Homélies St Jean-Paul II 306


CÉRÉMONIE DE BÉATIFICATION DE JOSÉ MANYANET Y VIVES,

DANIEL BROTTIER ET ELISABETH DE LA TRINITÉ

307 Basilique Vaticane
Dimanche, 25 novembre 1984



1.Quelli che sono di Cristo” (
1Co 15,23).

Oggi, solennità di Cristo Re, la Chiesa mediante questa cerimonia di beatificazione pone davanti a noi tre grandi figure.

Abbiamo ascoltato i loro nomi. I vescovi, come pastori delle Chiese locali, hanno esposto la testimonianza circa la loro vita eroica:

- José Manyanet y Vives, sacerdote, fondatore della Congregazione dei figli della Sacra Famiglia e dell’Istituto delle figlie missionarie della Sacra Famiglia di Nazaret.

- Daniel Brottier, sacerdote della Congregazione dello Spirito Santo e del Cuore immacolato di Maria,

- Suor Elisabetta della Santissima Trinità, religiosa dell’Ordine delle Carmelitane scalze.

Ecco “quelli che sono di Cristo”.

Nell’ultima domenica dell’anno liturgico, la Chiesa desidera venerare Cristo come “re dei secoli”, accogliendo con gioia la testimonianza dei suoi figli e delle sue figlie, nei quali il segno di appartenenza a Cristo è stato messo particolarmente in evidenza.

Il Vangelo dell’odierna solennità ci permette di comprendere meglio in che modo ogni uomo è chiamato a dare testimonianza alla sua appartenenza a Cristo; in che modo egli deve diventare partecipe del suo regno.

308 Ecco, dinanzi all’assemblea di tutte le nazioni, alla fine del mondo, Cristo re e pastore pronunzia questo giudizio:

Venite, benedetti del Padre mio, ricevete in eredità il regno preparato per voi fin dalla fondazione del mondo.

Perché io ho avuto fame e mi avete dato da mangiare, ho avuto sete e mi avete dato da bere; ero forestiero e mi avete ospitato, nudo e mi avete vestito, malato e mi avete visitato, carcerato e siete venuti a trovarmi (
Mt 25,34-36).

I giusti chiedono: quando? . . . quando e dove abbiamo fatto tutto questo?

Cristo pastore e re risponde: “Ogni volta che avete fatto queste cose a uno solo di questi miei fratelli più piccoli, l’avete fatto a me” (Mt 25,40).

Ecco in quale modo il segno dell’appartenenza a Cristo appare nell’uomo. Ecco in che modo l’uomo si prepara ad entrare nel regno di Cristo. Per ricevere “in eredità il regno preparato... fin dalla fondazione del mondo” (Mt 25,34). Il regno preparato dal Padre, il regno preparato in Gesù Cristo, crocifisso e risorto: in Gesù Cristo pastore delle anime e re dei secoli.

2. La primera figura que la Iglesia nos pone delante esta mañana, para ofrecerla como ejemplo de trabajador modelo por el Reino de Dios en Cristo, es la del Beato José Manyanet y Vives, un hijo ilustre de tierras de Cataluña en España.

El motivo de la exaltación de este sacerdote y fundador de dos Congregaciones religiosas, no es otro que su heroica entrega al amor de Dios y a la causa de Cristo en el servicio al prójimo. Ello le llevó a poner todas sus fuerzas - a pesar de las limitaciones de la enfermedad - en procurar sobre todo “el honor de la Sagrada Familia y el bien de las familias y de los niños”. Ese es el carisma propio que penetra toda su vida, sumida en el misterio de una vocación evangélica aprendida en los ejemplos de Jesús, María y José en el silencio de Nazaret.

En un difícil momento histórico, en que ciertas ideologías apuntaban a la penetración en la sociedad mediante la erosión de la familia, el nuevo Beato mira con clarividencia a los ejemplos de santidad nazarena que enseña la Sagrada Familia. De ahí nace su empeño apostólico, para tratar de llevar tal mensaje al mundo y hacer de cada hogar un Nazaret. ¡Cómo se esforzará, por ello, en invitar a cada familia - la joya más preciosa, como él la llamará - a mirar a Nazaret y construir un modelo de vida según el plan de Dios, basado a la vez en los genuinos valores humanos!

En esa misma línea, se dedica con entusiasmo a ofrecer a niños y jóvenes la pedagogía del Evangelio de Nazaret, con gran amor y respeto por la vocación de cada uno, y en vistas de una educación armónica. ¡Cuánto puede enseñar el nuevo Beato a nuestra sociedad actual!

3. Y ahora unas palabras para los conciudadanos del nuevo Beato en lengua catalana: Estimats pelegrins: procureu ser fidels a l'exemple de vida i al missatge del vostre conciutadà. Porteu el model de la Sagrada Família a les vostres llars. Feu de cada llar un Nazaret, segons l'anhel apostòlic del Beat Josep Manyanet

309 4. Parmi “ceux qui sont au Christ”, nous distinguons Daniel Brottier. Il a rejoint la Congrégation des Pères du Saint-Esprit pour répondre à l’appel missionnaire de la manière la plus ardente. Parti en Afrique, il se dévoue sans compter au service de la communauté chrétienne de Saint-Louis du Sénégal, et notamment des jeunes. Son zèle apostolique le conduit à prendre sans cesse de nouvelles initiatives pour que l’Eglise soit vivante et la Bonne Nouvelle entendue. Même éloigné de ce champ d’action, il ne cesse pas d’aider à bâtir l’Eglise au Sénégal.

Disciple du Christ, il l’est aussi par l’épreuve de la souffrance: la douleur physique ne le quitte pas. Et, volontaire sur le front, il soigne et réconforte les blessés par sa présence courageuse. Aux soldats mourants, il porte le secours de Dieu. La guerre passée, il travaille à prolonger la fraternité née entre ces hommes dans le dépouillement et le don de soi héroïque.

Quand il reçoit la charge des orphelins d’Auteuil, c’est à leur service qu’il déploie avec force l’activité la plus débordante qui le fera connaître bien au delà de Paris. Rien n’arrête sa charité quand il s’agit d’accueillir, de nourrir, de vêtir des enfants délaissés et meurtris par la vie. Innombrables sont ceux qu’il associe à cette oeuvre profondément évangélique. Parce qu’il faut loger ces jeunes et les mettre dans un climat chaleureux, les aider à acquérir un métier et à bâtir leur avenir, le Père Brottier multiplie les appels et constitue une chaîne toujours vivante d’active solidarité.

Prêtre, religieux, sa grande activité “découlait de son amour de Dieu”, comme l’a dit un témoin. A la fois humble et vrai, actif jusqu’aux limites du possible, serviteur désintéressé, Daniel Brottier avançait avec audace et simplicité car il travaillait “comme si tout dépendait de lui, mais aussi sachant que tout dépend de Dieu”. Il avait confié les enfants d’Auteuil à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qu’il appelait familièrement à l’aide, assuré de son soutien efficace à tous ceux pour qui elle avait offert sa propre vie.

Le bienheureux Daniel Brottier a achevé son oeuvre sur la terre par un “fiat” courageux. Aujourd’hui nous le savons secourable aux pauvres qui l’invoquent car il communie à l’amour du Sauveur qui animait tout son service sacerdotal.

5. Presque contemporaine de Thérèse de l’Enfant-Jésus, Elisabeth de la Trinité fait une expérience profonde de la présence de Dieu, qu’elle mûrit de manière impressionnante en quelques années de vie au Carmel. Nous saluons en elle un être comblé de dons naturels; elle était intelligente et sensible, pianiste accomplie, appréciée de ses amis, délicate dans l’affection des siens. Voici qu’elle s’épanouit dans le silence de la contemplation, rayonne du bonheur d’un total oubli de soi; sans réserve, elle accueille le don de Dieu, la grâce du baptême et de la réconciliation; elle reçoit admirablement la présence eucharistique du Christ. A un degré exceptionnel, elle prend conscience de la communion offerte à toute créature par le Seigneur.

Nous osons aujourd’hui présenter au monde cette religieuse cloîtrée qui mena une “vie cachée en Dieu avec Jésus Christ” car elle est un témoin éclatant de la joie d’être enraciné et fondé dans l’amour. Elle célèbre la splendeur de Dieu, parce qu’elle se sait habitée au plus intime d’elle-même par la présence du Père, du Fils et de l’Esprit en qui elle reconnaît la réalité de l’amour infiniment vivant.

Elisabeth a connu elle aussi la souffrance physique et morale. Unie au Christ crucifié, elle s’est totalement offerte, achevant dans sa chair la passion du Seigneur, toujours assurée d’être aimée et de pouvoir aimer. Elle fait dans la paix le don de sa vie blessée.

A notre humanité désorientée qui ne sait plus trouver Dieu ou qui le défigure, qui cherche sur quelle parole fonder son espérance, Elisabeth donne le témoignage d’une ouverture parfaite à la Parole de Dieu qu’elle a assimilée au point d’en nourrir véritablement sa réflexion et sa prière, au point d’y trouver toutes ses raisons de vivre et de se consacrer à la louange de sa gloire.

Et cette contemplative, loin de s’isoler, a su communiquer à ses soeurs et à ses proches la richesse de son expérience mystique. Son message se répand aujourd’hui avec une force prophétique. Nous l’invoquons: disciple de Thérèse de Jésus et de Jean de la Croix, qu’elle inspire et soutienne toute la famille du Carmel; qu’elle aide beaucoup d’hommes et de femmes, dans la vie laïque ou la vie consacrée, à recevoir et partager les “flots de charité infinie” qu’elle recueillait “à la Fontaine de Vie”.

6. Alors qu’elle porte son regard sur ces trois hautes figures, l’Eglise désire aujourd’hui professer la foi apostolique au Règne du Christ, affirmer qu’elle croit que vraiment il règne.

310 Car le Christ “est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité” (1Co 15,20).

Dans l’histoire des hommes vaincus par la mort, Il a, le premier, remporté la victoire sur la mort.

C’est une victoire pour lui - et, en même temps, c’est une victoire pour nous.

“C’est en Adam que meurent tous les hommes; c’est dans le Christ que tous revivront” (Ibid. 15, 22).

Tous ceux qui lui appartiennent par la grâce et l’amour ont en eux la Vie nouvelle: la Vie du Royaume que le Père a préparé “depuis la création du monde”.

Dans cette Vie nouvelle s’épanouira la victoire du Christ sur tout ce qui est contraire au règne de Dieu dans la création visible et invisible. “C’est lui, en effet, qui doit régner jusqu’au jour où "il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis". Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort” (Ibid.15, 25-26).

7. El Padre eterno no solamente ha preparado desde la creación del mundo el Reino de gracia y amor, el Reino de vida nueva y de vida eterna.

A la vez el Padre celestial “ha asignado como tarea” este Reino a su Hijo Eterno, cuando se hizo hombre.

Todos los que de cualquier nación, generación, raza, siglo e Iglesia en la tierra, han aceptado participar en esta tarea salvífica y redentora, pertenecen a Cristo. Ellos esperan asimismo el testimonio definitivo, cuando Cristo, con su llegada al fin del mundo, “entregue a Dios Padre el Reino” (Ibid. 15, 24).

El Reino de Dios se completará más allá del término de la historia humana. Se realizará donde tuvo su inicio: en el amor del Padre correspondido hasta el final por el amor del Hijo.

“Cuando le queden sometidas todas las cosas, entonces el mismo Hijo se sujetará a quien a El todo se lo sometió, para que sea Dios en todas las cosas” (1Co 15,28).

311 Este es el sentido definitivo del Reino de Dios: Dios que es todo en todos. Los que han aceptado este sentido, abriendo al mismo sus corazones y sus obras, son bienaventurados.

“Venid, benditos de mi Padre, tomad posesión del Reino . . .”.
1985



   Mai 1985


Voyage Apostolique aux Pays-Bas


(11 - 21 mai 1985)



Solennité de l'Ascension du Seigneur
Luxembourg - Jeudi, 16 mai 1985



… en allemand

5. Chers Frères et Soeurs! L’Eglise qui est au Luxembourg est appelée, à son tour, à prendre la route de Jésus Christ; elle est, elle aussi, une Eglise en pèlerinage. Mais où en est-elle aujourd’hui? Quelle est sa route en 1985?

Dans le passé, votre pays du Luxembourg a surmonté heureusement beaucoup de difficultés et écarté bien des menaces, celles de la guerre, des troubles politiques, du dénuement. Grâce à votre dynamisme, le niveau de vie s’est élevé dans le pays. Un aéroport, des émetteurs de radio et de télévision, des Organisations et des banques internationales ont ouvert votre ville à l’Europe et l’ont rendue accueillante pour tous. “Le Luxembourg appartient à la société d’opulence avec ses avantages, ses ombres et ses excès”, ainsi s’exprimait votre quatrième synode diocésain.

Cependant, sur cette place qui a été témoin de la première vénération pour l’image de la “Consolatrice des affligés”, je voudrais aujourd’hui reprendre certaines questions importantesque vous a posées votre Evêque dans sa lettre pastorale du mois d’octobre dernier: “Qu’en est-il de la foi et de la prière dans nos familles, de la sanctification du dimanche, de la transmission de la foi aux jeunes générations? Qu’est-ce qui manque à notre communauté de foi, quand les vocations sacerdotales et religieuses aboutissent en si petit nombre? Notre espérance est-elle ce sel de la terre qui doit redonner saveur, c’est-à-dire sens et plénitude, à la vie de tant d’hommes, devenue plate et insipide dans le vide spirituel de notre époque? Nos communautés chrétiennes sont-elles ces villes sur la montagne, dont la lumière brille aux yeux des hommes afin qu’ils rendent gloire à notre Père des cieux? L’amour que Dieu nous témoigne nous ouvre-t-il les yeux pour ce qui doit changer dans nos rapports humains, afin que notre société soit davantage imprégnée de justice et d’amour?”.

Le Christ nous a appris à mener notre vie comme un cheminement vers le Père. En tant que chrétiens, notre réflexion et notre action doivent sans cesse tenir compte du Dieu du ciel; oui, et même lui accorder la première place. “Notre Père qui es aux cieux”: puisqu’il nous est permis de dire cette prière, reprenons-la sans nous lasser! Si nous contemplons l’Ascension du Christ, si nous allons vers le Père à sa suite, ce n’est pas pour regarder vers le ciel comme en rêve, ce n’est pas pour rester passifs et oublier nos responsabilités quotidiennes dans les événements concrets. Au contraire, le Notre Père nous apprend en même temps à prier et à faire tout notre possible pour que la volonté de Dieu se réalise dès maintenant parmi nous, pour que “le ciel vienne sur terre”, pour que le Règne de Dieu s’instaure dans nos coeurs, dans nos familles et dans la société.

312 Cependant, éblouis par le progrès et le bien-être, les hommes d’aujourd’hui ne portent souvent leur regard que vers la terre; ils ne regardent pas plus loin que le monde où ils s’enferment, ils acceptent la sécularisation. On organise consciemment son mode de vie en fonction des seules réalités d’ici-bas, sans aucune attention à Dieu et à sa volonté. C’est depuis toujours la même tentation d’oublier Dieu, ou du moins de vivre comme s’il n’existait pas (Cfr. Sap Sg 2,19). Cette manière de vivre, où l’on se refuse à regarder vers le Père des cieux, ne peut cependant pas éteindre en l’homme l’aspiration profonde qui est en lui, parce qu’il a un destin éternel. Pourtant, son aveuglement l’amène à se nourrir d’illusions, à idolâtrer les réalités terrestres: cela le déçoit profondément et il en vient à des comportements suicidaires. Quand l’homme croit se réaliser par ses forces, il réduit au silence le désir de Dieu qui est en lui, pour se livrer à la recherche insatiable et égoïste du plaisir.

Mais je voudrais être auprès de vous un message de joie (Cfr. 2Co 1,24); au nom de Celui qui nous a promis la plénitude de la vraie vie, précisément en cette fête de l’Ascension du Christ, je vous encourage à orienter votre regard, votre pensée et vos recherches vers “en haut”, vers le Christ qui nous précède. Nous avons besoin de ce regard vers le ciel, car il nous aide à faire bon usage des biens temporels; ainsi, nous ne perdrons pas le bien éternel, c’est-à-dire l’amitié de Dieu. Nous avons besoin de porter notre regard de croyants sur Dieu qui est le Père de tous. Lui seul nous rend capables de cette fraternité qui est nécessaire pour avoir le courage de combattre la faim parmi les hommes, d’établir la paix dans le monde, d’apaiser les conflits, pour vaincre le mal par le pardon et choisir la vie plutôt que la mort.

6. Les paroles que Moïse adressait au Peuple de Dieu dans l’ancienne Alliance gardent leur valeur pour nous, chrétiens: “Je te propose de choisir entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance” (Dt 30,19).

La route de notre pèlerinage sur la terre demande que nous choisissions sans cesse entre la “vie” et la a mort”: la vie éternelle ne se trouve qu’en Dieu; par lui-même, le monde ne peut offrir aux hommes finalement que la certitude de la mort.

La foi oriente notre regard vers le Père, elle nous entraîne vers lui par le Christ qui est le vainqueur du monde. Ouvrez à Dieu votre vie, ouvrez votre vie de chaque jour à Dieu par la prière! Priez quotidiennement le Notre Père, comme les chrétiens ont pris l’habitude de le faire dès les premiers temps. Ouvrez à Dieu votre semaine de travail par la sanctification du dimanche et la participation régulière à l’Eucharistie. Respectez le jour du Seigneur comme un bien précieux! Cela peut nous éviter de devenir les esclaves du travail ou des divertissements. Dans le mariage et la famille, rappelez-vous vos responsabilités les uns envers les autres. Sanctifiez la vie du foyer selon l’enseignement de l’Eglise! Vivez de la foi, pour que la foi chrétienne puisse grandir aussi chez vos enfants et chez les jeunes.

Choisissez la vie que Dieu vous donne dans l’Eglise par le Christ car sa promesse est pour toujours! Dans votre vie, donnez, aux valeurs spirituelles et religieuses la première place, avant les valeurs matérielles! Défendez les valeurs morales fondamentales dans la société; seules elles garantissent une vie commune digne de l’homme. Celui qui s’engage résolument en faveur du droit et de la justice là où il exerce ses responsabilités personnelles, celui-là peut s’engager aussi à défendre fermement les grandes aspirations des peuples et de l’humanité. Et celui qui le fait dans l’esprit du Christ sait qu’il contribue ainsi à la venue du Règne de Dieu en notre temps; dans le Notre Père, nous prions spécialement pour que ce chemin soit préparé. Malgré toutes les menaces réelles que la guerre atomique et la dégradation morale font peser sur l’humanité, le croyant sait à qui appartiendra finalement l’avenir. L’Evangile de l’Ascension nous l’annonce: “Il reviendra!”. Dieu est le premier, il sera aussi le dernier. Jésus est l’Alpha et l’Oméga de toute l’histoire, celui qui est, qui était et qui vient (Cfr. Act Ac 1,8).

7. Chers Frères et Soeurs, puisse ma visite pastorale, inspirée par le thème du Notre Père, vous aider à reprendre mieux: conscience de la grâce de votre vocation chrétienne et de vos responsabilités! La fête de l’Ascension donne une force incomparable à la prière du Seigneur: en célébrant le Christ monté aux cieux, toute la communauté se tourne vers le Père, comme nous le faisons humblement chaque jour dans la prière que le Seigneur nous a confiée.

L’Apôtre Paul a écrit dans la lettre aux Ephésiens: “Que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment.Qu’il ouvre votre coeur à sa lumière pour vous faire comprendre l’espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles, et la puissance infinie qu’il déploie pour nous, les croyants” (Ep 1,17-19).

Dans ce pays, les témoins de la foi ont annoncé le Christ, lui, l’homme glorifié sur la Croix etassis à la droite du Père. Dans ce pays, de nombreuses générations d’hommes ont redit la prière du Notre Père. Vous-mêmes, vous l’avez choisie comme thème conducteur de la visite qu’accomplit parmi vous l’Evêque de Rome, le successeur de Pierre.

Que cette prière soit toujours pour vous un soutien, chers Frères et Soeurs:

- qu’elle aide votre génération et les générations suivantes à connaître Dieu plus profondément;

313 - qu’elle “illumine les yeux de votre coeur”, afin que rien ne vous trouble ou vous aveugle;

- qu’elle vous rende toujours plus conscients “de l’espérance que donne son appel, à vous, les chrétiens”;

- qu’elle vous fasse comprendre “quel Royaume vous donne la gloire sans prix de l’héritage”que le Christ nous a laissé, grâce à sa naissance de la Vierge Marie;

- qu’elle vous fasse découvrir “la puissance infinie qu’il déploie pour nous les croyants”: cette puissance qui a été manifestée par sa Résurrection et par son Ascension!

Jésus Christ: vrai Fils de Dieu!

Jésus Christ: vrai homme, qui siège “à la droite de Dieu”!

Amen.

O Christ, Seigneur, Fils bien-aimé du Père,
Ami de l’homme, Maître qui aimes la vie,
tu n’oublies aucune créature.

Regarde l’Eglise qui est à Luxembourg,
314 envoie en elle le souffle vivifiant et le feu de ton Esprit.
Marque-la du sceau de l’Esprit Saint,
rappelle aux baptisés qu’ils sont membres de ton Corps.
Habite en leurs coeurs par la foi.
Enracine-les et fonde-les dans l’amour.
Ouvre-les à la louange de ta gloire.

O Christ, Seigneur, Puissance et Sagesse de Dieu,
tu amèneras toute chose à son accomplissement,
car la puissance de ton amour surpasse toute connaissance;
tu peux nous donner plus que ce que nous savons demander.

Donne à ton peuple un esprit de sagesse,
315 illumine les yeux de son coeur
afin qu’il accueille en ta Parole le ferment de toute sa vie
de la famille et de la société, du travail et du loisir,
de l’enfance et de la jeunesse,
de l’âge adulte et de la vieillesse.

O Christ, Sagesse de Dieu,
reflet resplendissant de sa gloire et expression de son être,
tu portes l’univers par la puissance de ta Parole.
Apprends à ce peuple le vrai sens des choses de ce monde
et l’amour des biens éternels,
afin qu’il sache disposer de tes dons
316 en discernant le bien et le mal.

Donne-lui l’amour dans les relations familiales,
la justice dans les relations sociales,
la vérité dans les communications,
la réconciliation dans les conflits.

Aide les hommes de ce pays à mettre à profit le temps,
pour servir ton Père et tous leurs frères,
pour s’armer contre les forces du mal
et vivre en enfants de lumière.

O Christ, Fils de Dieu,
tu t’es dépouillé, prenant la condition de serviteur,
317 et tu devins semblable aux hommes jusqu’à la mort de la Croix.
Premier-né d’entre les morts, Christ ressuscité,
par toi il a plu au Père de réconcilier tous les êtres.
Par notre baptême dans ta mort et ta résurrection,
tu nous donnes de vivre, nous aussi, dans une vie nouvelle.

Par la Vierge Marie, ta Mère au coeur immaculé, nous te prions:
fais-nous découvrir les trésors de sagesse cachés en toi.
Avec Marie, nous voulons les retenir
et les méditer dans nos coeurs.
Avec Marie, présente au milieu des disciples,
donne-nous d’être témoins fidèles,
318 dans la foi et l’amour.

Amen.



CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE À BEAURAING



Samedi, 18 mai 1985



1. “En vérité, en vérité, je vous le dis:

si vous demandez quelque chose à mon Père en invoquant mon nom, il vous le donnera” (Jn 16,23).

Voilà, chers Frères et Soeurs, les paroles que nous venons d’entendre dans la liturgie. Le Christ les a prononcées devant les Apôtres, au Cénacle, la veille de sa passion, et aussi dans la perspective de son départ, de l’Ascension.

“Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde; maintenant je quitte le monde et je pars vers le Père” (Ibid. 16, 28).

Dans cette perspective, l’appel du Christ devient particulièrement éloquent. Avec toute la ferveur de son coeur, le Christ invite à la prière, bien plus il demande de prier, et même il insiste. Cette fois, il ne parle plus en paraboles, mais directement: aux Apôtres, il parle ouvertement du Père (Cfr. ibid.16, 25). En effet, appeler à la prière, c’est d’une façon spéciale parler du Père, car cela signifie: “Le Père lui-même vous aime, parce que vraiment vous m’aimez et que vous croyez que je suis venu d’auprès de Dieu” (Ibid.16, 27).

Oui, l’accès au Père a été largement ouvert. Par conséquent, “demandez et vous recevrez: ainsi vous serez comblés de joie” (Ibid. 16, 24).

2. Toute l’Eglise, âpres l’Ascension du Seigneur, retourne au Cénacle pour attendre dans la prière la descente du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte: c’est en ce moment choisi que nous venons à Beauraing. Nous y venons pour être assidus à prier d’un seul coeur, comme les Apôtres, avec Marie, la Mère du Seigneur (Ac 1,14).

Voilà plus de cinquante ans que ce lieu est devenu un important centre de pèlerinage marial, pour toute la Belgique et les pays voisins, un lieu privilégié de prière et de renouveau, où les fidèles ressentent d’une façon spéciale la présence de Marie, la Vierge Immaculée, la Reine des cieux, et sa puissante intercession pour la conversion des pécheurs.

319 Pour y accueillir les pèlerins, vous avez aménagé ce sanctuaire en plein air de la statue de Marie, vous vous avez édifié une chapelle qui inscrit dans ses pierres l’origine du pèlerinage, puis construit une grande église; vous avez ouvert une maison d’accueil pour les malades, pour les retraitants le “Castel Sainte-Marie”, et un lieu de contemplation. Tout cela me réjouit car c’est la Vierge Marie qui est honorée par votre attitude de foi et par vos rassemblements de prière. Et avec elle, c’est son divin Fils, c’est Dieu le Père, c’est l’Esprit Saint qui sont glorifiés; c’est l’Eglise qui s’approche davantage de la source du salut.

Il est bon que chaque région possède un ou plusieurs sanctuaires mariaux, érigés pour une raison particulière, avec l’accord des évêques responsables; c’est là que se concrétise la dévotion mariale, si importante dans la foi catholique et bien mise en lumière par le Concile Vatican II au sommet de la Constitution sur l’Eglise. Marie “a apporté à l’oeuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue, dans l’ordre de la grâce, notre Mère... Après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas: par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir des dons qui assurent notre salut éternel” (Lumen Gentium
LG 61 Lumen Gentium LG 62). Et si elle attire plus spécialement l’attention de ses enfants en certains lieux et en certains moments, à travers des faits dont l’interprétation est soumise au jugement du Magistère de l’Eglise, la Mère de Dieu est constamment présente dans la mission du Christ et de l’Eglise.

Le sanctuaire, lieu de la permanence de la prière avec Marie, fait que cette présence y est comme condensée, d’une façon particulière.

3. Quel est l’objet de la prière de l’Eglise qui doit naître dans le Cénacle de Jérusalem?

La liturgie d’aujourd’hui nous dit que par-dessus tout, l’Eglise remercie: “A toi nous rendons grâce, Seigneur Dieu, Maître de tout, toi qui es, toi qui étais, car tu as saisi ta grande puissance pour établir ton règne” (Ap 11,17).

L’Eglise rend grâce pour le mystère messianique de la Pâque: elle remercie pour la Croix - par elle le Christ a remporté la victoire - et elle remercie pour la Résurrection - en elle Il a révélé la puissance de Dieu sur la mort et inauguré définitivement son Règne dans l’histoire de l’homme et du monde.

L’Eglise rend donc grâce pour l’oeuvre de la Rédemption: “Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ” (Ibid. 12, 10).

L’Eglise rend grâce pour l’oeuvre de la justification de l’homme devant Dieu, “car l’accusateur de nos frères a été rejeté, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu” (Ibid.).

Par sa Croix et sa Résurrection, le Christ a justifié l’homme que Satan ne cessait - et ne cesse - d’“accuser” en étendant sur lui le pouvoir de son apostasie à l’égard de Dieu et le mystère d’iniquité, la puissance du péché.

Ainsi donc les hommes, Els d’Adam, “L’ont vaincu par le Sang de l’Agneau et par la parole dont ils furent les témoins, renonçant à l’amour d’eux-mêmes jusqu’à en mourir” (Ibid.12, 11).

L’Eglise rend grâce pour la permanence du témoignage apostolique de génération en génération.

320 Nous remercions nous aussi, réunis en cette communauté de prière avec Marie, la Mère de l’Eglise, à Beauraing, en Belgique.

Nous nous souvenons de la fidélité et du courage de tant de croyants sur cette terre, depuis des siècles.

4. Et en même temps, unie dans la prière, l’Eglise exprime une demande.

Que demande-t-elle? Ce qu’elle demandait ces jours-là au Cénacle de Jérusalem. Elle demandait certainement de pouvoir naître comme Eglise, de pouvoir naître de l’Esprit Saint.

Et que demande-t-elle aujourd’hui, ici, à Beauraing? Que devrait-elle demander?

Je pense qu’elle demande - qu’elle devrait demander - la même chose. En effet, l’Eglise, née autrefois de la Croix du Christ et de l’Esprit Saint, naît encore constamment de la Croix du Christ et de l’Esprit Saint. Constamment. En toute génération. En tout lieu. En toute nation.

Elle vit par la force qui l’a fait naître. Elle revit, elle se développe aux diverses époques. Constamment, elle cherche à “garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix . . . il n’y a qu’un seul Corps, et un seul Esprit. Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, agit par tous et est présent en tous” (
Ep 4,3-6).

L’Eglise cherche constamment à garder cette unité! L’unité qu’elle tient de Dieu! Et pour laquelle elle prie, avec toujours plus de ferveur.

5. Elle prie au nom de cette “unique espérance” à laquelle nous avons été appelés. Au nom de l’espérance qui nous est donnée par notre vocation (Cfr. ibid. 4, 4).

Là où est l’espérance, là naît la prière. Là où naît la prière, là se renouvelle l’espérance.

Le contenu de cette espérance et de la prière est notre vocation en Jésus Christ; notre vocation chrétienne.

321 Le dernier Concile a établi un lien étroit entre la cause de l’Eglise et la cause de la vocation.Lorsque nous prions aujourd’hui pour la naissance toujours renouvelée de l’Eglise dans ce pays, en cette fin du second millénaire après le Christ, à la mesure des besoins de notre époque, et par le fait même à la mesure de l’immense espérance qui nous vient de notre vocation chrétienne,nous prions pour que les vocations soient abondantes.

6. “Chacun de nous a reçu le don de la grâce comme le Christ nous l’a partagée . . . Le peuple saint est organisé pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le Corps du Christ” (
Ep 4,7 Ep 4,12).

Dans l’Eglise, Peuple de Dieu, tous les membres sont incorporés au Christ par le baptême, participent à sa Vie par les sacrements, à sa fonction sacerdotale, prophétique et royale; ils sont tous appelés à la sainteté, et exercent dans l’Eglise et dans le monde la mission qui est celle de tout le peuple chrétien; chacun a sa part d’apostolat. Telle est la vocation chrétienne pour tous (Cfr. Lumen Gentium LG 31 Lumen Gentium LG 39).

Mais les vocations particulières sont diverses. L’Esprit Saint “distribue parmi les fidèles de tous ordres . . . les grâces spéciales qui rendent apte et disponible pour assumer les diverses charges et offices utiles au renouvellement et au développement de l’Eglise”.

A trois reprises, sur cette terre de Belgique, à Anvers, à Laeken, à Liège, j’ai l’occasion de parler aux laïcs de leur mission chrétienne dans l’Eglise et dans le monde.

Aujourd’hui, notre attention se fixe plus spécialement sur la vocation sacerdotale et religieuse.

7. Oui, c’est avec une grande joie et beaucoup d’affection que je salue ici, à côté des évêques de Belgique, de nombreux prêtres, diacres, séminaristes, religieux et religieuses, membres d’Instituts de vie apostolique et missionnaire, membres d’Instituts séculiers.

Chers amis, je vous invite d’abord à rendre grâce à Dieu. Il vous a fait un don inouï en vous appelant à tout quitter pour le suivre et le servir de cette façon. Cet appel a pu être ressenti de bien des manières: c’est l’histoire secrète de chacun; puis l’Eglise l’a authentifiés. Gardez la mémoire des bienfaits du Seigneur, et marchez dans l’espérance. Les dons du Seigneur sont sans repentance. Sur ce chemin de la vie sacerdotale ou religieuse, vous trouvez évidemment la croix, comme le Christ, comme Marie. Vous souffrez des obstacles que rencontre l’Evangile, alors que vous avez mission de le prêcher au monde; vous souffrez aussi de vos fatigues, de vos limites, parfois de vos faiblesses. Mais regardez avec confiance vers Celui qui vous a appelés et qui demeure avec vous, qui agit en vous, par vous, grâce à l’Esprit Saint. Réjouissez-vous d’être si proches du Christ et si utiles à l’Eglise. Même si, souvent, vous ne constatez pas visiblement le résultat de votre ministère, réjouissez-vous, comme disait Jésus à ses Apôtres, de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux (Cfr. Luc Lc 10,20). Si vous êtes fidèles, vous trouverez toujours la paix du Christ. Elles valent spécialement pour vous ces paroles de Jésus à ses Apôtres: “Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’aimez” (Jn 16,27).

Vous connaissez les chemins de la fidélité. Mettez la prière au coeur de votre vie. Vivez en union étroite avec le Christ. Vivez avec lui toutes les rencontres ou actions de votre apostolat. Demeurez bien unis entre vous, pour que ne manque à aucun d’entre vous le soutien fraternel.

8. Mais, tout d’abord, ravivez le don que vous avez reçu. Ne remettez pas en question votre identité particulière dans le peuple de Dieu. Humblement, puisque c’est un don de Dieu, mais fermement, gardez une vive conscience de votre vocation.Les laïcs eux-mêmes ont besoin de votre Fidélité à votre vocation. Pour vous et pour eux, je la rappelle d’un mot.

Chers amis prêtres, vous savez combien votre fonction ministérielle est indispensable à l’Eglise: vous coopérez au ministère de l’Evêque pour participer, d’une façon spéciale, à la charge de l’unique Médiateur qui est le Christ, Tête de l’Eglise, pour agir en son nom, en vue du bien surnaturel de tous les baptisés membres de son Corps (Cfr. Lumen Gentium LG 28). L’Apôtre Paul écrivait aux Ephésiens: “Les dons que le Christ a fait aux hommes, ce sont d’abord les Apôtres, puis les prophètes et les missionnaires de l’Evangile, et aussi les pasteurs et ceux qui enseignent” (Ep 4,12).

322 Vous annoncez la Parole de Dieu, vous sanctifiez les croyants par les sacrements, vous les rassemblez et les conduisez en imitant le Bon Pasteur, soucieux qu’aucune brebis ne se perde par votre négligence. Cette fonction sacrée est telle qu’elle n’affecte pas seulement quelques moments de votre vie, quelques gestes, mais requiert une consécration de toute votre personne, de votre vie, de votre amour, au Christ Jésus. Ce mystère est grand!

9. Et vous, chers religieux et religieuses, vous avez tout quitté pour suivre le Christ, selon les conseils évangéliques. Vous avez choisi un état de vie susceptible de vous permettre de les incarner quotidiennement. Cette profession religieuse appartient inséparablement à la vie et à la sainteté de l’Eglise. Dans un monde qui connaît bien des esclavages, ou qui s’encombre de richesses secondaires, vous pouvez manifester le radicalisme de l’Evangile, sa liberté, l’obéissance et la pauvreté du Christ. Dans un monde qui est rivé à l’immédiat, qui limite son horizon aux réalités terrestres, qui s’enivre de ses conquêtes ou, au contraire, désespère, vous annoncez le Règne de Dieu à venir. Dans un monde qui doute ou se sent loin de Dieu, vous montrez qu’il vaut la peine d’être aimé pour Lui-même, gratuitement; dès maintenant, d’une façon particulière, vous lui consacrez toutes les ressources du coeur. Et vous êtes libres pour la prière au coeur de l’Eglise ou pour les multiples apostolats et services des communautés chrétiennes qui demandent une disponibilité foncière.

Je pense en même temps à tous ceux qui, dans des Instituts séculiers, consacrent leur vie à Dieu.

Le Concile affirmait que le signe de la vie religieuse peut et doit exercer une influence efficace sur tous les membres de l’Eglise dans l’accomplissement courageux des devoirs de la vocation chrétienne (Cfr. Lumen Gentium
LG 44).

J’invite tous les chrétiens ici présents, tous les chrétiens de Belgique à honorer votre vocation sacerdotale et religieuse, à rendre grâce pour elle, à vous soutenir, à prier pour vous.

Vraiment on ne peut concevoir une Eglise sans prêtres. Et une Eglise sans religieux serait privée d’un témoignage hors pair.

10. “La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux” (Lc 10,2). Précisément, ce qui nous tient tant à coeur, c’est la relève des vocations. Par quelles voies les trouverons-nous? L’Apôtre Paul disait: “Je vous encourage, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, à mener une vie digne de l’appel que vous avez reçu” (Ep 4,1).

Je désire vous répéter cette exhortation: le comportement qui correspond à votre vocation - chrétienne, sacerdotale, religieuse - fait naître de nouvelles vocations. Ce comportement cohérent constitue comme une base permanente pour la prière: il la prépare, la prière en est l’épanouissement; et réciproquement, la prière appelle constamment ce comportement.

Les vocations sacerdotales et religieuses supposent dans les familles, dans les communautés ecclésiales, un climat de vie chrétienne, une réflexion sur l’Evangile et un témoignage transparent. Au jeune homme riche, le Christ a commencé par demander s’il observait les commandements. Il faut d’abord mener une vie droite, consciencieuse, que la décision de donner sa vie vient couronner, comme une plénitude. Ces vocations supposent donc un souci de vie morale et une éducation au service, au don généreux de soi-même. Elles supposent surtout un climat de prière, l’habitude de converser avec le Christ, qui imprègne le garçon ou la fille dès son enfance.

Les prêtres, les diacres, les religieux et religieuses ont une responsabilité particulière dans l’éveil et le soutien des vocations. S’ils témoignent vraiment de la joie de servir le Christ de cette façon, si, à cause de leur foi, ils rayonnent l’espérance, malgré les fatigues, s’ils sont vraiment donnés aux âmes, capables de les initier à la prière qui imprègne leur propre vie, comment douter que des vocations ne se lèvent autour d’eux? Et comme je le demandais dans ma lettre aux prêtres cette année, soyons proches des jeunes dont beaucoup cherchent un sens à leur vie. Invitons-les à collaborer à nos activités pastorales: célébrations liturgiques, catéchèse, souci des pauvres et des malades, animation des mouvements. Invitons-les à partager notre vie religieuse: “Venez et voyez”. Mais aussi, ne craignons pas d’appeler explicitement à ce service. Cessons d’être pessimistes, résignés, timides pour parler des vocations. La semence est sans doute dans le coeur de nombreux jeunes, elle attend une occasion favorable pour germer.

11. Et n’oublions pas cette intention dans notre prière: prions et faisons prier pour les vocationssacerdotales et religieuses.

323 Toute l’Eglise a réellement besoin d’une telle prière. L’Eglise qui est en votre patrie en a grand besoin, pour elle, et pour continuer son apport missionnaire aux autres Eglises. “Priez le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson” (Lc 10,2).

Voilà pourquoi nous sommes réunis ici, comme les Apôtres après l’Ascension.

Prions avec Marie, Notre-Dame de Beauraing. Elle est la première appelée au seuil du Nouveau Testament. Elle est le modèle du coeur qui plaît à Dieu, familier de Dieu. Elle demeure, pour les prêtres, le modèle de la coopération à l’oeuvre du Christ, de la disponibilité à l’Esprit Saint. Elle est le modèle de la vie consacrée au Seigneur. Elle oriente les disciples vers le Christ pour qu’ils s’attachent à lui, avec amour, et qu’ils fassent tout ce qu’il dira. Avec elle, il nous est facile de dire dans le Notre Père: “Que ta volonté soit faite!”. Avec elle, dans le chapelet, nous suivons pas à pas la vie joyeuse, douloureuse et glorieuse de son Fils, sa propre vie.

Avec Marie, ouvrons nos coeurs à l’Esprit Saint.

Prions au nom du Christ. Peut-être, jusqu’ici, n’avez-vous pas demandé suffisamment en invoquant le nom du Christ? (Cfr. Io Jn 16,24) Demeurez-vous convaincus que “rien n’est impossible à Dieu”? (Lc 1,37)

Demandez et vous recevrez: ainsi vous serez comblés de joie” (Jn 16,24).

Oui, les vocations sont le fruit de la prière, elles sont la source de la joie de l’Eglise.

Amen.




Homélies St Jean-Paul II 306