Discours 1980 - Vendredi, 10 octobre 1980


AUX ÉVÊQUES DU PATRIARCAT GREC MELKITE CATHOLIQUE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Lundi, 13 octobre 1980



Béatitude
et vénérables Frères,

Vous êtes venus ensemble, des divers diocèses du Patriarcat Grec Melkite Catholique, rendre visite au Pape conformément à une coutume ecclésiale respectable et salutaire. Alors que vous êtes tout près du tombeau du Prince des Apôtres, qui reçut le pouvoir inaliénable de conduire et de confirmer tous ses Frères dans la foi et la charité, je suis particulièrement heureux de vous souhaiter la bienvenue.

Cet accueil fraternel est celui de l’Évêque de Rome, du Successeur de Pierre, “qui est le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles” [1]. En vous accueillant, il me plaît de reprendre les paroles de l’Apôtre Paul, le compagnon de Pierre dans les souffrances endurées pour le Christ: “Dieu vous a appelés par notre Évangile, pour que vous acquériez la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ; dès lors, Frères, tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises” [2].

Mon salut s’adresse d’abord - et de façon toute spéciale - à la personne de Sa Béatitude le Patriarche Maximos V, qui célébrera prochainement au Siège Patriarcal de Damas le cinquantième anniversaire de son ordination sacerdotale. Déjà, tous ensembles, nous élevons vers le Christ, Souverain Prêtre et Rédempteur des hommes, nos prières et nos voeux fervents.

L’Église Grecque Melkite Catholique, que vous représentez ici, a accueilli au cours des siècles des fidèles de langue et d’origine grecque, mais également syrienne, égyptienne, et finalement des fidèles d’origine arabe venus à la foi catholique dès le cinquième siècle et faisant partie du Patriarcat d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem. Malgré certaines vicissitudes historiques et politiques désormais bien lointaines, et les conséquences récentes de guerres fratricides qui perturbent encore la paix au Moyen Orient, le Patriarcat Melkite est florissant. C’est précisément pour moi une heureuse occasion d’exprimer à Votre Béatitude et à tous les Évêques du Patriarcat, mes sentiments de satisfaction et mes encouragements à poursuivre ce bon travail pastoral conformément à l’exemple du Seigneur Jésus lui-même et aux enseignements fréquents des Pères de l’Église d’Orient tel Saint Basile le Grand [3].

Bien des fidèles grecs melkites catholiques, comme ceux des autres rites orientaux, ont été - et récemment encore - obligés de quitter leurs demeures et la terre de leurs ancêtres. Une partie d’entre eux a traversé les océans, tandis qu’une autre a réussi à trouver en Europe une hospitalité plus proche. Pour les fidèles de la diaspora, le Saint-Siège a érigé une éparchie aux États-Unis et au Brésil, et il vient d’ériger un Exarchat Apostolique au Canada et il a par ailleurs établi des Visites Apostoliques en Europe Occidentale, en Argentine, au Venezuela, en Colombie, au Mexique, en Australie, conformément aux normes fixées par le Concile Vatican II, dans le but de renforcer la prédication de la Parole de Dieu et l’assistance spirituelle à toutes les communautés de fidèles émigrés.

C’est par ailleurs un motif de réconfort pour le Siège de Rome de savoir le travail qui, à la lumière des enseignements du Concile est progressivement accompli dans les Synodes, présidés, par le Patriarche et auxquels prennent part aussi les Supérieurs Majeurs des Ordres masculins, en ce qui concerne par exemple la mise à jour des textes liturgiques, de la pastorale, de la catéchèse, avec une sollicitude particulière pour l’augmentation des vocations sacerdotales et religieuses.

L’engagement de la Hiérarchie pour une formation spirituelle et intellectuelle correspond aux besoins de notre temps. On sait par ailleurs l’activité que vous poursuivez dans le cadre du dialogue oecuménique avec les Frères séparés, conscients que la communion véritable et stable s’édifie dans la vérité et la charité, en collaboration avec le Siège Apostolique.

Votre rencontre d’aujourd’hui exprime le lien de la collégialité avec le Successeur de Pierre: puisse-t-elle rappeler à tous l’unité d’action pastorale qui est nécessaire dans tous les pays où vous êtes appelés à conduire le peuple de Dieu, comme dit le Concile au sujet des évêques dispersés à travers le monde, “gardant entre eux et avec le Successeur de Pierre le lien de la communion” [4].

Comme je l’ai fait récemment pour la visite des évêques de rite chaldéen, j’encourage les rencontres sous la forme d’Assemblées épiscopales au plan national, pour garantir l’unité d’action entre les diverses Églises, pour assurer l’harmonie et l’entente fraternelle entre les différents rites, sans toutefois porter préjudice aux droits du Patriarche ni à ceux de son Synode, selon le droit en vigueur.

Je ne veux pas terminer sans renouveler l’expression de ma affection d’abord à Votre Béatitude, à vous tous, vénérables Frères dans l’Épiscopat, à tous vos prêtres, aux religieux et aux religieuses, qui ont le souci de réaliser un renouveau dans leur vie spirituelle et dans leur consécration à Dieu et à l’Église, et qui le font avec mérite dans le domaine de la pastorale, de l’assistance et de la charité; ma pensée affectueuse va enfin aux fidèles de toute l’Église Grecque Melkite Catholique. En vous confiant tous à la protection vigilante et maternelle de Marie, la Mère très sainte de Dieu et toujours Vierge, je vous donne de tout coeur la Bénédiction Apostolique.

 [1] (Lumen Gentium LG 23).
 [2] (2Th 2,14-15).
 [3] Cfr. S. Basilii Moralia, LXXX, 12-21: PG 31, 864 b-868 b.
 [4] (Lumen Gentium LG 25).

 


AUX DIRECTEURS DIOCÉSAINS FRANÇAIS DE PÈLERINAGES

Vendredi, 17 octobre 1980




Bien chers amis,

Vous arrivez de Lorette, au terme de journées d’amitié, de réflexion et de prière, qui vous ont apporté des énergies nouvelles pour accomplir la mission particulière que vos évêques respectifs vous ont confiée. Vous n’attendez pas du Pape, en cette brève rencontre, un exposé sur l’art d’être aujourd’hui Directeur diocésain de pèlerinages. Laissez-moi seulement vous dire un merci très cordial pour votre visite et vous faire sentir combien je partage vos joies et vos préoccupations pastorales.

1. Vous ne serez jamais assez heureux et reconnaissants envers le Seigneur d’avoir à guider vos frères chrétiens en des hauts lieux spirituels et en des moments privilégiés de leur existence. Aimez passionnément votre service d’Église. Peut-être un peu éclipsé dans un récent passé, il retrouve heureusement et à peu près partout sa juste place, souvent bien revalorisée. Si je pouvais m’entretenir avec chacun d’entre vous, je suis bien certain que vous me feriez part de joies sacerdotales profondes et nombreuses à cause des merveilles accomplies par le Seigneur dans l’âme des pèlerins.

2. Vous êtes heureux encore, d’avoir contribué à élargir et à qualifier vos équipes diocésaines ou régionales de pastorale des pèlerinages. Vos prédécesseurs ont droit à votre respect et à votre gratitude. A vous, il a été donné de chercher, de former et de soutenir des collaborateurs nombreux, aussi bien parmi les laïcs que parmi vos confrères et parmi les religieux et les religieuses. Sachez bien que le Pape vous approuve et vous encourage. Pour que votre joie demeure dans sa fraîcheur évangélique, maintenez avant tout, à l’intérieur de vos équipes, les liens d’une foi et d’une prière ardentes, conjuguez souvent vos capacités de réflexion, vos expériences, partagez-vous les responsabilités, faites sans cesse preuve d’heureuse imagination! Qu’aucune équipe diocésaine ne se glorifie d’avoir enfin trouvé la formule idéale, mais que toutes demeurent en éveil et aident de leur dynamisme apostolique telle ou telle autre qui connaît des difficultés.

3. Votre joie est également, et doit toujours être, de dépasser les questions d’organisation, de transport, de logement, de budget - qui ont certes leur importance - et de vous ingénier à mettre les esprits et les coeurs de vos pèlerins sur un chemin de conversion. A ce plan, votre exemple personnel, comme celui de vos collaborateurs, est capital. Vous portez en priorité la responsabilité du climat qui fait cheminer les âmes vers la lumière de Dieu. Même des jeunes et des adultes, plus ou moins éloignés de la foi, sont touchés par les assemblées priantes et chantantes des chrétiens. Nous savons qu’Augustin, à Milan, fut bouleversé par la mélodie des psaumes, et que Paul Claudel fut saisi par la grâce au cours des vêpres de Noël à Notre-Dame de Paris. Votre joie de rassembleurs est tout simplement une participation à la joie de Dieu, Pasteur de son peuple, qui éclate à travers la Bible et l’Évangile.

4. Votre bonheur est enfin d’expérimenter que le pèlerinage est une avancée ou une redécouverte de la mission qui incombe à tout chrétien. De nombreuses confidences personnelles, comme les témoignages ou les partages spirituels qui se font de plus en plus pendant ou après les pèlerinages, vous font connaître et admirer des adultes et des jeunes qui s’éveillent à une foi mieux intégrée à leur vie concrète, à des responsabilités précises en Église ou dans leur milieu de vie, tandis que quelques-uns commencent à percevoir l’appel du Christ au don total.

5. Je voudrais enfin vous aider à porter vos préoccupations pastorales. Je sais votre inquiétude pour endiguer ou du moins éduquer un “tourisme religieux” qui tend à se développer parallèlement à l’expansion des vrais pèlerinages, dans le seul but de visiter les hauts lieux spirituels. Dans ce domaine, il importe de maintenir ou de susciter, avec les responsables et animateurs d’un tel tourisme, des relations et un dialogue qui pourront porter leurs fruits avec le temps.

6. Vous portez également, d’un pèlerinage à l’autre, et d’une année pastorale à l’autre, le souci de l’alimentation doctrinale des foules rassemblées. Mesurez de plus en plus votre responsabilité à ce niveau précis. Il est des thèmes doctrinaux et apostoliques d’importance majeure, qu’il faut avoir le courage de reprendre et d’approfondir. Les pèlerinages sont devenus, avant, pendant et après leur déroulement, un moment original de la catéchèse en Église [1]. Vous pouvez singulièrement contribuer à une remontée de l’appétit doctrinal dans le peuple de Dieu, qui demeure une condition absolument essentielle à sa vitalité spirituelle et apostolique. On pourrait citer de beaux exemples de thèmes de pèlerinages très soigneusement préparés, médités et intégrés ensuite dans la vie quotidienne.

7. Je pense aussi vous rejoindre, en soulignant votre préoccupation de la qualité des cérémonies qui structurent les journées de pèlerinage, surtout pour les célébrations de l’Eucharistie et du sacrement de la réconciliation dont il importe de bien maintenir la dimension personnelle. On a déjà beaucoup fait à ce plan. Nous savons qu’ici même plusieurs organismes, entre autres le Centre pastoral d’accueil des pèlerins d’expression française, y apportent leur contribution. Veillez bien et constamment, à ce que toute cérémonie soit digne, vivante, recueillie, fidèle aux normes sagement prescrite par le Pape et les Évêques, en un mot exemplaire. Les célébrations, vécues au cours d’un pèlerinage, peuvent apporter beaucoup - ou hélas trop peu - aux participants généralement bien disposés. Souvenez-vous également que de telles cérémonies font souvent école à travers les communautés paroissiales des diocèses. Mesurez votre responsabilité.

8. Chers amis, vous avez en main une clé de l’avenir religieux de notre temps: les pèlerinages chrétiens, redécouverts et vécus dans toutes leurs dimensions et exigences, et qui peuvent correspondre à une attente plus ou moins consciente d’hommes et de croyants insatisfaits de l’ambiance matérialiste actuelle. Les rassemblements religieux, trop dépréciés par certains, pourraient leur éviter l’aventure d’une adhésion à des groupes qui cherchent près de sources équivoques une certaine chaleur humaine et religieuse. C’est le temps d’accorder à la pastorale populaire des pèlerinages une place au moins égale à celle qu’on doit donner à l’indispensable formation d’une élite. Il est très souhaitable de promouvoir l’une et l’autre, sans les opposer, mais de manière complémentaire et dynamique. C’est dans cette espérance que je vous bénis de tout coeur, vous et tous vos dévoués collaborateurs.


 [1] Cfr. Ioannis Pauli PP. II (Catechesi Tradendae CTR 47).






AUX MEMBRES DU BUREAU CENTRAL POUR L'ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE AU PAYS-BAS

Vendredi, 17 octobre 1980


Monsieur le Directeur,
Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureux qu’une occasion s’offre à moi de rencontrer ici les membres du Bureau central pour l’Enseignement catholique aux Pays-Bas, avec les représentants de l’Association des Professeurs catholiques.

D’abord, je vous remercie de cette visite au Pape: elle exprime votre souci de vivre vos responsabilités d’enseignants chrétiens en union avec le Successeur de Pierre et, dans sa personne, avec l’Eglise universelle. Permettez-moi d’y voir un signe de l’importance que vous attachez à ce que votre action éducative dans votre pays se situe dans un horizon plus large, celui de l’engagement éducatif de l’ensemble de l’Eglise et de ses enseignants en faveur de la jeunesse d’aujourd’hui et de l’humanité de demain.

Vous commémorez le soixantième anniversaire de ce Bureau: je félicite tous ceux qui ont pris une part méritante à la promotion de cet enseignement et je forme les meilleurs voeux pour l’avenir de celui-ci et pour sa qualité éducative, au plan humain et spirituel.

Vous savez combien l’Eglise encourage la responsabilité des laïcs dans la formation des jeunes à la lumière de la foi. Et l’un des terrains privilégiés de cette formation demeure l’école catholique. En soulignant son “importance considérable”, le Concile Vatican II [1] n’a fait que reprendre une conviction et une pratique constantes de l’Eglise. Aux Pays-Bas les catholiques l’ont bien compris et mis en oeuvre avec une grande ampleur. Ils ont bénéficié pour cela d’un système scolaire qui sauvegarde, d’une façon que l’on pourrait considérer comme exemplaire, la liberté des parents dans le choix de l’école de leurs enfants selon leur conscience [2].

Chaque fois que l’Eglise met en relief l’intérêt et le bienfait de l’enseignement catholique, elle suppose évidemment que celui-ci soit en mesure de réaliser ses buts: créer une atmosphère animée d’un esprit évangélique de liberté et de charité, permettre aux jeunes de développer leur personnalité humaine et leur être de baptisés, en faisant que la connaissance qu’ils acquièrent graduellement du monde, de la vie et de l’homme soit illuminée par la foi [3]. Autrement dit, ces écoles doivent pouvoir proposer une véritable éducation religieuse adaptée aux situations diverses des élèves. La catéchèse - catholique pour les catholiques - est l’un des temps forts essentiels de cette formation chrétienne, comme le rappelait avec vigueur l’Exhortation apostolique “Catechesi Tradendae” [4]. “Le caractère propre et la raison profonde de l’école catholique, ce pour quoi les parents catholiques devraient la préférer, c’est précisément la qualité de l’enseignement religieux intégré dans l’éducation des élèves”.

Une telle éducation suppose un bon nombre de conditions dont je suis sûr que vous vous préoccupez: esprit profondément chrétien de l’école et de son projet éducatif, élaboré avec le concours des professeurs et des parents; compétence, savoir pédagogique, foi et esprit apostolique des maîtres. Oui, “apostolique”, car il s’agit d’un véritable apostolat, capital pour la qualité morale et la foi des nouvelles générations. Vous participez, en ce sens, au travail pastoral de l’Eglise, pour lequel les conclusions du Synode particulier des Evêques des Pays-Bas [5], ont vivement encouragé les laïcs.

De la même manière, je vous donne mes encouragements. Je connais bien les diíficultés que vous rencontrez dans votre travail difficile et délicat et j’apprécie l’engagement généreux avec lequel vous vous employez personnellement à donner aux jeunes le meilleur de vous-mêmes. Je prie Dieu de rendre fructueuse votre activité au service de l’enseignement catholique, pour que celui-ci garde toute sa place, sa place spécifique, dans l’éducation humaine et chrétienne de la jeunesse de votre cher pays, et qu’il corresponde toujours mieux à sa vocation. De tout coeur, je vous bénis, et avec vous, je bénis vos collègues et chacune de vos familles.



 [1] (Gravissimum Educationis GE 8).
 [2] Cfr. ibid. (GE 6).
 [3] Cfr. ibid. (GE 8).
 [4] Ioannis Pauli PP. II (Catechesi Tradendae CTR 69).
 [5] Cfr. Synodi Particulari Episcoporum Nederlandie Enuntiata ultima, 33, 43 et 44, die 31 ian. 1980: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, III, 1 (1980) 261, 265 et 266.

 

AUX REPRÉSENTANTS DE L'ASSOCIATION DES JOURNALISTES EUROPÉENS

Samedi, 25 octobre 1980



Mesdames, Messieurs,

C’est avec une joie toute particulière que j’accueille les représentants de l’Association des journalistes européens en cette année dédiée au grand apôtre et patron de l’Europe, saint Benoît. Pour votre XVIIIème Congrès international, vous vous êtes réunis dans cette cité de Rome, dont la vocation européenne a pu favoriser et même inspirer les travaux de votre assemblée.

Vous êtes engagés dans la formation de l’opinion publique des pays européens, et c’est là une belle et lourde responsabilité. Vous êtes bien conscients des énormes difficultés d’ordre politique, économique, social et surtout humain, que l’idéal de l’unité de l’Europe rencontre pour sa réalisation. Ce continent comprend un grand nombre de communautés nationales et pourrait donc bénéficier de toute la richesse de leurs cultures propres, dans le respect de chacun; mais il reste marqué par les oppositions et les luttes que ces États ont eues entre eux, en exaspérant leurs divergences politiques, idéologiques ou religieuses, ou en voulant conquérir par la force des intérêts particuliers. Aussi cette longue histoire ne facilite pas la tâche de ceux qui voient dans l’unité de l’Europe le moyen de réaliser la compréhension et la fraternité des peuples qui la composent et de contribuer ainsi à la paix du monde.

On doit reconnaître que, malgré les grands pas accomplis, l’inspiration prévoyante et généreuse de tant de pionniers, hommes et femmes, qui ont consacré leur temps et leurs peines à l’idéal de l’Europe, n’a pas encore trouvé sa pleine réalisation. Mes prédécesseurs, depuis l’époque de Benoît XV, n’ont pas manqué d’y apporter leurs encouragements et leurs exhortations, comme vient de le rappeler votre Président que je remercie vivement de ses propos élevés. En reprenant ce que disait Paul VI aux Directeurs des journaux des pays membres de la Communauté économique le 17 avril 1967, je rappelle que la mission du Pape n’est pas de présenter la meilleure formule politique ou économique pour réaliser l’union des peuples de l’Europe: “Notre mission est autre: elle est d’ordre moral et spirituel. Mais c’est justement à la lumière des principes d’ordre supérieur qu’apparaît avec le plus d’évidence le caractère néfaste des divisions et des oppositions entre les hommes et les peuples. C’est à la lumière des exigences profondes de la nature humaine et de la vie en société que se manifeste le mieux la nécessité pour les hommes de se rapprocher, de s’aimer, d’unir leurs efforts pour réaliser enfin ce monde fraternel et vraiment humain auquel, consciemment ou non, tous les hommes et tous les peuples aspirent profondément” [1].

Et tout le monde sait, à ce propos, que l’Europe peut trouver dans ses traditions les valeurs humaines, morales et spirituelles qui garantissent la signification de l’existence personnelle, le sens du travail, des rapports familiaux, le respect de l’homme, de ses droits, de sa liberté, de sa destinée, la dynamique du pardon et de la fraternité... L’Église a souvent glorifié cette année la contribution originale de saint Benoît de Nursie à cette civilisation, au point qu’il serait superflu d’y insister à nouveau devant vous. Je souhaite du moins que vous sachiez toujours mettre en relief ces valeurs spirituelles que l’Europe a puisées dans le christianisme ou développées dans sa sphère, mais qui sont le patrimoine de la nature humaine, de tous les hommes de bonne volonté. L’Europe doit en donner le témoignage au monde; sans ces valeurs en tout cas, sa construction serait fragile et, j’ose le dire, vouée à l’échec.

Mais il est très opportun que votre Congrès ait étudié aussi avec l’aide de spécialistes, les problèmes d’ordre politique, monétaire, agricole, énergétique, qui expriment concrètement la solidarité dans les soucis de la vie quotidienne et qui contribuent à rendre l’entente et l’union réalistes et efficaces, surtout depuis que l’élection du Parlement européen au suffrage universel et direct fournit de nouvelles possibilités d’orientations communes.

Il vous appartiendra dès lors de contribuer à cette progression en utilisant les instruments - à vrai dire assez puissants - qui vous sont propres: journaux, radio, télévision: vous développerez ainsi les conclusions de votre Congrès d’une manière relativement facile à saisir pour la grande masse des hommes et des femmes concernés, et en particulier des jeunes. Votre tâche en ce domaine, comme d’ailleurs dans tous ceux qu’abordent les mass media, est déterminante pour la maturation et le sens de responsabilité de l’opinion publique, à la mesure même dont vous saurez à la fois communiquer les données réelles et proposer vos convictions sur la réalisation idéale de l’Europe.

Tout récemment encore, le 25 septembre, j’avais l’occasion, devant les congressistes de l’Union internationale de la presse catholique, de souligner les valeurs de la communication: “Ecoute, information réciproque, échange, communion, participation, engagement au service des autres, bref tout ce qui va faire que les hommes se connaissent mieux, s’apprécient mieux et collaborent mieux” [2].

Votre attention est centrée en particulier sur la construction actuelle de l’unité européenne, mais vous ne pouvez manquer d’élargir votre vision à un horizon plus vaste. Votre espoir, comme celui de beaucoup d’Européens, est de voir ce continent entier trouver sa solidarité et son union dans une Communauté des peuples européens qui ont déjà en commun tant de traditions culturelles et chrétiennes. Et ce voeu trouve un début de réalisation, ou plutôt une étape, dans le fait que de nouveaux pays de l’Europe accéderont prochainement à la Communauté à laquelle vous venez de consacrer vos travaux.

La Communauté économique européenne a en outre des liens économiques avec presque une soixantaine de pays de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique - je pense spécialement à la deuxième Convention de Lomé -, et cela peut apparaître comme une forme intéressante de compréhension et de solidarité envers les pays du tiers-monde. Il faut sans doute souhaiter que ce type de liens soit étendu à d’autres pays plus défavorisés du monde, avec lesquels d’ailleurs la Communauté a déjà commencé des accords d’association.

Là encore, avec vos moyens de communication, vous pouvez beaucoup pour faire comprendre les valeurs culturelles et spirituelles de ces pays et leurs exigences majeures dans le domaine social et économique. Votre compétence, votre loyauté et votre esprit de service permettront d’apporter une contribution précieuse, même aux hommes politiques qui sont chargés de tâches si complexes.

En un mot, vous aurez aidé à l’édification de l’homme qui est finalement le but de votre travail, de l’homme dont les droits sont inséparables des droits de Dieu.

Je souhaite que la grâce de Dieu vous inspire et vous assiste, et je prie le Seigneur de bénir vos personnes, vos familles, vos collègues et vos chers pays.

 [1] Cfr. Insegnamenti di Paolo VI, V (1967) 739.
 [2] "L'Osservatore Romano", die 26 sept. 1980.

 
Novembre 1980




À LA COMMISSION "FOI ET CONSTITUTION" DU CONSEIL OECUMÉNIQUE DES ÉGLISES

Lundi, 3 novembre 1980



Chers Frères dans le Christ,

Soyez les bienvenus. Mon salut cordial va à chacune de vos personnes; il va aux collègues qui travaillent habituellement avec vous; il va aux chrétiens des Églises que vous représentez. Béni soit le Seigneur qui vous a rassemblés et qui vous permet déjà d’oeuvrer ensemble, avec loyauté, pour mieux scruter son dessein sur son Église et sur le salut du monde, et pour l’exprimer de la meilleure façon.

Je suis heureux de vous recevoir aujourd’hui et d’avoir l’occasion de vous dire précisément tout l’intérêt que je porte à votre travail. En étudiant ensemble le baptême, l’Eucharistie et le ministère, non seulement vous traitez de réalités qui sont au coeur du mystère de l’Église et de sa structure, mais aussi vous abordez des questions qui furent sinon la cause de nos divisions, du moins parmi les principaux sujets sur lesquels s’élevèrent des oppositions. Or il ne peut y avoir de vrai et durable rétablissement de l’unité sans que nous parvenions à dire ensemble clairement notre foi dans ces aspects du mystère sur lesquels nous nous sommes opposés les uns aux autres. La question du ministère demeure certainement une question-clef pour le rétablissement de la pleine communion.

Comme je le disais le 31 mai dernier à Paris, nous sommes tous appelés à apporter notre contribution au service de l’homme. “Mais, aujourd’hui plus que jamais peut-être, le premier service à rendre a l’homme est de témoigner de la vérité, de toute la vérité”, “en confessant la vérité dans l’amour”. “Nous ne devons pas avoir de cesse que nous ne soyons de nouveau capables de confesser ensemble toute la vérité”.

Votre effort humble, fraternel, persévérant a déjà obtenu des résultats pour lesquels nous rendons grâce à celui qui nous est donné pour nous guider dans la vérité tout entière. Il faut continuer. Il faut arriver au but. Il reviendra à l’autorité ecclésiastique compétente d’examiner ces résultats. Mais déjà cet effort est un important témoignage qu’ensemble vous rendez au Christ, au mystère de son Église. Je vous en remercie, en vous assurant de ma sympathie et de ma prière pour que de tels travaux s’approfondissent encore et portent des fruits pleinement conformes à la volonté de Notre Seigneur Jésus-Christ, lequel soit à jamais béni!

Dans ces travaux, il vous faut scruter l’Écriture; il vous faut regarder comment les chrétiens, depuis l’origine, avec leurs Pasteurs, ont reçu cet enseignement, l’ont interprété, non seulement au plan intellectuel, mais au plan existentiel, dans leur vie de chaque jour, dans leur profession de foi, dans leurs institutions; comment cet enseignement a suscité une vie spirituelle plus intense. Mais avant tout, il nous faut tous et sans cesse nous mettre à la disposition de Dieu, à la recherche de sa volonté, dans une prière ardente, qu’il est bon d’élever vers Dieu en commun. Voulez-vous que nous priions ensemble, selon les paroles du Seigneur?

Notre Père qui es aux cieux, / que ton nom soit sanctifié, / que ton règne vienne, / que ta volonté soit faite / sur la terre comme au ciel. / Donne-nous aujourd’hui / notre pairie de ce jour. / Pardonne-nous nos offenses, / comme nous pardonnons aussi / à ceux qui nous ont offensés. / Et ne nous soumets pas à la tentation, / mais délivre-nous du mal.

Amen.


  À LA "CONFÉDÉRATION FISCALE EUROPÉENNE"

Vendredi, 7 novembre 1980


Mesdames,
Messieurs,

J’ai été touché du désir que vous avez manifesté de me rencontrer à l’issue de votre Congrès. Et j’apprécie maintenant la façon dont vous évoquez vos tâches professionnelles et l’idéal qui vous anime. Soyez-en remerciés. Je vous souhaite une cordiale bienvenue.

Je comprends que les domaines d’intervention des Conseils fiscaux sont très étendus, aussi bien auprès des contribuables de toute sorte qu’auprès des administrations des organes nationaux ou internationaux, et que les modalités en sont très complexes. Je forme les meilleurs voeux pour l’accomplissement de votre noble profession qui s’articule sur le droit. Je pense que trois maîtres mots pourraient en résumer les exigences: l’équité, la liberté, le bien commun.

D’abord l’équité dans la répartition des impôts et des prestations. La collectivité assumant de plus en plus des services sociaux - soit à la demande des individus, soit parce que tel est le système politique ou économique -, se pose partout le problème d’une plus large participation aux charges communes, et il faut avouer que l’imposition légale et juste est chose difficile. Aucune société ne peut se vanter de l’avoir assez bien résolue. Depuis le temps où la collecte des impôts était confiée à la liberté des publicains - qui avaient en ce domaine une bonne marge d’initiative - jusqu’à l’époque actuelle, un long chemin a été parcouru. Aujourd’hui ce sont des dispositions juridiques et des instances administratives qui jouent ce rôle, avec un visage peut-être plus rigoureux et plus anonyme. Vous, par contre, vous veillez à ce que les individus, tout en remplissant leurs devoirs à leur égard, ne soient pas victimes d’injustices dans le prélèvement de l’impôt: vous les aidez à protéger et à garantir leurs droits, avec toute la compétence juridique qui est la vôtre. Cela ne peut se faire que dans un climat de liberté, auquel vous êtes justement attachés. La liberté, en ce domaine, consiste en ce que les individus et les corps intermédiaires aient la possibilité de faire valoir leurs droits et de les défendre, face aux autres administrations et surtout à celles de l’État, selon des procédures permettant un arbitrage ou un jugement prononcé en conscience, conformément aux lois établies, et donc en toute indépendance du pouvoir. C’est un idéal qu’il faut souhaiter à tous les pays.

Enfin, cela ne contredit pas le sens du bien commun et des devoirs en face de la collectivité et de l’Etat, qui doivent être promus en même temps. “Rendez à César ce qui est à César”, disait déjà le Christ, même si c’était pour ajouter: “et à Dieu ce qui est à Dieu”. Les citoyens, qui doivent être défendus dans leurs droits, doivent en même temps être éduqués à prendre leur juste part des charges publiques, sous forme de taxes ou d’impôts, car c’est aussi une forme de justice, lorsque l’on bénéficie des services publics et des multiples conditions d’une vie paisible en commun; et c’est également une forme équitable de solidarité envers les autres membres de la communauté nationale ou internationale, ou envers les autres générations. Mais ces obligations ont besoin, là encore, d’une protection légale.

Bref, il y a un juste équilibre entre droits et devoirs des citoyens contribuables, entre leur liberté individuelle et le bien commun, entre les corps intermédiaires et l’État, et donc un dialogue libre entre les individus et l’administration, qu’il faut sans cesse chercher à réaliser au mieux. C’est un problème d’éducation, un problème de vigilance, un problème de justice. Puissiez-vous, comme Conseillers fiscaux, y apporter une heureuse contribution! Et puisse votre Confédération étendre son effort d’harmonisation entre les droits fiscaux nationaux pour aboutir à une pratique plus équitable de la fiscalité au sein des pays européens. Cela fait aussi partie du progrès à réaliser dans ce continent.

Que Dieu vous assiste dans cette oeuvre de conseil et de justice. Qu’il vous bénisse et qu’il bénisse chacune de vos chères familles!



AU Vème CONGRÈS INTERNATIONAL DE LA FAMILLE

Samedi, 8 novembre 1980




Mesdames,
Messieurs,

1. C’est une joie pour moi d’accueillir tant de familles de divers pays, au lendemain du Synode consacré aux tâches de la famille. Vous êtes les bienvenus dans cette maison qui vous a déjà accueillis plusieurs fois.

Vous êtes des chrétiens et des chrétiennes convaincus, décidés à promouvoir et à soutenir la famille comme le lieu premier et naturel de l’éducation. Vous nourrissez cette conviction dans une foi solide et à la lumière des enseignements de l’Église: là-dessus, les textes du Concile Vatican II sont de nature à guider au mieux votre réflexion et votre action. Vous développez un certain nombre d’initiatives de grande envergure pour aider les parents dans leur rôle éducatif, en les invitant à approfondir leur formation à ce sujet, en faisant appel au meilleur d’eux-mêmes et aux conseils d’experts compétents. Pour assurer un témoignage et une collaboration plus efficaces et plus universels, vous avez constitué depuis deux ans la Fondation Internationale de la Famille.

A cette époque, j’avais eu l’occasion d’évoquer devant vous tout ce qui peut concourir à l’éducation humaine et chrétienne dans la famille. Le récent Synode des Évêques a longuement traité ce thème et le message final des Pères s’en est fait l’écho, au point que je n’ai pas besoin ce matin d’y revenir dans le détail.

2. Pour ce cinquième Congrès, vous avez étudié le thème: “La famille et la condition de la femme”. Une partie notable était réservée aux conférences tenues par des femmes expertes, sur des sujets où elles peuvent parler par expérience.

Je me réjouis beaucoup que vous ayez abordé ce sujet capital et délicat, car il mérite d’être traité en profondeur, avec sagesse, réalisme et sans crainte. Non seulement notre civilisation y est très sensible, parfois hypersensible, mais cela correspond à un réel besoin, car les bouleversements de la vie sociale et le mouvement des idées suscitent en ce domaine beaucoup de remises en question et de passions. En fait, Dieu merci, beaucoup de femmes ont pleinement épanoui leurs dons dans le concret de leur vie et ont suscité l’épanouissement de leur entourage; nous en avons eu de merveilleux témoignages au Synode. Mais un certain nombre de femmes éprouvent à juste titre le besoin d’être mieux reconnues, dans leur dignité de personne, dans leurs droits, dans la valeur des tâches qui sont habituellement les leurs, dans leur aspiration à réaliser pleinement leur vocation féminine au sein de la famille mais aussi dans la société. Certaines sont lasses et quasi écrasées par tant de soucis et de charges, sans trouver suffisamment de compréhension et d’aide. Certaines souffrent, regrettent d’être reléguées dans des tâches qu’on leur dit secondaires. Certaines sont tentées de chercher une solution dans des mouvements qui prétendent les “libérer”, encore qu’il faudrait demander de quelle libération il s’agit et ne pas appeler de ce mot l’affranchissement de ce qui fait leur vocation spécifique de mère et d’épouse, ni l’imitation uniformisant de la façon dont le partenaire masculin se réalise. Et pourtant, toute cette évolution et cette ébullition manifestent bien qu’il y a une authentique promotion féminine à poursuivre, à maints égards. La famille bien sûr, mais aussi toute la société et les communautés ecclésiales ont besoin des contributions spécifiques des femmes.

3. Il est donc capital de commencer par réconforter la femme en approfondissant un certain nombre de considérations: son égalité foncière de dignité avec l’homme dans le plan de Dieu, comme l’a fait le Synode et comme je m’y attarde chaque mercredi; ce qui la qualifie comme personne humaine au regard de l’homme pour vivre dans une communion personnelle avec lui; sa vocation de fille de Dieu, d’épouse, de mère; son appel à participer de façon libre et responsable aux grandes tâches d’aujourd’hui, en y apportant le meilleur d’elle-même; et, pour cela, sa capacité et son devoir d’atteindre la pleine maturation de sa personnalité: apprentissage des compétences, formation à l’esprit de service, approfondissement de sa foi et de sa prière, dont elle fera bénéficier les autres.

Vous avez raison d’envisager les multiples possibilités de la contribution qualifiée de la femme dans les divers secteurs de la vie sociale et professionnelle, où sa présence serait si bénéfique pour un monde plus humain et où elle-même trouverait un surcroît d’épanouissement de ses dons, surtout à certaines époques de sa vie. Le problème demeure ouvert, et il offre, dans chaque pays, l’occasion de beaucoup de débats sur les modalités pratiques quand il s’agit du travail de la femme hors de son foyer. Beaucoup d’aspects entrent ici en jeu. Il faut les envisager sereinement. Sans traiter davantage aujourd’hui cette affaire complexe, nous devons quand même tenir compte de deux autres considérations.

4. Il faut veiller à ce que la femme ne soit pas, pour des raisons économiques, astreinte obligatoirement à un travail trop lourd et à un horaire trop chargé qui s’ajoutent à toutes ses responsabilités de maîtresse du foyer et d’éducatrice de ses enfants. La société, disions-nous en fin de Synode, devrait faire l’effort de s’organiser autrement.

Mais surtout, et votre Congrès semble l’avoir bien souligné, il faut bien considérer que les engagements de la femme à tous les niveaux de la vie familiale constituent aussi une contribution hors pair à l’avenir de la société et de l’Eglise, et qui ne saurait être négligée sans grand dommage pour celles-ci comme pour la femme elle-même, qu’il s’agisse des conditions entourant la maternité, de l’intimité nécessaire avec les petits, de l’éducation des enfants et des jeunes, du dialogue attentif et prolongé avec eux, du soin à apporter aux multiples nécessités du foyer, pour que celui-ci demeure accueillant, agréable, réconfortant sur le plan affectif, formateur au plan culturel et religieux. Qui oserait nier que, dans bien des cas, la stabilité et la réussite de la famille, son épanouissement humain et spirituel doivent beaucoup à cette présence maternelle au foyer.

C’est donc un authentique travail professionnel qui mérite d’être reconnu comme tel par la société; il faut d’ailleurs appel au courage, à la responsabilité, à l’ingéniosité, à la sainteté.

Il s’agit donc d’aider les femmes à prendre conscience de cette responsabilité et de tous les dons de féminité que Dieu a mis en elles, pour le plus grand bien de la famille et de la société. Il faut aussi penser aux femmes qui souffrent de frustrations ou de conditions précaires, pour les aider à l’entraide de leur entourage.

5. Enfin, chers amis, ce que vous essayez de faire au sein de la Fondation que vous avez constituée, beaucoup d’autres associations ou de mouvements familiaux cherchent aussi à le réaliser, d’une façon complémentaire. Par ailleurs, la famille, cellule de la société et “Eglise domestique”, n’est pas un but en soi, elle doit permettre d’introduire peu à peu les jeunes dans des communautés éducatives plus larges. C’est dire que toutes les initiatives en ce domaine ne doivent pas s’ignorer, encore moins se fermer sur elles-mêmes, mais oeuvrer dans le même sens, en union confiante avec les Pasteurs de l’Église, afin que les familles jouent pleinement leur rôle et intègrent le dynamisme de leurs richesses dans la vie pastorale et l’apostolat des communautés chrétiennes et dans le témoignage prophétique à donner au monde.

Que vos familles, dans la joie comme dans l’épreuve, soient un reflet de l’amour de Dieu! Que la Vierge Mère, contemplée et priée au sein de chaque famille chrétienne, vous conduise sur le chemin de son Fils et vous ouvre aux lumières et à la force de l’Esprit-Saint, dans la paix! Je bénis de grand coeur tous les membres de vos familles, maris et femmes, enfants et jeunes, grands-parents.

Et je bénis aussi les couples qui vous sont chers et qui comptent sur votre témoignage.

 

Discours 1980 - Vendredi, 10 octobre 1980