Evangelii praecones FR 41

8. Les missionnaires doivent créer et développer les oeuvres d'enseignement :

41 La jeunesse, surtout celle que l'on cultive par les lettres, les études supérieures et les arts libéraux, dirigera demain les affaires de son pays. Tous reconnaissent l'importance des soins qu'il faut donner à l'éducation, aux écoles, aux collèges. Nous exhortons donc paternellement les supérieurs des Missions à ne rien épargner de leurs peines ni de leurs ressources pour développer ces entreprises.

42 Les écoles, en effet, nouent d'opportunes relations entre les missionnaires et les païens de toute classe. La jeunesse, surtout, souple encore comme la cire, éprouve plus aisément le désir de comprendre, d'apprécier, et d'embrasser la doctrine catholique. Ces jeunes plus instruits, seront demain les chefs de l'Etat ; les masses les suivront comme leurs guides et leurs maîtres. Ainsi, l'apôtre des nations présentait à l'élite la plus docte la sagesse sublime de l'Evangile quand, devant l'Aréopage, il annonçait le Dieu inconnu. Si, après ces contacts, quelques-uns seulement se donnent au Christ, un plus grand nombre éprouvera un attrait secret pour la beauté supérieure de cette religion et la charité de ceux qui la professent.

43 Ces écoles et collèges servent aussi éminemment à réfuter les erreurs de tout genre que répandent de plus en plus les non-catholiques et les communistes et qui atteignent ouvertement ou en secret surtout les jeunes.

De même, il faut répandre des imprimés catholiques :

44 Il n'est pas moins utile de publier et de répandre des écrits de circonstance. Il n'y a pas lieu, croyons-Nous, de Nous étendre là-dessus ; on sait assez l'influence des journaux, revues et tracts pour exposer la vérité et le bien, pour en imprégner les esprits, pour démasquer l'erreur, réfuter les mensonges qui attaquent la religion ou déforment au détriment des âmes les questions sociales violemment agitées. Nous louons donc vivement les pasteurs soucieux de répandre par la presse le plus possible des écrits de ce genre, solides et soignés. On a déjà beaucoup entrepris en ce domaine, mais il reste encore beaucoup à faire.

9. Les missionnaires, les religieuses, les laïcs exerceront les oeuvres de charité, et en particulier, celles qui sont destinées à soulager les malades :

45 Il Nous plaît de recommander ici vivement les oeuvres et les établissements qui s'emploient auprès des malades, des infirmes, des éprouvés de tous genres : hôpitaux, léproseries, dispensaires, hospices pour vieillards, maternités, orphelinats, refuges pour nécessiteux. Ces oeuvres qui Nous paraissent pour ainsi dire les fleurs les plus belles du jardin où se dépensent les ouvriers de l'Evangile font revivre, en quelque sorte, sous nos yeux le divin Rédempteur en personne « qui passa en faisant le bien et guérissant les malades » (Ac 10,38).

46 Ces prodiges de charité préparent souverainement les âmes et les attirent à la foi et à la pratique chrétiennes, Jésus-Christ en a fait lui-même aux apôtres la recommandation : « en quelque ville où vous entriez et qu'on vous reçoive... guérissez les malades qui s'y trouveront et dites-leur : le Royaume de Dieu est proche de vous ». (Lc 10,8-9)

47 Il faut enfin que les religieux et les religieuses qui sentent l'appel de ces vocations fructueuses se donnent, avant de quitter leur patrie, la culture intellectuelle et morale que requièrent aujourd'hui ces services. Il ne manque pas de religieuses, Nous le savons, qui, munies de diplômes officiels, ont poursuivi l'étude de maladies affreuses comme la lèpre, et ont trouvé des remèdes adaptés ; on leur doit des louanges méritées. Nous les bénissons paternellement ainsi que tous les missionnaires qui se dépensent dans les léproseries et Nous adressons à leur charité sublime l'hommage de Notre admiration.

48 Pour ce qui est de la médecine et de la chirurgie, il sera à propos évidemment d'appeler à l'aide des laïcs diplômés prêts à quitter volontiers leur patrie pour aider les missionnaires, mais aussi hommes de saine doctrine et de vertu.


10. En pays de Missions, il faut faire connaître l'enseignement social de l'Eglise :

49 Nous en venons maintenant à un sujet qui n'a pas moins d'importance et de gravité. Nous voulons dire un mot de la question sociale et de sa solution dans la justice et la charité. Pendant que les propos communistes se répandent aujourd'hui partout et facilement trompent les simples et les humbles, Nous croyons entendre retentir à Nos oreilles la parole de Jésus-Christ : « J'ai pitié de la foule. » (Mc 8,2). II faut absolument faire passer dans la pratique avec zèle, ardeur, énergie les vrais principes qu'enseigne l'Eglise en matière sociale. Il faut absolument garder tous les peuples de ces erreurs pernicieuses, ou bien, s'ils en ont été infectés, il faut les guérir de ces doctrines violentes qui présentent la jouissance des biens de ce monde comme l'unique loi de l'homme en cette vie, qui attribuent à la souveraineté de l'Etat et à sa décision la propriété et la gestion de tous les biens, réduisent presque jusqu'à l'anéantir la dignité de la personne humaine. Il faut absolument enseigner à tous, en public, en privé, que nous sommes ici-bas des exilés en route vers l'immortelle patrie, appelés à l'éternité, au bonheur éternel que nous devons atteindre un jour en suivant les dictées de la vérité et de la vertu. Seul, le Christ est le gardien de l'humaine justice et le très doux consolateur de la douleur, inévitable ici-bas ; lui seul nous découvre le port de la paix, de la justice et de l'éternelle joie auquel tous, rachetés par son sang, au terme de notre voyage terrestre, nous devons atteindre.


Il faut encore créer des oeuvres sociales :

50 Mais c'est aussi le devoir de tous, autant qu'il est possible, d'adoucir, d'alléger, de soulager les souffrances, les misères, les angoisses qui affligent nos frères en cette vie.

51 La charité peut en partie remédier à bien des injustices d'ordre social, mais c'est insuffisant ; il faut d'abord que la justice s'affirme, s'impose et soit mise en pratique.

Et surtout, il faut instituer un régime de justice :

52 Il Nous plaît, à ce propos, de citer ici les paroles que Nous adressions, à Noël 1942, aux Eminentissimes cardinaux et aux évêques réunis :

« L'Eglise a condamné les divers systèmes du socialisme marxiste, et elle les condamne encore aujourd'hui conformément à son devoir et à son droit permanent de mettre les hommes à l'abri de courants et d'influences qui mettent en péril leur salut éternel. Mais l'Eglise ne peut pas ignorer ou ne pas voir que l'ouvrier, dans son effort pour améliorer sa situation, se heurte à tout un système qui, loin d'être conforme à la nature, est en opposition avec l'ordre de Dieu et avec la fin assignée par Dieu aux biens terrestres. Si fausses, si condamnables, si dangereuses qu'aient été et que soient les voies suivies, qui pourrait, et surtout quel prêtre, quel chrétien pourrait demeurer sourd au cri qui monte d'en bas et qui réclame dans le monde d'un Dieu juste, justice et fraternité ? Le silence serait coupable, inexcusable devant Dieu, contraire au bon sens de l'Apôtre qui, tout en prêchant la fermeté contre l'erreur, sait en même temps qu'il faut montrer beaucoup de délicatesse envers les égarés, aller à eux le coeur ouvert pour écouter leurs aspirations, leurs espérances, leurs raisons... La dignité de la personne humaine suppose donc normalement comme fondement naturel pour vivre le droit à l'usage des biens de la terre ; à ce droit correspond l'obligation fondamentale d'accorder une propriété privée autant que possible à tous. Les normes juridiques positives, réglant la propriété privée, peuvent changer et en restreindre plus ou moins l'usage, mais si elles veulent contribuer à la pacification de la communauté, elles devront empêcher que l'ouvrier père ou futur père de famille, soit condamné à une dépendance, à une servitude économique, inconciliable avec les droits de sa personne.

Que cette servitude dérive de la puissance du capital privé ou du pouvoir de l'Etat, l'effet est le même. Bien plus, sous la pression d'un Etat qui domine tout, qui règle toute la sphère de la vie publique et privée, qui pénètre jusque dans le champ des idées et des convictions de la conscience, ce défaut de liberté peut avoir des conséquences plus graves encore, comme l'expérience en fournit la manifestation et le témoignage » 40.

40 A. S., 35, 1943, pp. 16-17.

53 Il vous revient, Vénérables Frères, qui vous dépensez de toutes façons dans les Missions, de donner tous vos soins à ce que ces principes et ces normes passent dans la pratique. Examinez les conditions particulières du pays, consultez-vous en vos réunions d'évêques, en vos synodes et autres assemblées, et fondez selon vos ressources les groupements sociaux et économiques, les Associations et Instituts que les circonstances et le caractère de vos populations demandent.

C'est sûrement un devoir de votre charge pastorale de veiller à ce que le troupeau qui vous est confié n'aille pas s'égarer hors du vrai chemin, victime de ces nouvelles erreurs qui se couvrent des apparences de la vérité et de la justice, victime aussi d'entraînements néfastes. Que les apôtres de l'Evangile qui vous secondent avec zèle se distinguent entre tous en ce point ; ils seront sûrs, alors, de ne point entendre un jour cette parole : « Les fils de ce siècle sont plus prudents que les fils de la lumière » (
Lc 16,8). Il sera toutefois opportun qu'ils s'adjoignent, chaque fois que ce sera possible, des laïcs compétents, reconnus pour leur droiture et leur prudence, qui prennent en mains ces entreprises et les développent.


11. Contre l'exclusivisme territorial ou juridictionnel

Il faut que les Instituts religieux engagés dans les Missions consentent à se soumettre à des Evêques indigènes, à collaborer avec des prêtres indigènes et avec des religieux d'autres Instituts :

54 Le vaste domaine de l'apostolat missionnaire n'était jadis délimité par les frontières ecclésiastiques précises, ni confié à des Ordres ou Congrégations religieuses en collaboration avec un clergé indigène en progrès, ce qui est devenu généralement, on le sait, la situation actuelle. Il est aussi arrivé parfois qu'on a confié certaines régions aux religieux d'une province particulière d'un même Institut.

Nous reconnaissons les avantages de ce régime ; l'organisation des Missions en devient plus rapide et plus facile. Cela, toutefois, peut susciter de sérieux inconvénients auxquels il est à propos de remédier le plus possible. Nos prédécesseurs, déjà, ont traité un sujet analogue en leurs Lettres que Nous avons rappelées, et ils ont donné sur la matière des normes très sages qu'il Nous plaît de renouveler ici et de confirmer. Connaissant votre zèle pour la religion et le salut des âmes, Nous vous exhortons à les accueillir avec un esprit filial et une prompte obéissance. Il arrive, en effet, que ces territoires, très vastes d'ordinaire, que le Saint-Siège a confiés à votre zèle pour que vous les gagniez au Christ, Notre-Seigneur, vos Instituts ne peuvent leur donner qu'un nombre de missionnaires bien inférieur à la nécessité. N'hésitez donc pas à imiter la pratique des diocèses constitués : des religieux, clercs ou laïcs de divers Instituts, des religieuses de Congrégations différentes entourent l'évêque et lui donnent leur concours. De même pour la propagation de la foi, l'instruction de la jeunesse indigène et d'autres oeuvres du même genre, n hésitez pas à appeler à partager vos travaux des religieux ou des missionnaires qui ne seraient pas de votre Institut, qu'ils soient religieux, clercs ou laïcs. Les Ordres et les Congrégations religieuses peuvent se glorifier de la mission qu'ils ont reçue auprès des païens comme des conquêtes qu'ils ont ajoutées au royaume du Christ ; mais qu'ils se rappellent aussi qu'ils n'ont point reçu les territoires de mission en droit personnel et perpétuel ; ces territoires leur sont confiés selon le gré du Siège apostolique, à qui demeurent le droit et la charge de veiller à leur juste et plein développement. Le Pontife romain, en conséquence, ne s'acquitterait pas de sa charge s'il se contentait de répartir entre les Instituts des territoires plus ou moins étendus ; il doit encore, ce qui importe davantage, veiller sans cesse de toute façon à ce que ces Instituts missionnaires envoient en nombre, et surtout en qualité, les missionnaires qu'il faut aux régions qui leur sont confiées pour répandre en tout le pays la lumière de la vérité chrétienne et y travailler efficacement

42 A. A. S., 11, 1019, p. 444, et A. A. S., 18, 1926, pp. 81-82.

12. L'Eglise respecte tout ce qui est bon dans une civilisation :

55 II Nous reste à toucher un point que Nous souhaitons vivement voir parfaitement saisi de tous. L'Eglise, depuis son origine jusqu'à nos jours, a toujours suivi la norme très sage selon laquelle l'Evangile ne détruit et n'éteint chez les peuples qui l'embrassent rien de ce qui est bon, honnête et beau en leur caractère et leur génie. En effet, lorsque l'Eglise convie les peuples à s'élever sous la conduite de la religion chrétienne à une forme supérieure d'humanité et de culture, elle ne se conduit pas comme celui qui, sans respecter, abat une forêt luxuriante, la saccage et la ruine, mais elle imite plutôt le jardinier qui greffe une tige de qualité sur des sauvageons pour leur faire produire un jour des fruits plus savoureux et plus doux.

56 La nature humaine garde en elle, malgré la tache héritée de la triste chute d'Adam, un fonds naturellement chrétien 43 qui, éclairé par la lumière divine et nourri de la grâce, peut s'élever à la vertu authentique et à la vie surnaturelle.

43 Cf. Tertull., Avologet., cap. XVII : M. L. I, 377 A.

57 Pour ce motif, l'Eglise n'a jamais traité avec mépris et dédain les doctrines des païens, elle les a plutôt libérées de toute erreur et impureté, puis achevées et couronnées par la sagesse chrétienne. De même, leurs arts et leur culture, qui s'étaient élevés parfois à une très rare hauteur, elle les a accueillis avec bienveillance, cultivés avec soin et portés à un point de beauté qu'ils n'avaient peut-être jamais atteint encore. Elle n'a pas non plus condamné absolument, mais sanctifié en quelque sorte les moeurs particulières des peuples et leurs institutions traditionnelles. Tout en modifiant l'esprit et la forme, elle a fait servir leurs fêtes à rappeler les martyrs et à glorifier les saints mystères. A ce propos saint Basile écrit excellemment : « A la façon des teinturiers, qui préparent soigneusement leur étoffe, puis la plongent dans la pourpre ou dans une autre couleur, si nous voulons que l'éclat du bien demeure en nous à jamais indélébile, nous nous formerons d'abord par des études profanes avant d'étudier à fond les sciences révélées et sacrées. Habitués à regarder le soleil sur les eaux, nous pourrons lever les yeux sur la Lumière elle-même... La vie de l'arbre est de se charger de fruits à son heure, et pourtant, les feuilles qui frémissent autour des rameaux ajoutent à leur beauté. Ainsi, l'âme trouve son fruit par excellence dans la Vérité même à laquelle toutefois la sagesse humaine, sans déplaire, sert comme de manteau, comme un feuillage qui entoure les fruits d'ombre et de beauté... C'est la voie par laquelle, dit-on, l'incomparable Moïse, dont la sagesse est réputée partout, s'étant d'abord formé chez les maîtres d'Egypte, s'éleva à la contemplation de Celui qui est. On rapporte également que plus tard, le sage Daniel aborda les doctrines sacrées une fois instruit dans la sagesse des Chaldéens de Babylone » ".

44 S. Basil., Ad adolescentes, 2 : M. G. XXXI, 567 A.

58 Nous écrivions, Nous-même, en Notre première Encyclique Summi Pontificatus, ces paroles : « D'innombrables recherches et investigations de pionniers, accomplies en esprit de sacrifice, de dévouement et d'amour par les missionnaires de tous les temps, se sont proposé de faciliter l'intime compréhension et le respect des civilisations les plus variées et d'en rendre les valeurs spirituelles fécondes pour une vivante et vivifiante prédication de l'Evangile du Christ. Tout ce qui, dans ces usages et coutumes, n'est pas indissolublement lié à des erreurs religieuses sera toujours examiné avec bienveillance et, quand ce sera possible, protégé et encouragé » "5.

45 A. A. S., 31, 1939, p. 429.

59 En 1944, en Notre discours aux directeurs des oeuvres pontificales missionnaires, Nous disions, entre autres, ces paroles : « L'apôtre est le messager de l'Evangile et le héraut de Jésus-Christ. Le rôle qu'il remplit ne demande pas qu'il transporte dans les lointaines Missions, comme on y transplanterait un arbre, les formes de culture des peuples d'Europe, mais ces nations nouvelles, fières parfois d'une culture très ancienne, doivent être instruites et réformées de telle sorte plutôt qu'elles deviennent aptes à recevoir, d'un coeur avide et empressé, les règles et les pratiques de la vie chrétienne. Ces règles peuvent s'accorder avec toute culture profane, pourvu qu'elle soit saine et pure, et la rendre plus capable de protéger la dignité humaine et d'atteindre le bonheur. Les catholiques d'un pays sont d'abord citoyens de la grande famille de Dieu et de son royaume (Ep 2,19) mais ils ne cessent pas, pour cela, d'être citoyens de leur patrie terrestre » 47.

47 A. A. S., 36, 1944, p. 210.

13. L'oeuvre des Missions a été heureusement illustrée et présentée, de l'Exposition missionnaire de Rome, en 1950 :

60 Pie XI, Notre Prédécesseur, lors de l'Année jubilaire 1925, fit préparer une très vaste exposition missionnaire dont il marqua, en ces termes, l'heureux résultat : « C'est presque un miracle que ce nouveau témoignage grâce auquel Nous touchons la vivante structure de l'Eglise de Dieu, une à travers toutes les nations. A vrai dire, l'Exposition a surgi et demeure tel un livre immense et saisissant » "8.

48 Allocutio. 10. januarii 1926.

61 Suivant cet exemple, afin de mettre à la portée du plus grand nombre possible les mérites singuliers des Missions surtout dans le domaine de la haute culture, Nous avons, au cours de l'Année Sainte, fait recueillir une riche documentation, et l'avons fait exposer tout près du Vatican, comme la présentation en pleine lumière du développement chrétien des beaux-arts suscité par les Missions chez les peuples cultivés et chez d'autres moins développés.

62 On a constaté ainsi la part très grande qu'ont eue les travaux des missionnaires dans le développement des arts et dans les études des Académies sur la matière. On y a vu aussi que l'Eglise ne s'oppose au génie d'aucun peuple, mais plutôt le porte à sa plus haute perfection.

63 Nous attribuons à la bonté de Dieu le fait que tous aient accueilli avec particulier intérêt un événement semblable qui atteste publiquement la vitalité et la vigueur accrues des Missions. Grâce, en effet, au zèle des missionnaires, l'Evangile a pénétré les âmes de peuples fort éloignés et fort divers au point de susciter chez eux de belles manifestations d'un renouveau artistique. Ce qui montre, une fois de plus, que la foi chrétienne, assimilée et vécue, peut seule élever l'esprit de l'homme jusqu'à produire ces oeuvres exquises qui demeurent la gloire impérissable de l'Eglise catholique et l'ornement le plus beau du culte divin.

14. faut continuer à développer les Oeuvres missionnaires pontificales :

64 Vous vous rappelez fort bien la vive recommandation faite par l'Encyclique Rerum Ecclesia à l'Union missionnaire du clergé dont le but est d'unir les clercs de l'un et l'autre clergés et leurs grands séminaristes, dans un effort commun de propagande en faveur des Missions. Nous avons suivi ses progrès avec grand plaisir, comme Nous l'indiquions plus haut. Nous désirons vivement qu'elle croisse sans cesse et stimule le zèle des prêtres et des fidèles qui leur sont confiés à aider les oeuvres missionnaires. Cette association est comme la source d'où dérivent les eaux nourricières aux autres oeuvres pontificales de la Propagation de la Foi, de Saint Pierre Apôtre pour le clergé indigène, de la Sainte Enfance. Il n'y a pas lieu de Nous attarder à rappeler l'importance, la nécessité et les mérites éclatants de ces oeuvres que Nos Prédécesseurs ont enrichies d'indulgences. Il Nous plaît assurément que l'on recueille les aumônes des fidèles, surtout le « jour des Missions », mais le premier de Nos voeux est que tous prient le Dieu tout-puissant de susciter de nombreuses vocations missionnaires ; qu'ils s'inscrivent eux-mêmes aux oeuvres pontificales que Nous avons dites, et qu'ils s'efforcent de les promouvoir. Vous n'ignorez pas, Vénérables Frères, que Nous avons institué récemment une fête destinée aux enfants, afin de promouvoir par la prière et l'aumône l'oeuvre de la Sainte Enfance. Puissent nos chers petits enfants s'habituer ainsi à prier avec instance pour le salut des infidèles, et puissent, dans leurs âmes encore innocentes, germer et mûrir les vocations missionnaires.

65 Il Nous plaît de louer aussi l'oeuvre établie pour fournir aux Missions les ornements sacerdotaux ; d'exprimer Notre paternelle bienveillance à ces groupes de femmes qui concourent utilement à la confection de vêtements liturgiques ou de linge d'autel.

Enfin Nous voulons adresser à tous Nos chers ministres de l'Eglise cette parole d'encouragement : le zèle du peuple chrétien pour le salut des infidèles ravive sa foi et lui fait produire des fruits excellents ; quand la ferveur pour les Missions s'accroît, la piété également s'accroît.

15. Pie XII lance un appel au monde catholique :

66 Enfin, Nous ne voulons point terminer cette Lettre sans dire au clergé et à tous les fidèles Notre affectueuse gratitude. Nous avons constaté, en effet, encore cette année, une forte augmentation des aumônes de Nos fils pour les Missions. Il est bien sûr que votre charité ne peut mieux s'employer qu'à étendre ainsi le règne du Christ et à porter le salut aux âmes privées de la foi, puisque « Le Seigneur lui-même a confié à chacun le salut de son prochain » (Si 17,12).

67 En conséquence, il Nous plaît de reprendre avec plus d'instance et dans une sollicitude nouvelle le mot d'ordre que Nous écrivions en Notre Lettre, le 9 août 1950, à Notre cher fils, le cardinal Pierre Fumasoni Biondi, préfet de la Sacrée Congrégation de la Propagande : « Que tous les fidèles persévèrent en leur volonté d'aider les Missions, qu'ils multiplient pour elles leurs industries, qu'ils adressent à Dieu d'incessantes prières, qu'ils aident les missionnaires et leur fournissent les secours nécessaires. »

68 L'Eglise, en effet, est le Corps mystique du Christ dans lequel « tous les membres souffrent quand un membre souffre » (1Co 12,26). Puis donc qu'un grand nombre de ses membres aujourd'hui sont déchirés et torturés, c'est le devoir de tous les fidèles du Christ de s'unir à eux de coeur et de fait. La fureur guerrière a saccagé et détruit, en certaines Missions, un grand nombre d'églises, de résidences, d'écoles et d'hôpitaux. Le monde catholique tout entier voudra généreusement, dans son ardente charité pour les Missions, donner le nécessaire pour relever tous ces édifices 51.

51 A. A. S., XXXXII, 1050, pp. 727-728-

69 Vous savez parfaitement, Vénérables Frères, que l'humanité actuelle est emportée comme en deux camps opposés, pour ou contre le Christ. Elle court les plus grands dangers ; il en résultera le salut du Christ ou d'épouvantables ruines. Le zèle industrieux et débordant des missionnaires s'efforce d'étendre le règne du Christ, mais d'autres hérauts qui ramènent tout à la matière, et rejettent tout espoir d'un bonheur éternel veulent réduire l'homme à l'état le plus affreux.

70 L'Eglise catholique, mère aimante de tous les hommes, a donc bien raison, d'appeler tous ses fils, où qu'ils se trouvent, à aider les semeurs intrépides de l'Evangile par leurs aumônes, leurs prières, l'aide aux futurs missionnaires. Elle les presse maternellement de manifester des entrailles de miséricorde (cf. Col 3,12), et de partager le travail apostolique, sinon de fait, du moins de coeur ; enfin, de ne pas laisser sans réponse l'appel du Coeur très doux de Jésus « venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10). Si les fidèles contribuent à porter la douce lumière de la foi fût-ce dans un seul foyer, ils auront fait surgir une source de grâces qui se développera sans fin ; s ils ont aidé à former un prêtre, il leur reviendra le grand mérite de toutes ses messes, de tous ses fruits d'apostolat et de sainteté. Tous les fidèles ne forment, en effet, qu'une seule grande famille ayant tous en partage les mérites de l'Eglise militante, souffrante et triomphante. Rien ne paraît mieux indiqué que le dogme de la Communion des Saints pour graver dans l'esprit et le coeur des fidèles l'utilité et l'importance des Missions.

71 Vous ayant exprimé Nos voeux paternels, et donné ces normes appropriées, Nous avons confiance que ce 25e anniversaire de l'Encyclique Rerum Ecclesiae sera pour tous les catholiques le point de départ de nouveaux efforts en faveur des Missions.

72 En cette douce espérance, à chacun de vous, Vénérables Frères, au clergé et à tout le peuple fidèle, à ceux nommément qui soutiennent au pays cette sainte cause par leurs prières et leurs aumônes, comme à ceux qui se dépensent au loin dans les Missions, Nous accordons, du fond du coeur, comme gage des bénédictions célestes, et de Notre paternelle bienveillance, la Bénédiction apostolique.

2 juin 1951






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