Discours 1999 52


AUX ÉVÊQUES DE CROATIE EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"

Mardi 13 mars 1999

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  Vénérés frères dans l'épiscopat!



1. «A Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce tout ce que nous pouvons demander ou concevoir, à Lui la gloire dans l'Eglise et le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles!» (
Ep 3,20-21).

Chers Pasteurs de l'Eglise qui est en Croatie, je suis heureux de vous saluer et de vous souhaiter une fraternelle bienvenue avec les paroles de l'Apôtre des gentils. Vous êtes venus en visite ad limina pour confirmer votre communion avec le Successeur de Pierre, «principe perpétuel et visible et fondement de l'unité qui lie entre eux soit les évêques soit la multitude des fidèles» (Lumen gentium LG 23).

La rencontre avec vous ces jours-ci rappelle à mon esprit le souvenir inoubliable des deux visites pastorales que Dieu m'a donné d'accomplir dans votre bien-aimée Patrie, en septembre 1994 et en octobre de l'an dernier. Ce furent des occasions providentielles, au cours desquelles j'ai eu la joie de constater la foi du peuple croate. Suivant le mandat qui m'a été confié par le Seigneur, j'ai confirmé mes frères et mes soeurs dans la foi, je les ai encouragés dans l'espérance, afin que leur charité soit plus intense et plus vive. Dans un certain sens, c'est comme si la rencontre d'aujourd'hui complétait ce voyage apostolique que j'ai accompli comme «Pèlerin de l'Evangile».

Je remercie Mgr Josip Bozanic, Archevêque métropolitain de Zagreb, des paroles cordiales qu'en qualité de Président de votre Conférence épiscopale, il a voulu m'adresser au nom de tous, se faisant l'interprète des attentes et des espérances qui animent les Eglises particulières dont vous avez été constitués les véritables et authentiques Maîtres et Pontifes (cf. Lumen gentium LG 20 Christus Dominus CD 2) et les dispensateurs de la grâce (cf. Lumen gentium LG 26).

Je suis particulièrement heureux également de pouvoir saluer les pasteurs de Požega et de Varaždin, les deux diocèses de création plus récente, ainsi que l'Ordinaire militaire, qui viennent pour la première fois en visite ad limina. Il s'agit d'un signe éloquent de la croissance de l'Eglise qui est en Croatie et de sa vivacité apostolique et missionnaire.

En ce moment, mon souvenir se porte également vers le vénéré Cardinal Franjo Kuhariae, Archevêque émérite de Zagreb, que je remercie pour tout ce qu'il a fait pour illustrer aux nouvelles générations la grande figure de son Prédécesseur, le bienheureux Alojzije Stepinac.



54 2. Au cours des rencontres que j'ai eues ces jours-ci avec chacun de vous, j'ai pu me rendre compte des programmes et des attentes, des difficultés et des possibilités, des joies et des préoccupations qui marquent votre ministère quotidien. Tandis que je remercie le Seigneur pour tout le bien que vous accomplissez dans vos diocèses, je voudrais vous assurer de ma constante proximité spirituelle. Très chers et vénérés frères dans l'épiscopat, poursuivez sur la voie que vous avez entreprise pour édifier le Royaume de Dieu sur votre terre, qui, après une période particulièrement difficile, connaît maintenant un printemps religieux nouveau et prometteur.

Lorsque l'an dernier, j'ai posé le pied sur le sol de votre pays, j'ai voulu rappeler au cours de la première rencontre qu'«il est d'une importance fondamentale que le peuple croate demeure fidèle à ses racines chrétiennes en restant dans le même temps ouvert aux instances du moment actuel qui, s'il présente des problèmes difficiles, laisse toutefois entrevoir des motifs d'espérance». J'ajoutais en particulier, «je souhaite que les chrétiens sachent donner une impulsion décisive à la nouvelle évangélisation en offrant leur témoignage généreux au Christ Seigneur, Rédempteur de l'homme» (Discours d'arrivée à l'aéroport de Zagreb, 2 octobre 1998, in ORLF n. 40 du 6 octobre 1998). Je renouvelle aujourd'hui cette exhortation passionnée: considérez l'Evangile comme une priorité pastorale urgente! Renouvelée dans ses formes et adaptée aux nouvelles exigences, elle doit pourtant continuer à proposer, sans compromis, l'authentique et immuable message évangélique. Qu'aucun milieu de la vie des personnes, des familles et de la société ne soit exclu de l'annonce de l'Evangile, car il faut que la «bonne nouvelle» atteigne et imprègne concrètement l'existence de toute personne là où elle vit et travaille, dans les souffrances et dans les joies.

L'évangélisation représente un engagement de tous les membres du Peuple de Dieu et pour cela, comme j'ai eu l'occasion de le souligner l'an dernier à Split, «l'Eglise qui est en Croatie a besoin de renforcer la communion entre les diverses forces qui la composent, pour atteindre les objectifs qui l'attendent dans le climat actuel de liberté et de démocratie» (Message aux membres de la Conférence épiscopale de Croatie, 4 octobre 1998, in ORLF n. 41 du 13 octobre 1998). Ce n'est qu'ainsi qu'elle pourra apporter à tous un profond témoignage de l'unité du Christ et être à la hauteur des défis anciens et nouveaux, en répondant aux attentes de ceux qui, mus par l'Esprit Saint, recherchent la vérité et désirent donner un véritable sens à leur existence.

Que votre priorité pastorale, vénérés frères, soit d'aider chaque fidèle à répondre à l'appel universel à la sainteté. C'est pourquoi ne vous lassez pas d'indiquer à ceux qui sont confiés à votre sollicitude apostolique, les sources inépuisables et pures de la grâce, c'est-à-dire les Sacrements et en particulier l'Eucharistie et la Pénitence. Renforcée par les dons de la grâce, que chaque communauté chrétienne, en communion avec ses pasteurs, sache montrer son visage de joyeuse famille de Dieu, où les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles laïcs croissent dans la fidélité et dans l'amour du Christ et de ses frères.



3. Il existe une autre raison qui rend l'annonce de l'Evangile à nos contemporains encore plus urgente: c'est la préparation de l'imminent Jubilé de l'An 2000. Dans cette perspective, il faut identifier de nouvelles voies et rechercher de nouvelles possibilités de prédication du message évangélique et de témoignage chrétien, en valorisant de la meilleure façon possible les grandes ressources religieuses et spirituelles, humaines et culturelles du Peuple de Dieu. Ce n'est qu'ainsi que les croyants seront en mesure d'offrir à la société une contribution spécifique et une croissance matérielle et spirituelle harmonieuse.

Diverses formes d'activité pastorale au niveau paroissial et diocésain, comme au sein des provinces ecclésiastiques et de la Conférence épiscopale, pourront apporter une ultérieure impulsion à la nouvelle évangélisation. A cet égard, les célébrations commémorant les treize siècles d'adhésion au christianisme du peuple croate, commencées à Salone en 1975 et qui se sont conclues à Marija Bistrica en 1984, constituent un exemple significatif. Comment ne pas citer l'heureuse initiative, née au cours de cette période, de la prière quotidienne qui, le soir, réunit les catholiques croates dans une communion chorale de louange et d'action de grâce pour le don de la foi et d'imploration pour les nécessités du présent et de l'avenir? Le zèle, la perspicacité, la clairvoyance des pasteurs de l'époque bénéficièrent sans aucun doute de l'inspiration et de l'impulsion de l'Esprit Saint. Je suis certain que vous aussi continuerez de poursuivre sur cette voie, en écoutant ce que l'Esprit dit aujourd'hui aux Eglises que le Seigneur vous a confiées (cf. Ap
Ap 2,7).



4. Que ne manquent jamais votre enthousiasme apostolique et le mode évangélique de raisonner et d'agir. Vous êtes appelés à être les maîtres dans la foi, les messagers de l'espérance, les témoins de la charité. Que le soin des vocations sacerdotales, de celles à la consécration particulière, et de la formation religieuse permanente des fidèles laïcs soit au centre de vos pensées.

Moi-même, dans mon expérience de Pasteur, j'ai eu la preuve de l'importance du séminaire et, en général, du fait que les lieux de formation sont «la pupille de l'oeil» de l'Evêque. Le soin des vocations est pourtant un devoir qui concerne toute la communauté chrétienne (cf. Optatam totius OT 2). En effet, la vocation naît au sein de la communauté chrétienne et se renforce en elle. La communauté chrétienne elle-même jouira à son tour des fruits de cet engagement à la vocation.

Face à la crise sociale et spirituelle qui a également frappé votre pays, la thérapie à adopter est celle de renforcer avant tout le sens religieux de la vie, en aidant les familles chrétiennes à s'intégrer et à être une école au sein de laquelle se pratiquent les valeurs humaines et évangéliques éternelles. Les jeunes ont besoin d'exemples éloquents qui les aident à ne pas perdre les idéaux qui dépassent ce qui est immédiat et nécessaire; ils ont besoin de témoignages de vie entièrement imprégnés par la foi, pour s'ouvrir à des horizons plus vastes et exigeants. Combien est important le témoignage des évêques, des prêtres et des personnes consacrées, généreusement conformés à Jésus-Christ et totalement dévoués au service désintéressé de Dieu et du prochain!

Chers frères, aidez les jeunes générations à suivre avec fidélité l'appel que Dieu adresse à chacun dans l'Eglise et dans la société. Assurez, en particulier, aux candidats au sacerdoce une formation adaptée au ministère qui leur sera confié. Faites preuve de sollicitude fraternelle envers les prêtres, qui sont vos plus proches collaborateurs. Il ne s'agit pas de fonctionnaires qui agissent au nom de l'Eglise, mais de serviteurs et d'annonciateurs de l'Evangile, de ministres de la grâce de Dieu. Participant au sacerdoce du Christ et unis à l'Evêque dans le ministère, ils sont envoyés aux communautés ecclésiales pour partager avec l'Evêque la sollicitude pour tout le Peuple de Dieu. Afin qu'ils puissent accomplir de façon adéquate leurs devoirs, il faut que leur vie s'enracine dans le Christ, miroir irréprochable de sainteté et de prière, et qu'elle soit empreinte d'un vif sens ecclésial. Chers frères, veillez donc à ce qu'ils soient avec vous, toujours et partout, des modèles du troupeau confié à votre soin pastoral (cf. 2Tm 4,12 1P 5,3).



55 5. L'Eglise nourrit depuis toujours une estime particulière pour la vocation et l'oeuvre des consacrés, car ceux- ci constituent une grande ressource spirituelle que Dieu offre à son Peuple. Leurs charismes sont offerts, outre pour la sanctification personnelle, également pour la croissance et la mission de l'Eglise, car les dons particuliers que l'Esprit répand «ont, directement ou indirectement, une utilité ecclésiale, ordonnés qu'ils sont à l'édification de l'Eglise, au bien des hommes et aux besoins du monde» (Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 799). C'est pourquoi, comme j'ai eu l'occasion de le rappeler, «le devoir de l'Evêque est également de soutenir les personnes consacrées dans leur dévouement total au Seigneur, les exhortant à vivre avec générosité le charisme de leur Institut d'appartenance et à oeuvrer toujours en communion avec l'Eglise particulière et universelle» (Message aux membres de la Conférence épiscopale de Croatie, 4 octobre 1998, in ORLF n. 41 du 13 octobre 1998).

Si c'est, en premier lieu, au clergé diocésain que revient le gouvernement pastoral des paroisses, les personnes consacrées ont toutefois la mission de témoigner de l'harmonie concrète des divers charismes oeuvrant pour le bien de l'Eglise. Les véritables charismes édifient le Corps mystique du Christ dans la charité, dans l'obéissance, dans la suite inconditionnelle du Divin Maître. Vénérés frères, soutenez les religieux et les religieuses à travers votre prière, votre affection et votre aide, afin qu'ils soient toujours fidèles à leur vocation. Avec leurs dons et en communion avec vous, ils sauront apporter une contribution valable à l'oeuvre pastorale, en mettant leurs énergies au service de l'évangélisation de toute la société.



6. La nouvelle évangélisation a besoin en effet de rassembler toutes les énergies. En cette fin de siècle, nous avons devant nous les ruines matérielles et morales provoquées par tant d'idéologies; nous avons assisté au cours de cette dernière décennie à la chute de dictatures longues et oppressives. Votre pays lui aussi, après avoir connu une période d'épreuve, jouit maintenant d'un temps de paix et de liberté. Il est toutefois nécessaire de veiller afin que la voie de la véritable liberté soit parcourue dans le respect de tous les droits humains. Votre rôle de Pasteurs, toujours dévoués au véritable bien du troupeau, est d'indiquer sans relâche les principes éternels et les valeurs immuables établis par le Créateur à la base de la dignité de chaque personne et de chaque nation.

Pour pouvoir affronter et résoudre de façon positive les problèmes qui se présentent à la société et à l'Eglise en Croatie, et qui ont une racine profonde dans l'histoire, il faut un esprit de charité, une patience et une clairvoyance attentive. Ce n'est qu'ainsi que croîtront les plantes de la liberté et de la démocratie, et qu'elles deviendront des arbres robustes. Chers Pasteurs de la bien-aimée Eglise qui est en Croatie, avec vos prêtres, enseignez aux fidèles à être la lumière et le sel de la société (cf. Mt 5,13-14). Les chrétiens pourront à leur tour contribuer à former «un nouveau visage de leur patrie», en prenant des engagements publics, et en les remplissant en véritables croyants dans le Christ, et en promouvant le bien commun dans la justice et avec un esprit solidaire (cf. Gaudium et spes GS 43 GS 75). Sachez leur offrir, pour votre part, une formation religieuse permanente, qui les aide à vivre et à oeuvrer en harmonie avec la foi professée.

En vous inspirant de la parabole du grain et de l'ivraie (cf. Mt 13,24-30), aidez-les à faire en sorte que sur la critique qui détruit prévalent toujours le dialogue constructif et la charité qui édifie. Un engagement cohérent est nécessaire toujours et partout, afin que la foi oeuvre au moyen de la charité (cf. Ga 5,6) et que ses bénéfices soient au profit de tous, en particulier des pauvres et des exclus.

Le Concile Vatican II rappelle que les chrétiens «dociles à l'Evangile et bénéficiant de sa force, unis à tous ceux qui aiment et pratiquent la justice, ont à accomplir sur cette terre une tâche immense, dont ils devront rendre compte à celui qui jugera tous les hommes au dernier jour. Ce ne sont pas ceux qui disent "Seigneur, Seigneur", qui entreront dans le Royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté du Père et qui, courageusement, agissent» (Gaudium et spes GS 93).

L'Eglise et la communauté politique, dans leurs domaines respectifs, sont indépendantes mais sont toutes deux au service de l'unique et même homme (cf. Gaudium et spes GS 76). Une saine et fructueuse collaboration entre l'Eglise et l'Etat pour le bien de tous les citoyens du pays est certainement favorisée par le respect mutuel et par l'entente réciproque, accrus également grâce aux quatre récents Accords signés entre le Saint-Siège et la République de Croatie.



7. «Tenez bon [...] dans le Seigneur» (Ph 4,1). «Que notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, ainsi que Dieu notre Père, qui nous a aimés et qui nous a donné, par grâce, consolation éternelle et heureuse espérance, consolent vos coeurs et les affermissent en toute bonne oeuvre et parole» (2Th 2,16-17). Chers frères, considérez ces paroles de l'Apôtre comme adressées à vous et tirez-en un réconfort pour persévérer dans l'accomplissement généreux de votre mission.

Que la Très Sainte Mère de Dieu, tant aimée et vénérée dans vos régions, accompagne de sa puissante intercession votre engagement apostolique et chacune de vos initiatives au service de l'Eglise et implore pour vous et pour vos diocèses une abondance de grâce et de paix dans notre Seigneur Jésus-Christ.

Avec de tels sentiments, je vous renouvelle la Bénédiction apostolique à vous, à vos prêtres, aux personnes consacrées ainsi qu'à tous les fidèles laïcs, dans leur patrie et à l'étranger.



AUX PARTICIPANTS AU COURS SUR LE "FOR INTERNE" ORGANISÉ PAR LA PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE

Samedi 13 mars 1999

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1. Monsieur le Cardinal pénitencier, éminents prélats et officiers de la Pénitencerie apostolique, chers Pères pénitenciers des Basiliques patriarcales de l'Urbs, jeunes prêtres et candidats au sacerdoce qui avez suivi le cours sur le «for interne» organisé également cette année par la Pénitencerie apostolique, je vous accueille avec affection au cours de cette audience traditionnelle, qui me tient particulièrement à coeur.

En remerciant le Cardinal William Wakefield Baum pour les sentiments qu'il a exprimés dans le discours qu'il m'a adressé, je désire souligner la profonde valeur de cette rencontre, au cours de laquelle est réaffirmée de façon presque tangible le lien entre la mission réconciliatrice du prêtre comme ministre du sacrement de la Pénitence et le Siège de Pierre. N'est-ce pas à Pierre et à ses successeurs que le Christ a confié en termes universels le pouvoir, le devoir, la responsabilité et dans le même temps le charisme - qui s'étend aux frères dans l'épiscopat et aux prêtres, leurs coopérateurs - de libérer les âmes du pouvoir du mal, c'est-à-dire du péché et du démon? En cette veille de la Pâque rédemptrice et de l'Année jubilaire, cette rencontre prend la valeur d'un symbole de communion vécue dans le travail quotidien au service des hommes et de leur salut éternel. En vertu de cette signification universelle, alors que je m'adresse à vous, qui êtes ici réunis dans la maison du Pape, je vois spirituellement présents tous les prêtres de la Sainte Eglise catholique, où qu'ils vivent et qu'ils oeuvrent, et j'adresse ce message à tous avec affection.



2. L'Année jubilaire, dans la multiplicité variée et harmonieuse de ses contenus et de ses fins, porte en particulier sur la conversion du coeur, la metanoia, avec laquelle s'ouvre la prédication publique de Jésus dans l'Evangile (cf.
Mc 1,15). Déjà, dans l'Ancien Testament, le salut et la vie sont promis à ceux qui se convertissent: «Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant - oracle du Seigneur de Yahvé - et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre?» (Ez 18,23). Le grand Jubilé imminent commémore l'accomplissement du second millénaire de la naissance de Jésus qui, à l'heure de la condamnation injuste, dit à Pilate: «Je ne suis né et ne suis venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité» (Jn 18,37). Et la vérité attestée par Jésus est qu'Il est venu pour sauver le monde, autrement destiné à se perdre: «Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu» (Lc 19,10).

Dans l'économie du Nouveau Testament le Seigneur a voulu que l'Eglise soit universale sacramentum salutis. Le Concile oecuménique Vatican II enseigne que «l'Eglise étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu» (Lumen gentium LG 1). En effet, la volonté de Dieu est que la rémission des péchés et le retour à l'amitié divine aient lieu grâce à la médiation de l'Eglise: «Quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié (Mt 16,19), a dit solennellement Jésus à Simon Pierre, et à travers lui aux Souverains Pontifes, ses successeurs. Cette même consigne, Il l'a ensuite confiée aux Apôtres, et à travers eux, aux évêques, leurs successeurs: «quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié» (Mt 18,18). Le soir du jour même de la Résurrection, Jésus rendra ce pouvoir effectif à travers l'effusion de l'Esprit Saint: «Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus» (Jn 20,23). Grâce à ce mandat, les Apôtres et leurs Successeurs dans la charité sacerdotale pourront désormais dire avec humilité et vérité: Je t'absous de tes péchés.

Je suis pleinement confiant que l'Année Sainte sera, comme elle doit l'être, un chapitre particulièrement efficace de l'histoire du salut. Elle trouve en Jésus-Christ son point culminant et sa signification suprême, car en Lui nous recevons tous «grâce sur grâce», en obtenant d'être réconciliés avec le Père (cf. Bulle Incarnationis Mysterium, n. 1). C'est pourquoi je suis certain et je prie pour que, grâce au généreux service des prêtres confesseurs, l'année jubilaire soit pour tous les fidèles une occasion de se rapprocher, de façon pieuse et surnaturellement sereine, du sacrement de la réconciliation.



3. A ce propos, vous connaissez sûrement le Catéchisme de l'Eglise catholique et son analyse approfondie sur ce thème fondamental. A l'occasion de cette rencontre, je voudrais toutefois rappeler certains points véritablement essentiels, que vous ne manquerez pas de proposer aux fidèles confiés à vos soins pastoraux.

- Par l'institution de Notre Seigneur Jésus-Christ, comme il apparaît explicitement dans le passage cité de l'Evangile selon saint Jean, la confession sacramentelle est nécessaire pour obtenir le pardon des péchés mortels commis après le Baptême. Toutefois, si un pécheur, touché par la grâce de l'Esprit Saint, conçoit la douleur de ses péchés en raison d'une charité surnaturelle, dans la mesure où ceux-ci sont une offense faite à Dieu, Bien Suprême, il obtient immédiatement le pardon de ses péchés, même mortels, pourvu qu'il ait l'intention de les reconnaître sacramentellement lorsqu'il le pourra, dans un temps raisonnable.

- La même intention doit être celle conçue par le pénitent qui, responsable de péchés graves, reçoit l'absolution collective, sans avoir reconnu au préalable ses propres péchés devant le confesseur: cette intention est tellement nécessaire que, sans elle, l'absolution serait invalidée, comme il est dit dans le canon (CIC 962 § 1) du Code de Droit canonique et dans le canon (CIO 721 § 1) du Code des Canons des Eglises orientales.

- Les péchés véniels peuvent être remis également en dehors de la confession sacramentelle, mais il est sans aucun doute suprêmement utile de les confesser sacramentellement. En effet, les dispositions nécessaires étant établies, on obtient ainsi non seulement la rémission du péché, mais également l'aide spéciale constituée par la grâce sacramentelle, afin d'éviter celui-ci à l'avenir. Il est ici utile de reconfirmer le droit que les fidèles possèdent - et à leur droit correspond l'obligation du prêtre confesseur - de se confesser et d'obtenir l'absolution sacramentelle, même s'il ne s'agit que des seuls péchés véniels. Il ne faut pas oublier que ce qui est défini comme confession de dévotion, a constitué l'école de formation des grands saints.

- Pour s'approcher de l'Eucharistie de façon licite et fructueuse, il est nécessaire d'effectuer au préalable la confession sacramentelle, lorsque l'on est conscient d'un péché mortel. En effet, l'Eucharistie est bien la source de toute grâce, en tant que représentation du sacrifice salvifique du Calvaire; toutefois, en tant que réalité sacramentelle elle ne vise pas directement à la rémission des péchés mortels: c'est ce qu'enseigne clairement et sans équivoque le Concile de Trente (Sess. 13, cap. 7 et le canon s'y rapportant, DS 1647 et 1655), en conférant pour ainsi dire un caractère disciplinaire et juridique à la parole même de Dieu: «Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s'éprouve soi- même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe, car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation» (1Co 11,27-28).



57 4. L'Année jubilaire, grâce au sacrement de la pénitence, doit donc être de façon particulière l'année du grand pardon et de la pleine réconciliation. Mais Dieu, à qui nous sommes reconnaissants de nous avoir réconciliés, ou avec qui nous espérons nous réconcilier, est notre Père: mon Père, le Père de tous les croyants, le Père de tous les hommes. C'est pourquoi la réconciliation avec Dieu exige et comporte la réconciliation avec les frères, sans laquelle le pardon de Dieu ne peut être obtenu, comme Jésus nous l'a enseigné dans la prière parfaite du Notre Père: «Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés» Le sacrement de la pénitence suppose et doit alimenter l'amour fraternel, généreux, noble, effectif.

Dans cette optique, atteignant sa plus haute perfection, l'Année jubilaire invite à une profonde solidarité dans un «merveilleux échange de biens spirituels, en vertu duquel la sainteté de l'un apporte aux autres un bénéfice bien supérieur au dommage que le péché de l'un a pu causer aux autres. Il y a des personnes qui laissent derrière elles comme un surplus d'amour, de souffrance supportée, de pureté et de vérité, qui se déverse sur les autres et les soutient. C'est la réalité de la "vicariance", sur laquelle est fondée tout le mystère du Christ» (Incarnationis Mysterium, n. 10).

Réconciliés à travers le sacrement de la pénitence et ainsi assimilés au Christ Seigneur et Rédempteur, nous devons «nous impliquer dans son action salvifique et en particulier dans sa passion. C'est ce que dit le passage bien connu de la Lettre aux Colossiens: "Je complète ce qui manque aux souffrances du Christ en ma chair pour son Corps, qui est l'Eglise (
Col 1,24)» (Ibid., n. 10).



5. Dans le sacrement de la pénitence, une fois éliminées les fractures causées par le péché, se consolide l'unité de l'Eglise qui trouve dans le Jubilé une manifestation très élevée: on aperçoit donc également ici le lien connaturel entre le Jubilé et le sacrement du Pardon.

La Miséricorde de Dieu et la médiation de l'Eglise offrent un précieux corollaire à la rémission sacramentelle des péchés, avec le don de la rémission de la peine temporelle de celui-ci au moyen de l'Indulgence. Je l'ai souligné en faisant référence à l'Année jubilaire dans la Bulle d'indiction: «Car le fait d'avoir été réconcilié avec Dieu n'exclut pas qu'il reste certaines conséquences du péché dont il est nécessaire de se purifier. C'est précisément dans ce cadre que prend toute sa valeur l'indulgence, par laquelle est exprimé le "don total de la miséricorde de Dieu"» (Incarnationis Mysterium, n. 9).

Jésus est né, ou plutôt a été conçu Prêtre et Victime dans le sein de sa Mère, comme nous l'enseigne l'Esprit Saint dans l'Epître aux Hébreux (cf. He He 10,5-7), en appliquant expressément à Jésus le Psaume (Ps 40,7-9): «Tu ne voulais ni sacrifice ni oblation, tu m'as ouvert l'oreille, tu n'exigeais holocauste ni victime, alors j'ai dit: Voici, je viens. Au rouleau du livre il m'est prescrit de faire tes volontés; mon Dieu, j'ai voulu ta loi au profond de mes entrailles» Le Jubilé de l'An 2000 rappelle à notre foi, à notre espérance, à notre amour que le salut dérive de la nativité du Prêtre éternel, Victime du sacrifice pour lequel Il s'est librement offert.

Que la Très Sainte Vierge, qui a donné au Verbe de Dieu l'Humanité sacerdotale et de victime, nous obtienne de vivre à nouveau, même dans notre petitesse et notre pauvreté, la mission salvifique avec la sainteté personnelle et dans l'exercice du ministère du Pardon, restituant aux pécheurs, comme des instruments de Dieu, la grâce, la joie du coeur, la robe nuptiale qui permet d'entrer dans la vie éternelle.

Tout ce que j'ai rappelé au cours de cette rencontre avec vous est énoncé, dans une brève et merveilleuse synthèse, dans la formule rituelle de l'absolution sacramentelle: «Que Dieu, Père de Miséricorde, qui a réconcilié avec Lui le monde, par la mort et la résurrection de son Fils et qui a répandu l'Esprit Saint pour la rémission des péchés, t'accorde à travers le ministère de l'Eglise le pardon et la paix».

Pour parvenir à cette paix, que la Bénédiction apostolique que je vous donne volontiers soit de bon augure pour vous et pour ceux que le Seigneur a confiés ou confiera à votre ministère.



À LA CURIE GÉNÉRALICE DE LA SOCIÉTÉ DU DIVIN SAUVEUR

Vendredi 19 mars 1999

58 Cher Père Hoffman,
Prêtres, Frères et Soeurs salvatoriens,
Chers amis dans le Christ,



Je suis très heureux d'être parmi vous, membres de la Société du Divin Sauveur, et je remercie le Père Hoffman pour ses aimables paroles de bienvenue. Je vous salue tous dans l'amour du Rédempteur: «A vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ» (
Rm 1,7).

Aujourd'hui, nous faisons une brève pause dans notre itinéraire de Carême, en célébrant la solennité de Saint Joseph, Epoux de la Bienheureuse Vierge Marie et Patron de l'Eglise universelle. La réflexion sur l'attitude d'amour et de protection bienveillante de Joseph à l'égard de Marie et de l'Enfant Jésus fournit une sorte de contexte à ma visite cet après-midi. En effet, des sentiments semblables étaient présents chez votre Fondateur, le Père François Marie de la Croix Jordan, sur le tombeau duquel je viens de prier: il était rempli de dévotion pour la Mère de Notre Seigneur et de zèle pour le Christ et son Eglise. Ce fut précisément ce zèle et cette dévotion qui poussèrent le Père Jordan, de retour à Rome après une visite en Terre Sainte, à prononcer des voeux religieux avec deux autres prêtres et à prendre le nom de François Marie de la Croix. C'est ainsi que naquit la Société du Divin Sauveur, qui s'est depuis développée, apportant l'oeuvre de grâce de son apostolat à tous les continents.

C'est maintenant à vous, chers Frères et Soeurs, que revient la tâche de poursuivre l'oeuvre du Père Jordan qui consiste à faire connaître le Christ comme le Sauveur du monde. Oui, à la veille du troisième Millénaire chrétien, les hommes et les femmes de notre temps ont plus que jamais besoin de cette connaissance et de cette vérité qui les libérera (cf. Jn 8,32): «La vie éternelle, c'est qu'ils connaissent le seul véritable Dieu, et celui qu'il a envoyé, Jésus-Christ» (cf. Jn 17,3). A travers le témoignage de votre engagement, à travers l'exemple de votre générosité et de votre amour infini - comme celui manifesté par saint Joseph et par votre propre Fondateur - le monde sera de plus en plus libéré du lien du péché et de la mort, l'Evangile sera proclamé avec plus d'enthousiasme et de force, la foi augmentera et l'Eglise elle-même croîtra en sainteté et en grâce. Tels sont les résultats certains d'une vie consacrée afin que les autres aient la foi et l'espérance.

Ainsi, en ce jour particulièrement propice consacré à la mémoire du père adoptif de notre Seigneur, j'invoque sur tous les Salvatoriens la protection de saint Joseph. A travers sa puissante intercession, je prie afin que vous puissiez continuer d'apporter un témoignage éloquent et fidèle au charisme du Père François Marie de la Croix et que vous puissiez être remplis d'un amour intense pour le Christ et pour son Eglise et d'une grande dévotion pour notre Bienheureuse Mère! Puissent vos vies de service généreux - en particulier parmi les jeunes et dans les missions - inspirer d'autres personnes à embrasser la foi toujours plus pleinement, afin qu'ils puissent «écouter la parole de Dieu et l'observer» (cf. Lc 11,28 cf. Mt 1,24).

Que Dieu tout-puissant déverse toujours sur vous une abondance de Bénédictions!




AUX TRAVAILLEURS DE LA VILLE DE ROME

Vendredi 19 mars 1999

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Très chers représentants du monde du travail!



1. Je suis heureux de vous accueillir au cours de cette Audience spéciale, à l'occasion de la solennité de la saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie et Custode du Rédempteur. Comme vous, il fut un travailleur, un menuisier. Personne mieux que lui ne peut comprendre vos problèmes. Le jour de sa fête est donc particulièrement adapté pour cette rencontre.

Alors que je souhaite la bienvenue à chacun de vous, je salue avec affection les proches qui vous accompagnent. J'adresse une pensée respectueuse au Maire de Rome, à Messieurs les Présidents et aux dirigeants de vos entreprises ici présents. Je remercie le Président de l'ACEA et l'employée de l'AMA pour les adresses d'hommage cordiales prononcées au nom de tous, et je suis également reconnaissant au groupe musical de l'ATAC pour les notes joyeuses avec lesquelles il a voulu accompagner notre rencontre. Je remercie aussi le Cardinal-Vicaire Camillo Ruini pour ses paroles, et je désire exprimer ma sincère satisfaction au diocèse de Rome pour le déroulement de la Mission dans les milieux de vie et professionnel; je pense ici de façon particulière à vos aumôniers et à leur service précieux.



2. Quatre ans se sont écoulés depuis que, sur la Place d'Espagne, face à la statue de l'Immaculée Conception, j'ai demandé que Rome se prépare au grand Jubilé de l'An 2000. Votre présence aujourd'hui est un témoignage significatif du chemin accompli. En effet, la mission dans les milieux de travail représente l'étape finale, mais non conclusive, des diverses initiatives qui se sont développées au cours de ces années. On est progressivement passé de la visite aux familles à la rencontre avec ceux qui vivent dans les milieux professionnels et partagent le même labeur quotidien. A l'exemple des premiers croyants, nous pouvons nous aussi nous sentir engagés à annoncer la «bonne nouvelle» de Jésus-Christ. Avec l'Apôtre Paul, nous avons besoin de répéter chaque jour: «Oui, malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile!» (
1Co 9,16).

La Mission dans les divers milieux de la vie sociale constitue une invitation à trouver les formes les plus appropriées et les langages les plus adaptés à la nouvelle évangélisation. A chacun de vous est confiée la tâche de trouver la façon selon laquelle l'Evangile peut être annoncé dans les lieux où vous oeuvrez. Parfois, surtout lors de la rencontre directe avec les personnes, une annonce explicite est nécessaire, sans jamais manifester de honte à être chrétiens; mais en d'autres circonstances, peut-être, le silence sera probablement plus utile, pour conférer une plus grande place à la force du témoignage. Quoi qu'il en soit, dans l'un comme dans l'autre cas on ne pourra jamais oublier que la mission appartient à l'essence de la foi chrétienne.



3. Très chers travailleurs, votre présence me tient plus que jamais à coeur pour diverses raisons. Tout d'abord parce que votre travail est représentatif de la vie dans la ville. En effet, vous offrez une bonne partie des services qui sont indispensables à une ville pour se présenter avec un visage humain. La lumière, l'eau, les transports, la propreté... constituent autant d'éléments précieux pour les citoyens. Que serait la vie de Rome si votre travail quotidien venait à manquer? Ensuite, en vue du Jubilé, lorsque le flux des personnes visitant la ville s'accroîtra, votre oeuvre prendra encore plus d'importance car, grâce à vos services, vous aiderez les pèlerins à mieux saisir la beauté de ce que le génie de l'homme a pu réaliser au cours des siècles dans notre ville de Rome. De cette façon, vous contribuez à mettre en évidence la fascination qui émane de chacune de ses pierres et de ses monuments millénaires.

Parmi vous sont présents deux cents travailleurs de l'Institut national de la Sécurité sociale. Très chers frères et soeurs, à vous aussi il revient d'accomplir une tâche plus que jamais utile pour assurer une retraite adéquate à ceux qui ont consacré tant d'années de leur propre vie au travail, et également à ceux qui, pour diverses raisons, se sont trouvés dans des situations difficiles ou d'exclusion. Oeuvrez avec générosité et sollicitude, afin que les temps d'attente s'abrègent, et que les ressources à la disposition de la Sécurité sociale, qui ne sont certes pas abondantes, soient employées de la façon la plus utile à la collectivité.

Ma pensée se tourne aujourd'hui, de manière particulière, vers ceux qui sont encore à la recherche d'un premier emploi. Pour de nombreux jeunes, le manque d'emploi crée des situations d'inquiétude et souvent de profonde déception. De fait, ces derniers voient que la route pour prendre une responsabilité directe dans la société leur est barrée et ils sont souvent obligés de remettre à plus tard la fondation d'une famille. Cette situation, si elle se prolonge dans le temps, devient dangereuse et insupportable, créant dans les faits une barrière entre les personnes et la société et engendrant un sentiment de manque de confiance qui n'est pas bénéfique à la formation d'une conscience civile.



4. Ces considérations, que la fête de saint Joseph m'offre l'opportunité de vous adresser, à vous qui êtes ici présents et, à travers vous, à tous les travailleurs et les travailleuses du diocèse de Rome, visent à souligner la valeur du travail et l'importance de combattre le chômage. La mission accomplie dans les divers milieux a pour but de rappeler à tous les croyants que l'attention à l'égard des plus faibles et des sans-défenses ne doit pas connaître de trêve: nous sommes chrétiens partout et toujours. Si la paroisse représente le lieu privilégié pour soutenir la croissance de la foi à travers la participation à la vie sacramentelle et aux différentes manifestations communautaires, c'est dans le domaine du travail que l'on témoigne de ce que l'on croit, surtout à travers le rayonnement de la charité. Parfois le travail, que ce soit en raison de l'organisation des équipes ou en raison de la détermination des horaires et des échéances, provoque des désagréments. Il peut également se produire que certains, envoûtés par la perspective d'une promotion, en arrivent à fausser leurs rapports avec leurs collègues. La solidarité vient alors à manquer, et la sincérité et l'amitié des relations réciproques sont remplacées par le soupçon et la critique, ayant pour conséquence un repli sur soi. Il s'agit d'une attitude erronée et déviante. Qu'il n'en soit pas ainsi pour vous: sur votre lieu de travail, faite apparaître ce qui est le contenu central de la foi que vous professez: c'est-à-dire l'amour du Christ qui va à la rencontre de tous de manière généreuse et gratuite.

Au cours des dernières semaines, les missionnaires vous ont remis, avec le Crucifix, une lettre que j'ai écrite. A travers celle-ci, j'ai cherché à être proche de vous dans la difficile, mais toujours intéressante, aventure du travail, qui a pour but de poursuivre l'oeuvre créatrice de Dieu le Père. Je vous demande à tous d'être des témoins d'espérance: une espérance qui sait regarder vers le lendemain sans se laisser conditionner par les multiples préoccupations quotidiennes, en se fondant plutôt sur la certitude de la présence de Dieu. Forts de cette espérance, nous franchirons le seuil du troisième millénaire, en portant en nous la profonde conviction de devoir annoncer le Christ de toutes nos forces à ceux que nous rencontrons sur notre chemin pour les aider à retrouver le sens de la vie dans la rencontre personnelle avec le Seigneur Jésus-Christ.

Dans l'attente de pouvoir vous accueillir à nouveau à l'occasion de la Veillée de Pentecôte, lors de laquelle nous rendrons grâce ensemble au Père pour le grand don de la Mission dans la ville, je vous bénis de tout coeur ainsi que vos familles, en demandant au Seigneur, par l'intercession de saint Joseph et de la Vierge Marie, que votre travail soit pour tous une source d'authentique fraternité et de confiance dans la vie.



Discours 1999 52