Discours 1982 - Discours aux évêques d’Afrique du Sud, 26 avril

Discours aux évêques d’Afrique du Sud, 26 avril


Le 26 avril, Jean-Paul II a adressé l'allocution suivante aux évêques de Cap Town, Durban, Prétoria, Bloemfontein, ainsi qu'aux deux vicaires apostoliques de Namibie, venus en visite « ad limina ». Le Pape a fait allusion dans ce discours à la situation politique de la Namibie (1) :

(1) Texte anglais dans l'Osservatore Romano du 28 avril 1982. Traduction, titre et sous-titres de la DC.


1. La semaine dernière, nous nous sommes vus individuellement, dans des rencontres de fraternelle solidarité où nous avons parlé de la vie de chacune de vos Églises. Ce furent des moments de communion ecclésiale, de partage d'amour pastoral pour le Peuple de Dieu, d'espoir pour vous, pour moi-même et pour l'Église. Voici maintenant notre rencontre collective, qui donne une dimension plus pleine à notre collégialité et devient l'expression de nos communs efforts pour servir le Peuple de Dieu dans les vastes régions que recouvrent les quatre provinces ecclésiastiques de Cap Town, de Durban, de Pretoria et de Bloemfontein, de même que les deux vicariats apostoliques de Namibie.

2. Vous êtes à Rome au titre de pasteurs d'une importante partie du troupeau du Christ. En tant que représentants, constitués par Dieu, de vos Églises locales, en tant que successeurs des apôtres, vous êtes ici pour renouveler l'offrande de vos Églises locales à Jésus-Christ, le « suprême berger » (1P 5,4) du troupeau tout entier. Cela, vous le faites en union avec le Successeur de Pierre et dans la communion ecclésiale de tous vos frères évêques du monde.

La volonté de Jésus-Christ sur son Église, tel est le suprême critère de toute notre action pastorale, de tout ce que nous disons et faisons, de nos plans d'avenir et de notre évaluation du passé. Dans notre action collégiale pour examiner notre propre ministère pastoral et veiller au bien de l'Église qui n'appartient qu'au Christ, nous devons nous rappeler l'exhortation de la Lettre aux Hébreux : « Gardons les yeux fixés sur celui qui est l'initiateur de la foi et qui la mène à son accomplissement. » (He 12,2) Nous sommes donc rassemblés dans la puissance de l'Esprit du Christ, n'ayant pour seul désir que de discerner la volonté du Seigneur sur son Église et de lui obéir. Celui qui vous parle aujourd'hui est particulièrement ému par les paroles de Jésus qui, tout en promettant de bâtir son Église sur Pierre, insiste sur le fait que cette Église lui appartient : « Et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » (Mt 16,18) C'est pour le bien de l'Église du Christ — le Peuple de Dieu, le corps du Christ —, que nous engageons à nouveau tous nos efforts, nous efforçant de professer courage apostolique et amour pastoral.

L'action accomplie

3. Chers frères dans le Christ, vous êtes venus au Siège de Pierre, en apportant les problèmes et les difficultés, les joies et les soucis, les aspirations et les espoirs de votre peuple. Vous venez en pasteurs de communautés ecclésiales où, en dépit des vicissitudes de l'histoire et des faiblesses de la nature humaine, le christianisme a été fidèlement vécu par d'innombrables individus et de nombreuses communautés au cours des siècles. En vous et en votre ministère, je voudrais rendre hommage à toutes les grandes oeuvres de charité surnaturelle et de souci fraternel qui ont été menées à bien dans le passé, où se réalisent aujourd'hui, dans vos diocèses, vos vicariats et vos préfectures, grâce à vous-mêmes, à vos prêtres, à vos religieux et à vos chers laïcs.

Je songe à tout ce qui a été fait pour manifester l'amour du Christ envers les pauvres, les opprimés, les exploités, les malades, les handicapés, les isolés, les abandonnés, et tous ceux qui souffrent dans leur esprit et leur âme. Je pense à tous les efforts accomplis pour assurer l'éducation catholique de la jeunesse et apporter aux individus et aux communautés le message de l'Évangile qui transforme et élève. Je pense au généreux dévouement de générations de catéchistes, qui se sont efforcés de conduire leurs frères et leurs soeurs vers une plus profonde connaissance du mystère de Jésus. Tout cela, allant de pair avec la fidélité quotidienne de milliers et de milliers de disciples du Christ, constitue un éloquent témoignage de la puissance du Seigneur crucifié et ressuscité qui est à l'oeuvre dans le coeur des fidèles. Ce sont là autant de raisons pour rendre grâces à Dieu, pour être pleins d'espérance et de confiance, pour nous engager à nouveau dans nos responsabilités pastorales. C'est dans la puissance du mystère pascal que vous-mêmes et vos fidèles trouverez toujours encouragement et vigueur : « Sursum corda ! »

Le racisme et la paix

4. Mais il y a plus. Je voudrais, au nom du Christ et de son Église, vous remercier de tous vos efforts dévoués en faveur de la paix. Vous avez agi avec vigueur pour implanter la paix du Christ dans le coeur des hommes, dans les familles, dans les communautés qui connaissent des problèmes raciaux et sont affrontées à une grave discrimination raciale, sur toute l'étendue de vos nations. De par sa nature même, votre combat pour la paix, situé comme il l'est dans le cadre historique de vos nations, a dû se préoccuper de la liberté et de tout ce que comporte la liberté. Vous avez travaillé avec conscience et persévérance pour la justice et la dignité de l'homme, insistant à juste titre sur la non-violence et la nécessité de la réconciliation entre frères et soeurs — de manière que tous puissent jouir de la liberté des enfants de Dieu, cette liberté pour laquelle le Christ nous a libérés (cf Ga 5,1). En exerçant votre ministère, vous vous êtes efforcés d'appliquer les principes fondamentaux chrétiens, auxquels j'ai fait allusion dans le cadre de la Journée mondiale de la paix en 1981 : « Sans un respect profond et généralisé de la liberté, la paix échappe à l'homme... La liberté est blessée quand les relations entre les hommes sont fondées, non sur le respect de l'égale dignité de chacun, mais sur le droit du plus fort (Message du 8 décembre 1980, 2). Et encore : « La liberté de la personne trouve son fondement dans sa dignité transcendante : une dignité qui lui a été donnée par Dieu, son Créateur, et qui l'oriente vers Dieu. Être libre, c'est pouvoir et vouloir choisir, c'est vivre selon sa conscience. » (Ibid.)

Je sais en particulier que vous espérez, dans un esprit positif, le difficile mais nécessaire processus qui aboutira à la juste et pacifique solution du problème de la Namibie pour le bien de son peuple. Je suis proche de vous dans ce souci pastoral et ne cesse de garder cette intention dans mon coeur et de le rappeler dans mes prières.

5. En vous efforçant de répondre aux exigences de l'Évangile de Jésus-Christ, vous trouverez force dans la communion universelle de l'Église du Christ. Votre union avec les évêques du monde et avec moi-même vous apporte un soutien dans votre ministère apostolique. Des millions de catholiques prient chaque jour pour l'Église et ses pasteurs afin qu'ils proclament fidèlement le message de Jésus-Christ, ce message de libération de réconciliation et de guérison. Soutenus par le Peuple de Dieu, et fortifiés par la grâce du Sauveur, vous devez avec confiance continuer de proclamer les implications de la liberté évangélique : « Si c'est le Fils qui vous affranchit, vous serez réellement des hommes libre. » (Jn 8,36)

Le rôle de l'évêque

6. Par la grâce sacramentelle de notre ordination, l'Esprit- Saint nous rend capables d'agir en toutes circonstances comme évêques de l'Église de Dieu. L'Esprit-Saint nous pousse à voir toutes les situations à la lumière de la mission de l'Église, et à la lumière de notre rôle pastoral spécifique. En tant qu'évêques, nous sommes appelés à être les dirigeants d'une Église qui recherche à juste titre les conditions de liberté et de justice nécessaires à l'instauration du royaume de Dieu sur la terre. En même temps, en tant qu'évêques, nous avons un rôle prophétique à jouer en ce qui concerne la plénitude de la liberté et de la vie chrétienne. Comme je l'ai écrit dans le même message pour la Journée mondiale de la paix : « Être libéré de l'injustice, de la peur, de la contrainte, de la souffrance ne servirait à rien si on restait esclave dans les profondeurs du coeur, car c'est dans le coeur de l'homme que se situent les racines de tout assujettissement, de toute violation de liberté. Finalement, pour le chrétien, la liberté ne provient pas de l'homme lui- même : elle se manifeste dans l'obéissance à la volonté de Dieu et dans la fidélité à son amour. » (Ibid. 11.)

7. Pour cette raison, en tant qu'évêques, nous ne devons pas hésiter à continuer d'appeler instamment nos fidèles à la conversion de vie, tout comme l'a fait le Christ. Et l'exemple du Christ est resté le modèle de la prédication, pour Pierre à la Pentecôte (cf. Ac Ac 2,38), et pour nous tous depuis lors. Notre proclamation de la conversion s'accompagne de la miséricorde sans limite et du pardon plein d'amour de Dieu. Cette intelligence du dessein de Dieu sur son peuple nous invite à la fidélité et à la force apostoliques quand il s'agit d'exposer, dans la ligne de Vatican II « la totalité du mystère du Christ » (Christus Dominus, CD 12).

Pendant que vous poursuivez cette tâche, en prêchant un Christ crucifié, sachez que le Seigneur Jésus est avec vous, et rappelez-vous toujours qu'il est toujours capable, par la force de son Esprit, de préparer le coeur humain à recevoir le message révélé de la Vérité, même dans ses plus grandes exigences, dans ses idéaux les plus élevés et dans ses applications les plus contraignantes. Avec saint Paul, chacun d'entre nous doit demander le soutien des fidèles : « Que la parole soit placée dans ma bouche pour annoncer hardiment le mystère de l'Évangile. Puissé-je, comme j'y suis tenu, le dire en toute hardiesse. » (Ep 6,19-20)

8. Chers frères, par votre présence ici ce matin, de même que par votre ministère épiscopal tout entier, vous exprimez votre foi en la puissance du Christ ressuscité. C'est seulement à travers le dynamisme de la mort et de la résurrection que nous sommes capables de proclamer son Évangile et d'apporter l'espérance à nos fidèles. Malgré les divers obstacles qui affectent notre ministère, malgré l'absence de partenaires suffisants dans l'Évangile, malgré les vastes dimensions du territoire où vous travaillez, vous avez placé votre espoir dans le Seigneur ressuscité et sa puissance pour élever la vie humaine et transformer le coeur même de l'homme.

9. Quand vous serez de retour dans vos Églises locales, je vous demande d'apporter mon salut à vos fidèles. Mon souvenir va tout particulièrement à tous les prêtres, diacres et religieux qui offrent leur vie pour que l'espérance qui s'est manifestée à la résurrection du Christ imprègne la vie du peuple de Dieu. Je recommande le succès de votre apostolat à Marie, Mère du Sauveur. Je prie pour qu'elle aide tous les fidèles à comprendre le sens de l'espérance pascale, et à répéter les paroles par lesquelles l'apôtre Pierre a autrefois encouragé les premiers chrétiens : « Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts.» (1P 1,3)

De toutes nos forces, chers frères, proclamons fidèlement cette « espérance vivante, par la résurrection de Jésus- Christ d'entre les morts ».




Mai 1982





À UN GROUPE DES SYNDICALISTES CHRÉTIENS DE BELGIQUE

Jeudi, 6 mai 1982




Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Vous avez manifesté le désir de me rencontrer, et moi-même je suis heureux de vous recevoir quelques instants pour vous encourager dans votre action de syndicalistes chrétiens, provenant du cher pays de Belgique.

L’histoire de votre “centrale”, qui a pris cette forme depuis une soixantaine d’années, s’enracine en fait dans les efforts méritoires des travailleurs chrétiens de la fin du siècle dernier, encouragés par le Pape Léon XIII dans la fameuse encyclique “Rerum Novarum”. Dès le début, vos prédécesseurs ont tenu à s’unir, dans les chantiers du bois comme dans ceux de la construction, afin d’obtenir, pour eux et pour leurs collègues, une plus grande justice sociale. Et ils ont voulu le faire au nom des principes chrétiens, persuadés de trouver en eux une inspiration sûre et efficace pour leur action. Comme je l’ai développé plus longuement dans l’encyclique “Laborem Exercens” et en maintes occasions, par exemple en recevant le 9 février dernier un groupe international de dirigeants syndicaux qui comprenait un certain nombre de vos compatriotes, l’Eglise ne peut qu’encourager une telle entreprise.

Il faut souhaiter que partout, dans tous les pays et sous tous les régimes, les travailleurs jouissent de leur droit inaliénable de former des associations libres et autogérées, pour assurer et défendre, de façon solidaire et pacifique, des justes conditions de travail et de salaire, des conditions de vie dignes pour eux-mêmes et leurs familles, et pour exercer ainsi leur part de responsabilité dans l’organisation du travail qui est leur lot, tout en tenant compte du bien commun de l’ensemble de la nation. Il ne s’agit pas pour eux de rechercher un pouvoir politique, mais de veiller à ce que soit vraiment respectée la dignité des travailleurs, et c’est là un des tests majeurs d’une société saine et démocratique.

Dans la lutte inhérente au droit syndical, toutes les finalités ne sont pas justifiées, toutes les voies ne sont pas équivalentes, tous les moyens ne sont pas bons. Il est normal, il est capital, que les chrétiens soient vigilants et exigeants sur ce point, et qu’ils tiennent à s’inspirer des valeurs chrétiennes puisées dans l’Evangile et dans la doctrine sociale de l’Eglise, pour rechercher, dans la justice, ce qui est véritablement plus conforme à toute la vérité de l’homme en ce qui concerne l’organisation du travail, les rapports sociaux, la conception du bien commun de la société. Sachant votre souci d’agir dans ce sens-là, je vous félicite et je vous encourage. Je vous remercie également de vous montrer solidaires, dans votre prière et dans votre témoignage, des travailleurs des autres pays qui n’ont malheureusement pas toujours vos possibilités.

Que Dieu vous bénisse! Qu’il bénisse votre pays, avec lequel j’ai souvent eu l’occasion de me familiariser et dont je garde un vif souvenir! Qu’il bénisse chacune de vos personnes, vos familles et ceux que vous représentez ici! Que le Christ ressuscité soit votre paix et votre joie! Et que son Esprit vous fasse toujours rechercher ce qui correspond à la vérité, à la justice et à l’amour!



La mission évangélisatrice de la famille

Au Conseil des oeuvres pontificales missionnaires, 7 mai


Comme chaque année, le Pape a reçu en audience les responsables des oeuvres pontificales missionnaires, réunis à Rome à l'occasion de l'assemblée générale du Conseil supérieur. Voici le discours qu'il leur a adressé le 7 mai (1) :

(1) Texte italien dans l'Osservatore Romano du 8 mai. Traduction et titre de la DC.

TRÈS CHERS FILS,

Je suis heureux de vous rencontrer encore cette année, vous les responsables des oeuvres pontificales missionnaires de la Propagation de la Foi, de la Sainte-Enfance et de l'Union missionnaire.

J'adresse d'abord ma salutation au cardinal Agnelo Rossi, préfet de la S. Congrégation pour l'évangélisation des peuples. Je salue ensuite Mgr Simon Lourdusamy, secrétaire de la même Congrégation et président des mêmes oeuvres pontificales, les membres du Conseil supérieur, le personnel des quatre secrétariats généraux et aussi les nombreux directeurs nationaux réunis à Rome pour prendre part à la réunion du Conseil supérieur.

1. Vous avez étudié avec l'engagement nécessaire, en vous inspirant des principes de la justice et de la charité, la manière de partager entre les différentes missions les aides recueillies dans les communautés chrétiennes, et vous avez aussi consacré quelques jours à l'étude de ces problèmes pastoraux qui émergent des multiples initiatives de la coopération missionnaire. Celle-ci — il me plaît d'y insiter — a sa raison d'être non seulement dans ses aspects économiques mais surtout dans ses aspect moraux et spirituels.

Le thème choisi, « Les oeuvres pontificales missionnaires au service de la famille évangélisatrice », m'a paru d'une grande actualité et d'une grande importance. Comme je l'ai affirmé dans la récente exhortation Familiaris consortio, « la famille chrétienne est la première communauté appelée à annoncer l'évangile à la personne humaine en développement et à conduire cette dernière, par une éducation et une catéchèse progressives, à sa pleine maturité humaine et chrétienne » (n° FC 2). Il s'ensuit donc que « la future évangélisation dépend en grande partie de l'Église domestique » (ibid n° FC 52).

Je vous exhorte à approfondir convenablement ce sujet particulièrement important car cela présente des implications d'une portée considérable pour les modalités par lesquelles ces oeuvres peuvent promouvoir efficacement la mission évangélisatrice de la famille dans le monde entier. Vous avez un vaste secteur pour y travailler par une action efficace, coordonnée et bien programmée. La contribution que la famille peut apporter à l'activité missionnaire est vraiment fondamentale.

2. J'ai voulu, cette année, consacrer le message pour la Journée missionnaire mondiale au rappel du 25e anniversaire de l'encyclique Rerum novarum car ce document, qui fait autorité, de mon vénéré prédécesseur Pie XII a le mérite d'avoir entrouvert les voies de l'évangélisation à de nouvelles et innombrables forces en impliquant directement des prêtres diocésains et des laïcs dans cette noble activité. Depuis la publication de cette encyclique, de nombreux membres du clergé et du laïcat de tous les diocèses ont soutenu le travail parfois héroïque des missionnaires de familles religieuses bien méritantes en leur apportant une aide précieuse et en s'enrichissant en même temps eux-mêmes des précieuses expériences qu'ils ont ensuite communiquées aux fidèles des diocèses d'où ils provenaient, suscitant ainsi un intérêt fécond pour le travail d'animation missionnaire.

Les différentes initiatives nées au cours de ces vingt-cinq années devront être opportunément examinées et pesées dans tous leurs aspects valables, mais aussi dans ceux qui, éventuellement sont moins positifs afin d'intervenir, s'il le fallait, pour les améliorer, les renouveler et les perfectionner. Je confie donc aux responsables de la direction centrale et aux directeurs nationaux la tâche d'expliquer aux prêtres et aux laïcs l'esprit de la toujours actuelle encyclique Fidei donum pour en promouvoir la relance.

3. Je suis en outre au courant que la plus grande partie d'entre vous prendra part aux célébrations du 150e anniversaire de la fondation de la « Franziskus Missionsverein » et du premier centenaire de la mort de son fondateur, le Dr Heinrich Hahn, qui se dérouleront prochainement en Allemagne. Pour cette circonstance aussi, j'exprime ma satisfaction et mes souhaits pour le bon succès de ces manifestations en faveur des missions.

Pour terminer cette rencontre cordiale qui veut surtout être une rencontre d'encouragement et de stimulation pour vous tous à bien continuer dans votre engagement si essentiel pour la vie de l'Église, je ne puis ne pas souligner encore une fois que les OEuvres pontificales missionnaires sont l'instrument le plus valable et le plus efficace de la coopération missionnaire, comme l'a expressément déclaré le Concile Vatican II (cf. décret Ad gentes n° AGD 38).

Je vous suis donc profondément reconnaissant pour vos prières, pour votre travail quotidien et pour les sacrifices que vous offrez pour la cause des missions et je souhaite que tout le peuple chrétien collabore à la réalisation de ces idéaux qui constituent la plus grande et la plus obsédante sollicitude du Vicaire du Christ.

Que la réconfortante bénédiction apostolique que je vous accorde maintenant de grand coeur descende sur vous qui êtes ici présents, sur vos collaborateurs, sur tous les bienfaiteurs et tous ceux qui vous sont chers.






AUX MEMBRES DU COMITÉ CENTRAL DE LA «CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DU CRÉDIT AGRICOLE»

Samedi, 8 mai 1982



Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

1. En tant que membres du Comité central de la “Confédération internationale du Crédit agricole”, vous voilà réunis à Rome, et vous avez manifesté le désir de me rencontrer. J’y réponds volontiers, en vous témoignant l’estime que je nourris pour votre profession et en encourageant le service qualifié que vous voulez rendre au monde agricole.

Comme je l’écrivais dans l’encyclique “Laborem Exercens”, il importe de “redonner à l’agriculture - et aux agriculteurs - leur juste valeur comme base d’une saine économie, dans l’ensemble du développement de la communauté sociale”. Tout le monde observe en effet que le monde rural est confronté presque partout à des problèmes sérieux. Dans les pays qui ont voulu et qui ont pu concentrer la plupart de leurs efforts dans la production industrielle, les agriculteurs sont souvent demeurés comme marginaux par rapport à ce progrès économique et social. Et de façon plus grave encore, dans les pays en voie de développement, le manque d’outils appropriés et de formation professionnelle, comme parfois aussi les structures sociales injustes, font que les paysans vivent dans des conditions très précaires. Dans les deux cas, il s’ensuit, entre autres, un exode massif de la campagne vers les villes, où les ruraux risquent de trouver malheureusement des conditions de vie encore plus déshumanisantes.

L’Eglise s’intéresse à ces situations parce qu’il y va de la dignité des travailleurs ruraux, et aussi du bien commun des peuples: quand l’agriculture n’a plus sa place, c’est l’équilibre de la société qui est atteint, sans compter que s’aggrave alors la pénurie des biens alimentaires de première nécessité. On rejoint ici la dramatique question de la faim dans le monde.

2. Ce n’est pas directement votre problème. Mais cela souligne à quel point le monde agricole a besoin d’aide, d’investissements, d’assistance technique, de promotion à tous égards. Et c’est là qu’intervient tout le système du crédit agricole, organisé principalement à partir du monde agricole, sous forme par exemple d’épargne, et surtout pour le monde agricole, sous la forme de prêts. Le fait de disposer, pour ce genre de financement, d’institutions bancaires spécialisées se comprend aisément; il importe en effet que le système du crédit soit bien adapté aux réalités du secteur, du département, de la province, de la région; qu’il prenne en compte les caractéristiques humaines et socio-économiques des sociétés rurales très diverses, qu’il veut servir en Europe, en Afrique ou ailleurs; qu’il ait la confiance des agriculteurs, en un mot qu’il demeure simple, à taille humaine et efficace. Il est évidemment nécessaire d’assurer aussi des liaisons avec les différents organismes qui, au niveau national, continental ou international, ont mission de promouvoir l’agriculture, dans l’intérêt de tout un pays ou de l’entière communauté humaine.

C’est bien dans ce but que s’est formée, voilà trente ans, la Confédération internationale de Crédit agricole, qui promeut et harmonise l’action de presque cinq cents instituts de crédit en quarante pays.

3. Le Pape ne peut entrer dans les aspects techniques des vos travaux; c’est votre honneur et votre devoir d’y apporter le maximum de compétence et de probité dans la gestion des fonds. Mais je souhaite que tous les responsables et collaborateurs des “banques” ou “caisses” que vous représentez, et ceux de la Confédération elle-même, ne se contentent pas de gérer des fonds importants pour en tirer des bénéfices, mais qu’ils aient toujours en vue la finalité humaine d’une telle entreprise celle qui a inspiré généralement les fondateurs: à savoir le service du monde agricole, non seulement pour développer les ressources et les techniques de ce monde agricole, mais pour assurer la promotion intégrale des hommes du monde rural au plan matériel, social et moral, pour avoir, au sein même des opérations d’épargne et de crédit, un souci de formation. Je prie Dieu de vous aider à maintenir la qualité de cet esprit de service. Et je lui demande aussi de bénir vos personnes, vos familles et tous ceux qui vous sont chers.



L’école des Pères de l’Église

à 1’ « Augustinianum », 8 mai


Au cours de l'après-midi du 8 mai, le Pape s'est rendu à l'lnstitut de patrologie, l' « Augustinianum », où avait lieu la 11e Rencontre d'études d'antiquité chrétienne sur le thème « Apocryphes chrétiens et christianisés ». Voici le discours qu'il y a prononcé ([17]) :

[17] Texte italien dans l'Osservatore Romano du 9 mai. Traduction, titre et sous-titres de la DC. Les références à la DC sont de notre rédaction.


ILLUSTRES PROFESSEURS ET FILS TRÈS CHERS !

1. Je suis heureux d'avoir pu satisfaire — et j'en remercie de tout coeur le Seigneur — mon souhait qui, je le sais, est également le vôtre : venir au milieu de vous dans cet Institut patristique qui porte le nom du grand Augustin, maître éminent de vérité et exemple éclatant d'authentique vie chrétienne. En s'inspirant de lui depuis le moment où il a été inauguré par mon vénéré prédécesseur, Paul Vl, votre Institut a parcouru un chemin qui n est pas encore long dans le temps mais qui a déjà été fécond en fruits, comme nous venons de l'entendre de la bouche de votre président.

Je salue les professeurs et les élèves, en particulier le prieur général, modérateur de l'lnstitut, le président qui a si noblemenl interprété les sentiments communs, les spécialistes de l'antiquité chrétienne qui célèbrent leur onzième rencontre, tous les membres — religieux et religieuses — de la famille augustinienne et ceux qui sont présents dans cette « aula ».

Je désire confirmer par ma bénédiction l'ardente activité de votre Institut qui « répond pleinement — comme le disait Paul VI dans le discours d'inauguration — aux besoins actuels de l'Église » parce qu'il « fait partie de ce retour aux sources chrétiennes sans lequel il ne serait pas possible de réaliser le renouveau souhaité par le Concile oecuménique Vatican II » (1).

Je considère avec une grande estime les initiatives culturelles qui sont ici en acte.

Avant tout : les cours de théologie et de patrologie. Je sais qu'ils sont assurés par des professeurs à la compétence éprouvée, des ecclésiastiques et des laïcs et parmi ceux-ci, outre les augustiniens, il y a des membres des différentes familles religieuses. Je sais qu'ils sont suivis avec intérêt par de nombreux jeunes qui appartiennent eux aussi, comme les professeurs, au monde international : ce qui est également le signe de l'universalité de l'Église. Et c'est pour moi un motif de joie d' apprendre qu'il y a aussi des élèves provenant de Pologne.

Ensuite, les rencontres de spécialistes de l'antiquité chrétienne où les amateurs des sciences patristiques, italiens et étrangers, poussés par l'amour de la vérité, s'emploient, par les méthodes historiques et philologiques qui leur sont propres, à approfondir les grands thèmes de cette époque lointaine et proche de la vie de l'Église. Il faut souhaiter que la connaissance de la tradition qui vient des apôtres, tire un grand profit de leur travail assidu. L'Église est reconnaissante pour ces études et pour l'engagement avec lequel leurs amateurs les portent en avant.

Les séminaires de perfectionnement patritisque méritent aussi d'être continués pour le bénéfice de ceux qui, déjà engagés dans l'enseignement, veulent approfondir leurs connaissances en profitant de la compétence particulière de leurs autres collègues.

Il y a enfin l'ardente activité de la chaire augustinienne engagée dans l'édition bilingue des OEuvres complètes de saint Augustin et dans un programme d'approfondissement de la philosophie et de la spiritualité augustiniennes qui ont eu tant d'importance et qui en ont encore dans la culture chrétienne.

(1) AAS 62 (1970) 424 ; DC, 1970, n° 1566, p 608.


L'importance des études patristiques

2 Cet Institut patristique qui a été incorporé à la Faculté théologique de l'Université pontificale du Latran, tout en continuant directement, comme nous l'avons entendu des paroles de son président, l'Université générale romaine érigée au début du XIVe siècle près de l'église Saint-Augustin et transférée ici près de la place Saint-Pierre, il y a un siècle, se rattache à la longue tradition des études ecclésiastiques que l'Ordre augustinien a toujours cultivée tout au long des siècles. En effet, ses membres ont enseigné dans les principales universités d'Europe, dont celle de Varsovie, en offrant aux études historiques et patristiques des maîtres éminents. Parmi les premiers, il me plaît de rappeler Onofrio Panvinio et Enrico Florez avec les vingt-sept volumes d'Espana Sagrada. Parmi les autres, en ce siècle, il y a le cardinal Agostino Ciasca qui s'est toujours occupé de la patrologie orientale, et Antonio Casamassa qui s'est surtout intéressé à la patrologie occidentale.

C'est pourquoi le travail de l'lnstitut patristique est un important service rendu à l'Église qui ne peut se passer des études patristiques que le Concile Vatican II a beaucoup recommandées, tant en parlant de l'enseignement de la théologie dogmatique (2) qu'en illustrant les relations entre Écriture, Tradition et Magistère (3).

Dans la lettre apostolique Patres ecclesiae pour le XVIe centenaire de la mort de saint Basile, j'ai eu moi-même l'occasion d'écrire que les Pères « sont une structure stable de l'Église et ils y accomplissent, à travers les siècles, une fonction ininterrompue. C'est ainsi que toute annonce de l'évangile et tout magistère ensuite, pour pouvoir être authentiques, doivent être comparés à leur annonce et à leur magistère ; tout charisme et tout ministère doivent puiser à la source vive de leur paternité ; toute pierre nouvelle qui s'ajoute à l'édifice, qui s'accroît et s'étend chaque jour doit se situer dans la structure qu'ils ont posée et se souder et s'unir à elle » (4).

(2) Optatam totius, n. OT 16.
(3) Cf. Dei Verbum, n. DV 8-9.
(4) AAS (1980), DC, 1980, n° 1780, p.151.


Les leçons des Pères de l'Église

3. Puisqu'il y a donc chez les Pères des constantes qui constituent la base de tout renouveau, permettez-moi de m'entretenir un peu avec vous de l'importance et même de la nécessité de connaître leurs écrits, leur personnalité et leur époque. Ils nous donnent quelques leçons importantes, parmi lesquelles je voudrais relever les suivantes :

a) L'amour de la Sainte Écriture. Les Pères ont étudié, commenté, expliqué au peuple les Écritures en en faisant l'aliment de leur vie spirituelle et pastorale et même la forme de leur pensée. Ils en ont mis en relief la profondeur, la richesse, l'inerrance. « En elles tu possèdes la parole de Dieu : ne cherche pas d'autre maître », a écrit saint Jean Chrysostome qui a prononcé beaucoup de discours merveilleux pour expliquer la parole de Dieu (5). Qui ne se souvient de la prière de saint Augustin qui implore la grâce de comprendre les Écritures : « Que tes Écritures soient mes chastes délices : que je ne me trompe jamais sur elles et ne trompe pas les autres avec elles (6). » Le principe déjà exprimé par saint Justin, selon lequel il n'y a pas d'antinomies dans l'Écriture et sa disposition à confesser plutôt sa propre ignorance que d'accuser les Écritures d'erreur (7), sont, peut-on dire, communs à tous : l'évêque d'Hippone les répète avec les paroles incisives connues : « .I1 ne t'est pas permis de dire : l'auteur de ce livre n'a pas parlé selon la vérité ; mais : ou le manuscrit est incorrect ou la traduction est fausse ou tu ne la comprends pas (8). »

b) La seconde grande leçon que les Pères nous donnent est l'adhésion ferme à la tradition. La pensée va aussitôt à saint Irénée et c'est à juste titre. Mais il n'est pas le seul. Le même principe de la nécessaire adhésion à la Tradition, nous le trouvons dans Origène (9), dans Tertullien (l0), dans saint Athanase (11), dans saint Basile (12). Saint Augustin, encore une fois, exprime le même principe avec des paroles profondes et inoubliables : « Je ne croirais pas à l'Évangile si l'autorité de l'Église ne m'y conduisait (13), elle qui, fondée par le Christ, a progressé par l'intermédiaire des apôtres et est arrivée jusqu'à nous par une série ininterrompue de successions apostoliques (14). »

c) La troisième grande leçon, c'est le discours sur le Christ sauveur de l'homme. On pourrait penser que les Pères, occupés à illustrer le mystère du Christ et souvent à le défendre contre les déviations hétérodoxes, aient laissé dans l'ombre la connaissance de l'homme. Toutefois, pour qui regarde bien au fond, c'est le contraire qui apparaît. Ils ont regardé avec une intelligence d'amour le mystère du Christ mais, dans le mystère du Christ, ils ont vu le mystère de l'homme illuminé et guéri. Souvent même, la doctrine chrétienne sur le salut du monde — l'anthropologie surnaturelle — a servi d'argument pour défendre la doctrine du mystère du Christ. Par exemple, lorsque saint Athanase, dans la controverse arienne, affirmait avec force que si le Christ n'est pas Dieu, il ne nous a pas déifiés (15) ; ou saint Grégoire de Naziance, dans la controverse appolinariste, qui affirme que si le Verbe n'a pas assumé tout l'homme, y compris l'âme rationnelle, il n'a pas sauvé tout l'homme car n'est pas sauvé ce qui n'a pas été assumé (16) ; ou saint Augustin dans la Cité de Dieu lorsqu'il soutient que si le Christ n'est pas en même temps Dieu et homme — totus Deus et totus homo (17) — il ne peut pas être le médiateur entre les hommes et Dieu. « Il faut chercher, écrit-il, un intermédiaire qui ne soit pas seulement homme mais aussi Dieu ( 18). »

Le Concile Vatican II proclame qu' « en réalité, c'est seulement dans le mystère du Verbe incarné que le mystère de l'homme trouve sa vraie lumière. Le Christ, qui est le nouvel Adam, en révélant précisément le mystère du Père et de son amour, dévoile aussi pleinement l'homme à l'homme. » (19). Ces paroles que j'ai également rappelées dans l'encyclique Redemptor hominis, ne sont que l'écho de la doctrine des Pères, en particulier de saint Augustin qui les a illustrées et défendues durant toute la controverse pé- lagienne. Du reste, précisément au moment de sa conversion, comme il nous l'assure dans ses Confessions, il a découvert, en lisant saint Paul, le Christ sauveur de l'homme et s'y est accroché comme le naufragé à l'unique planche de salut. Ce fut à partir de ce moment qu'il a vu dans le Christ la solution des problèmes essentiels de l'homme et de l'humanité, comme il l'exprimera plus tard dans la Cité de Dieu qui est, comme on l'a dit, le « grand livre de l'espérance chrétienne » (20).

Se mettre à l'école des Pères veut donc dire apprendre à mieux connaître le Christ et à mieux connaître l'homme. Cette connaissance, scientifiquement documentée et prouvée, aidera énormément l'Église dans sa mission de prêcher à tous, comme elle le fait sans se lasser, que seul le Christ est le salut de l'homme.

(5) Commentaire sur l'Épitre aux Colossiens 9, 1 ; PG11, 361.
(6) Confessions 11, 2,3 ; PL 32, 810.
(7) Dial avec Trifon 65 ; PG 6, 625.
(8) Contra Faustum 11, 5 ; PG 42, 249.
(9) Deprincipiis, proel. l ; PG 11, 116.
(10) De prescriprione haer. 21 ; PG 2, 33.
(11) Ep. IV adSerapionem 1,28 ; PG26, 594.
(12) De Spiritu Sancto 27, 66 ; PG32, 186 s.
(13) Contra ep. Man. 5, 6 ; PL 42, 176.
(14) Contra Faustum 28, 2 ; PL 42, 486.
(15) Cf. De synodis 51 ; PG 26, 784.
(16) Cf. Première lettre à Cledonius 101 ; PG37, 186.
(17) Serm. 293, 7 ; PL 38, 1332.
(18) De civ. Dei 9, 15, 1 ; PL 41, 268.
(19) Gaudium et spes GS 22, AAS58 (1966), p. 1042.
(20) NBA : V/ 1.


En lien avec l'Église

4. Mais le discours des Pères sur le Christ et sur l'homme n'est jamais coupé de celui de l'Église qui est, pour répéter encore une fois une heureuse expression augustinienne, le « Christus totus » Ils vivent dans l'Église et pour l'Église. De l'Église dont nous a tant parlé le Concile Vatican II, ils ont possédé à un degré éminent le « sens » de l'unité, de la maternité, le caractère concret dans l'histoire. Il la voit cheminant sur terre « parmi les consolations de Dieu et les persécutions du monde », comme le dit encore le Concile Vatican II reprenant les paroles de l'évêque d'Hippone, du temps d'Abel jusqu'à la fin des siècles (21). Ils mettent en relief l'unité de l'Église car dans la chaire de l'unité, Dieu a mis la doctrine de la vérité (22). C'est pourquoi ils exhortent les fidèles à y être en sécurité devant toutes les difficultés qui pourraient surgir : « Dans l'Église, je demeurerai en sécurité (23). » Lorsqu'elles surgissent, les controverses doivent être résolues au sein de l'Église « avec une sainte humilité, avec une paix catholique, avec une charité chrétienne » (24).

« Quel que nous soyons, vous êtes en sécurité, vous qui avez Dieu pour Père et l'Église pour Mère » (25). Mais il avait aussi averti, comme l'avait déjà fait saint Cyprien (26), que personne ne peut avoir Dieu pour Père s'il n'a l'Église pour Mère (27).

5. Ce ne sont là que de rapides allusions aux inépuisables richesses humaines et chrétiennes des Pères que vous avez, par votre travail, la chance de découvrir et d'illustrer pour qu'elle soient utiles à tous.

Je sais qu'une attention particulière est prêtée à saint Augustin dans votre Institut. Mes prédécesseurs ont toujours recommandé l'étude et la diffusion des oeuvres de ce grand docteur à partir du moment où, à peine un an après sa mort, saint Célestin Ier l'a compté « parmi les plus grands maîtres » (28). Plus près de nous, Léon XIII, Pie XI et Paul VI en ont fait l'éloge. « La palme semble appartenir entre tous à saint Augustin, ce puissant génie qui, pénétré à fond de toutes les sciences divines et humaines, armé d'une foi souveraine, d'une doctrine non moins grande, combattit sans défaillance toutes les erreurs de son temps », a écrit le premier dans Aeterni patris (29). À leur voix, j'ajoute aussi volontiers la mienne. Je désire ardemment que sa doctrine philosophique, théologique et spirituelle soit étudiée et répandue de sorte qu'il continue, par votre intermédiaire également, son magistère dans l'Église, un magistère humble et en même temps lumineux qui parle surtout du Christ et de l'amour. Comme le font, d'après lui, les Écritures.

C'est avec ces voeux et en gage de lumières célestes toujours plus abondantes que je vous accorde, ainsi qu'à ceux qui vous sont chers, ma bénédiction apostolique.

(21) De civ. Dei 18, 51, 2 ; PL 41, 614.
(22) Ib/d.105, 16 ; PL 33, 403.
(23) S. Augustin, De bapt. 3, 2, 2 ; PL 43,139.
(24) S. Augustin, De bapt. 2, 3, 4 ; PL 43,129.
(25) Contra litt. Pet. 3, 9.10 ; PL 43, 353.
(26) De cath, eccl. unitate 6 ; PL 4, 502.
(27) In Ps. 88, s, 2, 14 ; PL 37, 1140.
(28) DS 237.
(29) Léon XIII, actes I, p.270.



Discours 1982 - Discours aux évêques d’Afrique du Sud, 26 avril