Discours 1998 - Mardi 1er décembre 1998


LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DU NOUVEL AMBASSADEUR DE MONGOLIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE, S.E. M. SUKH-OCHIR BOLD

Jeudi 17 décembre 1998


Monsieur l'Ambassadeur,


C'est pour moi un grand plaisir de vous souhaiter la bienvenue au Vatican à l'occasion de la présentation des Lettres de Créance qui vous nomment Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Mongolie près le Saint-Siège. Je vous suis reconnaissant pour les salutations que vous me transmettez de la part du Président, S.E. M. Natsagiin Bagabandi, et je vous demande de lui transmettre, ainsi qu'au gouvernement, mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour le progrès, la paix et la prospérité de la nation. Votre présence ici aujourd'hui est un signe ultérieur de l'amitié et de la coopération qui continuent de croître entre votre pays et le Saint-Siège depuis l'établissement des relations diplomatiques en 1992.

La Mongolie a accompli des progrès significatifs au cours des dernières années, occupant la place qui lui revient dans la Communauté internationale et s'engageant dans des politiques de paix et d'amitié parmi les nations. D'importants efforts ont été consacrés à établir une forme de gouvernement davantage représentative et démocratique, en particulier à travers la ratification de la nouvelle Constitution ainsi que la reconnaissance et la protection légales des droits humains. La création d'une communauté politique saine est essentielle au bien commun, car elle est la condition nécessaire et la garantie certaine du développement de l'individu et de la société. Une telle communauté trouve son expression dans la participation libre et responsable de tous les citoyens dans les affaires publiques, dans l'autorité de la loi et dans le respect et la promotion des droits humains (cf. Sollicitudo rei socialis, n. 44).

Un grand intérêt a également été porté à la réforme économique, qui comporte la transition difficile d'une économie caractérisée dans le passé par la planification centrale à une économie qui, laissant plus de place à la créativité et à l'initiative individuelle, est davantage soumise aux fluctuations des forces du marché. Comme dans tout changement important, cette réforme comporte à la fois des opportunités et des risques. Tout en offrant la possibilité de promouvoir de nouveaux contacts avec les autres nations et d'accroître la prospérité nationale, elle peut également conduire à l'accroissement de l'écart entre les riches et les pauvres. L'un des défis particuliers auxquels votre pays doit faire face au cours de cette nouvelle phase est de garantir à chacun une chance de bénéficier de la nouvelle situation et que l'accroissement de la richesse n'a pas d'effets pervers sur les personnes qui sont dans le besoin. En effet, l'élimination de la pauvreté et des situations qui la provoquent ou l'aggravent, doit représenter une priorité pour chacun, au niveau national et international (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 1998, n. 5).

Bien que le progrès exige certaines réformes structurelles, la personne humaine doit toujours être au centre de tous les projets de développement. En effet, le bien des nations repose sur la promotion d'un développement humain intégral qui «ne peut pas consister dans l'accumulation pure et simple de la richesse et dans la multiplication des biens et des services disponibles, si cela se fait au prix du sous-développement des masses et sans la considération due aux dimensions sociales, culturelles et spirituelles de l'être humain» (Sollicitudo rei socialis, n. 9). Le précieux héritage culturel de votre pays, qui inclut ses liens sociaux profonds, ses coutumes antiques et ses traditions spirituelles, a un rôle important à jouer dans la promotion du bien commun et la garantie du progrès authentique. En puisant à ce patrimoine et en établissant les conditions qui conduisent au plein développement personnel de tous les citoyens, un grand investissement est réalisé pour l'avenir de la société et pour son progrès harmonieux.

A cet égard, votre pays reconnaît à juste titre l'importance de l'éducation et consacre actuellement une grande attention à accroître le taux d'alphabétisation et à étendre l'accès à l'éducation. Il faut transmettre aux jeunes leur héritage culturel, moral et spirituel. Cela leur permet de penser de façon mûre et informée, de comprendre ce qui est essentiel dans la vie et de découvrir la véritable sagesse. Les éducateurs doivent donc être engagés dans la tâche vitale de transmettre les valeurs morales et civiles à leurs étudiants, suscitant chez eux un sens profond des droits et des devoirs. L'application d'une telle vision de l'éducation ne peut qu'être bénéfique à une nation, en contribuant à son développement futur dans l'harmonie et non dans le chaos, puisant à la richesse de son héritage tout en préservant et en renforçant dans le même temps le tissu social enraciné dans de solides principes moraux.

Vous mentionnez le désir de votre gouvernement d'accroître la coopération culturelle, éducative et humanitaire avec le Saint-Siège et je saisis cette occasion pour exprimer ma gratitude pour l'ouverture dont les autorités politiques font preuve à l'égard de la communauté catholique de Mongolie. Bien que cette communauté soit réduite, ses membres sont engagés à jouer un rôle actif dans la réponse aux défis que le développement de la société continue à présenter. Les chrétiens ne recherchent pas de privilèges particuliers mais seulement la liberté de contribuer au progrès spirituel et matériel de leurs concitoyens et à pratiquer leur foi sans restriction et dans la paix. Les catholiques missionnaires eux-mêmes respectent par principe les traditions spirituelles et culturelles de la Mongolie dans leur participation aux divers projets sociaux et humanitaires qui contribuent au bien commun. Je souhaite ardemment que leur travail puisse se poursuivre dans un climat de compréhension et de coopération mutuelles avec le gouvernement et le peuple.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que dans l'accomplissement de votre mission, vous contribuerez à travers toutes vos qualités et compétences personnelles à renforcer les liens d'amitié qui existent déjà entre la Mongolie et le Saint-Siège. Je vous assure que les divers bureaux de la Curie romaine seront toujours prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. J'invoque sur vous, Excellence, ainsi que sur votre pays, une abondance de Bénédictions divines.


LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DU NOUVEL AMBASSADEUR DU KIRGHIZISTAN PRÈS LE SAINT-SIÈGE, S.E. M. APAS DSCHUMAGULOV

Jeudi 17 décembre 1998



Monsieur l'Ambassadeur,

1. C'est avec joie que je vous souhaite la bienvenue au Vatican aujourd'hui, à l'occasion du début de votre mission en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Kirghizistan près le Saint-Siège. Comme je l'ai fait pour vos prédécesseurs, j'aimerais vous souhaiter une cordiale bienvenue et vous exprimer mes félicitations pour cette nouvelle et honorable fonction.

2. Dans votre discours à mon intention, dont je vous remercie sincèrement, vous parlez du Kirghizistan comme d'une maison commune, mentionnant à cet égard les plus de quatre- vingt nationalités qui vivent ensemble sous le toit d'un Etat uni et florissant. A ce propos, vous avez rappelé qu'il n'est possible de parler de véritable démocratie et humanité que lorsque les bases de respect pour la personne humaine, sa dignité et ses droits inaliénables ont été posées.

3. Il s'agit d'une conviction que je partage pleinement, non seulement parce qu'elle est juste, mais parce qu'elle est si étroitement liée à la situation historique actuelle. Il y a cinquante ans, au terme d'une guerre qui, pour certains peuples, a nié leur droit même à exister, l'Assemblée générale des Nations unies a publié la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Ce fut un acte officiel accompli après la triste expérience de la guerre. Les mêmes droits doivent être solennellement accordés à tous les individus et à tous les peuples. A l'occasion du 50 e anniversaire de cette Déclaration, célébré récemment, je voudrais réitérer une affirmation fondamentale qui me tient profondément à coeur: «La reconnaissance de la dignité inhérente et des droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine est le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde» (Déclaration universelle des Droits de l'Homme, Préambule).

4. Bien sûr, ces paroles ne visaient pas uniquement à prendre des distances par rapport à l'expérience dramatique de la dernière guerre mondiale. Ces principes devaient aussi servir de base à la révision permanente des normes, des programmes et des systèmes sociaux qui devaient être réalisés en partant du point de vue fondamental du bien-être de l'homme en tant que personne dans la société. Tandis que l'Eglise exprime sa joie pour l'attention croissante portée aux droits humains et à leur application dans votre pays, elle partage dans le même temps la préoccupation de toutes les personnes de bonne volonté que la reconnaissance de la Déclaration des Droits de l'Homme «sur le papier» signifie leur application, partout «en esprit».

5. Comme vous l'avez rappelé dans votre discours, le pays que vous représentez poursuit un noble objectif: la transition pacifique à une économie de marché. J'apprécie que vous soyez conscient de la contradiction intrinsèque d'un développement qui se limiterait à l'aspect économique. Une telle conception soumettrait trop facilement la personne humaine avec ses désirs et ses besoins les plus profonds, aux seuls programmes économiques ou profits. Le lien intrinsèque entre le véritable développement d'un pays et le respect pour les droits humains révèle la dimension morale du processus économique. Le véritable progrès humain, en harmonie avec la vocation essentielle et historique de chaque personne, ne se réalise pas en recherchant uniquement les biens matériels et les services, ou en ayant à disposition des infrastructures parfaites. Ne remplir que les mains des personnes serait trop peu. Il s'agit également de combler les désirs de leur coeur, car l'«être» de l'homme est au moins aussi important que son «avoir».

6. Dans ces efforts visant au développement intégral de l'homme, l'Eglise est prête et désireuse d'oeuvrer avec les membres des Eglises chrétiennes et des communautés ecclésiales, mais également avec celles appartenant à d'autres religions. Et ce parce que chaque homme et chaque femme, la société et la nation, ont le devoir de promouvoir le développement de chaque personne et de toute la personne d'une façon qui corresponde à sa dignité en tant que personne.

7. Lorsque les exigences morales, culturelles et spirituelles des individus et des communautés ne sont pas respectées, exigences fondées sur la dignité de la personne et l'identité de chaque communauté, de la famille aux associations religieuses, toute prospérité et toute norme de vie sera, à long terme inadéquate. C'est pourquoi le respect pour les droits humains dans un pays revêt une si grande importance: le droit à la vie, à toutes les étapes de son existence, le droit de la famille en tant que communauté sociale de base ou «cellule de la société»; la justice dans les conditions de travail et en particulier les droits qui découlent de la vocation transcendante de la personne humaine. Le premier de ces droits est celui de professer et de pratiquer sa croyance religieuse, comme l'a affirmé le Concile Vatican II de façon détaillée dans la Déclaration Dignitatis humanae.

8. La restriction de la liberté religieuse des individus et des communautés ne représente pas seulement une expérience douloureuse, mais touche le coeur de la dignité de la personne, quelles que soient la religion que celle-ci professe ou l'opinion mondiale qui la soutient. La restriction et la violation de la liberté religieuse sont en opposition avec la dignité de la personne humaine et ses droits objectifs. Je considère donc qu'il est de mon devoir de renouveler l'appel que j'ai lancé au début de mon Pontificat à tous ceux dont dépend d'une façon ou d'une autre l'organisation de la vie publique et sociale. Nous leur demandons instamment de «respecter les droits de la religion et de l'activité de l'Eglise. On ne demande aucun privilège, mais le respect d'un droit élémentaire. La réalisation de ce droit est l'un des tests fondamentaux pour vérifier le progrès authentique de l'homme» (Encyclique Redemptor hominis RH 17).

9. A cet égard, je suis certain que vous réussirez à approfondir ultérieure- ment les relations déjà bonnes et amicales qui existent entre le Saint-Siège et la République du Kirghizistan. Des mesures concrètes pourraient être la reconnaissance de l'Eglise en tant que réalité pourvue d'une personnalité juridique et le progrès vers la conclusion d'un accord entre le Saint-Siège et la République du Kirghizistan.

10. Monsieur l'Ambassadeur, je réponds avec joie aux salutations que vous me transmettez de la part de votre Président, auquel j'exprime à mon tour l'expression de mes respects. Tandis que je vous présente mes voeux cordiaux au début de votre mission, je prie le Seigneur de vous donner, ainsi qu'à votre famille et aux membres de l'ambassade de votre bien-aimé pays, une abondance de dons célestes.




LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DU NOUVEL AMBASSADEUR DU NIGERIA PRÈS LE SAINT-SIÈGE, S.E. M. ISAAC AGBOOLA ALUKO-OLOKUN

Jeudi 17 décembre 1998



Monsieur l'Ambassadeur,

Je vous souhaite une cordiale bienvenue, tandis que j'accepte les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République fédérale du Nigeria près le Saint-Siège. Je saisis cette occasion pour réitérer mes sentiments d'affection et d'estime pour le peuple nigérian, dont j'ai eu la chance de constater personnellement l'hospitalité, l'enthousiasme et les espoirs sincères au cours de ma seconde visite pastorale dans votre pays, au début de cette année. Je suis arrivé «en tant qu'ami, profondément concerné par le destin du Nigeria» (cf. Discours d'arrivée à Abuja, 21 mars 1998, n. 2); et c'est avec la même amitié et la même considération pour votre peuple et votre nation, Excellence, que je vous reçois aujourd'hui.

A cet égard, je suis très heureux de noter votre référence au ferme engagement de la part de votre gouvernement à poursuivre le programme de transition au régime civil et votre mention des efforts accomplis pour mettre en place les structures et institutions nécessaires pour assurer un régime démocratique durable au cours du nouveau millénaire. En effet, je ne peux manquer d'être encouragé par les perspectives de stabilité politique et de progrès social que ces mesures représentent, non seulement pour le Nigeria, mais pour tous les autres pays africains également. En ce moment de l'histoire, votre nation peut devenir un phare pour le reste du continent, en montrant que la coopération du gouvernement, des groupes d'intérêt privé et de tous les secteurs de la population - lorsqu'ils sont véritablement engagés à oeuvrer ensemble pour l'harmonie et l'unité nationale - peut véritablement édifier une société qui respecte tous ses membres dans leur dignité, leurs droits et leurs libertés.

Une telle société n'est bien sûr possible que si elle est fondée sur les idéaux de la vérité et de la justice, qui sont également les conditions d'une autre recherche importante de notre monde moderne: la recherche de la réconciliation et de la paix. En effet, aucune paix durable ne peut être atteinte uniquement comme résultat de structures et de mécanismes; elle dépend au contraire d'un type de coexistence humaine marqué par le respect mutuel et par la capacité de rechercher et de garantir le pardon. Ce pardon n'exclut pas la recherche de la vérité, mais l'exige au contraire; tout tort infligé doit être reconnu et, autant que possible, réparé. Il n'y a pas de contradiction entre le pardon et la justice, car «le pardon n'élimine pas ni ne diminue l'exigence de la réparation, qui est le propre de la justice, mais il cherche à réintégrer les personnes et les groupes dans la société, ou bien les Etats dans le concert des nations. Aucune punition ne peut altérer l'inaliénable dignité de celui qui a commis le mal. La porte qui ouvre sur le repentir et la réhabilitation doit rester toujours ouverte» (Message pour la Journée mondiale de la Paix 1997, n. 5). C'est dans ce contexte que je voudrais adresser une parole de reconnaissance pour la disponibilité avec laquelle le Général Abubakar et le gouvernement nigérian ont écouté les appels lancés par le Saint-Siège et d'autres personnes en faveur des prisonniers politiques détenus dans votre pays. L'action entreprise par vos dirigeants en réponse à ces appels est un témoignage de leur sincérité et de leur engagement à servir le bien commun de tous les Nigérians et à surmonter les tensions et les divisions du passé.

Excellence, comme vous l'avez remarqué, l'Eglise catholique au Nigeria oeuvre depuis de nombreuses années avec zèle pour le développement humain, en particulier dans le domaine de l'éducation et de la santé, apportant un grand bénéfice pour la société. Etant profondément convaincus de la fraternité universelle de tous les hommes et femmes en tant qu'enfants bien-aimés de Dieu créés à son image et ressemblance, les catholiques cherchent à promouvoir le bien commun et à encourager les personnes à ressentir une saine et légitime fierté pour leur pays. Dans ce contexte, et considérant la nouvelle ère politique qui est sur le point de commencer au Nigeria, j'exprime le souhait que les Etats nigérians, encouragés et soutenus par le gouvernement fédéral, prennent les mesures nécessaires pour commencer le processus visant à rendre à l'Eglise les écoles qui ont été confisquées il y a plus de vingt ans. De cette façon, un vaste réseau d'écoles catholiques recommencera à fleurir et pourra apporter une contribution précieuse à l'avenir de la nation.

Un autre facteur important du développement et du progrès de tout pays est la solidarité envers les membres, individus ou groupes, les plus pauvres et les plus indigents de la population. Cela devrait également inclure les personnes durement frappées par les catastrophes naturelles ou causées par l'homme. Mes pensées s'adressent en particulier aux centaines de victimes de la récente explosion et de l'incendie de l'oléoduc dans le sud Nigeria. Une assistance immédiate et des programmes à long terme pour soulager tant de souffrances sont urgents. L'objectif doit être de préserver la dignité humaine de ceux qui sont confrontés à des difficultés; la société doit montrer son engagement à préserver les droits de tous ses membres, sans aucune distinction.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis reconnaissant pour les salutations cordiales que vous me transmettez de la part du général Abubakar, et je vous demande de lui transmettre, ainsi qu'au gouvernement, mes meilleurs voeux. Tandis que vous assumez vos hautes responsabilités, je vous assure de la pleine coopération des dicastères de la Curie Romaine pour le succès de votre mission. Sur vous, ainsi que sur le bien-aimé peuple du Nigeria, j'invoque les Bénédictions abondantes de Dieu tout-puissant.



LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DU NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE COOPÉRATIVE DE GUYANA PRÈS LE SAINT-SIÈGE, S.E. M. LALESHWAR KUMAR NARAYAN SINGH

Jeudi 17 décembre 1998


Monsieur l'Ambassadeur,


C'est avec un grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue au début de votre mission comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République coopérative de Guyana près le Saint-Siège. Je suis particulièrement heureux de vous accueillir comme premier Ambassadeur depuis l'établissement des relations diplomatiques en 1997; je suis certain que cette étape importante favorisera une relation encore plus fructueuse entre nous dans les années à venir. En acceptant vos Lettres de Créance, je vous demande de transmettre au Président, Mme Janet Jagan, ainsi qu'à vos concitoyens, mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour la paix et la prospérité de la nation.

A travers ses relations diplomatiques, le Saint-Siège cherche à offrir un service tout à fait particulier, se plaçant toujours du côté de la paix et de l'harmonie entre les peuples, et tenant compte du bien commun et du développement intégral des individus et des nations. L'Eglise offre ce service à une époque où la diplomatie elle-même traverse une période de transition. La tâche de la diplomatie aujourd'hui est de plus en plus déterminée par les défis de la globalisation et par les nouvelles menaces à la paix dans le monde que celle-ci comporte. La question principale ne concerne plus la souveraineté territoriale - frontières et territoire - même si dans certaines parties du monde, cela demeure un problème. Les menaces à la stabilité dans le monde sont aujourd'hui, et de loin, représentées par la pauvreté extrême, les inégalités sociales, les tensions ethniques, la pollution de l'environnement, l'absence de démocratie et le non-respect des droits humains. Telles sont les situations auxquelles la diplomatie est appelée à faire face.

Certains de ces problèmes ne sont pas inconnus à votre pays. Vous-même avez souligné que les valeurs de la démocratie, de la bonne gestion, des droits humains, du dialogue et de la paix tiennent au coeur du gouvernement et du peuple du Guyana; et depuis le retour au régime démocratique, votre gouvernement s'est efforcé de renforcer le processus démocratique et de garantir que le respect des droits humains devienne un élément fondamental de l'éthique nationale. Le Saint-Siège soutient pleinement ce processus, car aucune autre base ne pourra permettre au Guyana de bâtir un avenir digne de la dignité humaine de ses citoyens. Les pays les plus petits, comme le vôtre, sont particulièrement vulnérables aux pressions économiques qui accompagnent le processus de globalisation. Il existe le danger que la globalisation économique accroisse l'écart entre les riches et les pauvres dans le monde, laissant les pays en voie de développement en proie à des défis toujours plus important.

Dans une telle situation, l'Eglise continuera d'oeuvrer pour une globalisation de la solidarité, visant à garantir que chacun profite de ses bénéfices potentiels. Voilà une manière d'oeuvrer pour la paix dans le monde d'aujourd'hui. L'Eglise continuera également de plaider en faveur d'un allègement de la dette écrasante qui condamne des pays comme le vôtre à la pauvreté ne laissant aucune issue. Comme le Saint-Siège l'a constamment souligné au cours des dernières années, cette dette est en partie le résultat de structures injustes dans l'économie mondiale. Mais il est également vrai que dans certains pays, une administration inadaptée et même corrompue a contribué à l'aggravation de ce problème. Le Saint-Siège est certain que la détermination du gouvernement du Guyana garantira que son administration financière contribue à la solution plutôt qu'au problème. Si les efforts venant de l'extérieur ne bénéficient pas de la coopération interne, ils n'ont que peu de chances de réussir.

Les tensions ethniques sont un autre fléau de la planète dont le Guyana a également été victime. Aussi longtemps qu'un ou plusieurs groupes, quels qu'ils soient, se sentiront privés de leurs droits électoraux ou traités injustement, les tensions demeureront et s'aggraveront. Il est clair que si l'on veut surmonter les maux du passé et construire un nouvel avenir, la justice doit être accessible à tous. Ce n'est que si la culture du bien commun prévaut que les causes fondamentales de la tension ethnique disparaîtront. Ici également, l'Eglise appelle au soutien de tous les efforts visant à construire une culture du dialogue plutôt que de la confrontation, de la réconciliation plutôt que du conflit.

L'expérience des dernières années dans d'autres régions du monde a montré que, après de longues années de pouvoir autoritaire de la part d'un gouvernement à l'idéologie matérialiste, la tâche de reconstruction est lente et complexe. Les blessures infligées par une idéologie qui nie la vérité de la personne humaine, demeurent. Le processus de guérison exige donc un effort long et patient d'éducation qui ne consiste pas seulement à transmettre des compétences utiles pour l'économie. S'il se limitait à cela, il resterait lié au matérialisme qui a provoqué tant de dommages par le passé. L'éducation plus approfondie et qui est nécessaire concerne la vérité transcendante de la personne humaine, sans laquelle il est vain de parler de droits humains qui, comme vous le reconnaissez vous-même, sont absolument nécessaires pour un développement soutenu. Dans cette tâche d'éducation, l'Eglise promet son soutien, en puisant à sa profonde tradition éducatrice et à l'engagement religieux de tant de ses membres.

Etant donné l'engagement de l'Eglise dans ces domaines, l'activité diplomatique du Saint-Siège s'efforce de promouvoir les valeurs et les idéaux sans lesquels la société humaine est vouée à l'échec. A travers la diplomatie fondée sur les principes éthiques qui placent la personne humaine au centre de toute analyse et prise de décision, l'Eglise vise de façon catégorique le bien-être spirituel, moral et matériel de la famille humaine. Tels sont l'intérêt et l'amour que le Successeur de Pierre et l'Eglise tout entière ont pour le peuple du Guyana tandis qu'ils s'acheminent vers un nouvel avenir.

Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous entrez dans la communauté diplomatique accréditée près le Saint-Siège, je vous assure de la pleine coopération des divers bureaux et organismes de la Curie Romaine. Puisse votre mission servir à renforcer les liens de compréhension et de coopération entre votre gouvernement et le Saint-Siège. Sur vous, sur votre famille et sur le peuple du Guyana, j'invoque les Bénédictions abondantes de Dieu tout-puissant.



LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES AMBASSADEURS DU GUYANA, NIGERIA, KIRGHIZISTAN ET MONGOLIE

Jeudi 17 décembre 1998


Excellences,


1. Je vous accueille avec joie au moment où vous remettez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays auprès du Saint-Siège: le Guyana dont je reçois pour la première fois le représentant, le Nigeria, le Kirghizistan et la Mongolie. En cette occasion, je salue les Responsables de chacune de vos nations ainsi que vos compatriotes. Je remercie vivement vos chefs d'Etat des messages qu'ils m'ont adressés, et je vous saurais gré de bien vouloir, en retour, leur exprimer mes sentiments déférents ainsi que mes voeux les meilleurs pour leur personne et pour leur haute mission au service de leurs peuples.

2. Dans la Bulle d'indiction du grand Jubilé, j'ai rappelé la nécessité «de créer une nouvelle culture de solidarité et de coopération internationales» (n. 12). Il est en effet impératif qu'à l'aube du troisième millénaire l'humanité s'engage résolument sur cette voie, afin que tous les peuples connaissent une espérance nouvelle, dans une société toujours plus équitable.

Dans cette perspective, je redis mon souhait de voir réexaminer la question de la dette qui pèse sur de nombreux pays pauvres; cela les empêche de réaliser des progrès significatifs en faveur du bien-être de leurs populations et conduit à des situations de violence souvent incontrôlables. Toutefois, il convient aussi d'agir avec vigueur sur les causes de l'endettement, notamment en réduisant les dépenses inutiles et excessives, en rétribuant plus équitablement les pays producteurs et en faisant en sorte que les fonds de la solidarité internationale arrivent effectivement aux populations auxquelles ils sont destinés.

3. En cette année où se célèbre le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, je salue les avancées de la recherche de plus de justice et de liberté entre les hommes et dans les sociétés. Désormais, les mêmes droits sont reconnus formellement à toutes les personnes et à tous les peuples. Les bafouer est devenu pour toute conscience une atteinte intolérable à la dignité humaine. Pourtant, de tragiques situations d'injustice, d'extrême pauvreté et de violation des droits humains sont encore une plaie ouverte au flanc de l'humanité. De nouvelles formes d'esclavage, fruits d'une culture de mort, se manifestent de nos jours, privant de leur liberté et rejetant dans la marginalité nombre d'hommes, de femmes et d'enfants. Il est du devoir des responsables des nations de travailler inlassablement à faire disparaître ces fléaux qui rabaissent et asservissent l'homme, afin d'établir des relations sociales qui permettent à chacun de vivre dignement et dans le respect de sa nature d'enfant de Dieu.

4. Enfin, je renouvelle mon voeu ardent de voir s'établir partout une paix durable, particulièrement sur le continent africain. Les combats qui s'y déroulent encore ne peuvent que développer l'esprit de haine et de vengeance entre les nations et entre les groupes humains qui les constituent. La paix est aussi de nouveau menacée au Moyen-Orient surtout en Iraq d'où nous proviennent des nouvelles alarmantes. La réconciliation, fondée sur le dialogue, la justice et le droit de chacun comme de chaque peuple à vivre dans la sécurité et la reconnaissance de sa spécificité, est plus que jamais urgente. Il revient notamment à la Communauté internationale de favoriser les solutions qui conduisent à la concorde et au renouveau de la vie en société, et de prendre ses responsabilités, pour éviter des dérives qui feraient des populations les victimes innocentes.

5. Je souhaite que la mission que vous inaugurez aujourd'hui auprès du Saint-Siège vous donne de nombreuses occasions de découvrir la vie et les préoccupations de l'Eglise universelle. Sur vous-mêmes, sur vos familles, sur vos collaborateurs et sur les nations que vous représentez, j'invoque l'abondance des Bénédictions divines.


À SA BÉATITUDE IGNACE MOUSSA Ier DAOUD, PATRIARCHE D'ANTIOCHE DES SYRIENS

Samedi 19 décembre 1998



Béatitude,

1. C'est avec une joie immense que l'Evêque de Rome vous reçoit pour la première fois, après votre élection et votre intronisation comme Patriarche d'Antioche des Syriens. Dans le saint baiser de paix que nous échangeons aujourd'hui, Rome, la ville que les saints Apôtres Pierre et Paul ont glorifiée par leur martyre, ouvre les bras pour vous accueillir, vous-même et l'Eglise que vous présidez, et pour reconnaître la place d'honneur particulier qui vous revient dans l'adhésion commune à l'héritage apostolique.

C'est à Antioche que, pour la première fois, les disciples du Seigneur furent appelés chrétiens. C'est d'Antioche que le bienheureux Pierre vint à Rome. A travers votre personne, je vénère le trésor de foi qui appartient à votre siège glorieux. Je vous remercie, Béatitude, de ce geste de communion et d'affection dont vous avez voulu faire une priorité de votre nouveau ministère de Patriarche.

2. J'ai voulu que la pleine communion soit exprimée non plus par l'imposition du pallium, mais d'une manière plus apte à faire reconnaître la dignité de la charge patriarcale. En effet, l'Eucharistie est par nature le symbole qui exprime le mieux la pleine communion, dont elle est en même temps la source inépuisable. C'est pourquoi, dans le sacrifice eucharistique solennel célébré mercredi dernier à la Basilique Sainte-Marie Majeure, Votre Béatitude a offert le saint Corps et le Sang vivifiant du Seigneur à Monsieur le Cardinal Achille Silvestrini, que j'ai nommé Légat pour cette circonstance, et ce dernier a également présenté les Saints Dons à Votre Béatitude. Ce geste, qui restera gravé dans la mémoire des fidèles, se répétera désormais à l'occasion de la première visite des nouveaux Patriarches des Eglises orientales en pleine communion avec le Siège de Rome.

3. La sollicitude du Successeur de Pierre pour votre Eglise, au-delà d'un engagement de soutien concret, s'exprime dans une invocation de prière, pour qu'elle puisse resplendir par son témoignage évangélique, dans les conditions de vie fort difficiles que connaissent bon nombre de ses fils. Je souhaite à nouveau aujourd'hui qu'elle cultive la liturgie qui l'unit étroitement aux origines mêmes du christianisme, qu'elle cherche dans les Pères et dans les Docteurs une nourriture solide pour sa foi, et qu'elle trouve, dans le courage des martyrs et dans l'ascèse des moines, un stimulant pour se donner à ce qui seul est nécessaire.

Vous partagez ce patrimoine avec l'Eglise syro-malankare catholique, qui travaille activement à l'évangélisation en Inde. Certaines parties de ce patrimoine sont communes à l'Eglise maronite. Avec l'Eglise syro-orthodoxe, le lien de la tradition commune est particulièrement étroit. Je suis très heureux d'apprendre que le chemin oecuménique se poursuit et qu'il existe des perspectives concrètes de collaboration, à commencer par le domaine liturgique.

4. Je souhaite que l'engagement futur de votre Eglise se fasse dans le plein respect de sa tradition propre ainsi que dans la recherche d'une compréhension et d'une participation toujours plus fortes des croyants d'aujourd'hui.

A tous les Evêques, aux prêtres, aux diacres, aux personnes consacrées, à tous les fidèles, en particulier à ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit, et à tous ceux qui sont éprouvés aussi en ces jours de malheurs, j'envoie de grand coeur la Bénédiction apostolique, priant Votre Béatitude de la leur porter, quand Elle les rencontrera, et de les assurer de l'affection du Pape. Béatitude, je vous donne un nouveau baiser de paix et je vous souhaite d'être une icône du Christ, Chef et Pasteur, pour l'Eglise qui vous est confiée.

Du Vatican, le 19 Décembre 1998


Discours 1998 - Mardi 1er décembre 1998