Discours 1999 222


MESSAGE DE JEAN PAUL II POUR L'OUVERTURE DE L'ANNÉE JUBILAIRE À BETHLÉEM

4 décembre 1999

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Je suis heureux d'apprendre que, à l'approche de Noël, dans le lieu très saint qui a accueilli le Fils de Dieu, né d'une femme (cf.
Ga 4,4), les plus hauts représentants des chrétiens de Terre Sainte se réunissent à travers un acte oecuménique en préparation à l'ouverture de l'Année jubilaire commémorant le deux-millième anniversaire de la naissance de Notre Seigneur et Sauveur, lorsque nous adresserons des supplications toujours plus ferventes à l'Esprit Saint pour implorer la grâce de la pleine communion (cf. Tertio millennio adveniente TMA 34). Pour les chrétiens de Terre Sainte, et, de fait, pour tous les chrétiens du monde, cette rencontre à Bethléem atteste que les lieux où Jésus a passé les premières années de sa vie, rendit son témoignage, mourut et ressuscita, nous rappellent constamment la grâce que nous avons reçue de lui et l'invitation urgente à renforcer notre volonté et notre engagement à être fidèles à sa prière: ut omnes unum sint. Puisse le grand Jubilé conduire tous les disciples du Christ à expier les péchés du passé contre l'unité et à oeuvrer afin de hâter l'heure bénie où nous invoquerons notre Père céleste d'une seule voix.

Par une heureuse coïncidence, les Secrétaires des Communautés mondiales chrétiennes participent à la célébration oecuménique d'aujourd'hui. Je leur transmets également mes voeux cordiaux et mon encouragement pour leurs efforts visant à renforcer les liens de fraternité et de coopération.

Je prie pour que cet événement oecuménique solennel à Bethléem, à la veille de l'anniversaire de la naissance du Christ, renforce notre conscience du fait que "comme en ce temps-là, le Christ demande aujourd'hui qu'un élan nouveau ravive l'engagement de chacun à aller vers la communion pleine et visible" (Ut unum sint UUS 100). Avec cette prière fervente, je vous salue tous dans le Seigneur.


IOANNES PAULUS PP. II





AUX MEMBRES DE "MOUVEMENT DE VIE CHRÉTIENNE"

Lundi 6 décembre 1999

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Très chers frères et soeurs, membres du Mouvement et de l'Association de Vie chrétienne,

Je vous salue avec affection au cours de cette visite que vous me rendez à l'occasion de votre première Assemblée plénière, que vous célébrez à Rome pour prier et réfléchir sur les tombes des Apôtres Pierre et Paul. Du centre du catholicisme, vous tournez votre regard vers le monde, pour méditer sur la signification de l'universalité de l'Evangile, qui ne peut exclure aucune région de la terre, aucun secteur de la société. Dans le même temps, vous renouvelez votre pleine adhésion au Successeur de Pierre, chargé par le Christ de confirmer ses frères dans la foi (cf.
Lc 22,32).

Né en terre péruvienne en 1985 dans une perspective éminemment évangélisatrice, le Mouvement de Vie chrétienne s'est déjà diffusé dans de nombreux pays américains et a également franchi les frontières du continent, comprenant, outre l'Association, d'autres groupes et associations engagées, conformément aux diverses vocations et conditions de vie, à proclamer le Christ comme Sauveur du genre humain.

Face à l'imminence du grand Jubilé, je vous encourage à préparer votre coeur à recevoir la miséricorde de Dieu et à promouvoir un esprit de vie chrétienne cohérente et profonde dans votre milieu et dans vos activités apostoliques. Faites en sorte que dans la formation des jeunes, l'esprit d'initiative s'harmonise avec la fidélité à l'Evangile, que la culture s'ouvre au sens de la transcendance et que la pauvreté, dans toutes ses manifestations, reçoive un rayon d'espérance de la charité et de la solidarité effective. De cette façon, vous serez vraiment des artisans de réconciliation dans le monde actuel.

Tandis que je confie à la Vierge Marie les fruits de cette première Assemblée plénière, afin qu'ils vivifient l'engagement chrétien et l'élan évangélisateur de vos communautés et de vos groupes, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique, que j'étends volontiers à tous les membres du Mouvement pour la Vie chrétienne.



  PRIÈRE PLACE D'ESPAGNE POUR LA SOLENNITÉ DE L'IMMACULÉE CONCEPTION 8 décembre 1999

8129 1. Comme chaque année, en cette date si chère au peuple chrétien, nous nous retrouvons ici, au coeur de la Ville, pour renouveler le traditionnel hommage floral à la Vierge, au pied de la colonne que les Romains ont érigée en l'honneur de l'Immaculée Conception.

Désormais à la veille du grand Jubilé, la célébration d'aujourd'hui constitue une préparation particulière à la rencontre avec le Christ, qui a "détruit la mort et fait resplendir la vie et l'immortalité
par le moyen de l'Evangile" (
2Tm 1,10). C'est ainsi que l'Ecriture présente la mission salvifique du Fils de Dieu.


2. La Vierge, que nous contemplons aujourd'hui dans le mystère de l'Immaculée Conception, nous invite à tourner notre regard vers le Rédempteur, né dans la pauvreté de Bethléem pour notre salut.

Avec Elle, contemplons le don de l'incarnation du Fils de Dieu; venu parmi nous pour donner
un sens à l'histoire des hommes. Dans notre esprit résonnent les paroles du prophète Isaïe: "Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière" (Is 9,1). Marie est l'aube radieuse de ce jour d'espérance certaine, Marie est la Mère du Christ, fait homme pour inaugurer les temps nouveaux annoncés par les prophètes.


3. Nous vivons avec Marie, "aurore de la Rédemption", l'Avent, temps d'attente joyeuse, de contemplation et d'espérance. De même que, dans le firmament, le soleil qui se lève est annoncé par l'étoile du matin, ainsi, l'incarnation du Fils de Dieu, "l'Astre d'en haut" (Lc 1,78), est précédée par la conception immaculée de la Vierge Marie. Sublime mystère de grâce, que nous ressentons encore plus profondément cette année, au terme d'un millénaire et au début maintenant imminent de l'Année jubilaire. Aujourd'hui, nous sommes accourus avec une plus grande confiance aux pieds de la Vierge, pour Lui demander de nous aider à franchir, avec un engagement renouvelé, le seuil de la Porte Sainte, qui nous introduira dans le grand Jubilé de l'An 2000.


225 4. Nous franchirons consciemment ce seuil,
soutenus et encouragés par ton aide,
Vierge Immaculée.
Il y a deux mille ans, à Bethléem de Judée,
naquit de Toi le Triomphateur de la mort
et l'Auteur de la vie,
qui au moyen de l'Evangile
a fait resplendir toute la vie humaine.
Le Christ vint parmi nous pour redonner
la pleine dignité
à l'homme créé à l'image de Dieu.
Oui, l'être humain ne peut rester
dans les ténèbres;
il aspire à la Lumière véritable,
qui illumine les pas
de son pèlerinage sur terre.


5. L'homme n'aime pas la mort:
doté d'une nature spirituelle,
il désire l'immortalité
de tout son être.
Jésus, ayant annulé par son sang
le pouvoir de la mort,
a rendu possible cet intime désir
du coeur de l'homme.
En te regardant, Toi, Vierge choisie
et pleine de Grâce,
nous, pèlerins sur la terre,
voyons se réaliser la promesse
de l'immortalité
dans la pleine communion
avec Dieu.
En Toi, Mère des vivants,
s'est réalisée, comme prémices
de la gloire, la parole de l'Apôtre:
le Seigneur Jésus "a vaincu la mort
et fait resplendir la vie
et l'immortalité".
cette annonce joyeuse,
l'Eglise la répète
cette année également,
au seuil d'un nouveau millénaire.


6. Voilà pourquoi, aujourd'hui,
nous sommes à nouveau à tes pieds,
Immaculée pleine de Grâce,
pour T'invoquer, devenus la voix
de tout le peuple chrétien,
afin que tu accueilles notre hommage,
expression de notre foi et de notre dévotion;
tandis que, avec une immense gratitude,
nous transmettons au prochain millénaire
la belle tradition
de ce pieux rendez-vous avec Toi,
au pied de la colonne de la place d'Espagne.
Et Toi, Vierge Marie Immaculée, prie pour nous!





AUX REPRÉSENTANTS DE LA MISSION PONTIFICALE POUR LA PALESTINE À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION

Le 9 décembre 1999

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Eminence,
Chers frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Mesdames et Messieurs,

1. Avec la Liturgie eucharistique qui a eu lieu ce matin dans la basilique Saint-Pierre et votre audience à présent avec le Successeur de Pierre, les célébrations solennelles marquant le cinquantième anniversaire de la Mission pontificale pour la Palestine touchent à leur fin. Ces célébrations, qui ont commencé à New York, - où la mission possède ses quartiers généraux, - et qui s'est ensuite déplacée en Terre Sainte, en Jordanie et en Libye, trouvent ainsi une conclusion adaptée dans la Ville où les Apôtres Pierre et Paul ont rendu leur témoignage héroïque de Jésus-Christ et du salut qu'il a voulu pour toute l'humanité.

Je remercie le Cardinal Achille Silvestrini pour ses aimables paroles de salut au nom de la Congrégation pour les Eglises orientales et de la Mission pontificale pour la Palestine. J'adresse une parole spéciale d'appréciation au Cardinal John O'Connor, Archevêque de New York, à Mgr Robert Stern, actuel Président de la Mission pontificale, ainsi qu'à la communauté catholique des Etats-Unis d'Amérique en général, qui soutient si généreusement le travail de la Mission pontificale. Je ne peux manquer non plus d'exprimer ma gratitude à tous ceux qui sont engagés dans la Mission, que ce soit au niveau central ou régional, et dont l'engagement et les efforts lui permettent de répondre aux besoins des nombreuses personnes qu'elle s'efforce d'aider.


2. En fait, ce furent les souffrances et les besoins tragiques des peuples du Moyen-Orient, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, qui suscita chez mon prédécesseur le Pape Pie XII le désir d'établir une organisation ecclésiale spécifique pour le Moyen-Orient. Il voulait un bureau qui puisse prêter une assistance et un soutien en Terre Sainte aux enfants, aux familles, aux blessés, aux malades, aux personnes âgées et aux exilés. C'est dans ce but qu'en 1949, la Mission pontificale pour la Palestine a été fondée et aujourd'hui, cinquante ans plus tard, la Mission a étendu son activité caritative à Chypre, à l'Irak et à la Syrie.

Au cours des cinquante dernières années, le Moyen-Orient n'a pas cessé de connaître des moments de grande tension et de conflit, qui ont souvent débouché sur des actes de violence et des guerres. Dans ces circonstances, la Mission pontificale a accru ses efforts en vue d'aider les populations locales à reconstruire leurs vies: elle est engagée dans des projets de reconstruction et de développement; elle fournit les services de santé nécessaires; elle a contribué à la reprise des activités agricoles, industrielles et artisanales. De cette façon, la Mission pontificale est une expression éloquente de cette "nouvelle culture de la solidarité et de la coopération internationales" (Incarnationis mysterium, n. 12), qui est si nécessaire dans le monde moderne, et qui doit être un trait distinctif du nouveau millénaire. Cette responsabilité partagée pour le bien-être de tous, en particulier par les nations les plus riches et le secteur privé, fait partie de la signification la plus profonde du grand Jubilé, sur lequel nous nous apprêtons à embarquer (cf. ibid.).


3. Mes chers amis, c'est en grande partie grâce à vous et au soutien que vous apportez à la Mission pontificale pour la Palestine que l'Eglise peut être présente de façon si active et efficace en Terre Sainte et au Moyen-Orient. Je prie pour que vous, et tous ceux qui sont associés à l'oeuvre de la Mission, soyez renouvelés dans la foi et l'amour tandis que vous recherchez des façons toujours plus efficaces d'aider ceux qui ont besoin non seulement d'un soutien matériel, mais particulièrement de possibilités de développement personnel et social. Cela constitue le chemin le plus sûr pour établir une paix véritable et durable dans les vies des peuples du Moyen-Orient.

En vous confiant, ainsi que votre oeuvre et tous les bienfaiteurs de la Mission pontificale pour la Palestine, et tous ceux qu'elle s'efforce d'aider, à l'intercession puissante de Marie de Nazareth, Mère du Rédempteur, je vous donne cordialement ma Bénédiction apostolique en signe de grâce et de paix dans notre Seigneur Jésus-Christ.


LETTRE À S.EXC. MGR DOMINGOS LAM KA TSEUNG, ÉVÊQUE DE MACAO, À L'OCCASION DU RETOUR DE MACAO SOUS LA SOUVERAINETÉ CHINOISE

LE 20 DÉCEMBRE 1999

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A mon vénéré Frère Domingos Lam Ka Tseung, Evêque de Macao



Presque quatre cent vingt-quatre ans après que mon prédécesseur Grégoire XIII érigea le diocèse de Macao, la communauté diocésaine confiée aux soins de Votre Excellence, s'apprête à vivre un événement important de son histoire pluriséculaire, lorsque le vingt décembre prochain, ce territoire retournera sous la souveraineté chinoise.

Créée pour répondre aux nécessités pastorales qui virent le jour avec la diffusion du christianisme en Extrême-Orient asiatique, le diocèse de Macao comprenait à ses débuts toute la Chine, avec d'autres terres avoisinantes et des îles adjacentes. Son histoire se mêla ainsi à l'histoire de l'évangélisation de toute la région géographique voisine, en particulier avec celle de la Chine, pays d'antiques traditions philosophiques et religieuses. La fonction de porte de l'Eglise vers la Chine, confiée par la Providence Divine au diocèse de Macao et accomplie au cours de quatre siècles parmi diverses vicissitudes, revêtira des formes nouvelles maintenant que cette communauté diocésaine fera partie à plein titre de l'Eglise qui est en Chine: de manière particulière, cette communauté diocésaine devra approfondir sa vocation missionnaire au sein du monde chinois, jusqu'à devenir un point de référence et de soutien spirituel également pour les nombreux frères et soeurs dans la foi qui vivent disséminés dans le vaste pays chinois.

La tradition historique et culturelle de cette Eglise particulière est riche de valeurs significatives. Macao fut non seulement la porte de l'évangélisation pour le continent chinois, mais également un avant-poste de la culture chrétienne et un point de rencontre avec les cultures d'Extrême-Orient: en effet, dans cette ville, avec la création du prestigieux «Colégio Universitário de S. Paulo», fut érigée la première Université d'études d'Extrême-Orient dès 1594, c'est-à-dire à peine trente-neuf ans après que les navigateurs portugais débarquèrent pour la première fois à Macao. Ainsi, outre l'enseignement élémentaire qui fut immédiatement organisé par l'Eglise, l'enseignement supérieur vit également le jour.

Outre dans le domaine culturel, la présence des catholiques se distingua par l'oeuvre sociale, comme le prouve - entre autres - la «Santa Casa da Misericórdia», qui fut créée en 1569 et qui a joué un rôle important dans l'histoire humaine de la population locale.

En ce moment important, où le territoire redevient une partie intégrante de la Chine, l'Eglise qui est à Macao, riche de traditions et de dignité, est appelée à poursuivre son engagement de service spirituel, culturel et social.

A la veille du nouveau siècle et dans le contexte de l'Année Sainte désormais imminente, qu'elle sache donner un élan à son engagement évangélique, renouvelant avec générosité et audace les méthodes et les formes du témoignage religieux et du précieux service qu'elle rend dans le secteur de l'éducation, de l'école et de l'assistance.

Qu'elle soit une Eglise prophétique qui annonce à l'homme, séduit par l'avidité des biens matériels et désorienté dans ses objectifs, la haute raison de la vie morale, la dignité et la liberté de toute personne humaine, la beauté de l'Evangile, la joie de suivre le Christ.

Qu'elle soit une Eglise fidèle à la signification du nom dont la ville s'enorgueillit: «Macao. Ville du Nom de Dieu». Qu'elle parle sans peur à tous de l'amour du Père, manifesté en Jésus et étendu à l'Esprit Saint. Qu'elle garde haute sa tradition, témoignée par les innombrables et splendides édifices sacrés qu'elle a dédiés au cours des siècles à la Mère de Dieu, à saint Joseph, à saint Jacques, à saint François-Xavier.

Qu'elle maintienne sa pleine communion avec l'Eglise universelle et, comme par le passé, qu'elle ait toujours à coeur la communion avec l'Eglise de toute la Chine, à laquelle elle est à présent liée par un lien juridique particulier.

En formant ces voeux, je désire assurer de ma prière, et de celle de toute l'Eglise, la communauté diocésaine de Macao et la vaste famille catholique de toute la Chine continentale.

A vous, vénéré Frère, j'envoie mon salut affectueux et ma Bénédiction apostolique, que j'étends au clergé, aux religieux, aux religieuses, aux laïcs et à toute personne de bonne volonté.

Du Vatican, le 3 décembre 1999, fête de saint François-Xavier, patron des Missions.



MESSAGE DU PAPE JEAN PAUL II AUX CATHOLIQUES DE CHINE

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"Et le Verbe se fit chair"


Très chers frères et soeurs de l'Eglise catholique qui est en Chine,

A la veille du grand Jubilé, au cours duquel nous rappellerons le bimillénaire de la naissance du Christ, je vous salue tous avec joie et une grande affection, dans l'amour de Dieu le Père et dans la communion de l'Esprit Saint.

Tous les catholiques d'origine chinoise sont proches de mon coeur de Pasteur de l'Eglise universelle, mais en ce moment, je sens que je dois m'adresser de façon particulière aux pasteurs et aux fidèles de la Chine continentale, qui ne peuvent pas encore manifester, de façon pleine et visible, leur communion avec ce Siège apostolique.


232 1. Vous aussi, frères et soeurs de l'Eglise qui est en Chine, ainsi que tous les fidèles qui, dans le monde entier, se préparent à célébrer le grand Jubilé et le début d'un nouveau millénaire, vous avez accueilli l'invitation du Successeur de Pierre et Evêque de Rome et vous allez avec foi vers cet événement.

Les indications pratiques que j'ai illustrées dans la Bulle d'indiction Incarnationis mysterium, et les dispositions pour acquérir l'Indulgence jubilaire, qui sont exposées dans le Décret de la Pénitencerie apostolique s'y rapportant, représenteront pour tous les catholiques une norme et un guide pour une fructueuse célébration de cette année de grâce providentielle, non seulement à Rome et en Terre Sainte, mais également dans d'autres circonscriptions ecclésiastiques.

Pour de très nombreux catholiques disséminés dans le monde, il ne sera pas possible de franchir le seuil de la Porte Sainte à Rome et de vénérer les tombes des Apôtres Pierre et Paul. Mais tous sont invités à découvrir, là où ils vivent, que "passer par cette porte signifie professer que Jésus-Christ est le Seigneur, en raffermissant notre foi en lui pour vivre la vie nouvelle qu'il nous a donnée. C'est une décision qui suppose la liberté de choisir et en même temps le courage d'abandonner quelque chose, sachant que l'on acquiert la vie divine (cf.
Mt 13,44-46)." (Bulle d'indiction Incarnationis mysterium, n. 8).


2. Nos coeurs se tournent vers le moment historique où, dans la "plénitude du temps" (Ga 4,4), naquit parmi nous le Fils de Dieu: un événement que, désormais, la majorité de l'humanité a accepté comme point de référence pour la chronologie de l'histoire. La naissance de Jésus eut lieu dans une province de la Palestine, pays asiatique qui se trouve au carrefour des grands échanges culturels entre l'Orient et l'Occident, point de rencontre entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique.

Cette naissance fut, et est aujourd'hui encore, porteuse de joie pour tous les hommes dans le "vaste espace sous le ciel", précisément comme à Bethléem les anges l'avaient annoncé aux pasteurs: "Car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple: aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur" (Lc 2,10-11).

Le nom donné à ce nouveau-né: Jésus, "Dieu donne le salut", résume sa mission et constitue une promesse pour tout le genre humain: "Dieu désire que tous les hommes soient sauvés et arrivent à la connaissance de la vérité" (1Tm 2,4); "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle" (Jn 3,16).


3. Au cours de sa vie, Jésus commença à accomplir ce qui avait été dit sur Lui lorsqu'il naquit: "Aux pauvres il annonça l'Evangile du salut, la liberté aux prisonniers, la joie aux affligés" (4e Prière eucharistique).

Pour réaliser le dessein miséricordieux et mystérieux de Dieu pour le salut des hommes, "il se livra volontairement à la mort, et en ressuscitant il détruisit la mort et renouvela la vie" (Ibid.).

Avant son Ascension et son retour au Père, il commanda à ses disciples, c'est-à-dire à l'Eglise naissante: "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit" (Mt 28,19).

Obéissant au Seigneur et poussés par l'Esprit Saint, les disciples ont exécuté le commandement de Jésus, apportant la bonne nouvelle en Orient et en Occident, au Nord et au Sud.


4. Le Jubilé, alors qu'il rappelle l'entrée de Jésus dans l'histoire, célèbre également sa présence progressive parmi les peuples.

233 Très chers frères et soeurs, comme vous le savez bien, selon les plans mystérieux de la Divine Providence, l'Evangile du salut fut également annoncé très tôt dans votre pays: en effet, au V et au VI siècle déjà, des moines de la Syrie, traversant l'Asie centrale, apportèrent le nom de Jésus à vos ancêtres. Aujourd'hui encore, une célèbre stèle présente dans la capitale Chang'an (Xi'an) résume très bien, à partir de l'an 635, ce moment historique qui marqua l'entrée officielle de la "Religion lumineuse" en Chine.

Après quelques siècles, cette annonce s'affaiblit. Cependant, le fait que l'Evangile ait été prêché à vos ancêtres lors d'une période historique au cours de laquelle une grande partie de l'Europe et du reste du monde n'en avait encore aucune connaissance, ne peut que constituer pour vous un motif de gratitude envers Dieu et de joie intense.


5. Le message évangélique, qui fut proclamé à ces lointains débuts, n'a pas perdu son actualité et vous invite et vous incite à l'annoncer à ceux qui ne l'ont pas encore reçu.

La vie des disciples de Jésus, à cette époque comme aujourd'hui, en Chine comme ailleurs, doit s'inspirer de la "bonne nouvelle", et la réalisation authentique de l'Evangile dans votre vie constituera un témoignage lumineux rendu au Christ dans votre milieu. C'est pourquoi, frères et soeurs, vous êtes tous appelés à annoncer l'Evangile du salut au Peuple chinois d'aujourd'hui avec une vigueur renouvelée.

Je comprends que vous ne vous sentiez pas à la hauteur d'une mission aussi grande et exigeante, mais vous savez que vous pouvez compter sur la force victorieuse du Christ (cf.
Jn 16,33), qui vous assure de sa présence et de son aide. Chers prêtres, religieux, religieuses et laïcs, sous la conduite de vos pasteurs, et en communion avec eux, vous élaborerez des plans pastoraux actualisés, en accordant une importance prioritaire à tout ce qui concerne l'annonce de Jésus et de sa parole de vie, et en prêtant une attention particulière au monde des jeunes.

Dans ce contexte, la célébration du Jubilé sera une occasion pour rappeler les efforts apostoliques, les souffrances, les larmes et l'effusion de sang qui ont accompagné de tout temps le chemin de l'Eglise parmi les hommes. Même parmi vous, le sang de vos martyrs a été la semence d'une multitude de disciples authentiques de Jésus. Mon coeur tressaille d'émerveillement et de reconnaissance au Seigneur pour le témoignage généreux offert par de nombreux évêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs. Et il semble que le temps de l'épreuve, dans certaines régions, ne soit pas encore terminé!


6. En vous préparant à la célébration du grand Jubilé, rappelez-vous que dans la tradition biblique, un tel moment a toujours comporté l'obligation d'effacer les dettes des uns envers les autres, de réparer les injustices commises et de se réconcilier avec son voisin.

A vous aussi a été annoncée la "grande joie préparée pour tous les peuples": l'amour et la miséricorde du Père, la Rédemption opérée par le Christ. Dans la mesure où vous-mêmes serez disponibles à accepter cette annonce joyeuse, vous pourrez la transmettre, à travers votre vie, à tous les hommes et les femmes qui vous sont proches. Et mon désir le plus ardent est que vous puissiez suivre les suggestions intérieures de l'Esprit Saint, en pardonnant les uns aux autres tout ce qui doit être pardonné, en vous rapprochant les uns des autres, en vous acceptant réciproquement, en surmontant les barrières pour aller au-delà de tout ce qui peut vous diviser.

N'oubliez pas la Parole de Jésus lors de la dernière Cène: "A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l'amour les uns pour les autres" (Jn 13,35).

J'ai appris avec une grande joie que vous voulez offrir, comme le don le plus précieux pour la célébration du grand Jubilé, l'unité entre vous et le Successeur de Pierre. Une telle intention ne peut être que le fruit de l'Esprit, qui conduit son Eglise sur le chemin difficile de la réconciliation et de l'unité.


7. "Il y a un signe de la miséricorde de Dieu qui est aujourd'hui particulièrement nécessaire: la charité, qui ouvre nos yeux aux besoins de ceux qui vivent dans la pauvreté et dans la marginalité" (Bulle d'indiction Incarnationis mysterium, n. 12).

234 Parmi les engagements pratiques, qui manifesteront votre effort de conversion et de renouveau spirituels, devra figurer la charité envers les frères sous la forme traditionnelle des oeuvres de miséricorde corporelle et spirituelle. Cette solidarité concrète constituera votre contribution discrète, mais efficace, au bien de votre Peuple. De cette façon, vous rendrez un témoignage éloquent du nom de chrétien que vous portez avec courage et orgueil: en tant que bons Chinois et chrétiens authentiques, vous aimez votre pays et vous aimez l'Eglise locale et universelle.


8. Le Jubilé de l'An 2000 sera une grande prière de louange et d'action de grâce surtout pour le don de l'Incarnation du Fils de Dieu et de la Rédemption opérée par Lui.

Il sera une louange et une action de grâce pour le don de l'Eglise fondée par le Christ comme "sacrement, c'est-à-dire signe et instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain" (Concile Oecuménique Vatican II, Lumen gentium
LG 1).

"Leur action de grâce s'étendra enfin aux fruits de sainteté mûris dans la vie de tant d'hommes et de femmes qui, à chaque génération et à chaque époque de l'histoire, ont su accueillir sans réserve le don de la Rédemption" (Lettre Tertio millennio adveniente, n. 32).


9. Unis entre vous dans la vérité et la charité du Christ, en communion avec l'Eglise universelle et avec celui qui a été appelé par Jésus pour être le Successeur de Pierre et gage d'unité, franchissez le seuil du nouveau millénaire, confiants que l'unique Dieu et Père de tout le genre humain bénit et bénira vos pas et les pas de tout votre Peuple. Soyez des levains de bien en faveur de votre Peuple, même si votre nombre est réduit. Soyez un signe et un sacrement du salut promis par Dieu à tous les hommes, invitant ceux qui sont proches de vous à écouter et à croire en la bonne nouvelle du grand Jubilé: "Le Sauveur est né pour vous!".

Que Marie, Mère du Rédempteur, aide des chrétiens et Reine de la Chine, vous protège et vous soutienne dans l'accomplissement de votre vocation et dans la réalisation des projets qui naîtront d'un coeur toujours plus attentif et généreux.


10. A ce point, mon regard s'étend de nouveau pour embrasser également tous les catholiques chinois qui vivent hors de la Chine continentale. C'est à eux que s'adresse mon salut affectueux ainsi que le souhait sincère que, lors de l'Année jubilaire, ils se sentent réconfortés "à la pensée qu'ils apportent au monde la vraie Lumière, le Christ Seigneur" (Bulle d'indiction Incarnationis mysterium, n. 2). Ils seront la lumière et le levain là où la Providence les a placés, et cultiveront l'unité spirituelle avec tous leurs frères et soeurs de la grande famille chinoise.

"Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion de l'Esprit Saint soit avec vous tous. Amen".

Du Vatican, le 8 décembre 1999, solennité de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie.



À LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE À L'OCCASION DE LA VISITE AD LIMINA

Samedi 11 décembre 1999

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Chers frères dans l'épiscopat,

1. Je suis heureux de vous recevoir aujourd'hui, à l'occasion de votre visite ad limina, au cours de laquelle vous avez une fois de plus, l'occasion de vous rendre en pèlerinage sur les tombes des apôtres Pierre et Paul, et d'exprimer votre communion avec l'Evêque de Rome et avec l'Eglise universelle. Tout cela contribue à vivre de façon renouvelée votre mission de guider la communauté ecclésiale de la République dominicaine, que j'ai eu la joie de visiter trois fois et dont je garde de nombreux souvenirs reconnaissants.

Je remercie cordialement Monsieur le Cardinal Nicolás de Jesús López Rodríguez, Archevêque de Saint-Domingue et Président de la Conférence épiscopale dominicaine pour les paroles cordiales qu'il m'a adressées au nom de tous, et pour m'avoir exprimé votre affection, en me faisant partager dans le même temps les préoccupations et les espérances de l'Eglise qui est dans votre pays et en soulignant les désirs et les inquiétudes qui vous animent au cours de cette rencontre.

De retour dans vos diocèses, apportez le salut affectueux du Pape aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux fidèles laïcs, que je rappelle dans ma prière, afin que leur foi dans le Christ et leur engagement dans la nouvelle évangélisation croissent toujours plus.


2. L'Eglise dans votre nation a vécu des moments importants ces dernières années, au cours desquelles ont été créés deux nouveaux diocèses, Puerto Plata et San Pedro de Macorís, et s'est tenu le Ier Concile dominicain, qui a contribué de façon considérable à accroître parmi vous, Evêques, la communion et la participation à la sollicitude pastorale. Cette initiative, ainsi que d'autres, telles que le Plan national de Pastorale, représentent un signe d'unité et dans le même temps une exigence dans les circonstances actuelles, dans lesquelles il apparaît toujours plus nécessaire d'unir, dans le respect de l'identité diocésaine, les forces et les intentions pour "promouvoir le bien commun de l'ensemble des Eglises et de chacune d'elles" (Christus Dominus, n. 36).

Dans l'effort en vue de revitaliser la vie chrétienne dans votre peuple, on ne peut pas oublier le rôle décisif des prêtres, vos collaborateurs dans l'annonce de l'Evangile, qui exercent leur ministère avec dévouement et générosité, dans des circonstances parfois extrêmement difficiles. Vous devez faire preuve à leur égard d'une constante sollicitude et proximité, en particulier envers ceux qui sont les plus seuls et dans le besoin, afin que tous conduisent une vie digne et sainte, conformément à leur vocation, et témoignent qu'ils sont des hommes de Dieu, pleinement consacrés et au service de l'Evangile, sans se laisser attirer par les séductions du monde (cf.
Ep 4,22).

En outre, la pastorale des vocations continue d'être urgente, car la croissance des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée des dernières années est réconfortante, si l'on considère le manque de prêtres dans la communauté ecclésiale. Il s'agit d'une pastorale qui doit se fonder toujours et de façon particulière sur l'exemple même des prêtres et sur leur capacité à susciter l'enthousiasme des jeunes à travers le don total de soi au Christ et à l'Evangile, ainsi que sur la façon de cultiver, déjà au sein des familles, une attitude de générosité et de persévérance face à l'appel du Seigneur.


3. Une mention particulière doit être accordée à la Vie consacrée, dont vos diocèses reçoivent non seulement la richesse des charismes des instituts respectifs, mais également une aide inestimable, qui dans de nombreux cas apparaît vitale, étant donné que les personnes consacrées sont engagées dans les divers secteurs de la pastorale éducative, médicale et sociale selon leur propre identité. A cet égard, je désire rappeler une fois de plus que l'histoire de l'évangélisation de l'Amérique est constituée par le témoignage de tant de personnes consacrées qui ont annoncé l'Evangile et défendu les droits des autochtones afin qu'ils se sentent pleinement des enfants de Dieu. La contribution de la Vie consacrée à l'édification de l'Eglise ne doit pourtant pas se mesurer uniquement sur la base de ses activités ou de son efficacité externe. La vie contemplative elle aussi, avec les autres formes de consécration, doit donc être davantage estimée, promue et bien accueillie par les Evêques, par les prêtres et par les fidèles diocésains, afin que les personnes consacrées "s'intègrent pleinement à l'Eglise particulière à laquelle ils appartiennent et promeuvent la communion et la collaboration mutuelle" (Ecclesia in America ).


4. Dans les rapports quinquennaux, vous avez souligné la nécessité d'avoir des laïcs adultes correctement formés, qui soient d'authentiques témoins de l'Evangile. En effet, dans votre nation, qui traverse actuellement une période de renouveau et de profondes transformations qui touchent divers secteurs de la société, il est indispensable de pouvoir compter sur le témoignage et sur l'oeuvre de laïcs correctement formés et disposés à intervenir dans les domaines de leurs compétences, comme la famille, le travail ou la politique.

Une formation continue et systématique est donc avant tout nécessaire, afin de les rendre conscients de leur dignité de baptisés et de l'engagement que cela comporte, ainsi qu'une solide connaissance de la doctrine de l'Eglise et de son Magistère. En effet, ce n'est qu'à travers de fermes principes éthiques que l'on peut promouvoir des valeurs morales, précisément dans une société où il existe un fort pourcentage de la population vivant dans des conditions d'extrême pauvreté, un taux élevé de chômage, en particulier parmi les jeunes, une augmentation de la violence et de la corruption érigée presque en mode de vie; autant de facteurs qui participent directement à la dégradation morale et aux phénomènes comme les mères célibataires adolescentes ou encore le travail et l'exploitation des mineurs.


5. Parmi les grands défis de votre société, il faut souligner l'affaiblissement de l'institution familiale, qui conduit à la diminution des mariages religieux et à l'augmentation conséquente des mariages civils, à de nombreux divorces, ainsi qu'à la diffusion de l'avortement et d'une mentalité en faveur de la contraception. Sans céder à des coutumes parfois répandues, cette situation exige une réponse vigoureuse qui doit se concrétiser avant tout par une action catéchétique et éducative plus incisive et constante, qui fasse en sorte que s'enracine pleinement l'idéal chrétien de communion conjugale fidèle et indissoluble, authentique chemin de sainteté, ouverte à la procréation. En elle, les parents sont les premiers responsables de l'éducation des enfants, auxquels, comme "Eglise domestique", ils transmettent également le grand don de la foi.

Dans ce contexte, il est nécessaire de rappeler également la nécessité de respecter la dignité inaliénable de la femme, à laquelle l'on reconnaît en outre un rôle irremplaçable, que ce soit dans le milieu familial ou dans celui de l'Eglise et de la société. En effet, il est triste d'observer que "la femme est encore l'objet de discriminations" (Ibid., EIA ), en particulier lorsqu'elle est fréquemment victime d'abus sexuels et de la violence masculine. C'est pourquoi il est nécessaire de sensibiliser les institutions publiques afin qu'elles aident "davantage la vie familiale fondée sur le mariage", qu'elles protègent "davantage la maternité" et aient "plus de respect pour la dignité de toutes les femmes" (Ibid. EIA).


236 6. La situation familiale exerce une influence déterminante sur le style de vie des jeunes, conditionnant ainsi l'avenir de l'Eglise et de la société. Un grand nombre d'entre eux sont issus de situations irrégulières et ont grandi sans connaître la figure paternelle, ce qui comporte de graves problèmes d'éducation qui se répercutent sur leur maturité personnelle. Ils ont donc besoin d'un soutien particulier qui les aide dans la recherche du sens de la vie et fasse naître en eux des horizons d'espérance qui leur permettent de dépasser les expériences de frustration et qui les libèrent de leurs conséquences, comme la rancune et la délinquance. Il s'agit du devoir de chacun, auquel doivent participer également en premier lieu les jeunes eux-mêmes, en devenant les apôtres des jeunes de leur âge qui en ont le plus besoin.

Il est donc indispensable de promouvoir une pastorale des jeunes qui touche tous les secteurs de la jeunesse, sans aucune discrimination, afin que l'on accompagne les générations nouvelles à la rencontre personnelle avec le Christ vivant, sur Lequel se fonde la véritable espérance d'un avenir de plus grande communion et de solidarité. Plus qu'accomplir des actions isolées, il faut poursuivre un parcours de formation "soutenu et dynamique, capable de les aider à trouver leur place dans l'Eglise et dans le monde" (Ibid., EIA ), les invitant à être courageux, fidèles à leurs engagements, témoins de leur foi et protagonistes de l'annonce de l'Evangile.


7. Dans le cadre de votre pays, vous constatez également que "la rupture entre Evangile et culture est sans aucun doute le drame de notre époque" (Evangelii nuntiandi
EN 20) et que certaines idéologies et courants de pensée, d'une façon ou d'une autre, nient Dieu et promeuvent un éloignement de Lui, relativisent les valeurs morales et, dans tous les cas, tendent à créer un abîme infranchissable entre la dimension religieuse et les autres aspects de la vie humaine. C'est pourquoi, dans son action évangélisatrice, l'Eglise ressent le devoir profond non seulement de défendre la vérité sur l'homme, son primat dans la société et son ouverture à la transcendance, mais également de parler et d'enseigner de façon à ce que "l'Evangile soit annoncé dans le langage et la culture de ceux qui l'entendent" (Ecclesia in America ). Dans ce devoir, il faut dans le même temps éviter le risque que l'attachement excessif à certaines cultures et traditions finisse par relativiser ou supprimer la signification de l'annonce chrétienne, En effet, il "ne faut pas oublier que seul le mystère pascal du Christ, manifestation suprême du Dieu infini dans la finitude de l'histoire, peut être un point de référence valable pour toute l'humanité en pèlerinage qui recherche l'unité authentique et la paix véritable" (Ibid., EIA ).


8. Désormais proches de l'ouverture de la Porte Sainte, qui inaugurera le grand Jubilé, je vous encourage, chers frères dans l'épiscopat, avec toute l'Eglise en pèlerinage dans la République dominicaine, à faire en sorte que cette année de grâce apporte un profond élan de renouveau spirituel personnel et communautaire. Je souhaite en outre que l'expérience du Ier Concile dominicain, avec ses dispositions et normes pastorales, soit pour tous et chacun de vos diocèses une occasion de renforcer la foi, de raviver l'espérance et de diffuser la charité sans limite.

Je dépose tous ces voeux et ces projet pastoraux aux pieds de Notre-Dame de l'Altagracia, Patronne de la République dominicaine, afin que par son amour maternel, elle accompagne et protège toujours ses fils et filles dans un climat de solidarité et de coexistence fraternelles, et je leur donne dans le même temps avec affection la Bénédiction apostolique.




Discours 1999 222