Homélies St Jean-Paul II 577

Voyage Apostolique à Rio de Janeiro à l'occasion


de la IIe Rencontre mondiale avec les Familles


(2-6 octobre 1997)




MESSE AVEC LES ÉVÊQUES, LES PRÊTRES, LES RELIGIEUX,

LES RELIGIEUSES ET LES REPRÉSENTANTS DU CONGRÈS

THÉOLOGIQUE PASTORAL

4 octobre 1997



Loué soit Jésus-Christ!

«Il y eut des noces à Cana» (Jn 2,1).

1. Aujourd'hui, la liturgie nous conduit à Cana de Galilée. Une fois de plus, nous prenons part aux noces qui y furent célébrées et auxquelles furent invités Jésus, sa mère et ses disciples. Ce détail laisse penser que le banquet nuptial eut lieu dans la maison de personnes que Jésus connaissait, puisque lui aussi avait grandi en Galilée. Humainement parlant, qui aurait pu prévoir que cette occasion devait marquer, dans un certain sens, le début de son activité messianique? Et pourtant, il en fut ainsi. Ce fut en effet là, à Cana, que Jésus, sollicité par sa mère, accomplit son premier miracle, transformant l'eau en vin.

L'évangéliste Jean, témoin oculaire de l'événement, a décrit en détail la succession des faits. Dans sa description, tout apparaît empli d'une profonde signification. Et, étant donné que nous sommes réunis ici pour participer à la Rencontre mondiale avec les Familles, nous devons découvrir peu à peu ces significations. Le miracle accompli à Cana de Galilée, comme d'autres miracles de Jésus, constitue un signe: il indique l'action de Dieu dans la vie de l'homme. Il est nécessaire de méditer sur cette action pour découvrir le sens plus profond de ce qui eut lieu là-bas.

Le banquet nuptial de Cana nous conduit à réfléchir sur le mariage, dont le mystère renferme la présence du Christ. N'est-il pas légitime de voir dans la présence du Fils de Dieu à ces noces, un indice du fait que le mariage devrait être un signe efficace de sa présence?

2. Le regard tourné vers les noces de Cana et vers ses invités, je m'adresse à vous, représentants des grands peuples d'Amérique latine et du reste du monde, à l'occasion du Saint Sacrifice de la Messe célébrée avec vous, évêques et prêtres, qui êtes accompagnés par les religieux, les représentants du Congrès théologique et pastoral de cette II Rencontre mondiale de la Famille, et les fidèles réunis dans cette cathédrale métropolitaine de São Sebastião de Rio de Janeiro.

Je désire avant tout saluer mon vénéré frère, le Cardinal Eugênio de Araújo Sales, Archevêque de cette Eglise traditionnelle et dynamique, que je connais et que j'estime depuis de nombreuses années; je sais combien il est lié au Siège de Pierre. Que les bénédictions des Apôtres Pierre et Paul retombent sur cette ville, sur ses paroisses et sur les initiatives pastorales; sur les divers centres de formation du clergé, en particulier sur le séminaire archidiocésain de Saint-Joseph, dynamique et riche de vocations sacerdotales, qui accueille également de nombreux séminaristes venus d'autres diocèses; sur l'Université pontificale catholique; sur les nombreuses congrégations religieuses, les instituts séculiers et les mouvements apostoliques; sur l'Abbaye de Notre-Dame de Montserrat; sur les confréries méritantes et, de façon générale, car il est impossible de mentionner tout le monde, mais je ne voudrais oublier personne, sur les organismes d'assistance qui se prodiguent tant pour la protection de ceux qui en ont le plus besoin.

Je vous salue, très chers frères dans l'épiscopat du Brésil et du monde, ainsi que vous, qui représentez les ordinaires pour les fidèles des rites orientaux; je vous salue également, prêtres, religieux, religieuses et animateurs de la Mission populaire de l'archidiocèse; ainsi que vous, délégués du Congrès théologique pastoral, et les représentants des Eglises chrétiennes de dénominations diverses et de la communauté musulmane, ici présents. Je désire vous saluer tous, en vous exprimant mon affection profonde, mes meilleurs voeux de bien et ma Bénédiction.

3. Retournons en esprit au banquet nuptial de Cana de Galilée, dont la description évangélique nous permet de contempler le mariage dans la perspective sacramentelle. Comme nous le lisons dans le Livre de la Genèse, l'homme quitte son père et sa mère, s'unit à son épouse pour former, dans un certain sens, un seul corps avec elle (cf. Gn 2,24). Le Christ répètera ces paroles de l'Ancien Testament en parlant aux Pharisiens, qui lui posaient des questions au sujet de l'indissolubilité du mariage. Ils se référaient aux prescriptions de la Loi de Moïse, qui permettaient, dans certains cas, la séparation des conjoints, c'est-à-dire le divorce. Le Christ leur répondit: «C'est en raison de votre dureté de coeur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes; mais dès l'origine il n'en fut pas ainsi» (Mt 19,8). Et il cita les paroles du Livre de la Genèse: «N'avez-vous pas lu que le Créateur, dès l'origine, les fit homme et femme [...] Ainsi donc l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne feront qu'une seule chair? Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien! Ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer» (Mt 19,4-6).

578 A la base de tout l'ordre social se trouve donc ce principe d'unité et d'indissolubilité du mariage, principe sur lequel se fonde l'institution de la famille et toute la vie familiale. Ce principe reçoit une confirmation et une nouvelle force dans l'élévation du mariage à la dignité de sacrement.

Et quelle grande dignité, très chers frères et soeurs! Il s'agit de la participation à la vie de Dieu, c'est-à-dire de la grâce sanctificatrice et des grâces innombrables qui accompagnent la vocation au mariage, la condition de parents et la condition familiale. L'événement de Cana de Galilée semble nous conduire précisément à cela. L'admirable transformation de l'eau en vin! Voilà que l'eau, notre boisson la plus commune, acquiert, grâce à l'action du Christ, un nouveau caractère: elle devient vin, c'est-à-dire une boisson, en un certain sens, d'une plus grande valeur. La signification de ces symboles — de l'eau et du vin — trouve son expression dans la Sainte Messe. Au cours de l'Offertoire, en unissant un peu d'eau au vin, nous demandons à Dieu, à travers le Christ, de participer à sa vie dans le Sacrifice eucharistique. Le mariage, la condition de parents, la maternité, la paternité, la famille: tout appartient à l'ordre de la nature, depuis que Dieu a créé l'homme et la femme; et tout cela, à travers l'action du Christ, est élevé à l'ordre surnaturel. Le sacrement du mariage devient une façon de participer à la vie de Dieu. L'homme et la femme qui croient dans le Christ, qui s'unissent comme conjoints, peuvent, pour leur part, confesser: nos corps sont rachetés, l'union conjugale est rachetée. La condition de parents, la maternité, la paternité et tout ce qui renferme l'empreinte de la sainteté, est racheté.

Cette vérité apparaît dans toute sa clarté lorsque l'on lit, par exemple, la vie des parents de sainte Thérèse de l'Enfant- Jésus; et cela n'est qu'un des innombrables exemples. Nombreux sont ceux qui connaissent les fruits de l'institution sacramentelle du mariage. A travers notre Rencontre de Rio de Janeiro, nous remercions Dieu pour tous ces fruits, pour l'oeuvre de sanctification des couples et des familles, que nous devons au Christ. C'est pour cette raison que l'Eglise ne cesse de présenter, dans son intégralité, la doctrine du Christ sur le mariage en ce qui concerne son unité et son indissolubilité.

4. La première Lecture, tirée du Livre d'Esther, rappelle le salut de la nation, grâce à l'intervention de cette fille d'Israël, lors de la période de captivité babylonienne. Ce passage de l'Ecriture nous fait comprendre également la vocation au mariage, et de façon particulière, l'immense service qu'elle rend à la vie humaine, à la vie de chaque personne et de tous les peuples de la terre: «Ecoute, ma fille, regarde et tends l'oreille [...] alors le roi désirera ta beauté» (
Ps 45 [44], 11- 12). Aujourd'hui, le Pape désire dire la même chose à chaque famille humaine: «Ecoute, regarde: Dieu veut que tu sois belle, que tu vives la plénitude de la dignité humaine et de la sainteté du Christ, que tu sois au service de l'amour et de la vie. Tu es née des mains du Créateur et tu as été sanctifiée par l'Esprit Paraclet, pour devenir l'espérance de toutes les nations».

Puisse ce service à l'humanité révéler aux conjoints qu'une manifestation claire de la sainteté de leur mariage est précisément la joie avec laquelle ils accueillent et demandent au Seigneur des vocations parmi leurs enfants. C'est pourquoi, qu'il me soit permis d'ajouter que «la famille ouverte aux valeurs transcendantes, au service joyeux du prochain, à l'accomplissement généreux et fidèle de ses obligations et toujours consciente de sa participation au mystère de la croix glorieuse du Christ, devient le premier et le meilleur séminaire de la vocation à une vie consacrée au Royaume de Dieu» (Familiaris consortio FC 53). Je suis heureux, en cette circonstance, de saluer et de bénir avec une affection paternelle toutes les familles brésiliennes qui ont un enfant qui se prépare au ministère sacerdotal ou à la vie religieuse, ou une fille en route vers la consécration totale à Dieu. Je confie ces jeunes garçons et ces jeunes filles à la protection de la Sainte Famille.

Que la Très Sainte Vierge Marie, espérance des chrétiens, nous donne la force et l'assurance nécessaires au cours de notre chemin sur la terre. C'est pourquoi nous lui demandons: sois notre chemin, car Toi, Mère bénie, tu connais les chemins et les sentiers qui, grâce à ton amour, conduisent à l'amour et à la gloire de Dieu.

Loué soit Jésus-Christ!

MESSE POUR LA II RENCONTRE MONDIALE

AVEC LES FAMILLES À L'"ATERRO DO FLAMENGO"

5 octobre 1997



Loué soit notre Seigneur Jésus-Christ!

1. «Que nous bénisse le Seigneur, tous les jours de notre vie» (Psaume responsorial).

Je rends grâce à Dieu pour m'avoir permis de vous rencontrer à nouveau, familles du monde entier, afin de réaffirmer solennellement que vous êtes «l'espérance de l'humanité»!

579 La première Rencontre mondiale avec les Familles a eu lieu à Rome en 1994. La seconde se conclut aujourd'hui à Rio de Janeiro. Je remercie cordialement le Cardinal Eugênio de Araújo Sales pour m'avoir invité et je remercie également tous les évêques et les représentants des Autorités brésiliennes qui ont contribué au succès de ce grand événement. Nous sommes venus ici de divers pays et de différentes Eglises, non seulement du Brésil et de l'Amérique latine, mais de tous les continents, pour élever tous ensemble cette prière à Dieu: «Que nous bénisse le Seigneur, tous les jours de notre vie»!

En effet, la famille est la communauté d'amour et de vie particulière, et en même temps primordiale, sur laquelle se fondent toutes les autres communautés et sociétés. C'est pourquoi, en invoquant les Bénédictions du Très-Haut pour les familles, nous prions ensemble pour toutes les grandes sociétés que nous représentons ici. Nous prions pour l'avenir des nations et des Etats, ainsi que pour l'avenir de l'Eglise et du monde.

En effet, à travers la famille, toute l'existence humaine est orientée vers l'avenir. C'est en son sein que l'homme vient au monde, grandit et mûrit. En elle, il devient un citoyen toujours plus responsable de son pays et un membre toujours plus conscient de l'Eglise. La famille est également le milieu premier et fondamental où chaque homme découvre et réalise sa propre vocation humaine et chrétienne. Enfin, la famille constitue une communauté qui ne peut être remplacée par aucune autre. C'est ce qui ressort de la lecture de la liturgie de ce jour.

2. Les représentants de l'orthodoxie juive, les Pharisiens, se présentent devant le Messie et lui demandent s'il est licite qu'un mari répudie sa femme. A son tour, le Christ demande ce que Moïse a commandé: ils répondent que Moïse permet de rédiger un acte de divorce et de la renvoyer. Mais le Christ leur dit: «C'est en raison de votre dureté de coeur qu'il a écrit pour vous cette prescription. Mais dès l'origine de la création, Il les fit homme et femme. Ainsi donc, l'homme quittera son père et sa mère, et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi, ils ne seront plus deux, mais une seule chair. Eh bien! ce que Dieu a uni, l'homme ne doit point le séparer» (
Mc 10,5-9).

Le Christ fait référence au début. Ce début est contenu dans le Livre de la Genèse, où nous trouvons la description de la création de l'homme. Comme nous le lisons dans le premier chapitre de ce Livre, Dieu créa l'homme à son image et ressemblance, homme et femme il les créa (cf. Gn 1,27), et il dit «Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la» (Gn 1,28). Dans la seconde description de la création, que la lecture de la liturgie de ce jour nous propose, nous lisons que la femme fut créée à partir de l'homme. L'Ecriture rapporte ce qui suit: «Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci s'écria: "Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair. Celle-ci sera appelée femme, car elle fut tirée de l'homme, celle-ci!". C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair» (Gn 2, 21, 24).

3. Le langage employé utilise les catégories anthropologiques du monde antique, mais il est d'une profondeur extraordinaire: il exprime d'une manière vraiment merveilleuse les vérités essentielles. Tout ce qui a été découvert par la suite par la réflexion humaine et par la connaissance scientifique n'a fait que confirmer ce qui existait déjà dans le texte.

Le Livre de la Genèse révèle, tout d'abord, la dimension cosmique de la création. L'apparition de l'homme a lieu dans le cadre immense de la création du cosmos tout entier: ce n'est pas un hasard si elle a lieu le dernier jour de la création du monde. L'homme est entré dans l'oeuvre du Créateur au moment où toutes les conditions étaient réunies pour qu'il puisse exister. L'homme est l'une des créatures visibles; toutefois, il est en même temps dit dans l'Ecriture Sainte qu'il est le seul à avoir été créé «à l'image et ressemblance de Dieu». Cette merveilleuse union du corps et de l'esprit constitue une innovation décisive dans le processus de la création. A travers l'être humain, toute la grandeur de la création visible s'ouvre à la dimension spirituelle. L'intelligence et la volonté, la connaissance et l'amour — tout cela apparaît dans l'univers visible au moment même de la création de l'homme. Ces éléments apparaissent en manifestant précisément dès le début la compénétration de la vie corporelle avec la vie spirituelle. Ainsi, l'homme quitte son père et sa mère, et il s'unit à sa femme, devenant une seule chair; toutefois, cette union conjugale s'enracine en même temps dans la connaissance et dans l'amour, c'est-à-dire dans la dimension spirituelle.

Le Livre de la Genèse parle de tout cela dans un langage qui lui est propre et qui est en même temps merveilleusement simple et exhaustif. L'homme et la femme, appelés à vivre dans le processus de la création cosmique, se présentent au seuil de leur propre vocation en ayant en eux la capacité de procréer en collaboration avec Dieu, qui crée directement l'âme de chaque nouvel être humain. A travers la connaissance réciproque et l'amour, comme à travers l'union corporelle, ils appelleront à la vie des êtres semblables à eux — et créés, comme eux, «à l'image et ressemblance de Dieu». Ils donneront la vie à leurs enfants, comme ils l'ont reçue de leurs parents. Telle est la vérité, simple et profonde, sur la famille telle qu'elle est présentée dans les pages du Livre de la Genèse et de l'Evangile: dans le dessein de Dieu, le mariage — le mariage indissoluble — est le fondement d'une famille saine et responsable.

4. Dans l'Evangile, le Christ décrit, par touches rapides mais incisives, le dessein originel de Dieu Créateur. Ce récit est également présent dans l'Epître aux Hébreux, proclamée lors de la seconde lecture: «Il convenait en effet, que, voulant conduire à la gloire un grand nombre de fils, celui pour qui et par qui sont toutes choses rendît parfait par des souffrances le chef qui devait les guider vers leur salut. Car le sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine» (He 2,10-11). La création de l'homme a son fondement dans le Verbe éternel de Dieu. Dieu a appelé chaque chose à la vie à travers l'action du Verbe, le Fils éternel au moyen duquel tout a été créé. L'homme a également été créé à travers le Verbe, il a été créé homme et femme. L'alliance conjugale prend origine dans le Verbe éternel de Dieu. La famille a été créée en Lui. En Lui, la famille est de toute éternité pensée, imaginée et réalisée par Dieu. A travers le Christ, elle acquiert son caractère sacramentel, sa sainteté.

Le texte de l'Epître aux Hébreux rappelle que la sainteté du mariage, comme celle de toute autre réalité humaine, a été réalisée par le Christ au prix de sa passion et de la croix. A cette occasion, il se présente comme le nouvel Adam. S'il est vrai que dans l'ordre naturel, nous descendons tous d'Adam, dans l'ordre de la grâce et de la sanctification, nous procédons tous du Christ. La sanctification de la famille puise sa source dans le caractère sacramentel du mariage.

Celui qui sanctifie — c'est-à-dire le Christ — et tous ceux qui doivent être sanctifiés — vous, les pères et les mères, vous, les familles — vous présentez ensemble devant Dieu le Père avec cette supplication ardente, afin qu'Il bénisse ce qu'il a réalisé en vous à travers le sacrement du mariage. Cette prière inclut tous les couples et toutes les familles qui vivent sur terre. Dieu, unique Créateur de l'univers, est en effet la source de la vie et de la sainteté.

580 5. Parents et familles du monde entier, laissez-moi vous dire: Dieu vous appelle à la sainteté. Lui-même vous a choisis «dès avant la fondation du monde — nous dit saint Paul —, pour être saints et immaculés en sa présence [...] par Jésus- Christ» (Ep 1,4). Il vous aime beaucoup, Il désire votre bonheur, mais il veut que vous sachiez toujours conjuguer la fidélité avec le bonheur, car l'un ne peut pas exister sans l'autre. Ne laissez pas la mentalité hédoniste, l'ambition, l'égoïsme entrer dans vos foyers. Soyez généreux avec Dieu. Je ne peux que rappeler, encore une fois, que la famille est «au service de l'Eglise et de la société dans son être et dans son agir, en tant que communauté intime de vie et d'amour» (Familiaris consortio FC 50). Le don réciproque de soi, béni par Dieu et imprégné de foi, d'espérance et de charité, permettra d'atteindre la perfection et la sanctification des deux conjoints. En d'autres termes, il servira de noyau sanctificateur de la famille elle-même et d'instrument de diffusion de l'oeuvre de l'évangélisation de chaque foyer chrétien.

Très chers frères et soeurs, quelle grande tâche s'ouvre à vous! Soyez des messagers de joie et de paix au sein de la famille; la grâce élève et perfectionne l'amour et vous accorde les vertus familiales indispensables de l'humilité, de l'esprit de service et de sacrifice, de l'affection paternelle, maternelle et filiale, du respect et de la compréhension réciproques. Et comme le bien est en lui-même contagieux, je souhaite également que votre adhésion à la pastorale familiale soit, dans la mesure du possible, un encouragement à diffuser avec générosité le don qui est en vous, tout d'abord parmi vos enfants, puis parmi les couples — peut-être des parents et des amis — qui sont loin de Dieu ou qui traversent des moments d'incompréhension ou de découragement. Sur le chemin vers le Jubilé de l'An 2000, j'invite tous ceux qui m'écoutent à ce renforcement de la foi et du témoignage chrétien, afin qu'avec la grâce de Dieu, une véritable conversion et un renouveau personnel au sein des familles du monde entier aient lieu. (cf. Tertio millennio adveniente TMA 42). Que l'Esprit de la Sainte Famille de Nazareth règne dans tous les foyers chrétiens!

Familles du Brésil, d'Amérique latine et du monde entier, le Pape et l'Eglise ont confiance en vous. Ayez confiance: Dieu est avec nous!






CHAPELLE PAPALE POUR LA PROCLAMATION

DE SAINTE THÉRÈSE DE L'ENFANT-JÉSUS ET

DE LA SAINTE-FACE « DOCTEUR DE L'ÉGLISE »


Place Saint-Pierre
Dimanche 19 octobre 1997
(Italien)


1. « Cammineranno i popoli alla tua luce » (Is 60,3). Nelle parole del profeta Isaia già risuona, come fervida attesa e luminosa speranza, l'eco dell'Epifania. Proprio il collegamento con questa solennità ci permette di meglio percepire il carattere missionario dell'odierna domenica. La profezia di Isaia, infatti, allarga all'intera umanità la prospettiva della salvezza, e in tal modo anticipa il gesto profetico dei Magi dell'Oriente che, recandosi ad adorare il Bimbo divino nato a Betlemme (cfr. Mt Mt 2,1-12), annunciano ed inaugurano l'adesione dei popoli al messaggio di Cristo.

Tutti gli uomini sono chiamati ad accogliere nella fede il Vangelo che salva. A tutti i popoli, a tutte le terre e le culture, la Chiesa è inviata: « Andate... e ammaestrate tutte le nazioni, battezzandole nel nome del Padre e del Figlio e dello Spirito Santo, insegnando loro ad osservare tutto ciò che vi ho comandato » (Mt 28,19-20). Queste parole, pronunciate da Cristo prima di salire al cielo, unitamente alla promessa fatta agli Apostoli ed ai successori di essere con loro sino alla fine del mondo (cfr. Mt Mt 28,20), costituiscono l'essenza del mandato missionario: nella persona dei suoi ministri è Cristo stesso ad andare ad gentes, verso quanti non hanno ancora ricevuto l'annuncio della fede.

2. Teresa Martin, Carmelitana scalza di Lisieux, desiderava ardentemente di essere missionaria. E lo è stata, al punto da poter essere proclamata Patrona delle Missioni. Gesù stesso le mostrò in quale modo avrebbe potuto vivere tale vocazione: praticando in pienezza il comandamento dell'amore, si sarebbe immersa nel cuore stesso della missione della Chiesa, sostenendo con la forza misteriosa della preghiera e della comunione gli annunciatori del Vangelo. Ella realizzava così quanto è sottolineato dal Concilio Vaticano II, allorché insegna che la Chiesa è, per sua natura, missionaria (cfr. Ad gentes AGD 2). Non solo coloro che scelgono la vita missionaria, ma tutti i battezzati, sono in qualche modo inviati ad gentes.

Per questo ho voluto scegliere l'odierna domenica missionaria per proclamare Dottore della Chiesa universale Santa Teresa di Gesù Bambino e del Volto Santo: una donna, una giovane, una contemplativa.

3. A nessuno sfugge, pertanto, che oggi si sta realizzando qualcosa di sorprendente. Santa Teresa di Lisieux non ha potuto frequentare una Università e neppure studi sistematici. Morì in giovane età: e tuttavia da oggi in poi sarà onorata come Dottore della Chiesa, qualificato riconoscimento che la innalza nella considerazione dell'intera comunità cristiana ben al di là di quanto possa farlo un « titolo accademico ».

581 Quando, infatti, il Magistero proclama qualcuno Dottore della Chiesa, intende segnalare a tutti i fedeli, e in modo speciale a quanti rendono nella Chiesa il fondamentale servizio della predicazione o svolgono il delicato compito della ricerca e dell'insegnamento teologico, che la dottrina professata e proclamata da una certa persona può essere un punto di riferimento, non solo perché conforme alla verità rivelata, ma anche perché porta nuova luce sui misteri della fede, una più profonda comprensione del mistero di Cristo. Il Concilio ci ha ricordato che, sotto l'assistenza dello Spirito Santo, cresce continuamente nella Chiesa la comprensione del « depositum fidei », e a tale processo di crescita contribuisce non solo lo studio ricco di contemplazione cui sono chiamati i teologi, né solo il Magistero dei Pastori, dotati del « carisma certo di verità », ma anche quella « profonda intelligenza delle cose spirituali » che è data per via di esperienza, con ricchezza e diversità di doni, a quanti si lasciano guidare docilmente dallo Spirito di Dio (cfr. Dei Verbum DV 8). La Lumen gentium, da parte sua, insegna che nei Santi « Dio stesso ci parla » (n. 50) E' per questo che, al fine dell'approfondimento dei divini misteri, che rimangono sempre più grandi dei nostri pensieri, va attribuito speciale valore all'esperienza spirituale dei Santi, e non a caso la Chiesa sceglie unicamente tra essi quanti intende insignire del titolo di « Dottore ».

4. Parmi les « Docteurs de l'Église », Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face est la plus jeune, mais son itinéraire spirituel ardent montre tant de maturité et les intuitions de la foi exprimées dans ses écrits sont si vastes et si profondes, qu'ils lui méritent de prendre place parmi les grands maîtres spirituels.

Dans la Lettre apostolique que j'ai écrite à cette occasion, j'ai souligné quelques aspects saillants de sa doctrine. Mais comment ne pas rappeler ici ce que l'on peut en considérer comme le sommet, à partir du récit de la découverte bouleversante qu'elle fit de sa vocation particulière dans l'Église? « La Charité — écrit-elle — me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l'Église avait un corps, composé de différents membres, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l'Église avait un Coeur, et que ce Coeur était brûlant d'Amour. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de l'Église, que si l'Amour venait à s'éteindre, les Apôtres n'annonceraient plus l'Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang... Je compris que l'Amour renfermait toutes les Vocations... Alors dans l'excès de ma joie délirante je me suis écriée: Ô Jésus mon Amour... ma vocation enfin je l'ai trouvée, ma vocation, c'est l'Amour! » (Ms B, 3 v°). C'est là une page admirable qui suffit à elle seule à montrer que l'on peut appliquer à sainte Thérèse le passage de l'Évangile que nous avons entendu dans la liturgie de la Parole: « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange: ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits » (Mt 11,25).

5. Thérèse de Lisieux n'a pas seulement saisi et décrit la vérité profonde de l'Amour comme le centre et le coeur de l'Église, mais elle l'a vécu intensément dans sa brève existence. C'est justement cette convergence entre la doctrine et l'expérience concrète, entre la vérité et la vie, entre l'enseignement et la pratique, qui resplendit avec une particulière clarté dans cette sainte, et qui en fait un modèle attrayant spécialement pour les jeunes et pour ceux qui sont à la recherche du vrai sens à donner à leur vie.

Devant le vide de tant de mots, Thérèse présente une autre solution, l'unique Parole du salut qui, comprise et vécue dans le silence, devient une source de vie renouvelée. À une culture rationaliste et trop souvent envahie par un matérialisme pratique, elle oppose avec une désarmante simplicité la « petite voie » qui, en revenant à l'essentiel, conduit au secret de toute existence: l'Amour divin qui enveloppe et pénètre toute l'aventure humaine. En un temps comme le nôtre, marqué bien souvent par la culture de l'éphémère et de l'hédonisme, ce nouveau Docteur de l'Église se montre doué d'une singulière efficacité pour éclairer l'esprit et le coeur de ceux qui ont soif de vérité et d'amour.

6. Sainte Thérèse est présentée comme Docteur de l'Église le jour où nous célébrons la Journée mondiale des Missions. Elle eut l'ardent désir de se consacrer à l'annonce de l'Évangile et elle aurait voulu couronner son témoignage par le sacrifice suprême du martyre (cf. Ms B, 3 r°). On sait aussi avec quel intense engagement personnel elle soutint le travail apostolique des Pères Maurice Bellière et Adolphe Roulland, missionnaires l'un en Afrique et l'autre en Chine. Dans son élan d'amour pour l'évangélisation, Thérèse avait un seul idéal, comme elle le dit elle-même: « Ce que nous Lui demandons, c'est de travailler pour sa gloire, c'est de l'aimer et de le faire aimer » (Lettre 220).

Le chemin qu'elle a parcouru pour arriver à cet idéal de vie n'est pas celui des grandes entreprises réservées au petit nombre, mais c'est au contraire une voie à la portée de tous, la « petite voie », chemin de la confiance et de la remise totale de soi-même à la grâce du Seigneur. Ce n'est pas une voie à banaliser, comme si elle était moins exigeante. Elle est en réalité exigeante, comme l'est toujours l'Évangile. Mais c'est une voie où l'on est pénétré du sens de l'abandon confiant à la miséricorde divine, qui rend léger même l'engagement spirituel le plus rigoureux.

Par cette voie, où elle reçoit tout comme « grâce », par le fait qu'elle met au centre de tout son rapport avec le Christ et son choix de l'amour, par la place qu'elle donne aussi aux élans du coeur dans son itinéraire spirituel, Thérèse de Lisieux est une sainte qui reste jeune, malgré les années qui passent, et elle se propose comme un modèle éminent et un guide sur la route des chrétiens pour notre temps qui arrive au troisième millénaire.

(Italien)

7. Grande è perciò la gioia della Chiesa, in questa giornata che corona le attese e le preghiere di tanti che hanno intuito, con la richiesta del Dottorato, questo speciale dono di Dio e ne hanno favorito il riconoscimento e l'accoglienza. Desideriamo renderne grazie al Signore tutti insieme, e particolarmente con i professori e gli studenti delle Università ecclesiastiche romane, che proprio in questi giorni hanno iniziato il nuovo Anno Accademico.

Sì, o Padre, ti benediciamo, insieme con Gesù (cfr. Mt Mt 11,25), perché hai nascosto i tuoi segreti « ai sapienti e agli intelligenti », e li hai rivelati a questa « piccola », che oggi nuovamente proponi alla nostra attenzione e alla nostra imitazione.

582 Grazie per la sapienza che le hai donato, facendone per tutta la Chiesa una singolare testimone e maestra di vita!

Grazie per l'amore che hai riversato in lei, e che continua ad illuminare e riscaldare i cuori, spingendoli alla santità!

Il desiderio che Teresa espresse di « passare il suo Cielo a far del bene sulla terra » (Opere Complete, p. 1050), continua a compiersi in modo meraviglioso.

Grazie, o Padre, perché oggi a nuovo titolo ce la rendi vicina, a lode e gloria del tuo nome nei secoli. Amen!

CHAPELLE PAPALE EN CONCLUSION DE L'ASSEMBLÉE SPÉCIALE

POUR L'AMÉRIQUE DU SYNODE DES ÉVÊQUES


Basilique Saint-Pierre
Vendredi 12 décembre 1997
1. « In quei giorni Maria si mise in viaggio... » (Lc 1,39).


Quanto è suggestivo riascoltare la pagina evangelica della Visitazione nel corso di questa celebrazione, con la quale si conclude l'Assemblea Speciale per l'America del Sinodo dei Vescovi!

La Chiesa è sempre "in viaggio", in cammino. Essa è mandata, esiste per camminare nel tempo e nello spazio, annunciando e testimoniando il Vangelo sino agli estremi confini della terra.

Circa cinque secoli fa, la Chiesa peregrinante nella storia si mise in viaggio verso il Continente americano, appena scoperto. Da allora essa ha preso dimora nelle molteplici culture di quelle terre; il suo volto ha assunto i caratteri della gente del luogo, come insegna l'eloquente icona della Vergine di Guadalupe, la cui memoria celebriamo nell'odierna liturgia.

Ed ecco che quest'anno, mentre l'intero Popolo di Dio è in cammino verso il grande Giubileo del Duemila, si è svolto questo Sinodo continentale. Si tratta certamente di un punto di arrivo; ma più ancora, di un nuovo punto di partenza: la Comunità cristiana, sul modello di Maria, si mette ancora in viaggio sospinta dall'amore di Cristo, per compiere la nuova evangelizzazione del Continente americano. E' l'inizio di una rinnovata missione, che ha trovato nell'Assemblea Speciale del Sinodo dei Vescovi il suo "cenacolo" e la sua "pentecoste", proprio all'inizio di un anno tutto dedicato allo Spirito Santo.


Homélies St Jean-Paul II 577