Homélies St Jean-Paul II 451

451 Il est clair que vous êtes réunies ici pour vous interroger sur la volonté de Dieu. Cette volonté divine vous sera manifestée par l’action vivifiante de l’Esprit Saint, sans cesse à l’oeuvre dans la vie de l’Eglise. En effet, c’est l’Eglise qui reçoit la mission de reconnaître et d’approuver le charisme spécifique de chaque famille religieuse; et seule l’Eglise est médiatrice de la consécration religieuse de chaque personne. La dimension ecclésiale est absolument essentielle pour une compréhension juste de la vie religieuse. La valeur de la consécration des religieux et des religieuses, l’efficacité surnaturelle de leur activité apostolique dépendent toujours de leur communion avec l’Eglise; celle-ci veille avec sollicitude à ce que chaque personne appelée à la suite du Seigneur soit placée dans les conditions qui favorisent sa fidélité aux engagements pris et qui l’invitent à vivre la charité parfaite. Elle ne peut cesser de méditer le commandement de son Maître: «Demeurez dans mon amour... Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie...»[5].

L’animation de la pastorale des vocations est au coeur des préoccupations de l’Eglise qui demande à ses membres de s’unir à sa prière pour que «le Maître envoie des ouvriers à sa moisson»[6]. Elle s’adresse au Seigneur avec confiance dans l’esprit du Psaume de cette liturgie: «Tu répandais sur ton héritage une pluie généreuse, et quand il défaillait, toi, tu le soutenais»[7].

5. Aujourd’hui, la moisson est abondante; l’Eglise est en continuelle expansion, mais les ouvriers sont peu nombreux, et non seulement pour faire face aux besoins croissants de l’action pastorale, mais surtout en raison des exigences profondes du monde moderne qui, contrairement à ce qui pourrait apparaître superficiellement, attend la Parole de Dieu et même est assoiffé de la Parole qui sauve, illumine et réconforte.

Que l’Esprit Saint, en ces jours où nous nous disposons à sa venue, soit donc votre guide pour préparer l’avenir des jeunes vocations! C’est en effet l’Esprit qui vous rend capables de lire les signes des temps; c’est de lui que viennent le don d’intelligence pour discerner, le don de sagesse pour décider, le don de force pour agir. Que l’Esprit qui anime et vivifie son Eglise vous accompagne et vous guide dans vos réflexions au long de ces journées et dans la mise en oeuvre de vos programmes au sein de vos Instituts! Soyez donc porteuses de l’appel de la vocation à la vie consacrée dans l’Eglise, et le Seigneur ne manquera pas de répondre à votre attente.

Laissez l’Esprit agir en vous, vous qui êtes les premières responsables du ministère des vocations! Encouragez et soutenez les vocations, à l’imitation de Marie qui, par la générosité de son «fiat» et sa totale ouverture à l’Esprit, contribua à la réalisation du plan de salut pour toute l’humanité.

En ce mois qui lui est dédié, que la Mère de Dieu vous assiste toutes! Que son intercession obtienne à l’Eglise les vocations à la consécration totale qui permettent à la vie religieuse de continuer son témoignage spécifique de la sainteté reçue de Dieu comme un don gratuit et de déployer un dévouement apostolique entraînant et fécond!

J’achèverai en reprenant à nouveau des paroles de Paul aux anciens d’Ephèse: «Je vous confie à Dieu et à son message de grâce, qui a le pouvoir de construire l’édifice et de faire participer les hommes a l’héritage de ceux qui ont été sanctifiés»[8].

[1] Act. 20, 27.

[2] Cfr. Io. 1, 48.

[3] Act. 1, 8.

[4] Io. 9, 9. 11. 21.

452 [5] Io. 15, 10. 13.

[6] Cfr. Matth. 9, 38.

[7] Ps. 68 (67), 10.

[8] Act. 20, 32.

VOYAGE APOSTOLIQUE EN EXTRÊME ORIENT ET À MAURICE

CÉLÉBRATION AU PARC DU MONUMENT «MARIE REINE DE LA PAIX»

Port-Louis (Maurice)
Samedi, 14 octobre 1989



1. «Seigneur, Dieu de nos pères, que le ciel et la terre te bénissent, ainsi que toutes les créatures qui s’y trouvent» [1].

En prononçant cette prière du Livre de Tobie, chers Frères et Soeurs qui habitez l’Ile Maurice et en particulier cette ville de Port-Louis, je voudrais adorer Dieu en union avec vous.

Oui, au nom du Dieu Créateur et Père, au nom de son Fils Jésus, notre Sauveur, au nom de l’Esprit Saint, Esprit d’amour et de paix, l’Evêque de Rome est dans la joie de saluer l’Eglise qui est à Maurice.

Je remercie mon Frère, le Cardinal Jean Margéot, de ses paroles de bienvenue et de sa présentation du diocèse de Port-Louis. Il est heureux que nous nous retrouvions ici, aux pieds de Marie, Reine de la Paix, en ce lieu de pèlerinage témoin des grandes heures de votre vie ecclésiale: le centenaire de votre diocèse, les ordinations des premiers prêtres issus de votre peuple et aussi, il y a vingt ans, l’ordination épiscopale de votre pasteur, premier évêque né sur cette terre.

Je voudrais dire à chacun de vous mon salut et mes voeux: aux prêtres, aux religieux, aux religieuses, aux responsables des services pastoraux et des mouvements, à chaque fidèle, des plus âgés aux plus jeunes.

453 Et je salue également nos frères autrement croyants qui tiennent à participer à ce jour de fête des catholiques: je les remercie de leur présence sympathique.

J’adresse mes salutations déférentes à Monsieur le Gouverneur général, à Monsieur le Premier Ministre, aux membres du Gouvernement, au Lord Maire de Port-Louis et aux Autorités qui ont tenu à prendre part à ce rassemblement de prière.

2. Chers Frères et Soeurs, au commencement de mon ministère sur le Siège épiscopal de Rome fondé par l’Apôtre Pierre, il m’a été donné d’inscrire au nombre des bienheureux l’apôtre de l’Ile Maurice, le Père Jacques Laval.

Cet homme, qui n’avait trouvé sa vocation qu’à l’âge déjà mûr, au prix d’une vraie conversion, a traversé les océans pour venir ici, humble et pauvre, mais riche de la foi, riche des mystères de Dieu, riche de la grâce des sacrements, riche de l’amour qu’il portait aux plus pauvres, aux plus délaissés.

Vous le vénérez parce que, presque seul, il a su lancer un immense mouvement de foi, il a su bâtir parmi les anciens «apprentis» une véritable communauté soudée par la prière, par le témoignage partagé, par l’entraide, par le respect des personnes et la compassion pour la souffrance.

Très vite, il affermit la construction grâce aux «conseillers et conseillères», catéchistes dévoués qui rassemblaient les baptisés et catéchumènes dans les quartiers de la ville et dans la campagne. Le Père Laval, avant même d’être aidé par les confrères Spiritains venus le rejoindre, a été un ouvrier extraordinaire dans le champ du Seigneur dont il a fait germer et mûrir la moisson. Vous le considérez à juste titre comme un fondateur et comme un père. Aujourd’hui, il intercède pour nous dans la demeure de Dieu, il se réjouit de voir «ses enfants» rassemblés.

3. Nous souvenant de l’activité missionnaire du bienheureux Jacques Laval, nous pouvons recevoir les paroles de la Lettre de saint Paul à Timothée comme des paroles qui nous sont adressées:

«Souviens-toi de Jésus-Christ, le descendant de David: il est ressuscité d’entre les morts, voilà mon Evangile» [2].

«Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons.

Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons.

Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera» [3].

454 L’Apôtre écrit à son disciple Timothée: «Elle est sûre cette parole» [4]; à cause d’elle, «je souffre, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu!» [5].

Ces paroles de l’Apôtre peuvent s’appliquer à de nombreux missionnaires, et en particulier au missionnaire de Maurice, le bienheureux Laval. Lui aussi s’est laissé conduire par la même foi apostolique: «Je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent eux aussi le salut par Jésus-Christ, avec la gloire éternelle» [6].

Oui, le Père Laval s’est donné tout entier; il a travaillé jusqu’à l’extrême limite de ses forces, il a connu la solitude, la critique parfois, le poids de responsabilités qu’il n’avait pas recherchées, et même l’angoisse de l’obscurité dans sa vie spirituelle; mais il s’est «souvenu de Jésus-Christ» à tout instant; il a «tout supporté» pour que ses frères bien-aimés «obtiennent eux aussi le salut».

Uni au sacrifice du Christ, l’apôtre de Maurice a offert ses forces et sa vie pour faire vivre cette Eglise. Et d’autres l’ont fait, comme le Père Dufay dont vous gardez ici la mémoire, lui qui voulut partager le sort de ses frères au moment de périr dans le naufrage.

4. Aujourd’hui, avec toute l’Eglise qui a été greffée parmi vos ancêtres, nous rendons grâce parce qu’ils ont élevé la demeure du Dieu vivant sur votre île, comme une «maison bâtie sur le roc» [7]. Nous venons d’écouter, chanté dans votre langue créole, l’Evangile qui nous demande de bâtir ainsi.

C’est de cette maison que nous parle le Seigneur Jésus dans le discours sur la montagne: «Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc...; la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc» [8].

L’oeuvre n’est pas achevée, vous le savez bien. Sur le roc de l’Evangile, continuez à bâtir ensemble. Pour toute l’Eglise de ce pays, c’est la tâche que vous propose le plan pastoral diocésain: que tous les baptisés apportent leur pierre à l’édifice, qu’ils soient les «pierres vivantes» de l’Eglise vivante!

5. Car celui qui écoute les paroles du Christ et construit sa propre vie en les mettant en pratique, celui-là bâtit sa maison sur le roc. Cela se rapporte en particulier à la construction délicate et vitale qu’est le mariage: sanctifié par l’amour du Christ, c’est un grand sacrement dans l’Eglise.

Déjà les jeunes époux du Livre de Tobie nous donnent un exemple de construction sur le roc, sur la fondation solide de la Parole de Dieu. Nous avons écouté, dans cette liturgie, la prière de Tobie et de Sara, qui est une admirable introduction à leur vie de couple:

«Seigneur, Dieu de nos pères, que le ciel et la terre te bénissent... C’est toi qui as façonné Adam avec la glaise du sol, et qui lui as donné Eve pour l’aider... si j’épouse cette fille d’Israël, ce n’est pas pour satisfaire mes passions, mais seulement par désir de fonder une famille qui bénira ton nom dans la suite des siècles». Et Sara, qui implore l’aide miséricordieuse de Dieu, demande à son tour: «Puissions-nous vivre heureux jusqu’à notre vieillesse tous les deux ensemble» [9].

Tobie et Sara savent qu’ils ont reçu leur vie de Dieu en même temps que de leurs pères. Par leur union, ils continuent l’oeuvre de vie. Le projet de leur foyer s’accorde avec la volonté du Créateur: il a créé l’homme et la femme pour qu’ils ne soient plus qu’un [10].

455 6. La famille, les chrétiens ont beaucoup travaillé pour la soutenir dans toute la société mauricienne. Votre diocèse a choisi de proposer comme thème, lors de ma visite pastorale, une réflexion très large sur la famille. J’en suis heureux, car «face aux chocs de la modernité», il importe plus que jamais de «fonder sa famille sur le roc». C’était déjà une préoccupation essentielle du Père Laval qui amena de nombreux couples au mariage sacramentel; et il a aimé confier à des familles l’animation de la catéchèse, de la prière et de l’entraide autour de nombreuses chapelles.

La grâce du mariage, pour la solidité du foyer, c’est le don admirable de l’amour qui vient du plus profond de la vie même de Dieu: la capacité d’aimer, de se donner l’un à l’autre, de rester fidèle à une alliance librement consentie. Il y a la fragilité humaine, c’est vrai, mais la fidélité de Dieu y répond. Souvenez-vous de la parole de saint Paul, entendue tout à l’heure: «Si nous sommes infidèles, le Seigneur restera fidèle, car il ne peut se renier lui-même»[11]. Vous les époux qui m’écoutez, vous êtes nombreux à connaître la joie toujours plus belle que donne la fidélité dans l’amour. Et vous qui avez été blessés par le silence de l’amour, par l’éloignement de votre conjoint, sachez que vous n’êtes pas délaissés par le Seigneur, vous pouvez compter sur sa fidélité, et aussi sur le soutien amical de vos frères et soeurs.

Quand on bâtit sur le roc d’un amour fidèle, la personnalité de chacun s’épanouit grâce à la générosité quotidienne du don de soi et du respect de l’autre. Et la mise en commun de tous les dons reçus conduit le couple à donner la vie à son tour. Il assume de manière responsable la paternité et la maternité, soucieux d’abord de la vie de l’enfant, respecté et aimé pour lui-même dès sa conception, avec les espérances et les promesses qu’il porte.

Votre Evêque vous a rappelé par une lettre pastorale l’enseignement moral de l’Eglise: je vous encourage à le comprendre toujours mieux, car ses exigences n’ont d’autre but que d’aider les hommes et les femmes à mener leur vie de famille en se respectant mutuellement. Comme le jeune Tobie, ils ne cherchent pas d’abord à «satisfaire leurs passions»[12] mais à fonder leur famille selon la volonté de Dieu.

7. Il ne faut jamais oublier que des familles saines et heureuses sont à la base de la vie sociale. Non seulement elles donnent naissance aux membres de la société mais elles assurent à chacun sa formation et lui permettent de trouver son équilibre. La réussite des familles est importante pour la réussite de la société tout entière. Et la société, pour sa part, doit tenir compte de la vie des familles et leur permettre de remplir leur vrai rôle.

Je pense d’abord à l’éducation des jeunes: la famille en est la première responsable, mais elle a besoin de l’institution scolaire. Il convient donc que les parents puissent être en plein accord avec les éducateurs sur les valeurs essentielles qu’ils souhaitent transmettre à leurs enfants. A cet égard, je tiens à exprimer mon estime à l’enseignement catholique et j’espère qu’il continuera de bénéficier du soutien que les pouvoirs publics lui accordent, en même temps que lui est garantie la liberté dans l’inspiration de son projet éducatif.

Les jeunes sentent la nécessité d’être compris et soutenus en famille; ils désirent vaincre les obstacles qui nuisent à un dialogue confiant avec leurs parents; ils me l’ont écrit, j’en reparlerai avec eux. Je voudrais simplement souligner ici que c’est d’abord dans leur famille que les jeunes peuvent trouver un sens à leur vie. Lutter contre le désespoir de certains, contre la fuite dans la drogue, contre les dommages graves de l’immoralité, ces préoccupations concernent toute la société, mais en premier lieu les parents. Il faudrait tout faire pour que les contraintes du travail et l’envahissement des loisirs ne puissent jamais empêcher une mère et un père d’être disponibles à leurs enfants et de partager avec eux ce qu’ils ont de plus précieux, leur foi, leu droiture, leur espérance.

8. Chers Frères et Soeurs, je viens de rappeler certaines obligations des familles et leur place essentielle dans la société. Je suis heureux de savoir que, chez vous, la haute conception de la morale familiale défendue par l’Eglise est reconnue et adoptée également par bien des personnes appartenant à d’autres traditions spirituelles. Je tiens à encourager les initiatives pastorales de l’«Action familiale» et d’autres mouvements qui, depuis plus de vingt-cinq années maintenant, oeuvrent ici pour le bien de tous.

Et je voudrais aussi dire la gratitude de l’Eglise à l’égard des époux et des parents: leur rayonnement, leur fidélité quotidienne, leur ouverture aux autres sont indispensables à la vie de l’Eglise. Une famille chrétienne, c’est l’Eglise à la maison; les familles réunies forment des communautés vivantes et elles prennent une part active dans la mission de transmettre la foi, d’appeler à la vie fraternelle dans la paix, d’annoncer l’amour sauveur du Christ.

9. Chers Frères et Soeurs de l’Ile Maurice, en offrant au milieu de vous le sacrifice eucharistique, l’Evêque de Rome partage votre prière, vos joies et vos soucis.

Je prie pour vos familles. Je prie pour tout le peuple de cette Ile. Je prie pour l’Eglise qui est à Maurice, pour que sa belle vitalité ne cesse de croître et de porter des fruits. Je prie pour que chacun et chacune de vous se sache aimé de Dieu, quelles que soient ses difficultés ou ses souffrances. Je prie pour qu’ensemble vous découvriez toujours mieux les dons de Dieu, en Jésus-Christ, «ressuscité d’entre les morts», car «avec lui nous vivrons»[13].

456 Avec vous, je rends grâce pour toutes les merveilles que le Seigneur a accomplies parmi vous, dans cette Eglise, en communion avec l’Eglise universelle.

Oui, «chantez au Seigneur un chant nouveau...
Le Seigneur a fait connaître sa victoire,
et révélé sa justice aux nations:
il s’est rappelé sa fidélité, son amour...
Acclamez le Seigneur, terre entière!»[14].

[1] Tb 8, 7.

[2] 2 Tm 2, 8.

[3] Ibid. 2, 11-13.

[4] Ibid. 11.

[5] Ibid. 9.

[6] Ibid. 10.

457 [7] Cf. Mt 7, 24.

[8] Ibid. 7, 24-25.

[9] Tb 8, 7-10.

[10] Cf. Gn 2, 24; Mt 19, 6.

[11] Cf. 2 Tm 2, 13.

[12] Cf. Tb 8, 9.

[13] 2 Tm 2, 8. 11.

[14] Ps 97 (98), 1-4.


MESSE AU STADE DE LA FERME

Île de Rodrigues (Maurice)
Dimanche, 15 octobre 1989
1. «Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ses chemins et nous suivrons ses sentiers» [1].


458 Telle est l’invitation que nous adresse le prophète Isaïe au cours de cette liturgie. Nous y répondons avec empressement en venant ensemble demander au Seigneur la «Joie» et l’«Espérance» que les cloches de l’église Saint-Esprit, qui portent ces noms, annoncent à ceux qui se rendent à la maison de Dieu.

Chers Frères et Soeurs de Rodrigues, bonjour! Je vous salue de grand coeur et je vous dis combien je suis heureux d’être avec vous aujourd’hui pour célébrer l’Eucharistie.

J’adresse mon salut fraternel à votre Evêque, Monsieur le Cardinal Jean Margéot, et je le remercie de sa présentation de votre communauté. Je salue cordialement ses collaborateurs, en particulier Monsieur l’Abbé Adrien Wiehe, vicaire épiscopal de Rodrigues.

Aux Autorités civiles venues à cette célébration liturgique, je présente mes salutations déférentes et je les remercie de leur présence.

2. L’Evangile que nous venons d’entendre se situe pour ainsi dire dans le prolongement de l’appel lancé par Isaïe dans la première lecture: «Montons à la montagne», disait le prophète, et l’Evangile, lui faisant écho, déclare que lorsque Jésus vit toute la foule qui le suivait «il gravit la montagne. Il s’assit, et les disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire»[2].

Jésus commence le sermon sur la montagne par huit béatitudes. Nous venons de les écouter dans l’Evangile de saint Matthieu. Oui, par les béatitudes, le Christ nous montre les chemins du salut. Ce sont les chemins des pauvres de coeur, des affligés, de ceux qui ont faim et soif de justice, des doux et des miséricordieux, de ceux qui ont le coeur pur et de ceux qui sont persécutés pour la justice[3].

Ceux qui empruntent ces «sentiers du Seigneur» sont «heureux», dit le Christ, car ils arriveront au Temple du Dieu vivant.

Le temple est un lieu de consolation. La faim et la soif de justice y trouvent leur apaisement. C’est la demeure de la miséricorde où les enfants de Dieu obtiennent la vision éternelle. Ce Temple, c’est le Royaume de Dieu.

3. Le Christ conduit ses disciples vers l’accomplissement des huit béatitudes. Surtout, Lui-même les réalise. Lui-même, en effet, est pauvre de coeur, doux et miséricordieux. Lui-même a le coeur pur. Lui-même a connu les peines et les souffrances de la vie. Lui-même a eu faim et soif d’une justice plus grande. Lui-même a été persécuté pour la justice: il est allé jusqu’à subir la passion et la mort de la Croix.

Jésus nous appelle à prendre les chemins des béatitudes, non seulement par ses paroles mais par le témoignage de sa propre vie.

«Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés»[4].

459 4. C’est ainsi surtout qu’a été persécuté le plus grand de tous les prophètes, Celui en qui se sont accomplies toutes les prophéties: Jésus-Christ.

Venez, montons ensemble à la montagne du Seigneur! De la montagne des béatitudes, marchons aussi vers la montagne du Calvaire. Là vraiment se trouve le Temple du Dieu de Jacob: du Dieu vivant. Le Temple du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Du sommet de cette montagne, le Christ nous enseigne l’amour de Dieu pour le monde: «Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle»[5].

5. C’est pourquoi, comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture de cette messe, l’Apôtre saint Paul s’écrie: «Souviens-toi de Jésus-Christ, le descendant de David; il est ressuscité d’entre les morts»[6]. La croix et la résurrection du Christ sont comme un ultime appel à prendre les sentiers des béatitudes. En réalité, «Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous sommes infidèles, lui, il restera fidèle, car il ne peut se renier lui-même»[7].

6. Montagne des béatitudes et montagne du Calvaire. Votre communauté est appelée, comme toute communauté chrétienne, à gravir l’une et l’autre.

Pendant longtemps, Rodrigues semble avoir vécu tranquille, comme une grande famille unie, où tout le monde se connaît et où il n’y a pas de marginaux. Et soudain, c’est l’inquiétude pour l’avenir, c’est l’épreuve.

En effet, la vie moderne a atteint les rivages de l’île. Routes asphaltées, électricité, arrivent en même temps que les moyens de communication sociale. En soi, ce sont de remarquables progrès, mais, comme d’autres sociétés, Rodrigues subit de plein fouet des influences comme celles des vidéos, qui menacent en fait la stabilité des familles. Aussi les foyers doivent-ils faire face à de graves défis. Il leur faut beaucoup de volonté pour sauvegarder les valeurs traditionnelles, pour maintenir ferme l’institution familiale où l’on se forme à la vie pour le bien du pays et où sont appelées à naître les vocations dont l’île a besoin pour le service du Peuple de Dieu.

D’autres difficultés surgissent dans le domaine du travail. Autrefois, Rodrigues était considérée comme «le grenier de l’île Maurice» et ses habitants avaient la réputation d’être de rudes travailleurs. Aujourd’hui, l’attachement des Rodriguais à leur terre a été ébranlé. Et il leur faut résister à la tentation de devenir des assistés. Egalement, les jeunes, face au chômage, quittent le pays et ceux qui restent ont du mal à se mobiliser pour prendre en main l’avenir de cette île.

7. Que faire devant ces difficultés?

D’abord, garder confiance en Dieu, qui veut votre bonheur et qui, dans l’Evangile, montre les chemins à prendre pour être heureux. «Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout pour contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour»[8]. Que votre amour pour Dieu votre Père soit toujours plus dégagé des attitudes irrationnelles ou des séductions «magiques» qui rendent esclaves!

Dans son développement, Rodrigues est aidée par divers organismes présents sur son territoire. L’Eglise, elle aussi, est au service de l’homme rodriguais, «faire dimoune vine dimoune» (travailler pour la réussite de l’homme) mais pour le soutenir et l’épanouir dans sa fidélité à l’Evangile. Tout en annonçant aux hommes la Bonne Nouvelle de l’amour fidèle de Dieu et du salut dans le Christ, l’Eglise éclaire aussi leurs activités de tous les jours pour les aider à correspondre au dessein de Dieu et satisfaire leurs aspirations profondes.

Sous la conduite de vos pasteurs, cherchez à mieux connaître encore la doctrine sociale de l’Eglise. Que les laïcs responsables, qui prennent des engagements dans les domaines sociaux, économiques ou politiques, agissent de plus en plus selon esprit de l’Evangile et qu’ils transmettent leurs convictions aux jeunes générations dans le dialogue et la réflexion commune!

460 Chers amis de Rodrigues, propagez autour de vous l’amour de votre terre, de cette terre qui vous donne votre identité culturelle; encouragez le goût du travail bien fait, l’esprit d’initiative, en particulier parmi les jeunes qu’une formation académique plus poussée rend davantage créatifs; maintenez votre saine fierté de dépendre du labeur de vos mains: c’est cela qui rend l’homme encore plus digne et plus respectable. «Rodrigues diboute lors to deux li pied» (Rodrigues, tiens-toi debout sur tes deux pieds).

8. De votre patrimoine, que vous avez à enrichir et à transmettre, la foi est un trésor que l’on estime par-dessus tout. Elle est une grande force spirituelle. Elle a un rôle à jouer pour l’avenir de Rodrigues, de même qu’elle a contribué, par le passé, à aider l’homme rodriguais à cheminer vers le progrès. Poursuivez dans l’Eglise l’effort de formation à tous les niveaux: animation des communautés, catéchèse dans les villages, groupes de réflexion pour les vocations religieuses et sacerdotales.

Et, sur ce sujet des vocations, laissez-moi vous inviter à prier le Maître de la moisson pour qu’il y ait, à Rodrigues, des ouvriers rodriguais pour la moisson dans cette île. Après le magnifique travail accompli par les prêtres, les religieux et les religieuses venus d’ailleurs afin de semer la foi, c’est à vous de prendre la relève et de construire l’Eglise du troisième millénaire. En particulier, vous les jeunes: «To lavenir li dans to la main» (L’avenir est dans tes mains).

9. Frères et Soeurs de Rodrigues, «chantez au Seigneur un chant nouveau»[9]. Ces mots étaient sur nos lèvres au cours de la liturgie de la Parole. Oui, chantez au Seigneur un chant nouveau: le chant qui jaillit de la foi au Christ crucifié et ressuscité, vainqueur du mal et de la mort; le chant inspiré par la vérité évangélique des huit béatitudes.

Venez, «marchons à la lumière du Seigneur»[10]. Que la parole du Seigneur soit pour vous tous un message de réconciliation et de paix! Que votre activité soit ordonnée au développement du pays, comme le suggère encore le prophète Isaïe: «De leurs épées ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles»[11]. Ainsi, en rivalisant de zèle pour le progrès de votre île bien-aimée, vous serez les uns pour les autres des artisans de paix, avec la bénédiction de Dieu: «Heureux les artisans de paix: ils seront appelés fils de Dieu»[12].

Chers fils et filles de Rodrigues, marchez à la lumière du Seigneur, afin que tous vous obteniez le salut en Jésus-Christ avec la gloire éternelle! Amen.

[1] Is. 2, 3.

[2] Matth. 5, 1-2.

[3] Cfr. ibid. 5, 3-10.

[4] Matth. 5, 11-12.

[5] Io. 3, 16.

461 [6] 2 Tim. 2, 8.

[7] Ibid. 2, 11-13.

[8] Rom. 8, 28.

[9] Ps. 97.

[10] Is. 2, 5.

[11] Ibid. 2, 4.

[12] Matth. 5, 9.




CONCÉLÉBRATION DANS L'ÉGLISE NATIONALE DE

SAINT-LOUIS-DES-FRANÇAIS À L'OCCASION

DU IV CENTENAIRE DE SA CONSÉCRATION


Samedi, 25 novembre 1989



«Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne»[1].

1. En la fête du Christ-Roi, la prière du bon larron traduit le paradoxe chrétien: la foi en la personne et en la mission du Christ est exprimée par un malfaiteur crucifié: celui-ci se tourne avec confiance vers Jésus lui-même condamné, qui expire dans une apparente impuissance.

Les chefs religieux et les soldats se moquent. Un autre condamné blasphème. Le titre de «Roi des Juifs» est donné au Nazaréen par dérision. De même qu’au désert il y avait eu trois tentations, sur le Golgotha le défi est lancé trois fois: «Sauve-toi toi-même!». «Si tu es le Messie», «si tu es le roi des Juifs»[2].

462 Seul le bon larron porte sur Jésus le regard de la foi et l’invoque avec l’audace de l’espérance. Il a reconnu le Messie. Il espère le Règne de vie que viendra inaugurer le Fils. Il donne sa foi à celui en qui Dieu «a voulu tout réconcilier..., en faisant la paix par le sang de sa croix»[3].

Voilà un modèle pour toute confession de foi chrétienne. Voilà le sens de cette solennité: dans le mystère salvifique de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu fait homme est fondé le Règne nouveau. Et Jésus répond au bon larron: «Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis». L’attente est comblée. L’alliance et la communion sont offertes, aujourd’hui, avec le Christ.

2. Chers Frères et Soeurs, rassemblés en cette église Saint-Louis-des-Français, en célébrant avec vous cette fête qui achève l’année liturgique, l’Evêque de Rome vient vous inviter à porter sur le Christ le regard de foi du bon larron et à lui adresser la même prière: «Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne»[4].

Avec saint Paul, je vous appelle aussi à l’action de grâce «à Dieu le Père qui vous a rendus capables d’avoir part, dans la lumière, à l’héritage du peuple saint»[5]. Car la bonne nouvelle du salut nous a été transmise par le témoignage des Apôtres. Les disciples ont reconnu dans le Ressuscité le Serviteur souffrant qu’ils avaient vu ensevelir. Ils nous montrent quelle puissance d’amour est à l’oeuvre en lui: nous sommes rachetés, nos péchés sont pardonnés. Le Fils, «l’image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature», conduit «toute chose à son accomplissement total»[6].

La liturgie nous dit quel est le règne sans limite et sans fin que Jésus rend possible en s’offrant lui-même sur l’autel de la Croix: «Règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix»[7].

3. Chers amis de la communauté française de Rome, la foi dans le Christ Roi est en même temps l’appel à vivre selon l’esprit de son Règne. De génération en génération, d’innombrables témoins vous ont transmis ce message par leur exemple. Je ne nominerai que les saints honorés ici: les patrons de cette église, aux côtés de la Vierge Marie: saint Denis, évêque et martyr, et surtout saint Louis qui sut exercer la royauté comme un service de ses frères et qui demeura pénétré par l’amour du Christ, libre par rapport aux richesses de ce monde. Avec eux, vous vénérez aussi sainte Clotilde, et sainte Jeanne de France, deux reines qui rappellent la place spécifique de la femme dans l’Eglise et dans la société.

L’histoire chrétienne de votre nation est jalonnée par les hautes figures des saints, des hommes d’Eglise, des penseurs, des artistes; mais votre passé a été forgé tout autant par les fidèles aux noms moins illustres qui furent, dans votre pays, les bâtisseurs généreux de «la maison du Seigneur»[8].

Les contradictions n’ont pas manqué non plus au cours des siècles, quand certains s’éloignaient de la foi, quand d’autres se dressaient contre l’Eglise. Ainsi, voici deux siècles, c’est en opposition au christianisme qu’a été proclamé l’idéal humaniste qui devait fonder une société renouvelée. Cependant, avec le recul du temps, ne peut-on reconnaître en quelque sorte dans les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité affirmées avec tant d’éclat, le fruit d’une culture aux racines chrétiennes?

Au cours de mes visites pastorales sur la terre de France, j’ai eu l’occasion d’évoquer déjà, la contribution précieuse des fils de cette nation à la vie de l’Eglise, à sa mission, à sa pensée, à son art, à sa vie pastorale. Continuant cette tradition forgée au cours des siècles, les générations actuelles ont à reprendre la tâche, à renouveler leur fidélité au Christ, lui qui est «le commencement, le premier-né d’entre les morts, puisqu’il devait avoir en tout la primauté»[9].

4. Comme le montre l’Evangile que nous avons écouté, confesser le Christ, Roi de l’Univers, suppose que l’on surmonte maints obstacles.

Les témoins de la crucifixion ne pouvaient retenir leur scepticisme. Autour de nous, nombre de nos contemporains doutent du Christ, ou bien l’ignorent, ou bien excluent sa présence de leur vision du monde. Un certain nombre de pays d’Europe ont hérité des philosophies des lumières, puis des philosophies qui ont jeté le soupçon sur Dieu, sur son Christ, sur son Eglise. Ils ont fait prévaloir bien souvent une organisation de la société et un type d’éducation développés en dehors de toute référence à Dieu.

463 Si ces idéologies, qui n’ont pu assurer le bonheur et la paix qu’elles promettaient, connaissent un certain déclin, leur influence demeure dans les mentalités, sous la forme d’une réticence intellectuelle ou d’une indifférence pratique. Sans vouloir attribuer à l’époque actuelle toutes les difficultés rencontrées dans la foi, on doit cependant constater que la déchristianisation d’une partie importante de la société rend plus exigeante l’adhésion active à la foi et moins aisée la formation chrétienne des jeunes.

Constater ces difficultés ne doit pas nous amener au pessimisme. Il nous faut mieux comprendre le sens du règne du Christ. Jésus n’a vaincu la mort qu’au prix de la souffrance offerte, de l’abandon de la plupart des siens, du silence du peuple et de la raillerie de ses chefs. Mais il a consommé son sacrifice par un amour suprême pour la multitude. Par son sacrifice, Dieu «a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux»[10]. C’est là que se dessine la figure du Règne que nous célébrons, dont nous attendons l’accomplissement, que nous avons la mission de préparer.

5. La fête de ce jour nous rappelle donc le fondement même de la vocation chrétienne: nous rassembler dans le Corps, c’est-à-dire l’Eglise, dont le Christ est la Tête, lui par qui tout a été créé, lui par qui nous sommes rachetés et pardonnés[11].

Par l’héritage de vos devanciers, il vous a été beaucoup donné. Il vous sera encore beaucoup demandé, selon la parole de Jésus[12].

Aux croyants, il est demandé une fidélité courageuse aux dons reçus, une confiance totale au Christ, une disponibilité à travailler à son Règne.

A ceux qui doutent, à ceux qui ne partagent pas toute la foi de l’Eglise, il est demandé de ne pas arrêter leur recherche, de s’ouvrir, avec la grâce de Dieu à Celui qui sollicite la foi sans l’imposer. Vous bénéficiez de la liberté religieuse qui fait encore défaut en trop de régions du monde. Mais liberté ne veut pas dire indifférence à la présence de Dieu. Nous sommes tous appelés à être rassemblés dans le Royaume de Dieu. Nous n’avons pas à craindre la domination du Christ: il est la voie de la paix et de l’amour; il libère en nous le meilleur de notre humanité; par le don de sa vie, il rétablit en nous l’image du Dieu vivant.

Quels que soient l’itinéraire de chacun et son accueil du don de la foi, que personne ne reste passif: chacun peut travailler à l’amélioration du sort de ses frères et faire ainsi un pas sur la route de l’Evangile. Tout effort vers plus de vérité, de justice et d’amour ouvre à la venue du Royaume de Dieu et le prépare parmi nous, afin que «toute chose ait son accomplissement total» dans le Christ[13].

6. Pour vous, chers amis de la communauté française de Rome, vous vivez votre vocation chrétienne dans des conditions particulières où je veux voir une chance. Votre profession ou vos études vous placent dans un carrefour culturel enrichissant. Vous côtoyez des représentants de toutes les nations, dans les milieux diplomatiques ou universitaires, à la FAO ou dans la vie économique. Vous êtes aussi des témoins privilégiés de l’activité de l’Eglise autour du successeur de Pierre; vous pouvez suivre de près son magistère; et vous mesurez mieux qu’ailleurs les liens de l’unité dans l’Eglise universelle. Ces diverses possibilités donnent à votre communauté non seulement une physionomie originale, mais aussi une certaine responsabilité de témoins. Je suis heureux d’être parmi vous ce soir et de vous apporter les encouragements de l’Evêque de Rome.

Je tiens à saluer Monsieur l’Ambassadeur de France près le Saint-Siège et Monsieur l’Ambassadeur de France en Italie, ainsi que toutes les autorités civiles présentes. Je les remercie de m’accueillir et de participer à cette célébration.

Aux côtés du Cardinal Poletti qui porte avec moi la responsabilité pastorale du diocèse, je salue avec joie la présence des Cardinaux français de Rome, si proches du successeur de Pierre, ainsi que les autres Français qui prennent part au travail du Saint-Siège. Ma pensée va aussi au Cardinal François Marty, titulaire de cette église, qui n’a pu être avec nous ce soir.

A toute la communauté chrétienne qui se réunit à Saint-Louis, je dis mes voeux, en saluant très cordialement votre Recteur, Monseigneur René Séjourné, et les prêtres qui vivent en cette maison. Ils vous entraînent dans la prière et la liturgie, dans l’approfondissement de la foi, dans les liens fraternels et l’entraide, dans l’accueil des pèlerins et des visiteurs. Je vous souhaite de continuer à former avec ferveur une communauté rayonnante.

464 7. Vous célébrez cette année le quatrième centenaire de la consécration de cette église française au coeur de la Ville éternelle Toute une histoire s’est nouée autour de ce sanctuaire. Puisse-t-elle se poursuivre avec dynamisme, au service de l’Eglise et du monde! Car ce qui importe, au regard de Dieu, c’est le Temple vivant que vous édifiez.

Nous nous tournons vers le Christ, car nous vivons dans l’Eglise dont il est la Tête, figure de la nouvelle «Jérusalem, parfaitement bâtie, merveille d’unité», comme dit le psalmiste[14]. Puissions-nous ouvrir nos coeurs à la présence transformante du Seigneur et rendre «le temple intérieur aussi beau que le temple de pierre»[15]!

Le Christ est le Messie, le Sauveur, le Roi qui a «en tout la primauté»[16]. Dans la ferveur de la célébration eucharistique, chacun de nous peut lui redire aujourd’hui: «Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne»[17].

[1] Luc. 23, 42.

[2] Cfr. ibid. 23, 35.37.39.

[3] Col. 1, 20.

[4] Luc. 23, 42.

[5] Col. 1, 12.

[6] Ibid. 1, 19.

[7] Praefatio Christi Regis.

[8] Ps 122 (121), 1.

465 [9] Col. 1, 18.

[10] Ibid. 1, 20.

[11] Cfr. ibid. 1, 18. 14.

[12] Cfr. Luc. 12, 48.

[13] Cfr. Col. 1, 19.

[14] Ps. 122 (121), 3.

[15] Cfr. Hymnus Syriacus dedicationis.

[16] Col. 1, 18.

[17] Luc. 23, 42.






Homélies St Jean-Paul II 451