit de savoir qui vous êtes. Le Christ, notre Maître à tous, a fait de sa vie un dévoilement courageux de son identité [9].

Courage et confiance, mes chères Soeurs! Je sais que depuis des années vous avez beaucoup réfléchi sur la vie religieuse, sur vos Constitutions. Le temps est venu de vivre, dans la fidélité au Seigneur et à vos tâches apostoliques. Je prie de tout coeur pour que le témoignage de vos vies consacrées et le visage de vos Congrégations religieuses éveillent dans le coeur de nombreux jeunes le projet de suivre, comme vous, le Christ. Je vous bénis ainsi que toutes les religieuses de France oeuvrant sur le sol de la patrie ou sur d’autres continents. Et je bénis tous ceux que vous portez dans votre coeur et votre prière.


 [1] (Lumen Gentium LG 44).
 [2] Cfr. (Mc 6,31).
 [3] (Lumen Gentium LG 43).
 [4] Cfr. (Mt 9,9 Jn 1,43).
 [5] Ibid. (Mt 19,21).
 [6] Cfr. (Ph 2,6-11).
 [7] Cfr. (Perfectae Caritatis PC 20).
 [8] Cfr. (Jn 17,15-16).
 [9] Cfr. (Lc 9,26).



RENCONTRE DE JEAN-PAUL II AVEC LES REPRÉSENTANTS DE LA COMMUNAUTÉ MUSULMANE DE FRANCE

Paris, Samedi 31 mai 1980



C’est avec une grande joie que je vous adresse mon salut, a vous Musulmans, nos frères dans la foi au Dieu unique. A travers vous, je salue tous vos frères et soeurs qui vivent aussi dans ce pays.

Si le motif qui vous a portés à quitter vos patries respectives, que ce soit le travail ou l’étude, donne à votre démarche un caractère de dignité incontestable, il n’en est pas moins vrai que votre condition d’émigrés vous pose, comme elle pose à ce pays d’accueil, des problèmes sociaux, culturels et religieux importants.

Je sais que des efforts ont été entrepris pour comprendre vos problèmes et pour rechercher des solutions satisfaisantes, et je pense ici en particulier aux nombreuses organisations socio-professionnelles et culturelles sensibilisées à votre situation ainsi qu’à celle des autres immigrés vivant en France.

L’Église aussi en est consciente. Je mentionnerai seulement deux initiatives qu’elle a prises: la Déclaration conciliaire du 28 octobre 1965, où elle a affirmé sa volonté non seulement de rechercher de dialogue avec l’Islam, mais de “promouvoir ensemble pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté”, et la création le 19 mai 1964 du “Secrétariat pour les non-chrétiens”. J’ai réaffirmé récemment cette volonté de l’Église au cours de mon voyage en Afrique, en rencontrant les représentants de l’Islam à Nairobi et à Accra. Un tel souci sur le plan de l’Église universelle trouve une expression plus proche de vous dans le “Secrétariat pour les relations avec l’Islam”, mis en place par l’Église en France.

Tous vos problèmes ne sont pas résolus pour autant, j’en suis conscient, pas plus d’ailleurs que ceux des autres travailleurs dans le monde, pas plus que ceux des nombreux chrétiens qui vivent et travaillent dans un certain nombre de pays musulmans. Mais nous sommes persuadés que la bonne volonté, l’effort sincère de compréhension et la recherche commune des solutions dans un réel désir de conciliation peuvent, avec l’aide du Dieu Unique auquel tous nous croyons, aider à trouver les solutions satisfaisantes.

Notre idéal commun est une société dans laquelle les hommes se reconnaissent comme des frères qui marchent à la lumière de Dieu dans l’émulation pour le bien.

Soyez remerciés de votre présence ici.

 

AUX RESPONSABLES DES MOUVEMENTS D'APOSTOLAT DES LAÏCS

Paris (France), Samedi 31 mai 1980




Chers amis,

1. Je suis très heureux de rencontrer ce soir les responsables nationaux des mouvements d’apostolat des laïcs. Au-delà de vos personnes, je salue cordialement et encourage tous les membres de vos associations et leurs aumôniers.

Comme votre simple présentation le manifeste, l’apostolat des laïcs en France fleurit dans une très grande variété. Je sais que ce n’est pas seulement le génie bien cartésien de distinguer les divers aspects des choses qui pousse vos compatriotes dans ce sens; mais bien plus le souci de correspondre le mieux possible, soit aux tâches différenciées de l’Église, soit aux situations de vie et d’âge, soit aux milieux de vie, sociaux et professionnels. Ainsi la révision de vie peut gagner en précision et l’action en efficacité profonde. J’y reconnais le signe d’un dynamisme et d’une richesse dont je vous félicite.

2. Chaque mouvement poursuivant son objectif, avec ses méthodes propres, dans son secteur ou son milieu, il demeure cependant important de prendre conscience de votre complémentarité et d’établir des liens entre les mouvements: non seulement une estime mutuelle, un dialogue, mais une certaine concertation et même une réelle collaboration.Vous y êtes invités au nom de votre foi commune, au nom de votre appartenance commune au peuple de Dieu, et plus précisément à la même Église locale, au nom des mêmes visées essentielles de l’apostolat, face aux mêmes problèmes qu’affrontent l’Église et la société.

Oui, il est salutaire de prendre conscience que la spécialisation de vos mouvements permet généralement de saisir en profondeur un aspect des réalités, mais qu’elle appelle d’autres formes complémentaires d’apostolat. Et puis vous ne pouvez jamais oublier que, en plus de vos associations, il y a tout un peuple de baptisés, de confirmés, de fidèles “pratiquants” qui, sans s’inscrire dans un mouvement, mènent personnellement un réel apostolat de chrétien, un apostolat d’Église, dans leurs familles, dans leurs petites communautés, spécialement dans leurs paroisses, par leur exemple et en s’adonnant à de multiples tâches apostoliques: comment ne pas mentionner ici le beau service de la catéchèse auquel tant de laïcs en France consacrent une part de leur coeur et de leur temps, et qui nécessite d’ailleurs une formation continue?

Bref, l’action de votre mouvement prend place dans un ensemble, et je sais que beaucoup d’entre vous sont d’ailleurs soucieux d’aménager des instances de rencontre avec les autres mouvements ou avec les autres chrétiens engagés dans l’apostolat, par exemple au niveau de la paroisse, au niveau du diocèse - le Conseil pastoral devrait y contribuer -; au plan national, n’est-ce pas l’un des rôles du Secrétariat de l’Apostolat des laïcs? En tout cas, ce soir une occasion merveilleuse nous est offerte de réunir en vos personnes une grande part du laïcat organisé, et c’est un symbole de votre vocation à travailler ensemble, à vivre la communion.

3. Ne pouvant malheureusement réserver une parole particulière pour chaque mouvement ou groupe de mouvements, je vais me contenter de souligner quelques perspectives qui font partie intégrante des fondements et orientations de chaque association de chrétiens: votre vocation de laïcs, votre oeuvre d’évangélisation, votre identité catholique, votre appartenance ecclésiale, votre prière.

Et tout d’abord, faut-il vous redire à quel point l’Église - et le Pape en son nom - compte sur votre apostolat de laïcs? L’oeuvre qui vous revient en propre dans l’Église est essentielle: personne ne vous y remplacera, ni les prêtres, ni les religieuses, que je ne manque pas, vous le savez, d’encourager dans leur rôle spécifique.

Prédicateurs et éducateurs de la foi, les prêtres sont là pour vous aider à imprégner votre vie de l’esprit de l’évangile et pour unir l’offrande spirituelle de votre vie à celle du Christ; leur rôle est indispensable et vous devez vous soucier très fort, vous aussi, des vocations sacerdotales.

De même les religieux et religieuses sont là pour témoigner des béatitudes et de l’amour sans partage du Christ. Je leur demande d’agir en prêtres, en religieux; et vous, vous devez agir en véritables laïcs, responsables à longueur de journées des tâches familiales, sociales et professionnelles où vous incarnez la présence et le témoignage du Christ, où vous cherchez à faire de ce monde et de ses structures un monde plus digne des fils de Dieu. Ainsi vous développez en chrétiens toutes vos capacités d’hommes; et de même les femmes, qui ont un magnifique rôle à jouer aujourd’hui dans l’apostolat, avec toutes les ressources de leur féminité, dans un monde où elles ont et prennent de plus en plus leur place et leurs responsabilités.

Bref, vous participez tous à la mission de l’Église, à sa mission prophétique, sacerdotale et royale, en vertu de votre baptême et de votre confirmation.

Heureux Concile Vatican II qui a mis en lumière votre “vocation de laïcs” en l’articulant sur la vie de l’ensemble du peuple de Dieu! Je n’ai plus besoin de vous citer la Constitution “Lumen Gentium” [1], ni le décret “Apostolicam Actuositatem” qui doivent demeurer la charte de vos droits et devoirs dans l’Église.

A Cracovie, nous avons travaillé ensemble en synode, durant des années, avec les laïcs, pour mieux assimiler et vivre le Concile. J’étais aussi, par la bienveillance de Paul VI, membre du Conseil pontifical pour les laïcs. Et à Rome, j’essaie de prendre le temps de recevoir le plus possible les groupes de laïcs.

Je me suis permis d’insister sur votre beau rôle, sur votre rôle indispensable, alors que vous en êtes bien persuadés et que, probablement, vos mouvements connaissent encore une vitalité et des fruits encourageants. Mais je sais aussi les difficultés que rencontre aujourd’hui votre apostolat. Elles proviennent du monde que vous voulez évangéliser: il est très marqué par la sécularisation, disons même par l’incroyance, et aussi par l’affadissement du sens moral, sans compter les problèmes aigus que posent certaines conditions de vie et les mutations sociales.

Mais les difficultés peuvent aussi affecter vos mouvements eux-mêmes et leurs membres, à cause par exemple d’une hésitation plus grande à s’engager actuellement, ou encore parce que certains mouvements ont connu l’essoufflement et des déviations, peut-être parce qu’ils avaient négligé l’un des éléments dont je vais parler. Mais, malgré tout cela, l’apostolat organisé qui vous est confié, sans nier la place des autres formes d’apostolat, demeure aujourd’hui un instrument dont personne ne doit sous-estimer l’importance pour l’évangélisation.

4. L’évangélisation est bien en effet la finalité commune de tous vos mouvements. C’est par définition le fil conducteur de vos programmes d’action catholique ou de mouvements de spiritualité; mais c’est vrai aussi pour les mouvements chrétiens d’activités culturelles et les mouvements socio-caritatifs, car il s’agit en définitive de faire oeuvre d’éducation chrétienne ou de témoigner de la tendresse de Dieu et de former les coeurs à la charité.

Toute l’exhortation apostolique “Evangelii Nuntiandi” de mon prédécesseur Paul VI illustre magnifiquement le sens et les voies de l’évangélisation. Vous êtes appelés à être témoins de la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ, à contribuer à la conversion de la conscience personnelle et collective des hommes. Ainsi vous leur permettez de vivre en Église - ce qui suppose témoignage de vie, annonce explicite, catéchèse, vie sacramentelle et communautaire, éducation à l’engagement chrétien - et, par ailleurs, vous imprégnez le monde des valeurs de l’Évangile dans la perspective du Royaume de Dieu.

Votre apostolat annonce donc Jésus-Christ au coeur de la vie familiale, professionnelle, sociale et politique; il oriente les efforts qui sont faits pour créer de meilleures conditions de vie, plus conformes à la justice, à la paix, à la vérité, à la fraternité. Mais le témoignage de vos mouvements ne peut pas se confondre avec une oeuvre technique, économique ou politique. Il vise en effet à “rendre neuve l’humanité elle-même,... (et) il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas d’abord d’hommes nouveaux de la nouveauté du baptême et de la vie selon l’Évangile” [2], selon la justice, la paix et l’amour du Christ.

5. Cette mission exaltante et exigeante requiert que les membres de vos mouvements fortifient sans cesse leur identité chrétienne et catholique, sans laquelle ils ne pourraient être les témoins dont nous avons parlé. Certes le dialogue apostolique suppose l’effort de regarder et d’analyser attentivement les réalités vécues par nos contemporains; mais en même temps il demande toujours un discernement critique pour trier le bon grain et l’ivraie.

Le dialogue apostolique invite à reconnaître les pierres d’attente et même les signes de l’Esprit Saint au travail dans le coeur des personnes; mais cela suppose précisément le regard d’une foi approfondie, et le souci d’une purification et d’une révélation en plénitude.

C’est pourquoi j’approuve vivement tous les efforts que font vos mouvements pour favoriser un approfondissement de la foi, grâce à une réflexion doctrinale sur le Christ, l’Église, l’homme racheté par le Christ; et une véritable recherche spirituelle. Car, en définitive, le dialogue apostolique part de la foi et suppose une identité chrétienne ferme. Et cela est d’autant plus nécessaire, vous en faites l’expérience, que votre activité apostolique vous plonge dans un monde plus sécularisé, que les questions posées sont plus délicates, que ceux qui s’offrent aujourd’hui à militer dans vos mouvements sont, malgré leur grande générosité, moins assurés dans leur foi, moins soutenus par des structures chrétiennes, plus sensibles aux idéologies étrangères à la foi.

6. Vous ne pouvez fortifier votre identité catholique sans fortifier votre appartenance au peuple de Dieu, dans ses implications pratiques. Cela signifie avoir conscience que tout notre être chrétien nous vient par l’Église: foi, vie divine, sacrements, vie de prière; que l’expérience séculaire de l’Église nous nourrit et nous aide à marcher sur des chemins en partie nouveaux; que le Magistère est donné à l’Église pour garantir son authenticité, son unité et sa marche cohérente et sûre. Plus encore que cela, je souhaite que vos laïcs apprennent à aimer l’Église comme une Mère, qu’ils soient heureux et fiers d’être ses fils et ses membres actifs.

Et, comme je vous le disais au début, l’esprit d’Église doit vous faire rechercher le dialogue et la collaboration avec les autres associations, avec l’ensemble du peuple de Dieu, dont vous n’êtes pas séparables et au service duquel vous êtes. Par ailleurs, je vous ai invités à prendre votre responsabilité de laïcs: elle s’articule nécessairement sur celle du prêtre qui doit garder sa place, dans vos équipes, comme prêtre, comme signe du Christ Tête, participant à sa médiation, et signe de l’Église qui déborde toujours la vie de l’équipe ou du mouvement.

De même, en tant que responsables nationaux au sommet de vos mouvements, vous saurez conjuguer l’unité de programme et d’action avec la souplesse permettant une action adaptée et responsable à tous les échelons. Surtout vos mouvements auront à coeur d’entrer dans les perspectives de l’Église locale, de l’Église universelle, par votre communion confiante avec vos évêques et avec le Successeur de Pierre. Je sais et j’apprécie qu’au niveau national ce lien se manifeste spécialement avec les évêques des Commissions épiscopales spécialisées dans vos problèmes.

7. Je termine en vous encourageant à être des hommes et des femmes de prière. Car c’est l’Esprit de Dieu qui doit être l’âme de votre apostolat, imprégner vos pensées, vos désirs, vos actions, les purifier, les élever. Les laïcs sont appelés comme les prêtres et les religieux à la sainteté; la prière en est le chemin privilégié. Et puis vous avez de multiples occasions de rendre grâce et d'intercéder pour tous ceux que vous côtoyez. J’ai appris avec un grand plaisir qu’il y avait en France un véritable renouveau de la prière, qui se traduit entre autres par la floraison de groupes de prières, mais qui affecte aussi, je l’espère, la vie de vos mouvements.

Dieu soit loué! Que la Vierge Marie accompagne toujours l’apostolat que vous entreprenez au nom de son Fils. Et moi, en vous exprimant ma confiance et ma joie, je vous bénis de tout coeur ainsi que tous les membres de vos mouvements, et vos familles.

“Je vous salue, Marie, / pleine de grâce, / le Seigneur est avec vous, / vous êtes bénie entre toutes les femmes / et Jésus, le fruit de vos entrailles, / est béni. / Sainte Marie, Mère de Dieu, / priez pour nous, pauvres pécheurs, / maintenant, et à l’heure de notre mort. / Amen!”.


 [1] Cfr. (Lumen Gentium LG 30-38).
 [2] Pauli VI (Evangelii Nuntiandi EN 18).



                                  Juin 1980



VISITE DE JEAN-PAUL II À L'"INSTITUT CATHOLIQUE"

Paris (France), Dimanche 1er juin 1980




Monseigneur le Recteur,

1. Je vous remercie vivement de vos paroles de bienvenue, comme je remercie du fond du coeur tous ceux qui m’entourent ce matin pour cet accueil qui me touche profondément. A mon tour, je vous adresse mon salut le plus cordial, ainsi qu’aux hautes personnalités qui ont bien voulu répondre à votre invitation et qui honorent cette réunion de leur présence. Et je salue tous les membres de la communauté universitaire que je suis particulièrement heureux de rencontrer en ce lieu, héritier de la plus prestigieuse tradition universitaire. Dans ce cadre si évocateur et si chargé d’histoire, vous me permettrez j’en suis sûr, Monseigneur, Mesdames et Messieurs, de retrouver mon âme d’ancien professeur et de m’adresser spécialement à ceux pour lesquels l’Institut Catholique existe: à ses étudiants.

2. Chers amis, la situation qui est la vôtre, ici, à Paris, invite à réfléchir sur les raisons profondes de votre présence dans cet Institut. Le monde universitaire parisien, illustre à tant de titres, n’est-il pas riche de compétences de tous ordres, littéraires et scientifiques? En combien de centres ne pourriez-vous pas trouver, avec le savoir, l’amour de la vérité, fondement de cette liberté intellectuelle sans laquelle il ne peut y avoir, nulle part, ni esprit universitaire ni Université digne de ce nom?

Pourtant, le magnifique développement scientifique de l’époque moderne a aussi ses faiblesses, dont la moindre n’est pas l’attachement quasi exclusif aux sciences de la nature et à leurs applications techniques. L’humanisme lui-même ne se réduit-il pas trop souvent à cultiver amoureusement les grands témoignages du passé sans en retrouver les racines? Les sciences humaines, enfin, découvertes capitales de notre époque, portent elles aussi en elles-mêmes, malgré les horizons qu’elles nous ouvrent, les limites inhérentes à leurs modèles méthodologiques et à leurs présupposés.

En même temps, combien de personnes sont en quête d’une vérité capable d’unifier leur vie?

Recherche émouvante, même lorsque l’appel des valeurs fondamentales inscrites au plus profond de l’être se trouve comme étouffé par l’influence du milieu; recherche souvent anxieuse: c’est “à tâtons”, comme les Athéniens auxquels s’adressait saint Paul, que beaucoup cherchent le Dieu que nous annonçons. D’autant plus que les convulsions de notre époque manifestent sous nos yeux, à bien des égards, l’échec de plus en plus patent de toutes les formes de ce qu’on a pu appeler “l’humanisme athée”.

3. Je ne crois donc pas me tromper en disant que les étudiants demandent à l’Institut Catholique de Paris, en même temps que les divers savoirs qui leur sont offerts et à travers eux, l’accès personnel à un autre ordre de vérité, une vérité totale sur l’homme, inséparable de la vérité sur Dieu telle qu’il nous l’a révélée, car elle ne peut venir que du Père des lumières, du don de l’Esprit Saint, lui dont le Seigneur nous a assuré qu’il nous conduirait vers la vérité tout entière.

C’est pourquoi, bien que votre Maison se soit distinguée elle aussi dans le monde universitaire par les travaux d’hommes éminents dans les diverses branches du savoir, ce n’est pas la science en tant que telle qui justifie d’abord votre appartenance à l’Institut Catholique, mais la lumière qu’il contribue à vous apporter sur vos raisons de vivre. Dans ce domaine, tout homme a besoin de certitude. Nous, chrétiens, nous la trouvons dans le mystère du Christ qui est, selon ses propres paroles, notre chemin, notre vérité, notre vie. C’est lui qui est au départ de notre quête spirituelle, il en est l’âme, il en sera le terme. Ainsi, connaissance religieuse et progrès spirituel vont de pair et, de cette démarche intérieure propre à celui qui cherche Dieu, saint Augustin nous a laissé une formule incomparable: “Fecisti nos ad Te, et inquietum est cor nostrum donec requiescat in Te”.

4. Je ne doute pas, chers amis, chers étudiants et étudiantes, que je rencontre ici vos convictions intimes en évoquant ainsi les raisons de votre présence, mais il me plaît de relever le rôle spécifique irremplaçable de votre Institut et en m’adressant à vous, je pense aussi aux Universités catholiques de France, représentées par leurs Recteurs, et aux Instituts analogues. Ils ont pour tâche propre d’initier à la recherche intellectuelle tout en répondant à votre soif de certitude et de vérité. Ils vous permettent d’unifier existentiellement, dans vôtre travail intellectuel, deux ordres de réalités qu’on a trop souvent tendance à opposer comme si elles étaient antithétiques, la recherche de la vérité et la certitude de connaître déjà la source de la vérité.

Cette esquisse trop rapide suffira à souligner l’importance que j’accorde à l’enseignement catholique en général à ses divers niveaux, et en particulier à la pensée universitaire catholique aujourd’hui. L’ambiance catholique que vous voulez se situe bien au-delà d’un simple environnement. Elle inclut la volonté de se former à un regard chrétien sur le monde, une manière d’appréhender le réel et aussi de concevoir vos études, aussi diverses soient-elles. Je parle ici, vous le comprenez bien, d’une perspective qui dépasse les limites et les méthodes des sciences particulières pour atteindre à la compréhension que vous devez avoir de vous-mêmes, de votre rôle dans la société, du sens de votre vie.

5. Dans l’ensemble de la communauté universitaire, les études philosophiques et théologiques spécialisées tiennent la première place. Il est normal qu’elles soient le coeur de l’Institut. Il est normal et nécessaire aussi que ces sections se distinguent par le sérieux de leur travail, de leurs recherches et de leurs publications. Combien je me félicite de voir l’enseignement théologique s’adresser également à des étudiants laïcs de plus en plus nombreux, leur offrant la possibilité d’une formation chrétienne à la hauteur de leur culture et de leurs responsabilités professionnelles!

Car, que cherchez-vous ici, chers amis, sinon la vérité de la foi? C’est elle qui inspire l’amour de l’Église, à laquelle le Seigneur l’a confié; c’est elle aussi qui requiert, en vertu de son existence interne, l’adhésion convaincue et fidèle au Magistère, auquel seul a été confiée la charge d’interpréter la Parole de Dieu écrite et transmise [1] et de définir la foi conformément à cette Révélation [2]. Toute oeuvre théologique est au service de la foi. Je sais que c’est un service particulièrement exigeant et méritoire lorsqu’il est ainsi accompli: il a une place capitale dans l’Église, et de sa qualité dépend l’authenticité chrétienne des chercheurs eux-mêmes, des étudiants et finalement des générations à venir.

“Que la foi pense”, selon le mot admirable de saint Augustin! A Paris, de longue date, vous vivez dans ce bouillonnement de la pensée, qui peut être si créateur, comme saint Thomas l’a montré avec éclat dans votre antique Université, dont il fut le modèle des étudiants avant d’en devenir le modèle des maîtres. Aujourd’hui comme de son temps, c’est dans la même fidélité qu’il faut construire à nouveaux frais, mais toujours en prenant comme base l’Évangile, inépuisable dans son éternelle nouveauté, et la doctrine que l’Église a clairement formulée.

6. Tel est l’engagement pastoral de l’Institut Catholique. Je pense d’abord aux laïcs qui profitent de son enseignement. Je suis heureux de les voir si nombreux, si divers. Je retrouve parmi vous un peu de l’Afrique, qui n’est encore plus chère maintenant; l’Amérique Latine, si fortement représentée ici, vers laquelle je me dirigerai bientôt. Je ne puis énumérer tous vos pays, mais je vous dis à tous mon salut affectueux. Chers amis, je souhaite que vos études à l’Institut Catholique vous permettent de vous former une conscience profondément chrétienne et ecclésiale.

Je me réjouis de savoir que la vie de prière fleurit ici. N’est-elle pas comme l’épanouissement spontané de la connaissance du Seigneur? Puisse-t-elle, avec sa grâce, aller toujours se fortifiant.

Vous ne pouvez cependant y progresser sans que se pose un jour la question dans son sens le plus large: “Comment vivrai-je pour le Christ?”. Interrogation inséparable de la prise de conscience personnelle des exigences d’une vie chrétienne authentique. Une telle interrogation mûrit lentement et ne développe que peu à peu sa force vitale. C’est elle qui contribue puissamment à orienter, selon vos convictions chrétiennes affermies par votre passage ici, votre vie familiale et professionnelle. Je prie moi aussi pour vous tous et toutes qui m’écoutez, au moment capital où vous orientez intérieurement votre vie, pour que vous sachiez accueillir cette interrogation si elle se fait plus urgente, plus immédiate: “Que dois-je faire pour le Seigneur?”. Puisse-t-il vous inspirer lui-même la réponse! En vous disant cela, j’ai déjà abordé la considération de vos responsabilités.

Premiers bénéficiaires de la formation que vous recevez, vous ne pouvez pas ignorer à quoi elle vous engage. Monseigneur d’Hulst, fondateur de l’Institut Catholique il y a plus d’un siècle maintenant, disait qu’il avait été établi “pour jeter dans le monde qui pense un ferment chrétien”.

Ceci vous crée des obligations, pour aujourd’hui et pour demain, dans vos divers pays et aussi au-delà.

7. Je viens de faire allusion à l’appel du Seigneur. Je me tourne maintenant vers les prêtres, les séminaristes, les religieux et religieuses qui poursuivent ici leur formation. Sachez que vous avez une grande place dans mon coeur et dans ma prière. Préparez-vous avec ardeur à la tache d’évangélisation qui vous attend. En France, l’Église a été depuis bien longtemps une Église missionnaire, anticipant par là les orientations du Concile Vatican II.

Sans remonter plus haut, cette activité missionnaire suffirait amplement à la gloire du siècle dernier, siècle magnifique où le dynamisme de la foi, loin de se laisser abattre devant l’ampleur de la tâche, s’est épanoui en une foule de familles chrétiennes, de vocations sacerdotales et religieuses, d’institutions de toutes sortes qui ont largement dépassé les frontières de la France.

Durant les journées que j’ai passées dans les Églises si vivantes d’Afrique, j’ai été le témoin émerveillé des moissons qui s’épanouissent, fruit du travail obscur et persévérant auquel tant de missionnaires ont sacrifié leur vie. L’Institut Catholique a été fondé à cette époque. Selon sa vocation propre, il a pris sa part de ce travail. Aujourd’hui plus que jamais, la moisson est grande! Vous vous préparez ici à entrer dans le champ du maître de la moisson. Demain, en France comme dans vos pays respectifs: vous savez combien l’Église compte sur vous.

8. J’ai dit que m’adressais spécialement aux étudiants. Mais maintenant, je veux me tourner aussi vers tous ceux qui se dévouent ici à leur service, parce qu’ils ont compris l’importance de cette tâche d’Église et y ont souvent consacré la majeure partie de leur vie: tout d’abord l’ensemble du corps professoral, qui est particulièrement nombreux et compétent, pour faire face aux multiples spécialisations; les administrateurs de l’Institut Catholique et tous ceux qui permettent à cette Maison de vivre. Je suis heureux de leur exprimer une vive gratitude.

9. Mesdames et Messieurs, chers amis, étudiants et étudiantes, je vous dis en conclusion de cette trop brève visite: soyez fidèles à l’héritage reçu. Continuez à être sensibles aux appels qui vous par viennent. Ne vous laissez pas étouffer par le poids de la sécularisation, rejetez le ferment du doute, le soupçon des sciences humaines, le matérialisme pratique envahissant... Dans ce lieu pénétré d’histoire, je veux vous inviter à partager mon espérance et vous dire ma confiance. Ici, les disciples de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix vous ont laissé le souvenir et l’exemple d’une vie entièrement consacrée à la contemplation de l’unique Vérité. Ici, des prêtres venus déjà d’horizons bien divers, parmi lesquels plusieurs de vos prédécesseurs dans l’Université d’alors, ont donné le témoignage de la fidélité totale. Ici, une nouvelle étape s’est ouverte, il y a un peu plus d’un siècle, avec la fondation de l’Institut Catholique.

Que l’Esprit Saint, l’Esprit de Pentecôte vous aide à clarifier ce qui est équivoque, à réchauffer ce qui est tiède, à éclairer ce qui est obscure, à être devant le monde des témoins authentiques et généreux de l’amour du Christ, car “nul ne peut vivre sans amour”.

Je forme les voeux les plus fervents pour votre enseignement, pour vos études, pour votre avenir.

De tout coeur, je prie le Seigneur de vous donner sa lumière et de vous bénir.


 [1] Cfr. (Dei Verbum DV 10).
 [2] Cfr. (Lumen Gentium LG 25).



Discours 1980 - Paris (France) Samedi, 31 mai 1980