Homélies St Jean-Paul II 18


31 décembre 1978, Te Deum d'action de grâce

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Eglise du « Gesù », Rome
Dimanche de la Sainte Famille, le 31 décembre 1978

VALEURS FONDAMENTALES DE LA FAMILLE


Très chers frères et soeurs,

Je veux avant tout vous saluer tous, vous qui êtes venus ici, Romains ou non, pour célébrer religieusement la fin de l’année 1978. Je salue cordialement le Cardinal-vicaire, mes frères évêques, les représentants des autorités civiles, les prêtres, les religieuses, les religieux, particulièrement ceux de la Compagnie de Jésus, avec leur Père général.

1. Ce dimanche dans l’octave de Noël unit dans la célébration liturgique la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. La naissance d’un enfant marque toujours le début d’une famille. La naissance de Jésus à Bethléem a marqué le début de cette famille unique et exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité. Dans cette famille est venu au monde, a grandi et a été formé le Fils de Dieu, conçu et né de la Vierge-Mère, et qui en même temps a été dès le début confié aux soins authentiquement paternels de Joseph, le charpentier de Nazareth. Devant la loi juive, celui-ci était l’époux de Marie, et devant l’Esprit-Saint il fut son digne époux et — vraiment et paternellement — le protecteur du mystère maternel de son épouse.

La famille de Nazareth, que l’Église met devant les yeux de toutes les familles, surtout dans la liturgie d’aujourd’hui, constitue effectivement le point de référence culminant pour la sainteté de toute famille humaine. L’histoire de cette famille est rapportée d’une façon très concise dans l’Évangile. Nous en connaissons tout juste quelques événements. Mais ce que nous en savons nous suffit pour pouvoir en insérer les moments fondamentaux dans la vie de toute famille et pour faire apparaître la dimension à laquelle sont appelés tous ceux qui vivent la vie de famille : pères, mères, enfants. L’Évangile montre avec beaucoup de clarté l’aspect éducatif de la famille : « ll revint à Nazareth et il leur était soumis. » (
Lc 2,51) Pour les jeunes générations, cette « soumission » est nécessaire, dans l’obéissance, la disposition à accepter les exemples mûris de la famille et de son comportement humain. C’est ainsi qu’était « soumis » Jésus lui-même. Et c’est cette « soumission », cette disposition de l’enfant à accepter les exemples du comportement humain qui doivent servir de mesure aux parents dans toute leur conduite. C’est le point particulièrement délicat de leur responsabilité de parents, de leur responsabilité devant l’homme, devant ce petit homme appelé à grandir qui leur est confié par Dieu. Ils doivent aussi avoir présent à l’esprit tout ce qui s’est passé dans la vie de la famille de Nazareth lorsque Jésus avait douze ans. C’est-à-dire qu’ils doivent éduquer leur enfant non seulement pour eux, mais pour lui, pour les tâches qu’il devra assumer par la suite. Lorsqu’il avait douze ans, Jésus a répondu à Marie et à Joseph : « Ne saviez-vous pas que je dois m’occuper des choses de mon Père ? » (Lc 2,49)

2. Les problèmes humains les plus profonds sont liés à la famille. Elle constitue pour l’homme la communauté première, fondamentale et irremplaçable. « Cette mission d’être la cellule première et vitale de la société, la famille l’a reçue de Dieu », dit le IIe Concile du Vatican (Décr. Apostolicam actuositatem AA 11). De cela aussi l’Église veut donner un témoignage particulier pendant l’octave de Noël avec la fête de la Sainte Famille. Elle veut rappeler qu’à la famille sont liées des valeurs fondamentales qu’on ne peut violer sans dommages incalculables de nature morale. Les considérations matérielles et le point de vue « économique et social » l’emportent souvent sur les principes de la morale chrétienne et même humaine. Il ne suffit pas alors d’exprimer seulement des regrets. ll faut défendre ces valeurs fondamentales avec ténacité et fermeté, parce que leur violation apporte des maux incalculables à la société et, en dernière analyse, à l’homme. L’expérience des différentes nations dans l’histoire de l’humanité, comme notre expérience contemporaine, peuvent servir d’arguments pour réaffirmer cette douloureuse vérité que, dans la sphère fondamentale de la vie humaine où le rôle de la famille est décisif, il est facile de détruire les valeurs essentielles, mais il est très difficile de les reconstruire.

De quelles valeurs s’agit-il ? Pour donner une réponse satisfaisante à cette question il faudrait indiquer la hiérarchie et tout un ensemble de valeurs qui se définissent et se conditionnent réciproquement. Mais, voulant nous exprimer d’une façon concise, nous dirons qu’il s’agit ici de deux valeurs fondamentales qui entrent rigoureusement dans le contexte de ce que nous appelons « l’amour conjugal ». La première, c’est la valeur de la personne, qui s’exprime dans l’absolue fidélité réciproque, jusqu’à la mort : fidélité du mari à sa femme et fidélité de la femme à son mari. La conséquence de cette affirmation de la valeur de la personne, qui s’exprime dans la relation réciproque entre mari et femme, doit aussi être le respect de la valeur personnelle de la nouvelle vie, c’est-à-dire de l’enfant, depuis le premier instant de sa conception.

L’Église ne peut jamais se dispenser de l’obligation de sauvegarder ces deux valeurs fondamentales, liées à la vocation de la famille. Leur sauvegarde a été confiée à l’Église par le Christ d’une façon qui ne laisse subsister aucun doute. En même temps, l’évidence de ces valeurs — humainement parlant — fait que l’Église, en les défendant, se fait porte-parole de l’authentique dignité de l’homme, du bien de la personne, de la famille, des nations. Tout en gardant notre respect pour tous ceux qui pensent autrement, il est difficile de reconnaître, d’un point de vue objectif et impartial, que correspond à la vraie dignité humaine le comportement de quiconque trahit la fidélité conjugale ou permet que soit anéantie, détruite, la vie conçue dans le sein maternel. En conséquence, on ne peut considérer que les programmes qui suggèrent, facilitent, admettent un tel comportement, servent le bien objectif de l’homme, le bien moral, qu’ils contribuent à rendre la vie humaine vraiment plus humaine, vraiment plus digne de l’homme, qu’ils servent à construire une société meilleure.

3. Ce dimanche est aussi le dernier jour de l’année 1978. Nous sommes réunis ici, en cette liturgie, pour remercier Dieu de tout le bien qu’il nous a donné et de celui qu’il nous a permis de faire pendant cette année qui s’achève, et pour lui demander pardon de tout ce qui, étant contraire au bien, est aussi contraire à sa sainte volonté.

Permettez que dans cette action de grâce et cette demande de pardon je prenne encore pour critère la famille, mais cette fois-ci dans un sens plus large. Dieu étant Père, le critère de la famille a aussi cette dimension : il se réfère à toutes les communautés humaines, aux sociétés, aux nations, aux pays ; il se réfère à l’Église et à l’humanité.

Au terme de cette année, remercions Dieu de tout ce par quoi — dans les différents domaines de la vie terrestre — les hommes, qui ont un même père, deviennent encore plus « famille », c’est-à-dire plus frères et soeurs. En même temps, demandons pardon de tout ce qui est étranger à cette fraternité humaine, de ce qui détruit l’unité de la famille humaine, la menace, l’entrave.

C’est pourquoi, ayant toujours devant les yeux mon grand prédécesseur Paul VI et le très cher Pape Jean-Paul Ier, moi leur successeur en l’année de la mort de l’un et de l’autre, je dis aujourd’hui : « Notre Père qui es aux cieux, accepte-nous en ce dernier jour de l’année 1978 dans le Christ-Jésus, ton Fils éternel, et en lui, guide-nous en avant, vers l’avenir. Vers l’avenir que toi-même désires, Dieu de l’amour, Dieu de la vérité, Dieu de la vie. »

C’est avec cette prière sur les lèvres que moi, successeur des deux Papes morts cette année, je franchis avec vous la frontière qui, dans quelques heures, séparera l’année 1978 de l’année 1979.









                                                                      1979

1er janvier 1979, Messe de Marie Mère de Dieu

19179
ET XIIe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX


Lundi 1er janvier 1979



1. Nous voici en 1979, le premier jour du mois de janvier, le premier jour de la nouvelle année.

En entrant aujourd’hui dans cette basilique, je voudrais avec vous tous, très chers frères et soeurs, dire à cette année nouvelle : sois la bienvenue !

Je le fais en ce jour de l’octave de Noël. C’est en effet aujourd’hui déjà le huitième jour après cette grande fête qui, dans le rythme de la liturgie, termine et commence chaque année.

L’année est la mesure humaine du temps. Le temps nous rappelle que tout passe. C’est la loi à laquelle est soumise toute la création. L’homme en est conscient. Non seulement il passe dans le temps, mais il mesure ce temps fait de jours, de semaines, de mois et d’années. Cette fuite du temps est toujours faite à la fois de tristesse devant l’adieu au passé et d’ouverture à l’avenir.

C’est précisément cela — adieu au passé et ouverture à l’avenir — que le langage et le rythme de la liturgie de l’Église inscrivent dans la fête de Noël.

Une naissance nous parle toujours d’un commencement, le commencement de ce qui naît, et Noël nous parle d’un singulier commencement. En premier lieu, il nous parle de ce qui précède le temps, de ce principe sans commencement qui est Dieu lui-même. Pendant cette octave, nous avons été nourris chaque jour de ce mystère du continuel engendrement en Dieu, du mystère du Fils éternellement engendré par le Père : « Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. Engendré, non pas créé. » (Profession de foi.)

En ces jours, nous avons aussi, d’une façon particulière, été témoins de la naissance terrestre de ce Fils. En naissant homme à Bethléem, de la Vierge Marie, Dieu Verbe accepte le temps. Il entre dans l’Histoire. Il se soumet à la loi de la fluidité humaine. Il clôt le passé. Avec lui se termine le temps de l’attente, c’est-à-dire l’Ancienne Alliance. Il ouvre l’avenir : la Nouvelle Alliance de la grâce et de la réconciliation avec Dieu. C’est le nouveau « début » des temps nouveaux. Chaque nouvelle année participe à ce commencement. C’est l’année du Seigneur. Bienvenue à toi, année 1979. Dès le début, sois la mesure du temps nouveau, inscrite dans le mystère de la naissance de Dieu. La prière du Pape polonais pour la paix

2. En ce premier jour de la nouvelle année, toute l’Église prie pour la paix. C’est le grand Pape Paul VI qui a voulu que, dans toute l’Église, on prie pour la paix 1er janvier. Aujourd’hui, continuant cette noble initiative, nous reprenons ce thème de prière en toute conviction, ferveur et humilité. En ce jour qui inaugure la nouvelle année, il n’est en effet pas de voeu plus fondamental que celui de la paix. « Délivre-nous du mal ! » En récitant ces paroles de la prière du Christ, il est bien difficile de ne pas y voir ce qui s’oppose à la paix, ce qui la détruit et la menace. Disons donc dans notre prière : libère-nous de la guerre, de la haine, de la destruction des vies humaines. Ne permets pas que nous tuions. Ne permets pas que l’on utilise les moyens qui sont au service de la mort et de la destruction, et dont la puissance, le rayon d’action et la précision dépassent tout ce que l’on avait connu jusqu’à maintenant. Ne permets pas qu’on les utilise un jour. « Délivre-nous du mal. » Épargne-nous la guerre, toute guerre. Notre Père qui es aux cieux, Père de la vie, toi qui nous donnes la paix, le Pape t’en supplie. Le Pape, fils d’une nation qui au cours de l’Histoire, et particulièrement en notre siècle, a été parmi les plus éprouvées par l’horreur, la cruauté, les cataclysmes de la guerre, te supplie pour tous les peuples du monde, tous les pays et tous les continents. Il te supplie au nom du Christ, Prince de la paix.

Combien elles sont chargées de sens ces paroles de Jésus-Christ que nous redisons chaque jour dans la liturgie eucharistique : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » (
Jn 14,27) C’est cette dimension de la paix, la dimension la plus profonde, que seul le Christ peut donner à l’homme. C’est la plénitude de la paix, enracinée dans la réconciliation avec Dieu. C’est la paix intérieure que nous partageons en frères par la communion spirituelle.

C’est cette paix que nous implorons avant tout. Mais, conscients que « le monde » — le monde d’après le péché originel, le monde du péché — ne peut de lui-même nous donner cette paix, nous l’implorons en même temps pour le monde. Pour l’homme qui est dans le monde. Pour tous les hommes, toutes les nations, de toutes langues, cultures et races. Pour tous les continents. La paix est la première condition du vrai progrès. Elle est indispensable pour que les hommes et les peuples vivent dans la liberté. La paix, comme l’enseignent Jean XXIII et Paul VI, est en même temps conditionnée par la garantie qu’à tous les hommes et tous les peuples soit assuré le droit à la liberté, à la vérité, à la justice et à l’amour.

21 « Une société — a dit Jean XXIII — n’est dûment ordonnée, bienfaisante, respectueuse de la personne humaine que si elle se fonde sur la vérité… Cela suppose que soient sincèrement reconnus les droits et les devoirs mutuels. Cette société doit, en outre, reposer sur la justice, c’est-à-dire sur le respect effectif de ces droits et sur l’accomplissement loyal de ces devoirs ; elle doit être vivifiée par l’amour, attitude d’âme qui fait éprouver à chacun comme siens les besoins d’autrui, lui fait partager ses propres biens et incite à un échange toujours plus intense dans le domaine des valeurs spirituelles. Cette société enfin, doit se réaliser dans la liberté, c’est-à-dire de la façon qui convient à des êtres raisonnables, faits pour assumer la responsabilité de leurs actes. » (Encyclique Pacem in terris PT 18 Pacem in terris, n. 18 ; cf. Paul VI, encyclique Populorum progressio PP 44)

La paix doit donc toujours s’apprendre. Et c’est pourquoi il faut éduquer à la paix, comme dit le message pour le premier jour de l’année 1979. Elle doit s’apprendre honnêtement et sincèrement, à tous les niveaux et dans tous les milieux, depuis les enfants des écoles élémentaires jusqu’aux gouvernants. Où en sommes-nous dans cette éducation universelle à la paix ? Que reste-t-il encore à faire ? Que reste-t-il encore à apprendre ?

3. Aujourd’hui, l’Église vénère particulièrement la maternité de Marie, qui est comme l’ultime message de l’octave de Noël. Une naissance parle toujours de la mère, de celle qui donne la vie, qui donne un homme au monde. Le premier jour de la nouvelle année est le jour de la Mère.

Nous la voyons, telle qu’elle est représentée dans tant de tableaux et de sculptures, avec l’Enfant dans ses bras, l’Enfant à son sein. Elle est Mère, celle qui a engendré et nourri le Fils de Dieu. Elle est la Mère du Christ. Il n’est pas d’image plus connue et qui évoque avec plus de simplicité le mystère de la naissance du Seigneur que celle de la Vierge à l’Enfant. N’est-elle pas la source de notre particulière confiance ? N’est-ce pas elle qui nous permet de vivre au milieu de tous les mystères de notre foi ; de les contempler comme divins en même temps que nous les considérons comme humains ?

Mais il est aussi une autre image de la Mère portant son fils dans ses bras, c’est la Pietà qui est dans cette basilique. Marie porte Jésus qui a été descendu de la croix, Jésus qui est mort devant ses yeux sur le Golgotha. Après la mort, il revient entre les bras qui, à Bethléem, l’ont offert comme Sauveur du monde.

Je voudrais donc aujourd’hui unir notre prière pour la paix à cette double image. Je voudrais la relier à cette maternité que l’Église vénère d’une façon particulière en l’octave de Noël.

C’est pourquoi je dis : « Mère, qui sais ce que signifie porter dans ses bras le corps de son enfant mort, de celui auquel on a donné la vie, épargne à toutes les mères de cette terre la mort de leurs enfants, les tourments, l’esclavage, les destructions de la guerre, les persécutions, les camps de concentration, les prisons. Conserve-leur la joie de faire naître un homme, de développer la vie en lui. Au nom de cette vie, au nom de la naissance du Seigneur, implore avec nous la paix, la justice dans le monde. Mère de la paix, dans toute la beauté et la majesté de ta maternité, que l’Église vénère et que le monde admire, nous t’en prions : sois avec nous à chaque instant. Fais que cette année nouvelle soit une année de paix, en vertu de la naissance et de la mort de ton Fils. » Amen !



6 janvier 1979, Epiphanie, Ordination épiscopale de Mgr Macharski, archevêque de Cracovie

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6 janvier 1979

1. "Dresse-toi (Jérusalem), brille, car ta lumière survient et la gloire du Seigneur se lève sur toi" criait le Prophète Isaïe (60, 1) huit siècles avant le Christ; et aujourd'hui, au XXème siècle nous écoutons sa parole et nous admirons, nous admirons vraiment l'éclatante lumière qui en jaillit. A travers les siècles, Isaïe s'adresse à Jérusalem qui allait devenir la ville du Souverain Oint, du Messie: "Les nations marcheront à ta lumière, et les rois à la clarté de ton aurore... tes fils viennent de loin et tes filles sont portées sur le flanc... L'afflux des chameaux te submergera, les jeunes dromadaires de Madian et d'Eypha; tous ceux de Saba viendront, ils apporteront l'or et l'encens et publieront les louanges du Seigneur" (
Is 60, 3-4, 60). Nous avons devant nous — comme le dit la tradition — ces trois Rois Mages qui, de loin, viennent en pèlerinage à dos de chameau et apportent avec eux non seulement de l'or et de l'encens mais aussi de la myrrhe: les dons symboliques avec lesquels ils sont allés à la rencontre du Seigneur qui était également attendu au-delà des frontières d'Israël. Ne nous étonnons donc pas si, dans son dialogue prophétique avec Jérusalem, mené à travers les siècles, Isaïe dit à un certain moment: "...ton coeur sera frémissant et s'épanouira " (60, 5). Il parle à la cité comme si elle était un homme vivant.

Pèlerinage à Bethléem

2. "Ton coeur sera frémissant et s'épanouira". La nuit de Noël me trouvant avec ceux qui participaient à la célébration de minuit en cette Basilique, je leur ai demandé, à tous, d'être, de la pensée et du coeur, là-bas plus qu'ici; plus à Bethléem, au lieu de la naissance du Christ, dans cette grotte-étable en laquelle "le Verbe s'est fait chair" (Jn 1,14). Et, aujourd'hui, c'est à vous que je le demande, parce que c'est là, proprement là, proprement là, en ce lieu, au sud de Jérusalem, que sont venus de 1'Orient ces étranges pèlerins, les Rois Mages. Ils ont traversé Jérusalem. Ils étaient guidés par une étoile mystérieuse, l'étoile, une lumière extérieure qui se déplaçait au firmament. Mais plus encore ils étaient conduits par la foi, une lumière intérieure. Ils arrivèrent. Et ils ne furent nullement étonnés par ce qu'ils trouvèrent: ni la pauvreté, ni l'étable, ni le fait que l'Enfant était couché dans une mangeoire. Ils arrivèrent, se prosternèrent et "ils l'adorèrent". Puis ils ouvrirent les écrins et à l'Enfant-Jésus ils firent don de l'or et de l'encens dont Isaïe a précisément parlé, mais ils lui offrirent également de la myrrhe. Et après avoir accompli tout ceci, ils retournèrent chez eux.

Par ce pèlerinage à Bethléem, les Rois Mages d'Orient sont devenus l'avant-garde et le symbole de tous ceux qui, par leur foi, rejoignent Jésus, l'Enfant enveloppé de langes et couché dans la crèche, le Sauveur cloué à la Croix, Celui qui, crucifié sous Ponce-Pilate, déposé de la Croix et enseveli dans un tombeau au pied du Calvaire, ressuscita le troisième jour. Ces hommes-là, les Trois Mages venus d'Orient — trois comme le veut la tradition — sont proprement l'avant-garde et la préfiguration de tous ceux qui, d'au-delà des frontières du Peuple élu de l'Ancienne Alliance ont, animés par la foi, rejoint et continuent à rejoindre le Christ.

Le défi de Dieu
22 3. "Tout coeur sera frémissant et s'épanouira", dit Isaïe à Jérusalem. En effet, il fallait que s'épanouisse le coeur du Peuple de Dieu pour qu'il puisse contenir de nouveaux hommes, de nouveaux peuples. Ce cri du Prophète est précisément le mot-clé de l'Epiphanie. Il fallait sans cesse ouvrir toujours plus grand le coeur de l'Eglise quand y entraient des hommes toujours nouveaux; quand, dans le sillage des bergers et des Rois Mages, à Bethléem arrivaient d'Orient d'autres peuples. Et aujourd'hui il faut continuer à ouvrir ce coeur toujours plus grand, à la mesure des hommes et des peuples, à la mesure des époques et des temps. L'Epiphanie est la fête de la vitalité de l'Eglise. L'Eglise vit avec conscience la mission de Dieu qui s'accomplit à travers elle. Le Concile Vatican II nous a aidé à mieux comprendre que la "mission" est proprement le nom de l'Eglise et que, d'une certaine façon, elle en constitue la définition. L'Eglise est elle-même quand les hommes — à l'exemple des bergers et des Rois Mages d'Orient — rejoignent Jésus, par leur foi. Quand, dans le Christ-Homme et par le Christ, ils retrouvent Dieu.

L'Epiphanie est donc la grande fête de la foi. A cette fête participent autant ceux qui sont déjà parvenus à la foi, que ceux qui se trouvent en chemin pour venir à lui. Ils y participent en remerciant Dieu pour le don de la foi, tels les Rois Mages qui, au comble de la gratitude, se sont prosternés devant l'Enfant. A cette fête participe l'Eglise qui, chaque année, devient plus consciente de l'ampleur de sa mission. Combien nombreux sont les hommes à qui il faut encore porter la foi! Et combien nombreux sont également ceux qu'il faut ramener à la foi qu'ils ont perdue, et ceci est parfois bien plus difficile que la première conversion à la foi. Mais, consciente de ce grand don, le don de l'Incarnation de Dieu, l'Eglise ne peut jamais s'arrêter, jamais se lasser. Elle doit continuellement chercher l'accès à Bethléem pour chaque homme et pour chaque époque. L'Epiphanie est la fête du défi de Dieu.

En ce jour solennel les représentants de la population et de l'Archidiocèse de Cracovie sont venus à Rome pour offrir un don à l'Enfant-Jésus, un don qui s'exprime dans l'ordination épiscopale du nouvel Archevêque de Cracovie. C'est un don de la foi, de l'amour et de l'espérance. Qu'il me soit permit de leur parler en ma langue maternelle.

Le salut aux polonais

4. Jean Paul II rappelle brièvement, en langue polonaise, l'essentiel de son exposé précédent, soulignant notamment le caractère exceptionnel du fait qu'après 1000 ans d'histoire chrétienne l'Eglise de Pologne voit le Pape, qu'elle-même a donné à l'Eglise Universelle, conférer l'ordination épiscopale à son successeur au siège archiépiscopal de Cracovie. Il termine la partie polonaise de son discours par une invitation à poursuivre sur le chemin de la foi, du témoignage chrétien, et il ajoute, s' adressant au nouvel élu: "Toi, surtout, François, nouvel Archevêque métropolitain de Cracovie, transmets la foi aux générations futures". Après quoi, Jean Paul II reprend son homélie en langue italienne.

Sous cette lumière

5. Dresse-toi, Jérusalem! "Ton coeur sera frémissant et s'épanouira!" Là-bas, près de la crèche de Bethléem où nous sommes allés par la pensée et le coeur, nous nous sommes recueillis avec ceux qui sont venus d'Orient, avec les Rois Mages, témoins admirables de la foi en Dieu Incarné; et nous nous retrouvons dans cette basilique ici. Ici, où de manière particulière, la prophétie d'Isaïe s'est accomplie au cours des siècles. D'ici, la lumière de la foi s'est répandue sur tant d'hommes et sur tant de peuples! Ici, grâce à Pierre et à son Siège, une mutitude innombrable est entrée et entre toujours dans cette grande communauté du Peuple de Dieu, dans l'union de la Nouvelle Alliance, dans les tabernacles de la Nouvelle Jérusalem.

Et aujourd'hui, le successeur de Pierre que peut-il souhaiter de mieux à cette Basilique, à sa nouvelle Chaire, sinon qu'elle serve à l'Epiphanie? qu'en elle et par elle, les hommes de notre temps et de tous les temps, les hommes provenant de l'Orient et de l'Occident, du Nord et du Sud, parviennent à Jérusalem, arrivent au Christ par la foi.

Alors, une fois de plus donc, j'emprunte à Isaïe ses paroles pour formuler mes voeux "Urbi et Orbi" et dire: Dresse-toi ton coeur sera frémissant et s'épanouira!".

Dresse-toi! Et sème la force de ta foi! Que le Christ t'illumine sans cesse! Que les hommes et les peuples marchent sous cette lumière!

Amen!

7 janvier 1979, Messe en polonais dans la chapelle Sixtine, Voeux à Cracovie et à la Pologne

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Le 7 janvier, en la chapelle Sixtine, le pape a célébré la messe en langue polonaise, qui était ainsi la première à être retransmise par Radio Vatican. Voici la traduction de l’homélie prononcée à cette occasion par le Saint-Père.

Très chers Frères et Soeurs en le Christ,

Avec vive émotion je célèbre l'Eucharistie dans ma langue natale. Je le fais en la Chapelle Sixtine, on ce lieu où le 16 octobre 1978 j'ai entendu le nouvel appel du Seigneur, où je l'ai accepté dans un esprit d'obéissance et de foi envers Mon Sauveur et de pleine confiance envers, la Vierge, Mère de Dieu et Mère de l'Eglise. Aujourd'hui au même endroit, je célèbre pour la première fois l'Eucharistie dans ma langue maternelle, profitant de l'invitation de Radio Vatican qui, dorénavant, transmettra chaque dimanche la Sainte Messe en langue polonaise à l'intention de tous ceux qui éprouvent des difficultés à participer à la Messe. J'exprime donc ma grande joie et mes remerciements à Dieu pour cette initiative qui satisfait au désir depuis longtemps manifesté par mes compatriotes en Pologne et dans le monde entier. On sait que dans les différents pays du monde la langue de nos pères n'a pas cessé d'être celle de la prière pour de nombreuses personnes. Je suis heureux de pouvoir aujourd'hui, grâce aux ondes radiophoniques, les rejoindre, avec tous les fidèles ici présents, dans l'unité du sacrifice eucharistique. Je crois, en toute confiance, que je pourrai de la même manière, me rencontrer et m'unir avec mes frères et mes soeurs également dans les autres langues. Cette unité dans l'Eucharistie, dans la liturgie de la Parole, dans la liturgie du sacrifice fait du corps et du sang du Christ, je la considère comme essentielle et fondamentale pour le Successeur de Pierre, pour cet Apôtre à qui le Seigneur a dit: "Toi, donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères" (
Lc 22,32). Quand aujourd'hui, en célébrant le sacrifice du Christ, je vous rencontre, mes très chers compatriotes, je me souviens de ces rencontres annuelles où, comme Archevêque de Cracovie, je considérais comme un honneur de me retrouver avec les représentants de toutes les paroisses de notre cité royale. Cette rencontre avait toujours lieu le jour de la fête des Rois Mages, au cours de la Messe célébrée le soir en la Cathédrale de Wavel. A ce moment nous échangions également les voeux pour l'Année Nouvelle. Aujourd'hui, en cette circonstance si particulière, je veux répéter ces voeux. Voilà qu'en ce moment se trouvent réunis en la Chapelle Sixtine les représentants de l'Archidiocèse de Cracovie et des Polonais résidant à Rome qui, hier, sont venus ici pour participer à la consécration épiscopale de mon successeur au siège archiépiscopal de Cracovie. A eux tous, et particulièrement au Métropolitain de Cracovie, j'adresse tous mes voeux que je prends au coeur même de l'Eucharistie.

Je suis content de votre présence, très chers frères et soeurs qui êtes venus de ma bien-aimée ville de Cracovie, et de l'Archidiocèse; permettez-moi de donner beaucoup plus d'extension à ces voeux et de les adresser à notre chère patrie tout entière, à tous nos compatriotes, à tous ceux qui m'écoutent en ce moment, puis aussi à tous ceux qui ne peuvent m'écouter. J'adresse ces voeux à toutes les familles, à toutes les générations, aux personnes âgées, aux souffrants, aux malades, aux hommes en pleine vigueur, aux parents et aux éducateurs; en même temps, à toute la jeunesse et à tous les enfants; aux hommes qui travaillent durement, physiquement, aux hommes de science et de culture. Ces voeux, je les adresse à toutes les professions sans exceptions. Chaque année, au mois de janvier, entre groupes divers, à l'occasion de 1'"oplatek" (note du traducteur: l'oplatek est le pain bénit que les familles se partagent en signe d'unité). Aujourd'hui je romps en esprit l'oplatek en présence de vous tous. Par ce geste au début de l'an, par ce geste de la main et du coeur, je veux rejoindre toute l'Eglise de Pologne, tous les diocèses et toutes les paroisses les religieux et les religieuses, tous les prêtres, tous mes frères en l'Episcopat, avec, premier de tous, notre bien-aimé Primat. Je me rends en esprit près de tous les centres catholiques d'études supérieures, près de tous les séminaires, près de toutes les associations de jeunesse, recueillies dans leurs retraites spirituelles, dans le travail pour former l'homme nouveau en Jésus-Christ.

L'année 1979 est celle du jubilé de Saint Stanislas: le neuvième centenaire de son martyre. En vue du jubilé de ce patron des Polonais, au début de cette année jubilaire, je forme avant tout des voeux pour l'unité spirituelle. Saint Stanislas, par son sacrifice d'abord, sa canonisation ensuite, est devenu la source et l'inspiration de cette unité pour nos ancêtres. Aujourd'hui nous avons besoin de la même unité spirituelle de notre patrie, après toutes les épreuves qui ont marqué son histoire. Nous avons besoin de l'unité de l'esprit et de la force de l'esprit. Ce sont là mes voeux les plus chaleureux. Je désire que ces voeux parviennent à tous. Je souhaite que ceux qui sont au pouvoir puissent bien servir pour le bien commun de toute la nation. La nation pour laquelle de tout mon coeur je désire la paix; pour laquelle, en tant qu'un de ses fils, je désire tout le bien; elle mérite d'être respectée dans la grande famille des nations. Pendant un millénaire, cette Eglise a fidèlement et tenacement servi la nation et encore aujourd'hui elle sert la nation.

Dans la liturgie d'aujourd'hui le Prophète Isaïe parle du futur Messie, du Christ:

"Voici mon serviteur que Je soutiens, Mon élu en qui mon âme se complaît. J'ai mis mon esprit en lui. Il fera connaître aux nations un jugement. Il ne criera pas, il n'élèvera pas la voix, il ne fera pas entendre sa parole dans la rue. Il ne brisera pas le roseau ployé et n'éteindra pas la mèche qui faiblit. Il fera connaître le jugement selon la vérité. Il ne faiblira pas, il ne ploiera pas, jusqu'à ce qu'il ait imposé sur la terre le jugement et les îles entendront son enseignement" (Is 42,1-4).

Je souhaite que le Christ, Jésus-Christ, soit avec vous tous pendant l'année qui vient de commencer, l'année 1979 après sa naissance. Anno Domini! Amen!



VISITE À LA PAROISSE ROMAINE SANTA MARIA LIBERATRICE

14 janvier 1979



24 Chers frères et soeurs !

Nous avons entendu, dans la liturgie d'aujourd'hui, la Parole de Dieu qui nous est rapportée par le livre de Samuel, l'épitre de saint Paul aux Corinthiens et l'Evangile de saint Jean. Bien que les textes que nous avons entendus soient très différents entre eux, la Parole de Dieu de ce dimanche évoque surtout une question: "la vocation", "l'appel". Ceci est mis en relief dans le livre de Samuel : Dieu appelle un jeune homme par son nom ; il l'appelle d'une voix claire, prononçant son nom. Samuel entend la voix et, par trois fois, il s'arrache à son sommeil, et il ne parvient pas, ces trois fois, à comprendre à qui appartient cette voix, qui l'appelle par son nom. Ce n'est que la quatrième fois, informé par Eli, qu'il donne la réponse convenable : "Parle, Seigneur, car ton serviteur écoute" (
1S 3,9).

Le passage du livre de Samuel nous permet de mieux comprendre la vocation des premiers apôtres, d'André et de Pierre appelés par Jésus. Et, eux aussi, ils accueillent l'appel, ils suivent Jésus, d'abord André qui annonce à son frère : "Nous avons trouvé le Messie" ; puis, à son tour, Simon à qui, durant sa première rencontre, Jésus fait part de son nouveau nom : "Cefa", ("ce qui veut dire Pierre") (Jn 1,42). L'Apôtre écrit au destinataire de sa lettre : "Ou bien ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint-Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu ? Et que vous ne vous appartenez pas ? Vous avez bel et bien été achetés" (1Co 6,19-20).

Dieu qui appelle l'homme à son service et qui lui assigne une tâche, en a fondamentalement le droit. Et lui seul a ce droit car il est le Créateur et le Rédempteur de chacun de nous. S'il nous appelle, s'il nous invite à suivre une certaine voie, il le fait pour éviter que nous gaspillions son oeuvre ; pour que nous répondions avec notre propre vie au don que nous avons reçu de lui ; pour que nous vivions d'une manière digne de l'homme qui est un "temple de Dieu"; pour que nous soyons capables d'accomplir ce devoir particulier qu'il veut nous confier.

2. La paroisse qui, ainsi que l'affirme le Concile Vatican II, est "comme la cellule" du diocèse (cf. Décr. Apostolicam Actuositatem AA 10) est précisément le milieu où le chrétien doit entendre l'appel que Dieu lui adresse, l'accueillir et le réaliser ; et, en ceci, il est certainement aidé par la foi et par la vie de foi de toute la communauté paroissiale. Vie de foi, qui a son début dans la famille, dynamiquement insérée dans la paroisse et qui se développe depuis le baptême jusqu'à la rencontre avec le Christ dans la mort, suivant le principe d'étroite collaboration entre famille et paroisse, qui collaborent dans la formation du chrétien conscient et mûr. Voilà pourquoi on ne saurait se passer de la catéchèse paroissiale qui intègre et complète l'enseignement de la religion donné dans les écoles et qui relie la connaissance religieuse à la vie sacramentelle.

C'est exactement dans ce contexte que chaque paroissien — les jeunes principalement — doit s'interroger consciemment sur sa propre existence chrétienne : "Dieu, à quoi m'appelle-t-il ?". Ce pourrait être l'appel à une profession déterminée qui le mette au service d'autrui, de la société, comme être médecin, professeur, avocat, ouvrier, etc... ; ou la vocation à la vie familiale moyennant le sacrement du mariage ; ou, pour quelques-uns, l'appel au service exclusif de Dieu — aujourd'hui la liturgie nous le rappelle — semblable à celui adressé à Samuel, à André, à Pierre. Mais toute la vie de l'homme et du chrétien, fruit de l'amour infini de Dieu le père, est une "vocation" qui embrasse les différentes étapes de l'existence et donne un sens aux diverses situations et même à la souffrance, à la maladie, à la vieillesse. Toujours et en toute circonstance le chrétien doit être prêt à répéter, avec foi et conviction, la réponse du jeune Samuel : "Parle Seigneur; ton serviteur t'écoute" (1S 3,9).

3. J'aimerais que cette émouvante et généreuse disponibilité à l'appel de Dieu reste toujours vive chez tous les fidèles de cette paroisse, afin qu'ils forment une communauté vivante, heureuse et fière de dire "oui" au Christ et à son Eglise.

J'adresse une affectueuse pensée au Curé et à ses collaborateurs qui, avec abnégation, consacrent toutes leurs énergies au bien de la paroisse ; puis aux enfants, source de réconfort et d'espérance ; aux adolescents qui font leurs premiers pas, peut-être même très difficiles, dans les engagements de la vie ; aux jeunes qui cherchent la joie, la plénitude de la joie ; aux adultes qui désirent contribuer de toutes leurs forces à l'édification d'une société plus juste, plus sereine; aux pères et aux mères qui veulent conserver et raviver la force de leur union indissoluble ; aux malades qui soufrent dans le corps et dans l'esprit; aux personnes âgées, avides de compréhension, d'affection et du respect mérité.

Un particulier souvenir et salut aux religieux et religieuses qui accomplissent leur méritoire apostolat dans le cadre de la paroisse ; aux salésiens de Don Bosco qui, depuis 75 ans, travaillent avec un inlassable dévouement dans ce quartier du Testaccio ; aux Filles de la Divine Providence ; aux Filles de Marie Auxiliatrice ; à la Congrégation des soeurs enseignantes de sainte Dorothée, Filles du Sacré-Coeur.

4. Votre paroisse, chers frères et soeurs, est dédiée à sainte Marie Libératrice : du haut de l'autel majeur son image vous sourit : elle est un fragment d'une fresque extrêmement ancienne qui appartenait à l'église "Sainte Marie Libératrice au Forum romain" sur laquelle nous sommes informés dès le XIIème siècle.

Le titre sous lequel vous invoquez la Vierge Très Sainte est riche de signification : l'homme apprécie beaucoup la liberté, mais, en même temps, il arrive souvent qu'il ne sache pas en jouir ; il en jouit très mal. Souvent il se fait qu'en usant mal de la liberté, l'homme la perde ; il cesse d'être libre.

25 Le Christ nous enseigne le bon et parfait emploi de la liberté. Saint Paul en était tout particulièrement conscient quand il écrivit aux Galates : "C'est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés" (Ga 5,1).

La Mère du Christ collabore avec son Fils dans cette grande oeuvre qu'il a voulu accomplir en chacun de nous. Elle le fait de cette manière maternelle que seule une mère est capable d'exprimer.

Chers frères et soeurs !

Confions notre liberté à Marie. Elle nous aidera à découvrir ce véritable bien qu'il y a dans la liberté.

Elle nous aidera à faire de la liberté le meilleur usage. Elle, qui "libère" comme le fait chaque mère. Nous avons conscience que le fait de savoir qu'elle est là, qu'elle ressent tout ce qui peut nous embarrasser, nous avilir, nous humilier, déjà nous soulage le coeur d'un grand poids.

Il suffit parfois d'un mot, d'un regard, d'un sourire qui vient d'elle.

Elle "libère" avec bonté, d'une manière maternelle.

L'homme tombé très bas, "entortillé" dans ses nombreux liens, a besoin de cette sécurité. Il a besoin de Quelqu'un qui pense à lui comme à un propre fils. Quelqu'un devant qui il a gardé toute sa valeur.

La Vierge est une Mère qui "libère" au moyen de l'amour.

Je te supplie, Mère de Dieu, Patronne de cette paroisse : à tous tes fils et à toutes tes filles, montre-toi Libératrice !

Sainte Marie Libératrice, prie pour nous !








Homélies St Jean-Paul II 18