Homélies St Jean-Paul II 563

563 3. Nous avons écouté le prophète Ézéchiel. Ses paroles soulignent particulièrement ce second aspect du baptême. Il s'adresse aux fils et aux filles du Peuple de Dieu, au pluriel et non au singulier, et cela a une signification. Il dit: « J'irai vous prendre dans toutes les nations ... Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés. De toutes vos souillures, ... je vous purifierai. Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau ... Alors vous suivrez mes lois, et vous observerez mes commandements et vous y serez fidèles » [3]. Quand le nouveau baptisé reçoit l'Esprit, il entre dans la communauté des baptisés, enrichie par ce don, la communauté que Dieu rassemble et purifie pour lui donner un Esprit nouveau. Le prophète Ézéchiel s'adresse au Peuple de Dieu de la Première Alliance, à Israël. Le Peuple de la Nouvelle Alliance, ce sont tous les baptisés, provenant de tous les peuples et de toutes les nations, et chacune de ces nations a sa propre histoire: une histoire marquée par l'adhésion au Christ d'hommes et de femmes des générations successives.

4. L'Évangile de cette Messe, à son tour, montre que le baptême concerne aussi la communauté tout entière. Le Christ dit aux disciples: « Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde » [4]. Parlant ainsi, il pense à chaque personne: tout chrétien est le sel de la terre et chacun doit s'employer à ne pas laisser ce sel perdre sa saveur; s'il le laisse s'affadir, il n'est plus bon à rien. Mais, en même temps, le Christ, s'adresse à toute la communauté; vous, chrétiens baptisés, vous, catholiques de France, comme communauté, vous pouvez conserver la saveur du message évangélique, ou alors vous pouvez le perdre. En tant que communauté, portant dans votre coeur la lumière qui vient de Dieu, vous pouvez être la lumière qui illumine les autres, comme une ville située sur une montagne, ou bien vous pouvez devenir le contraire de cette lumière qui illumine les autres. Les hommes peuvent voir ce que vous faites de bien et en rendre gloire au Père qui est aux cieux [5], ou bien ils peuvent ne pas le voir, peut-être simplement parce que la lumière reste cachée sous le boisseau, ou encore parce qu'elle s'affaiblit!

Cette grande célébration jubilaire du baptême vous donne l'occasion de réfléchir sur les dons que vous avez reçus et sur les responsabilités qui en découlent.Au cours des siècles, ces dons ont été, assurément, multipliés de nombreuses fois en tous ceux qui sont devenus dans votre pays le sel de la terre, en ceux qui ont fait resplendir et qui continuent à faire resplendir la grande lumière du témoignage chrétien, de l'apostolat, de l'esprit missionnaire, du martyre, de toutes les formes de la sainteté. Que l'on pense aux martyrs depuis Pothin et Blandine de Lyon, aux pasteurs comme Martin ou Remi, François de Sales ou Eugène de Mazenod, aux saintes femmes comme Jeanne d'Arc, Marguerite-Marie ou Thérèse de Lisieux, aux apôtres de la charité comme Vincent de Paul, aux saints éducateurs comme Nicolas Roland ou Jean-Baptiste de La Salle en cette ville même, aux fondatrices missionnaires comme Anne-Marie Javouhey ou Claudine Thévenet. Ce grand jubilé du baptême doit vous amener à dresser un vaste bilan de l'histoire spirituelle de « l'âme française ». Vous vous souviendrez certes de temps obscurs, de bien des infidélités et des affrontements, conséquences du péché. Mais vous vous souviendrez que toute traversée de l'épreuve est un appel pressant à la conversion et à la sainteté, afin de suivre jusqu'au bout le Christ qui a livré sa vie pour le salut du monde. C'est quand la nuit nous enveloppe que nous devons penser à l'aube qui poindra, que nous devons croire que l'Église chaque matin renaît par ses saints. « Qui l'a une fois compris, disait Bernanos, est entré au coeur de la foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle... une espérance surhumaine » [6].

5. Saint Paul écrivait aux Éphésiens: « Je vous encourage à suivre fidèlement l'appel que vous avez reçu de Dieu » [7]. Paul pense évidemment à la vocation personnelle de chacun des destinataires de cette lettre, mais, là encore, il s'adresse à toute la communauté de l'Église qui est à Éphèse. En tant qu'Église, les Éphésiens doivent se comporter de manière digne de leur vocation, avec humilité et avec douceur, avec patience et avec charité [8]. Tous devraient avoir à coeur «de garder l'unité dans l'Esprit, par le lien de la paix » [9]. Pour que le Corps du Christ soit uni, il faut que tous soient animés par le même Esprit. Paul écrit: «Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous » [10]. Tous les baptisés sont appelés à l'unité: l'unité de la foi, de la charité et de la vie chrétienne, l'unité sacramentelle de l'Église. Cette unité est l'oeuvre de Dieu de l'Esprit Saint et, en même temps, elle est confiée à chacun pour qu'il y contribue selon ses propres dons.

Dans le contexte du jubilé célébré aujourd'hui, les paroles de saint Paul présentent une profonde signification. C'est justement parce que vous avez derrière vous tant de siècles de christianisme que vous êtes appelés à agir de manière digne de la vocation chrétienne. La vocation des baptisés a une dimension constante, éternelle, et elle a une dimension particulière, temporelle. En un sens, les chrétiens de notre temps ont la même vocation que les premières générations de chrétiens de votre terre, et, en même temps, leur vocation est déterminée par l'étape présente de l'histoire. L'Église est toujours une Église du temps présent. Elle ne regarde pas son héritage comme le trésor d'un passé révolu, mais comme une puissante inspiration pour avancer dans le pèlerinage de la foi sur des chemins toujours nouveaux. L'Église va entrer dans son troisième millénaire. Il faut déchiffrer notre vocation chrétienne en fonction de notre temps, à la lumière des enseignements du Concile Vatican II sur l'Église, Lumière des nations, et sur l'Église dans le monde de ce temps: dans une attitude fraternelle, avec amour pour tous les hommes, l'Église n'a d'autre but que de «continuer, sous la conduite de l'Esprit consolateur, l'oeuvre du Christ lui-même, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi » [11]. Catholiques de France, en communion dans la foi, l'espérance et l'amour avec vos frères de toutes les régions du monde, soyez aujourd'hui le vivant reflet du visage du Christ, présent en son Corps qui est l'Église!

6. Frères et Soeurs, nous avons chanté comme refrain du psaume: « J'ai choisi d'habiter la maison de .Dieu, j'ai choisi le bonheur et la vie! ». Que cette célébration jubilaire du baptême de Clovis vous remplis, de joie, car elle rappelle le choix accompli il y a quinze siècles. Il faut se réjouir pour le choix renouvelé au cours des siècles par tant et tant de fils et de filles de votre terre; il faut se réjouir maintenant pour le choix fait par notre génération, au terme du deuxième millénaire. «J'ai choisi d'habiter la maison de Dieu »: ces paroles nous placent aussi dans la perspective eschatologique de la vocation chrétienne, dans la perspective de la fin des temps, quand le Christ rassemblera tous les membres de son Corps dans le Royaume du Père. Par don de la grâce, nous pouvons aussi chanter: «J'ai choisi le bonheur et la vie ». Oui, habiter dans la maison de Dieu est source de vie et de bonheur. Nous rappelons ceux qui nous ont précédés et qui sont accueillis désormais dans la maison de Dieu; nous prions en même temps pour ceux qui sont sur le chemin et pour que beaucoup d'autres s'y engagent. Que ne cesse de briller la lumière de la foi! Soyez dans la joie d'avoir choisi librement d'être unis au Christ par le baptême afin de marcher avec vos frères sur les chemins de vie!

De cette façon, nous célébrons aujourd'hui le XVème centenaire du baptême du Roi Clovis. Amen!

[1] Eph. 4, 5.

[2] Io. 3, 5.

[3] Ez. 36, 24-27.

[4] Matth. 5, 13. 14.

564 [5] Cfr. ibid. 5, 16.

[6] George Bernanos, Jeanne, relapse et sainte.

[7] Eph. 4, 1.

[8] Cfr. ibid. 4, 2.

[9] Ibid. 4, 3.

[10] Ibid. 4, 5-6.

[11] Gaudium et Spes, 3.






1997

MESSE IN CENA DOMINI


Basilique Saint-Jean-de-Latran
Jeudi Saint, 27 Mars 1997
1. Chaque année, la Basilique de Saint-Jean de Latran accueille l'assemblée réunie pour le Mémorial solennel de la dernière Cène.

565 De la Ville et du monde, les fidèles viennent renouveler la mémoire de l'événement accompli un Jeudi voici bien longtemps au Cénacle, et que la Liturgie commémore aujourd'hui comme un événement toujours actuel. Il se prolonge comme Sacrement de l'Autel, sacrement du Corps et du Sang du Christ. Il se prolonge dans l' Eucharistie.

Nous sommes rassemblés d'abord pour refaire le geste accompli par le Christ au début de la dernière Cène, le lavement des pieds. L'Évangile de Jean nous a remis devant les yeux la réticence de Pierre devant l'humiliation du Maître, ainsi que l'enseignement donné par le Christ pour commenter son geste: « Vous m'appelez "Maître" et "Seigneur" et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns les autres. C'est un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous » (
Jn 13,13-15).

À l'heure du Banquet eucharistique, le Christ réaffirme la nécessité de servir. « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45).

Nous sommes donc rassemblés pour retrouver la vivante mémoire du plus grand des commandements, le commandement de l'amour: « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Le geste du Christ l'accomplit réellement au regard des Apôtres: « L'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père », l'heure de l'amour suprême: « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'au bout » (Jn 13,1).

2. Tout cela culmine dans la dernière Cène, au Cénacle de Jérusalem. Nous sommes rassemblés pour revivre cet événement, l'institution de l'admirable Sacrement dont l'Église ne cesse de vivre, du Sacrement qui, de la manière la plus authentique et la plus profonde, constitue l'Église. Pas d'Eucharistie sans l'Église, mais d'abord, pas l'Église sans l'Eucharistie.

Eucharistie signifie action de grâce. C'est pourquoi nous avons prié avec le psaume responsorial: « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait? » (cf. Ps Ps 115,12). Nous présentons et offrons sur l'autel le pain et le vin, en action de grâce pour tous les biens que nous recevons de Dieu, pour les biens de la création et de la rédemption. La rédemption s'est accomplie par le Sacrifice du Christ. L'Église, qui annonce la rédemption et vit de la rédemption, doit continuer à rendre ce Sacrifice sacramentellement présent; elle doit y puiser les forces nécessaires pour être elle-même.

3. La célébration eucharistique in Cena Domini nous le rappelle avec une éloquence singulière. La première lecture, tirée du Livre de l'Exode, évoque l'étape de l'histoire du peuple de l'Ancienne Alliance au cours de laquelle le mystère de l'Eucharistie fut préfiguré de la manière la plus claire: l'institution de la Pâque. Le peuple devait être libéré de l'esclavage en Égypte, il devait sortir libre de la terre de l'esclavage, et le prix de ce rachat était le sang de l'agneau.

Cet agneau de l'Ancienne Alliance a trouvé tout son sens dans la Nouvelle Alliance, en particulier grâce au ministère prophétique de Jean-Baptiste, qui, désignant Jésus de Nazareth descendu au Jourdain pour recevoir le baptême, avait dit: « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).

Ce n'est pas un hasard si ces paroles se trouvent placées au centre de la liturgie eucharistique. Les lectures de la Messe de la Cène du Seigneur nous le rappellent, pour indiquer que, par ce vivant Mémorial, nous entrons dans la Passion du Christ. C'est précisément à cette heure que sera révélé le mystère de l'Agneau de Dieu. Les paroles prononcées par le Baptiste au Jourdain seront ainsi clairement accomplies. Le Christ sera crucifié. Comme Fils de Dieu, il acceptera la mort, pour libérer le monde du péché.

Ouvrons nos coeurs, participons avec foi à ce grand mystère et acclamons, avec toute l'Église réunie pour l'assemblée eucharistique: « Nous annonçons ta mort, Seigneur, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue ».



CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE DE LA VEILLÉE PASCALE


Basilique Saint-Pierre
566 Samedi Saint, 29 mars 1997
1. « Que la lumière soit! » (Gn 1,3).


Au cours de la Vigile pascale, la liturgie fait retentir ces paroles tirées du livre de la Genèse. Elles constituent un puissant fil conducteur de cette admirable célébration. Au début, on bénit le « feu nouveau » et on y allume le cierge pascal, qui est porté en procession jusqu'à l'autel. Le cierge entre et s'avance d'abord dans l'obscurité, jusqu'au moment où, après le chant du troisième Lumen Christi, la lumière revient dans la Basilique tout entière.

C'est ainsi qu'ont été liés les éléments des ténèbres et de la lumière, de la mort et de la vie. Sur ce fond retentit le récit biblique de la création. Dieu dit: « Que la lumière soit! » (Gn 1,3). Il s'agit, en un sens, du premier pas vers la vie. En cette nuit doit s'accomplir un passage unique de la mort à la vie, et le rite de la lumière, accompagné par les paroles de la Genèse, en donne la première annonce.

2. Dans le prologue de son Évangile, saint Jean écrit, à propos du Verbe qui s'est fait chair: « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1,4). Cette sainte nuit devient donc une extraordinaire manifestation de la vie qui est la lumière des hommes. Toute l'Église participe à cette manifestation, spécialement les catéchumènes qui reçoivent le baptême au cours de cette Vigile.

La Basilique Saint-Pierre vous reçoit pour cette célébration solennelle, chers Frères et Soeurs, qui allez être baptisés dans le Christ notre Pâque. Deux d'entre vous viennent d'Albanie et deux du Zaïre, des pays qui vivent des heures dramatiques de leur histoire: que le Seigneur veuille écouter le cri des pauvres et les guider sur le chemin de la paix et de la liberté! D'autres parmi vous viennent du Bénin, du Cap-Vert, de Chine, de Taiwan. Je prie pour chacun d'entre vous qui, en cette assemblée, représentez les prémices de la nouvelle humanité rachetée par le Christ, pour que vous soyez toujours de fidèles témoins de son Évangile.

Les lectures liturgiques de la Veillée pascale unissent les deux éléments du feu et de l'eau. L'élément du feu, qui donne la lumière, et l'élément de l'eau, qui devient la matière du sacrement de la renaissance, c'est-à-dire du saint Baptême. « Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn 3,5). Le passage des Israélites à travers la Mer Rouge, c'est-à-dire la libération de l'esclavage d'Égypte, est une figure et pour ainsi dire une anticipation du baptême qui libère de l'esclavage du péché.

3. Les nombreux motifs qui, dans la liturgie de la Vigile de Pâques, sont présents dans les lectures bibliques, convergent et s'entrelacent pour former une sorte d'image unique. C'est l'Apôtre Paul qui présente cette vérité de la manière la plus complète dans la lettre aux Romains, qui vient d'être proclamée: « Ne le savez-vous donc pas? Nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts » (Rm 6,3-4).

Ces paroles nous conduisent au centre même de la vérité du christianisme. La mort du Christ, la mort rédemptrice, est le début du passage à la vie, qui s'est manifesté par sa résurrection. « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, poursuit saint Paul, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet: ressuscité d'entre les morts, le Christ ne meurt plus; sur lui, la mort n'a plus aucun pouvoir » (Rm 6,8-9).

4. Tenant à la main le flambeau de la Parole de Dieu, l'Église qui célèbre la Veillée pascale s'arrête comme sur un dernier seuil. Elle s'arrête pour une longue attente, au cours de cette nuit tout entière. Près du tombeau, nous attendons l'événement qui s'est produit voici deux mille ans. Les premiers témoins de cet événement extraordinaire furent les femmes de Jérusalem: elles arrivèrent au lieu où Jésus avait été enseveli le Vendredi Saint et elles trouvèrent le tombeau vide. Une voix les surprit: « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié! Il est ressuscité, il n'est pas ici. Voici l'endroit où on l'avait déposé. Et maintenant allez dire à ses disciples et à Pierre: 'Il vous précède en Galilée'. Là vous le verrez, comme il vous l'a dit » (Mc 16,6-7).

Personne n'a vu de ses yeux la résurrection du Christ. Les femmes, venues au tombeau, furent les premières à constater que l'événement s'était déjà produit.

567 L'Église, réunie pour la Vigile pascale, écoute à nouveau ce témoignage, dans une attente silencieuse, et elle manifeste ensuite sa grande joie. Nous l'avons entendu annoncer il y a peu par la bouche du diacre: « Annuntio vobis gaudium magnum... », « Je vous annonce une grande joie, Alléluia! ».

Recevons cette annonce avec un coeur ouvert, participons ensemble à la grande joie de l'Église.

Le Christ est vraiment ressuscité! Alléluia!





VOYAGE APOSTOLIQUE AU LIBAN

(10-11 MAI 1997)

Rencontre avec les jeunes du Liban et signature de l'Exhortation Apostolique post-synodale dans la Basilique de Notre-Dame du Liban (Harissa)





Basilique de Notre-Dame du Liban, Harissa
Samedi 10 mai 1997
Chers Jeunes du Liban,


1. Je suis particulièrement heureux de vous rencontrer ce soir, au cours de mon voyage apostolique dans votre pays. Je remercie tout d'abord le Cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, Patriarche d'Antioche des Maronites, pour ses paroles de bienvenue, ainsi que Monseigneur Habib Bacha, Président de la Commission épiscopale pour l'Apostolat des Laïcs, pour sa présentation de la jeunesse du Liban.

Chers jeunes, je suis particulièrement sensible aux paroles que, par l'intermédiaire de vos représentants, vous allez de m'adresser avec franchise et confiance. Je comprends les aspirations qui vous animent et vos impatiences devant la situation quotidienne qui vous semble ne pas pouvoir changer. Je découvre ainsi les visages de garçons et de filles, qui, avec toute l'ardeur et l'élan de leur jeunesse, ont cependant le désir profond de se tourner vers l'avenir, en priant le Seigneur de leur donner force et courage, de leur communiquer son amour et son espérance, comme nous allons le demander dans la prière d'ouverture de notre célébration. Tout au long des années passées, je vous ai soutenus par la prière, demandant au Christ de vous assister dans votre marche vers la paix et dans votre vie personnelle et sociale.

2. Nous allons entendre le récit évangélique des disciples d'Emmaüs. Leur expérience peut vous aider, car elle ressemble à celle de chacun d'entre vous. Attristés par les événements de la Semaine sainte, désorientés par la mort de Jésus et déçus qu'ils ne réalisent pas leurs attentes, les deux disciples décident de quitter Jérusalem le jour de Pâques et de retourner dans leur village. L'espérance apportée par le Christ au cours des trois années passées avec lui sur la Terre sainte semble avoir été anéantie avec sa mort. Cependant, tout en marchant sur la route, les pèlerins d'Emmaüs se rappellent le message du Seigneur, message d'amour et de charité fraternelle, message d'espérance et de salut. Ils gardent dans leur coeur le souvenir des faits et gestes qu'il avait accomplis au long de sa vie publique, des bords du Jourdain au Golgotha, en passant par Tyr et par Sidon.

Chacun d'eux se souvient de paroles et de rencontres avec le Seigneur, qui manifestait sa tendresse, sa compassion et son amour à l'égard de tout être humain. Tous étaient frappés par son enseignement et par sa bonté. Au-delà de la souillure du péché, le Christ regardait la beauté intérieure de l'être créé à l'image de Dieu. Il savait percevoir le désir profond de vérité et la soif de bonheur qui habitent l'âme de chaque personne. Par son regard, sa main tendue et sa parole de réconfort, Jésus appelait chacun à se relever après la faute, car toute personne a une valeur qui dépasse ce qu'elle a fait et il n'y a pas de péché qui ne puisse être pardonné. En se remémorant tout cela, les disciples commencent ainsi à méditer la Bonne Nouvelle apportée par le Messie.

568 Au cours de leur marche sur la route d'Emmaüs, alors qu'ils contemplaient la personne du Christ, sa parole et sa vie, les disciples sont rejoints par le Ressuscité lui-même, qui leur dévoile la profondeur des Ecritures et leur fait découvrir le dessein de Dieu. Les événements de Jérusalem, la mort sur la Croix et la résurrection, apportent le salut à tout homme. La mort a été vaincue, le chemin de la vie éternelle est définitivement ouvert. Mais les deux hommes ne reconnaissent pas encore le Seigneur. Leur coeur est obscurci et troublé. Ce n'est qu'au terme de la route, lorsque Jésus leur partage le pain, lorsqu'il refait le geste de la Cène, mémorial de son sacrifice, que leurs yeux s'ouvrent pour accueillir la vérité: Jésus est ressuscité; il les précède sur les chemins du monde. L'espérance n'est pas morte. Aussitôt, ils retournent à Jérusalem annoncer la Bonne Nouvelle. Fort de ces promesses, nous savons nous aussi que le Christ est vivant et réellement présent au milieu de ses frères, tous les jours et jusqu'à la fin des temps.

3. Le Christ refait sans cesse cette marche d'Emmaüs, cette marche synodale avec son Eglise; en effet, le mot synode veut dire faire route ensemble. Il l'a refaite avec les pasteurs de l'Eglise catholique au Liban, au cours de l'Assemblée spéciale qui s'est tenue à Rome en novembre et en décembre 1995. Chers jeunes, il veut aussi la refaire avec vous, parce que le synode des évêques pour le Liban était fait pour vous: l'avenir, c'est vous. Lorsque vous accomplissez votre tâche quotidienne, dans l'étude ou le travail, lorsque vous servez vos frères, lorsque vous partagez vos doutes et vos espérances, lorsque vous méditez l'Ecriture, seul ou en Eglise, lorsque vous participez à l'Eucharistie, le Christ vous rejoint; il chemine à vos côtés; il est votre force, votre nourriture et votre lumière.

Chers jeunes, dans votre vie de tous les jours, n'ayez pas peur de vous laisser rejoindre par le Christ à l'image des disciples d'Emmaüs. Dans votre vie personnelle, dans la vie ecclésiale, le Seigneur vous accompagne et met en vous son espérance. Le Christ a confiance en vous, pour être responsables de votre propre existence et de celle de vos frères et soeurs, de l'avenir de l'Eglise au Liban et de l'avenir de votre pays. Aujourd'hui et demain, Jésus vous invite à quitter vos sentiers, pour faire route avec Lui, unis avec tous les fidèles de l'Eglise catholique et avec tout le peuple libanais.

4. Alors acceptez-vous de suivre le Christ? Si vous acceptez de suivre le Christ et de vous laisser saisir par lui, il vous montrera que le mystère de sa mort et de sa résurrection est la clé de lecture par excellence de la vie chrétienne et de la vie humaine. En effet, dans toute existence, il y a des temps où Dieu semble faire silence comme dans la nuit du Jeudi saint; des temps de détresse comme le jour du Vendredi saint où Dieu semble abandonner ceux qu'il aime; des temps de lumière comme à l'aube du matin de Pâques qui a vu la victoire définitive de la vie sur la mort. A l'exemple du Christ qui a remis sa vie entre les mains du Père, c'est en mettant votre confiance en Dieu que vous ferez de grandes choses. Car, si nous comptons uniquement sur nous-mêmes, nos projets font trop souvent apparaître des intérêts particuliers et partisans. Mais tout peut changer lorsque l'on compte d'abord sur le Seigneur, qui vient transformer, purifier et pacifier l'être intérieur. Les changements auxquels vous aspirez sur votre terre nécessitent d'abord et avant tout des changements dans les coeurs.

5. En effet, il vous appartient de faire tomber les murs qui ont pu s'édifier pendant les périodes douloureuses de l'histoire de votre nation; n'élevez pas de nouveaux murs au sein de votre pays. Au contraire, il vous revient de construire des ponts entre les personnes, entre les familles et entre les différentes communautés. Dans votre vie quotidienne, puissiez-vous poser des gestes de réconciliation, pour passer de la méfiance à la confiance! Il vous revient aussi de veiller à ce que chaque Libanais, en particulier chaque jeune, puisse participer à la vie sociale, dans la maison commune. Ainsi naîtra une nouvelle fraternité et se tisseront des liens solides, car pour l'édification du Liban, l'arme principale et déterminante est celle de l'amour. En puisant dans la vie intime avec le Seigneur, source de l'amour et de la paix, vous serez à votre tour des artisans de paix et d'amour. A cela, nous dit l'Apôtre, nous serons reconnus comme ses disciples.

Vous êtes la richesse du Liban, vous qui avez soif de paix et de fraternité, et qui avez le désir de vous engager chaque jour pour cette terre à laquelle vous êtes profondément attachés. Avec vos parents, vos éducateurs et tous les adultes qui ont des fonctions sociales et ecclésiales, vous avez à préparer le Liban de demain, pour en faire un peuple uni, avec sa diversité culturelle et spirituelle. Le Liban est un héritage plein de promesses. Attachez-vous à acquérir une solide éducation civique et morale, pour prendre pleinement conscience de vos responsabilités dans la reconstruction nationale. Parmi les éléments qui créent l'unité au sein d'une nation, il y a le sens du dialogue avec tous ses frères, dans le respect des sensibilités spécifiques et des différentes histoires communautaires. Loin d'éloigner les personnes les unes des autres, cette attitude fondamentale d'ouverture est un des éléments moraux essentiels de la vie démocratique et un des moyens essentiels du développement des solidarités, pour recomposer le tissu social et pour donner un nouvel élan à la vie nationale.

6. Pour vous manifester mon estime et ma confiance, dans un instant à la fin de l'homélie, je signerai devant vous l'Exhortation apostolique post-synodale. Par vos réflexions, vous avez apporté une contribution notable à la préparation de l'Assemblée, où vous avez été représentés et entendus. Aujourd'hui, je vous choisis comme témoins privilégiés et comme dépositaires du message de renouveau dont l'Eglise et votre pays ont besoin. Je vous exhorte à prendre avec ardeur une part active à la mise en oeuvre des orientations de l'Assemblée synodale. Avec les patriarches et les évêques, pasteurs du troupeau, avec les prêtres, les religieux et les religieuses, et l'ensemble du peuple chrétien, vous avez la charge d'être les témoins du Ressuscité, par la parole et par toute votre vie. Dans la communauté chrétienne, chacun de vous est appelé à avoir une part de sa responsabilité. En écoutant le Christ qui vous appelle et qui veut faire réussir votre existence, vous répondrez à votre vocation particulière, dans le sacerdoce, la vie consacrée ou le mariage. Dans chaque état de vie, s'engager à suivre le Seigneur est source de grande joie.

L'église dans laquelle nous sommes se trouve au sommet de la montagne: elle est visible pour les habitants de Beyrouth et de la région, et pour les visiteurs qui arrivent sur votre terre; ainsi, que votre témoignage soit pour vos compagnons un exemple éclairant! N'oubliez pas votre identité chrétienne et votre condition de disciples du Seigneur. C'est votre gloire; c'est votre espérance; c'est votre mission. Recevez l'Exhortation comme un don que l'Eglise universelle fait à l'Eglise au Liban et à votre pays, avec la certitude que votre dynamisme et votre courage seront à l'origine de transformations profondes en vous et dans l'ensemble de la société. Mettez votre foi et votre espérance dans le Christ. En lui, vous ne serez pas déçus.

7. Demandons à la Vierge Marie, Notre-Dame du Liban, de veiller sur votre pays et sur ses habitants, et de vous assister de sa tendresse maternelle, pour être les dignes héritiers des saints de votre terre et pour faire refleurir le Liban, ce pays qui fait partie des Lieux saints que Dieu aime, parce qu'il est venu y faire sa demeure et nous rappeler que nous avons à construire la cité terrestre, en ayant les yeux fixés sur les valeurs du Royaume.

Alors, je dois vous dire que vous avez suivi le discours avec attention. Et je dois vous dire que je vous ai suivis aussi: est-ce qu'ils réagissent au moment juste? Est-ce qu'ils applaudisent quand il faut applaudir? Alors, j'ai constaté tout cela. Comme ça votre examen est réussi! Et maintenant on doit retourner dans la basilique, dans l'église pour célébrer la partie liturgique. Vous devez encore y participer et à la fin je reviendrai ici vous voir!



CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE EN

CONCLUSION DE L'ASSEMBLÉE SPÉCIALE

POUR LE LIBAN DU SYNODE DES ÉVÊQUES

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II

Esplanade de la base navale, Beyrouth
569 Dimanche 11 mai 1997
1. Aujourd'hui, je salue le Liban. Depuis longtemps, je désirais venir, et pour tant de raisons! J'arrive dans votre pays seulement en ce jour, pour conclure l'Assemblée spéciale pour le Liban du Synode des Evêques. Il y a près de deux ans, l'Assemblée synodale a mené ses travaux à Rome. Mais sa partie solennelle, la publication du document post-synodal, a lieu maintenant, au Liban. Ces circonstances me permettent d'être sur votre terre, pour la première fois, et de vous dire l'amour que l'Eglise et le Siège apostolique portent à votre nation, à tous les Libanais: les catholiques des différents rites maronite, melkite, arménien, chaldéen, syrien, latin, les fidèles appartenant aux autres Eglises chrétiennes, ainsi que les musulmans et les druzes, qui croient au Dieu unique. Du fond du coeur, je vous salue tous, en cette circonstance si importante. Nous voulons maintenant présenter à Dieu les fruits du Synode pour le Liban.

Je remercie Monsieur le Cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, Patriarche maronite, pour les paroles d'accueil qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je remercie aussi les Cardinaux qui m'accompagnent; ils soulignent par leur présence l'attachement du Siège apostolique au Liban. Je salue les Patriarches et les Evêques présents, ainsi que toutes les personnes qui ont pris part aux travaux du Synode pour le Liban.

C'est pour moi une joie de saluer les distingués représentants des autres Eglises et Communautés ecclésiales, les Patriarches et notamment les délégués fraternels au Synode, qui ont bien voulu s'associer à cette fête de leurs frères catholiques. J'adresse aussi aux personnalités musulmanes et druzes un très cordial salut.

Avec déférence, j'exprime ma gratitude à Son Excellence le Président de la République, à Son Excellence le Président du Parlement, à Son Excellence le Président du Conseil des Ministres, ainsi qu'aux Autorités de l'Etat pour leur présence à cette célébration liturgique.

2. Dans cette assemblée exceptionnelle, nous voulons dire au monde l'importance du Liban, sa mission historique, accomplie au long des siècles: pays de nombreuses confessions religieuses, il a montré que ces différentes confessions peuvent vivre ensemble dans la paix, la fraternité et la collaboration; il a montré que l'on peut respecter le droit de tout homme à la liberté religieuse; que tous sont unis dans l'amour pour cette patrie qui a mûri au cours des siècles, gardant l'héritage spirituel de leurs pères, notamment du moine saint Maron.

3. Nous sommes ici dans la région que foulèrent les pieds du Christ, Sauveur du monde, il y a deux mille ans. La sainte Ecriture nous apprend que Jésus alla prêcher au-delà des limites de la Palestine d'alors, qu'il visita aussi le territoire des dix cités de la Décapole, Tyr et Sidon en particulier et qu'il y accomplit des miracles. Libanais et Libanaises, le Fils de Dieu lui-même fut le premier évangélisateur de vos ancêtres. C'est un privilège extraordinaire. Parlant de Tyr et de Sidon, je ne peux pas omettre de mentionner les grandes souffrances que connaissent leurs populations. Je demande aujourd'hui à Jésus de mettre fin à ces douleurs. Et j'implore de Lui la grâce d'une paix juste et permanente au Moyen-Orient, dans le respect des droits et des aspirations de tous.

En écoutant l'Evangile de ce jour, l'Evangile des huit Béatitudes dans le Sermon sur la Montagne, nous ne pouvons pas oublier que l'écho de ces paroles du salut, prononcées un jour en Galilée, était tôt parvenu jusqu'ici. Les auteurs de l'Ancien Testament se tournaient souvent dans leurs écrits vers les monts du Liban et de l'Hermon, qu'ils voyaient à l'horizon. Le Liban est donc un pays biblique. Se trouvant tout proche des lieux où Jésus accomplit sa mission, il fut parmi les premiers pays à recevoir la Bonne Nouvelle que vos ancêtres ont reçue de la bouche du Sauveur.

Assurément, vos ancêtres ont appris par la prédication apostolique, en particulier par les missions de saint Paul, l'histoire du salut, les événements qui se sont succédé du dimanche des Rameaux au Vendredi saint et au Dimanche de Pâques. Le Christ a été crucifié, mis au tombeau, mais il est ressuscité le troisième jour. Le Mystère pascal de Jésus Christ constitue le coeur même de l'histoire du salut, comme le montre bien, à la Messe, l'acclamation paulinienne après la consécration: « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ». Toute l'Eglise attend sa venue, en Orient et en Occident. Les fils et les filles du Liban attendent son nouvel avènement. Nous vivons tous l'Avent des derniers temps de l'histoire et nous cherchons tous à préparer la venue du Christ, à édifier le Règne de Dieu qu'il a annoncé.

4. La première lecture de cette liturgie, dans les Actes des Apôtres, nous rappelle la période qui a suivi l'Ascension du Christ au ciel, lorsque les Apôtres, selon sa recommandation, retournèrent au Cénacle et y demeurèrent en prière, avec la Mère de Jésus et les frères et Soeurs de la communauté primitive qui fut le premier noyau de l'Eglise (cf. 1, 12-14). Chaque année, après l'Ascension, l'Eglise revit cette première neuvaine, la neuvaine au Saint-Esprit. Les Apôtres, rassemblés au Cénacle, avec la Mère du Christ, prient pour que s'accomplisse la promesse que leur a faite le Christ ressuscité: «Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins» (
Ac 1,8). Cette première neuvaine apostolique à l'Esprit Saint est le modèle de ce que fait l'Eglise chaque année.

L'Eglise prie: Veni, Creator Spiritus!

570 «Viens, ô Esprit créateur! Visite les âmes de tes fidèles;
Emplis de la grâce d'en haut les coeurs qui sont tes créatures... »

Je redis avec émotion cette prière de l'Eglise universelle avec vous, chers Frères et Soeurs, fils et filles du Liban. Nous avons confiance: l'Esprit Saint renouvellera le visage de votre terre. « Et renovabis faciem terrae ».

5. Dans la Lettre que nous lisons aujourd'hui, saint Pierre écrit: « Puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d'être dans la joie et l'allégresse quand sa gloire se révélera. Si l'on vous insulte au nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l'Esprit de gloire, l'Esprit de Dieu, repose sur vous» (
1P 4,13-14).

On a souvent parlé du « Liban martyr », surtout dans la période de guerre qui a marqué votre pays voici plus de dix ans. Dans ce contexte historique, les paroles de saint Pierre concernent tous ceux qui ont souffert sur cette terre. L'Apôtre écrit: « Puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous », parce que l'Esprit de Dieu repose sur vous, et c'est l'Esprit de gloire (cf. ibid.). Je n'oublie pas que nous sommes rassemblés près du coeur historique de Beyrouth, la Place des Martyrs; mais vous l'avez nommée aussi Place de la Liberté et Place de l'Unité. J'en suis sûr, les souffrances des années passées ne seront pas vaines; elles fortifieront votre liberté et votre unité.

Aujourd'hui, la parole de Jésus inspire notre prière. Nous prions pour que ceux qui pleurent soient consolés, pour que les miséricordieux obtiennent miséricorde (cf. Mt Mt 5,5 Mt Mt 5,7), pour que, recevant le pardon du Père, tous acceptent de pardonner les offenses à leur tour. Prions pour que les fils et les filles de cette terre soient heureux d'être des artisans de paix et d'être appelés fils de Dieu (cf. Mt Mt 5,9). Si, par la souffrance, nous participons à la passion du Christ, nous aurons aussi part à sa gloire.

6. L'Esprit Saint, l'Esprit de Jésus Christ, est un Esprit de gloire. Prions aujourd'hui pour que cette gloire divine enveloppe tous ceux qui connaissent la souffrance sur la terre libanaise. Prions pour qu'elle devienne un germe de force spirituelle pour vous tous, pour l'Eglise et pour la nation, afin que le Liban puisse remplir son rôle au Proche-Orient, parmi les nations voisines et avec toutes les nations du monde.

Esprit de Dieu, mets ta lumière et ton amour dans les coeurs pour achever la réconciliation entre les personnes, au sein des familles, entre voisins, dans les villes et les villages et au sein des institutions de la société civile!

Esprit de Dieu, que ta force réunisse tous les fils de cette terre pour qu'ils marchent ensemble avec courage et ténacité sur le chemin de la paix, de la convivialité, dans le respect mutuel de la dignité et de la liberté des personnes, pour l'épanouissement de chacun et pour le bien du pays tout entier!

Esprit de Dieu, donne aux familles libanaises de développer les dons de grâce du mariage! Donne aux jeunes de bâtir leur personnalité avec confiance et de prendre conscience de leurs responsabilités dans l'Eglise et dans la cité!

Esprit de Dieu, accorde aux fidèles du Liban d'affermir l'unité de chacune des Eglises patriarcales, de toute l'Eglise catholique au Liban! Aide-les à faire de nouveaux pas sur les chemins de la pleine unité de tous ceux qui ont reçu le don de la foi au Christ Sauveur!

571 Esprit de Dieu, « Toi qu'on appelle Conseiller, Source vive, Feu, Charité », manifeste en ce peuple les fruits attendus de l'Assemblée synodale! Esprit de lumière et d'amour, sois pour les fils et les filles du Liban source de force, de force spirituelle, spécialement à cette heure, au seuil du troisième millénaire du christianisme!

Viens Esprit de Dieu. Veni, Sancte Spiritus! Amen.





Homélies St Jean-Paul II 563