Discours 1982 - Enugu, 13 février 1982

L’unité de la mission dans la diversité des ministères

Discours aux laïcs et aux catéchistes, 14 février 1982


Le 14 février, au début de l'après-midi, le Pape a rencontré à la cathédrale de Kaduna les dirigeants du « National Laity Council », les catéchistes et les représentantes des nombreuses organisations des femmes catholiques à qui il a adressé le discours suivant (1) :

(1) Texte anglais dans l'Osservatore Romano des 15-16 février. Traduction, titre et sous-titres de la DC.

CHERS REPRÉSENTANTS DU LAÏCAT AU NIGERIA,
CHERS CATÉCHISTES, CHÈRES FEMMES CATHOLIQUES,

Ma joie est grande de vous rencontrer aujourd'hui. Cette rencontre me donne l'occasion de m'entretenir avec vous de tout ce que vous apportez à l'Évangile ainsi que de votre vocation commune dans l'Église. Chacun d'entre vous a été chargé par le Christ lui-même de prendre part à la mission de salut de son Église (cf. Lumen gentium, LG 33).

Partenaires dans l'évangélisation

1. J'apprécie la manière dont vous, les laïcs du Nigeria, collaborez avec vos évêques et vos prêtres afin de porter témoignage au Christ, afin de faire connaître le Christ aux autres. Cette unité avec les pasteurs de l'Église est vraiment la condition essentielle du succès surnaturel de vos efforts. Sous leur direction, vous disposez du Conseil national des laics et de l'Organisation des femmes catholiques, et cela à tous les niveaux : national, provincial, diocésain, paroissial et communal. Vous avez de plus de nombreuses activités à la base, et beaucoup d'organisations de valeur. Par tous ces moyens, vous vous efforcez de rendre active la grâce de votre baptême et de votre confirmation.

Appelés par le Christ lui-même, vous êtes ses partenaires de choix dans l'évangélisation. Cela vous mène à partager le zèle de l'Église pour assurer une éducation religieuse à chaque enfant catholique, par le moyen de toutes sortes d'institutions éducatives. Vous avez une réelle conscience du mystère de l'Église, selon lequel nous tous qui sommes baptisés dans le Christ formons son Corps. Dans cette Église, il y a une diversité d'apostolats ou de ministères, mais identité de mission : la propagation du Royaume du Christ. Les évêques, les prêtres, les religieux et les laïcs, tous ont leur propre contribution à apporter.

Les lieux d'insertion

2. En tant que laïcs, vous savez que votre apostolat particulier consiste à infuser les principes chrétiens dans l'ordre

temporel, c'est-à-dire à apporter l'Esprit du Christ dans les milieux de vie tels que le mariage et la famille, le négoce et le commerce, les arts et les professions libérales, la politique et le gouvernement, la culture et les relations nationales et internationales. Dans tous ces domaines, les laïcs doivent, selon l'expression de Vatican II, jouer un rôle propre et distinct (cf. Gaudium et spes, GS 43). Vous recevez des aumôniers prêtres la parole de Dieu et le soutien des sacrements. Ainsi fortifiés, vous entrez dans le domaine de la vie quotidienne ordinaire et y confessez le Christ.

3. Dans la société, vous êtes appelés à être un levain pour le Christ : témoigner du Christ à l'école, dans les emplois officiels du gouvernement, sur les chantiers, dans les clubs, dans les organismes d'aménagement urbain, dans les rencontres en fonction des âges, dans les universités, sur les marchés, dans les syndicats et dans le monde de la politique. Dans tous ces domaines séculiers, vous lutterez pour la justice, l'unité, l'honnêteté et l'esprit de service. Ensemble, vous chercherez des réponses à la fois concrètes et inspirées de l'Évangile aux problèmes de la corruption, de l'indiscipline, de l'affrontement entre ethnies et autres maux semblables.

Dans vos organisations ecclésiales, vous serez des modèles d'unité, de discipline, de travail assidu, de loyauté envers vos dirigeants, de désintéressement, en vous réjouissant du succès des autres, recherchant non pas la célébrité mais seulement le royaume du Christ, ne luttant pas pour la première place dans la société et refusant d'être appelés « maîtres » : « Car vous n'avez qu'un seul Maître, le Christ. » (Mt 23,10)

C'est surtout au sein de la famille que vous pourrez faire connaître le Christ. Vous serez des maris et des femmes exemplaires, réalisant une communauté d'amour et de vie, et exerçant, en tant que pères et mères, un véritable ministère dans l'éducation de vos enfants. C'est par vous que le corps du Christ reçoit de nouveaux membres et des candidats au sacerdoce et à la vie religieuse. Le Nigeria attend de vous avec confiance que vous formiez de bons citoyens pour la société.

4. Dans vos multiples activités apostoliques, vous réserverez une large place à la prière et à l'union avec le Christ. J'ai été heureux d'apprendre que vos aumôniers mettent l'accent sur ce point, que vous recevez fréquemment le sacrement de réconciliation, que la sainte Eucharistie est au coeur de votre vie de chrétiens et de toutes vos activités. Assurément, votre zèle pour l'évangélisation vient avant tout de l'Eucharistie. Avec la grâce de Dieu, les journées de récollection et les retraites annuelles auxquelles vous participez pour votre renouvellement spirituel peuvent également vous aider à progresser dans la foi que vous avez reçue.

Les catéchistes

5. Je me dois de vous saluer tout particulièrement, chers catéchistes du Nigeria. Votre rôle au départ et dans la poursuite de l'évangélisation est d'une telle importance que je ne pouvais faire un pèlerinage au Nigeria sans vous rencontrer.

Dès l'arrivée des premiers missionnaires au Nigeria, il y a plus de cent ans, vous avez toujours été les associés indispensables des prêtres. Vous les avez assistés à chaque étape. Quand ils ne connaissaient pas les langues locales, vous avez servi d'interprètes. Vous avez préparé les fidèles à recevoir les divers sacrements. Vous avez baptisé les mourants en l'absence de prêtre. Vous avez animé la communauté catholique locale et dirigé le culte dominical quand le prêtre faisait défaut. Vous avez été à la tête de la plupart des projets de développement de l'Église. Dans toutes ces tâches vous avez largement contribué à répandre l'Évangile.

6. Votre domaine particulier de compétence et de dévouement est la catechèse et son « double objectif de faire mûrir la foi initiale et d'éduquer le vrai disciple du Christ par le moyen d'une connaissance plus approfondie et plus systématique de la personne et du message de Notre-Seigneur Jésus-Christ » (Catechesi tradendae, CTR 19). Vous introduisez les néophytes dans la foi, qu'ils soient jeunes, adultes ou âgés. Vous leur enseignez la doctrine catholique et leur apprenez les prières et les hymnes. Vous les aidez à prendre part à la liturgie, particulièrement à la sainte Eucharistie.

Vous visitez les malades au nom de toute l'Église. Vous établissez des contacts avec les non-chrétiens. Vous animez des associations d'apostolat laïc à la base. Vous participez aux réunions paroissiales et diocésaines et favorisez la compréhension entre les hommes. Vous aidez les jeunes à progresser vers une maturité chrétienne en les formant à la générosité et à la chasteté. Vous découvrez de même des candidats au sacerdoce et à la vie religieuse et les présentez au prêtre. De plus, vous facilitez les contacts des fidèles avec les prêtres. Souvent, vous êtes capables d'apporter une aide particulière quand on ne peut trouver aucun prêtre. Pour tout cela, et pour tous les services semblables, je vous exprime la reconnaissance de l'Église universelle.

Mes chers catéchistes, l'Église a besoin de vous. Elle continue à avoir besoin de vous. Quel que soit le nombre de prêtres ou de religieux que l'Église puisse avoir, vous demeurez irremplaçables. Vous êtes les plus proches de vos frères laïcs. Vous leur donnez de l'Église un visage qui est tout proche d'eux. Vous leur offrez silencieusement des modèles à imiter. Vous leur montrez que l'engagement dans la foi et les sacrifices nécessaires pour la répandre sont des choses possibles pour les laïcs et non seulement pour les clercs et les religieux.

7. Je suis heureux de savoir que vos diocèses ont mis à votre disposition, pour vous aider dans votre ministère, des programmes tels que des sessions annuelles pour tous les catéchistes, des cours de formation plus approfondis et plus longs pour certains d'entre vous, et même une formation de plusieurs années dans des Instituts de catéchèse qui vous offrent plus de possibilités que dans un diocèse. Je vous remercie pour votre coopération à toutes ces tâches. Je remercie vos évêques et vos prêtres qui les ont rendues possibles. Je remercie également les directeurs nationaux de l'éducation religieuse pour leur apport si important.

Catéchistes du Nigeria, le Pape vous aime. Il a confiance en vous et comptera toujours sur votre aide dans la grande tâche de l'évangélisation. Il vous bénit au nom de Jésus.

Les femmes catholiques

8. Je suis également très heureux de vous saluer, vous les représentantes de l'Organisation des femmes catholiques du

Nigeria. Bien que j'aie déja rencontré les responsables du Conseil national des laïcs, dont vous faites partie, la rencontre particulière que j'ai avec vous se justifie par la place unique que vous occupez dans la famille, l'Église et la société.

Vous êtes des femmes catholiques engagées, de bonnes épouses et des mères entourées d'estime. Vous avez appris à aimer vos maris, à prendre soin de vos enfants et à faire rayonner votre amour sur les membres de vos familles élargies et sur la sociéte tout entière. C'est avec diligence que vous élevez vos enfants et les aidez à se préparer à leur vocation dans la vie. En particulier, vous les formez à la charité et à la chasteté, à la générosité et à la discipline. Vous remplissez ainsi un rôle assurément vital.

On m'a informé de la bonne organisation, de la discipline et de l'efficacité de votre groupe à différents niveaux. Vos dirigeantes font aussi partie de l'Union mondiale des organisations des femmes catholiques dont le président a assisté à votre rencontre nationale qui s'est tenue à Onitsha en avril dernier. Vous organisez des cours de formation pour les responsables, des sessions sur les problèmes du foyer et des conférences sur la doctrine chrétienne. Pour tout cela je vous remercie.

9. Vous êtes particulièrement actives dans vos diverses initiatives en faveur de la famille. Vous participez à l'organisation et à l'animation de centres de préparation au mariage pour jeune filles. Vous participez également aux Conseils diocésains de consultation pour le mariage. Vous aidez les familles en difficulté. Et vous défendez la vie à chacune de ses étapes, dès le premier instant de la conception. Je vous remercie particulièrement pour votre ferme prise de position contre l'avortement. L'avortement est le meurtre d'un enfant innocent. La société doit le condamner. Je vous félicite également de vos efforts pour aider les mères célibataires et leur offrir une solution acceptable qui ne soit pas l'avortement. En tout cela vous reflétez la tendresse humaine et l'amour divin de Jésus-Christ.

Votre combat pour l'éducation religieuse catholique de vos propres enfants et ceux des autres familles mérite d'être vigoureusement soutenu. La religion occupe une place centrale dans l'éducation. L'Église doit être partie prenante dans l'éducation des jeunes. Pour cela elle a besoin de votre aide.

Responsables respectées de l'Organisation des femmes catholiques du Nigeria, c'est par vous que l'Église peut exercer une profonde influence sur la société. À travers les activités si nombreuses et si variées qui expriment « la plénitude de la véritable humanité féminine » (Familiaris Consortio FC 23), vous êtes à même de travailler à la transformation du monde, à infuser l'esprit du Christ dans la création tout entière.

10. Chers laïcs, chers catéchistes, chères femmes catholiques, toutes ces initiatives et bien d'autres encore ont besoin du Christ pour porter du fruit. C'est lui — Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant, le Fils de la Vierge Marie — qui est la source de toute votre force. Le critère ultime de votre dynamisme ne réside ni dans l'ingéniosité, ni dans l'activité, ni même dans l'organisation humaine. Il doit être trouvé dans l'union avec Jésus-Christ, surtout dans le culte de l'Eucharistie. La vraie pierre de touche de la vitalité chrétienne dans le village, la paroisse, le diocèse et la nation, on la découvre dans la réponse à cette question : quelle place tient la sainte Eucharistie dans vos vies? C'est en effet par la participation au mystère pascal de sa mort et de la Résurrection que Jésus fait de nous des collaborateurs efficaces pour répandre son Royaume sur la terre. C'est véritablement la messe qui est importante. C'est par l'Eucharistie que le Christ guide nos vies et construit nos communautés d'amour, de compréhension et de pardon.

Je demande en ce jour à Marie, notre Mère bénie, de vous dévoiler à tous le mystère eucharistique de son Fils et de vous conserver à jamais dans son amour maternel.


Discours aux musulmans

Le 14 février, le Pape devait achever la journée par une rencontre avec les représentants de la communauté musulmane. Mais cette rencontre n'a pu avoir lieu (1) et, avant de repartir pour Lagos, il a salué le gouverneur de l'État de Kaduna et les autres autorités devant qui il a prononcé le discours qu'il devait adresser aux chefs musulmans du pays (2) :



(1) Dominique Quinio, envoyée spéciale de la Croix, a ainsi expliqué la cause de ce rendez-vous manqué : « Deux organisations islamiques et un iman ont expliqué la raison de l'annulation de la rencontre avec le Pape : « I1 n'y a aucune friction entre musulmans et chrétiens dans notre pays. Il n'est donc pas nécessaire que le Pape offre sa médiation entre les deux communautés puisqu'il n'y a jamais eu de conflit. » Ils se sont déclarés opposés à l'organisation de la rencontre prévue par une troisième association « qui n'est pas une organisation musulmane et ne peut donc parler au nom des musulmans nigérians ». « Si le Pape veut nous voir, ajoutent-ils, et apprendre un peu ce qu'est l'islam, nous sommes prêts à le rencontrer. » (la Croix, 17 février.)



(2) Texte anglais dans l'Osservatore Romano des 15-16 février. Traduction, titre et notes de la DC.



monsieur le gouverneur
ET TOUTES LES AUTORITÉS,

Ce discours, ce texte était destiné aux chefs religieux musulmans. Je vous adresse à présent les mêmes paroles, à vous qui représentez tous les habitants de l'État de Kaduna, et particulièrement la population musulmane.

CHERS AMIS,

1. Je suis heureux de vous rencontrer, vous qui êtes les responsables religieux musulmans au Nigeria. Je vous salue chaleureusement et, par votre intermédiaire, j'adresse mes salutations aux nombreux millions de musulmans de ce grand pays. Je suis venu au Nigeria pour rendre visite à mes frères et soeurs de l'Église catholique, mais mon voyage serait incomplet sans cette rencontre. Soyez donc assurés que je suis très heureux de cette occasion qui m'est donnée de vous exprimer mes sentiments de respect et d'estime fraternels.

2. Tous, chrétiens et musulmans, nous vivons sous le soleil de l'unique Dieu de miséricorde.

Les uns et les autres, nous croyons au Dieu unique, créateur de l'homme. Nous proclamons la souveraineté de Dieu et défendons la dignité de l'homme en tant que serviteur de Dieu. Nous adorons Dieu et professons une totale soumission à son égard. Nous pouvons donc, au vrai sens du terme, nous appeler frères et soeurs dans la foi au Dieu unique. Et nous sommes reconnaissants de cette foi puisque, sans Dieu, la vie de l'homme serait semblable au ciel sans soleil.

À cause de cette foi que nous avons en Dieu, le christianisme et l'islam possèdent de nombreux points communs : le privilège de la prière, le souci de la justice qui s'accompagne de la compassion et de l'aumône et par-dessus tout, le respect sacré de la dignité de l'homme, qui est à l'origine des droits fondamentaux de chaque être humain, y compris le droit à la vie des enfants qui vont naître.

Nous, chrétiens, avons reçu de Jésus, notre Seigneur et Maître, la loi fondamentale de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain (cf. Mt 22,37-39). Je sais que cette loi d'amour trouve également un profond écho dans vos coeurs, car dans votre livre sacré vous êtes invités à la foi en même temps qu'ex- hortés à exceller dans les bonnes oeuvres (cf. Sourate, 5, 51).

3. Dans le monde d'aujourd'hui, de nombreux dangers menacent la famille, ce précieux noyau de la société à l'intérieur duquel toute vie humaine voit le jour et se développe. Je voudrais vous assurer que les chrétiens ont une préoccupation particulière pour la famille, pour son unité, pour son enrichissement et pour sa protection. Je parle de cette préoccupation avec vous parce que je suis sûr que vous êtes, vous aussi, conscients de l'importance des valeurs de la famille et que vous souhaitez collaborer avec les chrétiens dans les efforts déployés pour renforcer et soutenir la vie de famille.

Permettez-moi de citer quelques autres domaines où les chrétiens et les musulmans peuvent coopérer davantage. Nous pouvons engager un dialogue, afin de mieux nous comprendre les uns et les autres aussi bien entre savants que dans des relations de personne à personne, au sein de la famille et sur les lieux de travail et de loisir.

Nous pouvons favoriser plus d'honnêteté et de discipline dans la vie privée et la vie publique, un plus grand courage et une plus grande sagesse dans la politique, l'élimination des antagonismes politiques et la suppression de la discrimination à cause de la race, de la couleur, de l'origine ethnique, de la religion ou du sexe.

Les uns et les autres, nous pouvons mettre en avant le principe et la pratique de la liberté religieuse, en assurant son application, particulièrement dans le domaine de l'éducation religieuse des enfants. Quand le droit de chaque enfant à adorer Dieu est complété par son droit à une éducation religieuse, toute société en est enrichie et ses membres sont bien armés pour la vie. L'éducation religieuse prend aujourd'hui une plus grande importance du fait que certains éléments de la société cherchent à oublier, et même à détruire, les aspects spirituels de l'homme.

4. Pourquoi aborder ces questions avec vous? Parce que vous êtes musulmans et, comme nous chrétiens, vous croyez dans le Dieu unique qui est la source de tous les droits et de toutes les valeurs de l'humanité. De plus, je suis convaincu que si nous nous donnons la main au nom de Dieu, nous pouvons accomplir beaucoup de bien. Nous pouvons travailler ensemble en vue de l'harmonie et de l'unité nationale, dans la sincérité et une plus grande confiance mutuelle.

Nous pouvons collaborer à la promotion de la justice, de la paix et du développement. C'est mon espoir le plus cher que notre solidarité fraternelle sous l'égide de Dieu rehaussera vraiment l'avenir du Nigeria et de toute l'Afrique et contribuera à la bonne marche du monde, en tant que civilisation universelle de l'amour.

Que le Dieu tout-puissant et miséricordieux tourne son visage vers vous et vous bénisse. Qu'il vous guide. Qu'il vous remplisse de sa paix et donne joie à vos coeurs.





Discours aux évêques, Lagos 15 février


Le 15 février, le Pape a quitté Ibadan au début de l'après-midi pour revenir à Lagos où il a d'abord rencontré les comités qui avaient organisé sa visite au Nigeria, puis les évêques de la Conférence épiscopale à qui il a adressé le discours suivant (1) :


(l) Texte anglais dans l'Osservatore Romano du 17 février. Traduction, titre et sous-titres de la DC.


CHERS FRERES ÉVEQUES,

« Grâce, miséricorde, paix, de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus Notre Seigneur. » (1Tm 1,2)

C'est pour moi une très profonde joie que d'être avec vous aujourd'hui. Le mois dernier, vous étiez mes hôtes au Vatican et voici que tous ces jours-ci je suis le vôtre. Nous nous comprenons. Nous nous aimons. Nous échangeons entre nous librement. Mon bref voyage à travers votre vaste pays me remplit de joie et d'espoir. Je regrette de ne pouvoir visiter d'autres centres, mais vous connaissez les raisons qui m'ont obligé à limiter le programme. Partout, la préparation pour ma venue a été excellente. Votre peuple est enthousiaste, hospitalier, plein de foi. Il comprend l'immense trésor de grâce qui est le sien dans Notre Seigneur Jésus- Christ. Je rends grâce à son Père d'avoir donné à votre peuple cette profonde intelligence de la foi qui lui a permis de découvrir les choses cachées aux « sages et aux intelligents » (Mt 11,25).



L'unité de la Conférence épiscopale

1. Je vous félicite et vous exprime ma fraternelle solidarité dans votre ministère de chaque jour, dans la réalité ecclésiale où vous êtes les pasteurs du troupeau. Vous avez fait honneur aux missionnaires qui ont commencé ce bon travail il y a cent ans.

Vos séminaires sont pleins, vos congrégations religieuses reçoivent un flot constant de candidats, et vos organisations d'apostolat des laïcs sont dynamiques. Vous aimez celui qui préside à la charité dans l'Église universelle, ainsi que ceux qui collaborent avec lui dans le travail de la S. Congrégation pour l'Évangélisation des peuples. Vous promouvez la doctrine orthodoxe et les pratiques liturgiques approuvées, et vous encouragez la discipline ecclésiastique. La tenue cléricale et l'habit religieux sont en honneur dans votre pays. Vous exercez avec zèle votre charge d'enseignement par le moyen d'homélies, de lettres pastorales et autres déclarations.

Je suis heureux d'apprendre que votre zèle pastoral s'exprime aussi dans le Secrétariat catholique du Nigeria, le Séminaire missionnaire national, I'Institut catholique d'Afrique occidentale, le Symposium des Conférences épis- copales d'Afrique et de Madagascar, dans votre collaboration avec la Curie romaine et le Synode général des évêques. Pour ces manifestations, et bien d'autres encore, d'amour apostolique et pastoral, je vous remercie au nom de Jésus- Christ, celui que nous reconnaissons tous avec Pierre comme le « souverain berger du troupeau » (1P 5,4).

Dans une importante Conférence épiscopale comme la vôtre, il n'est jamais superflu de souligner l'importance de l'unité et de l'action concertée. Il y a de nombreux besoins de l'apostolat dans votre pays auxquels vous ne pouvez répondre de manière appropriée que si vous restez unis et agissez ensemble. J'en donnerai pour exemples les projets communs que je viens de mentionner. Il faudrait y ajouter vos petits et grands séminaires régionaux et interdiocésains, vos rapports avec vos autorités civiles, nationales et régionales, vos projets pastoraux, etc. Il y a aussi des problèmes qui exigent une action bien refléchie et coordonnée : le manque de discipline qui existe éventuellement chez certains prêtres, la question du tribalisme ou des ethnies, et des maux nationaux tels que la corruption, le manque d'honnêteté et la violence.

Je n'ignore pas que l'apostolat scolaire a obtenu de fort bons résultats pour l'évangélisation au Nigeria, mais il reste que la situation des écoles de l'Église a également créé de graves problèmes, notamment au cours des quinze dernières années. L'éducation religieuse des enfants, à l'école ou en dehors d'elle, est de la plus haute importance. Dans les différents États de votre vaste fédération, vous vous efforcez d'exercer votre responsabilité d'évêques en satisfaisant aux droits et aux besoins de tant d'enfants catholiques. Agissant en tant que chefs spirituels et pasteurs vigilants, et comptant sur le plein soutien de vos prêtres, de vos religieux et de vos laïcs, vous vous efforcez de faire percevoir les finalités de l'éducation chrétienne et d'aider les parents à remplir le rôle que Dieu leur a assigné, celui d'être les premiers éducateurs de leurs enfants.

À cet égard, j'aimerais attirer votre attention sur ce que j'ai écrit dans ma récente Exhortation apostolique : « Le droit des parents au choix d'une éducation conforme à leur foi doit être absolument assuré. L'Église et l'État ont le devoir d'apporter aux familles l'assistance nécessaire afin qu'elles puissent exercer comme il convient leur tâche éducative. Dans ce but, aussi bien l'Église que l'État doivent créer et promouvoir les institutions et les activités que les familles attendent à juste titre ; l'assistance devra être telle qu'elle supplée aux insuffisances des familles. Et donc, tous ceux qui, dans la société, sont à la tête des écoles ne doivent jamais oublier que les parents ont été institués par Dieu lui-même premiers et principaux éducateurs de leurs enfants, et que c'est là un droit absolument inaliénable. » (Familiaris consortio, FC 40) Oui, chers frères dans le Christ, au coeur de tous vos efforts de pasteurs en faveur des laïcs et du clergé je suis proche de vous dans l'amour de Jésus-Christ.

Je vous remercie pour votre esprit missionnaire et pour l'initiative que vous avez prise d'envoyer des prêtres nigérians dans plusieurs pays d'Afrique et aux Antilles. Je vous suis reconnaissant de la fraternité que vous montrez à vos frères prêtres, c'est à coup sûr une pratique des plus louables que de suivre avec eux les exercices spintuels annuels et les journées mensuelles de récollection. En tout cela vous témoignez de l'unité du sacerdoce et de l'unité de l'Église du Christ.

2. Lorsque votre premier groupe d'évêques se trouvait à Rome le mois dernier, j'ai déjà eu l'occasion de parler de la visite au Nigeria comme d'une expérience de notre unité dans le Christ et dans l'Église, L'unité que vous vivez dans vos églises locales, nous sommes actuellement en train d'en faire l'expérience ensemble. Cette unité est une unité de foi fondée sur la parole de Dieu, sur l'Évangile — un Évangile qui doit être cru, vécu, répandu. Pour cette raison, j'ai proposé que l'unité et l'évangélisation forment la double toile de fond de cette pastorale auprès de la chère Église du Nigeria.

Aujourd'hui, à Lagos, nous sommes réellement en train de célébrer la parole de Dieu qui nous unit ; nous célébrons la parole incarnée de Dieu, qui est mort « pour rassembler dans l'unité les fils de Dieu dispersés » (Jn 11,52). Nous célébrons l'Évangile comme la force de Dieu qui sauve tous ceux qui ont la foi (Rm 1,36). Nous nous rappelons maintenant comment, par la grâce du Christ et les mérites de son précieux sang, la parole de Dieu a pris racine dans la vie de votre peuple, I'a uni dans des communautés de foi, et a sans cesse produit des fruits de justice pour le salut.

Vivre l'Évangile en profondeur

3. Tout en méditant sur le processus dynamique de l'évan- gélisation qui a eu lieu, nous prenons conscience que celle- ci doit sans cesse aller de l'avant. Nous prenons conscience que les hommes ne croiront pas au Christ « s'ils ne l'ont pas entendu. Et comment l'entendraient-ils si personne ne le proclame? Et comment le proclamer, sans être envoyé ? » (Rm 10,14) Et c'est pourquoi aujourd'hui, chers frères dans le Christ, nous réfléchissons aux paroles de Jésus : « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. » (Jn 20,21)

J'ai été envoyé par le Christ, et vous avez été envoyés par le Christ. Et, tout comme le reste du collège des évêques du monde entier, nous sommes envoyés pour annoncer le Christ, pour proclamer le Christ, pour communiquer le Christ et son Évangile au monde. C'est pourquoi, en prévision de cette visite pastorale, j'ai exprimé l'espoir qu'elle amorcerait « une nouvelle ère pastorale ». Telle est la prière que je répète : que le zèle de l'évangélisation enveloppe l'Église ici au Nigeria. Et pourquoi? Parce que l'évangélisation constitue la mission essentielle de l'Église, c'est sa vocation, c'est son identité la plus profonde (cf. Evangelii Nuntiandi EN 14). En cela, l'Église, qui est la plénitude du Christ (cf. Ep Ep 1,23) ne fait que refléter fidèlement la mission de Jesus, qui dit de lui-même : « Il me faut proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé. » (Lc 4,43)

Dans la pratique, la vocation de l'Église à évangéliser signifie par-dessus tout vivre l'Évangile toujours plus en profondeur. Cela signifie accepter l'appel du Christ à la conversion et accepter les exigences inhérentes à la foi prêchée par Jésus. L'appel à la conversion, tel a été le thème de la prédication de Jean-Baptiste (cf. Mt 3,2). Telle a été la proclamation explicite de Jésus. « Convertissez-vous, car le Royaume de Dieu est proche. » (Mt 4,17) Tel a été le message de Pierre à la Pentecôte : « Il vous faut vous convertir. » (Ac 2,38)

Ainsi comprise, l'évangélisation engage un processus de purification et de changement intérieur qui doit toucher nos Églises locales. Elle signifie conversion en vue du salut : la communauté ecclésiale devenant toujours davantage une communauté de foi vivante une communion de prière, un centre de charité d'où rayonne le souci des pauvres et des malades, des isolés, des abandonnés, des handicapés, des lépreux, de ceux dont la foi est fragile, de ceux qui ont besoin de soutien et cherchent quelqu'un pour leur montrer l'amour du Christ.

L'évangélisation de la culture

Ayant elle-même embrassé l'amour du Christ, I'Église est appelée à le communiquer par la parole et l'action. Les catholiques, sous votre direction pastorale, ont l'occasion, le privilège et le devoir de rendre ensemble témoignage de l'Évangile de Jésus dans la culture où ils vivent. Ils ont le pouvoir d'apporter l'Évangile au coeur même de la culture, dans le tissu de leur vie quotidienne. C'est surtout lorsque les familles chrétiennes ont été vraiment évangélisées et qu'elles ont pris conscience de leur rôle évangélisateur qu'il peut y avoir une évangélisation effective de la culture— une rencontre effective entre l'Évangile et la culture. C'est là une grave nécessité car, ainsi que l'a souligné mon prédécesseur Paul VI : « Le fossé entre l'Évangile et la culture est incontestablement le drame de notre temps. » (Evangelii nuntiandi, EN 20)

Un aspect important de votre propre rôle évangélisateur est toute la dimension de l'inculturation de l'Évangile dans la vie de votre peuple. Vous-mêmes et vos collaborateurs prêtres, vous offrez à votre peuple un message permanent de révelation divine — « les richesses insondables du Christ » (Ep 3,8) — mais en même temps, sur le fondement de cet « Évangile éternel » (Ap 14,6), vous l'aidez à « faire surgir de sa propre tradition vivante des expressions originales de vie, de célébration et de pensée chrétiennes » (Catechesi tradendae, CTR 53).

L'Église respecte vraiment la culture de chaque peuple. En offrant le message de l'Évangile, l'Église n'entend pas détruire ou abolir ce qui est beau et bon. En réalité, elle reconnaît de nombreuses valeurs culturelles et, par la force de l'Évangile, purifie et introduit dans le culte chrétien certains éléments des coutumes d'un peuple. L'Église vient pour apporter le Christ ; elle ne vient pas pour apporter la culture d'une autre race. L'évangélisation vise à pénétrer et à élever la culture par la force de l'Évangile.

Par ailleurs, nous savons que la révélation de Dieu surpasse les valeurs de toute culture et de toutes les cultures du monde mises ensemble. Avec saint Paul nous devrions célébrer le plan divin : « O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies impénétrables! » (Rm 11,13) La profondeur de la révélation divine se manifeste dans le mystère de l'Incarnation, qui, à son tour, dévoile la vie de la Très Sainte Trinité : le Père, le Fils et l'Esprit- Saint.

Il est donc clair, comme je l'ai déclaré, que « la force de l'Évangile est partout transformatrice et régénératrice. Lorsqu'elle pénètre une culture, qui s'étonnerait qu'elle en redresse bien des éléments? » (Catechesi tradendae, CTR 53). En même temps, c'est par la providence de Dieu que le message divin s'incarne et se communique à travers la culture de chaque peuple. Il est à jamais vrai que le chemin de la culture est le chemin de l'homme, et que c'est sur ce chemin que l'homme rencontre l'Unique qui réunit en lui les valeurs de toutes les cultures et révèle pleinement l'homme de chaque culture à lui-même. L'Évangile du Christ, le Verbe incarné, s'insère dans le chemin de la culture et, à partir de là, continue d'offrir le message de salut et de vie éternelle.

En raison de l'importance de ces considerations, chers frères dans le Christ, je voudrais implorer encore l'Esprit- Saint d'ouvrir cette « ère nouvelle d'évangélisation », dont je vous ai parlé à Rome. Ce sera, bien entendu, un don de Dieu — un don qui viendra s'ajouter à la liste si longue de faveurs dont la bonté miséricordieuse et aimante de Dieu a entouré votre peuple. De notre côté, il nous faut être profondément convaincus que notre propre ministère est bien un ministère d'évangélisation, y compris d'évangélisation de la culture. Comme je l'ai fait remarquer à Rome, Jésus lui-même nous indique que l'évangélisation est notre « priorité suprême ».

La pénitence et l'Eucharistie

4. Avant de conclure, je voudrais ajouter un mot sur deux aspects importants de notre ministère évangélique. Lorsque nous proclamons explicitement le don divin du salut, son appel à la conversion, son pardon miséricordieux et son amour rédempteur, nous le faisons dans le contexte du sacrement de la pénitence et de la sainte Eucharistie.

Au Nigeria, votre peuple est fidèle au mystère de la réconciliation et du pardon, comme en témoigne sa pratique de la confession. Cette fidélité est elle-même un don de Dieu.

Dans bien des parties de l'Église à travers le monde, le sacrement de pénitence, pour diverses raisons, est moins fréquenté qu'auparavant. Le Concile Vatican II et les directives du Siège apostolique ont voulu mettre un nouvel accent sur certains aspects du sacrement. Je citerai, par exemple : le ministère de l'Église dans le pardon des péchés ; les répercussions du péché sur le corps tout entier de l'Église ; et le rôle de la communauté dans la célébration de la pénitence et dans l'oeuvre de réconciliation. Mais Vatican II et le Siège apostolique n'ont voulu en aucune manière entamer un processus où de larges secteurs des fidèles catholiques abandonneraient la fréquentation du sacrement, ou le négligeraient dans la pratique au point de nier son importance dans la vie chrétienne. Le prochain Synode des évêques fournira une excellente occasion au magistère de l'Église pour réaffirmer collégialement le rôle vital de ce sacrement et son usage propre selon les normes approuvées de l'Église. Ces normes sont conformes à la loi divine et expriment le renouveau authentique voulu par le Concile Vatican II et le Siège apostolique.

Entre-temps, je vous demande de faire tout votre possible, chers frères, pour souligner l'importance de la nature ecclésiale du sacrement de pénitence qui, non seulement est en harmonie avec la confession et l'absolution individuelles, mais en réalité les exige excepté dans les cas tout à fait exceptionnels où l'Église autorise l'absolution générale.

En appelant vos fidèles à la conversion constante, en prêchant le pardon et la miséncorde du Sauveur, en soulignant l'aspect communautaire de la réconciliation et en encourageant la confession et l'absolution individuelles parmi vos fidèles, vous rendez un service d'immense valeur non seulement à vos Églises locales, mais aussi à l'Église universelle. Vous magnifiez le mystère de la Rédemption et défendez l'un des droits les plus sacrés de votre peuple. Comme je l'ai déclaré dans ma première encyclique : « C'est pourquoi l'Église, observant fidèlement la coutume pluriséculaire du sacrement de pénitence — la pratique de la confession individuelle unie à l'acte personnel de contrition, au propos de se corriger et de réparer — , défend le droit particulier de l'âme humaine. C'est le droit à une rencontre plus personnelle de l'homme avec le Christ crucifié qui pardonne. Il est évident qu'il s'agit en même temps du droit du Christ lui-même à l'égard de chaque homme qu'il a racheté. C'est le droit de rencontrer chacun de nous à ce moment capital de la vie de l'âme qu'est le moment de la conversion et du pardon. » (Redemptor hominis, RH 20)

5. Votre ministère d'évangélisation atteint son sommet, qui est en même temps le centre de toute vie sacramentelle, dans l'Eucharistie. Ici, l'Évangile est pleinement présent ; ici l'union parfaite avec Jésus est offerte aux fidèles, ici chaque chrétien peut recevoir la force salvatrice de la redemption dans sa plénitude. Et, ici, dans le sacrifice eucharistique, votre propre mission pastorale trouve son achèvement. Ici, vous êtes vraiment un avec le Christ, le Bon Pasteur, le souverain berger du troupeau. Toute conversion conduit à cette union qui n'est pleinement possible que dans l'Eucharistie. Toute évangélisation converge vers ce centre, qui est à la fois sa source et son sommet (cf. Presbyterorum ordinis, PO 5).

C'est aussi dans l'Eucharistie que nous-mêmes, évêques de l'Église de Dieu, trouvons force et joie pastorales pour conduire le Peuple de Dieu sur la voie du salut et de la vie éternelle. Ici, nous rassemblons, au nom du Christ, son Église pèlerine dans sa marche vers le Père, « le Père des miséricordes et le Dieu de toutes les consolations » (2Co 1,3). Ici, nous montrons Jésus à notre peuple et avançons vers lui, dans la sainteté et la vérité, vers l'éternel embrassement de l'amour du Père, vers la pleine communion de vie avec la Très Sainte Trinité.

Tel est, frères évêques, mon ministère et le vôtre — notre ministère d'évangélisation — au service du Peuple de Dieu au Nigeria, et partout où sa Providence bénie dirige votre zèle missionnaire.

Loué soit Jésus-Christ, loué soit son amour rédempteur, loué soit son Évangile de salut !

Je voudrais ouvrir mon coeur avec un présent que j'ai apporté à chaque membre de votre Conférence, en cette occasion qui nous réunit : c'est une image de mon coeur, de mon origine, et aussi de mon espoir en l'avenir de l'Église, de l'humanité et de chaque famille humaine dans toutes les patries du monde (en particulier ma propre patrie). Merci pour votre participation ; merci du fond du coeur pour la préparation de ce voyage. J'ai déjà exprimé ma gratitude à vos collaborateurs ainsi qu'à l'ensemble de la Conférence : je le répète maintenant à chacun d'entre vous et à la Conférence épiscopale du Nigeria tout entière. Si la visite se déroule si bien, c'est là certes le fruit de la grâce divine, de la bénédiction du Seigneur, mais c'est aussi un fruit de votre ministère, de votre désir apostolique et fraternel et de l'esprit d'unité entre vous et l'Évêque de Rome. Je vous suis profondément reconnaissant pour tout cela et pour toute la préparation spirituelle. Sans doute celle-ci n'est-elle pas aussi visible que le préparation extérieure, mais, à y bien regarder, toute préparation extérieure n'est qu'un miroir où le spirituel reflète son image. Merci pour la préparation spirituelle de votre Église, de votre peuple, merci pour cette mission particulière : votre pays, le Nigeria, a eu de nombreux missionnaires qui, souvent, venaient d'Irlande. Nous pouvons bénir aujourd'hui ce pays qui a donné tant de ses fils aux missions de l'Église tout entière, et notamment dans votre propre pays. Aujourd'hui, la visite du Pape est une expérience missionnaire toute particulière, et je voudrais remercier toutes les générations successives d'évêques, de prêtres et de missionnaires qui ont préparé cette expérience particulière. Avec vous, je tiens à en remercier Notre- Seigneur par l'entremise de sa Mère.




Discours 1982 - Enugu, 13 février 1982