Homélies St Jean-Paul II 633


FÊTE DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR AU TEMPLE

HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II

(Homélie lue par le Cardinal Somalo)
634 Mardi 2 février 1999



1. «Lumière pour éclairer les nations» (
Lc 2,32).

Le passage de l'Evangile que nous venons d'entendre, tiré du récit de saint Luc, rappelle l'événement qui eut lieu à Jérusalem le quarantième jour après la naissance de Jésus: sa présentation au Temple. Il s'agit de l'un des cas où le temps liturgique reflète le temps de l'histoire: en effet, aujourd'hui, quarante jours se sont écoulés depuis le 25 décembre, solennité du Noël du Seigneur.

Ce fait n'est pas sans signification. Il indique que la fête de la Présentation de Jésus au Temple constitue comme une «charnière», qui sépare et relie l'étape initiale de sa vie sur la terre, la naissance, de celle qui en sera l'accom- plissement, sa mort et sa résurrection. Aujourd'hui, nous quittons définitivement le temps de Noël et nous nous dirigeons vers le temps quadragésimal, qui commencera dans quinze jours avec le Mercredi des Cendres.

Les paroles prophétiques prononcées par le vieux Syméon mettent en lumière la mission de l'Enfant amené par ses parents au Temple: «Vois! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction afin que se révèlent les pensées in- times de bien des coeurs» (Lc 2,34-35). Syméon dit à Marie: «Et toi-même, une épée te transpercera l'âme» (Lc 2,35). Les chants de Bethléem viennent de se taire et déjà se profile la croix du Golgotha, et cela se produit dans le Tem- ple, le lieu où sont offerts les sacrifices. L'événement que nous commémorons aujourd'hui constitue donc comme un pont entre les deux temps forts de l'année de l'Eglise.

2. La seconde lecture, tirée de la Lettre aux Hébreux, offre un commentaire intéressant de cet événement. L'Auteur formule une observation qui nous invite à réfléchir: commentant le sacerdoce du Christ, il souligne comment le Fils de Dieu «se charge de la descendance d'Abraham» (cf. He He 2,16). Abraham est le Père des croyants: tous les croyants sont donc, d'une façon ou d'une autre, compris dans cette «descendance d'Abraham» pour laquelle l'Enfant, qui est dans les bras de Marie, est présenté au Temple. L'événement qui s'accomplit sous les yeux de ces quelques témoins privilégiés constitue une première annonce du sacrifice de la Croix.

Le texte biblique affirme que le Fils de Dieu, solidaire des hommes, partage leur condition de faiblesse et de fragilité jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à la mort, dans le but d'opérer une libération radicale de l'humanité, en vainquant une fois pour toute l'adversaire, le diable, qui trouve précisément dans la mort son point fort sur les êtres humains et sur chaque créature (cf. He He 2,14-15).

Dans cette admirable synthèse, l'Auteur inspiré exprime toute la vérité sur la rédemption du monde. Il souligne l'importance du sacrifice sacerdotal du Christ, qui «a dû devenir en tout semblable à ses frères, afin de devenir dans leurs rapports avec Dieu un grand prêtre miséricordieux et fidèle, pour expier les péchés du peuple» (He 2,17).

Précisément parce qu'elle souligne le lien profond qui unit le mystère de l'Incarnation à celui de la Rédemption, la Lettre aux Hébreux constitue un commentaire adapté à l'événement liturgique que nous célébrons aujourd'hui. Elle souligne la mission rédemptrice du Christ, à laquelle tout le Peuple de la Nouvelle Alliance participe. Vous participez à cette mission de façon particulière, très chères personnes consacrées, qui remplissez la Basilique vaticane et que je salue avec une grande affection. Cette fête de la Présentation est de façon particulière votre fête: en effet, nous célébrons la troisième Journée de la Vie consacrée.

3. Je suis reconnaissant au Cardinal Eduardo Martínez Somalo, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique, qui préside cette Eucharistie. A travers sa personne, je salue et je remercie ceux qui, à Rome et dans le monde, travaillent au service de la Vie consacrée.

En ce moment, ma pensée s'adresse avec une affection particulière à toutes les personnes consacrées de la terre: il s'agit d'hommes et de femmes qui ont choisi de suivre le Christ de façon radicale dans la pauvreté, dans la virginité et dans l'obéissance. Je pense aux hôpitaux, aux écoles, aux oratoires, où ils oeuvrent dans une attitude de dévouement total au service de leurs frères, pour le Royaume de Dieu: je pense aux milliers de monastères, dans lesquels on vit la communion avec Dieu dans un intense rythme de prière et de travail; je pense aux laïcs consacrés, témoins discrets dans le monde, et aux nombreuses personnes en première ligne parmi les plus pauvres et les exclus.

635 Comment ne pas rappeler ici les religieux et les religieuses qui, récemment encore, ont versé leur sang alors qu'ils accomplissaient un service apostolique souvent difficile et pénible? Fidèles à leur mission spirituelle et caritative, ils ont uni le sacrifice de leur vie à celui du Christ pour le salut de l'humanité. La prière de l'Eglise est aujourd'hui dédiée à chaque personne consacrée, mais tout particulièrement à eux. Elle rend grâce pour le don de cette vocation et l'invoque ardemment: en effet, les personnes consacrées contribuent de façon déterminante à l'oeuvre de l'évangélisation, en lui conférant la force prophétique qui provient de l'aspect radical de leur choix évangélique.

4. L'Eglise vit de l'événement et du mystère. En ces journées, elle vit de l'événement de la Présentation du Seigneur au Temple, en cherchant à approfondir le mystère qui y est contenu. Cependant, d'une certaine façon, l'Eglise puise chaque jour à cet événement de la vie du Christ, en méditant sa signification spirituelle. En effet, chaque soir, dans les églises et dans les monastères, dans les chapelles et dans les maisons retentissent dans le monde entier les paroles du vieux Syméon, qui viennent d'être proclamées:

«Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole,
laisser ton serviteur en paix;
car mes yeux ont vu ton salut,
que tu as préparé à la face de tous les peuples;
lumière pour éclairer les nations
et gloire de ton peuple Israël» (
Lc 2,29-32).

C'est ainsi que pria Syméon, auquel il avait été donné de voir la réalisation des promesses de l'Ancienne Alliance. Ainsi prie l'Eglise, qui, sans épargner ses énergies, se prodigue pour apporter à tous les peuples le don de la Nouvelle Alliance.

Dans la mystérieuse rencontre entre Syméon et Marie, se rencontrent l'Ancien et le Nouveau Testament. Ensemble, le vieux prophète et la jeune Mère rendent grâce pour cette lumière qui a empêché les ténèbres de vaincre. C'est une Lumière qui brille dans le coeur de l'existence humaine: le Christ, Sauveur et Rédempteur du monde, «lumière pour éclairer les nations et gloire de son peuple Israël». Amen!



Visite à la Paroisse romaine "San Fulgenzio"

HOMÉLIE


14 Février 1999


636 1. «Bienheureux celui qui marche dans la loi du Seigneur» (Psaume responsorial).

En ce sixième dimanche du temps ordinaire, qui précède de quelques jours le début du Carême, la Liturgie parle de l'accomplissement de la Loi qui est l'oeuvre du Christ. Celui-ci affirme qu'il n'est pas venu abolir l'ancienne loi, mais la compléter. En envoyant l'Esprit Saint, il écrira la loi dans le coeur des croyants, c'est-à-dire dans le lieu du choix personnel et responsable. Voilà le «plus» qui fera que la loi ne sera pas acceptée comme un commandement extérieur, mais bien comme un choix intérieur. La loi promulguée par le Christ est donc une loi de «sainteté» (cf. Mt
Mt 5,18), elle est la loi suprême de l'amour (cf. Jn 15,9-12).

Le passage tiré du livre du Siracide que nous venons d'entendre, fait lui aussi référence à cette responsabilité personnelle, qui a son siège dans le coeur de l'homme. Il souligne la liberté de la personne face au bien et au mal: Dieu «devant toi [il a] mis le feu et l'eau, selon ton désir étends la main» (Si 15,16). C'est ainsi que nous est indiquée la voie pour trouver le bonheur véritable, qui est l'écoute docile et l'application fidèle de la Loi du Seigneur.

2. Très chers frères et soeurs de la paroisse de Saint-Fulgence: je vous salue avec les paroles de la liturgie: «Bienheureux celui qui marche dans la loi du Seigneur!». Je suis venu vous trouver pour partager les joies et les espérances, les engagements et les attentes de votre communauté paroissiale.

Je salue tout d'abord le Cardinal-Vicaire, ainsi que l'Evêque auxiliaire du secteur; je salue votre cher curé, Dom Giorgio Alessandrini, les prêtres qui collaborent avec lui, les religieux et les religieuses qui oeuvrent dans le quartier. Je désire adresser une parole de reconnaissance particulière aux Soeurs de Notre-Dame de la Retraite au Cénacle et aux Soeurs dominicaines, qui ont mis les chapelles situées à l'intérieur de leurs structures à la disposition des fidèles pour célébrer la Messe les jours de fête, l'église paroissiale ne pouvant répondre aux exigences de toute la communauté. Je salue ceux qui, à titres divers, sont engagés dans les associations, les mouvements et les groupes apostoliques, ainsi que dans les organismes de solidarité, en cherchant à faire toujours davantage de la paroisse une authentique famille de croyants. En outre, je pense avec affection aux enfants et aux jeunes, aux familles, aux malades et aux personnes âgées. Que mon salut le plus cordial parvienne à tous les habitants de cette zone.

3. Très chers frères et soeurs, dans le travail apostolique quotidien, il est nécessaire, comme le souligne bien l'Apôtre Paul dans la seconde Lecture, de ne pas suivre la logique de la «sagesse de ce monde», mais une autre sagesse, la sagesse «divine, mystérieuse, révélée par Dieu dans le Christ et à travers l'Esprit (cf. 1Co 2,6-10). Ces paroles constituent un encouragement et un réconfort pour chaque croyant et, en particulier, pour les agents de pastorale qui souhaitent imprimer à leur action un élan au souffle spirituel profond, sans aspirer à des succès humains, mais en cherchant le Royaume de Dieu et sa justice (cf. Mt Mt 6,33).

Je sais que vous vous consacrez avec une grande passion à faire en sorte que la paroisse soit dynamique et ouverte, pour répondre aux défis spirituels du quartier. Poursuivez courageusement cette voie, en privilégiant les aspects de l'évangélisation qui tendent à apporter à tous une formation chrétienne mûre. En premier lieu, ayez soin de la croissance intérieure des personnes, grâce à un enseignement doctrinal bien enraciné dans la tradition de l'Eglise. La transmission fidèle du patrimoine de la foi exige des attentions et des méthodes adaptées aux diverses tranches d'âge, sans en négliger aucune: des enfants aux jeunes, des familles aux personnes âgées.

Certes, une place privilégiée doit être réservée à la pastorale familiale et à la préparation des jeunes et des fiancés au mariage. A ce propos, je vous félicite de votre souci d'encourager leur participation active à la liturgie et de pousser les familles à une confrontation personnelle avec la Parole de Dieu. Il est également indispensable de faire preuve de solidarité concrète à l'égard des pauvres et des personnes qui souffrent, en manifestant à tous l'amour miséricordieux du Père céleste. A la fermeté doctrinale, à une organisation pastorale efficace s'ajoute ainsi une généreuse ouverture aux frères, en particulier à ceux qui sont en difficulté, mettant en lumière la dimension missionnaire qui est propre à toute communauté chrétienne.

4. «Fais que le peuple chrétien [...] soit cohérent avec les exigences de l'Evangile et devienne pour chaque homme un signe de réconciliation et de paix» (Collecte).

Telle a été notre prière au début de la célébration. Puisse le Seigneur nous aider à Lui être fidèles et courageux dans le témoignage de son message de salut. Puisse-t-il aider votre communauté à croître dans le zèle missionnaire afin que, dans le contexte de la Mission dans la ville, elle diffuse dans chaque maison, dans chaque lieu de vie et de travail l'Evangile de l'espérance. C'est ce qu'attendent les habitants de cette zone, un grand nombre d'entre eux étant incités, de par leur formation, leur rôle social ou leur profession, à placer la protection de la vie privée parmi les valeurs fondamentales, parfois hélas au détriment d'une plus grande participation à la vie de la communauté.

Je pense que la Mission dans la ville peut précisément constituer une occasion propice pour surmonter ces difficultés. En apportant avec soin et enthousiasme, à chaque habitant du quartier, l'invitation à partager dans la paroisse l'expérience libératrice de la rencontre avec le Christ, vous les aiderez à croître ensemble dans la confiance réciproque et dans le partage de la foi.

637 N'est-ce pas le but de la Mission dans la ville? Je souhaite de tout coeur que votre paroisse, ainsi que toutes les autres du diocèse, parcoure de façon décidée cet itinéraire à la recherche de l'homme, là où il vit et il travaille. L'approche du rendez-vous historique du grand Jubilé nous invite à diffuser avec un élan croissant l'Evangile, qui est un ferment d'authentique renouveau spirituel, social et culturel.

5. Une si vaste entreprise missionnaire concerne toute la communauté ecclésiale et exige de chacun de ses membres une collaboration généreuse. Une attention particulière doit être réservée aux jeunes, appelés à être les évangélisateurs des autres jeunes de leur âge. A propos des jeunes, j'ai déjà plaisir à penser à la Journée mondiale de la Jeunesse de l'An 2000. Rome se prépare à accueillir et à vivre avec une intensité singulière ce moment qui, nous l'espérons, constituera une vaste occasion d'approfondir la vocation de tous les jeunes, garçons et filles, qui y participeront, les incitant à poser eux-mêmes la question: «Maître, que dois-je faire?» (cf. Mt
Mt 19, 16sq.). Confions au coeur maternel de Marie la jeunesse de Rome et, de façon particulière, cette paroisse, afin qu'elle sache répondre avec générosité à l'appel à la sainteté, en accomplissant ce que le Seigneur demande à chacun.

Nous demandons à la Sainte Vierge, pour toute la communauté paroissiale, le don de toujours accueillir la volonté divine et de l'accomplir fidèlement dans l'existence quotidienne.

6. «Bénis sois-tu, Père [...] car tu as révélé aux petits les mystères du royaume des cieux» (Acclamation lors de la lecture de l'Evangile).

C'est aux petits que Dieu manifeste sa sagesse et révèle ses desseins de salut. Combien de fois faisons-nous cette expérience dans notre travail quotidien! Combien de fois le Seigneur choisit-il des routes apparemment inefficaces pour réaliser ses desseins de salut providentiels!

Bénis sois-tu, Père, car tu révèles aux petits la sagesse divine, mystérieuse, qui est restée cachée, celle que dès avant les siècles, tu as par avance destinée pour notre gloire (cf. 1Co 2,7)!

Aide-nous a rechercher toujours et uniquement ta sage volonté. Fais de nous des instruments de ton amour, afin que nous marchions sans cesse dans ta Loi. Ouvre-nous les yeux afin que nous apercevions les merveilles de cette Loi; donne-nous l'intelligence, afin que nous l'observions et la conservions de tout notre coeur.

Amen!



CÉLÉBRATION PÉNITENTIELLE EN LA BASILIQUE SAINTE-SABINE

SUR L'AVENTIN

HOMÉLIE DU PAPE JEAN PAUL II

Mercredi des Cendres, 17 février 1999
1. «Revenez à Yahvé, votre Dieu, car il est tendresse et pitié...» (Jl 2,13).

Avec cette exhortation, tirée du livre du prophète Joël, l'Eglise inaugure le pèlerinage quadragésimal, temps favorable au retour: retour à Dieu, dont nous nous sommes éloignés. En effet, c'est là le sens de l'itinéraire pénitentiel qui commence aujourd'hui, Mercredi des Cendres: retourner à la maison du Père, en portant dans son coeur la confession de sa faute. Le Psalmiste nous invite à répéter: «Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté, en ta grande tendresse efface mon péché» (Ps 51 [50], 3). Avec ces sentiments, chacun entreprend le chemin quadragésimal, dans la conviction que le Père, qui «voit dans le secret» (Mt 6,4 Mt 6,6 Mt 6,18) va à la rencontre du pécheur repenti sur la voie du retour. Comme dans la parabole du fils prodigue, il l'embrasse et lui fait comprendre que, en retournant à la maison, il a retrouvé la dignité de fils: mon fils «était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé» (Lc 15,24).

638 En cette année consacrée en particulier à Dieu le Père, le Carême assume plus encore la valeur d'un temps propi- ce pour accomplir un chemin authentique de conversion, pour retourner, le coeur repenti, au Père de tous, qui est «tendresse et pitié, lent à la colère, riche en grâce» (Jl 2,13).

2. Le très ancien et suggestif rite des cendres ouvre aujourd'hui cet itiné- raire pénitentiel. En imposant les cendres sur le front des fidèles, le célébrant adresse à chacun l'avertissement suivant: «Souviens-toi que tu es poussière, et que tu redeviendras poussière!» (cf. Gn 3,19).

Ces paroles font elles aussi référence à un «retour»: le retour à la poussière. Elles font allusion à la nécessité de la mort et invitent à ne pas oublier que nous sommes de passage en ce monde.

Dans le même temps, toutefois, à travers l'image de la poussière, cette expression rappelle à l'esprit la vérité du créé, en faisant allusion à la richesse de la dimension cosmique dont fait partie la créature humaine. Le Carême fait mémoire de l'oeuvre de salut, pour faire prendre conscience à l'homme que la mort, réalité avec laquelle il doit se confronter en permanence, n'est pas toutefois une vérité originelle. En effet, au début, celle-ci n'existait pas, mais, comme triste conséquence du péché, «c'est par l'envie du diable que la mort est entrée dans le monde» (Sg 2,24), devenant l'héritage commun des êtres humains.

Avant tout autre créature, les paroles: «Souviens-toi que tu es poussière, et que tu redeviendras poussière!» sont adressées à l'homme, créé par Dieu à son image et placé au centre de l'univers. En lui rappelant qu'il doit mourir, Dieu ne renie pas le projet initial, mais le confirme au contraire et le rétablit de façon particulière, après la rupture provoquée par la faute originelle. Cette confirmation est advenue dans le Christ, qui a assumé librement le poids du péché et a voulu subir la mort. Le monde est devenu ainsi le théâtre de sa passion et de sa mort salvifique. Voilà le mystère pascal, vers lequel le temps du Carême nous oriente de façon toute particulière.

3. «Souviens-toi que tu es poussière, et que tu redeviendras poussière!».

La mort de l'homme a été vaincue par la mort du Christ. Si, donc, le temps du Carême nous conduit à revivre les événements dramatiques du Golgotha, il le fait toujours et exclusivement pour nous préparer à nous immerger ensuite dans l'événement pascal, c'est-à-dire dans la joie lumineuse de la résurrection.

C'est dans ce sens que nous pouvons comprendre l'autre exhortation que l'Eglise adresse aujourd'hui aux fidèles lors de l'imposition des cendres: «Repentez-vous et croyez à l'Evangile» (Mc 1,15). Que signifie en effet, «croire à l'Evangile», sinon accepter la vérité de la résurrection, avec tout ce qu'elle comporte? Depuis le premier jour du Carême, nous entrons donc dans cette perspective salvifique, nous exclamant avec le Psalmiste: «Dieu, crée en moi un coeur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme [...] Seigneur, ouvres mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange» (Ps 51 [50], 12.17).

4. Le Carême est un temps de prière intense et de louange prolongée; il s'agit d'un temps de pénitence et de jeûne. Mais à côté de l'oraison et du jeûne, la liturgie nous invite à remplir notre journée d'oeuvres de charité. Tel est le culte qui plaît à Dieu! Comme j'ai eu l'occasion de le rappeler dans le Message pour le Carême, ce temps est une période propice pour penser aux trop nombreux «Lazare» qui attendent de recueillir quelques miettes de la table des riches (cf. n. 4). L'image qui est face à nous est celle du banquet, symbole de la sollicitude providentielle du Père céleste pour l'humanité tout entière (cf. n. 1). Tous doivent pouvoir y participer. C'est pourquoi les pratiques quadragésimales du jeûne et de la charité, en plus d'exprimer l'ascèse personnelle, revêtent une importante valeur communautaire et sociale: elles rappellent l'exigence de «convertir» le modèle de développement, pour une distribution plus juste des biens, afin de pouvoir vivre tous dignement, en préservant dans le même temps le créé.

Mais tout cela commence par un profond changement de mentalité et, de façon plus radicale, par la conversion du coeur. Comme cette invocation devient alors urgente et opportune: «O Dieu, crée en moi un coeur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme!».

Oui, crée en nous, ô Père, un coeur pur,
639 restaure en notre poitrine un esprit ferme,
«afin que nous affrontions victorieux avec les armes de la pénitence le combat contre l'esprit du mal» (Collecte).
Amen!



VISITE PASTORALE À LA PAROISSE ROMAINE "SANTA MARIA STELLA MARIS"

JEAN-PAUL II

HOMÉLIE

Dimanche 28 février 1999
1. «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le» (Mt 17,5).


L'invitation adressée par le Père aux disciples, témoins privilégiés de l'événément extraordinaire de la transfiguration, retentit aujourd'hui encore pour nous et pour toute l'Eglise. Comme Pierre, Jacques et Jean, nous aussi sommes invités à monter sur le Mont Tabor avec Jésus et à nous laisser aveugler par la splendeur de sa gloire. En ce deuxième dimanche de Carême, contemplons le Christ enveloppé de lumière, en compagnie des éminents porte-parole de l'Ancien Testament, Moïse et Elie. Renouvelons-Lui notre adhésion personnelle: Il est le «Fils bien-aimé» du Père.

Ecoutez-le! Cet appel pressant nous pousse à intensifier le chemin quadragésimal. Il s'agit d'une invitation à laisser la lumière du Christ illuminer notre vie et nous communiquer la force pour annoncer et témoigner de l'Evangile à nos frères. C'est un engagement qui, comme nous le savons bien, comporte parfois de nombreuses difficultés et souffrances. C'est ce que souligne également Paul en s'adressant au fidèle disciple Timothée: «Souffre plutôt avec moi pour l'Evangile» (2Tm 1,8).

L'expérience de la transfiguration de Jésus prépare les apôtres à affronter les événements dramatiques du Calvaire, en leur présentant en avance ce qui sera la révélation pleine et définitive de la gloire du Maître dans le Mystère pascal. En méditant sur cette page de l'Evangile, nous nous préparons à revivre nous aussi les événements décisifs de la mort et de la résurrection du Seigneur, en le suivant sur la voie de la croix, pour arriver à la lumière et à la gloire. En effet, «ce n'est qu'à travers la passion que nous pouvons arriver avec lui au triomphe de la résurrection» (Préface).

2. Très chers frères et soeurs de la paroisse «Santa Maria Stella Maris»! Je suis heureux d'être aujourd'hui l'hôte de votre belle communauté qui, bien que du point de vue géographique, se trouve loin de la maison de l'Evêque de Rome, est toutefois toujours proche de son coeur de Pasteur et toujours présente dans ses prières, de même que toutes les autres paroisses romaines.

Je salue cordialement le Cardinal-Vicaire et l'Evêque auxiliaire du secteur. Nous ne pouvons oublier que durant tant d'années, Monseigneur Riva, aujourd'hui malade, a assumé cette charge. Prions pour sa santé. Je salue également votre cher curé, dom Francesco Dell'Uomo, ses collaborateurs les prêtres, et vous tous ici présents. J'adresse une pensée particulière à tous les habitants d'Ostie.

Mon salut s'adresse également aux groupes qui se réunissent en paroisse et partagent le chemin de formation et de catéchèse avec l'objectif fondamental d'apprendre à vivre toujours plus profondément l'Evangile dans la vie quotidienne. C'est dans le lieu où l'on étudie, où l'on vit, où l'on travaille et où l'on souffre que l'on ressent davantage la nécessité de témoigner à travers des gestes concrets l'annonce joyeuse du salut.

640 3. C'est à vous, chers jeunes, que s'adresse mon encouragement cordial à poursuivre votre itinéraire spirituel, personnel et de groupe, afin que vous grandissiez dans la conscience d'être Eglise. Ma présence aujourd'hui veut être une invitation à tous, en particulier à vous, chers jeunes garçons et jeunes filles, à être des apôtres du Christ dans ce quartier, afin que le message évangélique soit un ferment de progrès authentique et de fraternité solidaire.

Chers jeunes! Le Pape a confiance en vous et vous invite à apporter avec l'élan et la fraîcheur qui vous caractérisent, l'Evangile du nouveau millénaire, désormais toujours plus proche. Que la Journée mondiale de la Jeunesse de l'An 2000, qui aura lieu à Rome au mois d'août de l'Année Sainte, vous voit également, jeunes de cette paroisse, prédisposés à accueillir les jeunes de votre âge provenant de diverses nations du monde. Soyez prêts à partager avec vos frères et soeurs dans la vie de chaque jour à l'école, dans les lieux de rencontre et de sain divertissement, l'unique foi dans le Christ Rédempteur de l'homme et la joie d'être unis au sein de la même Eglise, fondée sur le témoignage des apôtres Pierre et Paul. Soyez des «missionnaires» de fidélité et d'espérance dans cette Eglise qui est la vôtre, au sein de laquelle chacun a sa mission à accomplir.

4. Très chers paroissiens de «Santa Maria Stella Maris», je sais que dans vos communautés, un soin particulier est réservé à la célébration du sacrement de la Pénitence ou Confession. Je suis heureux de cela et j'en remercie le Seigneur. En ce «temps fort» de Carême, rendu encore plus intense par la coïncidence de l'Année consacrée à la réflexion sur Dieu le Père, je renouvelle cordialement l'exhortation à s'approcher avec confiance de ce Sacrement de guérison spirituelle. Celui-ci actualise pour chacun de façon sacramentelle l'appel de Jésus à la conversion et le chemin de retour au Père, dont l'homme s'éloigne avec le péché. Comme le rappelle le Catéchisme de l'Eglise catholique, ce Sacrement vise à consacrer le chemin personnel et ecclésial de repentir et de conversion du chrétien pécheur (cf. n. 1423).

Afin que le sacrement de la Pénitence soit célébré dans la vérité, il est nécessaire pourtant que la confession des péchés naisse d'une confrontation sérieuse et attentive avec la Parole de Dieu et avec un contact vivant avec la personne du Christ. A cette fin, une catéchèse appropriée est nécessaire, qui, comme le rappelle le Catéchisme, a pour but de mettre en communion avec Jésus, qui seul peut conduire à l'amour du Père, dans l'Esprit Saint, en nous introduisant dans la vie même de la Sainte Trinité (cf. n. 426).

5. O Dieu, «qui nous a donné la joie de marcher à la lumière de l'Evangile, ouvre-nous à l'écoute de ton Fils» (Collecte). C'est la prière que nous avons adressée au début de notre célébration eucharistique. L'activité pastorale vise entièrement à cette ouverture de l'esprit, afin que le croyant écoute la parole du Seigneur, et accueille docile- ment sa volonté. Ecouter réellement Dieu signifie lui obéir. De là naît la vigueur apostolique indispensable pour évangéliser: seul celui qui connaît profondément le Seigneur et se convertit à son amour peut en devenir le messager et le témoin courageux en toute circonstance.

N'est-ce pas précisément de la connaissance du Christ, de sa personne, de son amour et de sa vérité que jaillissent chez ceux qui en font l'expérience personnelle un désir irrésistible de l'an- noncer à tous, d'évangéliser et de conduire également les autres à la découverte de la foi? Je souhaite de tout coeur à chacun de vous de vous laisser animer toujours plus par ce désir envers le Christ, source de véritable esprit missionnaire.

6. «Abraham partit, comme lui avait dit Yahvé» (
Gn 12,4).

Exemple et modèle du croyant, Abraham se fie à Dieu. Appelé par Yahvé, il quitte sa terre, avec toutes les certitudes que celle-ci comporte, soutenu uniquement par sa foi et par l'obéissance confiante à son Seigneur. Dieu exige de lui le «risque» de la foi, et il lui obéit, devenant ainsi dans la foi le père de tous les croyants.

Comme Abraham, nous aussi, nous voulons poursuivre notre chemin quadragésimal, en renonçant et en nous abandonnant à la volonté divine. Nous sommes animés par la certitude que le Seigneur est fidèle à ses promesses, en dépit de notre faiblesse et de nos péchés.

Avec un esprit véritablement pénitentiel, faisons nôtres les paroles du Psaume responsoriel: «Notre âme attend le Seigneur... Seigneur, que ta grâce soit sur nous, car nous plaçons notre espérance en toi».

Sainte Vierge, Etoile de l'évangélisation, aide-nous à accueillir les paroles de ton Fils, pour les annoncer avec générosité et cohérence à nos frères. Marie, Stella Maris, protège cette communauté paroissiale, les habitants d'Ostie et tout le diocèse de Rome!
Amen!

CÉRÉMONIE DE BÉATIFICATION DES SERVITEURS DE DIEU

VICENTE SOLER ET SIX COMPAGNONS, MANUEL MARTÍN SIERRA,

NICOLAS BARRÉ ET ANNA SCHÄFFER

JEAN-PAUL II

HOMÉLIE

641 Dimanche 7 mars 1999
[en italien]


1. «Qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif» (
Jn 4,14). Aujourd'hui, troisième dimanche de Carême, la rencontre de Jésus avec la Samaritaine auprès du puits de Jacob constitue une catéchèse extraordinaire sur la foi. Aux catéchumènes qui se préparent à recevoir le Baptême et à tous les croyants en chemin vers la Pâque, l'Evangile montre aujourd'hui «l'eau vive» de l'Esprit Saint, qui régénère l'homme de l'intérieur, en le faisant renaître «d'en-haut» à la vie nouvelle.

L'existence humaine est un «exode», de l'esclavage à la terre promise, de la mort à la vie. Sur ce chemin, nous ressentons parfois l'aridité et la difficulté de l'existence: la pauvreté, la solitude, la perte de signification et d'espérance, au point qu'il peut nous arriver à nous aussi, comme aux Israélites en chemin, de nous demander: «Yahvé est-il au milieu de nous, ou non?» (Ex 17,7).

Cette femme de Samarie elle aussi, si éprouvée par la vie, aura pensé de nombreuses fois: «Où est le Seigneur?». Jusqu'à ce qu'un jour, elle rencontre un Homme qui lui révèle, à elle, femme, et de surcroît samaritaine, c'est-à-dire doublement méprisée, toute la vérité. Dans un simple dialogue, Il lui offre le don de Dieu: l'Esprit Saint, source d'eau vive pour la vie éternelle. Il se manifeste à elle comme le Messie attendu et lui annonce le Père, qui veut être adoré en esprit et en vérité.

2. Les saints sont les «véritables adorateurs du Père»: hommes et femmes qui, comme la Samaritaine, ont rencontré le Christ et ont découvert, grâce à lui, le sens de la vie. Ils ont ressenti en première personne ce que dit l'Apôtre Paul dans la seconde Lecture: «L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous fut donné» (Rm 5,5).

Chez les nouveaux bienheureux également, la grâce du baptême a apporté la plénitude de son fruit. Ils se sont à tel point abreuvés à la source de l'amour du Christ qu'ils en ont été profondément transformés et sont devenus à leur tour des sources débordantes pour étancher la soif des si nombreux frères et soeurs qu'ils ont rencontrés le long de la route de la vie.

[en espagnol]

3. «Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu [... ] et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu» (Rm 5,1-2). Aujourd'hui, l'Eglise, en proclamant bienheureux les martyrs de Motril, place sur leurs lèvres ces paroles de saint Paul. En effet, Vicente Soler et ses six compagnons augustins récollets et Manuel Martín, prêtre diocésain, obtinrent à travers le témoignage héroïque de leur foi l'accès à la «gloire des fils de Dieu». Ils ne moururent pas au nom d'une idéologie, mais offrirent librement leur vie pour Quelqu'un qui était déjà mort auparavant pour eux. Ainsi, ils offrirent au Christ le don qu'ils avaient reçu de Lui.

Au nom de la foi, ces simples hommes de paix, loin du débat politique, travaillèrent pendant des années sur des territoires de mission, endurèrent de nombreuses souffrances aux Philippines, irriguèrent de leur sueur les champs du Brésil, de l'Argentine et du Venezuela, fondèrent des oeuvres sociales et éducatives à Motril et dans d'autres parties de l'Espagne. Avec la force de la foi, au moment du martyre, ils affrontèrent la mort avec une âme sereine, réconfortant les autres condamnés et pardonnant à leurs bourreaux. Nous nous demandons: comment cela fut-il possible? et Saint Augustin nous répond: «car celui qui règne aux cieux soutenait l'esprit et la langue de ses martyrs et à travers eux, était vainqueur sur la terre» (Sermons, 329, 1-2).

Bienheureux soyez vous, martyrs du Christ! Que tous se réjouissent de l'honneur qui échoit à ces témoins de la foi. Dieu les aida dans leurs expériences douloureuses et leur conféra la couronne de la victoire. Puissent-ils inspirer tous ceux qui, aujourd'hui, oeuvrent en Espagne et dans le monde en faveur de la réconciliation et de la paix!

[en français]

642 4. Le peuple qui campait dans le désert avait soif, comme nous le rappelle la première lecture, tirée du livre de l'Exode (cf. 17, 3). Le spectacle du peuple spirituellement assoiffé était aussi sous les yeux de Nicolas Barré, de l'Ordre des Minimes. Son ministère le mettait continuellement en contact avec des personnes qui, vivant dans le désert de l'ignorance religieuse, risquaient de s'abreuver à la source corrompue de certaines idées de leur temps. C'est pourquoi il ressentit le devoir de devenir un maître spirituel et un éducateur pour ceux qu'il rejoignait par son action pastorale. Pour élargir son rayon d'action, il fonda une nouvelle famille religieuse, les Soeurs de l'Enfant-Jésus, avec le devoir d'évangéliser et d'éduquer la jeunesse délaissée, afin de lui révéler l'amour de Dieu, de lui communiquer en plénitude la Vie divine et de contribuer à l'édification des personnes.

Le nouveau Bienheureux ne cessa d'enraciner sa mission dans la contemplation du mystère de lIncarnation, car Dieu étanche la soif de ceux qui vivent en intimité avec Lui. Il a montré qu'une action faite pour Dieu ne peut qu'unir à Dieu et que la sanctification passe aussi par l'apostolat. Nicolas Barré invite chacun à faire confiance à l'Esprit Saint, qui guide son peuple sur le chemin de l'abandon à Dieu, du désintéressement, de l'humilité, de la persévérance jusque dans les épreuves les plus rudes. Une telle attitude ouvre à la joie du cheminement vers l'expérience de l'action puissante du Dieu vivant.

[en allemand]

5. En tournant enfin notre regard vers la bienheureuse Anna Schäffer, la lecture de sa vie nous apparaît comme le commentaire vivant de ce que saint Paul a écrit aux Romains: «L'espérance ne déçoit point, parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné» (
Rm 5,5).

Plus sa vie s'emplissait de souffrances, plus croissait en elle la conscience que la maladie et la faiblesse pouvaient être les lignes sur lesquelles Dieu écrit son Evangile. Elle appelait sa chambre «l'atelier de la douleur», pour pouvoir devenir toujours plus semblable à la Croix du Christ. Elle parlait de trois clés célestes, que Dieu lui avaient données: «La plus grande qui est en fer forgé et qui est la plus lourde, est ma souffrance. La seconde est l'aiguille et la troisième le porte-plume. C'est avec ces trois clés que je veux travailler chaque jour pour pouvoir ouvrir la porte du ciel».

C'est précisément dans une profonde douleur qu'Anna Schäffer devint consciente que chaque chrétien était responsable de la sainteté de son prochain. C'est dans ce but qu'elle utilisait son porte-plume. Son lit de malade devint le berceau d'un vaste apostolat épistolaire. Elle employait le peu de forces qui lui restaient pour réaliser des travaux de couture et donner ainsi un peu de joie aux autres. Dans ses lettres comme dans ses ouvrages manuels, son motif préféré était le coeur de Jésus comme symbole de l'amour de Dieu. A ce propos, il est frappant qu'elle représentait les flammes du coeur de Jésus non pas comme des langues de feu, mais comme des épis de blé. La référence à l'Eucharistie, qu'Anna Schäffer recevait chaque jour de son curé, est sans équivoque. Le coeur de Jésus, ainsi représenté, sera donc le symbole de la nouvelle bienheureuse.

[en italien]

6. Très chers frères et soeurs, rendons grâce à Dieu pour le don de ces nouveaux bienheureux! En dépit des épreuves de la vie, leur coeur ne s'est pas endurci, mais ils ont écouté la voix du Seigneur, et l'Esprit Saint les a remplis de l'amour de Dieu. Ils ont pu ainsi ressentir que l'«espérance ne déçoit point» (Rm 5,5). Ils ont été comme des arbres plantés le long de cours d'eau qui, en temps utile, ont porté des fruits abondants (cf. Ps Ps 1,3).

C'est pourquoi, aujourd'hui, en admirant leur témoignage, toute l'Eglise proclame: Seigneur, tu es véritablement le Sauveur du monde, tu es la roche dont jaillit l'eau vive pour étancher la soif de l'humanité!

Seigneur, donne-nous toujours de cette eau, afin que nous connaissions le Père et que nous l'adorions en Esprit et en Vérité. Amen!

Homélies St Jean-Paul II 633