Discours 1999 106


AU NOUVEL AMBASSADEUR D'UKRAINE PRÈS LE SAINT-SIÈGE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 20 mai 1999

107

Excellence,



C'est un grand plaisir pour moi de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres de Créance par lesquelles vous êtes nommée Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Ukraine. Il s'agit pour nous d'une occasion opportune de réaffirmer les liens d'amitié et de coopération qui existent entre votre pays et le Saint-Siège, liens qui remontent à mille ans, lors du Baptême de la Rus' de Kiev, et qui ont acquis une nouvelle forme et vigueur depuis l'indépendance de votre nation. Je considère votre présence ici aujourd'hui comme un signe de notre désir mutuel de consolider les relations diplomatiques établies entre l'Ukraine et le Saint-Siège en 1992. Je vous suis reconnaissant pour les salutations que vous me transmettez de la part de S.E. le Président Leonid Kuchma, dont les visites au Vatican m'ont laissé un vif souvenir, et auquel j'exprime mes meilleurs voeux. Je renouvelle l'assurance de mes prières pour la paix et la prospérité de votre pays.

Les pays de l'Europe de l'Est, y compris le vôtre, traversent une période de rapides et profondes mutations sur le plan social, économique et politique. S'il est vrai que ces changements ne sont pas sans difficultés ni sacrifices, il s'agit essentiellement de changements positifs, car ils vont dans la direction du respect de la liberté et de l'auto-détermination des peuples. Après avoir été enfermées pendant des décennies dans un ordre mondial établi sur des décisions imposées et des barrières idéologiques, les nations qui ne pouvaient pas faire entendre leur voix au sein de la Communauté internationale peuvent à présent affirmer leur souveraineté et aller au devant de leur destin en tant que partenaires égaux sur la scène mondiale. C'est pourquoi le moment présent est d'une extrême importance dans la vie de ces peuples, et engendre de lourdes responsabilités pour leurs dirigeants.

Grâce à l'effort et au dévouement de tant de vos concitoyens, l'Ukraine accomplit de grands pas sur le chemin du progrès vers une société plus prospère, juste et démocratique. Votre Excellence a souligné l'intention de votre pays de parvenir à une «réintégration totale dans l'espace européen, qui repose sur des valeurs chrétiennes». En poursuivant cet objectif, vous redécouvrez actuellement la force des racines spirituelles et culturelles qui sont au coeur même de l'identité de votre nation et du parcours de votre peuple à travers l'histoire. Le défi consiste à présent à croître dans les plus nobles traditions du passé tout en étant ouvert à toutes les exigences de la conscience de la nature universelle de la dignité humaine et des droits humains, qui mûrit chez les peuples du monde.

En dépit des dures leçons de ce siècle violent, l'Europe est malheureusement une fois de plus le théâtre de l'oppression de l'homme par l'homme et de la menace quotidienne d'armes mortelles et destructrices. Au nom d'idéaux trompeurs de distinction culturelle et ethnique, la valeur fondamentale et véritable de la dignité inviolable de chaque être humain est totalement niée. Derrière le langage rhétorique dans lequel ces conflits sont généralement présentés, il devrait être clair que les atrocités qui ont lieu chaque jour sur le sol européen dans les Balkans ne sont pas le résultat des aspirations authentiques des peuples; ils ont au contraire été engendrés par des motifs non déclarés représentant des intérêts particuliers et des formes bien définies de soif de pouvoir.

La préoccupation de chacun doit être d'assurer que le dialogue remplace le conflit. Le dialogue et la négociation signifieraient le triomphe de la raison, tandis que la poursuite des conflits ethniques et les luttes pour le pouvoir dans toutes les parties du monde représentent la défaite de la raison et le signe de l'échec de la solidarité et de la coopération humaine. Nous devons espérer que l'Europe réussira à trouver dans l'héritage de son riche millénaire les vérités et les encouragements dont elle a besoin pour restaurer la règle de la raison et du droit.

Les chrétiens ukrainiens, orthodoxes et catholiques, assistent actuellement au rétablissement des institutions et de l'expression publique de leur foi. Dans l'Evangile et dans les traditions de leurs Eglises, ils trouvent l'inspiration et la force nécessaires pour les immenses tâches qui les attendent en tant que citoyens responsables de leur pays nouvellement indépendant. Tous les croyants ukrainiens doivent être convaincus que leur foi exigent d'eux la compréhension et la coopération mutuelles, et non pas les préjudices ou les rivalités. Les difficultés entre les chrétiens doivent être résolues non seulement au niveau de la justice et de l'égalité, mais également au niveau beaucoup plus profond de la koinonia devant Dieu et en Jésus-Christ. Je répète une pensée que j'ai exprimée devant les évêques ukrainiens de rite latin à l'occasion de leur visite ad limina au mois de mars de cette année: «Si le respect de l'identité mutuelle est une exigence de la justice, elle est encore plus une exigence d'amour, qui est la loi suprême pour les chrétiens». Comme Votre Excellence l'a souligné à juste titre, la célébration prochaine d'un nouveau millénaire chrétien est une occasion merveilleuse pour tous les chrétiens de croître dans la paix, la tolérance et le respect de l'autre et de toutes les personnes. Je souhaite sincèrement qu'un épanouissement sage et bénéfique de la démocratie et de la liberté dans votre pays, ainsi qu'un renouveau de la conviction religieuse et de l'engagement moral conduiront à une ère de développement florissant, et que la présence et l'action de l'Ukraine dans la famille des nations contribuera à édifier le monde meilleur et plus pacifique auquel toutes les personnes aspirent dans le monde entier. Puissent les relations déjà cordiales existant entre l'Ukraine et le Saint-Siège conduire à une compréhension et une coopération accrues dans les domaines de préoccupation commune.

Excellence, je vous présente mes meilleurs voeux tandis que vous commencez votre mission et je vous assure de la disponibilité des services du Saint-Siège dans l'accomplissement de votre mission. Sur vous et sur vos concitoyens, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.




AU NOUVEL AMBASSADEUR DU YÉMEN PRÈS LE SAINT-SIÈGE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 20 mai 1999

108 Monsieur l'Ambassadeur,



En vous souhaitant la bienvenue au Vatican, en cette heureuse occasion du début de votre mission en tant que premier Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Yémen près le Saint-Siège, je suis heureux d'accepter les Lettres qui vous accréditent. L'établissement de pleines relations diplomatiques entre nous confère un nouveau niveau de contacts qui, j'en suis certain, conduira à une compréhension, à une estime et à une coopération encore plus profondes. Je vous remercie pour les voeux que vous me transmettez de la part de S.E. le Président Ali Abdullah Saleh et du gouvernement et du peuple de votre pays; je vous demande de bien vouloir les assurer en retour de mes prières pour la paix et pour le bien-être de la nation yéménite.

Vos paroles ont souligné la conscience que la présence du Saint-Siège dans la Communauté internationale est clairement marquée par la nature religieuse et spirituelle de la mission de l'Eglise catholique dans le monde. L'activité du Saint-Siège vise avant tout à protéger et à promouvoir la dignité inaliénable de la personne humaine, qui ne peut être assurée qu'à travers le développement intégral de la personne et à travers le progrès de tous les peuples dans la paix et dans la justice. C'est précisément dans la recherche de ces objectifs primordiaux que des relations étroites et cordiales entre le Saint-Siège et les responsables du bien-être des peuples du monde se révèlent d'un bénéfice et d'un soutien mutuels.

Excellence, vous avez remarqué que tandis qu'il y a eu des épisodes d'animosité et même de violence entre les chrétiens et les musulmans, il y a également eu de nombreuses occasions où le respect, la compréhension et l'amitié ont caractérisé les relations entre les membres de ces deux religions mondiales. En effet, lorsqu'elle est vécue sincèrement dans les paroles et dans les actes, la conviction religieuse protège de façon certaine la dignité, la fraternité et la liberté des peuples, et représente un principe qui oriente la juste conduite de la coexistence dans la société. En effet, l'un des grands défis qui se présentent à la famille humaine à notre époque demeure précisément celui-ci: apprendre à vivre ensemble dans la paix et au bénéfice mutuel de tous. Malheureusement, nous devons reconnaître la persistance dans notre monde d'un phénomène de polarisation dans lequel certains groupes ethniques et raciaux, certaines communautés religieuses et idéologies politiques cherchent à imposer leur point de vue aux autres, au point d'exclure ceux qui ne partagent pas leur perspective. Inutile de dire que cette conduite entraîne de graves risques pour la paix, car elle conduit à la discrimination, à l'injustice, à la violence, et au mépris insensible des droits humains et de la dignité humaine.

De telles situations soulignent l'importance du dialogue interreligieux et de la coopération. Il est nécessaire aujourd'hui que les chrétiens et les musulmans oeuvrent ensemble à tous les niveaux - international, national et régional - pour l'amélioration de l'humanité, et toujours dans le contexte de la nature spirituelle de l'homme (cf. Message pour la Journée mondiale de la Paix 1992, n. 5). En proclamant la vérité sur la nature transcendante de l'homme, l'Eglise insiste sur le fait que la recherche, de la part de l'homme, du bien-être social et temporel et de la pleine reconnaissance de sa dignité en tant qu'être humain correspond aux profondes aspirations de sa nature spirituelle. Oeuvrer en vue de la promotion et de la défense de tous les droits humains, y compris du droit fondamental à vénérer Dieu selon les préceptes d'une conscience droite et à professer la foi publiquement, doit devenir toujours plus l'objet de la coopération religieuse. Cette coopération doit également inclure des efforts visant à éliminer la faim, la pauvreté, l'ignorance, la persécution, la discrimination et toute forme d'esclavage infligée à l'esprit humain. La religion est le pilier de tout engagement en vue de la justice, et les programmes et initiatives en commun de la part des religions du monde doivent affirmer cela de façon concrète.

Excellence, j'apprécie vos remarques en ce qui concerne l'activité du Saint-Siège en faveur du processus de paix au Moyen-Orient; cette situation continue d'être une source de profonde préoccupation pour l'Eglise et est suivie avec la plus grande attention. Malheureusement, les progrès accomplis jusqu'à présent ont été inégaux et n'ont pas apporté l'espérance et la sécurité aux peuples de la région. De plus, lorsque les populations sont sans cesse maintenues dans une situation entre la guerre et la paix, le risque de tension et de violence s'accroît sensiblement. La question de la Ville Sainte de Jérusalem, que les trois grandes religions monothéistes considèrent comme une partie de leur patrimoine spirituel, ne peut pas non plus rester sans solution. Les parties concernées doivent affronter ces problèmes avec une profonde conscience de leurs responsabilités. Comme je l'ai dit tantôt au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège: «C'est le dialogue loyal, le souci réel du bien des personnes et le respect de l'ordre international qui, seuls, peuvent conduire à des solutions dignes d'une région où s'enracinent nos traditions religieuses. Si la violence est souvent contagieuse, la paix peut l'être aussi, et je suis certain qu'un Moyen-Orient stable contribuerait efficacement à redonner espoir à beaucoup de peuples» » (Discours au Corps diplomatique, 11 janvier 1999, n. 3, in O.R.L.F. n. 2 du 12 janvier 1999).

Monsieur l'Ambassadeur, la présentation de vos Lettres de Créance marque une nouvelle étape décisive dans les relations entre la République du Yémen et le Saint-Siège dans le cadre de notre engagement en vue d'oeuvrer à établir des liens plus étroits et une plus grande compréhension. Tandis que vous commencez votre mission, vous pouvez être certain de l'assistance et de la coopération des services de la Curie Romaine. Puisse Dieu tout-puissant vous soutenir et puissent ses Bénédictions se déverser avec abondance sur vous et sur votre pays.




AU NOUVEL AMBASSADEUR D'ISLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 20 mai 1999

109

Monsieur l'Ambassadeur,



Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur de la République d'Islande près le Saint-Siège. Je vous remercie des salutations que vous me transmettez de la part du Président, Ólafur Ragnar Grímsson, que j'ai été heureux d'accueillir l'an dernier au Vatican. Je vous prie de bien vouloir transmettre à M. Grimsson, au gouvernement ainsi qu'au peuple d'Islande, mes meilleurs voeux et l'assurance de mes prières pour la paix et la prospérité de la nation.

Votre mission commence à un moment propice. Le monde s'apprête à franchir le seuil du troisième millénaire de l'ère chrétienne, ce qui présente à chacun de nous des questions et des défis. Pour l'Eglise, il s'agira d'un temps d'action de grâce pour les dons reçus, de repentir pour les péchés commis et de renouveau de l'engagement à prêcher l'Evangile et à enseigner les voies de la vérité, de la justice et de la paix. Mais l'An 2000 acquiert une signification particulière pour l'Islande car, comme vous l'avez souligné, la nation célébrera le millième anniversaire du christianisme. Je souhaite que votre mission puisse promouvoir des célébrations réciproques, que l'Islande puisse enrichir le Jubilé à Rome et que Rome puisse enrichir le Millénaire en Islande.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis tout à fait conscient de ce que vous avez souligné: l'Islande et le Saint-Siège entretiennent depuis très longtemps des liens profonds et solides. Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où les racines du christianisme remontent si loin dans l'histoire? Il est vrai que le christianisme fut adopté comme religion d'Etat par décision du Parlement en l'An 1000 à Thingvellir. Mais, auparavant, les ermites chrétiens s'étaient installés en Islande, suivis des colonisateurs chrétiens, traçant ainsi la voie vers la décision historique du Parlement. Depuis cette époque, l'Eglise catholique est devenue un élément vital dans la formation des traits caractéristiques et de la culture de votre peuple; et pendant des siècles, le Saint-Siège a contribué à soutenir l'espérance de la nation au cours des périodes sombres et à encourager la floraison de la culture de l'Islande, qui a produit des chefs-d'oeuvre comme les Sagas. Je me réjouis de ce qu'une grande partie de ces chefs-d'oeuvre seront reconnus lors des célébrations du Millénaire l'an prochain à Thingvellir, où seront exposés une série d'objets des collections du Vatican, rappelant les liens historiques entre l'Islande et le Saint-Siège. Bien qu'il y ait eu des moments difficiles dans nos relations, les relations diplomatiques que nous entretenons actuellement sont le signe d'un désir commun de se tourner vers l'avenir, sans être influencé par les incompréhensions qui ont provoqué les tensions du passé, mais sur la base du lien original de compréhension à la fois profond et ancien.

L'héritage chrétien de votre nation est plus qu'une simple forme culturelle superficielle. En son centre se trouvent les «croyances et convictions communes sur les principes de base» dont vous avez vous-même parlé. Ces croyances et convictions concernent la vérité sur la personne humaine et la compréhension de la dignité et des droits humains qui découlent de cette vérité. Tel est le véritable humanisme que l'Eglise s'efforce de promouvoir toujours et partout. Et c'est cela également que l'Islande a choisi solennellement il y a presque mille ans à Thingvellir. Je souhaite à présent, tandis que vous vous préparez au Millénaire, que la nation renouvelle ce choix dans tous les domaines de la vie.

La Bible est à la base du témoignage de l'Eglise et de la culture de l'Islande; et dans la première page de l'Ecriture, nous lisons que Dieu créa les êtres humains à son image. Telle est la base de tout ce que l'Eglise veut dire sur la dignité humaine et sur les droits humains, et dans un sens, il s'agit donc également de la base des activités diplomatiques du Saint-Siège. Chaque homme, chaque femme et chaque enfant, possède une dignité inviolable, et cela implique une série de droits humains qui sont accordés ou niés par personne d'autre que par Dieu. La tâche du gouvernement consiste à protéger cette dignité et à garantir ces droits, et c'est dans la mesure où les gouvernements réussiront dans cette tâche qu'une société jouira de la véritable liberté. Mais les régimes totalitaires qui ont tant poussé à la destruction de ce siècle ne montrent que trop clairement combien la liberté est fragile et combien elle disparaît rapidement lorsque la dignité humaine et les droits humains sont méprisés. L'Islande jouit d'une grande liberté, qui est également le fruit de l'ancien héritage chrétien de votre nation, et l'Eglise catholique sera heureuse de contribuer à ce que, tout au long des célébrations du millénaire et au-delà, les racines de cette liberté s'enfoncent plus profondément dans la société islandaise.

Monsieur l'Ambassadeur, vous représentez une nation petite par sa taille et par sa population. Mais il s'agit d'une nation qui a apporté une contribution considérable à l'histoire du millénaire qui touche à sa fin. L'un de ces exemples sont les voyages de Leifur Eriksson, que vous avez mentionné et dont l'Islande est à juste titre fière. Dans la personne d'Eriksson, nous voyons le courage, la ténacité et l'ingéniosité qui ont toujours caractérisé le peuple d'Islande, en particulier dans la façon d'affronter l'adversité, comme dut le faire Eriksson. Il était, comme vous l'avez dit de l'Islande elle-même, «armé de bonnes idées et de fortes convictions» et le point central de ces idées et de ces convictions était sa foi chrétienne fermement établie. Il ne s'agit pas seulement du passé de l'Islande; il s'agit également de la voie certaine vers un avenir digne de la personne humaine et du peuple que vous représentez. Je prie pour que dans votre pays, la foi chrétienne puisse toujours être alliée au courage, à la ténacité et à l'ingéniosité, afin que l'Islande puisse être toujours plus le lieu où la dignité et les droits humains sont sauvegardés en tout temps et où les plus faibles sont donc les plus protégés.

Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous entrez dans la communauté des diplomates accrédités près le Saint-Siège, je vous assure de la collaboration des différents services de la Curie Romaine. Puisse votre mission servir à renforcer les liens d'amitié entre votre gouvernement et le Saint-Siège, et puisse ce lien contribuer profondément au bien-être de votre nation. Sur vous, sur votre famille et sur tout le peuple d'Islande, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.






AU NOUVEL AMBASSADEUR DE THAÏLANDE PRÈS LE SAINT-SIÈGE LORS DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE

Jeudi 20 mai 1999

110

Excellence,

C'est pour moi un plaisir de vous accueillir au Vatican aujourd'hui et d'accepter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume de Thaïlande près le Saint-Siège. Je vous remercie des salutations que vous me transmettez de la part de Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej, et c'est avec joie que je transmets en retour mes voeux les plus chaleureux de santé et de bonheur à Leurs Majestés et à la Famille royale, ainsi que mes prières pour la paix et la prospérité de toute la nation. Je profite de cette occasion pour affirmer une fois de plus ma profonde estime pour le peuple thaïlandais et pour le riche héritage spirituel et culturel de votre pays.

Vous avez mentionné les liens d'amitié et les relations cordiales qui existent depuis de nombreux siècles entre le Royaume de Thaïlande et le Saint-Siège. Les premiers missionnaires chrétiens arrivèrent dans votre pays au XVIème siècle. En 1669, au cours du règne du roi Narai le Grand, le premier vicariat apostolique fut établi dans la ville sainte d'Ayudhya. La ville devint par la suite un centre important de contact entre le christianisme et le bouddhisme. En dépit de difficultés successives, un désir croissant d'établir des liens plus étroits entre la Thaïlande et le Saint-Siège au cours des temps modernes conduisit à l'établissement de relations diplomatiques officielles en 1969.

J'ai eu l'immense joie de ressentir de près la cordialité et les profondes valeurs humaines du peuple thaïlandais au cours de ma visite en 1984. Le bouddhisme, la religion de la vaste majorité de vos concitoyens, a profondément façonné la société et la culture thaïlandaise, et a créé un climat de tolérance et de liberté religieuse dont vous êtes à juste titre fiers. L'ancienne et vénérable sagesse contenue dans les traditions religieuses de votre pays, ainsi que la contribution d'autres groupes religieux, a revêtu une valeur inestimable pour la vie de la nation.

Dans chaque société, la dimension religieuse est très importante, car elle souligne les valeurs supérieures issues de la dignité de la personne humaine, et agit comme une force pour la promotion de la justice, de la solidarité et de la paix. En tant que telle, la religion représente une solide base pour rejeter toute vision du développement étroitement matérialiste ou utilitaire. Les dangers de concevoir le progrès social sans référence à la valeur et au caractère transcendants de la personne humaine ne sont que trop évidents. J'ai eu l'occasion d'écrire dans ma Lettre Encyclique Sollicitudo rei socialis: «Quand les individus et les communautés ne voient pas rigoureusement respectées les exigences morales, culturelles et spirituelles fondées sur la dignité de la personne et sur l'identité propre de chaque communauté, à commencer par la famille et par les sociétés religieuses, tout le reste - disponibilité de biens, abondance de ressources techniques appliquées à la vie quotidienne, un certain niveau de bien-être matériel - s'avérera insatisfaisant et, à la longue, méprisable» (
SRS 33).

La compréhension de la personne humaine oriente les efforts du Saint-Siège dans ses activités au sein de la Communauté internationale. Avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, il participe à des initiatives visant à assurer un avenir à chacun, un avenir fondé sur la culture des droits humains et sur la solidarité qui dépasse les frontières. Au seuil du troisième millénaire, la Communauté internationale doit prendre avec urgence des mesures pour renforcer les structures qui garantiront une paix véritable entre les nations et les groupes ethniques. Les efforts dans ce sens ne peuvent réussir que «quand la promotion de la dignité de la personne est le principe qui nous guide, quand la recherche du bien commun constitue l'engagement prédominant» (Message pour la Journée mondiale de la Paix 1999, n. 1).

Pour sa part, la communauté catholique de Thaïlande, bien que modeste par rapport aux fidèles des autres traditions religieuses, jouit des bénéfices de la liberté religieuse dont Sa Majesté est le garant, en tant que «Défenseur de toutes les religions». Les catholiques partagent de tout coeur la vie et les préoccupations de la nation, ayant à coeur le progrès et le développement de la société. Leur contribution spécifique est inspirée par la conviction selon laquelle le progrès économique, politique et social doit toujours aller de pair avec un engagement à la vérité religieuse et morale. En accomplissant sa mission spirituelle, l'Eglise catholique s'engage à promouvoir la justice, la solidarité et le respect des autres.

Votre Excellence a fait référence à la contribution de l'Eglise dans le domaine de l'éducation, de la santé et des services sociaux. Cet engagement est fondé sur le commandement de son Divin Fondateur d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, et sur sa croyance selon laquelle la vie humaine à chacune de ses étapes est sacrée et possède une valeur inestimable. Dans ses activités liées à l'éducation, l'Eglise est convaincue que la formation complète des jeunes, qui représentent l'avenir de la nation, est d'une importance cruciale. L'éducation doit les aider à découvrir la dimension spirituelle de la vie et à apprendre les valeurs suprêmes qui soutiendront le tissu social du pays à l'avenir. Il ne fait aucun doute qu'une reconnaissance des valeurs morales et une attitude de respect pour la dignité humaine et les droits humains sont tout aussi importantes, sinon plus, que n'importe quelle connaissance ou compétence transmise.

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que dans l'accomplissement de votre mission, vous contribuerez à travers toutes vos qualités personnelles et vos énergies à renforcer ultérieurement les liens d'amitié existant entre la Thaïlande et le Saint-Siège. Je vous assure que les différents bureaux de la Curie Romaine seront toujours prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous, sur Leurs Majestés le roi et la reine, et sur tout le peuple thaïlandais, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions divines.




AU PREMIER MINISTRE DE L'EX-RÉPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACÉDOINE

Samedi 22 mai 1999

111 Cher Monsieur le Premier ministre,
Chers amis,



Chaque année, lors de la Fête des Apôtres des Slaves, Cyrille et Méthode, une délégation de l'ex-République yougoslave de Macédoine se rend à Rome, pour honorer les reliques de saint Cyrille dans l'église Saint-Clément. C'est pour moi un plaisir de vous rencontrer en cette occasion, vous qui représentez la vie civile et religieuse de votre pays.

Depuis désormais plusieurs semaines, vous et votre peuple êtes touchés par une terrible crise qui, jour après jour, provoque des souffrances indicibles, des morts et des destructions dans les Balkans, laissant des centaines de milliers d'êtres humains affligés par la perte des membres de leur famille, de leurs biens et de leurs droits humains fondamentaux. Malgré les immenses difficultés, votre pays est devenu un havre sûr pour de nombreux réfugiés et vous cherchez, avec courage et générosité, à soulager leur douleur et leur malheur.

En vous exprimant, ainsi qu'à vos concitoyens, mon appréciation personnelle et celle de l'Eglise, je fais à nouveau appel de tout mon coeur aux responsables afin que l'on mette fin à la violence et que l'on s'engage dans un dialogue ouvert et sincère, visant à créer une base juste et durable pour l'entente et pour la paix. Je prie sincèrement afin que, grâce à l'intercession des deux saints frères, toute la région redécouvre la communion fraternelle de tous ses peuples, de sorte que, une fois surmontées la violence et la méfiance actuelles, elle puisse représenter pour le reste de l'Europe et pour le monde un clair exemple de coexistence juste et pacifique dans le respect réciproque et dans la liberté.

Chers frères, je souhaite que votre pèlerinage puisse vous donner force et courage pour servir le bien commun de votre peuple. Que Dieu bénisse votre pays et ses habitants!




À UNE DÉLÉGATION BULGARE À L'OCCASION DE LA FÊTE DES SAINTS CYRILLE ET MÉTHODE

Lundi 24 mai 1999

112

Monsieur le Premier ministre,
Excellences,
Chers amis,



C'est avec joie que j'accueille votre délégation de la Bulgarie qui, comme chaque année, vient à Rome pour honorer les saints Cyrille et Méthode, dont la mémoire est très présente dans votre pays et dans toute la région.

Par la présence ici aujourd'hui de Pasteurs catholiques et orthodoxes, «nous voyons clairement que l'héritage des Frères de Salonique est et reste [...] plus profond et plus fort que n'importe quelle division» (Encycl. Slavorum Apostoli, n. 25), manifestant que les deux traditions, occidentale et orientale, sont nées au sein de l'unique Eglise du Christ. En effet, les saints Cyrille et Méthode ont contribué à établir et à diffuser la foi et la culture chrétiennes dans le monde slave; fidèlement unis au Successeur de Pierre, ils donnèrent à divers peuples un riche patrimoine, que tous se sont attachés à garder avec ferveur au long des siècles, notamment grâce à la présence active des courants monastiques et de la piété populaire. Puisse le culte des saints Cyrille et Méthode, auxquels vous manifestez votre profond attachement par votre présence à Rome, contribuer à faire grandir la foi de votre peuple, ainsi que la fraternité dans le Christ et la solidarité envers tous les hommes!

En annonçant l'Evangile, les saints frères ont su être respectueux des valeurs humaines et morales authentiques, et des diversités culturelles, laissant à chaque peuple son originalité et ouvrant la voie à l'unité entre différentes cultures. Ils se sont attachés à éveiller chez leurs contemporains la conscience d'être des hommes d'ouverture, accueillants à tous. En agissant ainsi, ils ont été en quelque sorte les promoteurs d'une Europe unifiée et d'une paix profonde entre tous les habitants du continent, faisant apparaître les fondements d'un nouvel art de vivre ensemble, dans le respect des différences, qui ne font nullement obstacle à l'unité. Je souhaite que ces grands saints de votre terre soient des modèles de vie humaine et chrétienne pour tous les Bulgares, appelés à s'engager toujours davantage, aux côtés de leurs frères de la région, dans la voie de la paix et de la réconciliation, apportant ainsi une contribution notable à la construction de l'Europe des nations.

Au terme de notre entretien, je vous remercie vivement de votre aimable visite; je forme des voeux fervents pour votre délégation, par l'intermédiaire de laquelle j'adresse mes souhaits cordiaux aux Autorités et au peuple bulgares, les assurant de la prière fervente de l'Evêque de Rome. Vous confiant tous à l'intercession des saints Cyrille et Méthode, je demande au Seigneur de vous accorder les bienfaits de ses Bénédictions.





VISITE PASTORALE À ANCÔNE


LORS DE SA RENCONTRE AVEC LE CLERGÉ, LES RELIGIEUX ET LES LAÏCS

Dimanche 30 mai 1999

113   Très chers frères et soeurs!



1. Je vous salue avec une grande affection dans cette très belle cathédrale de saint Cyriaque, image et centre de votre archidiocèse. La célébration de son millénaire évoque la présence mystérieuse et bénéfique de Dieu dans l'histoire de cette terre et tout le bien accompli par ceux qui, devenus des auditeurs attentifs et généreux de l'Evangile, ont secondé le chemin de la Grâce. Je pense aux prêtres et aux diacres ordonnés dans ce temple, aux vierges consacrées, aux nombreux chrétiens engagés, qui ont cherché ici la force pour devenir des pierres qualifiées de l'édifice spirituel de l'Eglise et des instruments providentiels de l'histoire du salut.

Cette rencontre se situe en continuité avec la célébration eucharistique de ce matin. Là, autour du Successeur de Pierre et de l'Archevêque, votre communauté diocésaine s'est manifestée dans toute sa plénitude. Maintenant, elle présente ici ses structures portantes: les prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses, les agents de la pastorale et les représentants des groupes laïcs ecclésiaux. L'acteur principal de la rencontre de ce matin a été la «pâte fermentée», prête à devenir du bon pain; à présent, les acteurs principaux sont ceux qui, par l'administration des Sacrements et le service de la Parole, insufflent à l'histoire de ce peuple le dynamisme de la Vie nouvelle de l'Evangile. Merci de votre présence, merci pour tout le bien que vous accomplissez, en répondant avec un dévouement constant et avec un amour fidèle à l'appel du Seigneur, qui vous envoie semer et irriguer l'Eglise, son champ mystique.

J'adresse un salut cordial à votre bien-aimé pasteur, Mgr Franco Festorazzi, à qui sont confiés en premier le labeur et la joie d'annoncer l'Evangile dans cet antique et noble archidiocèse d'Ancône-Osimo. Je lui suis également très reconnaissant pour les paroles cordiales qu'il a voulu m'adresser en votre nom à tous.



2. En m'approchant de votre cathédrale, que la position dominante et les puissantes structures architecturales transforment en signe fort de la présence de Dieu parmi vous, j'ai pensé aux paroles du Psalmiste qui, à côté du temple de Jérusalem, s'exclamait: «J'étais joyeux que l'on me dise: Allons à la maison de Yahvé!» (
Ps 122,1). La vue du «beau saint Cyriaque», comme le qualifie l'un de vos chants populaires, invite à une contemplation pleine d'admiration du Dieu créateur, l'Artiste absolu, qui a créé l'univers dans toute sa beauté et harmonie (cf. Gn 1,31).

Il confie à l'homme, fait à son image et ressemblance, la tâche de poursuivre son oeuvre et, en particulier, il appelle les artistes à être des prophètes de la beauté, en les associant au mystère de la création. Le rapport fécond entre l'art, l'Evangile et l'Eglise, a fait de la beauté un itinéraire singulier de la rencontre avec Dieu, comme en témoigne l'importante Exposition «Livres de pierre», inaugurée à l'occasion des célébrations du millénaire.

Ces célébrations constituent un hymne de louange au Seigneur qui, en permettant aux artistes qui ont édifié et décoré ce temple de se pencher «pour un instant sur cet abîme de lumière» qui possède en Lui sa source originelle, leur a ouvert «une voie d'accès à la réalité la plus profonde de l'homme et du monde» et un itinéraire de salut possible (cf. Lettre aux artistes, n. 6).


3. Votre cathédrale raconte une histoire de foi longue de mille ans. Temple de pierre qui a défié les siècles, elle est en même temps l'Eglise mère qui accueille toute la communauté composée de «pierres vivantes pour la construction d'un édifice spirituel» (1P 2,5) et a «pour fondation les apôtres et prophètes et pour pierre d'angle le Christ Jésus lui-même» (Ep 2,20).

Les images bibliques qui, à partir de la réalité visible du temple, renvoient au mystère de l'Eglise, constituent pour vous, communauté diocésaine qui y est rassemblée, un engagement à réaliser ce que l'édifice de pierre représente. Les célébrations du millénaire vous exhortent donc à être toujours davantage une Eglise vivante qui, défiant les vents, les tempêtes et les infiltrations dangereuses de l'esprit du monde, manifeste chaque jour l'amour de Dieu pour les hommes, révélé en Jésus-Christ. Maison de Dieu sise sur le mont, votre cathédrale vous engage à être une communauté exemplaire, vers laquelle tous peuvent se tourner comme un point de référence d'où l'on peut tirer l'inspiration pour l'instauration de relations humaines dans la société civile.

Très chers frères et soeurs, quelle mission extraordinaire le Père vous confie-t-il! Sur les traces des martyrs et des saints qui ont donné sa grandeur à votre histoire, vous êtes appelés à vous engager à l'édification spirituelle de votre Eglise avec l'amour et la passion des artistes qui ont rendu splendide cette cathédrale. Votre tâche est plus grande que la leur: rendre plus splendide, au seuil d'un nouveau millénaire chrétien, le visage de l'Eglise de Dieu qui est à Ancône-Osimo.



4. En ce moment si riche de foi et d'espérance, je désire vous indiquer quelques voies pour réaliser cette entreprise exaltante, qui ne manque pas de difficultés, mais qui est soutenue par la fidélité de Celui qui répète sans cesse à ses apôtres: «Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin du monde» (Mt 28,20).

Je vous exhorte tout d'abord à être toujours plus profondément unis à votre évêque. La communion de pensées, de sentiments et d'initiatives est le plus grand don du Seigneur à son Eglise, la substance de la vie de la communauté chrétienne et l'objectif de toute sa mission. Elle exige du chrétien une réponse permanente d'amour, d'accueil, de générosité et de joie, qui constitue la véritable identité du disciple du Seigneur (cf. Jn 13,3).

Dans l'Eglise locale, la communion trouve dans l'Evêque, «vicaire et délégué du Christ» (Lumen gentium LG 27), le principe visible et le fondement (Ibid., LG 23), à qui chaque fidèle est tenu d'adhérer comme au Seigneur. Saint Ignace d'Antioche rappelle les motivations profondes de cette caractéristique de la véritable Eglise du Christ par des paroles lumineuses: «Vous devez être un avec la pensée de l'évêque, comme vous l'êtes déjà. En effet, votre collège presbytéral, digne de son nom, digne de Dieu, est uni à l'évêque comme les cordes à la lyre; et de votre unité, de votre amour unanime s'élève un chant à Jésus-Christ. Mais vous aussi, les laïcs, vous ne devez former qu'un seul choeur, en vous mettant tous au diapason de Dieu, en vous concertant dans la plus stricte harmonie, pour élever un hymne à une voix au Père, à travers Jésus-Christ. Il vous écoutera et reconnaîtra, à vos oeuvres, que vous êtes le chant de son Fils» (Lettres aux Ep 3-6).

Je forme des voeux cordiaux afin que votre engagement de communion suscite dans la communauté d'Ancône une harmonie toujours nouvelle, capable de glorifier le Seigneur et d'attirer les âmes au Christ.



5. Je vous invite également, à répondre avec joie à la vocation particulière que Dieu adresse à chacun. Par la multiplicité de vos ministères et charismes, vous êtes le signe de l'amour imprévisible de Dieu «qui distribue ses dons variés pour le bien de l'Eglise à la mesure de ses richesses et des exigences des services» (Lumen gentium LG 7). Le Seigneur appelle chacun de vous dans la diversité des membres et des fonctions, à édifier le Corps du Christ.

«Menez une vie digne de l'appel que vous avez reçu» et de l'appel particulier qui vous a été adressé par le Seigneur Jésus (Ep 4,1 Ep 4,11). Cette exhortation de l'Apôtre Paul engage chacun à répondre avec générosité, créativité et responsabilité à la vocation reçue pour devenir des instruments efficaces de communion et offrir un témoignage joyeux de foi aux non-croyants, avec une ardeur toujours nouvelle pour annoncer l'Evangile à ceux qui sont proches ou éloignés. Danc ce but, il est nécessaire d'effectuer un sérieux travail de formation pour acquérir la préparation nécessaire afin d'évangéliser la société et la culture contemporaine, parfois lointaines ou indifférentes à l'annonce de l'Evangile.

Vous venez de célébrer les 90 ans du séminaire régional des Marches, où se sont préparés au sacerdoce de nombreux prêtres de vos Eglises. En rendant grâce au Seigneur pour l'oeuvre tenace et intelligente accomplie par les formateurs passés et présents, je vous exhorte à faire preuve de sollicitude afin que votre soutien spirituel et matériel constant à cette institution digne d'éloges ne vienne jamais à manquer. J'exhorte dans le même temps les séminaristes à répondre avec générosité à l'appel du Seigneur et aux attentes du Peuple de Dieu, en se préparant à la grande mission qui les attend par une solide formation spirituelle, théologique, culturelle et humaine.



6. Une autre voie pour la croissance et la construction de l'unité de la communauté diocésaine est constituée par la collaboration inter-paroissiale. La paroisse «est toujours comme un noyau» du diocèse et en constitue la structure de base qui doit être soutenue à tout prix comme le suggèrent les programmes pastoraux de ces dernières années. Elle «offre un exemple remarquable d'apostolat communautaire, car elle rassemble dans l'unité tout ce qui se trouve en elle de diversités humaines et elle les insère dans l'universalité de l'Eglise» (Apostolicam actuositatem AA 10) et elle doit être conçue comme un instrument très efficace pour réaliser l'unité de l'Eglise locale. La collaboration généreuse et organique entre les paroisses, outre à favoriser la communion ecclésiale, représente un puissant facteur de croissance pour la vie de cette même communauté paroissiale. En effet, en s'ouvrant aux problèmes d'un territoire plus vaste, la paroisse découvre la richesse des dons du Seigneur, elle cultive la dimension missionnaire et éduque les fidèles au sens de l'Eglise locale et universelle.

Ayez soins, chers agents de pastorale, d'accomplir tous les efforts en votre pouvoir pour réaliser, au niveau paroissial et inter-paroissial, toutes les formes de collaboration possible, pour mieux diffuser et témoigner de l'Evangile.



7. Très chers prêtres, religieux, religieuses et laïcs engagés! Au terme de ma visite à votre communauté, je souhaite que la célébration du millénaire de la cathédrale constitue, pour votre archidiocèse et pour chacun de vous, un moment de grâce spéciale, à la veille du grand Jubilé. Puisse-t-elle vous préparer à introduire votre diocèse dans un nouveau millénaire de foi et d'espérance.

Que Marie, Mère de l'Eglise et Reine de tous les saints, fasse grandir en vous l'amour pour votre Eglise et vous transforme en ferment évangélique qui fait lever la pâte.

Avec ces voeux, en invoquant saint Cyriaque et Leopardo, protecteurs de votre archidiocèse, je donne avec une vive cordialité à votre pasteur, à chacun de vous et à la bien-aimée Eglise d'Ancône-Osimo, une Bénédiction apostolique spéciale.

Au terme de la rencontre, le Saint-Père s'est adressé aux nombreux fidèles qui l'attendaient sur le parvis de la cathédrale:

Il y a presque vingt ans j'ai vu Ancône d'en bas. Aujourd'hui, d'Ancône, je vois la mer et je me trouve en-haut... Merci pour cette rencontre. Que le Seigneur vous bénisse! Il a fallu beaucoup de patience pour revenir ici, presque vingt ans. Loué soit Jésus-Christ!



 


Discours 1999 106