Discours 1997 - Vendrei 7 novembre 1997


À UN GROUPE DE JOURNALISTES CATHOLIQUES DE BELGIQUE

Vendredi 7 novembre 1997



Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

C'est avec un grand plaisir que je vous accueille aujourd'hui, vous qui composez la délégation de l'Association des journalistes catholiques et de l'Union des journaux catholiques de Belgique. Vous représentez aussi l'ensemble des lecteurs de la presse catholique belge. Je remercie votre Président, Monsieur Philippe Vandevoorde, pour ses paroles cordiales.



… en néerlandais



En venant rendre visite au Successeur de Pierre, vous manifestez votre attachement à l'Église et à sa mission spirituelle et charitable. En relation avec le Conseil pontifical Cor Unum et la Fondation Populorum Progressio, vous soutenez des projets de développement professionnel et social en Amérique latine et dans les Caraïbes. J'apprécie l'offrande que vous faites avec vos compatriotes et je vous remercie vivement de votre geste. Le partage et l'entraide font partie de la vie chrétienne; en effet, les disciples du Christ ne peuvent pas se détourner du visage des pauvres, que Dieu aime avec sollicitude. Comme le disait saint Jean Chrysostome, « l'aumône est la reine des vertus » [1]. Elle nous apprend à nous détacher des réalités de ce monde; elle ouvre notre coeur à nos frères pour faire advenir une ère de justice et de paix, et elle nous rapproche du Seigneur, car « elle est une offrande de valeur, pour tous ceux qui la font en présence du Très-Haut » [2].

En vous confiant à l'intercession de saint François de Sales, patron des journalistes, et des saints de Belgique, je vous accorde de grand coeur ma Bénédiction Apostolique, ainsi qu'à vos familles, aux collaborateurs de vos journaux et à vos lecteurs.

[1] S. Ioannis Chrysostomi De Davide, 4.
[2] Tb 4,11.


Décembre 1997



AUX PÈRES SYNODAUX À L'OCCASION DE LA CLÔTURE DE LA XXVe CONG. GÉN: DE L'ASSEMBLÉE SPÉCIALE POUR L'AMÉRIQUE DU SYNODE DES ÉVÊQUES

Jeudi 11 décembre 1997



Messieurs les Cardinaux,
Chers Frères dans l'épiscopat,
Chers frères et soeurs,

1. Nous voici au terme de l'Assemblée spéciale pour l'Amérique I du Synode des Évêques. En ce moment, mon âme s'ouvre d'abord à l'action de grâce envers Dieu, qui est à l'origine s de tout don excellent et de toute donation parfaite » (Jc 1,17). Et j'éprouve une grande reconnaissance envers tous ceux qui ont été des instruments de Dieu pour faire part de ces richesses spirituelles à son Église, à l'occasion de la présente Assemblée synodale.

Ma vive gratitude va aux Pères, premiers responsables du Synode, qui ont porté le poids du travail et qui ont maintenant le mérite des résultats. Chaque jour, les Présidents Délégués ont efficacement conduit l'Assemblée; le Rapporteur général et les deux Secrétaires spéciaux l'ont aidée a traiter le thème synodal avec compétence; le Secrétaire général l'a guidée avec sûreté dans la démarche complexe du Synode.

Les Délégués fraternels de certaines confessions chrétiennes d'Amérique et un bon nombre d'hommes et de femmes venus en qualité d'assistants et d'assistantes, d'auditeurs et d'auditrices, ont apporté un concours riche de sens.

Et comment pourrait-on oublier que l'Assemblée a été préparée par la prière, par la réflexion et par la consultation de toutes les Églises particulières et des autres organismes choisis à cet effet, de même que par les différentes réunions du Conseil présynodal? La coopération harmonieuse de nombreuses composantes ecclésiales, de même que celle de divers organismes et services du Siège Apostolique, a certainement contribué à l'heureuse issue des travaux.

Nous gardons présentes à la mémoire également les nombreuses personnes qui ont accompagné les travaux synodaux par l'offrande de leurs souffrances et par leur prière continuelle. A tous et à chacun va ma gratitude personnelle.

2.


À CINQ NOUVEAUX AMBASSADEURS À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Salle Clémentine, Jeudi 18 décembre 1997




Excellences,

1. Il m'est agréable de vous souhaiter la bienvenue dans la Ville éternelle, à l'occasion de la remise des Lettres qui vous accréditent auprès du Saint Siège comme Ambassadeurs plénipotentiaires de vos pays respectifs: le Bénin, l'Érythrée, la Norvège, le Sri Lanka et le Togo. En cette circonstance, je renouvelle, volontiers l'expression de mon estime et de mon amitiés à l'égard des Autorités de vos nations et a l'égard de tous vos compatriotes. Sensible aux messages cordiaux que vous m'avez transmis de la part de vos chefs d'État, je vous saurais gré de leur exprimer en retour mes salutation déférentes et mes voeux chaleureux pour leurs personnes et pour leurs haute mission au service de leurs concitoyens.

2. Afin de répondre aux espoirs et aux aspirations légitimes des peuples à la paix et au bien-être matériel et spirituel, il convient de rappeler l'importance du dialogue au sein des communautés nationales comme entre les pays, dialogue qui est la voie de la raison et un aspect essentiel de la vie diplomatique. Dans cet esprit, il importe de soutenir les nations qui doivent encore développer leur vie démocratique, afin de permettre la participation du plus grand nombre à la vie publique. De même, j'invite ceux qui ont un rôle dans le concert des nations à tout tenter pour favoriser la communication entre les peuples et pour convier les responsables de la vie politique et économique à poursuivre dans la voie de la coopération internationale. Il est clair ? et l'histoire l'a fréquemment montré ? que la violence ou la force ne résolvent jamais à long terme des situations conflictuelles. Au contraire, elles ne font que renforcer les particularismes de tous ordres.

3. Au terme de l'Assemblée spéciale pour l'Amérique du Synode des Évêques, qui vient de se tenir à Rome, les pasteurs se sont faits à de nombreuses reprises l'écho de la voix des pauvres; avec eux, je ne peux qu'appeler de mes voeux un engagement renouvelé de la communauté internationale en faveur des pays qui doivent encore lutter de manière plus intense contre la pauvreté, source de nombreux maux pour les personnes et pour les peuples, en particulier des fléaux de la drogue et de la délinquance sous toutes ses formes. A l'approche du troisième millénaire, il faut aussi souhaiter une prise de conscience plus forte en faveur du respect de toute personne, spécialement des enfants, qui n'ont pas toujours la possibilité de recevoir l'éducation à laquelle ils ont droit, qui font l'objet de multiples exploitations et qui sont obligés de travailler, parfois dans des conditions dégradantes. En tant que diplomates, je suis sûr que vous êtes particulièrement sensibles à ces aspects de la vie en société.

4. Au moment où vous commencez votre mission, qui vous permettra de connaître davantage la vie et l'action du Siège apostolique, je vous offre mes voeux les meilleurs et j'invoque l'abondance des Bénédictions divines, sur vous mêmes ainsi que sur vos familles, sui vos collaborateurs et sur les nations que vous représentez.



À S.E. M. CORNEILLE MEHISSOU, NOUVEL AMBASSADEUR DU BÉNIN PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Jeudi 18 décembre 1997




Monsieur l'Ambassadeur,

1. Il m'est agréable d'accueillir Votre Excellence en cette maison où je Lui souhaite la bienvenue à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Bénin près le Saint-Siège.

J'ai été sensible aux aimables paroles que vous m'avez adressées. Elles témoignent de l'estime que votre pays porte aux motivations d'ordre spirituel et religieux dans la vie nationale. Je vous remercie pour le salut déférent que vous m'avez transmis de la part de Son Excellence Monsieur Mathieu Kérékou, Président de la République du Bénin. Vous voudrez bien lui faire part en retour de mes voeux cordiaux. Mes souhaits affectueux rejoignent aussi tout le peuple béninois dans ses efforts courageux en vue de la croissance d'une nation toujours plus unie et plus juste. Que Dieu accorde prospérité et bonheur à tous!

2. Dans votre allocution, vous avez souligné que votre pays s'est engagé résolument dans le processus d'édification d'une société démocratique. Sur ce chemin difficile, l'établissement d'un État de droit est une priorité qui doit permettre à chacun de jouir de toutes ses prérogatives de citoyen, librement et dans le respect d'un pluralisme légitime. L'une des préoccupations essentielles demeure aussi de satisfaire les besoins fondamentaux de chacun et de favoriser un partage honnête et équitable des avantages et des charges. À cette fin, il importe que la justice préside à l'exploitation et à la distribution des ressources nationales.

3. Je suis heureux de savoir qu'au Bénin les relations entre la communauté catholique et les croyants de l'Islam sont généralement sereines. En effet « Dieu veut que nous témoignions de lui dans le respect des valeurs et des traditions religieuses propres à chacun, travaillant ensemble pour la promotion humaine et le développement à tous les niveaux » [1]. L'édification de la nation exige que les croyants et, plus largement, tous les hommes de bonne volonté unissent leurs efforts pour le service du bien commun, manifestant ainsi que Dieu les a créés membres d'une même famille humaine et marqués d'une égale dignité. Je souhaite vivement que ces bonnes relations contribuent à entretenir l'unité de la nation qui est si indispensable pour le maintien et le renforcement de la paix et de la concorde entre les citoyens.

4. Dans un esprit de dialogue et de collaboration fraternelle, l'Église catholique dans votre pays, à travers l'engagement de ses membres, prend une juste part à la vie de la nation. En effet, elle entend participer activement, à la place qui lui revient et selon sa vocation propre, au développement humain et spirituel des personnes, En se mettant au service de tous dans de nombreux domaines, comme l'éducation, la santé, l'action sociale et caritative, elle contribue à l'amélioration des conditions de vie de la population et elle favorise le progrès de la justice et de la convivialité. Par le témoignage que l'Église rend à l 'Évangile en paroles et en actes, dans le respect de la liberté et des convictions de chacun ainsi que des communautés humaines et religieuses, elle accomplit la mission qu'elle a reçue du Christ et qu'elle a le devoir impérieux de réaliser. Refusant toutes les divisions et les oppositions qui mettent en péril la poursuite du bien commun, elle se sait appelée à travailler avec ardeur à l'établissement d'une véritable « civilisation de l'amour ».

5. Vous me permettrez, Monsieur l'Ambassadeur, de saluer chaleureusement par votre intermédiaire la communauté catholique béninoise et ses Évêques. La récente érection de nouveaux diocèses et la constitution d'une seconde province ecclésiastique dans le pays attestent le dynamisme évangélique de l'Église au Bénin. J'invite les fidèles, en union profonde avec leurs Pasteurs, à vivre avec leurs compatriotes de l'amour universel du Christ, dans une attitude de respect mutuel et de dialogue avec tous. Ainsi, alors que nous approchons du troisième millénaire, ils contribueront à la réalisation d'une nation solidaire et fraternelle!

6. Alors que vous inaugurez votre mission, je vous offre mes voeux cordiaux pour la noble tache qui vous attend. Soyez assuré que vous trouverez ici, auprès de mes collaborateurs, l'accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur le peuple béninois et sur les responsables de la nation, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions divines.

[1] Ioannis Pauli PP. II Ecclesia in Africa, .



À S.E. M. ELLIOT LATÉVI-ATCHO LAWSON, NOUVEL AMBASSADEUR DU TOGO PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Jeudi 18 décembre 1997




Monsieur l'Ambassadeur,

1. Soyez le bienvenu en cette demeure où j'ai le plaisir d'accueillir Votre Excellence à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Togo près le Saint-Siège.

Je vous remercie des salutations que vous m'avez adressées au nom de Son Excellence Monsieur Gnassingbé Eyadéma, Président de la République du Togo. Je vous saurais gré de lui transmettre en retour mes veux déférents. Au peuple togolais tout entier, que je rejoins par la pensée et par le coeur, je souhaite de connaître la prospérité et le bonheur, dans une société toujours plus fraternelle, fondée sur la justice et la solidarité.

2. Je reçois avec satisfaction ce que vous dites de l'engagement du Togo pour le renforcement de relations de coopération et d'amitié entre les peuples. Alors que l'Afrique connaît encore trop de foyers de tension et de graves conflits fratricides, il est nécessaire de persévérer avec conviction dans les efforts communs déjà entrepris pour que s'impose aussi bien à l'intérieur des nations qu'entre les nations elles-mêmes une véritable culture de la solidarité. La recherche de solutions appropriées aux problèmes vitaux des populations, afin que chacun puisse jouir de conditions de vie sereines et décentes, est une priorité pour l'établissement d'une paix durable.

3. Dans votre allocution, vous avez aussi souligné l'objectif poursuivi par votre pays d'établir un État de droit. Son instauration, en effet, est indispensable afin de permettre l'affermissement d'une démocratie authentique. Pour travailler efficacement au progrès et au développement de la nation, il est donc du devoir des responsables de l'État de veiller à ce que, dans la vie politique et sociale, tous les citoyens puissent exercer leurs droits légitimes et pour cela bénéficier des libertés indispensables. La possibilité donnée à tous de choisir librement leurs dirigeants et de participer aux décisions politiques qui orientent la vie commune est une prérogative essentielle qui permet de ne pas confisquer au profit de quelques-uns ce qui revient à tous.

La liberté elle-même est ordonnée à la vérité, et particulièrement lorsqu'elle concerne la compréhension de ce qu'est l'homme et la perception correcte de son rôle dans la vie sociale. En effet, la dignité transcendante de la personne humaine doit guider l'action politique pour garantir l'avenir de la liberté. Ainsi que je l'ai souligné à plusieurs reprises, « la liberté n'est pleinement mise en valeur que par l'accueil de la vérité: en un monde sans vérité, la liberté perd sa consistance et l'homme est soumis à la violence des passions et à des conditionnements apparents ou occultes » [1].

4. L'Église catholique, quant à elle, entend collaborer avec loyauté à la recherche de l'intérêt commun. Certes, il n'est pas dans sa vocation de gérer les affaires publiques. Elle reconnaît la légitime autonomie des institutions politiques de même que sa propre liberté à leur égard afin de pouvoir annoncer sans entraves la Bonne Nouvelle de l'Évangile et en rappeler les exigences. Elle apporte une contribution spécifique à la promotion du bien de la communauté nationale en discernant et en encourageant ce qui permet à l'homme de vivre et de grandir en conformité avec sa vocation ainsi qu'en combattant ce qui va à l'encontre des valeurs évangéliques et ce qui dès lors devient inacceptable dans certaines circonstances.

Pour être fidèle à sa mission de service de l'Évangile, l'Église, en effet, ne peut se désintéresser des problèmes concrets des hommes. Participant par ses membres à la vie de la société, elle n'est pas indifférente au sort des personnes et des communautés humaines ni aux dangers qui les menacent. Il lui revient alors de proposer clairement les valeurs qui devraient être garanties pour que la dignité et les droits individuels et collectifs des personnes soient respectés. Dans bien des situations, elle doit se faire la voix de ceux qui ne peuvent s'exprimer. Car il est dans sa vocation propre de contribuer à l'édification d'une société juste et réconciliée, dans laquelle chacun peut trouver son plein épanouissement humain et spirituel.

Monsieur l'Ambassadeur, je profite de cette occasion solennelle pour saluer avec affection tous les Évêques et les membres de la communauté catholique du Togo, dont je connais le dynamisme évangélique. Je les encourage vivement à travailler, en union avec tous les hommes de bonne volonté de leur pays, à l'édification d'une société renouvelée et fraternelle, où chacun trouvera sa place et pourra épanouir les dons qu'il a reçus de Dieu. Alors que nous nous préparons à la célébration du grand Jubilé de l'An 2000, je les invite à ranimer leur espérance et à en être les témoins au milieu de leurs frères.

5. Au moment où commence votre mission, je vous offre mes voeux les meilleurs pour la noble tache qui vous attend. Soyez assuré que vous trouverez toujours ici, auprès de mes collaborateurs, l'accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur le peuple togolais et sur ceux qui président à sa destinée, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions divines.

[1] Ioannis Pauli PP. II Centesimus Annus, CA 46.



À S.E. MGR FERNAND FRANCK, ARCHEVÊQUE DE LUXEMBOURG

Vendredi 19 décembre 1997




1. Au moment où vous effectuez votre visite ad limina, je suis heureux de vous accueillir dans la Maison du Successeur de Pierre. Pour chaque évêque, c'est une occasion incomparable d'affermir son ministère en priant sur les tombeaux des saints Pierre et Paul, et de vivre des temps forts de communion ecclésiale, grâce aux différentes rencontres avec des membres des Dicastères de la Curie. Que les Apôtres vous obtiennent de poursuivre votre mission pastorale dans la joie, avec la force et la lumière que donne l'Esprit Saint !

2. Dans votre rapport quinquennal, vous m'avez fait part de la vitalité spirituelle de l'archidiocèse de Luxembourg. Dans la perspective du grand Jubilé et de la nouvelle évangélisation que l'Église se doit d'accomplir au cours du troisième millénaire, vous avez engagé la communauté diocésaine dans une démarche synodale, intitulée Église 2005: en route avec Jésus Christ, ensemble pour les hommes. Vous invitez ainsi opportunément les pasteurs et les fidèles à contempler le Christ et le mystère chrétien, par des propositions de formation, par un accueil sans cesse renouvelé de la parole de Dieu, par un approfondissement de la liturgie et par une vie communautaire plus intense. C'est en effet, par une démarche spirituelle et intellectuelle que tous les membres du peuple de Dieu font grandir leur foi et s'engagent plus délibérément dans la mission, chacun selon son charisme et le service qu'il lui est donné d'accomplir dans l'Église et dans la société.

3. Je tiens à saluer le travail réalisé par les prêtres, qui s'attachent à transmettre fidèlement l'Évangile, l'enseignement de l'Église, en particulier le message conciliaire, à guider et à sanctifier le peuple chrétien, afin que tous les hommes deviennent des disciples du Christ. Je connais l'importance et la multiplicité de leurs tâches, spécialement à une époque où le manque de prêtres commence à se faire durement sentir. Je les exhorte à ne pas se décourager, à demeurer vigilants dans la prière et dans leur vie spirituelle. Ils raviveront ainsi le don que Dieu a déposé en eux par l'imposition des mains (cf. 2Tm 1,6), pour exercer pleinement le ministère qui leur est confié.

4. Les pasteurs sont appelés à réaliser leur mission en relation avec les laïcs, de manière coordonnée et sans confusion entre ce qui relève du ministère ordonné et ce qui appartient au sacerdoce universel des baptisés. « Chacun, dans son unicité irremplaçable », doit s'offrir « pour la croissance de la communion ecclésiale, par son être et par son agir, tout comme, par ailleurs, il reçoit et assimile, d'une façon qui lui est propre, la richesse de l'Église entière » (Exhort. apost. Christifideles laici CL 28). Dans cette perspective où la richesse et la diversité sont à mettre au service de tous, les prêtres sont invités « à reconnaître sincèrement et à faire progresser la dignité des laïcs et leur rôle propre dans la mission de l'Église » (Conc. oecum. Vat. II, Presbyterorum Ordinis, n. 9). Dans les charges ecclésiales qui peuvent leur être confiées en vertu de leur Baptême et de leur Confirmation, ou dans les associations de laïcs auxquelles ils participent en tenant compte des critères d'ecclésialité que j'ai eu l'occasion de rappeler (cf. Exhort. apost. Christifideles laici CL 30), les fidèles savent qu'ils ne se substituent pas au prêtre ou au diacre, mais qu'ils collaborent à une oeuvre commune, l'édification du Corps du Christ, qui est l'Église, « l'évangélisation et la sanctification des hommes » (Conc. oecum. Vat. II, Décret sur l'apostolat des laïcs Apostolicam actuositatem AA 20).

5. Grâce au concours harmonieux des différents services diocésains, vous avez intensifié la formation chrétienne des adultes. Je me réjouis des efforts faits en ce domaine. Je suis certain que vous en percevez déjà des fruits au sein de l'Église locale, en particulier dans la qualité de la liturgie et dans la collaboration des fidèles aux différentes tâches ecclésiales. J'encourage les laïcs à poursuivre leur participation active à la communauté paroissiale à laquelle ils appartiennent, car c'est spécialement au sein de la paroisse que s'exprime le légitime pluralisme des sensibilités et des modes d'action, et que se réalisent d'utiles collaborations. Dans l'Église, des frères et des soeurs nous sont donnés, pour que tout concoure au bénéfice du Corps entier.

C'est aussi pour affronter les questions morales de notre temps et pour renouveler l'ordre temporel que les laïcs ont besoin d'approfondir sans cesse le message évangélique. Ils seront alors mieux préparés à prendre des engagements et des responsabilités au service de leurs frères, dans le cadre de la société civile, qui se construit sur la base des normes objectives de la moralité (cf. Conc. oecum. Vat. II, Gaudium et spes GS 16). Dans le monde moderne marqué par le matérialisme et le pouvoir de l'argent, l'enseignement de la doctrine sociale de l'Église est particulièrement utile pour rappeler que l'homme est le centre de la vie sociale et que le développement de la solidarité et de la vie fraternelle suppose « une prise de conscience plus vive des disparités » entre les personnes et « une conversion des mentalités et des attitudes » (Ibid. n. GS GS 63). De ce point de vue, votre archidiocèse a aussi un rôle spécifique au sein de la grande Europe. En saluant les efforts importants consentis par vos diocésains au cours de ces dernières années dans le domaine caritatif, je les exhorte à poursuivre et à intensifier leur soutien aux hommes et aux peuples qui ont besoin de leur savoir-faire et de leur aide. Ils manifesteront ainsi de manière tangible le sens de la catholicité, qui est l'ouverture à l'universalité, selon l'exemple donné par les premières communautés chrétiennes (cf. Rm 16,25-27).

6. Je voudrais exprimer mes remerciements cordiaux aux Instituts de Vie consacrée, dont l'apostolat est très apprécié. En particulier, il convient de souligner l'importance de leur présence dans l'enseignement, où de nombreux jeunes peuvent prendre conscience de leur vocation, et dans les services de la santé. Les institutions de formation de la jeunesse doivent retenir toute l'attention des communautés chrétiennes et doivent mobiliser de nombreux adultes, parents, professeurs, éducateurs, prêtres et religieux. Les jeunes ont besoin de recevoir une éducation morale et spirituelle appropriée, et d'être accompagnés dans la maturation de leur personnalité, dans la préparation de leur avenir et dans la réalisation de leur vocation spécifique, que ce soit dans le mariage, le sacerdoce ou la vie consacrée. À ce propos, je me réjouis de la nouvelle vitalité des mouvements de jeunes, dont vous m'avez fait part. Ils ont un rôle essentiel à jouer dans l'apostolat auprès de la jeunesse de votre pays.

7. À travers vous, j'adresse aussi mes salutations affectueuses aux communautés melkite et ukrainienne catholiques de votre archidiocèse. Portez mes encouragements chaleureux aux prêtres, aux diacres, aux religieux, aux religieuses et à l'ensemble des fidèles, qui sont tous appelés à travailler en communion avec vous à la mission de l'Église. J'invoque sur vous-même et sur votre communauté diocésaine l'intercession maternelle de Notre-Dame de Luxembourg, Consolatrice des Affligés, et de saint Willibrord, et je vous accorde de grand coeur la Bénédiction apostolique.










Discours 1997 - Vendrei 7 novembre 1997