Discours 1997 - Vendredi 19 septembre 1997


VOYAGE APOSTOLIQUE À RIO DE JANEIRO, À L'OCCASION DE LA IIe\ RENCONTRE MONDIALES AVEC LES FAMILLES (2-5 OCTOBRE 1997)


CÉRÉMONIE DE BIENVENUE À LA BASE AÉRIENNE "DO GALEÃO"

2 octobre 1997



Monsieur le Président,

1. En votre qualité de Chef et de Représentant suprême de la grande nation brésilienne, j'ai le grand plaisir de présenter à Votre Excellence, mes salutations respectueuses. Je vous remercie de tout coeur pour la cordialité avec laquelle vous m'avez accueilli. C'est pour moi un honneur et un plaisir d'être à nouveau au Brésil, parmi ce peuple, dont je connais bien l'hospitalité admirable et la joie communicative.

Je vous salue également, vénérés frères dans l'épiscopat. En premier lieu, le Cardinal-Archevêque de São Sebastião de Rio de Janeiro, ainsi que ses évêques auxiliaires, dont l'archidiocèse m'accueille à l'occasion de la deuxième Rencontre mondiale du Successeur de Pierre avec les Familles. Mon salut affectueux s'adresse également au Président du Conseil pontifical pour la Famille et à tout le Conseil épiscopal latino-américain, ainsi qu'à la présidence de la Conférence nationale des Evêques du Brésil qui, en signe de solidarité fraternelle, sont venus ici collaborer et recueillir les fruits de ces journées de fraternité pour les apporter, avec l'aide de Dieu, aux pays dans lesquels ils accomplissent leur ministère. J'adresse également mon salut affectueux aux représentants de la Pastorale familiale, qui sont venus m'accueillir ici avec ce sympathique groupe d'enfants et de jeunes. En vérité, laissez-moi vous le dire... je suis ici pour vous, je suis venu ici pour être avec vous et c'est avec vous que je veux être!

Je salue avec une immense affection les représentants du Peuple brésilien, les membres du gouvernement, les personnalités civiles et militaires, ainsi que tous ceux qui sont réunis ici. Je vous remercie vivement de m'avoir accueilli si cordialement à mon arrivée, pour ce pèlerinage apostolique, que je considère comme faisant partie de mon ministère universel. Le dynamisme de notre foi réveille toujours plus le sens de fraternité et de collaboration harmonieuse, pour une coexistence pacifique visant à apporter une impulsion et à consolider les efforts en faveur d'un progrès ordonné, qui concerne toutes les familles et les classes sociales, conformément aux principes de la justice et de la charité chrétiennes.

2. Je viens aujourd'hui à nouveau au Brésil, pour célébrer la deuxième Rencontre mondiale avec les Familles. Je remercie la Providence qui m'a permis de venir dans ce pays aux dimensions d'un continent, qui grâce aux richesses de sa terre et de son sous-sol et au génie d'entreprise de son peuple, est à l'avant-garde des grandes puissances du monde. La tradition culturelle et la foi même de son peuple ont marqué l'évolution de son histoire, qui à la veille du troisième millénaire, fait espérer un avenir prometteur. Certes, les déséquilibres sociaux, la distribution inégale et injuste des ressources économiques, qui engendre des conflits dans les villes et les campagnes, la nécessité d'une ample diffusion des structures sanitaires et culturelles de base, les problèmes de l'enfance abandonnée dans les grandes villes, pour n'en citer que quelques-uns, constituent pour les gouvernants un défi aux proportions immenses. Je souhaite que les valeurs du patrimoine culturel et religieux de la nation brésilienne servent de base pour promouvoir des décisions justes qui défendent les valeurs de la famille et de la patrie.

Dans ce contexte, je désire étendre l'expression de mon estime et de mon affection également à deux composantes du pays. Tout d'abord aux peuples autochtones, descendants des premiers habitants de cette terre, avant que les explorateurs et les colonisateurs n'y arrivent. A travers leur culture, ils ont contribué à diffuser dans la culture brésilienne un sens profond de la famille, de respect pour les ancêtres, d'intimité et d'affection domestique. Ils méritent toute notre attention afin qu'ils puissent vivre avec dignité leur culture. J'exprime les mêmes sentiments au groupe afro- brésilien — nombreux et extrêmement important — de la population de cette terre. A travers sa contribution importante à l'histoire et à la formation culturelle du pays, ces Brésiliens d'origine africaine non seulement méritent, mais ont également le droit et peuvent, à juste titre, exiger et attendre le plus grand respect envers les traits fondamentaux de leur culture afin que, à travers ceux-ci, ils continuent d'enrichir la culture de la nation, dans laquelle ils sont parfaitement intégrés comme citoyens de plein droit.

Frères et soeurs du Brésil, d'Amérique et du monde entier! J'invoque sur tous l'abondance de la grâce divine: que Dieu vous bénisse et répande sur les nations de tous les continents paix et prospérité! Que le Christ Rédempteur, qui du haut du Corcovado, ouvre ses bras en croix, illumine les familles, les communautés ecclésiales ainsi que toute la société temporelle, de la Lumière qui vient d'En-Haut et accorde à tous, à travers l'intercession de Notre-Dame de Guadalupe, Patronne d'Amérique latine, tout ce que leur coeur désire de bon. Merci!



AUX ÉVÊQUES ET AUX DÉLÉGUÉS DU CONGRÈS THÉOLOGIQUE PASTORAL

Centre des Congrès « Rio Centro », Rio de Janeiro, Vendredi 3 octobre 1997

Vénérés frères dans l'épiscopat,
chers membres du Congrès,

1. Je suis très heureux de rencontrer les familles, représentant les diverses nations, qui participent à ce Congrès théologique pastoral célébré en vue de la II Rencontre mondiale avec les Familles. Je vous salue tous, vénérés frères dans l'épiscopat du Brésil, d'Amérique latine et du monde entier et je salue également les familles présentes, ainsi que toutes celles qu'elles représentent. En invoquant du Tout-Puissant d'abondantes grâces de sagesse et de force, qui servent d'encouragement pour réaffirmer avec foi le thème: « La Famille: Don et engagement, espérance de l'humanité », je voudrais réfléchir avec vous sur les itinéraires et sur les exigences du travail apostolique et pastoral avec les familles que vous avez à affronter.

Quelques-unes des considérations que je vous propose en particulier, à vous, Evêques, Maîtres de la foi et Pasteurs du troupeau — appelés à apporter un dynamisme renouvelé à la Pastorale familiale —, ont déjà fait l'objet d'une étude attentive au cours du Congrès théologique pastoral. Je remercie le Cardinal Alfonso López Trujillo, Président du Conseil pontifical pour la Famille, pour le salut qu'il m'a adressé et j'invite les participants — délégués des Conférences épiscopales, des mouvements, des associations et des groupes —, provenant du monde entier, à approfondir et à diffuser avec enthousiasme les fruits de ce travail, entrepris en pleine fidélité au Magistère de l'Eglise.

2. L'homme est la route de l'Eglise. Et la famille est l'expression première de cette route. Comme je l'ai écrit dans la Lettre aux Familles, « le mystère divin de l'Incarnation du Verbe a un rapport étroit avec la famille humaine. Et cela, non seulement avec une famille, celle de Nazareth, mais en quelque sorte avec toute famille, d'une manière analogue à ce que dit le Concile Vatican II à propos du Fils de Dieu qui, par l'Incarnation, "s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme" (Gaudium et spes GS 22). A la suite du Christ "venu" dans le monde "pour servir" (Mt 20,28), l'Eglise considère que servir la famille est l'une de ses tâches essentielles. En ce sens, l'homme et la famille également constituent "la route de l'Eglise" » (Gratissimam sane, n. 2).

L'Evangile illumine donc la dignité de l'homme et délivre de tout ce qui peut apprauvrir la vision de l'homme et de sa vérité. C'est dans le Christ que l'homme perçoit la grandeur de son appel à être l'image et le fils de Dieu; c'est en Lui que se manifeste dans toute sa splendeur le dessein original de Dieu le Père pour l'homme, et c'est dans le Christ que ce dessein original trouvera sa pleine réalisation. Et c'est toujours dans le Christ que cette expression première et privilégiée de la société humaine qu'est la famille, trouve la lumière et la pleine capacité de réalisation, conformément aux desseins d'amour du Père.

«Si donc le Christ manifeste pleinement l'homme à lui-même, c'est d'abord par la famille dans laquelle il a choisi de naître et de grandir qu'il le fait» (Ibid.). Le Christ, Lumen gentium, lumière des peuples, illumine les routes des hommes, en particulier celle de la communion intime de vie et d'amour des conjoints, qui, dans la vie des hommes et des peuples, est le carrefour nécessaire où Dieu est toujours allé à leur rencontre.

Telle est la signification sacrée du mariage, présent, quelle que soit sa forme, dans toutes les cultures, en dépit des ombres dues au péché originel, et qui acquiert une grandeur et une valeur éminentes avec la Révélation: «De même en effet que Dieu prit autrefois l'initiative d'une alliance d'amour et de fidélité avec son peuple, ainsi, maintenant, le Sauveur des hommes, Epoux de l'Eglise, vient à la rencontre des époux chrétiens à travers le sacrement de mariage. Il continue de demeurer avec eux pour que les époux, par leur don mutuel, puissent s'aimer dans une fidélité perpétuelle, comme lui-même a aimé l'Eglise et s'est livré pour elle» (Gaudium et spes GS 48).

3. La famille ne représente pas pour l'homme une structure accessoire et extérieure, qui empêche son développement et son évolution intérieure. «Car l'homme, de par sa nature profonde, est un être social, et, sans relations avec autrui, il ne peut vivre ni épanouir ses qualités» (Ibid., GS GS 12). La famille, loin de représenter un obstacle au développement et à la croissance de la personne, représente le milieu privilégié pour développer les potentiels personnels et sociaux que l'homme porte inscrits en son être.

La famille, fondée et vivifiée par l'amour, est le lieu où chaque personne est appelée à ressentir, à faire sien et à partager cet amour sans lequel l'homme ne pourrait exister et toute sa vie serait privée de sens (cf. Redemptoris missio RMi 10 Familiaris consortio, n. 18).

Les ténèbres qui entourent aujourd'hui la conception même de l'homme, assombrissent en premier lieu et directement la réalité et les expressions qui lui sont connaturelles. La personne et la famille vont de pair en ce qui concerne tant l'estime et la reconnaissance de leur dignité, que les attaques et les tentatives de désagrégation à leur égard. La grandeur et la sagesse de Dieu se manifestent dans ses oeuvres. Toutefois, il semble aujourd'hui que les ennemis de Dieu, plutôt que d'attaquer en face l'Auteur de la création, préfèrent Le frapper à travers ses oeuvres. Et l'homme est le point culminant, le sommet de ses oeuvres visibles. «Gloria enim Dei vivens homo vita autem hominis visio Dei» (S. Ireneo, Adv. haer. 4, 20, 7).

Parmi les vérités obscurcies dans le coeur de l'homme en raison de la sécularisation croissante et de l'hédonisme dominant, celles qui concernent la famille sont particulièrement touchées. Autour de la famille et de la vie se déroule aujourd'hui la lutte fondamentale pour la dignité de l'homme. En premier lieu, la communion conjugale n'est pas reconnue, ni respectée, en ce qui concerne l'égalité de la dignité des époux et la nécessaire diversité et complémentarité sexuelles. La fidélité conjugale elle-même et le respect pour la vie, dans toutes les phases de son existence, sont bouleversés par une culture qui n'admet pas la transcendance de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Lorsque que les forces destructrices du mal réussissent à séparer le mariage de sa mission à l'égard de la vie humaine, elles portent atteinte à l'humanité, la privant de l'une des garanties essentielles de son avenir.

4. Le Pape a voulu venir à Rio de Janeiro pour vous saluer à bras ouverts, comme le Christ Rédempteur qui domine cette ville merveilleuse du haut du Corcovado. Il est venu pour vous confirmer dans la foi et pour soutenir votre effort dans le témoignage des valeurs évangéliques. C'est pourquoi, face aux problèmes centraux de la personne et de sa vocation, l'activité pastorale de l'Eglise ne peut répondre par un engagement sectoriel de son apostolat. Il est nécessaire d'entreprendre une action pastorale dans laquelle les vérités centrales de la foi diffusent leur force évangélisatrice dans les divers domaines de l'existence, en particulier dans celui de la famille. Il s'agit d'un devoir prioritaire, fondé sur la «certitude que l'évangélisation, à l'avenir, dépend en grande partie de l'Eglise domestique» (Familiaris consortio FC 65).

Il est nécessaire de retrouver et de présenter un front commun, inspiré et fondé sur les vérités centrales de la Révélation, dont l'interlocuteur soit la personne et l'agent soit la famille.

C'est pourquoi les Pasteurs doivent prendre toujours plus conscience du fait que la Pastorale familiale exige des agents ayant reçu une préparation soignée et, par conséquent, exige des structures souples et adaptées au sein des Conférences épiscopales et des diocèses, qui servent de centres dynamiques d'évangélisation, de dialogue et d'actions organisées en commun, avec des projets préparés avec soin et des programmes pastoraux.

Dans le même temps, je désire encourager tous les efforts visant à promouvoir des structures d'organisation adéquates, que ce soit dans le domaine national ou international, qui prennent la responsabilité d'instaurer un dialogue constructif avec les instances politiques, dont dépend une grande partie du destin de la famille, et de sa mission au service de la vie. Trouver les voies adaptées pour continuer à proposer au monde de façon efficace les valeurs fondamentales du dessein de Dieu, signifie s'engager pour la protection de l'avenir de l'humanité.

5. Outre le fait de mettre en valeur et de renforcer la présence des Eglises comme levain, lumière et sel de la terre, afin que la vie des hommes ne se désintègre pas, il faut donner la priorité à des programmes de pastorale qui promeuvent la formation de foyers pleinement chrétiens et qui fassent croître chez les époux la générosité pour incarner dans leur vie les vérités que l'Eglise propose à la famille humaine.

La conception chrétienne du mariage et de la famille ne modifie en rien la réalité de la création, mais élève les composantes essentielles de la société conjugale: la communion des époux qui engendrent des vies nouvelles, les éduquent et les intègrent dans la société, ainsi que la communion des personnes comme lien solide entre les membres de la famille.

6. Aujourd'hui, dans ce Palais des Congrès — le Riocentro — j'invoque la lumière et la chaleur de l'Esprit Saint sur vous, cardinaux, archevêques et évêques, sur les représentants des diverses Conférences épiscopales du monde entier et sur les délégués du Congrès théologique pastoral, ainsi que sur leur famille. C'est vers l'Esprit Saint que se tourne l'Eglise, afin qu'il diffuse sur tous sa présence sanctificatrice et renouvelle dans l'Epouse du Christ « l'ardeur missionnaire afin que tous puissent connaître le Christ, véritable Fils de Dieu et véritable Fils de l'homme » (cf. Prière pour la première année de préparation au grand Jubilé de l'An 2000). Demain, nous célébrerons au stade de Maracaña l'Acte de Témoignage, avec vous tous, qui avez apporté ici l'immense richesse, les préoccupations et les espérances de vos Eglises et de vos peuples, qui servira de cadre à l'Eucharistie de dimanche, sur l'esplanade du Flamengo, au cours de laquelle nous vivrons, à la lumière de la foi, le mystère du pain vivant descendu du ciel, la Manne des familles qui sont en pèlerinage vers Dieu!

Je souhaite qu'à travers l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, les fruits de notre rencontre puissent trouver des coeurs bien disposés à accueillir les lumières du Très-Haut, avec une nouvelle ardeur missionnaire, en vue d'une nouvelle évangélisation de la famille et de toute la société humaine. Que l'Esprit du Père et du Fils, qui est également l'Esprit-Amour, nous accorde à tous la Bénédiction et la grâce, que je désire transmettre aux fils et aux filles de l'Eglise, ainsi qu'à toute la famille humaine.

Au terme de son discours, le Saint-Père a improvisé les paroles suivantes:

Le lieu, la ville de Rio de Janeiro, suscite l'inspiration. On note continuellement cette architecture divine et l'on voit également l'architecture humaine. Mais l'architecture divine est supérieure, d'une part, tout comme l'on voit que l'homme est un architecte, l'homme est à l'image de Dieu. Cette inspiration que suscite chez nous l'architecture est importante pour les familles, car la famille elle aussi, comme église domestique, est une architecture divine et humaine. En outre, la famille a besoin de cette architecture divine et humaine pour vivre, pour continuer d'exister, pour rencontrer Dieu dans la maison. Voilà, une réflexion conclusive que me suggère l'architecture.

Après le chant entonné par les fidèles, le Saint-Père a ajouté les paroles suivantes:

Ce chant est le chant de 1980, première année de ma visite. Le Pape était beaucoup plus jeune.

Puis, après avoir donné sa Bénédiction, le Saint-Père a salué à nouveau les personnes présentes:

Le Seigneur veut certainement bénir toutes les familles du monde. Je salue toutes les personnes présentes, ainsi que tous ceux que vous représentez. A la prochaine fois. A demain. je reviendrai.

Si Dieu est Brésilien, le Pape est « carioca »; mais à Porto Alegre, on dit que le Pape est « gaúcho », de même qu'à Bahia.

Adieu, à la prochaine fois, à demain.




ACTE DE TÉMOIGNAGE DES FAMILLES DU MONDE ENTIER

DANS LE STADE « MARACANÃ », Samedi 4 octobre 1997



1. Bien-aimées familles réunies ici à Rio de Janeiro, provenant de tous les peuples et de toutes les nations!

Bienvenue à tous!

Très chères familles du monde entier, qui suivez cette rencontre à la radio ou à la télévision! Je vous salue toutes avec une affection particulière et je vous bénis!

Je vous remercie vivement pour cette chaleureuse manifestation de foi et de joie que vous avez voulu nous offrir aujourd'hui, pour nous aider à réfléchir sur le fait que la famille est véritablement don et engagement pour la personne et pour la vie, et espérance pour l'humanité. L'art a également été utilisé comme instrument au service du message de l'amour engagé et de la vie, merveilleux don de Dieu. Vous nous avez fait partager ce que le Seigneur, Auteur du mariage et Maître de la vie, a réalisé en vous. Et vous avez également témoigné de ce que vous avez obtenu par sa grâce. N'est-il pas vrai que le Seigneur, dans les situations les plus diverses, et également au milieu des souffrances et des difficultés, vous a toujours accompagnés? Oui! Le Seigneur de l'Alliance, qui est venu vous chercher et qui vous a trouvés, vous a toujours accompagnés sur votre route. Dieu, Notre Seigneur, l'Auteur du mariage, qui vous a unis, vous a emplis avec abondance de la richesse de son amour, pour votre bonheur.

Je voudrais reprendre ici, sous forme de brève synthèse, ce sur quoi vous avez réfléchi, après une intense préparation catéchétique, en conformité avec le Magistère de l'Eglise, dans les Assemblées familiales, dans les diocèses, dans les paroisses, dans les mouvements et dans les associations. Il s'est agi sans aucun doute d'une préparation extraordinaire, dont vous apportez aujourd'hui les fruits, au bénéfice et pour la joie de tous.

2. La famille représente le patrimoine de l'humanité, car c'est à travers elle que, selon le dessein de Dieu, la présence de l'homme sur terre doit se poursuivre. Dans les familles chrétiennes, fondées sur le sacrement du mariage, la foi illumine de façon merveilleuse le visage du Christ, splendeur de la vérité, qui emplit de lumière et de joie les foyers dont la vie est inspirée par l'Evangile.

Malheureusement, aujourd'hui, se diffuse dans le monde un faux message de bonheur, irrationnel et inconsistant, qui n'apporte que désolation et amertume. Le bonheur ne s'obtient pas en parcourant la voie de la liberté sans la vérité, car ce serait la voie de l'égoïsme irresponsable, qui divise et détruit la famille et la société.

Ce n'est pas vrai que les conjoints, comme s'ils étaient des esclaves condamnés à leur propre fragilité, ne peuvent pas demeurer fidèles au don réciproque et total de soi, jusqu'à la mort! Le Seigneur, qui vous appelle à vivre dans l'unité d'« une seule chair », unité de corps et d'âme, unité de la vie tout entière, vous donne la force de vivre une fidélité qui ennoblit et qui empêche votre union de courir le risque de la trahison, qui prive de la dignité et du bonheur et qui introduit dans le foyer division et amertume, dont les principales victimes sont les enfants. La meilleure défense de l'unité familiale réside dans la fidélité, qui constitue un don du Dieu fidèle et miséricordieux, dans un amour racheté par Lui-même.

3. Je voudrais lancer ici, encore une fois, un cri d'espérance et de libération!

Familles d'Amérique latine et du monde entier: ne vous laissez pas séduire par ce message mensonger qui avilit les peuples, porte atteinte aux traditions et aux plus hautes valeurs, et fait retomber sur les enfants tant de souffrance et de malheur. La cause de la famille confère une dignité au monde et le libère à travers la vérité authentique de l'être humain, du mystère de la vie, don de Dieu, de l'homme et de la femme, images de Dieu. Il faut lutter pour cette cause, pour assurer votre bonheur et l'avenir de la famille humaine.

D'ici, cet après-midi, où les familles de tous les coins du monde se donnent la main, comme pour former une immense chaîne d'amour et de fidélité, j'adresse une invitation à ceux qui oeuvrent pour l'édification d'une nouvelle société dans laquelle règne la civilisation de l'amour: défendez vos familles comme un don précieux et irremplaçable, un don précieux irremplaçable, protégez-les à travers des lois justes qui combattent le fléau de la pauvreté et du chômage et qui permettent en même temps aux parents de mener à bien leur mission. Comment les jeunes peuvent-ils créer une famille s'ils ne disposent pas des moyens de la maintenir? La pauvreté détruit la famille, empêche l'accès à la culture et à l'instruction de base, corrompt les moeurs et mine à la racine la santé des jeunes et des adultes. Aidez-les! Aidez-les! C'est votre avenir qui est en jeu.

Dans l'histoire moderne, il existe d'innombrables phénomènes sociaux qui nous invitent à faire un examen de conscience sur la famille. Dans de nombreux cas, il faut reconnaître avec honte que des erreurs et des écarts ont été commis. Comment ne pas dénoncer ces comportements, motivés par le dérèglement et l'irresponsabilité, qui conduisent à traiter les êtres humains comme de simples choses ou des instruments de plaisir éphémères et vides? Comment ne pas réagir face au manque de respect, à la pornographie et à toute sorte d'exploitation, dont, dans de nombreux cas, les enfants payent le prix le plus élevé?

Les sociétés qui se désintéressent de l'enfance sont inhumaines et irresponsables. Les foyers qui n'éduquent pas intégralement leurs enfants, qui les abandonnent, commettent une injustice très grave dont ils auront à répondre devant le tribunal de Dieu. Je sais que de nombreuses familles sont parfois victimes de situations qui leur échappent.

Dans de tels cas, il faut faire appel à la solidarité de tous, afin que les enfants ne finissent pas par être victimes de toutes les formes de pauvreté: celle de la pauvreté économique et, surtout, de la pauvreté morale qui donne naissance au phénomène auquel j'ai fait référence dans la Lettre aux Familles: Il existe de nombreux orphelins de leurs parents vivants! (cf. n. 14).

Comme l'a rappelé le Cardinal-Président du Conseil pontifical pour la Famille, en tant que symbole de la charité effective et fruit de la première Rencontre mondiale avec les Familles à Rome, a été réalisée au Rwanda une «Cité des enfants», construite avec l'aide de nombreuses personnes et de certaines institutions généreuses; et une autre est en train d'être construite à Salvador de Bahia, dans les mêmes quartiers marécageux que j'ai visités et d'où j'ai lancé un appel à l'espérance et la promotion humaine lors de ma première visite apostolique au Brésil, en 1980. Cet effort porte en lui un message et une invitation que j'adresse à toute l'humanité, à travers vous, familles du monde entier: accueillez vos enfants avec un amour responsable; défendez-les comme un don de Dieu, à partir du moment où ils sont conçus et où la vie humaine naît du sein de la mère; que le crime abominable de l'avortement, honte de l'humanité, ne condamne pas les nouveau-nés à la plus injuste des exécutions: celle des êtres humains les plus innocents! Combien de fois avons- nous entendu, de la bouche de Mère Teresa de Calcutta, la proclamation de la valeur inestimable de la vie, à partir de sa conception dans le sein maternel, et le refus de tout geste de suppression de la vie? Nous l'avons entendue lors de l'Acte de Témoignage au cours de la première Rencontre à Rome. La mort a condamné cette voix au silence. Mais le message de Mère Teresa en faveur de la vie continue à être plus que jamais vibrant et convaincant.

4. Dans ce stade, qui, grâce au jeu de lumières, semble être composé par les vitraux d'une immense cathédrale, la célébration d'aujourd'hui veut appeler chacun à un haut et noble engagement, pour lequel nous invoquons l'aide de Dieu tout-puissant:

Pour les familles, afin qu'unies dans l'amour du Christ, organisées pastoralement, présentes activement dans la société, engagées dans la mission d'humanisation, de libération, d'édification d'un monde selon le coeur du Christ, elles soient véritablement l'espérance de l'humanité.

Pour les enfants, afin qu'ils grandissent comme Jésus, dans le foyer de Nazareth. Dans le sein des mères sommeille la semence de la nouvelle humanité. Dans le visage des enfants resplendit l'avenir, le prochain millénaire, le lendemain qui est entre les mains de Dieu.

Pour les jeunes, afin qu'ils s'engagent avec un grand enthousiasme à préparer leur famille de demain, s'éduquant eux- mêmes à l'amour véritable qui est ouverture à l'autre, capacité d'écoute et de réponse, engagement de don généreux, même au prix de sacrifices personnels, et disponibilité à la compréhension réciproque et au pardon: pour les jeunes!

Hier, en parlant au « Riocentro », j'ai remercié Rio de Janeiro pour sa grande inspiration. Ici, une architecture divine et une architecture humaine se complètent merveilleusement. Cela m'a inspiré, pour évoquer merveilleusement les familles, les mariages, que ce soit sur le plan divin ou humain. Ces deux architectures, divine et humaine, se complètent. Et comment se complètent-elles? Ces deux paroles semblent justes et nécessaires: amour et responsabilité. Je suis arrivé à cette conclusion il y a déjà cinquante ans, oui, cinquante ans: amour et responsabilité. Cela semble être un véritable principe pour bien composer les deux architectures — celle divine, et celle humaine — du mariage et de la famille.

5. Familles du monde entier, je désire conclure en renouvelant mon appel: Soyez les témoins vivant du Christ, qui est «le chemin, la vérité, la vie» (cf. Lettre aux Familles LF 23)! Laissez les coeurs accueillir les fruits du Congrès théologique pastoral qui vient de se conclure! Que la grâce et la paix de Dieu, notre Père, et de Notre Seigneur Jésus- Christ soient avec vous tous! (cf. 2Co 1,2).

Marie, Reine de la Famille,
Siège de la Sagesse,
Servante du Seigneur,
prie pour nous.

Au terme du discours, le Pape a ajouté:

Priez pour nous, priez pour les jeunes, priez pour les familles.

Avant de prendre congé, après avoir écouté un chant des fidèles en langue swahili, le Pape a ajouté:

Maintenant, nous sommes pleinement heureux. Après avoir écouté ce chant swahilien, nous sommes plus heureux.


RENCONTRE AVEC LES MEMBRES DU COMITÉ D'ORGANISATION DE LA VISITE PASTORALE

RÉSIDENCE DE SUMARÉ, Dimanche 5 octobre 1997




Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l'épiscopat,
très chers frères et soeurs,

Avant de repartir pour Rome, j'ai voulu qu'ait lieu cette rencontre de congé, afin de remercier les membres de la Commission d'Organisation ecclésiale et du gouvernement de l'Etat de Rio de Janeiro, qui ont préparé avec tant de zèle la célébration de la Journée mondiale des Familles. Mes félicitations et ma gratitude s'adressent également à tous les amis et aux bienfaiteurs qui ont contribué généreusement, en offrant leur temps et leurs moyens, au franc succès de ce grand événement; et en particulier au personnel de la Résidence de Sumaré. Que Dieu les récompense!

Je souhaite que les idées et les fruits du Congrès théologique pastoral sur la Famille se perpétuent. Je demande à Dieu que la façon responsable de vivre dans ce «sanctuaire de la vie» (Evangelium vitae EV 6) qu'est précisément la famille, le dynamisme qui en dérive, ainsi que les exigences de totalité, d'unicité, de fidélité et de fécondité qu'il impose (cf. Humanae vitae HV 9) constituent un encouragement et une force constante qui fassent naître une nouvelle aube de sainteté dans le domaine de la famille chrétienne.

Je désire saluer également les évêques ici présents, les représentants de la chaîne de télévision « Rede Vida » et les encourager à continuer dans cette oeuvre d'apostolat au service de la vie et de l'homme. Je félicite l'Archevêque de Botucatu, Monseigneur Antônio Maria Mucciolo, pour cette initiative audacieuse — connue sous le nom de « chaîne de la famille », et créée depuis déjà deux ans — ainsi que ses collaborateurs, en souhaitant que cette chaîne de télévision catholique constitue toujours un instrument d'évangélisation efficace de la présence de l'Eglise au Brésil. Que Dieu bénisse tous les dirigeants et les employés de l'Institut brésilien pour la Communication chrétienne!

Enfin, je désire exhorter chacun à poursuivre avec persévérance dans l'engagement visant à évangéliser la société et la famille, et que vous soyez encouragés dans cela par les résultats obtenus jusqu'à présent, ainsi que par ma Bénédiction apostolique, que je vous donne de tout coeur.



CÉRÉMONIE DE DÉPART À LA BASE AÉRIENNE « DO GALEÃO »

Dimanche 5 octobre 1997


Monsieur le Vice-Président,

En quittant cette terre bénie du Brésil, mon âme élève une action de grâce au Très-Haut, qui m'a permis de vivre des heures intenses et inoubliables, le regard tourné vers le Christ rédempteur, qui domine la baie de Guanabara, et certain de la protection maternelle de Notre Dame de la Penha, qui protège cette ville bien-aimée du haut de son sanctuaire situé non loin d'ici.

Je garderai toujours dans la mémoire les manifestations d'enthousiasme et de piété profonde de ce peuple généreux de la Terre de la Sainte Croix qui, avec la multitude des pèlerins provenant des quatre coins du monde, ont su donner une démonstration vigoureuse de foi dans le Christ et d'amour pour le Successeur de Pierre. Je demande à Dieu de protéger et de bénir toutes les nations du monde d'abondantes grâces de réconfort spirituel, et d'aider à donner de l'assurance aux initiatives que nous attendons tous, pour le bien commun de la grande famille humaine et de chaque peuple qui la compose.

Mon salut final, empli de gratitude, s'adresse au Président de la République, au gouvernement de la Nation et de l'Etat de Rio de Janeiro, ainsi qu'à tous les représentants des hautes Autorités brésiliennes, qui m'ont manifesté tant de courtoisie au cours de ces derniers jours.

Je suis également reconnaissant envers les membres du Corps diplomatique, dont l'oeuvre diligente a énormément facilité la participation des nations respectives à ces journées de réflexion, de prière et d'engagement pour la famille.

J'adresse une pensée particulière d'estime fraternelle et de profonde gratitude aux cardinaux, à mes confrères dans l'épiscopat, aux prêtres et aux diacres, aux religieux et aux religieuses et aux organisateurs du Congrès. Tous ont contribué à faire resplendir ces journées de la II Rencontre mondiale avec les Familles, en apportant à ceux qui y ont pris part réconfort et espérance — gaudium et spes! — dans la famille chrétienne et dans sa mission dans la société.

Soyez assurés que je vous porte tous dans mon coeur, d'où naît la Bénédiction que je vous donne et que j'étends à tous les peuples d'Amérique latine et du monde.


Discours 1997 - Vendredi 19 septembre 1997