Discours 1999 26

26 2. Lorsque vous étiez petits, n'aviez- vous pas parfois peur de l'obscurité? Aujourd'hui, vous n'êtes plus des enfants qui craignent l'obscurité. Vous êtes des adolescents et de jeunes adultes. Toutefois, vous comprenez déjà qu'il existe un autre type d'obscurité dans le monde: l'obscurité du doute et de l'incertitude. Il se peut que vous fassiez l'expérience de la solitude et de l'isolement. Vos angoisses pourraient engendrer des interrogations sur votre avenir ou des remords à propos de vos choix passés.

Parfois, le monde lui-même semble enveloppé dans l'obscurité: l'obscurité des enfants qui ont faim et même qui meurent; l'obscurité des sans-abris qui n'ont ni travail, ni une assistance sanitaire adaptée. L'obscurité de la violence: violence contre les enfants à naître, la violence au sein des familles, la violence des bandes criminelles, la violence des abus sexuels, la violence des stupéfiants qui détruisent le corps, l'esprit et le coeur. Il y a quelque chose de terriblement injuste lorsque de si nombreux jeunes sont abattus par le désespoir au point de vouloir mourir. Dans certaines parties de ce pays, des lois ont déjà été approuvées permettant aux médecins de mettre un terme à la vie des personnes mêmes qu'ils ont prêté le serment d'assister. Le don de la vie qui a été fait par Dieu est rejeté! La mort est choisie plutôt que la vie et avec elle, l'obscurité du désespoir.



3. Toutefois, croyez dans la lumière (cf.
Jn 12,36)! N'écoutez pas ceux qui vous poussent à mentir, à fuir les responsabilités, à penser tout d'abord à vous-mêmes. N'écoutez pas ceux qui vous disent que la chasteté est démodée. Dans vos coeurs, vous savez que l'amour véritable est un don de Dieu et qu'il respecte son dessein sur l'union de l'homme et de la femme dans le mariage. Ne vous laissez pas égarer par de fausses valeurs et des slogans trompeurs, en particulier à propos de votre liberté. La liberté véritable est un merveilleux don de Dieu et représente une partie précieuse de l'histoire de votre pays. Toutefois, lorsque la liberté est séparée de la vérité, les individus perdent leur orientation morale et le tissu même de la société commence à se défaire.

La liberté n'est pas la capacité de faire tout ce que nous désirons, chaque fois que nous le voulons. La liberté est, plutôt, la capacité de vivre de façon responsable la vérité de notre relation avec Dieu et avec les autres. Rappelez-vous ce que Jésus a dit: «Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres» (Jn 8,32). Ne permettez à personne de vous égarer ou de vous empêcher de vivre ce qui est réellement important. Tournez-vous vers Jésus, écoutez-le et découvrez la véritable signification et la véritable orientation de votre vie.



4. Vous êtes fils de la lumière (cf. Jn 12,36)! Vous appartenez au Christ, qui vous a appelés par votre nom. Votre première responsabilité consiste à chercher à Le connaître le plus possible, dans vos paroisses, à travers l'éducation religieuse dispensée dans vos écoles et dans vos collèges, dans vos groupes de jeunes et dans les Centres Newman.

Toutefois, vous ne le connaîtrez vraiment et personnellement qu'à travers la prière. Il est nécessaire que vous parliez avec lui et que vous l'écoutiez.

Aujourd'hui, nous vivons à une époque de communication instantanée. Mais réalisez-vous quelle forme unique de communication représente la prière? La prière nous permet de rencontrer Dieu au plus profond de notre être. Elle nous relie directement avec Dieu, avec le Dieu vivant: Père, Fils et Esprit Saint, dans un échange constant d'amour.

A travers la prière, vous apprendrez à devenir la lumière du monde, car dans la prière, vous devenez une seule chose avec la source de notre véritable lumière, Jésus lui-même.



5. Chacun de vous possède une mission spécifique dans la vie et est appelé à devenir un disciple du Christ. Un grand nombre d'entre vous serviront Dieu dans la vocation de la vie conjugale chrétienne; certains de vous, le serviront en célibataires dévoués, d'autres en tant que prêtres et religieux. Mais tous, vous devez être la lumière du monde. J'adresse un appel personnel à ceux qui, parmi vous, pensent être appelés par le Christ à le suivre dans le sacerdoce ou dans la vie consacrée: je vous demande de lui ouvrir généreusement votre coeur et de ne pas retarder votre réponse. Le Seigneur vous aidera à connaître sa volonté; Il vous aidera à suivre votre vocation avec courage.

6. Jeunes amis, au cours des jours, des semaines et des années à venir, aussi longtemps que vous vous souviendrez de cette soirée, n'oubliez pas que le Pape est venu aux Etats-Unis, dans la ville de Saint-Louis, pour appeler les jeunes de l'Amérique au Christ, pour vous inviter à le suivre. Il est venu pour vous lancer le défi d'être la lumière du monde! «La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie» (Jn 1,5). Jésus, qui a vaincu le péché et la mort, vous rappelle: «Je suis avec vous pour toujours» (Mt 28,20). Il dit: «Ayez confiance, c'est moi, soyez sans crainte» (Mc 6,50).

A l'horizon de cette ville se trouve le «Gateway Arch», qui reflète souvent la lumière du soleil avec ses couleurs et ses nuances diverses. Vous aussi, de milliers de façons différentes, vous devez refléter la lumière du Christ à travers votre vie de prière et le joyeux service aux autres. Avec l'aide de Marie, la Mère de Jésus, les jeunes d'Amérique le feront d'une manière merveilleuse!

Rappelez-vous: le Christ vous appelle; l'Eglise a besoin de vous; le Pape croit en vous et attend de vous de grandes choses!

Loué soit Jésus-Christ!



MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX ENFANTS MALADES DU "CARDINAL GLENNON CHILDREN'S HOSPITAL"

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Chers enfants, je suis heureux au cours de ma visite à Saint-Louis, de pouvoir rencontrer certains d'entre vous personnellement au «Kiel Center» et de pouvoir vous embrasser un par un.

Vous êtes tous chers à mon coeur, même si je n'ai pas pu tous vous voir aujourd'hui. Je désire que les enfants, garçons et filles, dont le «Cardinal Glennon Children's Hospital» prend soin, et tous les enfants malades, où qu'ils se trouvent, sachent que le Pape prie pour chacun d'eux.

Vous savez combien Jésus aimait les enfants et combien il se réjouissait d'être en leur compagnie. Vous aussi, vous êtes des personnes très spéciales pour lui. Certains d'entre vous, et certains de vos amis, ont beaucoup souffert et vous ressentez le poids de ce qui vous est arrivé. Je désire vous encourager à être patients et à être près du Christ qui a souffert et qui est mort sur la Croix par amour pour vous et pour moi.

Vous êtes entourés de personnes qui vous aiment beaucoup. Parmi elles, se trouvent les Soeurs franciscaines de Marie qui, pendant de nombreuses années, ont fidèlement administré cet hôpital. Il y a également ceux qui prennent à présent soin de vous et qui travaillent durement pour soutenir le «Cardinal Glennon Children's Hospital». Bien sûr, il y a vos familles et vos amis qui vous aiment beaucoup et qui désirent que vous soyez forts et courageux. Je suis heureux de les bénir tous.

Aujourd'hui, je pense également à tant d'autres personnes malades dans l'archidiocèse de Saint-Louis et ailleurs. J'envoie mes salutations à tous les malades, à ceux qui souffrent et aux personnes âgées et je les assure qu'ils occupent une place spéciale dans mes prières quotidiennes. Ils ont un rôle particulièrement fécond à jouer dans le coeur spirituel de l'Eglise.

J'invite tous les malades à avoir confiance en Jésus qui a dit: «Je suis la résurrection et la vie» (
Jn 11,25). En union avec lui, même nos épreuves et nos souffrances sont précieuses pour la rédemption du monde. Que sa Mère Marie vous accompagne et comble vos coeurs de joie!

Avec ma Bénédiction apostolique!

De Saint-Louis, le 26 janvier 1999



PAROLES DE SALUT DU PAPE JEAN PAUL II À L'ISSUE DU VOYAGE À MEXICO ET À SAINT-LOUIS

Mercredi 27 janvier 1999

28   Tandis que ma visite à Saint-Louis touche à sa fin, je désire exprimer ma reconnaissance au Vice-président et à Madame Gore pour m'avoir salué avant mon départ pour Rome. Je remercie les personnes associées au gouvernement fédéral pour tout ce qu'elles ont fait pour permettre cette visite.

Ma gratitude s'adresse au gouverneur de l'Etat du Missouri et au Maire de la Ville de Saint-Louis, ainsi qu'à tous leurs collaborateurs. Je remercie la police et tous ceux qui ont tant fait pour la sécurité et l'ordre public. Je remercie les autorités civiles et les entreprises de Saint-Louis pour le soutien qu'elles ont apporté.

L'accueil que m'ont réservé mes frères chrétiens et les membres des autres communautés religieuses a été particulièrement cordial. Je vous prie d'accepter mes sincères remerciements et l'assurance de mon amitié dans la cause de l'oecuménisme, du dialogue et de la coopération interreligieux.

Ce fut une expérience émouvante de rendre visite aux populations de Saint-Louis. J'aurais voulu rencontrer chacun des jeunes personnellement au «Kiel Center», ainsi que toutes les autres personnes au «Trans World Dome» et ici dans la Basilique-Cathédrale, ainsi que le long des rues et à l'aéroport.

J'adresse une parole de remerciement aux cardinaux et à mes frères évêques des Etats-Unis qui sont venus à Saint-Louis. Ce fut un plaisir de savoir que tant d'autres diocèses ont envoyé des représentants. Je suis reconnaissant à tous.

En particulier, je souhaite remercier l'Eglise locale de Saint-Louis. Je dois beaucoup aux nombreuses personnes dévouées - organisateurs, membres de comités et volontaires - qui ont travaillé dans l'ombre pendant longtemps et avec acharnement. Je n'oublie pas non plus le soutien caché mais efficace de ceux qui ont prié pour le résultat spirituel de cet événement, en particulier les religieuses contemplatives dans leurs monastères. J'adresse une parole particulière de remerciement à Monseigneur Rigali, qui vient de célébrer il y a deux jours son cinquième anniversaire comme Pasteur dévoué de ce diocèse.

Il y a quelques mois, un pèlerinage de Saint-Louis est venu à Rome. Nous nous sommes rencontrés sur l'esplanade de Saint-Pierre, où ils m'ont chanté: «Viens me rencontrer à Saint-Louis... viens me rencontrer dans la Cathédrale!» Avec l'aide de Dieu, c'est ce que nous avons fait. Je me souviendrais toujours de Saint-Louis. Je me souviendrais de vous tous.
Dieu bénisse Saint-Louis!
Dieu bénisse l'Amérique!





                                     Février 1999

AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE GRECQUE À L'OCCASION DE LEUR VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Vendredi 5 février 1999

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Vénérés frères dans l'épiscopat,
Très cher ordinaire pour les catholiques grecs de rite arménien!



1. C'est avec joie que je vous accueille aujourd'hui, à l'occasion de votre pèlerinage aux tombes des Apôtres Pierre et Paul. Telle est la première signification de la visite ad limina: elle entend mettre en lumière la communion des Eglises locales présentes dans le monde avec le Successeur de Pierre. Je remercie Mgr Nicolaos Foscolos, Président de votre Conférence épiscopale, pour les sentiments de dévouement affectueux qu'il m'a exprimés, ainsi que pour les paroles qu'il m'a adressées en votre nom.

En tant que pasteurs chargés de conduire le Peuple de Dieu, vous êtes appelés à aider les communautés à se laisser guider par l'Esprit Saint dans leur devoir de témoigner l'Evangile, en contribuant dans le même temps à la paix et à la concorde entre les hommes. Je voudrais tout d'abord vous dire combien j'apprécie le ministère que vous exercez avec sollicitude. Dans votre pays, où les fidèles de l'Eglise catholique sont minoritaires, il est opportun que vous poursuiviez votre engagement visant à organiser votre Conférence épiscopale, afin de mieux réaliser les projets pastoraux qui vous tiennent à coeur, en répondant ainsi de façon plus efficace aux nombreuses exigences de la mission et en assurant dans le même temps une gestion administrative plus efficace. Dans cette perspective, il semble opportun de créer un secrétariat permanent, afin de permettre une mise en oeuvre plus rapide des décisions adoptées au cours de vos assemblées, pour rendre effectifs les projets pastoraux qui concernent l'ensemble de l'Eglise catholique qui est en Grèce. Vous pourrez ainsi vous soutenir réciproquement pour répondre de façon incisive aux diverses exigences du ministère épiscopal, soutenus par la contribution de personnes compétentes. Dans ce but, il est bon de promouvoir des oc- casions de dialogue et de réflexion régulières entre toutes les composantes de la communauté catholique. Ces rencontres, faisant suite à votre récente Synaxe, faciliteront les réunions ecclésiales ou synodes diocésains visant à un renouveau pastoral qui concerne toute la communauté catholique de vos diocèses.

A travers vous, je désire faire parvenir mon encouragement cordial à ceux qui collaborent avec vous dans la mission, en particulier aux prêtres qui portent le poids du ministère quotidien, devant affronter, en particulier en raison de leur nombre restreint, des difficultés et des tâches toujours plus vastes et difficiles. A travers des rencontres fraternelles avec eux, vous saurez les soutenir dans leur mission et vous les aiderez à évaluer correctement les activités pastorales et à mettre en oeuvre de nouveaux projets. Je salue également avec affection les fidèles de vos diocèses dont la tâche est essentielle, car, en vertu du Baptême, ils participent tant à l'édification de l'Eglise qu'à l'animation chrétienne des réalités temporelles. Transmettez aux jeunes l'appel de l'Eglise à ouvrir leur coeur au Christ et l'invitation à participer l'année prochaine aux activités prévues pour la Journée mondiale de la Jeunesse, au cours desquelles ils pourront rencontrer un grand nombre de jeunes de leur âge.



2. L'Eglise catholique qui est en Grèce vient de vivre une deuxième Synaxe, au cours de laquelle des représentants du clergé séculier, des religieux, des religieuses et des laïcs se sont rassemblés autour de vous, pour insuffler un nouvel élan à la vie pastorale. Il s'agit d'une étape significative de votre itinéraire apostolique, qui entend interpeller tous les fidèles à une participation plus active à la vie de l'Eglise. Tous sont invités à croître dans l'union avec le Sauveur, à travers la prière personnelle, la méditation de l'Ecriture Sainte, la lectio divina, la vie liturgique et sacramentelle et une dévotion mariale filiale. Tels sont les éléments nécessaires à la croissance et à la maturation spirituelle et humaine du chrétien.

Pour pouvoir guider chaque personne sur le chemin de l'intimité avec le Christ, une formation approfondie est indispensable, ne se limitant pas à l'étape initiale de la vie chrétienne, mais se développant au cours d'un processus permanent visant à soutenir le chrétien dans sa relation quotidienne avec le Christ et dans son engagement missionnaire. C'est pourquoi, j'encourage chacun à poursuivre ce chemin de renouveau spirituel et intellectuel, afin d'édifier une communauté de foi qui se consacre avec générosité à l'annonce et au témoignage de l'Evangile.

Je désire attirer l'attention sur le rôle particulier que revêt la liturgie dans la vie de la communauté chrétienne, une liturgie dans laquelle chacun découvre la profondeur du mystère divin et fait l'expérience de l'Eglise en tant que Corps du Christ. A ce propos, l'oeuvre de traduction des divers livres liturgiques par des évêques latins nécessite une attention particulière pour répondre aux exigences de notre temps. Se fondant sur les principes énoncés par l'instruction du «Conseil», datée du 25 janvier 1969, une telle entreprise doit respecter les traditions latines et le patrimoine liturgique qui s'y rapporte, cher au coeur des fidèles, qui peuvent ainsi s'approcher du Christ avec une plus grande facilité, en le rencontrant dans les Sacrements et dans la splendeur du culte divin.



3. La communauté catholique est présente dans toute la Grèce et elle est toujours davantage composée de membres d'origines diverses. D'autre part, les périodes estivales voient l'afflux de nombreux touristes, auxquels vous désirez offrir une assistance spirituelle. Cette réalité humaine rend complexe toute action pastorale qui désire faire des fidèles une communauté possédant un seul coeur et une seule âme (cf.
Ac 4,32). Beaucoup a déjà été accompli dans ce sens, dans les domaines de l'évangélisation, de la catéchèse, de l'éducation, de l'assistance caritative et sociale. Certains fidèles, avec l'aide de Dieu, sont particulièrement engagés dans le domaine social, dans le service à l'égard des pauvres, dans la promotion du partage et de la solidarité, dans l'assistance aux besoins des malades et se consacrent également à la tâche très importante de l'éducation et du soutien aux familles.

Cette participation à la vie sociale, que je désire aujourd'hui fortement encourager, est une façon de suivre fidèlement Jésus. Il s'agit d'une forme éminente de témoignage, grâce à laquelle l'Eglise est reconnue comme une communauté ouverte, disposée à entreprendre et à poursuivre des initiatives qui la rende proche de chaque personne, dans le respect des libertés légitimes. La collaboration active dans le domaine social, aux côtés de personnes d'autres confessions religieuses, constitue un aspect significatif du dialogue oecuménique, car l'action commune fait naître le respect et l'amour mutuels. Dans cette perspective, les écoles catholiques apportent une contribution essentielle à la vie sociale. Je désire faire parvenir mon salut et mon encouragement à tous ceux, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, qui se consacrent à l'éducation de la jeunesse. En effet, l'accueil des enfants - quelle que soit leur confession religieuse -, la découverte et l'estime réciproques sont des éléments qui aideront les jeunes grecs à vivre ensemble, dans le respect des diversités; celles-ci constituent des richesses dans la mesure où elles sont placées au service de tous. A travers une formation intégrale, les jeunes recevront une éducation aux valeurs fondamentales, morales, humaines et civiles, qui aura des répercussions bénéfiques sur toute la société.



4. La situation particulière dans laquelle vit l'Eglise catholique qui est en Grèce, l'incite en outre à approfondir sans cesse l'appel du Seigneur à marcher toujours davantage sur la voie de l'unité (cf. Jn 17,21), en répondant à l'exigence oecuménique apparue lors du Concile Vatican II. «L'une des prières les plus ardentes en cette heure exceptionnelle où s'approche le nouveau millénaire est celle par laquelle l'Eglise demande au Seigneur que croisse l'unité entre tous les chrétiens des diverses confessions jusqu'à atteindre la pleine communion. Je forme le voeu que le Jubilé soit une bonne occasion pour collaborer efficacement à la mise en commun de tout ce qui nous unit et qui est certainement plus important que ce qui nous divise» (Lett. ap. Tertio millennio adveniente, n. 16). Dans cet esprit, dans le plein respect des programmes des Eglises et des communautés ecclésiales et du droit légitime à la liberté religieuse, il faut tourner un regard positif et plein d'espérance vers le dialogue oecuménique, en cherchant toujours à être des instruments de l'Esprit Saint, afin que se réalise pleinement l'unité, selon les moyens voulus par Dieu.

30 En vue du grand Jubilé désormais proche, l'amour du Christ nous pousse à réaliser des projets oecuméniques qui permettent aux disciples du Christ de mieux connaître leurs propres traditions et celles des autres. Il est clair que tout pas accompli dans cette direction représenterait pour le monde un témoignage de l'amour qui nous vient du Sauveur et de la ferme volonté de tous les chrétiens de parvenir au plus tôt à la pleine unité. Chaque initiative et prière communes, chaque dialogue respectueux, chaque demande de pardon réciproque peuvent rapprocher les frères dans la foi et faire découvrir aux hommes d'aujourd'hui la tendresse et la miséricorde du Père, thème central de la dernière année de préparation au grand Jubilé. Comme l'affirme l'Apôtre, l'amour vient de Dieu et «si Dieu nous a aimés, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres» (1Jn 4,11). Je désire souligner encore une fois la valeur de la prière dans les relations oecuméniques; celle-ci nous aide à vivre en frères. «Par ailleurs, notre participation mutuelle à la prière nous redonne l'habitude de vivre côte à côte, elle nous incite à accueillir ensemble la volonté du Seigneur et donc à la mettre en pratique» (Lett. enc. Ut unum sint UUS 53).



5. Dans les rapports quinquennaux, vous avez souligné le manque de prêtres pour servir les communautés chrétiennes, manifestant dans le même temps votre confiance dans le Seigneur qui n'abandonne jamais son troupeau. En effet, la pastorale des vocations ne peut que faire partie de vos préoccupations principales et elle doit même constituer un engagement pour toute la communauté ecclésiale. A ce propos, j'exhorte les familles à être toujours profondément conscientes de leurs responsabilités en ce qui concerne la naissance et la maturation des vocations sacerdotales et religieuses. Que les parents n'aient pas peur de l'avenir, lorsqu'un enfant manifeste le désir de s'engager pour le Seigneur! Ils ont pour mission de l'aider à réaliser pleinement sa vocation. Ceux qui se mettent totalement à la suite du Christ, reçoivent en don les moyens nécessaires pour remplir la mission qui leur est confiée.

Dans l'Eglise catholique de votre pays, les religieux et les religieuses jouent un rôle irremplaçable. Je les exhorte à poursuivre leur oeuvre avec générosité, même dans les situations pastorales difficiles, en étroite communion avec leurs pasteurs et en fidélité à leur propre charisme. J'invite les Congrégations religieuses et les autres Instituts à envoyer en Grèce de nouveaux membres pour renforcer les communautés existantes ou pour en créer de nouvelles, qui soient capables de percevoir les nécessités de l'Eglise catholique dans cette terre et l'apport que la vie religieuse active et contemplative est appelée à lui donner. A ce propos, je salue avec une affection reconnaissante les Ordres contemplatifs présents dans votre pays. Ils sont un phare lumineux, un beau témoignage de foi et d'amour envers Dieu, que les chrétiens des autres confessions considèrent avec estime et attention.



6. En outre, il serait bon de projeter des solutions nouvelles pour la pastorale des vocations, pour le discernement et la formation des candidats au sacerdoce, et cela peut-être même au sein d'une structure commune au service de tous les diocèses. Les jeunes des divers diocèses auraient ainsi l'occasion de vivre dans une communauté éducative plus solide et de créer des liens importants pour l'avenir de la fraternité sacerdotale dans le pays. En outre, d'autres jeunes de leur âge seraient attirés par une expérience joyeuse, qui renforcerait le désir de donner sa propre vie à Dieu et à ses frères.

Même les prêtres, les religieux et les religieuses possèdent un rôle important dans le chemin de la vocation des jeunes. Ils devront avoir à coeur de témoigner, dans leur vie personnelle et dans leur ministère quotidien, combien ils sont heureux de suivre le Christ. Il est important que les jeunes trouvent chez les adultes des modèles de vie chrétienne qui sachent transmettre le sens de Dieu, en les invitant de façon ouverte à une consécration totale dans le sacerdoce ou dans la vie religieuse.



7. Vous avez mentionné les difficultés que les familles doivent affronter, tant à l'extérieur qu'au sein du couple et dans les relations entre les générations, ainsi que les tensions auxquelles les mariages mixtes sont soumis, en particulier en ce qui concerne l'éducation religieuse des enfants. A travers une pastorale familiale appropriée, l'Eglise a le devoir de rappeler l'indissolubilité du mariage et la nécessité pour les fidèles de vivre leur propre vie conjugale en harmonie avec la foi. Il ne faut également pas manquer d'offrir une assistance aux couples qui traversent des moments de crise, afin qu'ils puissent retrouver la ferveur de l'engagement initial, développer la vie spirituelle et puiser à la grâce du sacrement du mariage les énergies nécessaires pour exercer leur mission d'époux et de parents. Dans un contexte de sécularisation et de matérialisme, il est important de proposer aux hommes et aux femmes de notre temps un idéal chrétien, qui constitue la base de la vie et de l'engagement quotidien.



8. Si l'Eglise catholique prend soin de ses fidèles, ceux-ci désirent à leur tour apporter leur contribution responsable à la vie sociale, en servant le bien commun. Il revient donc aux catholiques, ainsi qu'à tous les habitants du pays, d'oeuvrer sans relâche en faveur de la coexistence sereine entre tous les Grecs, chacun jouissant des mêmes droits et des mêmes libertés, en particulier de la liberté religieuse. Dans ce contexte, je me réjouis des efforts significatifs accomplis par les divers protagonistes et de la bonne volonté manifestée par tous afin de trouver des solutions justes aux problèmes qui ne sont pas encore résolus, en particulier celui du statut juridique de l'Eglise catholique. Je forme des voeux afin que se poursuive et s'intensifie le dialogue avec les diverses autorités compétentes, pour le bien de l'ensemble de la population. Cela permettra à la communauté catholique de faire l'expérience d'une vitalité renouvelée et contribuera à faire en sorte que tous participent de façon toujours plus active à l'édification de la maison commune, en encourageant toute la population à édifier une société pacifique et fraternelle.



9. Au terme de votre visite ad limina, je vous souhaite de retourner dans votre pays confortés dans votre mission de successeurs des Apôtres. Puisse l'expérience de communion effectuée au cours de ces journées entre vous, évêques, vous aider à intensifier votre collaboration afin que vos diocèses se sentent frères et poursuivent, au niveau national, la concertation nécessaire pour affronter les défis de la mission et, dans le cadre de la grande Europe, continuent à entretenir des relations avec les diverses instances ecclésiales! Je vous donne volontiers, ainsi qu'aux fidèles de vos diocèses, ma Bénédiction apostolique.





AU CONSEIL COMMUNAL DE ROME

Samedi 6 février 1999

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Monsieur le Maire,
Eminents Représentants de l'Administration capitoline,
Mesdames et Messieurs!



1. Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de la traditionnelle rencontre de début d'année et je présente mes voeux les plus cordiaux à chacun de vous pour la tâche délicate qui vous a été confiée. Je salue le Maire, les membres de la Junte et du Conseil communal et ceux qui, à titres divers, prêtent leur service dans le cadre de l'Administration capitoline.

Votre présence aujourd'hui dans la maison du Pape me rappelle la visite que j'ai eu la joie d'accomplir le 15 janvier de l'année dernière au Capitole. Monsieur le Maire, merci encore pour cette journée mémorable, que vous venez également d'évoquer. En m'adressant des paroles courtoises au nom de toutes les personnes présentes, vous avez en outre rappelé les intentions et les objectifs de l'Administration communale, en particulier en ce qui concerne une préparation adaptée au grand Jubilé, qui est un événement spirituel et social extraordinaire.



2. Il ne manque désormais que quelques mois à l'ouverture solennelle de la Porte Sainte, qui nous introduira aux célébrations jubilaires de l'An 2000. Il s'agit d'un rendez-vous historique qui concerne l'humanité tout entière, et dont Rome sera le principal point de convergence et de réalisation. Depuis très longtemps, l'Eglise de l'Urbs a donné vie à un intense chemin de préparation spirituelle, selon les indications que j'ai proposées dans la Lettre apostolique Tertio millennio adveniente. La Mission dans la ville, commencée il y a quelques années, a pour but de vivre intensément le Jubilé, qui revêt une profonde signification pour les croyants et les non croyants. Voilà pourquoi elle entend s'adresser à chaque personne, pénétrer dans chaque lieu et entrer en dialogue avec toutes les composantes culturelles, sociales et professionnelles de la Ville. En effet, après s'être adressée ces dernières années aux familles, elle vise cette année à atteindre de façon particulière les milieux où les personnes vivent et travaillent.

C'est précisément pour cette nouvelle phase de la Mission dans la ville que j'ai écrit une Lettre aux frères et soeurs qui oeuvrent à Rome. J'ai à coeur, en cette circonstance solennelle et familiale, de vous en offrir un exemplaire, souhaitant presque anticiper à travers ce geste ce que les missionnaires accompliront un peu partout au cours des mois prochains. Je suis certain que, comme les familles, les milieux de vie et professionnels qui sont à Rome ouvriront rapidement et volontiers leurs portes au Seigneur qui frappe au coeur de chacun: la bonne nouvelle du Christ est également et spécifiquement l'«Evangile du travail», qui communique la force morale et une vitalité renouvelée à notre activité quotidienne.



3. Alors que dans chaque paroisse, la préparation spirituelle devient fervente, Rome, comme vous l'avez à juste titre souligné, Monsieur le Maire, oeuvre afin de préparer l'événement jubilaire sur le plan pratique et structurel. Vous avez cité les multiples oeuvres en cours de réalisation, dont certaines se déroulent en étroite coopération entre les Institutions civiles et le Saint-Siège. J'exprime ma satisfaction à ceux qui s'y consacrent avec ferveur et je me rends compte des difficultés qui doivent quotidiennement être affrontées et résolues pour pouvoir les mener à bien. Mon souhait est que les chantiers ouverts et ceux qui vont commencer puissent être complètement terminés en temps voulu, afin de préparer un cadre qui favorise une digne célébration de l'Année Sainte au bénéfice des pèlerins et des habitants de la Ville.

De plus, comment ne pas se rendre compte des bénéfices durables que ces structures renouvelées apporteront à la ville de Rome? Grâce à cet effort, elle sera encore davantage en mesure d'accomplir la mission universelle que la Providence lui a confiée et qui s'étend bien au-delà de l'événement jubilaire. Voilà pourquoi il est important que, à l'occasion du Jubilé, Rome puisse reproposer de façon nouvelle et créative son visage traditionnel de Ville ouverte et accueillante, dans laquelle coexistent de manière harmonieuse et constructive un message spirituel éternel et très élevé et les plus récentes modalités d'accueil, d'organisation et de communication.

Ces objectifs peuvent facilement être partagés par tous, tout en restant chacun dans le cadre des compétences et responsabilités respectives. Mais pour qu'ils puissent se concrétiser, il est nécessaire que tous fassent preuve d'un esprit de collaboration effective.



4. Dans son intervention, Monsieur le Maire a souligné les difficultés et les problèmes qui entravent le développement de notre Ville. Je voudrais rappeler moi aussi certaines préoccupations qui me tiennent particulièrement à coeur.

Je pense tout d'abord à la situation des familles et à leurs perspectives concrètes de vie. Comme dans d'autres métropoles, ici aussi, les liens familiaux reçoivent hélas toujours moins de soutien dans le contexte social d'ensemble, en raison de l'anonymat et de la solitude dans lesquelles tant de cellules familiales se trouvent. Il est important de ne pas les laisser affronter seules ces conditions difficiles parfois sérieuses et inquiétantes.

C'est pourquoi l'Eglise de Rome a choisi d'accorder la priorité à la pastorale de la famille, en ne limitant pas son attention à ceux qui participent à la vie ecclésiale, mais en élargissant son action à tout le monde. Je vous demande, à vous qui êtes directement responsables du gouvernement de la Ville, de tout mettre en oeuvre pour assurer, en particulier aux jeunes familles qui s'établissent, des conditions concrètes pour une vie de famille saine, en commençant par la possibilité de trouver un logement et par des initiatives soutenant les cellules familiales et l'éducation des enfants. Ayez en particulier soin que ne manquent pas dans les quartiers des structures d'accueil pour les enfants, des écoles et des services sociaux.



32 5. Les jeunes sont un autre de mes soucis constants: ils constituent l'avenir de la société. C'est à eux que nous devons consacrer notre attention concrète. Il faut avoir confiance en eux et les aider à avoir confiance en eux et dans la vie. Il faut donc encourager toutes les initiatives qui, dans la Ville, visent à offrir aux jeunes des espaces suffisants pour exprimer le grand trésor de nouveauté, d'espérance et de bien qu'ils portent en eux.

L'un des grands événements prévus au cours du prochain Jubilé est la Journée mondiale de la Jeunesse, au cours de laquelle se réuniront à Rome des jeunes, garçons et filles, de toutes les parties d'Italie, d'Europe et du monde. Certes, les jeunes romains de leur âge seront là pour les accueillir, mais toute la Ville est invitée à se mobiliser pour ce rendez-vous extraordinaire des jeunes avec la Rome chrétienne et la Rome maîtresse de civilisation.



6. Parler des jeunes signifie tourner naturellement le regard vers l'avenir de la Ville, un avenir qui est déjà une réalité dans la présence croissante des immigrés, un grand nombre d'entre eux étant précisément des jeunes. L'immigration représente un défi sérieux, qui peut cependant constituer une grande opportunité. Dans la ville de Rome, qui est à la première place en Italie par le nombre d'immigrés et la complexité des problèmes liés à leur présence, l'Eglise s'efforce d'aider ceux qui se trouvent dans le besoin, sans différence de culture et de religion. Dans ce but, elle renouvelle sa disponibilité à une collaboration constructive avec les Institutions civiles. L'objectif est de ne pas se contenter de répondre aux besoins primordiaux de ces frères, mais de favoriser leur insertion sociale et professionnelle de façon plus stable. Certes, cela demande aux immigrés de respecter les règles de la coexistence civile et nécessite, de par sa nature, des temps et des formes adaptés.

Dans la perspective du Jubilé, les formes que sauront prendre cet accueil contribueront à définir le visage spirituel et civil de la Rome du troisième millénaire.



7. Monsieur le Maire, Messieurs les Administrateurs de Rome!

Les problématiques relatives à la famille, aux jeunes et aux immigrés que j'ai mentionnées, représentent simplement des exemples, profondément évocateurs, d'une demande plus générale qui est présente dans la Ville: une demande de perspectives idéales élevées et d'un profond renouveau spirituel.

L'Eglise tend la main à chaque autre composante religieuse et culturelle, afin que Rome devienne la patrie de la fraternité et de la paix, en poursuivant un projet d'idéaux communs et partagés.

Rome, gardienne des tombes des Apôtres Pierre et Paul, conserve les souvenirs et les reliques les plus insignes du christianisme et accueille le Siège du Successeur de Pierre. Confrontée à des cultures et à des traditions religieuses diverses, Rome est aujourd'hui encore davantage encouragée à offrir son visage chrétien et à apporter le témoignage des valeurs nées de l'Evangile, qui ont vivifié le chemin de son histoire millénaire.

Puisse le visage miséricordieux du Père céleste resplendir sur notre Ville et illuminer ceux qui sont responsables de son avenir. Tel est le souhait que je vous renouvelle de tout coeur, alors que je confie vos projets et vos espérances, ainsi que ceux de vos familles et de vos collaborateurs, à Marie, «Salus Populi Romani». Que mon salut affectueux parvienne, à travers vous, à toute la population romaine, qui est présente dans ma prière quotidienne et à laquelle j'envoie de tout coeur une Bénédiction apostolique spéciale.



Discours 1999 26