Homélies St Jean-Paul II




                                                            1978





22 octobre 1978, Messe d'intronisation

22108 Place Saint-Pierre
Dimanche 22 octobre 1978


Le dimanche 22 octobre, de très nombreuses délégations de pays, les représentants des Églises chrétiennes, une foule estimée à 300.000 personnes, ont pu assister à ce moment émouvant : le pape Jean Paul II, entouré des cardinaux, en présence d'un grand nombre d'évêques et notamment de tout l'épiscopat polonais, recevait le « pallium», signe de son pouvoir spirituel. Immédiatement après la remise du pallium par le cardinal Pericle Felici, doyen des cardinaux diacres, les cardinaux se sont présentés devant le Saint-Père.

Après la lecture de l'Évangile, Jean Paul II prononçait l'homélie en italien dont nous publions ci-dessous la traduction. Il s'adressait en polonais à la délégation de Pologne et aux Polonais en diaspora et prononçait quelques phrases en français puis en une dizaine de langues.



1. Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. (Mt 16,16)


Ces paroles, c’est Simon, fils de Jonas, qui les a prononcées dans la région de Césarée de Philippe. Oui, il les a exprimées dans sa propre langue, avec une conviction profondément enracinée dans les sentiments et dans la vie, mais ce n’est pas en lui qu’elles trouvaient leur source, leur origine : « ... Car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les cieux. » (Mt 16,17) Ces paroles étaient celles de la foi.

Elles marquent le commencement de la mission de Pierre dans l’histoire du salut, dans l’histoire du Peuple de Dieu. Depuis lors, à partir d’une telle profession de foi, l’histoire sainte du salut et du Peuple de Dieu devait acquérir une nouvelle dimension, s’exprimer dans la dimension historique de l’Église. Cette dimension ecclésiale de l’histoire du Peuple de Dieu tire en effet son origine de ces paroles de foi et est liée à l’homme qui les a prononcées : « Tu es Pierre — le roc, la pierre —, et sur toi, comme sur une pierre, je construirai mon Église. » (Mt 16,18)

2. Aujourd’hui et en ce lieu, il faut que de nouveau soient prononcées et écoutées les mêmes paroles : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Oui, frères et fils, ces paroles avant tout.

Leur contenu découvre à nos yeux le mystère du Dieu vivant, mystère que le Fils nous a rendu proche. Personne, en effet n’a rendu le Dieu vivant proche des hommes, personne ne l’a révélé comme lui-même l’a fait. Dans notre connaissance de Dieu, dans notre chemin vers Dieu, nous sommes totalement tributaires de la force de ces paroles : « Qui me voit voit également le Père. » (Jn 14,9) Celui qui est infini, impossible à scruter, impossible à exprimer, s’est fait proche de vous en Jésus-Christ le Fils unique né de la Vierge Marie dans l’étable de Bethléem.

Vous tous qui avez déjà la chance inestimable de croire, vous tous qui encore cherchez Dieu, et vous aussi qui êtes tourmentés par le doute, veuillez accueillir encore une fois, aujourd’hui et en ce lieu sacré, les paroles prononcées par Simon Pierre. Ces paroles contiennent la foi de l’Église. Elles contiennent la vérité nouvelle bien plus, la vérité ultime et définitive sur l’homme : le fils du Dieu vivant. « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

3. Aujourd’hui, le nouvel évêque de Rome inaugure solennellement son ministère et la mission de Pierre. Dans cette ville, en effet, Pierre a accompli et mené à son terme la mission que lui avait confiée le Seigneur.

2 Le Seigneur s’adressa à lui en disant : « ... Quand tu étais plus jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais ; mais quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te mettra ta ceinture et te mènera où tu ne voudrais pas. » (Jn 21,18)

Et Pierre est venu à Rome !

Qu’est-ce qui l’a guidé et conduit vers cette ville, le coeur de l’Empire, sinon l’obéissance à l’inspiration reçue du Seigneur ? Peut-être ce pêcheur de Galilée n’a-t-il pas voulu venir jusque-là ? Peut-être aurait-il préféré rester sur les rives du lac de Génésareth, avec sa barque et ses filets ? Mais, conduit par le Seigneur et obéissant à son inspiration, il est venu jusqu’ici.

Selon une vieille tradition (qui a trouvé une belle expression littéraire dans un roman d’Henryk Sienkiewicz), pendant la persécution de Néron, Pierre aurait voulu quitter Rome. Mais le Seigneur est intervenu ; il est venu à sa rencontre. Pierre s’adressa à lui et lui demanda : « Quo vadis, Domine ? » (« Où vas-tu, Seigneur ? ») Et le Seigneur lui répondit aussitôt : « Je vais à Rome pour être crucifié une seconde fois. » Pierre retourna à Rome et il y est resté jusqu’à sa crucifixion.

Oui, frères et fils, Rome est le Siège de Pierre. Et sur ce Siège de nouveaux évêques lui ont toujours succédé. Aujourd’hui un nouvel évêque accède à la Chaire romaine de Pierre, un évêque rempli de crainte, conscient de son indignité. Et comment ne pas craindre en face de la grandeur d’un tel appel et en face de la mission universelle de ce Siège romain ? Mais sur le Siège de Pierre monte aujourd’hui un évêque qui n’est pas romain. Un évêque qui est fils de la Pologne. Mais dès cet instant, il devient lui aussi romain. Oui, romain ! Il l’est aussi parce qu’il est fils d’une nation dont l’histoire, depuis ses plus lointaines origines, dont les traditions millénaires sont marquées par un lien vivant avec le Siège de Pierre, fort, ininterrompu, profondément ancré dans les sentiments et dans la vie, une nation qui est demeurée toujours fidèle à ce Siège de Rome. Oh ! dessein inscrutable de la divine Providence !

4. Dans les siècles passés, lorsque le Successeur de Pierre prenait possession de son siège, on posait sur sa tête la triple couronne, la tiare. Le dernier Pape couronné fut Paul VI en 1963. Mais, une fois achevé le rite solennel de son couronnement, il n’a plus jamais usé de la tiare et a laissé à ses successeurs la liberté de prendre leur décision à ce sujet.

Le Pape Jean-Paul Ier, dont le souvenir est si vivant en nos coeurs, n’a pas voulu de la triple couronne, et aujourd’hui son successeur n’en veut pas davantage. En effet, ce n’est pas le moment de revenir à un rite qui (injustement) a été considéré comme symbole du pouvoir temporel des Papes.

L’époque actuelle nous invite, nous pousse, nous oblige à regarder le Seigneur et à nous plonger dans l’humble méditation du mystère du pouvoir suprême du Christ.

Celui qui est né de la Vierge Marie, le Fils du charpentier — comme on avait coutume de l’appeler —, le Fils du Dieu vivant, comme l’a confessé l’apôtre Pierre, est venu pour faire de nous tous « un royaume de prêtres » (Ap 1,6).

Le Concile Vatican II nous a rappelé le mystère de ce pouvoir et le fait que la mission du Christ prêtre, prophète et roi, continue dans l’Église. Tout le Peuple de Dieu participe à cette triple mission. Et si, autrefois, on déposait sur la tête du Pape la triple couronne, c’était pour exprimer, à travers ce symbole, le dessein du Seigneur sur son Église, à savoir que toute la hiérarchie de l’Église du Christ, et tout le pouvoir sacré exercé par elle, ne sont qu’un service, le service qui tend à un unique but : la participation de tout le Peuple de Dieu à cette triple mission du Christ et sa constante fidélité à demeurer sous le pouvoir du Seigneur, lequel tire ses origines non des puissances de ce monde mais du mystère de la Croix et de la Résurrection.

Le pouvoir absolu et très doux du Seigneur répond à ce qu’il y a de plus profond en l’homme, aux aspirations les plus nobles de son intelligence, de sa volonté, de son coeur. Ce pouvoir ne s’exprime pas en langage de force, mais dans la charité et la vérité.

3 Le nouveau successeur de Pierre sur le siège de Rome élève aujourd’hui une prière fervente, humble et confiante : Ô Christ, fais que je puisse devenir et demeurer un serviteur de ton unique pouvoir ! Un serviteur de ton pouvoir tout imprégné de douceur ! Un serviteur de ton pouvoir qui ne connaît pas de déclin ! Fais que je puisse être un serviteur ! Ou mieux le serviteur de tes serviteurs !

5. Frères et soeurs, n’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir !

Aidez le Pape et tous ceux qui veulent servir le Christ et, avec la puissance du Christ servir l’homme et l’humanité entière ! N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! À sa puissance salvatrice ouvrez les frontières des États, les systèmes économiques et politiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation, du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait « ce qu’il y a dans l’homme » ! Et lui seul le sait !

Aujourd’hui, si souvent l’homme ignore ce qu’il porte au-dedans de lui, dans les profondeurs de son esprit et de son coeur. Si souvent il est incertain du sens de sa vie sur cette terre. Il est envahi par le doute qui se transforme en désespoir. Permettez donc — je vous prie, je vous implore avec humilité et confiance, — permettez au Christ de parler à l’homme. Lui seul a les paroles de vie, oui, de vie éternelle !

Aujourd‘hui, justement, l‘ Église entière célèbre sa Journée missionnaire mondiale c’est-à-dire qu’elle prie, qu’elle médite, qu’elle agit pour que les paroles de vie du Christ parviennent à tous les hommes, et qu’ils les écoutent comme un message d’espérance, de salut, de libération totale.

6. Je remercie tous ceux qui sont ici présents et ont voulu participer à cette solennelle inauguration du ministère du nouveau successeur de l’apôtre Pierre.

Je remercie cordialement les chefs d’État les représentants des autorités, les délégations des gouvernements pour leur présence qui m’honore tant.

Merci à vous, chers cardinaux de la sainte Église romaine !

Merci à vous, mes frères bien aimés dans l’Épiscopat !

Merci à vous, chers prêtres !

Merci, soeurs et frères, religieuses et religieux des Ordres et des Congrégations !

4 Merci à vous, Romains ! Merci à vous, pèlerins venus du monde entier ! Merci enfin à tous ceux qui se sont unis à cette cérémonie grâce à la radio et à la télévision !

En polonais :

7. Je me tourne maintenant vers vous, mes chers compatriotes, pèlerins de la Pologne, vers vous, les évêques, mes frères, avec à votre tête votre vénéré Primat, vers vous prêtres soeurs et frères des Congrégations religieuses polonaises, vers vous, représentants de la « Pologne » dans le monde entier.

Que puis-je vous dire à vous qui êtes venus de ma cité de Cracovie, du siège de saint Stanislas dont je suis l’indigne successeur depuis quatorze ans ? Que dire ? Tout ce que je pourrais dire serait bien pâle au regard de ce que ressent en ce moment mon coeur et de ce que vous éprouvez aussi dans vos coeurs.

Laissons donc tomber les paroles. Que reste seulement le grand silence devant Dieu, le silence qui se traduit en prière.

Je vous en prie, soyez avec moi ! À Jasna Gora et partout. Ne cessez pas d’être avec le Pape qui prie aujourd’hui avec les paroles du poète: « Mère de Dieu qui défends la claire Czestochowa et qui brilles sur la « Porta Accuta » ! Je vous adresse les mêmes paroles en ce moment si particulier.

8. Ces paroles ont été un appel et une invitation à prier pour le nouveau Pape appel exprimé en langue polonaise. J’adresse le même appel à tous les fils et toutes les filles de l‘Église catholique. Souvenez-vous de moi aujourd’hui et toujours dans votre prière.

En français :

Aux catholiques des pays de langue française, j’exprime toute mon affection et tout mon dévouement ! Et je me permets de compter sur votre soutien filial et sans réserve ! Puissiez-vous progresser dans la foi ! À ceux qui ne partagent pas cette foi, j’adresse aussi mon salut respectueux et cordial. J’espère que leurs sentiments de bienveillance faciliteront la mission spirituelle qui m’incombe et qui n’est pas sans retentissements sur le bonheur et la paix du monde !

En anglais :

Vous tous, qui parlez anglais, je vous salue de tout coeur au nom du Christ. Je compte sur l’aide de vos prières et de votre bonne volonté pour l’exercice de ma mission au service de l’Église et de l’humanité. Que Dieu vous donne sa grâce et sa paix, en surmontant les barrières des divisions et en rassemblant toutes choses en lui.

En allemand :

5 Je salue de tout coeur ceux ici présents, ainsi que tous les habitants des pays de langue allemande. À plusieurs reprises — et encore tout récemment lors de ma visite en République fédérale allemande — j’ai eu l’occasion de connaître et d’apprécier personnellement la belle activité de l’Église et de vos fidèles. Que votre généreux engagement au service du Christ soit de plus en plus fructueux pour les grandes tâches et les grands besoins de l’Église dans le monde entier ! C’est la demande que je vous adresse et je confie mon nouveau service apostolique à vos prières particulières.

En espagnol :

Ma pensée se tourne maintenant vers le monde de langue espagnole, qui constitue une portion si considérable de l’Église du Christ. Chers frères et fils, le nouveau Pape vous salue affectueusement en cet instant solennel. Unis par les liens d’une commune foi catholique, mais fidèles à votre tradition chrétienne, devenue vie en un climat toujours plus juste et solidaire, conservez votre attachement bien connu au Vicaire du Christ et cultivez intensément votre dévotion à notre Mère, la très sainte Vierge Marie.

En portugais :

Frères et fils de langue portugaise, je vous salue affectueusement dans le Seigneur en tant que « serviteur des serviteurs de Dieu ». En vous donnant ma bénédiction je fais confiance à la charité de vos prières et à votre fidélité pour vivre toujours le message de cette journée et de cette célébration : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »

En russe :

Que le Seigneur soit avec nous tous par sa grâce et la philanthropie de sa miséricorde.

En tchèque :

De tout coeur je salue les Tchèques et les Slovaques qui sont si proches de moi.

En ukrainien :

D’un coeur large je salue et bénis tous les Ukrainiens, de la diaspora et du monde entier.

En lituanien :

Mon salut cordial à mes frères lituaniens. Soyez heureux et fidèles au Christ.

Conclusion (en italien) :

J’ouvre mon coeur à tous les frères des Églises et des communautés chrétiennes, en vous saluant d’une façon particulière vous qui êtes ici présents et en attendant de vous rencontrer personnellement tout prochainement. Mais, dès maintenant, je vous exprime ma vive satisfaction pour avoir voulu assister à cette cérémonie solennelle.

Et je m’adresse encore à tous les hommes, à chaque homme (et avec quelle vénération l’apôtre du Christ ne devait-il pas prononcer cette parole : homme !). Priez pour moi ! Aidez-moi, afin que je puisse vous servir !

Amen.


12 novembre 1978, Prise de possession de Saint Jean de Latran

12118
Basilique Saint-Jean-de-Latran
Dimanche 12 novembre 1978



Chers frères et soeurs,

1. Le jour est venu où le Pape Jean-Paul II vient dans la basilique Saint-Jean-de-Latran prendre possession de son siège d’évêque de Rome. Je désire m’agenouiller en ce lieu et baiser le seuil de ce temple qui, depuis tant de siècles, est « la demeure de Dieu parmi les hommes » (
Ap 21,3) : le Dieu Sauveur parmi le peuple de Rome, la Ville éternelle. Avec tous ceux qui sont ici, je répète les paroles du psaume : « O ma joie quand on m’a dit : allons à la maison du Seigneur ! Et maintenant, s’arrêtent nos pas dans tes portes Jérusalem ! Jérusalem, bâtie comme une ville où tout ensemble fait corps, c’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur. La charge fut confiée à Israël d’y proclamer le nom du Seigneur. » (Ps 122,121)

N’avons-nous pas là une image de l’événement d’aujourd’hui ? Les anciennes générations montaient en ce lieu : générations de Romains, d’évêques de Rome, de successeurs de saint Pierre, et elles y chantaient cette hymne de joie qu’aujourd’hui je reprends ici avec vous. Je m’unis à ces générations, moi, Jean-Paul II, nouvel évêque de Rome, Polonais d’origine. Je m’arrête sur le seuil de ce temple et je vous demande de m’accueillir au nom du Seigneur. Je vous prie de m’accueillir comme vous avez accueilli mes prédécesseurs tout au long des siècles, comme vous avez accueilli Jean-Paul Ier, si aimé de tout le monde, il y a seulement quelques semaines. Je vous prie de m’accueillir moi aussi.

Le Seigneur a dit : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis. » (Jn 15,16) Tout ce que je puis dire, c’est que je ne suis pas ici par ma propre volonté. Le Seigneur m’a élu. Alors au nom du Seigneur, je vous en prie : accueillez-moi !

2. En même temps, je vous salue tous cordialement. Je salue MM. les Cardinaux et mes frères dans l’Épiscopat qui ont voulu participer à cette cérémonie, toi en particulier, cher frère cardinal-vicaire, Mgr le vice-gérant et les évêques auxiliaires de Rome ; vous, chers prêtres de mon diocèse ; vous, soeurs et frères de tant d’ordres religieux et congrégations. Je salue respectueusement les autorités gouvernementales et civiles et j’exprime ma reconnaissance aux délégations ici présentes. Je vous salue vous tous, et en disant tous, je veux dire chacun en particulier. Même si je ne prononce pas vos noms à chacun, je n’en veux pas moins saluer chacun de vous en l’appelant par son nom. Romains, à combien de siècles remontent ces salutations ? Elles nous font remonter aux difficiles commencements de la foi et de l’Église. Ici précisément, dans la capitale de l’ancien empire, celle-ci a traversé l’épreuve du feu, l’épreuve de vie, et elle en est sortie victorieuse. Gloire aux martyrs et aux confesseurs ! Gloire à la Rome sainte ! Gloire aux apôtres du Seigneur ! Gloire aux catacombes et aux basiliques de la Ville éternelle !

3. En entrant aujourd’hui dans la basilique de Saint-Jean-de-Latran, je pense à Marie franchissant le seuil de la maison de Zacharie pour saluer Élisabeth, mère de Jean. L’Évangile nous dit qu’alors « l’enfant… tressaillit en son sein » (Lc 1,41). Beaucoup de pères et d’auteurs ont ajouté, depuis les temps les plus anciens, que dès cet instant Jean a reçu la grâce du Sauveur. Et c’est pourquoi il fut le premier à l’annoncer. Le premier, avec tout le peuple d’Israël, il l’a attendu sur les rives du Jourdain. Et c’est lui qui l’a manifesté au peuple en disant : « Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui enlève le péché du monde. » (Jn 1,29) Agneau de Dieu, c’est-à-dire rédempteur, sauveur du monde.

Et précisément, cette basilique, consacrée à saint Jean-Baptiste — ainsi qu’à saint Jean l’Évangéliste –, l’est aussi au saint Sauveur. C’est comme si, aujourd’hui encore, à travers tant de siècles, nous entendions cette voix résonner sur les rives du Jourdain, la voix du précurseur, du prophète, la voix de l’ami, de l’époux. Saint Jean a dit : « Il faut qu’il grandisse et que moi je diminue. » (Jn 3,30) Cette première confession de foi dans le Christ Sauveur a été comme la clé fermant l’Ancienne Alliance, temps de l’attente, et ouvrant la Nouvelle Alliance, temps de l’accomplissement. Cette première confession fondamentale de la foi en l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, les futurs apôtres du Christ l’avaient déjà entendue sur les rives du Jourdain. Simon Pierre lui aussi l’avait probablement entendue. Elle l’a aidé à proclamer plus tard, au début de la Nouvelle Alliance : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16,16)

Il est donc juste que les successeurs de Pierre viennent ici pour recevoir, comme l’avait reçue Pierre, la confession de Jean : « Voici l’Agneau de Dieu », et la transmettre à l’Église des temps nouveaux en disant : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »

4. C’est dans la perspective de cette merveilleuse rencontre entre l’ancien et le nouveau que je désire aujourd’hui, en tant que nouvel évêque de Rome, inaugurer mon ministère envers le Peuple de Dieu dans cette ville et ce diocèse qui, de par la mission de saint Pierre est devenu le premier dans la grande famille de l’Église, dans la famille des diocèses frères. Le contenu essentiel de ce ministère est le commandement de charité qui fait de nous, hommes, les amis du Christ : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » (Jn 15,14) « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. » (Jn 15,9)

O Ville éternelle, ô chers frères et soeurs, ô citoyens de Rome ! Votre nouvel évêque désire surtout que nous demeurions dans l’amour du Christ et que cet amour soit toujours plus fort que nos faiblesses. Qu’il nous aide à modeler le visage spirituel de notre communauté pour que, devant cet amour, disparaissent les haines, les jalousies, toute malignité et perversité, dans les grandes comme dans les petites choses, dans les questions sociales comme dans les relations interpersonnelles. Que l’amour soit le plus fort ! Avec quelle joie mais aussi quelle reconnaissance, j’ai suivi ces derniers jours les nombreux épisodes (la télévision me les a rendus proches) où, en l’absence de personnel dans les hôpitaux, tant de personnes se sont offertes volontairement — des adultes et, en particulier, des jeunes — pour se mettre généreusement au service des malades. S’il est bon de rechercher la justice dans la vie professionnelle, l’amour social n’en doit être que plus vigilant. Je désire donc pour mon nouveau diocèse, pour Rome, cet amour que le Christ a voulu pour ses disciples.

L’amour construit ; seul l’amour construit.

La haine détruit. La haine ne construit rien. Elle peut seulement désagréger. Elle peut désorganiser la vie sociale. Elle peut tout au plus faire pression sur les faibles, mais sans rien construire.

Pour Rome, pour mon nouveau diocèse, et en même temps pour toute l’Église et pour le monde, je désire amour et justice, justice et amour, afin que nous puissions construire.

À propos de cette construction, saint Paul nous enseigne aujourd’hui (dans la seconde lecture), comme il l’avait fait en son temps aux chrétiens d’Éphèse : « [Le Christ] a donné certains comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres encore comme évangélistes, d’autres enfin comme pasteurs et chargés de l’enseignement… afin de bâtir le Corps du Christ. » (Ep 4,11-12) Et moi, dans le fil de cette pensée, à la lumière du IIe Concile du Vatican, et en me référant en particulier au décret sur l’apostolat des laïcs, j’ajouterai : le Christ nous appelle afin que nous devenions des pères et des mères de famille, des fils et des filles, des médecins, des ingénieurs, des avocats, des techniciens, des scientifiques, des éducateurs, des étudiants, des élèves, etc. Chacun a sa place dans cette construction du bien commun des hommes, de la société, de la nation, de l’humanité. L’Église se construit dans le monde. Elle se construit avec des hommes vivants. Au début de mon service d’évêque, je demande à chacun de vous de trouver et de définir sa place dans l’oeuvre de cette construction.

Je vous demande aussi à vous tous, Romains, sans exception, à vous tous qui êtes ici aujourd’hui et à tous ceux à qui parviendra la voix de votre nouvel évêque : transportez-vous en esprit sur la rive du Jourdain, là où enseignait Jean-Baptiste, le patron de cette basilique qui est la cathédrale de Rome. Écoutez encore une fois ce qu’il a dit en désignant le Christ : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde. » Voici le Sauveur !

Croyez en lui avec une foi renouvelée, avec une foi aussi fervente que celle des premiers chrétiens romains qui ont persévéré ici pendant trois siècles d’épreuves et de persécutions.

Croyez avec une foi renouvelée — comme il est nécessaire pour nous, chrétiens du second millénaire finissant — dans le Christ, sauveur du monde. Amen.

19 novembre 1978, Rencontre de prière avec les séminaristes romains

19118
Dimanche 19 novembre 1978


Une rencontre de prière entre les élèves des Séminaires romains et leur évêque. Voilà ce que signifiait la concélébration présidée par le Saint-Père qui eut lieu en la chapelle Pauline du Vatican, le dimanche 19 novembre. Après la liturgie de la Parole, le pape a prononcé l'homélie dont voici la traduction :


1. Notre rencontre d'aujourd'hui a le caractère d'une audience particulière. Et, pourrait-on dire, d'une audience eucharistique. Nous ne la "faisons" pas, mais nous la "célébrons". C'est là une liturgie sacrée. Les Supérieurs des Séminaires de ce diocèse concélèbrent avec moi, nouvel Evêque de Rome, et avec Monsieur le Cardinal-Vicaire, et les élèves du Séminaire Romain, du Séminaire "Capranica" et du Séminaire Mineur participent à cette Eucharistie.

L'Evêque de Rome désire visiter ses Séminaires, mais en attendant, c'est vous qui, aujourd'hui, êtes venus chez lui pour cette audience sacrée !

La Sainte messe est aussi une audience. La comparaison est peut-être trop hardie, peut-être inconvenante, peut-être trop "humaine". Permettez-moi toutefois de l'utiliser ; elle est une des audiences que le Christ accorde continuellement à toute l'humanité — qu'il accorde à une communauté eucharistique déterminée — et à chacun de nous qui constituons cette assemblée.

2. Durant l'audience, nous écoutons celui qui parle. Et nous aussi nous cherchons a Lui parler de manière qu'il puisse nous écouter.

Dans la liturgie eucharistique le Christ parle avant tout avec toute la force de son Sacrifice. C'est un discours extrêmement concis et en même temps brûlant. On peut dire de ce discours que nous le connaissons par coeur, et pourtant, chaque fois, il paraît nouveau, sacré, révélateur. Il renferme en soi tout le mystère de l'amour et de la vérité, parce que la vérité vit de l'amour et l'amour de la vérité. Dieu qui est Vérité et Amour, s'est manifesté dans l'histoire de la création et dans l'histoire du salut. Cette histoire il la propose à nouveau moyennant ce sacrifice rédempteur qu'il nous a transmis sous le signe sacramentel, afin que non seulement nous le repensions dans le souvenir, mais le renouvelions, le recélébrions.

Chaque fois que nous célébrons le Sacrifice Eucharistique nous sommes introduits dans le mystère de Dieu lui-même et, également, dans toute la profondeur de la réalité humaine. L'Eucharistie est annonce de mort et de résurrection. Le mystère pascal y est exprimé comme le début d'un temps nouveau et comme attente finale.

C'est le Christ même qui parle, et nous, nous ne cessons de l'écouter. Nous désirons sans cesse Sa force de salut qui est devenue la "garantie" divine des paroles de vie éternelle.

Il a des paroles de vie éternelle (cf.
Jn 6,68).

9 3. Ce que nous voulons Lui dire est toujours nôtre, parce que jailli de notre expérience humaine, de nos désirs, mais aussi de nos angoisses. C'est souvent un langage de souffrance mais aussi d'espérance. Nous lui parlons de nous-mêmes, de tous ceux qui attendent de nous que nous les Lui rappelions.

Ce que nous disons, nous est inspiré par la Parole de Dieu. La liturgie de la Parole précède la liturgie eucharistique. En relation avec la Parole que nous avons entendu aujourd'hui, nous aurons énormément à dire au Christ durant cette Audience Sacrée.

Nous voulons donc Lui parler avant tout de ce talent particulier — et peut-être pas seulement un, mais cinq — que nous avons reçu : la vocation sacerdotale, l'invitation à prendre la voie du sacerdoce en entrant au Séminaire Chaque talent oblige. Et nous nous sentons d'autant plus obligés par ce talent à ne pas le gaspiller, à ne pas "le cacher sous terre", mais à le faire fructifier ! Grâce à une préparation sérieuse, à l'étude, au travail sur son propre ego, et à une consciente formation de "l'homme nouveau" qui, se donnant sans réserve au Christ dans le service sacerdotal, vécu dans le célibat, pourra devenir de manière toute particulière un homme "pour autrui".

Nous voulons également parler avec le Christ de cette voie qui mène chacun de nous au sacerdoce, parler chacun de sa propre vie. Dans celle-ci, tâchons de persévérer avec crainte de Dieu comme le Psalmiste nous invite à le faire. Ceci est la voie qui nous fait sortir des ténèbres pour nous conduire à la lumière, comme l'a écrit Saint Paul. Nous voulons être "fils de la lumière". Nous voulons veiller, nous voulons être modérés, sobres et responsables, pour nous et pour autrui.

Chacun de vous aura certainement encore beaucoup d'autres choses à dire durant cette audience — chacun de vous, Supérieurs, et chacun de vous, très chers élèves.

Et que dirai-je à Jésus, moi votre nouvel Evêque ?

Avant tout je desire Lui dire : je te remercie pour tous ceux que Tu m'as donnés. Je veux encore Lui dire (je le Lui répète sans cesse) : la moisson est abondante ! Envoie des ouvriers pour ta moisson.

Et je veux surtout Lui dire : garde-les dans la vérité et accorde leur de mûrir à la grâce du sacrement du sacerdoce auquel ils se préparent.

Tout ceci je veux le Lui dire par l'intermédiaire de Sa Mère que vous vénérez au Séminaire Romain, en regardant l'image de la "Vierge de la confiance" envers qui le serviteur de Dieu Jean XXIII était particulièrement dévot.

Je confie donc à cette Mère chacun de vous et les trois Séminaires de mon Diocèse.

Amen.





26 novembre, Rencontre avec les représentants des organisations d'apostolat des laics de Rome

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Fête du Christ-Roi
Dimanche 26 novembre 1978

A l'occasion de la fête du Christ-Roi de l'univers, Jean Paul II a tenu à rencontrer les représentants du laïcat catholique du diocèse de Rome. Au cours de la célébration eucharistique qui a eu lieu le 26 novembre dernier en la chapelle Sixtine, le Saint-Père a prononcé l'homélie suivante :



1. Je voudrais d’abord dire la grande joie que m’apporte la rencontre d’aujourd’hui. Je remercie le cardinal vicaire de Rome qui, avec ses évêques auxiliaires, a organisé cette rencontre à laquelle participent les représentants du laïcat de ce diocèse qui est le premier dans l’Église et dont le Christ a voulu que je devienne l’évêque. Toutes les organisations d’apostolat des laïcs existant dans le diocèse de Rome sont représentées ici, avec leurs aumôniers. En prenant mon service épiscopal à Rome, après une expérience de vingt années dans l’archidiocèse de Cracovie, je dois dire avant tout que j’attache une grande importance à l’apostolat des laïcs. Dans les circonstances précédentes, bien différentes de celles que je trouve ici, je me suis toujours efforcé de faire de mon mieux sur ce point.

La joie que j’éprouve tient en particulier à ce que nous sommes réunis en la fête du Christ, roi de l’univers. Parmi tous les jours de l’année liturgique, peut-être est-ce le mieux indiqué pour assumer le devoir de notre collaboration, en raison également de certaines traditions.

Reprenons cette collaboration, chers frères et soeurs, dans la célébration du très saint sacrifice, pour revenir ainsi au Cénacle, qui est devenu, tant le Jeudi saint que le jour de la Pentecôte, le lieu particulier de « l’envoi des apôtres ».

2. La Parole de Dieu, que nous avons écoutée avec la plus grande attention, nous introduit aujourd’hui dans la profondeur du mystère du Christ-Roi. Toutes les lectures nous en parlent. Je voudrais, en particulier, attirer votre attention sur la lettre de saint Paul aux Corinthiens. Il fait une comparaison entre les deux dimensions de la vie humaine : celle que nous trouvons en Adam et celle que nous trouvons dans le Christ.

Celle que nous trouvons en Adam, c’est la désobéissance : « Non serviam », je ne servirai pas.

C’est précisément ce « non serviam », dans lequel l’homme semblait voir l’affirmation de sa liberté, le défi d’une grandeur à l’égal de celle de Dieu, qui est devenu la source du péché et de la mort. Et, nous en sommes encore témoin, ce vieux « non serviam » apporte à l’homme une dépendance et un esclavage multiple. Il y a la le sujet d’une profonde analyse qu’il est difficile de faire ici dans toute son ampleur. Nous devons nous contenter de l’évoquer simplement.

Le Christ, nouvel Adam, entre dans l’histoire de l’homme précisément « pour servir ». « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie. » (
Mt 20,28) C’est là, en un sens, la définition fondamentale de son Royaume. Dans ce service, en suivant le modèle du Christ l’homme retrouve sa pleine dignité, sa merveilleuse vocation, sa royauté. Il vaut la peine de rappeler ici ce passage de la Constitution dogmatique Lumen gentium sur l’Église, dans le ch. IV consacré aux laïcs dans l’Église et à leur apostolat : « Voulant poursuivre également, par le moyen des laïcs, son témoignage et son service, le Christ Jésus, prêtre suprême et éternel, leur apporte la vie par son Esprit et les pousse inlassablement à réaliser tout bien et toute perfection. À ceux qu’il s’unit intimement dans sa vie et dans sa mission, il accorde, en outre, une part dans sa charge sacerdotale pour l’exercice du culte spirituel en vue de la glorification de Dieu et du salut des hommes… C’est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, rendant partout à Dieu dans la sainteté de leur vie un culte d’adoration. » (Lumen gentium LG 34 Lumen gentium )

Servir Dieu c’est régner. Ce service, qui exprime l’attitude du Christ et de ses disciples, rompt l’héritage du péché et instaure « le règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix » (préface de la fête du Christ Roi).

3. La liturgie d’aujourd’hui nous montre deux étapes de ce service qui signifie régner. La première étape, c’est la vie de l’Église sur la terre, la seconde c’est le jugement. Le vrai sens de la première étape se comprend par celui de la seconde. Avant qu’il se présente devant chacun de nous et devant tous comme le juge qui séparera « les brebis des boucs », le Fils de l’homme est toujours avec nous comme le pasteur qui prend soin de ses brebis. Cette même sollicitude, il veut la partager avec nous, avec chacun de nous. Il veut que son service devienne notre service, au sens le plus large du terme. « Notre service », ce n’est pas seulement celui des évêques, des prêtres, des religieux mais, dans le sens le plus large, c’est aussi celui des laïcs, de tous. Aussi ce service-sollicitude requiert-il la participation de tous. « J’ai eu faim…, j’ai eu soif…, j’étais étranger…, nu…. malade…, en prison…, persécuté », opprimé, tourmenté, inconscient, dans le doute, abandonné, menacé (peut-être dès le sein maternel). Immenses sont les besoins et les devoirs que nous devons détecter et mettre devant nos yeux si nous voulons être « solidaires avec le Christ ». Parce que, en fin de compte, c’est bien de cela qu’il s’agit : « Chaque fois que vous avez fait cela à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40) Le Christ est avec l’homme, avec celui qui attend sollicitude, service, amour; et avec celui qui apporte sollicitude, service, amour.

Il existe donc un grand espace pour notre solidarité avec le Christ, un grand espace pour l’apostolat de tous, l’apostolat des laïcs en particulier. Malheureusement, encore une fois, il n’est pas possible, dans cette brève homélie, d’analyser cette question en détail. Cependant, les textes de la liturgie d’aujourd’hui nous incitent à relire, à méditer et à mettre en pratique tout ce qui, dans de si vastes dimensions, a fait l’objet de l’enseignement du Concile sur l’apostolat des laïcs. Dans le passé, la notion d’apostolat semblait pour ainsi dire réservée aux successeurs des apôtres qui expriment et garantissent l’apostolicité de l’Église. Le IIe Concile du Vatican a montré quels vastes champs d’apostolat sont toujours accessibles aux laïcs. Il a en même temps appelé de nouveau à cet apostolat. Il suffit de rappeler une seule phrase du décret Apostolicam actuositatem qui, en un certain sens, contient et résume tout le reste : « La vocation chrétienne… est, de sa nature, également vocation à l’apostolat. » (n° 2.)

4. Chers frères et soeurs, je veux vous dire combien je suis heureux de cette rencontre avec vous qui, ici à Rome, avez fait de la vérité sur la vocation chrétienne, entendue comme appel à l’apostolat des laïcs, le programme de votre vie. J’en suis heureux et j’espère que vous me tiendrez au courant de vos problèmes et que vous m’introduirez dans les différents domaines de votre activité. Je me réjouis de pouvoir m’engager sur cette voie sur laquelle vous marchez déjà, de pouvoir vous y accompagner et vous guider en tant que votre évêque.

C’est précisément pour cela que je désirais tant que nous puissions nous rencontrer en la fête du Christ, roi de l’univers. Je désire que lui-même nous reçoive. Peut-être faut-il qu’il nous entende lui adresser cette question que de toutes parts on lui a posée tant de fois : « Que faut-il que je fasse ? » (Lc 18,18)

Que faut-il que nous fassions, nous ?

Je rappellerai encore ce que sa Mère a dit aux serviteurs de Cana en Galilée : « Faites ce qu’il vous dira. » (Jn 2,5) Tournons notre regard vers cette Mère ; l’espérance revient en nous et nous répondons : nous sommes prêts.



Homélies St Jean-Paul II