Discours 1981 - Jeudi, 2 avril 1981


À LA COMMISSION DES PROGRAMMES DE RADIO DE L'UNION EUROPÉENNE DE RADIODIFFUSION

Vendredi, 3 avril 1981




Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,



1. JE VEUX TOUT D’ABORD VOUS souhaiter la plus cordiale bienvenue dans cette maison, à vous qui avez entrepris il y a quelques jours, au sein même de la Cité du Vatican, les travaux de la trente-quatrième session ordinaire de la Commission des Programmes de Radio de l’Union Européenne de Radiodiffusion. Vous êtes les hôtes appréciés d’un minuscule Etat, la Cité du Vatican, minime expression territoriale d’une souveraineté dont le but principal est d’assurer la pleine autonomie à l’exercice d’une autorité spirituelle, le Saint-Siège, centre et coeur d’une communauté pacifique de croyants qui ne connaît pas de frontières mais qui les réunit tous dans une même foi. Le Siège Apostolique se place au-delà de toute diversité d’idéologie, mais en même temps il nourrit, comme il l’a toujours fait, un profond respect pour la grande variété des cultures dans lesquelles s’incarne le message évangélique chez les divers peuples, et il est ouvert à toute forme de collaboration fructueuse avec les chrétiens d’autres confessions, avec les croyants d’autres grandes religions et avec tous les hommes de bonne volonté.

Je ne puis relever sans satisfaction une certaine correspondance, sur un plan différent il est vrai, avec les buts de l’Union que vous représentez si dignement ici. Celle-ci, en effet, est une organisation internationale non gouvernementale, ouverte à tous les organismes de radiodiffusion de service public de l’Europe entière et même du bassin méditerranéen, comportant de nombreux membres associés d’autres zones géographiques et ayant des liens étroits avec les Unions régionales créées par la suite dans d’autres parties du monde. Votre association se propose d’assurer à ses membres, tout en respectant pleinement leur autonomie, le réseau le plus vaste possible de services dans le domaine de la technologie la plus avancée, des informations de tous genres et des échanges de programmes. Vous favorisez ainsi le développement des organismes nationaux de radiodiffusion qui trouvent, dans cette ambiance de collaboration internationale, une aide efficace pour leur tâche ardue: celle de répondre aux exigences et aux défis toujours nouveaux imposés à la radiodiffusion par les développements rapides qui se réalisent continuellement à notre époque.



2. L’Eglise catholique regarde avec un vif intérêt, avec respect et sympathie ceux qui travaillent dans le domaine des mass media, tout en se montrant exigeante et soucieuse en ce qu’elle attend d’eux. Le Concile Vatican II a voulu consacrer aux instruments de communication sociale le décret “ Inter Mirifica ”, dont le thème a été ensuite développé par l’Instruction pastorale “ Communio et Progressio ”, rédigée par la Commission pontificale pour les Communications Sociales. Son titre comporte déjà en lui-même une vision confiante de ce qu’on attend des instruments de communication sociale, sans qu’on oublie pour autant les obstacles nombreux et de poids qui s’opposent à la réalisation de ce noble but. Une section de cette Instruction est consacrée spécialement aux transmissions de la radio et de la télévision [1].



3. en anglais…

4.

[1] Cfr. Pontifici Consilii Instrumentis Communicationis Socialis Praepositi Communio et Progressio, 148-157.
[2] Ioannis Pauli PP. II Allocutio ad operatores communicationis socialis in urbe «Hiroshima» habita, die 25 febr. 1981: vide supra, pp. 538-539.

 


AUX ELÈVES DE "L'ÉCOLE ROYALE DES CADETS" DE BRUXELLES

Samedi, 4 avril 1981




Chers amis,



A l'occasion de votre bref séjour à Rome, vous avez manifesté le désir d’être accueillis dans la maison du Père commun de tous les fidèles catholiques. Je suis heureux de pouvoir vous saluer quelques instants ce matin, et de vous encourager, vous qui êtes à l’âge où se prennent les grandes orientations d’avenir, à vous renouveler dans votre foi chrétienne, à l’approfondir.

Oui, une des tâches des jeunes, dans notre société sécularisée, est de rejeter le conformisme et le respect humain pour retrouver un véritable état d’esprit chrétien, c’est-à-dire une manière de comprendre et soi-même et le monde à la lumière de l’Evangile. Un tel comportement entraîne nécessairement un mode de vie souvent austère, mais dynamique, cohérent avec la foi et supérieurement épanouissant au vrai sens du mot.

Comme le dit saint Paul, il nous faut “ être renouvelés par la transformation spirituelle de l’intelligence ” qui est l’oeuvre du Saint-Esprit, qui introduit dans le mystère du Seigneur Jésus-Christ et de son Eglise. Car on ne peut les séparer: la médiation de l’Eglise est nécessaire pour connaître le Christ et vivre de sa vie.

Je souhaite que votre séjour à Rome vous permette de découvrir très concrètement quelques aspects de cette réalité vivante de l’Eglise à travers les lieux sanctifiés par les apôtres Pierre et Paul, les martyrs et tant de saints. Puissiez-vous découvrir que le Seigneur a vraiment donné à son Eglise les paroles de la vie éternelle!

Voici quelques-uns des voeux que je forme pour vous, chers amis, en ce temps de carême, qui invite à une révision de vie salutaire. Je recommande au Seigneur vos personnes et votre avenir, que je souhaite toujours et totalement fondé sur le sens du service. A vous-mêmes, aux membres de votre Ecole Royale des Cadets et particulièrement aux membres de son encadrement qui vous accompagnent, et à toutes vos familles, je donne de grand coeur la Bénédiction Apostolique.

 

AUX JEUNES DU DIOCÈSE DE ROUEN

Lundi, 13 avril 1981




Chers Amis du diocèse de Rouen!

Vous êtes les bienvenues. Je suis toujours heureux de rencontrer des jeunes qui décident de réfléchir et de prier ensemble, à la lumière de l’Evangile, et de le faire en Eglise, avec leur Archevêque, avec leurs prêtres, avec les religieuses et les aînés qui les aident dans leur foi.

Vous venez d’Assise. Vous avez mis vos pas dans ceux de saint François: il a su répondre à l’appel du Christ avec un amour et une disponibilité qui continuent à nous émerveiller. Pour lui, l’Evangile, et en particulier celui des Béatitudes, n’est pas resté un beau texte, ni même un idéal, mais il signifiait des attitudes à réaliser très concrètement, presque à la lettre. Parce qu’il a été un témoin hors pair du Christ, il a suscité dans l’Eglise un mouvement spirituel que beaucoup n’osaient plus espérer. Avec François d’Assise, devenez des disciples du Christ.

Mais en même temps, vous savez comment François, très différent en cela d’autres personnes qui avaient des velléités de réforme de l’Eglise, a toujours tenu à articuler son action et sa prédication sur le ministère des prêtres, des Evêques et du Pape, de ceux qui ont été constitués Pasteurs par l’Esprit Saint pour construire l’Eglise, la guider, l’aider à être fidèle et unie autour du Christ, son chef invisible. C’est dans l’Eglise que nous recevons la véritable foi, les sacrements du Christ et le discernement de ce qui est véritablement chrétien. Je vous félicite donc de terminer votre retraite par la rencontre avec le Successeur de Pierre, chargé, comme le premier Apôtre, d’affermir ses frères dans la foi.

Nous commençons la Semaine Sainte, où nous allons suivre pas à pas le Christ: il nous donne son testament, celui du plus grand amour; il offre sa vie, pour que nous soyons pardonnés et renouvelés par son Esprit; de là surgissent les sacrements qui vont régénérer l’Eglise, celui de la réconciliation et celui de l’Eucharistie; il ressuscite dans la gloire qui sied au Fils unique de Dieu, et à laquelle il nous fera participer. Vivons intensément ces grands moments liturgiques. C’est aussi toute la vie du monde actuel, avec ses épreuves et ses joies, qu’il nous faut associer à la Pâque du Sauveur. Je souhaite que chacun de vous écoute l’appel que le Christ vous adresse, pour votre vie chrétienne, et pour la vocation particulière qui vous est destinée au service humain ou au service spirituel de vos frères. Priez aussi pour moi. De tout coeur, avec votre Archevêque, je vous bénis au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

                                  Mai 1981



AUX JEUNES ET AUX ÉDUCATEURS DES ÉCOLES CATHOLIQUES DE LA RÉGION DE MARSEILLE

Vendredi, 8 mai 1981


Chers jeunes,
Chers éducateurs et parents de tous ces jeunes,



Vous venez donc des écoles et des collèges catholiques de la région d’Aix-en-Provence et de Marseille. Je sais également que vous avez préparé avec enthousiasme ce pèlerinage d’approfondissement de votre foi. Après deux jours passés à Rome sur les traces toujours émouvantes des Apôtres Pierre et Paul, martyrisés dans cette Ville, vous partirez vers Assise sur les pas de saint François, le saint qui préféra le Christ à toutes les richesses. Je vous souhaite de vivre ces journées spirituelles avec une totale disponibilité de coeur et d’esprit. Elles constituent un événement – à la fois simple et mystérieux – à travers lequel Dieu vous appelle tous et chacun, d’une manière unique et nouvelle, à Le suivre de plus près dans vos situations quotidiennes précises et naturellement diverses. Je prie pour que ce passage du Seigneur dans votre vie porte des fruits abondants, et éveille aussi des vocations au sacerdoce ou à la vie religieuse.

Tout en me réjouissant avec vous de votre appartenance à l’enseignement catholique, je ne puis en cette brève et sympathique rencontre faire un exposé, même succinct, sur le bien-fondé des institutions catholiques d’enseignement. Le Concile Vatican II a exprimé avec autorité et clarté les positions de l’Eglise à ce sujet. Mon cher prédécesseur, Paul VI, y a souvent fait écho. D’autre part, l’Episcopat de votre pays et plusieurs Congrès nationaux ont éclairé et soutenu les responsables et les tenants de l’Ecole catholique, moyen d’évangélisation. En ce moment, je voudrais seulement – et de tout coeur – encourager chacun d’entre vous à se vouloir rendre davantage responsable du climat évangélique de la communauté scolaire chrétienne qui est sienne. C’est une question extrêmement sérieuse, il y va de la crédibilité de l’enseignement catholique.

L’Evangile, qui ne dit évidemment rien d’une stratégie éducative, ni de son programme, ni de ses méthodes, doit cependant être ou devenir la référence constante de toute école catholique.

L’Evangile est en effet la source révélée de la vérité sur Dieu et sur l’homme. L’originalité et l’identité de l’école catholique, en même temps que son dynamisme authentique sont liés à l’accueil et à l’intégration de cette lumière dans la vie concrète de la communauté scolaire et de tous ses membres. Pratiquement, interrogez-vous souvent et aidez vos écoles à s’interroger sur la recherche loyale de Dieu et l’approfondissement du contenu de la foi, soit dans le cadre même des établissements soit à l’occasion de week-ends spirituels, de retraites, de pèlerinages. De même, laissez l’Evangile tester en quelque sorte tout ce qui est vécu à longueur de temps dans vos écoles: les relations interpersonnelles, l’accueil des enfants déficients ou handicapés, le sérieux du travail, l’entraide scolaire fraternelle et loyale, le partage des responsabilités, l’ouverture aux problèmes de notre époque, etc.

Ce sont toutes ces valeurs de foi et d’éducation qui construisent jour après jour vos personnalités individuelles et façonnent le visage évangélique de vos communautés scolaires respectives. Ce sont elles qui vous conduiront, le temps venu, à assumer des responsabilités plus importantes dans la société et dans l’Eglise.

Je suis heureux de vous bénir au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.



                         Juillet 1981



MESSAGE TÉLÉVISÉ DE JEAN-PAUL II AUX MALADES RASSEMBLÉS PRÈS LA GROTTE DE LOURDES

Polyclinique Gemelli (Rome), Mardi 21 juillet 1981


Chers malades,
chers handicapés,
chers infirmes du Congrès Eucharistique,



Ma pensée affectueuse et ma prière rejoignent l'ensemble des congressistes, près de la grotte de Lourdes, mais vous-mêmes à un titre tout spécial.

Lourdes est le haut lieu où les malades venus du monde entier sont toujours au premier rang, servis par leurs frères bien portants, pour présenter leur épreuve à la compassion de notre Mère, la Vierge Marie, à la miséricorde du Christ Jésus, et repartir avec le réconfort qui vient de Dieu.

Vous êtes au coeur du Congrès qui célèbre la présence réelle du Christ sous l'humble signe du pain, le Christ qui a souffert et offert sa Passion pour entrer dans la Vie et nous ouvrir son Royaume. Vous ne cessez jamais d'être membres à part entière de l'Eglise; non seulement vous communiez comme les autres au Corps du Seigneur, mais vous communiez dans votre chair à la Passion du Christ. Vos souffrances ne sont pas perdues: elles contribuent, de manière invisible, à la croissance de la Charité qui anime l'Eglise. Le sacrement de l'onction des malades vous unit spécialement au Christ, pour le pardon de vos péchés, pour le réconfort de votre âme et de votre corps, pour accroître en vous l'espérance du Royaume de Lumière et de Vie que le Christ vous promet.

Quand je rencontrais des malades, à Rome ou dans mes voyages, j'aimais m'arrêter devant chacun d'eux, les écouter, les bénir, pour leur signifier que chacun d'eux était l'objet de la tendresse de Dieu. C'est ainsi que faisait Jésus.

Dieu a permis que j'éprouve moi-même, présentement, dans ma propre chair, la souffrance et la faiblesse. Je me sens d'autant plus proche de vous. Je comprends d'autant mieux votre épreuve. «Je complète en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ, en faveur de son corps qui est l'Eglise» [1]. Je vous invite à offrir avec moi votre épreuve au Seigneur, qui réalise de grandes choses par la Croix; à l'offrir pour que l'Eglise entière connaisse, par l'Eucharistie, un renouveau de foi et de charité; pour que le monde connaisse le bienfait du pardon, de la paix, de l'amour.

Que Notre-Dame de Lourdes vous garde dans l'espérance!

Je bénis tous ceux qui vous soutiennent de leur amitié et de leurs soins, et qui reçoivent de vous un soutien spirituel.

Et je vous bénis vous-mêmes avec toute mon affection, au nom du Pêre et du Fils et du Saint-Esprit.

[1] Col 1,24.



MESSAGE TÉLÉVISÉ DE JEAN-PAUL II AU CONGRÈS EUCHARISTIQUE INTERNATIONAL DE LOURDES

Polyclinique Gemelli (Rome) Mardi, 21 juillet 1981




Chers Frères et Soeurs qui participez au Congrès eucharistique de Lourdes.

Loué soit Jésus-Christ!



Depuis la première annonce du Congrès eucharistique, je désirais ardemment y participer en personne. Je souhaitais rassembler, pour l'offrir au Christ, l'immense hommage qui monterait vers Lui de la Cité mariale. Je voulais m'associer directement à vous, pour témoigner avec quelle fermeté dans la foi, avec quel élan d'adoration, de gratitude et de joie, avec quel engagement résolu aussi, l'Eglise accueille, célèbre et garde le mémorial du Sacrifice du Seigneur, « Pain rompu pour un monde nouveau », pour le salut de ses frères. Sur place, avec vous, près de la grotte bénie, je pensais implorer de Marie, notre Mère, la Vierge Immaculée, les grâces de conversion qui correspondent à ce sacrement de l'Amour divin et sont requises pour l'avènement de ce monde nouveau, selon le message confié par elle à Bernadette Soubirous.

Je regrette vivement de ne pas être physiquement présent parmi vous. Mais la Providence m'invite à en offrir le sacrifice, comme beaucoup d'autres personnes malades ou empêchées, et à y participer sans vous voir et sans vous entendre, mais avec un coeur d'autant plus brûlant qu'il saisit mieux le prix de l'Amour du Seigneur et qu'il est sûr de votre dévotion eucharistique.

Ceux que j'aurais aimé saluer et encourager de vive voix, je les bénis avec une chaleureuse affection: vous d'abord, mes chers Frères dans l'épiscopat, réunis autour du Cardinal Bernardin Gantin que je vous ai envoyé comme Légat; vous, prêtres et diacres, ministres avec eux de la sainte Eucharistie; vous séminaristes, dont quelques-uns reçoivent à cette occasion le sacerdoce; vous, religieux, religieuses et personnes consacrées, dont l'état de vie est le signe du « monde nouveau »; vous, pères et mères de familles, laïcs délégués par vos paroisses ou vos mouvements, représentant les différents milieux de vie, les multiples pays, et la variété des âges; vous, spécialement enfants, adolescents et jeunes, si aptes à comprendre le dynamisme de l'Amour du Christ.

J'ai fait une place spéciale aux malades, si proches de la Croix. Je remercie tous ceux qui ont favorisé l'accueil des Congressistes à Lourdes. Je salue aussi nos frères et soeurs qui, tout en n'étant pas en pleine communion avec nous, ont tenu à s'associer à la réflexion et à la prière eucharistiques, en souhaitant qu'un jour nous puissions partager le même calice du Seigneur. Ma prière s'étend à toutes les communautés de l'Eglise catholique représentées à Lourdes, afin que le Christ augmente leur cohésion fervente dans la foi et la charité. Je prie spécialement pour la croissance des jeunes Eglises, en demandant pour elles le pain quotidien en même temps que le Pain de Vie. Enfin je salue avec cordialité les fils et filles de France, que je quittais l'an dernier à Lisieux sur un « au revoir », et qui accueillent chez eux, à Lourdes, le Congrès du Centenaire.

Je sais que l'ensemble du Congrès — rencontres, conférences, veillées, liturgie des heures, processions, adorations et surtout la célébration de la sainte messe — devait contribuer à vous mettre en présence du mystère eucharistique, pour en saisir les différents aspects, en célébrer les merveilles, en chercher les prolongements dans la vie. Comme disait Jésus: « Heureux vos yeux, parce qu'ils voient, heureuses vos oreilles parce qu'elles entendent! »[1]. Vous avez reconnu le Christ, réellement présent dans le sacrement inaugurant le « monde nouveau », pour lequel il a rompu le pain de son Corps et versé son Sang. Et vous avez fait en même temps l'expérience de la fraternité des fils de Dieu, du bonheur qu'on trouve à partager et à recevoir les uns des autres. Ensemble, vous avez compris que les hommes ne vivent pas seulement de pain, ni même d'amitié humaine, mais de Dieu; qu'ils sont capables de se rassembler pour toute parole et tout geste qui veulent signifier et construire le monde nouveau avec le Christ. Heureux êtes-vous!

Permettez-moi maintenant, comme successeur de Pierre, de vous adresser mon message. Je vous l'offre comme une méditation particulière sur la « fraction du pain ». Je vous le confie pour que vous le transmettiez.

L'expérience que vous avez faite ici, à Lourdes, durant ce Congrès, vous a investis d'une mission de témoins, dans l'Eglise et pour le monde. A la manière des disciples d'Emmaüs, heureux d'avoir retrouvé le Seigneur ressuscité et de l'avoir reconnu « à la fraction du pain » [2], vous allez rentrer dans vos pays, « le coeur encore brûlant » [3] des paroles entendues. Il vous appartiendra de faire comprendre autour de vous que, de nos jours encore, le Seigneur se rencontre dans « la fraction du pain », et que cette rencontre donne sens à la vie. Mon intention est maintenant de vous dire à quelles conditions, en précisant trois convictions.



1. La première est que « le monde nouveau » — dont nous trouvons un signe et une ébauche effective dans le partage, l'échange mutuel, l'hospitalité, la communauté d'idéal, la générosité à servir, l'unité de la foi et la ferveur de la charité — n'a d'autre fondement que Jésus-Christ, le Fils du Père, devenu par amour notre frère en humanité. Ce monde nouveau a été annoncé par Lui durant toute sa vie terrestre comme Royaume de Dieu; mérité par son sacrifice, inauguré par sa résurrection et le don de son Esprit. Il se construit désormais autour du Christ présent au coeur des hommes, premier-né d'entre les morts et Tête de l'Eglise [4].

Il trouvera son achèvement quand le Christ aura tout rempli de sa plénitude [5], dans l'au-delà, « terre nouvelle et cieux nouveaux »[6], dont le monde rénové aujourd'hui selon son Esprit n'est toujours que l'ébauche[7]. En définitive, l'humanité nouvelle, pour la foi chrétienne, a surgi de la Croix, et c'est là que la « fraction du pain » prend d'abord son sens: « Ceci est mon corps livré pour vous... cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang » [8].

Oui, la vraie fraction du pain, celle qui est fondamentale pour nous chrétiens, n'est autre que celle du sacrifice de la Croix. C'est d'elle que les autres dérivent et vers elle qu'elles confluent. C'est bien, en effet, pour que l'humanité ne s'enferme pas dans son refus, pour que le dernier mot n'appartienne pas à l'injustice, pour que la haine soit abolie et que s'ouvre l'histoire pour un avenir nouveau, que le Christ accepta d'être Lui-même sur la Croix la victime offerte pour le péché, pour l'incrédulité et l'injustice. C'est à cette heure-là que Lui, le Pain vivant descendu du ciel, accomplit sur notre terre la fraction du pain par excellence en étendant librement ses mains sur la Croix pour détruire la mort et conduire à la vie. Le monde nouveau dépendait de ce Sacrifice: le mur de séparation fut alors renversé; la résurrection des morts, confirmée; et, avec elle, la possibilité d'une humanité unifiée [9]. Ce sera donc la première conviction dont vous aurez à vivre et dont je vous demande de témoigner.



2. Et voici le principe qui en dérive: le sacrifice de la Croix est si décisif pour l'avenir de l'homme que le Christ ne l'a accompli et n'est retourné au Père qu'après nous avoir laissé le moyen d'y prendre part comme si nous y avions été présents. L'offrande du Christ en Croix — qui est le vrai Pain de Vie rompu — est la première valeur à devoir être communiquée et partagée. C'est pourquoi, avant de monter sur le Calvaire, le Christ voulut, dans le silence sacré du Cénacle, prendre le temps d'accomplir une fraction liturgique du pain: il la célébra avec les Douze et il leur demanda de la renouveler en sa mémoire jusqu'au jour où il reviendrait inaugurer les temps nouveaux. Sur le pain et la coupe de la première Pâque chrétienne, il fit alors les gestes et prononça les paroles qui, par le ministère de vos Evêques successeurs des Apôtres et des prêtres leurs coopérateurs, ont été renouvelés ici pour vous faire accéder au Sacrifice du Christ et, par Lui, à la résurrection qui transformera toutes choses.

Vous le savez fort bien, chers Frères et Soeurs, cette célébration eucharistique ne fait pas nombre avec le Sacrifice de la Croix; elle ne s'y ajoute pas et ne le multiplie pas. La Messe et la Croix ne sont qu'un seul et même sacrifice [10]. Néanmoins la fraction eucharistique du pain a une fonction essentielle, celle de mettre à notre disposition l'offrande primordiale de la Croix. Elle la rend actuelle aujourd'hui pour notre génération. En rendant réellement présents le Corps et le Sang du Christ sous les espèces du pain et du vin, elle rend — du même coup — actuel et accessible à notre génération le Sacrifice de la Croix, qui demeure, dans son unicité, le pivot de l'histoire du salut, l'articulation essentielle entre le temps et l'éternité.

L'Eucharistie est ainsi dans l'Eglise l'institution sacramentelle qui, à chaque étape, sert de « relais » au Sacrifice de la Croix, qui lui offre une présence à la fois réelle et opératoire. Ainsi peut-il manifester à chaque époque sa puissance de salut et de résurrection. Grâce à la succession apostolique et aux ordinations, le Christ a donné aux paroles institutionnelles de son Eucharistie, jointes à l'action de son Esprit, force et puissance jusqu'au temps de son retour. C'est Lui qui les prononce par la bouche du prêtre qui consacre; c'est Lui qui nous fait ainsi participer à la fraction du pain de son unique Sacrifice.

Telle est la merveille de l'Eucharistie. Par son importance, elle appartient, conjointement avec la Passion et la Résurrection, à l'histoire de notre salut. Elle est une des structures constituantes de l'Eglise: « Elle fait l'Eglise ». Notre époque ne peut s'y méprendre: elle doit lui reconnaître toute sa place dans la charte du monde nouveau.

Pour qu'il en soit ainsi, il va sans dire qu'il importe au plus haut point de garder toute leur force aux paroles du Seigneur, comme la Tradition unanime de l'Eglise, les Pères, les Conciles, le Magistère et le sens commun des fidèles les ont toujours reçues et comprises: à savoir que le Seigneur crucifié et ressuscité est vraiment, réellement et substantiellement présent dans l'Eucharistie, et le demeure tant que subsistent les espèces du pain et du vin; on lui doit non seulement le plus grand respect, mais notre adoration [11]. C'est là le coeur de l'Eglise, le secret de sa vigueur; elle doit veiller avec un soin jaloux sur ce Mystère et l'affirmer dans son intégralité.



3. Enfin, chers Frères et Soeurs, le Congrès vous aura mieux fait saisir le rôle des ministres de l'Eucharistie et celui de tout le peuple des baptisés en ce qui concerne la messe.

Les prêtres, ayant reçu le sacrement de l'Ordre, assument au milieu de vous la place du Christ, Tête de son Eglise; leur ministère sacré est indispensable pour signifier que la fraction du pain réalisée par eux est un don reçu du Christ qui dépasse radicalement le pouvoir de l'assemblée; il est irremplaçable pour relier validement la consécration eucharistique au Sacrifice de la Croix et à la Cène [12]. Vous aurez de plus en plus à coeur d'accueillir ce ministère avec respect et reconnaissance, et de prier pour que l'Eglise ne manque jamais de prêtres, de saints prêtres.

Mais votre baptême fait aussi de vous, à un autre titre et dans un autre sens, « un peuple de prêtres ». Grâce à cette qualification, chacun d'entre vous est appelé à se présenter lui-même en offrande généreuse, agrée du Père dans le Christ. Il vous appartient de donner à votre participation eucharistique le même sens que le Christ donna à son Sacrifice. Il n'est pas mort pour disparaître, mais pour ressusciter, afin que sa Parole et son action continuent, afin que la mission reçue du Père soit achevée avec la puissance de l'Esprit.

Ses membres sont appelés à la liberté selon l'Esprit et à l'initiative; la route de la foi et de l'unité est ouverte, les normes de l'humanité nouvelle sont proclamées. Le Christ attend de son peuple sacerdotal le courage d'avancer et d'entreprendre, dans la voie de la charité, de souffrir et de mourir encore, certes, comme les martyrs, mais en croyant comme eux au succès obtenu par le sacrifice.

Cette réflexion théologale a des prolongements humains d'ordre fraternel. Ce Congrès vous a appris à vivre la fraction du pain en Eglise, selon toutes ses exigences: l'accueil, l'échange, le partage, le dépassement des frontières, la volonté de conversion, le renoncement aux préjugés, le souci de transformer nos milieux sociaux jusque dans leurs structures et leur esprit. Vous avez compris que, pour être vraie et logique, votre rencontre à la table eucharistique doit avoir des conséquences pratiques. Car s'il est vrai que, dans l'Eucharistie, le Christ rend sacramentellement présents son Corps et son Sang, ainsi que son Sacrifice de la Croix avec sa puissance de résurrection, c'est pour que nous y communions en plénitude: non seulement en esprit, mais aussi sacramentellement, pour aller jusqu'à la source qui est le Christ, puis, dans la vie concrète et dans l'histoire, pour aller jusqu'au bout de notre effort, ne négligeant rien de ce qui dépend de l'homme.

Tel est le message que j'adresse affectueusement à chacun de vous, congressistes et pèlerins de Lourdes. Il vous rappellera quels sont les trois éléments constituants du « monde nouveau » auquel vous êtes résolus à travailler. L'Eglise d'aujourd'hui ne doit en négliger aucun.

Chers Frères et Soeurs, en contemplant ainsi le Christ dans son Mystère eucharistique, votre regard a rencontré celui de Marie sa Mère. C'est en elle, par l'opération du Saint-Esprit, que s'est formé Jésus, le corps et le sang de Jésus. « Il est né de la Vierge Marie ». Heureuse, celle qui a cru! Après son intervention a eu lieu le premier signe de Jésus, à Cana, entraînant la foi des disciples. Au Calvaire, elle est unie au don suprême de son Fils. En sa présence, pendant qu'elle priait avec les disciples à la Pentecôte, est venu en abondance le don de l'Esprit Saint. Associée désormais à la gloire du Christ, dans le « monde nouveau », elle s'est montrée, ici même, à Lourdes, aux yeux de Bernadette, si proche des hommes, des hommes pécheurs, de leur besoin de conversion, de leur soif de bonheur plénier!

Soyez sûrs qu'elle intercède pour vous, afin de vous conduire, de conduire l'Eglise, à la plénitude de la foi eucharistique et du renouveau spirituel.


En concluant ce message, je me tourne avec elle vers le Seigneur:

Christ Sauveur, nous te rendons grâces pour ton sacrifice rédempteur, unique espoir des hommes!

Christ Sauveur, nous te rendons grâces pour la fraction eucharistique du Pain, que tu as instituée pour rencontrer réellement tes frères au cours des siècles!

Christ Sauveur, mets au coeur des baptisés le désir de s'offrir avec Toi et de s'engager pour le salut de leurs frères!

Toi qui es réellement présent dans le Saint-Sacrement, répands abondamment tes bénédictions sur ton peuple rassemblé à Lourdes, afin que ce Congrès demeure vraiment un signe du « monde nouveau »!

Amen.

[1] Mt 13,16.
[2] Lc 24,35.
[3] Ibid. Lc 24,32.
[4] Cfr. Col 1,18.
[5] Cfr. Ep 1,24.
[6] Ap 21,1.
[7] Cfr. Gaudium et Spes, GS 38-39.
[8] 1Co 11,24-25.
[9] Cfr. Ep 2,15.
[10] Cfr. Ioannis Pauli PP. II Dominicae Cenae, 9.
[11] Cfr. ibid. 3, 12.
[12] Cfr. ibid. 9.



                           Octobre 1981


Á L'ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES

Samedi, 3 octobre 1981


Monsieur le Président,

Messieurs les Académiciens,
Mesdames, Messieurs,



1. Le programme des travaux que votre Président à présenté, et dont j’avais déjà connaissance avant cette rencontre, montre la grande vitalité de votre Académie, son intérêt pour les problèmes les plus aigus de la science contemporaine et pour le service de l’humanité. J’ai déjà eu l’occasion de vous dire, lors d’une autre séance solennelle, combien l’Église estime la science pure: elle est – disais-je – « un bien, digne d’être très aimé, car elle est connaissance et donc perfection de l’homme dans son intelligence... Elle doit être honorée pour elle-même, comme une partie intégrante de la culture » [1].

Avant d’aborder les problèmes dont vous avez déjà discuté ces jours-ci et ceux que vous vous proposez maintenant d’étudier, permettez-moi de remercier chaleureusement votre illustre Président, le Professeur Carlos Chagas, des félicitations qu’il a bien voulu m’exprimer au nom de toute votre Assemblée, pour avoir retrouvé mes forces physiques, grâce à la miséricordieuse Providence de Dieu et à la compétence des médecins qui m’ont soigné. Et je suis heureux de profiter de cette occasion pour dire ma particulière gratitude à Messieurs les Académiciens qui, de toutes les parties du monde, m’ont adressé leurs voeux et m’ont assuré de leurs prières.



2. Pendant cette Semaine d’études, vous vous penchez sur le problème de la « Cosmologie et physique fondamentale », avec la participation de savants du monde entier, depuis les deux Amériques jusqu’à l’Europe et à la Chine. Ce sujet se rattache à des thèmes déjà traités par l’Académie pontificale des Sciences au cours de son histoire prestigieuse. Je veux parler ici des sessions sur les microséismes, sur les populations stellaires, sur les radiations cosmiques, sur les noyaux des galaxies, sessions qui se sont déroulées sous la présidence du Père Gemelli, de Monseigneur Lemaître, et aussi du Père O’Connel auquel j’adresse mes voeux les plus fervents en demandant au Seigneur de l’assister dans son épreuve de santé.

La cosmogonie et la cosmologie ont toujours suscité un grand intérêt chez les peuples et dans les religions. La Bible elle-même nous parle de l’origine de l’univers et de sa constitution, non pas pour nous fournir un traité scientifique mais pour préciser les justes rapports de l’homme avec-Dieu et avec l’univers. L’Écriture Sainte veut simplement déclarer que le monde a été créé par Dieu, et pour enseigner cette vérité elle s’exprime avec les termes de la cosmologie en usage au temps de celui qui écrit. Le livre sacré veut en outre faire savoir aux hommes que le monde n’a pas été créé comme siège des dieux, comme l’enseignaient d’autres cosmogonies et cosmologies, mais qu’il a été créé au service de l’homme et à la gloire de Dieu. Tout autre enseignement sur l’origine et la constitution de l’univers est étranger aux intentions de la Bible: celle-ci ne veut pas enseigner comment a été fait le ciel, mais comment on va au ciel.

Toute hypothèse scientifique sur l’origine du monde, comme celle d’un atome primitif d’où dériverait l’ensemble de l’univers physique, laisse ouvert le problème concernant le commencement de l’univers. La science ne peut par elle-même résoudre une telle question: il y faut ce savoir de l’homme qui s’élève au-dessus de la physique et de l’astrophysique et que l’on appelle la métaphysique; il y faut surtout le savoir qui vient de la révélation de Dieu. Il y a trente ans, le 22 novembre 1951, mon prédécesseur le Pape Pie XII, parlant du problème de l’origine de l’univers lors de la Semaine d’études sur le problème des microséismes organisée par l’Académie pontificale des Sciences s’exprimait ainsi: « En vain attendrait-on une réponse des sciences de la nature, qui déclarent au contraire loyalement se trouver devant une énigme insoluble. Il est également certain que l’esprit humain versé dans la méditation philosophique pénètre plus profondément dans le problème. On ne peut nier qu’un esprit éclairé et enrichi par les connaissances scientifiques modernes, et qui envisage avec sérénité ce problème, est conduit à briser le cercle d’une matière totalement indépendante et autonome – parce que ou incréée ou s’étant créée elle-même – et à remonter jusqu’à un Esprit créateur. Avec le même regard limpide et critique dont il examine et juge les faits, il y entrevoit et reconnaît l’oeuvre de la Toute-Puissance créatrice, dont la vertu, suscitée par le puissant “fiat” prononcé il y a des milliards d’années par l’Esprit créateur, s’est déployée dans l’univers, appelant à l’existence, dans un geste de généreux amour, la matière débordante d’énergie ».



3. Je me réjouis vivement, Messieurs les Académiciens, du thème que vous avez choisi pour votre Session plénière qui commence aujourd’hui même: « L’impact de la biologie moléculaire sur la société ». J’apprécie les avantages qui résultent – et qui peuvent résulter encore – de l’étude et des applications de la biologie moléculaire, complétée par d’autres disciplines comme la génétique et son application technologique dans l’agriculture et dans l’industrie, et aussi, comme on l’envisage, pour le traitement de diverses maladies, dont certaines de caractère héréditaire.

J’ai une ferme confiance dans la communauté scientifique mondiale, et d’une manière toute particulière dans l’Académie pontificale des Sciences, certain que grâce à elles les progrès et les recherches biologiques, comme du reste toute autre recherche scientifique et son application technologique, s’accompliront dans le plein respect des normes morales, en sauvegardant la dignité des hommes, leur liberté et leur égalité. Il est nécessaire que la science soit toujours accompagnée et contrôlée par la sagesse qui appartient au patrimoine spirituel permanent de l’humanité et qui s’inspire du dessein de Dieu inscrit dans la création avant d’être ensuite annoncé par sa Parole.

Une réflexion qui s’inspire de la science et de la sagesse de la communauté scientifique mondiale doit éclairer l’humanité sur les conséquences – bonnes et mauvaises – de la recherche scientifique, et spécialement de celle qui concerne l’homme, afin que, d’une part, on ne se fixe pas sur des positions anti-culturelles qui retardent le progrès de l’humanité, et que d’autre part on n’offense pas ce que l’homme a de plus précieux: la dignité de sa personne, destinée à un vrai progrès dans l’unité de son être physique, intellectuel et spirituel.



4. Un autre sujet a retenu ces jours-ci l’attention de certains d’entre vous, savants éminents de diverses parties de la terre convoqués par l’Académie pontificale des Sciences: c’est celui des maladies parasitaires qui frappent les pays les plus pauvres du monde et sont un grave obstacle à la promotion de l’homme dans le cadre harmonieux de son bien-être physique, économique et spirituel. Les efforts en vue d’éliminer le plus possible les fléaux provoqués par les maladies parasitaires dans une bonne partie de l’humanité sont inséparables de ceux qu’il faut faire en faveur du développement socio-économique des mêmes populations. Les hommes ont normalement besoin d’une santé suffisante et d’un minimum de biens matériels pour pouvoir vivre dignement selon leur vocation humaine et divine. C’est pour cela que le Christ Jésus s’est tourné avec un amour infini vers les malades et les infirmes, et qu’il a guéri miraculeusement quelques-unes des maladies dont vous vous êtes occupés ces jours derniers. Que le Seigneur inspire et assiste l’activité des savants et des médecins qui consacrent leur recherche et leur profession à l’étude et au besoin des infirmités humaines, spécialement des plus graves et des plus humiliantes!



5. A côté du thème des maladies parasitaires, l’Académie a abordé le problème d’un fléau d’une ampleur et d’une gravité catastrophiques qui pourrait atteindre la santé de l’humanité si un conflit nucléaire venait à éclater. Outre la mort d’une bonne partie de la population mondiale, un conflit nucléaire pourrait provoquer des effets incalculables sur la santé des générations présentes et futures.

L’étude pluridisciplinaire que vous vous apprêtez à accomplir ne pourra pas ne pas constituer pour les Chefs d’État un rappel de leurs immenses responsabilités et susciter dans l’humanité entière une soif toujours plus ardente de concorde et de paix: cette aspiration vient du plus profond du coeur humain, et aussi du message du Christ qui est venu apporter la paix aux hommes de bonne volonté.
En vertu de ma mission universelle, je veux me faire encore une fois l’interprète du droit de l’homme à la justice et à la paix, et de la volonté de Dieu qui désire voir tous les hommes sauvés. Et je renouvelle l’appel que je lançais à Hiroshima le 25 février dernier: « Engageons-nous solennellement, ici et maintenant, à ne plus jamais permettre (et encore moins rechercher) que la guerre soit un moyen de résoudre les conflits. Promettons à nos frères en humanité de travailler sans nous lasser au désarmement et à la condamnation de toutes les armes atomiques. Remplaçons la domination et la haine par la confiance mutuelle et la solidarité ».



6. Parmi les efforts à accomplir pour la paix de l’humanité, il y a celui qui vise à garantir à tous les peuples l’énergie nécessaire à leur développement pacifique. L’Académie s’est occupée de ce problème durant la Semaine d’études de l’année dernière. Je suis heureux de pouvoir remettre aujourd’hui la Médaille d’or de Pie XI à un savant qui a contribué d’une manière notable, par sa recherche dans le domaine de la photochimie, à l’utilisation de l’énergie solaire. Il s’agit du Professeur Jean-Marie Lehn, du Collège de France et de l’Université de Strasbourg, auquel j’exprime mes vives félicitations.

A vous tous, Messieurs, j’adresse mes sincères compliments pour le travail que vous accomplissez dans la recherche scientifique. Je prie le Dieu Tout-Puissant de vous bénir, vous, vos familles, ceux qui vous sont chers, vos collaborateurs, et toute l’humanité pour laquelle, par des routes diverses mais convergentes, vous et moi accomplissons la mission qui nous a été confiée par Dieu.

[1] Ioannis Pauli PP. II Allocutio ad Pontificiam Academiam Scientiarum habita, 2, die 10 nov. 1979: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, II, 2 (1979) 1108.




Discours 1981 - Jeudi, 2 avril 1981